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Imaginez une société dans laquelle les dirigeants utiliseraient l'argent du pays pour leur compte, sans se soucier du peuple, les ministres endetteraient la nation pour couvrir les dépenses, l'opinion publique serait conseillère politique, la corruption gangrènerait les idéaux, on tuerait son frère pour posséder le pouvoir, la presse people s'arracherait, quitte à relater des mensonges, la religion perdrait de son importance au profit de la superstition, la misère engendrerait extrémisme et violence.

Stop, vous n'êtes pas au XXIe siècle mais au XVIIIe.

Cette biographie de Marie-Antoinette par Zweig est remarquable pour plusieurs raisons :

- elle est admirablement bien écrite. Alors qu'il s'agit d'une étude historique, on a l'impression de lire un roman. C'est palpitant et on se prend à regretter de connaître la fin. Même à la conciergerie, on espère, mais ...

- au lieu du ton clinique utilisé dans ce genre d'ouvrage, Zweig est lyrique et utilise beaucoup de psychologie pour comprendre son personnage. On sent que Freud est passé par là. On a donc une étude d'une étonnante modernité.

- elle est émouvante : même en étant républicain jusqu'aux tréfonds de ses veines, même en étant réaliste sur certains écueils, on ne peut s'empêcher de compatir profondément à la fin de Marie-Antoinette.

- elle s'appuie sur beaucoup de témoignages écrits, de correspondances notamment, et son auteur s'interroge sans cesse sur ce qu'il convient de croire ou non. Cette biographie semble donc très crédible.

- elle nous transporte au XVIIIe siècle et l'on retrouve beaucoup de personnages étudiés en cours d'Histoire ou rencontrés dans des livres ou des films : Louis XVI, l'enfant du temple, Lafayette, Danton, Robespierre ...

- elle a un caractère intemporel par les reflets qu'elle renvoie sur notre époque et sur les aspects remarquables ou révoltants de l'âme humaine.

Il ne faut pas être effrayé par l'aspect biographie ou historique de cet ouvrage. Il est très enthousiasmant, en plus d'être instructif, et se lit facilement tant le style de Zweig est clair et passionné.

Un petit clin d'œil sur un potentiel chauvinisme de l'auteur "en véritable autrichienne, elle a sans aucun doute beaucoup de talents ..." p.95 qui m'a amusée.

Si vous passez par là et avez d'autres biographies de Zweig à me conseiller, je suis preneuse ! Merci d'avance.

Challenge pavés 2015

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Comment ne pas tomber sous le charme de ce qui s'apparente être, à mes yeux, une des meilleures biographies qu'on ait jamais écrites sur Marie-Antoinette. Ce n'est pas l'attachement de Zweig au personnage qui nous ravit ici - comparé au "Charmer, s'égarer et mourir" de Christine Orban - mais bien le caractère nuancé de ce portrait.

On a longtemps idéalisé la reine, on a souvent voulu voir en elle un héros tragique, l'héritière d'une monarchie désoeuvrée...Zweig va plus loin. Il n'hésite pas à critiquer le peu d'égard de la couronne envers le peuple, la frivolité des agissements de la reine, ou bien encore la passivité du roi Louis XVI - passivité néanmoins remise en question par les historiens actuels. Les erreurs d'appréciation, les hésitations à répétition, les défauts, Zweig ne cache rien de tout cela. D'une certaine manière, Marie Antoinette, pendant la première moitié de la biographie, apparait comme un fruit gâté de l'intérieur qui, malgré sa beauté extérieure naturelle, repousse dès qu'on la connait davantage. On se rend en fait compte que le fruit n'est pas encore mûr...

Il faut attendre la Révolution française, et les bouleversements qu'on sait, pour que Marie-Antoinette prenne réellement conscience de son rôle. Elle ne devient, d'une certaine manière, reine, que lorsque les français lui enlèvent ce titre. Et alors, on est impressionné de sa progression, je dirais même sa transition : de piètre épistolière à Versailles, elle devient une merveilleuse écrivaine aux Tuileries, et encore plus à la Conciergerie, avec la dernière lettre qu'elle écrit à sa belle-soeur, et laisse à la postérité ; de personnage apolitique, laissant le destin choisir pour elle-même au début de sa vie, elle se rend compte de l'influence qu'elle peut avoir sur son histoire, et celle de son pays, à ses trente quatre, trente cinq ans - c'est-à-dire trop tard.

Et si sa mort ne nous émeut pas autant qu'elle nous impressionne - la veuve Capet garde une dignité extraordinaire jusqu'à la fin - c'est parce que Zweig a préféré, aux émotions, la vérité historique. Jusqu'à la relation même entre Fersen et Marie-Antoinette, l'auteur ne cherche les faits, rien que les faits. Voici peut-être le secret d'une biographie réussie : la vérité. Cette même vérité qui nous plonge dans une réalité et nous fait revivre les scènes comme si on y était. La vérité, donc, et le talent de l'auteur autrichien bien sûr !
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Cette biographie est un bijou de psychologie ! Une autopsie à la loupe de la légende dorée de Marie-Antoinette, et des curieux développements de son parcours ; de courtisane austère à dignitaire dans la déchéance.

C'est, tout de même, un pan méconnu de sa personnalité ; je connaissais le train de vie démesuré de la cour à Versailles, mais je savais moins que Marie-Antoinette se fut comportée comme une vraie Reine : digne et courageuse dans les derniers mois de sa vie, seulement en fin règne.
L'angle d'attaque, ce sont les ruptures de son monde d'enfant, en passant par les frivolités de la jeunesse, jusqu'à la prise de conscience de ses responsabilités de souveraine devant l'échafaud.
Ce livre trouve donc une certaine complaisance, Stefan Zweig n'échappe pas au parti-pris du biographe ; il écrit d'un point de vue avantageux pour Marie-Antoinette en la positionnant comme victime.

J'ai trouvé mon compte avec ce livre, dans la redécouverte d'un pan de l'Histoire — que j'affectionne peu, de même que Marie-Antoinette n'est pas une personnalité que j'admire.
D'ailleurs, le côté romancé nous rend accessible la compréhension des moments clés de la révolution ; on s'amuse à imaginer quelle fut la psychologie des personnalités, cela nous éclaire, par ricochet, sur les troubles politiques d'époque.

Stefan Zweig a une plume qui fait mouche : il rend intéressant n'importe quel sujet ; et réussi la performance de parler dans la mesure, d'un personnage controversé.
Comme dans toutes les autres biographies de l'auteur : on se sent étrangement proche du sujet ; à chaque fois, on se réconcilie avec l'Histoire de personnages de « second plan ».

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Quel talent ! J'ai adoré cette biographie. Zweig nous retrace la vie de Marie-Antoinette mais la richesse de ce texte, reconnu même par les historiens comme étant l'une des meilleures, repose sur la recherche psychologique autour du personnage. En effet, l'auteur ne se limite pas à retracer les différentes étapes de la vie de la reine déchue mais il essaye de comprendre ce qui s'est joué pour elle. Comment cette enfant a perdu ses repères, qu'elle ne retrouvera jamais, mais aussi ses mésalliances, la frustration dans son couple, son aveuglement, ses caprices et son réveil tardif.

Ce livre est une prouesse ! C'est une recherche très documentée, mais le plus appréciable reste le sérieux, la neutralité et l'humanisme de Zweig . Je ne suis pas très sensibilisée à l'histoire, mais cet ouvrage est clair comme de l'eau de roche. Un vrai régal, un livre que je conseille évidemment !
Lien : http://metaphorebookaddict.w..
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Une biographie magistrale sous la plume de Stephan Zweig. Marie-Antoinette, la reine au destin tragique.
L'auteur relate avec précision et finesse la vie de "l'autrichienne" qui se trouvera presque par hasard prise dans la grande tourmente de l'Europe entre 1789 et 1793.
Zweig nous peint là un portrait sans concession, cherchant à mettre au jour la personnalité complexe de cette femme qui par dessus tout va chercher à conserver sa dignité et son courage alors qu'elle prend conscience de l'issue fatale qui conclura sa vie,
Un livre plein d'humanité et de compassion qui nous aide à mieux comprendre cette période trouble de notre histoire.
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Haletant, intéressant, admirable.

Stefan Zweig livre ici un récit rigoureux et
magnifiquement documenté (riche en détails de toutes sortes) de ce que fut l existence de Marie-Antoinette. Il analyse finement l évolution psychologique de celle que les bouleversements de l Histoire muent progressivement d' agaçante donzelle - frivole et creuse - en noble, en courageuse héroïne de tragédie, mettant en avant les ressorts de cette étonnante métamorphose ; cet aspect-là entre autres est passionnant.

Les chapitres sont courts et bien menés. Zweig applique sa maitrise de la mécanique romanesque à la construction générale du récit. Les événements historiques qui font l arrière-plan de cette histoire semi- personnelle sont relatés de telle façon qu' on a l impression d avoir affaire aux rebondissements d un roman.
Et lorsqu ‘ arrivent les épisodes de la fin, ceux des multiples tentatives de la famille royale pour échapper à son funeste destin, on se prend à trembler pour ces quatre-là …. comme si tout n était pas déjà joué d avance… et comme si on ne le savait pas.
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Un vrai compte rendu de la vie de Marie Antoinette, de la Cour de Versailles et de la Révolution Française. Une écriture riche pour cette biographie qui livre l'analyse de la vie de celle qui fut surnommée "l'Autrichienne" et décapitée veuve Capet par les révolutionnaires. Comment cette jeune fille insouciante et ivre de joie devint-elle reine de France à 15 ans et soumise à l'étiquette en place à la Cour de Versailles, à l'aube d'une pronfonde crise économique et sociale à l'origine de la Révolution. Stefan Sweig réussit à montrer les ressorts de la nature humaine, en relatant l'insouciance inconsidérée de Marie Antoinette à la dépense et au jeu, sans intérêt pour la politique, son idylle avec Alex de Fersen, et enfin sa prise de conscience de la réalité, malheureusement trop tard, mais où elle montre volonté, courage et obstination devant l'échafaud. Cette jeune femme mal mariée puis mère attentionnée est réhabilitée par une finesse d'écriture.
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Dans ce livre qui est devenu le modèle de la biographie moderne, Stefan Zweig retrace le destin tragique de Marie-Antoinette, son passage d'une reine respectée et à qui tous voulaient plaire à la "veuve Capet" détestée et méprisée, du luxe de Trianon à la Conciergerie. Il nous montre très bien ce qu'étaient la reine et Louis XVI : un couple tout à fait banal et d'une intelligence moyenne, qui aurait pu mener une vie simple et heureuse si le destin ne les avait pas fait naître roi de France et archiduchesse...
C'est un ouvrage merveilleusement bien écrit (je suis devenue une fan absolue du style de Zweig !), qui se lit comme un roman et nous entraîne même si on connaît déjà l'histoire de Marie-Antoinette et de la Révolution. C'est très bien documenté, notamment avec les lettres de Fersen que Zweig a été le premier à pouvoir consulter. En outre les restitutions psychologiques sont très fines - le livre est bien plus objectif que Marie Stuart, que j'avais lu auparavant.
J'ai cependant regretté certains choix de Zweig, par exemple celui de nous présenter longuement certains personnages un peu annexes comme David ou Mirabeau, alors que le prénom même de la fille de Marie-Antoinette n'est jamais écrit ! de même, deux chapitres entiers sur la question de savoir si la relation avec Fersen a été oui ou non platonique, alors qu'il n'y a rien sur l'enfance de la reine (le récit commence au moment de son mariage !), que la mort de sa mère, pourtant centrale dans son existence, est simplement mentionnée en trois mots au milieu d'une phrase, et qu'on ne parle des enfants de Marie-Antoinette et de sa relation avec eux qu'à partir de son incarcération au Temple...
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Férue d'histoire contemporaine, passionnée par les guerres silencieuses qui ont jalonné le 20ème siècle, amoureuse des conflits qui n'ont pas encore trouvé leur réponse, Marie-Antoinette, de Zweig, était un livre qui "ne me parlait pas".

Que pouvait-il me raconter de plus que ce que je savais déjà sur la fin de cette royauté et sur cette Révolution que des heures et des heures de cours d'Histoire nous ont presque appris à considérer comme tout ce qu'il y a de plus banal ? Rien, j'imaginais.

Et quelle erreur, quelle erreur !

J'ai attrapé ce livre un jour de grand ennui, dans la bibliothèque familiale, après y avoir été poussé par deux avis concordants, selon lesquels ce livre était un incontournable. Je ne peux que m'incliner et tirer mon insignifiant chapeau à l'auteur de cette merveille, écrite dans un style impeccable et haletant, qui nous fait tourner chaque page avec une excitation digne d'un roman policier au suspense insoutenable. C'est pas faute de connaitre la fin, pourtant !

Marie-Antoinette est sans doute la Reine que l'on croyait tous bien connaitre. Moi, tout du moins. Reine du rococo pour les uns, archiduchesse dépravée pour les autres, victime d'opportunité de la sanglante Révolution un jour, diable pétri de toutes les mauvaises intentions le lendemain : Stefan Zweig compile avec simplicité chacune des facettes les plus connues de la dernière Reine de France, qu'il nous dépeint d'abord légère et frivole, difficile à apprécier.

La descente aux enfers se fait pourtant sentir, on l'entend presque arriver cette révolte, latente, qui mènera la future veuve Capet jusqu'à l'échafaud. D'entourée et admirée, Marie-Antoinette finit seule, consciente de toutes les pertes, digne dans sa douleur, femme enfin plutôt qu'enfant.

A chaque page, je me suis demandée ce que j'allais apprendre de nouveau, sur cette Révolution que je croyais connaître. Quels secrets, quel personnage, quelle explication pour tel ou tel évènement ? L'analyse est fine, travaillée, et derrière les évènements, se dressent enfin les hommes, les femmes et leurs psychologies, si essentiels à la compréhension d'une époque. Car derrière Marie-Antoinette se cachent aussi son apathique mari, Louis XVI (quel "journal intime" qu'il nous offre !), sa cour riche et insouciante, ses ami(e)s réel(le)s ou simulé(e)s, ses beaux-frères, sa mère (quelle femme !), ses enfants et son amant, si invisiblement important.

Résultat, j'ai avalé ce livre plutôt que je ne l'ai lu, et ces quelques 500 pages d'Histoire si importantes m'ont paru presque trop courtes. Premier Zweig de lu pour ma part, et certainement pas le dernier, car j'imagine qu'un tel biographe doit encore cacher de magistraux écrits dans sa bibliographie.

En un mot : bluffant !

(1/26, challenge ABC 2014 - 2015 - Lettre Z)
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J'ai avant tout aimé les descriptions de la vie quotidienne à Versailles et le portrait psychologique que fait Stefan Zweig de Marie-Antoinette, jeune fille insouciante - parfois inconsciente- et frivole, à peine sortie de l'enfance.

Mariée contre gré à un homme qu'elle ne connaissait pas, lui même très jeune, elle se retrouve à la tête d'un pays où elle n'avait jamais mis les pieds, elle qui n'avait jamais quitté son château de Schönbrunn natal.

Négligée par son époux qui n'assure pas son devoir conjugal, elle va faire de Versailles un immense terrain de jeu et de liberté où elle va assouvir tous ses caprices et ses désirs les plus excentriques. Elle qui a toujours été choyée et évolué dans un univers protégé, ignore à peu près tout de ce qui se passe au-delà des murs du château et de la misère dont souffre le peuple français. Les épreuves de la vie vont la transformer peu à peu et sa conscience politique va s'éveiller tardivement.

C'est un livre très complet et passionnant mélangeant de nombreux styles -roman historique, roman d'espionnage, romance amoureuse, etc.- qui mériterait sans doute d'être relu un jour (j'avoue avoir eu un peu de mal à suivre les détails historiques concernant la Révolution et je le regrette !). Stefan Zweig relate avec un talent de conteur extraordinaire le destin tragique de cette jeune femme éprise de liberté devenue reine malgré elle.
Lien : http://leslecturesdeclarinet..
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