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3.58/5 (sur 276 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , 1979
Biographie :

Stéphanie Kalfon est une réalisatrice et scénariste française.

Titulaire d’une maitrise de philosophie à la Sorbonne et d’un DESS de Mise en Scène de l’Université de Nanterre Paris X (2005), Stéphanie Kalfon approfondit sa formation par des stages de dramaturgie, de scénographie, de direction d’acteurs, etc.
Stéphane Kalfon est lauréate de la bourse scénariste TV de la fondation Jean-Luc Lagardère en 2007 et a débuté comme scénariste de plateau sur la deuxième saison de la série Venus et Apollon pour Arte. Elle a aussi participé à l'atelier scénario de la Femis.

Publié aux éditions Joëlle Losfeld en 2017, « Les parapluies d’Erik Satie » est son premier roman .


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Entretien avec Stéphanie Kalfon à propos de son ouvrage Les parapluies d’Erik Satie




10/01/2017



Votre roman s’intéresse à la personnalité du célèbre pianiste Erik Satie. Pourquoi avoir choisi de lui dédier un livre ? Qu’appréciez-vous particulièrement dans son œuvre musicale ?


Il y a quelques années, j’ai entendu une « Gymnopédie » de Satie, qui m’a totalement figée. La mélodie et son rythme ont gelé en moi comme un flocon d’émotions, qui est resté ainsi, longtemps, à m’attendre… jusqu’au jour où je me suis réveillée avec cette question : pourquoi cette Gymnopédie continue-t-elle de jouer quelque part dans mon esprit, pourquoi m’a-t-elle à ce point touchée ?... Qui était Erik Satie ?
J’ai commencé à faire des recherches et à m’immerger à la fois dans sa vie, ses partitions, sa musique. Il y a dans son œuvre une puissance de liberté qui précisément, ne joue pas en force, mais s’avance timide. Ce n’est pas spectaculaire, c’est de l’ordre du murmure. Satie nous dit qu’on peut faire tenir tout un monde dans un murmure.
Il a été comme un funambule, un « clown doublé de tristesse » et c’est ce qui est bouleversant chez lui. A travers sa vie et ses mots, on entend une mélancolie au fond de ses rires, de ses fracas, de ses ruptures. Par sa délicatesse, c’est tout un horizon, une suite d’images, de sensations, de paysages qui émergent. Une profondeur.



Votre roman n’est ni une biographie, ni une fiction selon votre éditeur : quel travail de documentation avez-vous effectué avant de vous lancer dans l’écriture ? Quel degré de liberté vous êtes-vous accordé dans cet ouvrage ?


Ce roman n’a aucune visée historique ou biographique. Il est un cheminement, aux côtés d’Erik Satie, le long de sa vie telle qu’elle m’est apparue. Il s’agit d’un roman, un portrait, depuis la fenêtre de ma perception. La ligne tracée n’a rien d’exhaustif, il n’est pas question d’inventaire, ni d’aborder tous les aspects de la vie de Satie. Il est question de suivre la trace d’une intuition pas à pas, de mêler sa voix à la mienne sans jamais l’envahir ni l’enfermer. En fait, c’est comme une balade, dans l’atmosphère d’un artiste, qui nous parlerait tout bas, tout près, à nous seuls, du fond des ans, pour ne jamais mourir.
L’intuition qui m’a conduite était très forte d’emblée. En avançant dans la découverte de ses correspondances et de ses écrits, je découvrais que ses contemporains semblaient toujours étonnés des revirements de son existence. Faisant de Satie une sorte de personnalité incohérente, qu’on a eu tôt fait de réduire à un « fou ». Or moi, j’apercevais au contraire une logique limpide, le trajet d’un artiste libre certes mais qui était le contraire d’un fou. Bien sûr, sa vie fut aussi traversée de colères légendaires, de solitude, de misère et d’alcool. Mais tout cela n’était qu’un costume, une doublure pour se planquer. Il a été selon moi un être incompris, décalé, qui avait toujours un pas d’avance sur le siècle. Un homme seul et dépeuplé, mais certainement pas fou. Et c’est en partie contre cette étiquette que mon écriture s’est embarquée. J’ai choisi la fiction, précisément pour interroger les fictions qui ont façonné le personnage Satie. Mais aussi parce que la littérature pour moi, va plus loin que la vie et peut porter à la vue des vérités inapparentes mais audibles, si on tend l’oreille. Ces vérités, elles ne sont donc pas biographiques. Elles sont romanesques, elles sont peut-être un peu celles de Satie, un peu les miennes et je l’espère, un peu les vôtres.



De la vie d’Erik Satie, vous soulignez surtout son incompréhension par ses pairs. Vous dites même que « Le monde est passé à côté de lui ». Pourquoi a-t-il été autant incompris selon-vous ?


Debussy disait que Satie était « un égaré dans ce siècle » ... Man Ray pensait que Satie était « le seul musicien à avoir des yeux ». Satie a eu, en son temps, la reconnaissance de quelques artistes, de plus en plus nombreux à la fin de sa vie, mais il a toujours été considéré comme « le petit Erik Satie ». Aujourd’hui, bien souvent, les gens vous disent : Satie, oui bien sûr, c’était un génie, mais un génie mineur… Cette expression est pour moi totalement absurde, c’est inventer une hiérarchie au sommet des hiérarchies, comme si on ne pouvait pas considérer le talent d’un artiste sans l’archiver, le classer.
Je crois que le drame de Satie, c’est qu’il n’a pas été pris au sérieux. Cette expression « génie mineur » traduit encore cela dans l’inconscient collectif. Il a mélangé les registres, il a utilisé l’ironie et l’absurde pour parler de ses terreurs, a déjoué le tragique par la farce, il a été sans arrêt entre l’humour et le sérieux, faisant du dérisoire une revendication existentielle. Mais au lieu d’y entendre sa détresse, les critiques, le public, beaucoup de ses contemporains s’en sont moqué. Comme si la coexistence profonde du comique et du désespoir ne pouvait pas faire œuvre en musique. Comme si Satie avait « péché » par son versant comique, trahissant l’image de l’artiste qui se doit d’avoir quelque tenue (de gravité), s’il a quelque chose à dire. En guise de tenue, Satie a opposé ses colères. Il a enfilé un costume identique, qui le rendait identifiable et méconnaissable. Avec ce costume, il a fait le pitre et a caché son âme. Sa gravité allait plus loin que la solitude. Mais il a eu le tort, d’être inclassable.
Il n’a cessé de surprendre, de changer de style, d’essayer du nouveau, de chercher, répéter, se perdre. Parfois sa musique me fait penser au travail plus tard de Giacometti avec la terre : son obsession à revenir sur les choses, inlassablement, en voulant l’aventure et l’immense dans le minuscule, l’épileptique.



Pour vous, la figure de Satie relève-elle plutôt du génie ou du fou ?


C’est toute la question que pose le roman et je vous laisse décider par vous même.
Ma conviction c’est que l’enjeu ne se situe pas dans la classification entre le génie ou le fou. Est-ce qu’être fou c’est vivre libre, en opposition à la normalité, qui serait vivre sage ? Voilà bien une question en forme d’impasse, dans laquelle Satie comme tant d’autres, ont tenté de sortir.
Cette alternative est un cliché qui, au contraire d’aider à penser, interdit la pensée. Parce qu’elle interdit l’ambiguïté. Elle interdit de se regarder en face. Pour moi, la vraie question c’est : pourquoi a-t-on besoin du critère de la « normalité » pour se définir les uns les autres ?
L’artiste est celui qui vient perturber cette interrogation, la dérouter, nous mettre mal à l’aise, nous interroger brutalement face à face. Satie permet de nous faire réfléchir à notre propre « diminution à rêver ». A la manière dont on se réduit en voulant se penser.
Pour moi, il nous dit quelque chose de secret, de permanent et d’universel : vivre une vie de manière personnelle, c’est sûrement prendre le risque d’être considéré comme fou, hors norme, non normal. C’est aussi oser le malentendu et la vérité, mais c’est rester libre.
A l’inverse, la vraie folie, c’est peut-être de choisir de vivre sa vie d’une manière impersonnelle, d’avoir une vie standard... La question est toujours actuelle.



L’autre personnage célèbre que vous évoquez régulièrement dans votre roman est Claude Debussy, dont le destin a été lié pendant un temps à celui de Satie. Quel rôle a-t-il joué sur le parcours de Satie ?


Debussy a été pour Satie un compagnon de route et d’ambiguïté. Il a été un ami, un confident, un frère, un rival, un dieu, un traitre, un double, un maitre. Entre eux, l’admiration fut immédiate, mais ils ne jouaient pas dans la même classe... sociale. Si bien que lorsque l’un se voyait ouvrir les portes académiques, l’autre le regardait s’éloigner et restait seul à l’attendre.
C’est une très belle mais aussi très triste relation qui a uni les deux hommes. Faite de beaucoup d’échanges et de pensées, de discussions philosophiques, musicales, de longues soirées à refaire le monde et s’en partager un morceau. Mais il y a eu aussi beaucoup de violence entre eux, qu’on sent de manière tacite dans la correspondance de Satie. Entre lui et Debussy, les liens étaient passionnants et complexes, comme le sont tous les êtres humains quand on dépasse leurs silences.



Cet ouvrage est votre premier roman, qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans l’écriture ? Avez-vous d’autres projets ?


Ce n’est pas mon premier roman, mais jusque là je cherchais à faire se rejoindre la rythmique et la voix de mon écriture, avec un sujet qui me permette de m’exprimer. Et j’ai mis jusqu’à aujourd’hui à trouver la porte... Mais j’écris depuis mon enfance et je ne passe pas un jour sans écrire – sous une forme littéraire ou cinématographique. L’écriture littéraire est comme un espace intime et ouvert, où j’ai moins peur. Mais écrire pour moi va plus loin : c’est un souffle, un geste, un mouvement. Cela va jusqu’à la réalisation d’un film, jusqu’à l’image, le corps des acteurs, le montage, la musique. En fait, ces deux écritures sont deux expressions miroirs. Selon le sujet.
Pour les projets, je commence à entrevoir mon prochain roman, mais c’est encore un horizon intérieur, j’attends qu’il se rapproche. En parallèle, je termine d’écrire un long métrage que j’aimerais porter à l’écran.



Stéphanie Kalfon et ses lectures :



Quel ouvrage qui vous a donné envie d’écrire ?


Mille, évidemment. Tellement. En fait c’est même plutôt la vie qui m’a donné envie d’écrire. Cette vie écrite par les autres, rendue ainsi plus vaste et plus sonore. Je pourrais vous répondre non par des titres d’ouvrages, mais par quelques auteurs, ceux dont la voix s’est agrippée à moi et qui fredonne encore à mon oreille : Romain Gary, Franz Kafka, Samuel Beckett, Bernard-Marie Koltès, Jack Kerouac, Friedrich Nietzsche



Quel auteur qui aurait pu vous donner envie d’arrêter d’écrire (par ses qualités exceptionnelles...) ?


Les qualités exceptionnelles d’un auteur ne provoquent pas en moi l’arrêt d’écrire, quelle que soit l’admiration parfois sans borne que je peux éprouver. Elles me donnent plutôt envie de vivre et d’oser être encore plus singulière. Les auteurs ne m’éloignent pas de l’écriture, ils me rapprochent de moi-même en me disant: écoute, regarde, le monde est plus grand que nous tous mais grâce à ce livre, le voici à portée de ta main. Les films aussi me font cet effet.



Quelle est votre première grande découverte littéraire ?


Le Petit Prince.



Quel est l’ouvrage que vous avez relu le plus souvent ?


Je ne relis presque jamais les ouvrages, ce serait prendre le risque d’être déçue par « le second baiser », comme disait Roland Barthes.



Quel est le grand classique que vous avez honte de ne pas avoir lu ?


La Bible.



Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?


Méconnue… je ne sais pas. Mais je pourrais vous parler de mon dernier choc romanesque, vous savez quand vous prenez un livre d’un auteur bien connu, et que vous éprouvez une pointe de culpabilité de ne pas l’avoir lu avant, tout en sachant qu’on lit les livres quand on est prêt à les recevoir (enfin, c’est ma conviction).
Le Coeur est un chasseur solitaire de Carson McCullers.



Quel est le classique de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?


En général, je trouve les réputations surfaites, car elles surajoutent du mythe avant même qu’on ait eu le temps de se faire une opinion. Et ce surplus empêche de lire, de découvrir, de ressentir un livre pour ce qu’il est, avec sa propre lecture. On se sent comme avec une flèche au dessus de la tête disant « tu dois … (aimer, connaître, admirer…)».


Avez-vous une citation fétiche de la littérature ?


« C’était peut-être la poésie qui me travaillait, un chant silencieux et inarticulé, à l’abri des mots piégés » (Romain Gary, Pseudo).



Et en ce moment que lisez-vous ?


Je lis en parallèle deux livres totalement différents..
D’une part, Je Suis Ton Soleil de Marie Pavlenko, qui sort le 8 mars prochain (chez Flammarion Jeunesse) et qui est un formidable portrait d’une relation mère fille pleine d’humour et de tensions. Un roman qui parle de la difficulté de grandir quand c’est à l’ombre d’un parent dont la dépression fait la météo de vos jours. Et comment une gamine peut se défendre pour ne pas tomber malade de sa mère.
Et en même temps, j’ai commencé à me plonger dans les œuvres complètes de Emil Michel Cioran. C’est d’une puissance… pour laquelle je n’ai pas de mots.



Entretien réalisé par Marie-Delphine



Découvrez Les parapluies d`Erik Satie de Stéphanie Kalfon aux éditions Joëlle Losfeld :


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Le libraire Gérard Collard vous propose sa sélection de livre de la semaine : La Grande Escapade de Jean-Philippe Blondel aux éditions Buchet Chastel https://www.lagriffenoire.com/1010927-romans--la-grande-escapade.html Les parapluies d?Erik Satie de Stéphanie Kalfon aux éditions Folio https://www.lagriffenoire.com/128129-divers-litterature-les-parapluies-d-erik-satie.html Trop de morts au pays des merveilles de Morgan Audic aux éditions du Rouergue https://www.lagriffenoire.com/1016962-nouveautes-polar-trop-de-morts-au-pays-des-merveilles.html Un petit coup de jeune de Thierry Bizot aux éditions Seuil https://www.lagriffenoire.com/1009382-divers-litterature-un-petit-coup-de-jeune.html La culture décontractée !!!!! ABONNEZ-VOUS A NOTRE CHAINE YOUTUBE ! http://www.youtube.com/user/griffenoi... (merci) La boutique officielle : http://www.lagriffenoire.com Facebook ? http://www.facebook.com/lagriffenoire Twitter ? http://twitter.com/lesdeblogueurs?lan... Retrouvez l'ensemble des coups de coeur de Gérard Collard et de vos libraires préférés ici : https://www.lagriffenoire.com/11-coup... https://www.lagriffenoire.com/ #soutenezpartagezcommentezlgn Merci pour votre soutien et votre fidélité qui nous sont inestimables. @Gérard Collard? @Jean-Edgar Casel?

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Quelle est l'intensité de mon délire et quelles en sont les teintes correspondantes sur la toile de notre famille ? C'est la question qui surgit quand je quitte ma salle.
Car Paul et moi sommes entrés dans notre période « grise ». On vit désaturés dans un jardin qui ne vibre plus, on vit juxtaposés, sans être complémentaires : nous faisons mine d’appartenir au même tableau. Par paresse peut-être, par habitude, par terreur d’une autre vie. Sans commun accord, le silence entre nous a décidé des rôles, comme on attribue des places dans un train : Paul joue le concertiste obsédé par sa Sonate et moi la Pénélope faisant et défaisant mon histoire jusqu'au retour de ma raison. Cela se produit tout seul d’ailleurs, sans animosité, sans grand manque d’amour non plus. Ce mouvement de grisaille a l’allure de l’habituel : il s’arrête bien comme il faut en gares connues, mais ce n’est plus un voyage. C’est un train fantôme.
(P. 84)
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La dynamique des familles obéit parfois aux mêmes règles que la physique des couleurs. Leurs complicités reposent sur un circuit de résonances et d'interférences, dans lesquelles nous sommes chacun des vases communicants. Nous nous reflétons les uns les autres, question de regard.
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Avec sa bande, il préfère rêver que vivre. Car ça lui est plus difficile de faire la conversation que d'inventer une harmonie. Le quotidien l'éprouve, le harasse. Le réel est terrifiant, il revient le hanter, un vrai boomerang...
Page 84
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Erik a de nouveau changé de déguisement. Il a troqué son « look Chat Noir » pour un costume bureaucratique, qui lui donne l'allure unique. Chapeau melon. Binocle. Pardessus noir. Veston sombre. Pantalon étriqué. Guêtres immaculées . Et pour finir : un parapluie qu'il protège dès qu'il pleut, de peur de le mouiller. Le tout est volontairement mal adapté à sa taille. C'est fait exprès. Erik a l'air d'un directeur des pompes funèbres. Il tient à rester une provocation ambulante envers tous les conformismes et les bourgeois.
Page 143
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Erik Satie était-il fou ?... C'est une grande question de sa vie, une grande tristesse logée au fond d'un malentendu insoluble entre lui et le siècle. À quoi sa voix répond, déçue, dans un murmure : « Tantôt ils font de moi un fou, tantôt ils me représentent comme un être doux d'une platitude qui n'a d'égale que la leur.
Peut-être se trompent-ils.
Et cela me fit une grosse peine. »

(Fin du livre)
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Alors elle disjoncte. Un irrépressible élan la saisit comme de l’électricité: la seule manière de se soulager, c’est de se cogner la tête contre cette porte et, par l’impact sur son front, créer la preuve qu’elle est encore vivante. Alors elle cogne, elle cogne, elle défonce son crâne contre la porte jusqu’à faire apparaître la voix de Jeff qui dans son crâne halluciné répète «arrête, arrête», mais comme c’est la première fois que cette voix apparaît Kate continue pour l’entendre encore dire «arrête, arrête», l’entendre encore dire «arrête, arrête». C’est physique, voilà ce qu’elle cherche, un contact physique et aussi une réponse, à la place de quoi des mains invisibles la repoussent, l’éloignent et la retiennent, mais elle s’en dégage et fonce à nouveau, «je ne sens rien», dit-elle tandis qu’elle se cogne encore à bout de souffle «allez, ouvre! Ouvre!» et elle rit, bam, bam «ouvre», bam «arrête, arrête», «bam», «arrête», un voisin sort, elle sursaute, ahurie, elle demande, insensible au sang qui s’écoule entre ses cheveux, sur ses joues… p. 41
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Ce mois d'août, un casse-tête est présenté aux autorités : un nommé Bidault, condamné à mort pour l'assassinat d'un jardinier, doit être exécuté dans la capitale, mai son ne sait où le guillotiner. La prison de la Roquette est démolie, jadis c'était ici qu'on dressait la Veuve. On cherche une solution. On évoque la Place Saint-Jacques, mais les riverains protestent : ils ne veulent pas voir ça. On envisage alors de percer une porte dans le mur de la prison de la Santé et d'exécuter le condamné dans la rue, mais les gens ne veulent pas voir ça. Le condamné est encombrant. Finalement le président Loubet remet la solution à plus tard en graciant Bidault.
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Me voilà assise dans la cuisine jaune. En face de ma mère. Dans quelques semaines, elle va s'emparer de ma vie, mon chagrin, m'engloutir noyée vivante dans la parole. Pour l'instant, elle me regarde en souriant, me fait asseoir, puis retire du frigidaire quantités de plats qu'elle a préparé d'avance.
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La vie c'est... papillonner. Et nous envoyons paître le bon Dieu et le diable, avec tous ceux qui nous grondent à l’intérieur ? C'est chic, c'est alcoolique. Demain n'arrivera pas ! Nous sortons du temps puisque nous sommes ensemble. On a le droit d'être qui on veut, personne ne nous regarde, nobody, on peut s'entortiller d'anonymat comme des momies, méconnaissables, tu peux être là-dessous maintenant « Music ! » c'est merveilleux ?
Page 135
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Satie fut méconnu. Insaisissable. Incompris. Peuplé d’une vie secrète dans laquelle peut-être, possible oui, possible, il aura mis le meilleur de lui-même. Or la société a besoin de cohérence. Erik Satie était un compagnon d’errance. Un rébus. L’homme qui possédait deux pianos et qui, pourrait-on dire au vu de la taille de sa chambre, vivait chez eux. Et puis surtout cette énigme : il fut l’homme aux quatorze parapluies noirs identiques.
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