C’est un hasard qui a permis au scénariste de nous offrir cette B.D. qui m’a bluffée. Alors qu’il passe sur un trottoir parisien, des hommes vident une cave et disent de se servir. Il pioche le journal d’un poilu qui court de la déclaration de guerre jusqu’à Noël, date où on pensait qu’elle serait finie. Le départ, la marche épuisante, l’attente, les tranchées, les bombardements, la blessure, l’hôpital, l’espoir des nouvelles de ses proches. Barroux le fait revivre avec ses dessins simples et parlants en noir et blanc qui s’accordent bien avec le journal de celui qu’on aimerait savoir ce qu’il est devenu par la suite. B.D. d’un soldat inconnu. Belle réussite ! ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️
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Francis Cammaerts, quatre-vingt-dix ans, citoyen britannique, vit en France à Pouget. Il rencontre à l'occasion de son anniversaire une petite fille, Jupjaapun Kaur, originaire du Punjab. Il est d'une fratrie de six enfants, quatre filles d'abord, Marie, Elizabeth, Catherine et Jeanne puis deux garçons, Pieter et Francis. A la veille de la seconde guerre mondiale, Francis étudie à Cambridge et va devenir enseignant, c'est un pacifiste convaincu. Pieter est comédien, il est brillant et enchaîne les succès ; il s'engage dans la RAF dès le début de la guerre et il meurt en mission au-dessus de la France. Francis, refusant d'être envoyé au combat, participe à l'effort de guerre en travaillant dans une ferme où il rencontre sa femme Nancy avec qui il a une petite fille Niki. Mais le deuil de son frère est impossible et il s'engage dans l'armée, il subit une formation militaire et devient agent secret envoyé en France sous le nom de code de Roger. Il aide la résistance. En rentrant au pays pour une permission, il permet la naissance d'une seconde petite fille, Jay. Mais il continue sa mission en France pour soutenir et coordonner la résistance ; un agent de liaison lui est attribué, c'est Christine et avec leur camarade français Albert, ils forment les trois mousquetaires. Ils sont sur le plateau du Vercors puis à Dignes, ils seront arrêtés par les nazis et sauvés par Christine. A la libération, Francis reprend son travail de professeur et il a avec Nan deux nouveaux enfants à qui il donne les prénoms de ses camarades de résistance, Christine et Paul.
Francis Cammaerts (1916-2016)
Après avoir fait ses études à Cambridge, Francis est devenu professeur. Fervent objecteur de conscience, il a été envoyé travailler dans une ferme du Lincolnshire ou il a rencontré et épousé Nancy Findlay. Lorsque son frère cadet, Pieter, engagé dans la Royal Air Force a été tué à vingt-et-un ans, en 1941, Francis a décidé qu'il ne pouvait pas rester plus longtemps à l'écart de la guerre, qu'il devait s'engager dans le combat. Il a rejoint le Spécial Opérations Exécutive, le service secret britannique créé par Churchill en 1940 - en tant qu'agent secret, sous le nom de code de Roger et a créé un grand réseau de groupes de résistants dans le sud de la France. Il a échappé aux arrestations jusqu'aux dernières semaines de la guerre, quand il a été appréhendé à un barrage routier. Alors qu'il devait être fusillé, il a été sauvé par une amie et agente du SOE, Christine Granville.
Après la guerre, Francis a repris son métier d'enseignant au Royaume-Uni. Plus tard, il a fondé le département de pédagogie de l'université d'Afrique de l'Est à Nairobi puis est devenu directeur d'un nouvel institut universitaire de formation des enseignants au Botswana. A sa retraite, il s'est retiré en France avec Nancy et sa famille au Pouget, un village du Languedoc.
Michael Morpurgo est le neveu de Francis Cammaerts.
Michael Morpurgo raconte ici l'histoire de son oncle Francis Cammaerts, jeune étudiant pacifiste à la fin des années 1930 qui voit son frère mourir au front en 1941 et qui s'engage alors dans les services secrets britanniques pour coordonner et soutenir la Résistance en France. Michael Morpurgo choisit de raconter l'histoire du point de vue du vieil homme mourant convoquant à la veille de son trépas les proches qu'il a perdus pendant la guerre et leur racontant leur histoire commune. Ce sont des souvenirs brefs racontés de manière sèche sans fioritures, il n'y a quasiment pas de descriptions mais des phrases simples narrant les actions du jeune officier.
Le récit se lit dans un seul souffle, vertigineux, fort, sensible.
En quelques pages, le récit est bouclé et la vie d'un homme honorée. C'est puissant, nous pensons évidemment à Soldat Peaceful dans lequel il y avait la même tension dramatique, la même mise en scène de la narration des souvenirs imposée par l'urgence des derniers instants de vie.
Le récit est suivi d'une biographie des différents personnages ayant compté dans la vie du héros et de quelques photos.
Coup de coeur
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Alpha est ébéniste à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Il pense à sa femme et à son fils partis pour Paris, dont il est sans nouvelle. Alors il prend la route : direction Gao, au Mali, dans une camionnette surchargée dont les passagers espèrent rejoindre l’Europe. Puis il poursuit son voyage vers le nord, alternant trajets en voiture dans le désert, arrêts involontaires dans des camps de réfugiés, et petits boulots mal payés. Son chemin croise celui d’autres « aventuriers » : Antoine, un Camerounais qui rêve de jouer pour le FC Barcelone, Abebi, une Nigériane contrainte de se prostituer pour survivre, et Augustin, un petit garçon que leur confie sa sœur. Le texte écrit à la première personne est accompagné de dessins sobres dans lesquels dominent le noir et le blanc. Ce roman graphique d’une grande pudeur donne ainsi à voir et à ressentir les espoirs, puis les désillusions, des migrants d’Afrique subsaharienne – une détresse dont profitent militaires corrompus, passeurs malhonnêtes et trafiquants en tout genre. Le récit interroge aussi les responsabilités individuelles face aux mesures répressives et à la coopération entre États : l’Europe aux côtes si lointaines est omniprésente dans les demandes absurdes des consulats, dans les circuits touristiques aperçus en cours de route, et dans les contrôles instaurés par les pays du Maghreb en échange d’une « aide au développement ».
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Une belle histoire d’amitié entre une baleine bleue et un petit garçon (Jonas). Alors qu’il est danger, la baleine va le sauver. Et quand la baleine ne revient plus voir Jonas, c’est que « Bleue » a un soucis !
Une histoire qui permet de parler aux enfants du danger des plastiques pour les animaux marins - ici les sacs en plastique que Bleue avale en croyant que ce sont des méduses.
Un petit texte explicatif terminé l’album pour prendre conscience de la pollution des micro plastique qui sont un danger aussi pour les baleines.
Rassurez-vous, l’histoire se termine bien mais malheureusement ce n’est pas forcément le cas dans la réalité. En espérant que ces petits albums aient un impact sur le comportement des enfants et de leurs parents - d’ailleurs, l’auteur parle de nettoyer les plages de leurs plastique mais il aurait dû mentionner dans la nature en général car chaque plastique sur le sol, finira sa course… dans la mer !
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Un récit de voyage, au Brésil, une quête sur les traces d’un frère, surfeur, aventurier, qui y a laissé sa vie, “L’ombre qui marche à mes côtés”, c’est lui, L’auteur va refaire le même trajet, de Rio à Belém, en bus, en taxi, à pied, dans les pas de celui qui a disparu accidentellement, comme une quête, une rédemption, chargée de la nostalgie de cette relation fraternelle. Il déambule, seul, fait des rencontres sans lendemain, ce voyage est chargé de mélancolie, de grands espaces, de quelques frayeurs, et d’exotisme. Le dessin est brut, avec des silhouettes qui rappellent le style de Guy Delisle, mais le trait de Barroux est plus brut, plus spontané, des aplats de couleurs sont posés de façon agressive, parfois le noir vient écraser la silhouette du bus, comme la nuit qui avale tout, un graphisme assez cru. “L’ombre qui marche à côté” est un récit tout en pudeur et justesse, un peu triste, d’une beauté mélancolique.
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PluriELLES
Edité en Avril 2016,
j’ai des printemps qui s’étirent comme une ombre au soleil.
« La belle absente » est la rencontre (très)sensible de deux autrices qui écrivent en creux et en dénivelés poétiques, Constance Joly et Séverine Vidal.
Il fallait à cette histoire sombre et forte tout le talent artistique de Barroux pour contenir la déferlante.
Un homme funambule sa vie au bord d’un précipice alors que « La belle absente » prend toute la place autour.
Elle se fait monde, elle se fait pluriELLES.
C’est noir. Ça fracasse.
C’est beau.
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" Denise et moi" est une histoire randonnée amusante.
L'auteur-Illustrateur Barroux va jouer aussi bien sur le rythme du texte que sur le rythme d'un temps qui semblera volontairement confus, celui nous donnera l'impression d'aller trop vite selon certains à l'image.
Les événements donneront l'impression de se suivre sur une semaine, voire plus, avec une plante posée sur un meuble qui poussera, poussera. Elle s'appelle Denise.
Denise appartient à un petit garçon à qui elle a été offerte à son anniversaire.
Mais ce petit garçon très attentionnée et gaga de son pot, agira avec elle comme on s'occupe d'animal domestique, avec des pensées de tous les instants.
Ce petit bonhomme aura des activités ou des loisirs et péférera confier Denise à chaque départ.
Seulement, et on le comprendra au fur et à mesure les personnages vont disparaitre sauf Denise.
Et ainsi, notre garçon comblera de multiples abandons de poste supposés en sollicitant un nouveau membre de la famille pour s'occuper de Denise.
Mais nous comprendrons par pertinence que tout ce passera dans la même après-midi ( forcément) et c'est ce qui fera la drôlerie de l'aventure.
Pourquoi Denise pousse t-elle aussi vite?
Un indice nous est pourtant glissé sur des dessins du petit garçon qui semble bien connaitre les jolies qualités de sa plante verte.
Les double-pages finales donneront dans le Pop-Up qui régale ( et qui délivre, pourrait-on dire).
Même si l'on apprécie beaucoup Barroux par ici, on ne se douterait pas pour cette fois que cet album ci puisse être d'un ton aussi drôle.
Tendre, avec pareil titre et pareil illustration, ça oui.
Nous serons bluffés.
La fin sera irrésistible. Quelle coquine cette Denise, tout de même!
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Avec cet album, Barroux invite les lecteurs à œuvrer pour la protection des océans. Le texte est simple, mais ne fait pas mystère du danger que représentent les sacs plastiques pour la faune sous-marine. Les illustrations, douces et colorées, collent bien au thème. Parfait pour aborder le sujet avec les plus jeunes !
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Il était une fois, sur la banquise, trois ours polaires à la vie douce et paisible. Mais un jour, un tragique craquement brise la glace. Nos héros se retrouvent alors sur un frêle radeau de glace, dérivant sur les flots, au beau milieu de l'océan. Ils bravent les tempêtes, à la recherche d'une terre d'accueil, un nouveau chez-eux. Au fil des pages, ils pensent plusieurs fois être sauvés en découvrant des îles habitées . Mais les autochtones refusent immanquablement de les accueillir, pour des raisons plus absurdes les unes que les autres.
Ils dérivent encore et encore pendant que leur embarcation s'amenuise inexorablement. Finiront-ils par trouver refuge avant que leur minuscule bout de glace n'ait fini de fondre ?
Cet album jeunesse coloré, au graphisme rond et doux, est apprécié des petits et des grands. L'histoire, incarnée par des ours sympathiques et attachants touchent particulièrement le jeune public qui est tout à fait sensible à leur sort.
Cet album est un outil de médiation appréciable permettant un échange juste et dynamique avec les enfants autour des conséquences du dérèglement climatique et plus particulièrement de l'accueil de réfugiés.
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Louis, Suzie et leurs parents sont chargés d'une mission capitale : s'occuper de la basse-cour de Tata Claudine le temps que sa fracture se remette. Au gré de leurs ballades les deux enfants constatent que les poissons péchés dans l'étang sont un brin bizarres... En plus les animaux et les humains du cru commencent à tomber malades sans raison. S'agirait-il d'un virus ou l'explication est-elle ailleurs ? Une bande-dessinée aux frontières du fantastique mais bien ancrée dans le réel, agrémentée de deux pages documentaires pour tout savoir sur les déchets toxiques et le principe du pollueur-payeur.
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Barroux est un illustrateur connu et reconnu notamment en presse et en jeunesse. Cet album qui vient de paraître a été concrétisé au cours d’une résidence à la maison de la BD à Blois.
Cette couv m’avait interpellé… et ce titre aussi. La mélancolie que je pressentais s’est révélée bien présente. Un jeune homme entreprend un long voyage au Brésil sur les traces de son frère mort là-bas dans des circonstances assez mystérieuses.
D’avions en bus en passant par la voiture-taxi… il avance, lentement, marche sur les pas de son frère, alourdi par les souvenirs, par un avenir incertain, par une ombre fantôme telle un fardeau.
C’est donc triste ..mais c’est beau. Les planches utilisent une bichromie qui varie au gré des rencontres et des émotions, rouge, bleu, orange, jaune… Le dessin est un peu naïf, enfantin, les décors légers suffisent, la chaleur lourde et pesante est bien rendue.
Au final, un très beau livre, un voyage dans tous les sens du terme, qui pourrait toucher votre petit cœur.
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