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Critiques de Kris (705)
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Un maillot pour l'Algérie

Avril 1958. Après un match à Saint-Etienne, le footballeur professionnel d’origine algérienne Rachid Mekhloufi quitte la France en direction de l’Italie. Onze de ses compatriotes, eux aussi footballeurs, disparaissent en même temps que lui. Tous se retrouvent à Tunis sous l’égide du FLN pour fonder clandestinement la première équipe nationale algérienne alors que la guerre pour l’indépendance fait rage dans leur pays.



Le football comme outil de propagande, le football comme étendard. Une épopée incroyable, une prise de risque immense pour des hommes ayant choisi de tout plaquer, de mettre entre parenthèses une situation professionnelle confortable, voire une vie de famille heureuse, pour défendre une cause étant à leurs yeux au-dessus de toute considération personnelle. Loin du long fleuve tranquille, l’odyssée de ces ambassadeurs de la cause indépendantiste aura connu des épisodes douloureux, des moments de tension à l’intérieur du groupe mais aussi des conditions de transport ou d’hébergement particulièrement rudes, sans compter sur l’accueil parfois belliqueux d’adversaires prêts à tout pour faire chuter une équipe reconnue pour ses exceptionnelles qualités techniques. Du Maghreb à l’Europe de l’Est en passant par la Chine ou le Moyen-Orient, portés par une volonté et un courage inébranlables, ces hommes en mission auront représenté fièrement les désirs d’émancipation d’un pays en construction, au point de devenir des icônes pour tout un peuple.



Encore un album engagé pour Kris, qui ne tourne pas pour autant à l’exercice d’admiration dénué de tout regard critique. Solidement documenté sans être d’une parfaite exactitude, le récit couvre quatre années intenses et chaotiques, de 1958 à la signature des accords d’Evian en mars 1962. A travers le prisme du football se cristallisent les tensions géopolitiques de l’après-guerre, de la décolonisation à l’expansion du communisme.



Le dessin de Javi Rey est réaliste et efficace, les scènes de matchs sont fluides, les moments plus intimes donnent dans la sobriété et l’expressivité des visages est extrêmement travaillée. Beaucoup de précision au niveau des décors et un choix de couleurs pertinent retranscrivent à merveille l’atmosphère de l’époque.



Une histoire qui va bien au-delà de la simple aventure humaine. Le sport est ici un outil de combat politique au service d’une cause qui dépasse chaque protagoniste. Une histoire qui m’était jusqu’alors inconnue et que j’ai pris un réel plaisir à découvrir.




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Les brigades du temps, tome 2 : La grande a..

Après un premier tome savoureux consacré à la non découverte de l'Amérique par Christophe Colomb, on retrouve avec ce deuxième album des Brigades du temps, « La grande armada », les mêmes ingrédients que précédemment, et force est de constater qu'encore une fois la recette fonctionne à merveille. Le duo Duhamel (aux dessins) et Kris (au scénario) reste toujours aussi efficace et nous offre une suite à la hauteur de nos attentes, mettant ainsi un terme au premier diptyque de la collection qui devrait, fort heureusement, compter d'autres opus à paraître dans les mois à venir. L'idée de base est ici la même que dans le premier volume : alors que l'Histoire telle que nous la connaissons s'écarte un peu trop de la route qu'elle devait emprunter, une équipe spécialisée est dépêchée du futur afin de corriger sur place ces perturbations temporelles, plus communément appelées « uchronies ». Science-fiction, histoire, second degré..., tout est là pour vous faire passer un bon moment.



Nous voilà donc repartis aux côtés du colosse Kallaghan et du petit bleu Montcalm qui, après avoir eu maille à partir avec l'équipage de Colomb, se retrouvent empêtrés dans les querelles opposant quelques cités aztèques. C'est l'occasion pour les auteurs de réutiliser certains des éléments les plus connus de cette civilisation à leur sauce, c'est-à-dire avec beaucoup d’auto-dérision. Certaines scènes prêtent ainsi franchement à sourire, que ce soit grâce aux dialogues très percutants, au rocambolesque de la situation, ou aux protagonistes eux-mêmes qui décidément forment une équipe de bras-cassés aux méthodes peu orthodoxes très attachants. Les dessins pour leur part sont, certes, un peu simplistes par moment mais ne gâchent en rien l'attrait de cette bande dessinée de qualité dans laquelle j'ai pris beaucoup de plaisir à me plonger, d'autant plus que la fin de ce deuxième album nous laisse sur une note un peu plus profonde et sérieuse que celle à laquelle on aurait pu s'attendre. Voilà une série qui démarre bien !
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En chemin, elle rencontre

En chemin elle rencontre... est un ouvrage collectif, co-édité avec Amnesty International. De nombreux illustrateurs de bandes dessinées se saisissent du vaste sujet des violences faites aux femmes. Des passages courts mais efficaces, des histoires de femmes à mettre dans les mains de tout un chacun pour éduquer et faire prendre conscience.



J'ai été particulièrement touchée par l'histoire d'Awa, qui se rend compte qu'elle a été excisée lorsqu'elle commence sa vie sexuelle ou celle de Cristina, une jeune moldave prostituée de force. Mais il y a également une adolescente de treize ans lapidée en Somalie, les viols en tant qu'armes de guerre...



On assiste aussi à des réactions d'hommes face aux victimes de viols dans l'actualité. Ou encore le récit d'une femme polie, consciencieuse qui subit le harcèlement sexuel au travail sans savoir comment se défendre.



Quant au dernier témoignage sur les violences conjugales, celui de Marie Moinard, éditrice, il est bouleversant. Je referme ce livre retournée. Bien sûr on sait tout cela, mais ce rappel des violences faites aux femmes fait froid dans le dos...

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Mon père était boxeur

Le père de Babara Pellerin était un boxeur. Elle ne l'a jamais vu combattre sur un ring, mais elle a vu en lui de la violence. Alors qu'on le porte en terre, elle se souvient de ces moments difficiles entre sa mère et son père. mais elle se souvient aussi des bons moments et que sur la fin elle avait essayé de renouer avec lui. La boxe les avait séparé, la boxe devait les réunir. Elle s'était lancé dans un reportage sur le club de boxe de son père. Prétexte pour se remémorer un passé compliqué et tisser des liens qui s'étaient défait.



Barbara Pellerin témoigne de son histoire personnelle et se livre à travers cette bande dessinée de Kris et Bailly. A l'origine il y a son reportage vidéo et ses souvenirs d'enfance sur lesquels elle a mis une voix off racontant leur histoire. Kris avec son aide en fera un découpage et inventera des dialogues afin que Bailly puisse mettre en image cette histoire de famille. Un récit très intime.

Au premier abord cela peut paraitre une histoire banale, comme en on rencontre tous les jours. Un ancien champion de boxe qui a laissé sa rancoeur, sa violence et l'alcool détruire sa famille. Celle des souvenirs d'une petite fille qui espère retrouver un père qui n'a jamais cessé de l'aimer. Mais au final c'est touchant et plein d'émotion. La fin est un peu frustrante, cette réconciliation qui n'aura jamais vraiment lieu. Mais c'est ça la vraie vie.



Le dessin de Bailly est assez particulier. Un crayonné qui ne s'embarrasse pas du détail. Il donne un coté esquisse, inachevé. Mais le tout est rehaussé par de jolies couleurs aquarelles qui donne un peu de relief à l'ensemble.
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Notre mère la guerre, tome 4 : Requiem

Dénouement de cette série riche qu'est notre mère la guerre. L'enquête progresse et nous allons tout savoir du meurtrier et de ses motivations. Mais plus qu'une histoire policière cette bande dessinée est un récit sur l'Histoire. Celle de la première guerre mondiale qui est racontée avec justesse et émotion. Un témoignage vibrant de ce temps d'horreur.

La tension est parfaitement dosé jusqu'à cette scène finale... terrible...

les émotions nous étranglent à de nombreuses reprises et les aquarelles expressives de Mael nous donnent le frisson tellement les regards sont poignants, les atmosphères si réelles.

Bravo aux auteurs pour ce qu'ils nous faire vivre l'Histoire avec autant de brio.

La post face est un beau reflet de ce que l'on ressent à la lecture.
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Notre Mère la Guerre, tome 1

1935, un vieil homme sur son lit de mort prie. Le son des cloches lui évoque de sombres souvenirs, de ceux qui ne s'oublient jamais. Ceux de la grande guerre, des tranchées et des hommes qui y laissent leur vie.

vingt ans plus tot alors que la guerre fait rage, on assassine une femme et on dispose son corps en première ligne avec un poeme d'adieu. L'affaire est vite réglée. Un soldat lui avait crié "r'croise pas ma route ou j'te saigne comme une truie". Il est jugé, ou pas d'ailleurs, et excuté. Seulement ça recommence 1 fois puis 2. Alors on envoie une hirondelle survoler les tranchées. Un gendarme, le lieutenant Vialatte. Il devra trouver le meurtrier, et vite.



Une plongée impitoyable dans les tranchées et les horreurs de la première guerre mondiale. Mais avec beaucoup de pudeur, et de poésie. Presque de la douceur dans toute cette violence relatée.

Le dessin de Mael donne une atmosphère poignante. Ses aquarelles donnent le ton et transpirent d'émotions. On y ressent le froid et l'humidité des tranchées. La boue qui colle aux vetements. La peur qui envahit les tripes.
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Les brigades du temps, tome 1 : 1492, à l'Oue..

Nous sommes en 1492 et Christophe Colomb découvre ce qu'il croit être les Indes. Jusqu'ici tout va bien, oui mais voilà ... le grand navigateur tombe accidentellement victime des flèches indigènes à peine arrivé à terre. C'est dans des moments comme celui-ci, où l'Histoire s'écarte de la route qu'elle devait suivre, qu'interviennent les « protecteurs ukroniens », des agents membres d'une organisation du futur chargée de rectifier ces petites perturbations temporelles en envoyant leurs meilleurs éléments régler le problème sur place. L'histoire est extrêmement originale aussi il est difficile de ne pas se laisser séduire par ces « Brigades du temps » qui conjuguent très efficacement histoire, science fiction et humour.



Rien que le choix des deux protagonistes prêtent déjà à sourire : Kallaghan, un vieux de la vieille, colosse bourru, rebelle et légèrement susceptible, et Montcalm, le jeune premier avide de faire ses preuves et tout juste sortie de l'académie. Le duo fonctionne bien et les répliques cinglantes et ironiques se succèdent pour la plus grande joie du lecteur. Celui-ci peut également apprécier les petits clins d'œil au monde contemporain glissés par-ci par-là par les auteurs, qu'il s'agisse de références littéraires, cinématographiques... Les graphismes pour leur part sont peut-être un peu rudimentaires, défaut que l'on peut aisément pardonner au vue de la qualité de l'intrigue et de l'originalité de l'histoire. J'attends la suite avec impatience.
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Les ensembles contraires, 1ère partie

(même critique pour le deux tomes)

Le dessin est brut, réalisé au pinceau, avec un trait épais et irrégulier, la colorisation est en aplats, pas plus de deux ou trois tons par planche, avec des couleurs naturelles. Le style s’accorde au récit, comme des prises de notes sur la réalité furtive. Car il s’agit bien d’un récit réaliste, l’histoire de vies, d’amitié, telle qu’elle est dans la vie, un récit autobiographique écrit à deux, deux amis, des vrais.

Cela se déroule entre Brest et Perros-Guirec, au début des années 90, avec comme occasion de rapprochement entre les deux garçons, le tennis de table. Et il nous raconte la Bretagne telle qu’elle est en dehors des circuits touristiques, avec des gens sympas qui aiment faire la fête, et les longues distances pour aller où que ce soit quand on vit à Brest. Christophe joue au PL Sanquer à Brest, Eric à Perros-Guirec, une amitié va naître entre les deux pongistes, mais l’histoire parle de différence de milieux, de mondes différents, de difficultés à entrer dans la vie adulte. Christophe s’en tire bien, fils de commerçants, il entre en Fac d’Histoire. Pour Eric, c’est plus compliqué, le père est très malade, sa mère un peu irresponsable, les études ne sont pas brillantes, il va vite devoir entrer dans la vie active.

Cette bande dessinée est un témoignage de ce qu’était la première moitié des années 90, comment l'entrée dans le monde des adultes se faisait, les rencontres amoureuses, l’évolution de chacun, et c’est surtout un très beau témoignage sur l’amitié, sur une relation forte, avec des hauts et des bas, c’est raconté de façon juste, sans emphase, simplement, comme est la vie.
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Svoboda ! tome 2 : Iekaterinbourg été 1918

J'avais hâte de retrouver cette troupe de soldats tchéques épris de liberté et d'indépendance. A l'ouverture de cette nouvelle aventure tout y étais, avec quelques nouvelles affriolantes ! Les plans et les couleurs sont toujours superbes, et avec le drame qui s'invite très tôt dans l'aventure la tension s'installe très vite et laisse bien peu de répit d'une étape à l'autre.

En revanche la fin en noeud de boudin m'a vraiment déçue, et dire que 2012 : niet ! rien de plus !

C'est cruel !!

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Coupures irlandaises

En 2018, les petits français ne partent plus en voyage scolaire à Londres à cause du risque d'attentat. En 1987, deux ados partaient en voyage linguistique pendant un mois en Irlande du nord, plus précisement à Belfast.

Les "Troubles", je les ai étudiés en cours d'anglais au lycée.D'ailleurs je dois en savoir plus sur ce sujet que sur les "évènements" dAlgérie (Ah, ces noms bizarres pour ne pas dire guerre civile). J'ai aussi lu quelques romans dont le contexte était les affrontements entre religions. Mais, ici le récit illustré amène une dimension visuelle que je n'avais pas jusqu'alors. Et en plus le narrateur a un point de vue externe : il n'est pas Irlandais, mais en plus à l'époque il état ado, et se prenait donc en pleine figure une réalité qui lui étaient totalement étrangère quelques jours avant.

Et le Top du Top, cette histoire est complété par un dossier, qui éclaire un peu sur la réalité de ce qui a été vécu par ces deux ados ; et qui évidemment fait un rappel de ce qu'était ce conflit.
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Un homme est mort

Cette très belle bande dessinée retrace une histoire qui s'est passée à Brest en 1950. Au cours d'une manifestation, un homme, Edouard Mazé, se fait tuer par la police. Il en résulte une immense émotion. René Vautier,jeune cinéaste, est appelé pour essayer de témoigner grâce à sa caméra. Il le fera en filmant les lieux, les amis, les réactions des proches et des inconnus. Le film qu’il réussit avec beaucoup difficultés techniques à créer, il va le diffuser partout et à tous les Brestois. Problèmes de sons, d’électricité,… peu importe, ce film parle au cœur des gens et ils sont tous très émus de le voir.





On trouve dans cette bande dessinée à la fois beaucoup de réalisme car Davodeau a fait un gros travail documentaire pour que les événements racontés soient le plus juste possible. Mais aussi de l’humour avec des portraits savoureux. Mais surtout beaucoup d’émotion grâce à cet élan autour de cette mort et autour de René Vautier. Davodeau a su jouer avec les dessins et les couleurs (du noir et blanc, des couleur sépia, des mises en page variées) pour faire un ouvrage pédagogique mais aussi poétique qui restera longtemps dans ma mémoire.





A noter le film (disponible en DVD) qui a été fait sur la genèse de cette BD :



"Avril 50" de Bénédicte Pagnot

2007 / France / 32’ / Vivement lundi !

En suivant le travail du scénariste Kris et du dessinateur Etienne Davodeau, "Avril 50" retrace les principales phases de la création de la bande dessinée "Un homme est mort". Il interroge les motivations des deux auteurs, leur rapport à l’histoire du mouvement ouvrier et leurs regards sur les événements brestois d’avril 1950.

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Notre mère la guerre, tome 4 : Requiem

Contrairement à ce qu’il a pu s’écrire assez exceptionnellement toutefois, et par des personnes qui lisent plus souvent Druon que Duby (pour se limiter à la seule lettre D pour les auteurs évoquant le Moyen âge) l’armée et la société française dans son ensemble se seraient très sérieusement préoccupées d’une série éventuelle de meurtres de femmes françaises près du front. Durant la Première guerre mondiale, combattants et gouvernants se battent pour elles et la propagande n’oublie pas de le souligner avec vigueur. L’idée de départ est donc très originale puisqu’elle part de la recherche du ou des meurtriers en 1915 de quatre personnes du sexe féminin aux occupations très différentes, dont les corps sont retrouvés non loin des premières lignes. Là où la série est époustouflante, c’est qu’à travers ses quatre albums, le scénariste montre qu’il a très bien saisi ce qu’un consensus d’historien universitaire livre au début du XXIe siècle sur la mentalité des poilus. La solution de l’énigme policière est le dernier éclat (et le plus manifeste) de cette intériorisation des valeurs partagées par les combattants. Le récit court au présent sur le dernier automne de guerre et se clôt le 11 novembre 1918. Toutefois l’action revient dans le Tarn-et-Garonne en décembre 1914, 1913 et 1935 ; pour cette dernière date on redécouvre (comme dans les tomes précédents) le narrateur (un gendarme retraité) sur son lit de mort. Le graphisme est très fouillé, il rend très bien la dimension historique et la psychologie des personnages.
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Violette Morris, Tome 1 : Première comparution

Violette Morris, jamais aucune personnalité ne m’aura autant déroutée. Sportive émérite du début 20 ème siècle, lesbienne assumée, accusée de collaboration avec les nazis, elle fut assassinée sans sommation par des maquisards sur le bord d’une route. Dans ce récit, Lucie une amie d’enfance qui a perdu toute sa famille lors de la Shoah cherche à comprendre les circonstances de la mort de Violette. Était-ce la véritable cible? Les accusations étaient-t-elles fondées? Femme scandaleuse, forte en gueule, Violette n’a jamais caché vouloir être l’égal des hommes s’habillant même comme eux malgré l’interdiction (selon une ordonnance de 1800 abrogée officiellement en 2013…). Ses convictions lui auraient-t-elles coûté la vie? Quoi qu’il en soit, je me méfie toujours dans l’Histoire de l’emploi du conditionnel car il cache souvent des demi-vérités ou des erreurs grotesques. Coupable ou pas personne ne mérite de mourir de la sorte. D’autres criminels de guerre ont eu droit à un procès. C’est précisément la justice qui permet de déterminer si les faits sont avérés. Je n’admets pas non plus les mots inqualifiables employés par la suite dans d’autres ouvrages pour la désigner. À quoi sert un tel déchaînement de violence? Je pense qu’elle a déjà largement payé. Ah si elle avait été un homme…

Un ouvrage magnifiquement illustré qui a le mérite d’être impartial et nous pousse à nous questionner sur un mystère de l’histoire et sur la place de la femme dans le sport et dans la société.
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Un homme est mort

Un homme est mort, Brest, 1950.



L'heure est à la reconstruction, la ville ayant été détruite par les bombardements de la 2nde guerre mondiale.

Une reconstruction qui se réalise dans la douleur et la difficulté.

Ouvriers du bâtiment, dockers ou encore cheminots, ces hommes se mobilisent et un mouvement de grève prend forme afin de dénoncer leurs conditions de travail et les bas salaires.

Lors d'une manifestation, l'intervention des forces de l'ordre provoque la mort d'un militant syndicaliste de la CGT, Edouard Mazé.

Il meurt d'une balle dans la tête. C'est la stupéfaction et la colère au sein des manifestants.



Pour témoigner de ces événements, René Vautier est derrière sa caméra de fortune.

A l'aide de compères, il réalise un film qu'ils vont diffuser au sein des différents groupes d'ouvriers.

Un film composé des images de la grève, avec pour trame de fond audio, le poème de Paul Eluard, Un homme est mort.

Le résultat est poignant et saisissant.



Jusqu'au jour où c'est P'tit Zef, un ouvrier, qui remplace René Vautier sur la voix off.

Il ne récite pas fidèlement le poème de Paul Eluard mais clame d'abord sa colère puis sa peine d'avoir vu un homme mourir simplement pour avoir voulu améliorer ses conditions de vie et celle de ses collègues.

Il parle avec son cœur et s'approprie le poème avec une intonation et des paroles bouleversantes.



Désormais, le film est diffusé avec l'enregistrement de P'tit Zef pour voix off.

Un succès. A tel point, qu'un journaliste souhaite le diffuser à Paul Eluard en personne.



Mais la bobine, fabriquée maison, n'a pas résisté aux multiples projections. Elle s'est détruite et s'est ainsi envolée à jamais.



Au-delà d'évoquer les mouvements de grèvee de l'époque, Etienne Davodeau a fait renaître ce film à sa manière et c'est une belle réussite.
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Notre Mère la Guerre, tome 3 : Troisième compla..

C’est avec plaisir que j’ai repris la série Notre Mère La Guerre après une longue interruption due au fait que je n’arrivais pas à mettre la main sur le tome 3.



Maintenant que je l’ai enfin trouvé, je me suis jetée dessus.



1917. La guerre est loin d’être finie, les chars ayant fait leur apparition, ce qui change la face de la guerre, sauf en ce qui concerne les morts qui tombent toujours comme des feuilles en automne.



Blessé, le lieutenant Vialatte a dû quitter sa compagnie de chars et reprendre l’enquête des jeunes filles retrouvées assassinées, enquête que nous avions suivie dans les tomes 1 & 2.



Les soupçons pesaient lourdement sur la section Peyrac, qui fut décimée durant un assaut et tous les membres déclarés assassins, sans distinction, sans réelles preuves. Ils sont tombés pour la France mais on leur a refusé le droit d’inscrire ça sur leurs tombes. Mais étaient-ils bien coupables ?



Si les dessins sont toujours un peu bizarres et pas du tout ma tasse de thé (une histoire de goût), le scénario vaut la peine que l’on découvre cette saga.



Les deux premiers tomes étaient plus consacrés à l’enquête à proprement parler, sur le front et sa violence permanente. Nous étions au cœur de la guerre et les balles sifflaient à nos tempes, nous pataugions dans la boue et grelottions sous la neige.



Le troisième album est consacré à la reprise de l’enquête, mais loin du front, de la boue et fait la part belle aux pensées des soldats, à leurs ressentis, leurs ras-le bol, leur envie que la guerre s’arrête. L’euphorie des premiers jours est terminée depuis longtemps et on a compris qu’on ne botterait pas les boches dehors si facilement.



Alors que les galonnés et les planqués jurent toujours que la guerre a du bon, qu’elle fortifie et renouvelle une nation par le sacrifice du sang et dans l’honneur. Ben voyons. Mourir en soldat, quelque soit le côté de la tranchée, c’est toujours mourir.



Les auteurs nous offrent l’ambiance dans les villes, les contrôles, la haine entre les soldats et les gendarmes, la mentalité des civils français, leurs rapports avec les soldats et le front.



Une ambiance plus sombre, même si les couleurs sont dans des sépias lumineux, des personnages tourmentés, la rage au ventre, qui en ont marre de voir les copains mourir sous leurs yeux et la populace s’en foutre, comme s’ils vivaient sur une autre planète.



Les réflexions et les dialogues sont profonds, explorant l’âme des gens, traduisant leurs pensées, nous donnant à entendre leurs réflexions, qu’elles soient dénuées de bon sens (puisque l’Homme est ainsi) ou d’une logique implacable.



Le scénariste a ratissé large et nous a offert un beau panel de réflexions à méditer.



Un excellent album, comme les précédents. Une série qui mérite qu’on la découvre.


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Sept, tome 20 : Sept Athlètes

1936, les jeux olympiques se dérouleront à Berlin pour servir de propagande à Hitler. Pour contrer ces jeux honteux, sont organisés les olympiades populaires à Barcelone. C'est là que se rendent sept jeunes athlètes. Ils sont perchistes, lanceurs de poids, coureurs... Ils sont français, allemands, espagnols ou italiens... Ils venaient pour le sport et ils arrivent pour la guerre.



Ce tome de la série Sept est vraiment très bien. Nos athlètes vont se retrouver en plein guerre d'Espagne, à défendre les valeurs de la liberté à travers les armes plutôt qu'à travers le sport.

Un contexte intéressant, des personnages attachants et tous différents, des rebondissements, de la tension et de l'héroïsme. De quoi faire une bonne BD, on regrette au final qu'elle soit si courte malgré les 65 pages, même si je trouve le temps très bien géré pour un tome unique.

Les dessins ont une jolie ligne claire assez épurée. Ils sont expressifs et dynamiques. Le tout servi par une bonne colorisation.
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Un homme est mort

Reprenant le titre d'un poème de Paul Éluard en hommage au journaliste résistant, Gabriel Péri, "Un homme est mort" sort de l'ombre les événements graves qui se sont produits à Brest, en 1950.

Sobre et efficace, Étienne Davodeau a accepté d'apporter tout son talent au projet ambitieux de Kris : raconter la lutte très courageuse des ouvriers chargés de reconstruire la ville, rasée après avoir été détruite par les bombardements de la seconde guerre mondiale. Les patrons refusant d'accorder de meilleurs salaires, les dockers, les traminots et les ouvriers de l'arsenal ont rejoint le mouvement.

Cinéaste engagé après avoir été jeune Résistant dès 15 ans, René Vautier arrive à Brest alors qu'il est recherché par la police pour ses documentaires dénonçant le colonialisme ou soutenant les mineurs en grève et les Algériens luttant pour leur indépendance.

Le 17 avril 1950, après un mois d'affrontements de plus en plus violents, alors que deux députés communistes ont été emprisonnés, les forces de l'ordre tirent sur les manifestants. Plusieurs sont grièvement blessés par balle comme Pierre Cauzien qui doit être amputé de la jambe. Édouard Mazé, un militant de base de la CGT, est tué.

René Vautier est à Brest le lendemain et filme aussitôt la vie de ces hommes bouleversés par ce qui vient d'arriver. Il tourne le jour des obsèques d'Édouard Mazé. Une page entière, dans "Un homme est mort", est saisissante d'émotion grâce au talent d'Étienne Davodeau. L'immense foule rendant hommage à la victime est bien là, présente. Les visages sont graves, tous différents, un moment très fort de cette BD.

Si le film est réalisé et monté dans des conditions plus qu'artisanales, il s'agit ensuite de le montrer à Brest et dans la région. Commence alors une aventure épique de projections en plein air avec, pour bande son, le poème de Paul Éluard :

Un homme est mort qui n'avait pour défense

Que ses bras ouverts à la vie

Un homme est mort qui n'avait d'autre route

Que celle où l'on hait les fusils…



Enfin, un dossier très complet a été ajouté au récit dessiné et sa lecture apporte tous les éléments nécessaires à la compréhension de ce qui s'est passé. de plus, il détaille toutes les difficultés rencontrées par Kris pour mener à bien ce projet. Ainsi, le souvenir de ceux qui se sont battus pour leur dignité n'est pas tombé dans l'oubli.




Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Un maillot pour l'Algérie

Cette bande dessinée raconte une page d'histoire de sportifs engagés que j'ignorais totalement.

Alors que l'Algérie est encore française, des joueurs Français/ Algériens s'enfuient pour rejoindre la Suisse (à une époque où l'espace Schengen n'existe pas !) puis l'Italie et les pays arabophones pour constituer une équipe algérienne aux couleurs de ce pays et du FLN.



On peut saluer le scénario qui montre aussi bien l'aspect historique avec les émeutes à Sétif, sportif avec les matchs mais aussi humain avec les différents moments de désespoir, d'euphories , d'allégresses, d'incertitudes ou de tristesses de ces joueurs mus par l'amour du sport et de leur pays.

Heureusement les auteurs ont évité de faire le camp des méchants chez les Français et les victimes chez les Algériens ! J'aurai juste aimé un peu plus d'historique dans les planches, en plus du dossier situé à la fin de l'ouvrage.

Quant aux graphismes, ils ne sont pas particulièrement travaillés et donnent un côté affiches de films des années 1950 qui cadre bien avec le contexte de 1958 ; sans faire particulièrement rêver le lecteur.



Une bande dessinée à découvrir , ne serait-ce que pour voir que tous les joueurs de foot ne sont pas toujours ou n'ont pas toujours été des écervelés en short courant après un ballon et leurs millions, en ayant jeté leur Bescherelle et leur dignité dans la première poubelle venue.



Merci à Babelio et aux éditions Dupuis cet envoi et cette découverte.
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Un sac de billes, tome 2 (BD)

Un récit de Kris d'après le best-seller de Joseph Joffo. Dessin et couleur de Vincent Bailly.



J'avais offert le livre à mes garçons lorsqu'ils étaient beaucoup plus jeunes, et je me rappelle leur enthousiasme lorsqu'ils l'avaient lu.

Je trouve que cette adaptation de 2011 en BD, du roman de Joseph Josso est excellente. Les dessins sont beaux et l'histoire très bien adaptée avec beaucoup de détails. J'ai pris plaisir à suivre les tribulations des deux jeunes frères qui à travers cette époque de la seconde guerre mondiale, vont vite trouver le chemin de l'âge adulte. Ils vont malheureusement perdre leur naïveté d'enfant et vite comprendre que le monde n'était plus celui de leur enfance protégée et qu'ils étaient devenus des proies pour des rapaces....

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Notre Mère la Guerre, tome 3 : Troisième compla..

Avec cette troisième complainte, Maël et Kris nous livrent un album encore plus intense et plus passionnant que les précédents.

L'histoire débute deux ans après la fin du second tome, et nous retrouvons le lieutenant Vialatte au coeur des combats car il a choisi de quitter la gendarmerie pour les chars. Il est grièvement blessé, mais pendant sa convalescence, le capitaine, devenu commandant, Janvier va le retrouver et l'obliger à rouvrir son enquête en le menaçant de le faire figurer sur la liste des suspects. A cette occasion, on en apprend un peu plus sur le lieutenant Vialatte et cela redonne de l'intérêt à l'intrigue.

C'est d'ailleurs le point fort de cet album par rapport au précédent, l'enquête policière progresse plus et il y a des rebondissements inattendus, même si bien sûr c'est toujours la guerre qui tient le premier rôle.

Les auteurs montrent également très bien la difficulté pour les soldats de quitter le front et de se réadapter à la vie à l'arrière, sans même essayer de faire comprendre aux civils ce qu'ils ont vécu. C'est finement observé et analysé.

Cet album est vraiment excellent, vivement la suite !
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