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Critiques de Adalbert Stifter (51)
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Brigitta

Dans un court roman en quatre chapitres, "Randonnée dans les steppes", "Maison dans les steppes", "Passé des steppes", "Présent des steppes", Stifter nous raconte une histoire d'amour et de pardon, qui se passe dans une nature sauvage, à l'est de la Hongrie, fin XIX éme siècle.

Le narrateur , un jeune homme , s'y rend , suite à l'invitation du Major Bathori, grand voyageur,rencontré lors d'un voyage en Italie. Ce dernier s'y est établi et y gére un vaste domaine idyllique ,avec des méthodes progressistes, quasi utopiques.

Pour quelle raison ,ce séduisant voyageur, homme du monde, dans la cinquantaine, a-t il jeté l'ancre dans cet endroit isolé ?....

Alors apparaît dans ce tableau d'Eden, le personnage de Brigitta, qu'on semble avoir aperçu au début du récit. Brigitta ,une femme émancipée et charismatique ,qui vit seule avec un fils adolescent.Elle gère aussi un grand domaine, voisin du Major,ce dernier lui vouant un respect et une admiration sans borne.....non....c'est un peu plus compliqué que ça.....

Une belle prose classique,très poétique, des descriptions de paysages somptueuses ,très précises,une jolie histoire avec une bonne intrigue, bref tout y est pour un petit bijou de littérature.





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Dans la forêt de Bavière

Après une cure à Carlsbad en compagnie de sa femme et de sa nièce, Adalbert Stifter suit les recommandations de son médecin qui lui conseille un séjour en altitude dans un milieu boisé. L'écrivain choisit un endroit qui lui est cher, une petite localité de la forêt de Bavière, au pied du Dreisesselberg, où il s'installe en juin 1866. Stifter se promène et décrit la nature qui l'entoure. Il est envahi par un sentiment de quiétude jusqu'au moment où il apprend que se femme, retournée à Linz, est malade. Très vite celle-ci est hors de danger mais un autre évènement menace le séjour de l'auteur: une effroyable tempête de neige qui s'abat sur le pays pendant plusieurs jours. Il décide de partir avant que tout ne soit bloqué. Stifter, qui était aussi peintre, s'intéresse aux paysages, aux détails du quotidien, exprime des impressions et des sentiments, dans un style à la fois réaliste et poétique.
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Le Condor

Une curieuse petite nouvelle d’Adalbert Stifter. Un jeune peintre contemple la nuit depuis sa chambrette sous les toits. Un chat de gouttière matois, son vieux compagnon d’insomnie, lui tient compagnie. Alors que le jour pointe, ce qu’il attendait apparait : un petit point qui, lentement, s’élève dans le ciel. Une montgolfière. C’est elle le ‘Condor’. Dans sa nacelle d’osier, elle transporte un fardeau précieux entre tous pour le peintre... Une jeune fille a voulu participer à l’ascension, pour prouver que les femmes pouvaient prendre leur part de la conquête des airs !



Découpée en quatre tableaux, ce court texte de 1840 offre un curieux mélange d’humour, d’enthousiasme juvénile et de romantisme. Il fut un grand succès, et valut à son auteur une célébrité immédiate… Ce qui peut nous laisser perplexe aujourd’hui. L’articulation entre la première moitié de l’histoire et la conclusion est étrange ; il m’a semblé qu’une clé de lecture essentielle m’échappait. L’auteur est également prodigue en fleurs rares et fauteuils cloutés anciens ; tout n’est que beauté et harmonie, même la moindre mansarde de peintre débutant.



Mais dans ces pages pointe aussi la formidable puissance de Stifter. Les changements de narrateurs qu’il emploie au fil du récit, très inhabituels à l’époque, cassent la linéarité. Les descriptions sont splendides. Et en une quarantaine de pages, il arrive à croiser les thèmes des aspirations féministes naissantes, de l’esprit trahi par la faiblesse de son corps, de l’art comme choix de vie omnipotent !



Une demi-heure de lecture pour nous faire découvrir un grand écrivain autrichien méconnu en France. C’est un marché honnête.
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L'Homme sans postérité

"Un roman visuel" : le plus beau compliment qu'on puisse faire à une oeuvre d'art littéraire, au fond. Ce sont les si justes mots de notre amie nelly76 à propos du court "Bildungsroman" ["roman de formation"] d'Adalbert STIFTER (1805-1868), peintre et écrivain auteur de "Der Hagestolz" / "L'homme sans postérité" (1844), publié à l'âge de 39 ans et justement célébré ici...



Victor, le jeune protagoniste, part à son tour "sur les chemins" (ici : les sentiers de montagne) : tel le Wilhelm Meister de Johann Wolfgang von GOETHE ("Wilhelm Meisters Lehrjahre" / " Les années d'apprentissage de Wilhelm Meister", 1795-96), au parcours décidément très picaresque, ou encore le jeune sot de Joseph von EICHENDORFF traînant son "spleen" dans "Aus dem Leben eines Taugenichts"/"Scènes de la vie d'un propre-à-rien", 1826.



Il manquerait presque (et seulement) à "Der Hagestolz" l'accompagnement de la musique merveilleusement lancinante de Jürgen Knieper soulignant les déambulations ferrovières et pédestres de l'acteur Rüdiger Vogler dans l'excellent et immortel "Falsche Bewegung" / faux Mouvement" (1975) de Wim WENDERS...



La merveille ici est la justesse du "ton" et la pertinence discrète de la traduction de Georges-Arthur Goldsmith, l'excellent traducteur de l'Autrichien Peter HANDKE, ce dernier étant l'auteur du scénario de "Faux Mouvement" : tiens, comme le monde est petit, et les passerelles nombreuses entre la poésie en prose (et en mouvement) de Stifter et la poétique cinématographique des premiers films de Wenders...



Victor va au-devant son destin :celui-ci se présente sous les traits gracieux d'un lac d'altitude (où l'on pourrait rencontrer le diable en sabots...) et un oncle acariâtre et mutique vivant cloîtré dans une maison cernée par les ruines d'un ancien monastère...



L' "argument" (... car il en faut bien un ! Pourtant ce qui fait la grâce d'un livre est bien son STYLE et l'épaisseur des personnages, pas forcément "l'histoire" ! Car l'histoire, au fond, on s'en fout... surtout quand elle est mal ou platement écrite... Ici, vraiment, zéro clicheton !! Rien que du classicisme...) : ici, la très lente évolution du personnage tout "frais" de Victor et celle de l'oncle aigri et vieillissant, au seul contact l'un de l'autre...



Je n'en dirai pas plus : les sept chapitres sont autant d'étapes dans ce processus de transformation, de "Verwandlung" intime au sens le plus kafkaïen mais ici porteur d'espérances...



"Contrepoint", "Unisson", "Séparation", "Voyage", "Séjour", "Retour", Epilogue".



Le lecteur sera aussi "du voyage" : étape par étape, page après page (on avance TRES lentement, avec Victor)...



"L'écriture comme regard", l'avant-propos de G.-A. GOLDSCHMIDT (daté de 1978) est lui aussi formidablement instructif !
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Les cartons de mon arrière-grand père

De retour à l'âge adulte dans sa maison natale en pleine forêt, le narrateur redécouvre les mille et un trésors qui avaient fait le bonheur de son enfance...parmi le fatras d'objets, il trouve un coffre qui contient un ensemble de feuillets, de billets, de notes écrites et un recueil rédigé par son arrière grand-père, Augustinus, un personnage fondateur dans la famille, qui après la guerre de sept ans (1756 - 1763) devient médecin et un guérisseur particulièrement apprécié, qui a marqué les personnes qui l'ont connu. le récit s'oriente dès lors sur la biographie de cet homme qui, devenu médecin après ses études à Prague, décide de revenir dans sa région natale pour se consacrer aux gens simples, tournant le dos à une réussite sociale probable en ville, pour vivre solitaire au plus près de la nature. Homme simple, il se consacre à sa patientèle, ne ménageant pas les allers et venues entre les différents villages et ce, en toute saison, l'occasion de s'adonner à de longues méditations sur la beauté de la nature. Dès son installation, encore jeune médecin, Il sympathise rapidement avec son voisin le plus proche, le colonel, la cinquantaine, qui se lance dans des travaux de construction et de réaménagement agricole et qui l'associe à ses projets innovants, le colonel a une fille mais bientôt un cousin éloigné visite le père et la fille, au désespoir d'Augustinus.



Les Cartons de mon arrière-grand père est un récit sur la vie d'une figure familiale marquante dans la famille, celle d'Augustinus, qui, au lendemain de la guerre de sept ans va choisir de revenir vivre dans sa région natale. La découverte du récit permet à son arrière petit-fils de découvrir une vie proche de la nature, une dévotion entière pour ses patients, une vie en harmonie avec les saisons, même quand cette vie devient difficile en hiver. L'occasion pour Adalbert Stifter, avec un style magnifique, d'offrir de très belles descriptions de la nature dans un roman très naturaliste, voire trop, Adalbert Stifter décrit par le menu et avec force détails tous les trajets, les noms de lieux, avec de nombreuses redites sur les descriptions de paysages qui, vers le milieu du roman, m'ont quelque peu lassée, au point de lire une partie en diagonale.

Il s'agit d'un roman naturaliste et même s'il ne se passe pas grand chose dans ce roman, l'écriture reste très belle et donne un charme indéniable malgré quelques longueurs.
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L'Homme sans postérité

Si on ne considère que le canevas de l'histoire, ce court roman peut apparaitre assez basique:



Un jeune homme, élevé à la mort de ses parents par une mère nourricière à la campagne doit, avant d'aller prendre un poste d'employé quelconque dans une ville , rendre visite à un oncle qu'il ne connait pas et qui habite dans un ancien ermitage sur une petite île montagneuse.



Vieillard bougon et solitaire, il accueille son neveu de façon bien peu amène et le jeune homme se sent prisonnier sur l' île pendant les six semaines que durera ce séjour imposé.



De même, il ne faut pas s'attendre à de belles envolées lyriques, l'écriture est fort simple, les phrases sont brèves.



Cela étonne le lecteur lors des toutes premières pages , et pourtant, il se crée rapidement une bulle particulière dès que le propos de l'auteur s'engage sur les chemins que le jeune homme emprunte ou qu'il regarde par une fenêtre: les paysages pénètrent le lecteur et l'entourent dans cette ambiance très romantique ( en référence au romantisme allemand ) , une harmonie avec la nature, une nostalgie indéfinie.



C'est un voyage initiatique aussi, même s'il est bien écarté d'aventures ou d'expériences formatrices , c'est celui de l'apprentissage de la solitude, du regard tourné vers soi qui le fait ensuite refléter vers les autres et celui de l'exigence : c'est ce que va lui révéler cet oncle sans utiliser de grand discours mais faisant subir à Victor de longues périodes de désœuvrement et de rébellion silencieuse ...



Il faut prendre aussi son temps pour apprécier ce texte et se laisser pénétrer par le message subtil qu'il veut délivrer .



Pour ma part, le message du jour est moins subtil mais tout à fait sincère : Joyeux Noël à tous
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Les grands bois

Comme d’habitude dans Stifter, il ne se passe pratiquement rien. Tout repose sur la beauté et la minutie des descriptions, les images et les métaphores. L’amour de la montagne et de la nature est dans chacun de ses mots. Chaque arbre et chaque buisson semble pour lui un ami. Comme il aurait souffert, s’il lui avait fallu vivre dans l’une de nos grandes cités modernes !



Un jeune homme rêve au pied d’un château en ruine. Une histoire s’attache à se lieu. Deux ou trois siècles auparavant, vivaient là un vieux gentilhomme et ses deux filles. Mais la guerre faisait rage…



Un jour, apprenant l’approche d’une armée ennemi, il décide de leurs aménager un refuge sûr. Au plus profond des montagnes, au bord d’un lac inconnu de tous les hommes ou presque, il leur fait construire une maison de troncs, y fait porter leurs meubles et instruments de musique favoris. Pour les protéger il sollicite l’un de ses anciens compagnons. Un vieillard étrange et solitaire, un chasseur plus à l’aise dans les forêts qu’au milieu des hommes. Les jeunes filles s’habituent à leur nouvelle vie, découvrent la beauté du monde qui les entoure. Mais un jour, un chant s’élève dans la nuit…



Comme dans tous ses livres, les lieux qu’il décrit n’existent pas. Il les a inventés, en se basant sur les Alpes autrichiennes qu’il connaissait bien. Le château, les forêts, le ciel d’automne, tout est décrit avec soins et minutie. L’histoire avance tout doucement au milieu des paysages magnifiques.



Ramuz, Frisons-Roche, aimaient à brosser la montagne en quelques grands coups de pinceaux. Mais Stifter aimait en peindre chaque arbre et chaque rocher en tentant d’y imprimer son désir de beauté.
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L'Homme sans postérité



L'homme sans postérité, en allemand, der Hagestolz, le vieux garçon. Le titre n'évoque donc pas d'adolescent Victor que Stifter nous invite à suivre tout au long de livre, mais un vieillard qui demande à son neveu Victor, un jeune homme orphelin, prêt à prendre son premier poste, de venir auparavant le voir dans son refuge, une île au milieu d'un lac de montagnes.

Le vieil homme a exigé que l’adolescent fasse le trajet depuis la maison où il habite avec sa mère nourricière et sa sœur de lait jusqu'à son île, à pied, voulant qu’il exerce son corps mais aussi qu’il se détache de sa vie passée.

Ils ne se sont jamais rencontrés, l’accueil est plus que sobre. En dehors des repas ils se voient peu mais apprennent tout de même à se connaître. Le vieil homme veut transmettre son expérience de la vie, et la plus essentielle ligne de conduite : vivre de telle façon que l’on parvienne à la vieillesse sans regrets. Ce que lui même n’a pas su faire.



La nature est très présente mais toutefois sans précision sur les lieux. La maison de l’oncle dans un ancien ermitage, ressemble un peu à un labyrinthe, d’autant que de nombreuses grilles coupent de tout contact avec l'extérieur, sauf pour le vieux serviteur qui assure le ravitaillement. Il est très difficile de se représenter vraiment les bâtiments. De même les objets inutiles pour la plupart, souvent abîmés, s'entassent sur les meubles et dans les tiroirs. Il y a quelque chose du conte dans ce roman.





Adalbert Stifter, peu connu en France et assez peu en Allemagne, bien que parfois au programme, est presque contemporain de Victor Hugo ou Alexandre Dumas auxquels il ressemble si peu. Je regrette de ne pouvoir l'apprécier directement dans la langue d'origine.



Cette première rencontre me laisse dubitative, il me faudra lire d'autres textes de lui pour vraiment le cerner.





Challenge ABC 2016-2018

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Le château des fous

Hanns von Scharnast a rédigé un étrange testament, dans lequel il précise que pour hériter du château et de tous ses biens, les héritiers successifs auront obligation de rédiger leurs mémoires et lire les écrits de tous ceux qui les ont précédés. Une sorte de monuments aux souvenirs collectifs de la famille, une façon d'établir des liens au-delà de la mort, de constituer une entité familiale qui survit à la disparition de tel ou tel membre, qui au final se dissout dans l'ensemble formé par les générations successives. Mais ces châtelains passent pour fous aux yeux de leurs administrés, les derniers le sont au point d'avoir mis le feu au château. Au moment où commence le livre, il n'y a en plus d'ailleurs, d'héritiers de la famille, et la propriété est sur le point de passer aux mains de l'État. Mais un promeneur, un naturaliste, amoureux de la fille de l'aubergiste, pourrait être le prochain maillon et relancer la mémoire collective de la famille.



Un livre étrange, fragmentaire, qui échappe à la logique cartésienne. Nous sautons allégrement d'un personnage à un autre, d'une époque à une autre, sans forcément arriver à nous y retrouver. Une galerie de personnages passe, parfois de loin, parfois de plus près, nous saurons un bout de telle ou telle histoire, nous entrapercevrons des silhouettes...Cela a le charme de vieux albums photos où il manque de pages, où on ne sait pas trop bien qui est qui, mais où une image, un personnage, retiennent l'attention et font marcher l'imaginaire. Ou d'un vieux livres de contes auquel il manque des pages. L'ensemble a un charme un peu fragile et un peu suranné.
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L'Homme sans postérité

Un adolescent: Victor,orphelin,sur demande impérative de son oncle vivant reclu sur une île ,doit quitter sa nourrice et sa soeur de lait , une vie confortable ,pour rejoindre ce vieil homme acariâtre. Un long voyage à pied,avec son chien qui l'a rejoint, pour enfin ,arrivé à destination, être reçu de façon très froide. Au fur et à mesure de la lecture ,nous voyons les rapports entre ces deux hommes évoluer,et ce vieillard grincheux va être amadoué par son neveu,qui de son côté repartira avec un autre regard sur la vie.

Une oeuvre majeure d'un écrivain autichien:Adalbert Stifter, qui fut une découverte pour moi et que je mets personnellement au même rang qu'Ernst Wiechert malgré un écart de presqu'un siècle !

Un magnifique roman introspectif et iniatique.

Avant - gardiste des grands écrivains romantiques : Ernst Wiechert, Robert Walser ,Heinrich Böll ,Thomas Mann,Stefan Zweig etc,etc....Adalbert Stifter nous entraîne dans une prose ,qui ,si elle est très banale se démarque justement par son écriture simple et effacée et fait appel avant tout au visuel:

Extrait du postface de: Georges -Arthur Goldschmidt,

L'écriture comme regard

" Et là n'est pas le moindre miracle de cette oeuvre: réduite à l'essentiel la langue y acquiert soudain une précision visuelle qui proprement coupe le souffle.Les descriptions de paysages y abondent .Mais le mot même de " descriptions " s'avère ici tout à fait impropre: il faudrait plutôt parler" d'évocations visuelles" où le paysage paraît comme résonner dans un espace dont on mesure exactement toute l'étendue à chaque pas,à chaque heure du jour et de la nuit,à chaque changement de lumière. "

A.Stifter est peintre aussi et son écriture est étrangement liée à sa peinture.j'ai beaucoup aimé cette tranquillité qui se dégage de ce récit, cette immersion dans cette magnifique nature décrite comme un tableau un petit chef d'oeuvre que je reçommande pour les amoureux de la belle littérature allemande romantique et naturaliste.

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L'Homme sans postérité

Victor, orphelin de quinze ans quitte son village de montagne, comme Peter Camenzind et tant d'autres héros de Bildungsromans, embrasse sa nourrice la larme à l'oeil, et chemine jusqu'à un lac brumeux au bout duquel, sur une île entourée de falaises, vit son oncle. La convocation de l'oncle, aux motifs mystérieux, ne souffrait aucune discussion. Sur le chemin, le vieux chien de la nourrice, au prix d'efforts inouïs, a rejoint Victor, car le chien « a senti qu'il partait pour toujours ». C'est au sujet de ce chien que l'oncle, pour la première fois, s'ouvre au neveu : « attache-lui une pierre au cou et noie-le ». Je hais la lenteur dans les livres. L'homme sans postérité est une petite lenteur de 130 pages, qui se lit bien quand même, parce qu'elle ne prêche pas la lenteur. Il y a bien une morale: Adalbert Stifter, un romantique qui, en France, à force de dire qu'il n'est pas connu a fini par l'être, nous fait bien sentir qu'il va nous dégrossir, Victor et moi. Car l'oncle, c'est un peu lui : un reclus qui ne se lave plus, marié à une femme qu'il n'aimait pas, qui ne lui fit pas d'enfant, de sorte qu'il en adopta trois dont un se suicida, et qu'il finit à soixante ans par se trancher la gorge avec un rasoir. Mais Stifter, à la différence de l'oncle, laisse une oeuvre picturale et littéraire. Sans postérité, l'oncle laisse sa fortune et des arbres vieux comme lui, qu'il jalouse parce qu'ils font des bourgeons. Victor et sa jeunesse reçoivent l'île, la richesse et la mission de vivre pour faire vivre. Créer et procréer. Victor avait pris le portrait de son père en jeune homme pour un miroir. L'oncle lui dit : je suis le vrai miroir. J'étais plus beau que ton père. S'il avait vécu, il serait devenu moi, en pire. Deviens autre chose, refuse de te satisfaire de ton destin, déteste la médiocrité, même si elle se présente sous les traits d'un être plein d'amour (la nourrice). A Victor de s'engendrer lui-même, man makes himself. Sa postérité témoignera s'il a exercé sa liberté. Pour devenir ce qu'il n'est pas, Victor ne peut compter ni sur Dieu, ni sur l'Etat, ni sur son oncle qui contemple le temps révolu et abdique. Un conte philosophique initiatique écrit par un peintre, dans lequel, sans surprise, le regard est la seule sensualité. Victor se baigne dans un lac qui n'est ni chaud ni froid, qu'on n'entend pas, dont les flots n'ont pas d'odeur : un lac de peinture romantique accrochée à un mur humide.
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Brigitta

C'est un livre court mais dense qui nous fait revivre la Hongrie du 19ème siècle. L'auteur, Adalbert Stifter, est un écrivain romantique autrichien mort en 1868.

Le narrateur est invité par son ami rencontré lors d'un voyage en Italie, dans sa demeure de la steppe hongroise, la célèbre puszta. Il retrouve donc son ami, le major Bathori, Au cours de ses pérégrinations, il rencontre une femme d'âge mûr, Brigitta Maroshely, une femme indépendante qui vit seule car délaissée il y a longtemps par son mari.

C'est une femme de tête qui gère seule son domaine.



Le major, comme cette femme, ont choisi ce mode de vie que l'on dirait authentique, dans une province un peu austère.

Brigitta n'est pas une femme attirante physiquement mais son magnétisme tient d'autre chose.

Le narrateur va s'interroger sur les liens étranges qui semblent unir le major et cette mystérieuse femme.



Ce livre paraît en avance sur son temps. Nous sommes loin des héroïnes romantiques éthérées qui ravissaient les auteurs romantiques. Nous avons ici une héroïne bien campée dans les réalités et qui mène sa vie comme bon lui semble.



Le major comme Brigitta ont l'air de chercher leur place dans un monde sans artifice. Ils sont exigeants sentimentalement et sont attachés à leur liberté..

Et surtout la steppe est omniprésente, toile de fond à des héros attachants et en recherche d'authenticité.



C'est une oeuvre peu connue de la période romantique mais qui vaut le détour.. et combien en avance sur son époque....
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Le vieux garçon

Orphelin, Victor a été élevé avec amour par Ludmila.

Il a un tuteur qui gère ses biens.

Avant de prendre son premier poste de travail, il se rend chez son oncle qui habite une île isolée et qu'il n'a jamais vu.

Roman initiatique au rythme lent et contemplatif.

On a l'impression de lire du Balzac.

Normal me direz vous.

Stifter est contemporain de Balzac.

On retrouve toutes ces descriptions savoureuses d'une époque où le cinéma n' existait pas.

Un livre doux et agréable qui nous parle d'une époque où l'on prenait le temps de vivre, où les jours, les mois permettaient de contempler, de réfléchir.
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Brigitta

J’aime Adalbert Stifter même si ce n’est pas l’écrivain autrichien le plus connu, j’aime sa prose, ses personnages.

Brigitta est plus une nouvelle qu’un roman et ce court texte est une jolie réussite.

C' est une belle histoire d’amour qui est contée. Le genre d’histoire où la passion, la faute, le pardon tiennent toute la place.



Le narrateur a un ami le Major, ils ont fait connaissance en Italie Le Major possède un domaine en Autriche-Hongrie, Uwar, qu’il tente de gérer avec des méthodes modernes, c’est bien loin des villes, dans les steppes de la Puszta. Il a été invité « à passer chez lui un été, une année, ou cinq, ou dix ans

Le narrateur va lui rendre visite et ainsi faire connaissance avec les fermiers, les hommes et femmes qui travaillent sur le domaine, il rencontre aussi un personnage étonnant, la voisine du major, Brigitta Maroshely que tout le monde craint et respecte, excellente cavalière qui vit avec Gustav son fils adolescent son mari l’ayant abandonné.



Le major est un hôte parfait, il a voyagé, il a lu, le temps passe vite auprès de lui. Le séjour s'allonge.



C’est une histoire simple, ce qui la rend si présente c’est l’art de Stifter, il est habile à dresser un portrait tout en ambiguïté de ses personnages, une femme émancipée et pourtant fragile qui est liée au major par une amitié rare alors que c’est une femme laide « Un visage ingrat nous réserve souvent une beauté intérieure dont cependant nous ne savons dans l’instant déceler la valeur » le major lui conte son histoire.

La steppe est belle sous la plume de Stifter, la nature est très présente, à la fois magnifique et hostile.

C’est d’ailleurs la nature qui fait basculer le récit lorsque Gustav est attaqué en plein hiver par une meute de loups affamés.



C’est un récit très réussi, poétique, à la prose plutôt classique mais belle et l’histoire bien que brève recèle quelques surprises.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Fleurs des champs

Fleurs des champs est véritablement à contre-courant de l’esthétique de la littérature contemporaine : des personnages au tempérament romanesque, une trame littéraire simple scellée au vibrato des sentiments, une célébration de la vertu humaine, une communion des sentiments avec la nature … Paru en 1841, ce roman symbole de l’esprit bourgeois allemand du XIXe, possède le charme lointain de ces romans désuets.





Dans Fleurs des champs, on lit le journal intime d’Albrecht, jeune peintre autrichien résident à Vienne, qu’il rédige en faveur de son meilleur ami Titus séjournant dans les Pyrénées. On découvre alors une fable qui déploie toute l’exaltation amoureuse du narrateur adepte des ballades et vagabondages poétiques au milieu de la nature. Véritable esthète, amoureux de la beauté « vivante ou inanimée », le narrateur partage avec Titus sa passion pour la beauté d’une femme aperçue lors de l’une de ses longues marches, Angela. Les textes apparaissent alors comme autant de pétales de fleurs sauvages dégoussaillées, mentionnées en tête de chacun d’eux.

Le narrateur se perd dans ses rêves, son imagination jusqu’à la rencontre avec cette beauté antique. Bien que tendre et discret, on découvre alors un homme passionné, frappé par l’ivresse des sentiments, dont l’émotion brouille les sens et la lucidité …





La poétique d’Adalbert Stifter évacue tout le banal et le quotidien pour sublimer les aspirations les plus élevées mais aussi naïves de ses personnages. Dans un style ample et mélodieux proche de la virtuosité littéraire, il y a un sentiment de merveilleux qui s’empare du lecteur. Pas de cynisme, ni de cruauté et encore moins de vulgarité, le regard de l’auteur cultive l’élégance, la grâce morale, le bonheur – sans l’épargner de quelques accrocs - et pour quelqu’un de si prompt à s’émerveiller, ce qui ressemble à l’illusion du paradis.

Il y a par ailleurs une véritable sérénité insufflée par une harmonie entre les sentiments et la nature. Stifter revêt alors la blouse du peintre pour magnifier la nature. La campagne est partout. Elle obsède le regard du peintre qui sait capter ses couleurs, ses reflets, ses paysages mieux que quiconque, faisant l’objet d’une écriture très visuelle. Elle reflète les états d’âme des personnages et parfois même éveille les consciences lorsque les emportements et les passions ardentes aveuglent quelques uns.

Sous la plume de Stifter, la nature subjugue par sa force et son emprise sur le récit : elle nourrit l’esprit et permet à l’homme de s’épanouir.

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Les grands bois

Les grands bois, ces immensités de Bohême, ont été aimés, rêvés, parcourus par Adalbert Stifter. Peut-être souhaitait-il, à travers ce récit, les rendre à leur innocence, à leur impassibilité face au chaos propagé par les hommes.



La Guerre de Trente Ans épargnait jusque là les terres d'un vieux seigneur veuf, avec ses deux filles vierges, ainsi que ses gens. La guerre s'approche néanmoins. Ayant eu connaissance, de par une ancienne amitié, d'une retraite sûre au fond des bois, il pense trouver là de quoi mettre ses filles à l'abri. Lui restera au château, le temps de voir, espère-t-il, les colonnes passer seulement au loin de ses murs.



Stifter s'est attaché à peindre ce que sont les espoirs, les sentiments de ces jeunes filles raisonnables, tremblantes, dans l'attente de leur père, retranchées avec quelques hommes de confiance dans la maison des bois. Durant deux saisons, le récit se donnera l'occasion de célébrer les splendeurs de la nature, dont l'oeil guérit, trompe le temps, avant de l'ensevelir.



L'histoire se répartit en chapitres, aux noms évoquant autant de variations autour d'un même sujet de composition, qui est la forêt ; la pratique naturaliste de A. Stifter, visant aussi à la peinture des âmes, présente les faits avec une prudente fatalité, selon une tournure qui paraîtra très académique, même si non dénuée d'intérêt. le tout ressemble, dans une étrange absence même des protagonistes, au fragment d'une intention, à une figuration onirique, finement ciselée, aimable comme ce qui, au-delà de son lot commun, sait aussi se révéler particulier ; ainsi les merveilleuses scènes durant lesquelles Johanna et Clarissa observent du fond de leur retraite, à la jumelle, le lointain château de leur père, dont elles attendent le retour, avec une gaîté sans cesse ravivée. Stifter a-t-il cherché à peindre la forêt, le destin ? Tout est fondu d'un seul trait.







Il faut lire " les grands bois " pour ses visions apaisées de la Nature, dont la vitalité lente et assurée expose, autant qu'elle berce, les désarrois humains. La grande qualité de ce livre est enfin de nous plonger dans une vie dépouillée de ses artifices ; A. Stifter nous parle depuis ce refuge éloigné de la société qui, s'il n'est pas épargné par les vicissitudes du monde, espère préserver la clarté du sentiment, et une certaine noblesse d'esprit.



Ce à que nous pourrons nous aussi participer, en offrant à ce court volume la lenteur nécessaire à sa découverte, et à son "retentissement".








Lien : http://aussenwelt.eklablog.c..
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L'arrière-saison

Un pavé de 656 grosses pages. Que l’on pourrait, si on s’en tient à l’intrigue, ou plutôt la trame, résumer sans doute en dix lignes Un jeune homme se promène, il arrive par hasard, en fuyant un orage qui s’approche, dans une maison. Une relation se noue avec le maître de maison. Qui lui montre sa maison, et lui parle de ses activités. Le jeune repart, revient, un certain nombre de fois. Il collecte des roches. Il finit par faire connaissance avec une jeune fille, fille du grand amour de son hôte. Ils décident de se marier, tout le monde en est heureux. Avant le mariage, le jeune homme part encore voyager.



Le moins que l’on puisse dire, c’est que le rythme est lent. Les gens regardent les paysages, de beaux objets, et ils parlent. Des petits gestes du quotidien, comme mettre des chaussons de feutre, sont disséqués. Je crois que l’on pourrait appeler la vision du monde de traditionnelle, voire pire : les femmes ont des aptitudes innées aux soins du ménage, les classes laborieuses ont besoin de supérieurs qui organisent leur vie, en toute bienveillance mais avec fermeté.



En même temps, des questionnements intéressants émergent : comment vivre au fond de la façon la plus juste. Avec une sorte de philosophie épicurienne, de la tranquillité de l’âme, en refusant les passions et les excès. Une recherche de petits bonheurs quotidiens, dans la mesure et l’équilibre. Et l’écriture avec ses lenteurs et répétions, en devient presque hypnotique par moments, si on prend le temps de suivre son rythme.

Une expérience un peu étrange, presque en décalage complet avec le monde dans lequel nous vivons. Stifter ne va pas devenir mon écrivain favori, mais ce livre est incontestablement troublant à sa façon.

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Brigitta

Il faut laisser le temps à certains livres de délivrer leur message...

Le narrateur se rendra à l'invitation du Major, personnage charismatique et mystérieux rencontré durant un voyage. Quelle vie peut-il avoir maintenant dans les steppes isolées de l'Autriche? Pourquoi vivre dans un tel endroit loin de tout? On retrouve des points communs avec l'homme sans postérité avec d'un côté une nature omniprésente dans un décor romantique et d'un autre la voie vers un cheminement personnel. Dans l'homme sans postérité, le personnage sera poussé à aller à la rencontre du monde pour mieux se connaître. Dans Brigitta, l'auteur nous montrera que l'éloignement et la quête du monde font prendre conscience de ce qu'on a quitté. Voyager pour mieux se rendre compte. Voyager pour chercher ce qu'on a déjà. La beauté n'est pas toujours là où on le croit. Un joli petit roman avec une très belle édition Cambourakis.
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Le Cachet

Ce court roman écrit en 1844 qui se lit comme un roman policier,est un petit bijou de la littérature classique de langue allemande.Veit Hugo,jeune homme très jeune orphelin de mère est éduqué par son père,un homme d'honneur.Ce dernier endoctrinera son fils isolé et sans expérience à être aveuglement fidèle à lui-même,lui léguant à sa mort un cachet,symbole et clé de ce récit.Le cachet porte une devise latine"servandus tantummodo honos"selon laquelle,l'honneur doit être respecté à n'importe quel prix.Mais le chemin de Hugo va croiser celle d'une jeune femme mystérieuse dont il s'éprendra éperdument et son éducation ne va pas lui faciliter les choses...Un récit pudique,profondément émouvant avec une prose lente et méticuleuse.Toutefois si vous voulez lire ce livre,je vous déconseille de lire auparavent la quatrième de couverture qui gâche une grande partie de l'intrigue.
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L'Homme sans postérité

« L’homme sans postérité » est le récit d’un jeune adolescent, Victor, qui quitte un jour sa famille nourricière pour aller rejoindre un oncle (inconnu) qui vit comme un ermite, sur une île au milieu d’un lac.

Stifter plante, dans son roman, un décor rustique sans ornement (on évolue dans un cadre campagnard avec des auberges, des villages enfouis dans les montagnes, et l’île est, en elle-même, une enceinte à hauts murs) et l’essentiel du récit se passe dans l’observation et la contemplation (du calme, du silence des montagnes, et de l’étendue du lac…).



Mais au-delà des reflets chatoyants de la surface des choses. Stifter nous révèle un monde plus sérieux ! On découvre que la vie de réclusion de Victor (six semaines sur l’île, donc une vie loin du monde où il n’y a plus d’attache sociale et économique) lui a appris à se centrer sur lui-même, à prendre conscience de lui-même, et à se former une identité.

Plus précisément, être attentif à la beauté des paysages, ou de ses moindres paroles et gestes. Ce sont là autant d’évocations (dans le roman) qui saisissent la vie dans ce qu’elle a de plus immédiat, ce qui lui donne, par conséquent, toute sa saveur.

Elle comporte des instants si fugitifs qu'on ne se donne guère la peine de les fixer, alors qu'à l'évidence ils contiennent, peut-être, l'essentiel. C’est là une des idées majeure du récit !



Stifter nous invite à la pureté et à la sagesse de la vie à travers les choses les plus simples : s’écouter et écouter la voix de la différence pour (comme l’indique la présentation de l’éditeur) « être soi », tout simplement.

Par rapport au récit, sa prose est impressionniste par sa technique et son style d’écriture (ce qui ne doit pas nous surprendre puisqu’il était également peintre).

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