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Citations de Albertine Sarrazin (188)


(p. 132)

Je renifle Paris, je me planque en son cœur, je suis revenue. Vaincue, cassée, je suis là quand même; d'ailleurs, comme nous disions souvent à la taule, le vainqueur, c'est celui qui se casse. Je reviens, Paris, avec les décombres de moi-même, pour recommencer à vivre et à me battre.
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A Mme Gogois-Myquel. Montpellier, 10/8/65

J'ai demandé à M. J.P. comment il fallait faire pour dédicacer, il a beaucoup ri, dit que je pouvais faire tout ce que je voulais... bon. Mais... il faut que j'aie votre accord, me permettez-vous ? Ce serait une grande joie, le meilleur merci que je puisse vous exprimer. Pour tout depuis... hé ! Neuf ans ! Au fond, vous êtes ma plus ancienne affection (malgré les sourcils circonflexes du début... Mais j'étais si toc alors ...). Alors dites-moi si vous voulez bien, ou si je fais ça sans mentionner votre nom, ou.. enfin je ne sais. Il est souvent plus difficile d'écrire trois mots qu'un livre entier. Voir les titres : ils veulent appeler la Cavale « Vanity-case » ou « les Étrennes », je me bagarre pour maintenir Cavale et appeler l'autre Astragale, par exemple. Mais ce que ce Monsieur J.P. est coriace !...

2548 – [Le Livre de poche n° 5134, p. 100]
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10/5/65

Dans ma nouvelle copie, je rectifie surtout la ponctuation, qui me semble cisailler trop fréquemment la ligne mélodique, certaines tournures de phrase, lourdes ou hermétiques... vous savez que ceci fut écrit d'un seul jet, sans ratures, recopié et à vous mandé tel quel... j'intercale aussi de petits passages « explicatifs », enfin quoi, je touille les grumeaux de la béchamel.

2529 – [Le Livre de poche n° 5134, p. 62]
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A essayer d'épuiser la taule, c'est moi qui m'épuiserais : elle est de ces sujets qu'on croit avoir longés d'un bout à l'autre, et qui se révèlent être cycliques ; à l'autre bout, je retrouve le début, là où d'autres l'abordent pour leur propre compte et remettent tout en question.
Je suis comme ces élèves, pas bûcheurs mais doués, qui rendent toujours leur copie avant la cloche de la récréation.
En fixant, j'évite la gamberge, mais je risque l'abrutissement.
J'accepte : peu importe l'état où je serai en arrivant, mais j'arrive au bout de l'étape, vite, que je sorte du cercle, vite, vite. Arriver. Tant pis pour la maigreur, l'épuisement et la rouille : tout ceci s'en ira, l'essentiel est de tenir le coup ; sauver si possible les charpentes de la carcasse et de la raison, mais surtout dépouiller les heures. En les bourrant de drogue, d'âneries, de n'importe quoi, je m'en fous pourvu qu'elles crèvent, vite, et que, de leur tas crevé, de cette vie d'infusoire aux limites élémentaires de moi, je m'élève, enfin, jusqu'à la résurrection.
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Les seuls regrets doivent naître des choses que l'on n'a pas pu accomplir.
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"Pendant trois tours de cadran, j’oscillai entre la vie et la mort, roulée dans une mer de couvertures et de draps enchevêtrés, qui m’étouffaient, me ligotaient, puis se dénouaient en espaces angoissants et vides ou je ramais et raclais comme une naufragée. Le téléphone sonnait, je criais « Allô, allô », sans songer à décrocher ; je cherchais ma mort dans l’ombre des rideaux qui restaient fermés, dans l’alternance de la pénombre et du noir absolu. "
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Il n'y a pas de palliatif à l'attente, les peines des autres ne vous consolent pas de la vôtre, et leurs joies vous sont indifférentes... leurs joies et leurs têtes et leurs questions.
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(p. 140)

Deux femmes, privées d'amour et de splendeur: je ne peux pas, elle ne veut plus. Tout le jour, nous sommes accolées, liées par la similitude des gestes, des menus, des douleurs de femme, par les aiguilles qui s'activent en même temps, la sienne vers la gauche, la mienne vers la droite,: nos chaises se font face et je suis gauchère, nous nous reflétons. On coud, on fume, on chantonne; de temps en temps on se sourit en soupirant... Mais c'est à la veillée que nous devenons tout à fait intimes. La camaraderie d'atelier est alors reléguée, ficelée à la douzaine parmi les cravates, serrée dans la valise du devoir; et l'intimité se tisse, volute à volute, verre à verre, à travers la table où nous présidons, parmi les fleurs de toile cirée et l'empilement des assiettes.
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Je suis en mal du mal que j'aime
Du ciel fauve où bat sans arrêt
Appel rythmé la forêt
Pour l'impossible poème.

Dans nos courses d'enfant pas sage
Sous le dôme d'air et de lait
Comme la fontaine volait
Légèrement au visage.

Le vent bruni couleur de flûte
Dans le sable nous effaçait
Et douce pluie dansait
Mêlant nos pas en sa chute.

Doullens, 1956

2512 - [Le Livre de poche n° 3106, p. 132]
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L'ignorance, c'est comme paire de pantoufles moites.
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Pourquoi regardais-je ces autres ? Ces mondes inaccessibles ? Ma vie est à moi, mais je n'ai qu'elle... pas le temps de l'encombrer avec sentiments non efficaces.
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1965
Avril- octobre
Entrée en Littérature

La lettre tant espérée retentit comme un coup de cymbales dans la vie d'Albertine le 27 avril 1965.
Jean- Pierre Castelnau, quelques jours plus tard, fit la rencontre de son nouvel auteur à Nîmes.C'était le 1er mai.Il invita Albertine et Julien à déjeuner, et il offrit à la jeune femme le traditionnel muguet.
Le 20 mai, autre événement : la rencontre à Lyon, de Jean- Jacques Pauvert.
Pendant cette période, le Journal
d' Albertine est plein d'emerveillement.


( Pauvert , 2001, p.53)
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Attendre de grandir ! J'ai attendu de guérir et de marcher, c'était déjà très long, l'étoile est trop loin...Pour le moment, je suis là, le regard brouillé de larmes, mais je vais le régler, mon regard, et je saurai bien voir à travers la nuit.
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Je renifle Paris, je me planque en son coeur, je suis revenue. Vaincue, cassée, je suis là quand même ; d'ailleurs, comme nous disions souvent à la tôle, le vainqueur c'est celui qui se casse. Je reviens, Paris, avec les décombres de moi-même, pour recommencer à vivre et à me battre.
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« Aujourd’hui l’ardoise est chargée, elle m’accable, et je ne peux la régler qu’avec des mots, je n’ai plus rien d’autre. Plus rien, ni abri ni véhicule ni amie ni richesse, rien que les mots que je porte lourds dans les tripes, ceux que je n’ai pas encore écrits et qu’il faudrait bien que je crie un jour, rien que cet amour prisonnier que je veux porter à bout de bras au-dessus du temps et de la noyade, que veux approcher réaliser à chaque seconde »
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Albertine Sarrazin
La route est pure et âpre comme un désert ; plus tard, peut-être, calmement, nous aborderons les sentiers magiques
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Et si j'en ai marre
Plein mon cendrier
J'ajoute une barre
Au calendrier
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20/8/65

Je me suis inscrite à la bibliothèque de la rue des Étuves, qui m'a l'air plus riche en policiers qu'en classiques... mais en fouinant j'ai dégotté quelques bons titres : je ressors toute joyeuse, serrant Giono sur mon cœur... et je découvre sur la voiture, garée tout près, un de ces papillons bleus qui s'abattent sur votre pare-brise en n'importe quelle saison. Défaut de disque. Bah ! J'ai les livres...

2558 – [Le Livre de poche n° 5134, p. 102]
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On ne se lave pas du jour au lendemain de plusieurs années de routine chronométrée et de dissimulation constante de soi .Lorsque la carcasse est libérée, l'esprit, qui était jusque là la seule échappatoire, devient au contraire l'esclave des mécanismes.
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Mardi 4 avril 1967 – Il est 15h 25 et nom d'un petit vagin j'attends, ouais, fais antichambre chez une personne qui, si je ne m'abuse, me foutit voici deux ans le doigtier sur le col, oui, juste mit-elle le doigt sur ce que son supérieur hiérarchique nommait imagément : la mandarine (tumeur).
Elle ouvre la porte, (je suis sûre que si elle n'a pas de ceinture de blouse c'est quelle n'a pas non plus de taille où la mettre), fait « jour » et la lourde l'avale.
Kadi vraiment dans ce gynécée de la salle d'attente ça sent le gono bien désinfecté, la cramouille léchée odoronée de frais. Elles ont toutes leurs belles tatanes, leur chemisier du mardi, elles ont lacé leurs bas et leurs hauts-de-cuisses.

2510 - [Presses Pocket n° 2139, p. 340]
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