Un récit fabuleux qui décrit la passion d'un homme pour les livres. Cet homme possède une quantité gigantesque de livres qu'il doit emmener à chaque fois qu'il déménage.
L'écriture de ce livre est extraordinaire ; à aucun moment on ne s'ennuie dans ce texte qui à première vue peut paraître soporifique.
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Alberto Manguel décidément se complaît à prouver son érudition. Deuxième essai de découverte de cet auteur pourtant plébiscité et deuxième échec. L'histoire de la lecture est subjective et Alberto Manguel donne son point de vue que je ne partage pas. Je n'ai pas réussi à entrer dans ce livre. Le style ne me plait pas. Je le trouve trop empesé.
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: Amies et amis babélionautes , ce livre vous est évidemment dédié ! Quand Manguel parle de bibliothèque , il sait de quoi il parle :la sienne comporte trente mille titres ! Mais n’ayez pas peur si la vôtre est plus modeste , son propos vous concerne aussi . L’essai décline à travers 15 chapitres (un mythe, un ordre, un espace, un pouvoir, une ombre, une forme, un hasard, un cabinet de travail, une intelligence, une île, la survie, l’oubli, l’imagination, une identité ,une demeure) une érudite et subtile réflexion sur ce lieu magique (et encore plus en nos temps confinés) . Indispensable.
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Samoa, 1894. Stevenson habite depuis plusieurs années sur cette île du Pacifique avec sa famille. Il s'est adapté à cette vie au soleil, il est respecté et respectueux des habitants autochtones. Alors que sa maladie respiratoire s'aggrave, un inquiétant compatriote écossais débarque sur l'île comme missionnaire. Peu de temps après, un crime est commis…
Ce petit texte de moins de cent pages est une merveille. L'auteur a su donner vie à un Stevenson vieillissant, nostalgique mais toujours alerte, tout en revenant sur les événements importants de son existence. C'est un bel hommage à la création, au pouvoir des histoires qui peuvent avoir leur vie propre et influencer le réel. Surtout, il réussit à plonger le récit dans une ambiance tendue et un sentiment profond d'étrangeté. Et tout ça, dans une langue très poétique. J'ai beaucoup aimé comment le doute plane sur tout le récit : est-ce la vérité, un rêve, un désir, une hallucination, un combat intérieur ? Qui est vraiment Mr Baker ? L'autre facette de l'auteur de Dr Jekyll et Mister Hyde ?
Rêve et réalité se mêlent et c'est délicieux.
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Alberto Manguel ( qui lui aussi a vécu à Tahiti)imagine les derniers jours de Stevenson aux iles Samoa, et trace son désir de s'y adapter, bien que , à son arrivée, la liberté des corps le choque ainsi que la profusion des fruits qui ouvrent leur chair de façon impudique. C'est aussi le rappel dans ce livre du combat dans un même homme du bien et du mal, et l'évocation de ses rapports tendus avec son père, réincarné dans la figure du missionnaire puritain. Description du moment où Stevenson, malade, reconnait qu'il doit rester là où il vit, et que l'aventure est finie. C'est ça , la nostalgie, savoir qu'on ne verra plus d'autres lieux.
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Ouvrage pleine d'érudition et connu, sur l'histoire de la culture.
Alberto Manguel gâte le lecteur passionné de livres, de lectures, de mots, de faits historiques, d'anecdotes..
Vivez à travers les âges, les grandes histoires de lectures, de lecteurs.
C'est avec joie et enthousiasme que j'ai lu, mais ralentis parfois par des passages qui demande plus de concentrations.
Un livre à relire afin de bien saisir cette histoire si passionnante.
Alberto Manguel est un Argentin bibliophile, il a même fait la lecture à Jorge Luis Borges devenu aveugle..
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Mon preux "Albertus Magnus" quitte cette fois la lecture et les bibliothèques et s'essaye au genre pseudo-polar. Comme Orhan Pamuk dans Mon Nom est Rouge, il utilise des voix contradictoires de personnages divers aux styles hétérogènes, y compris celle d'un certain Alberto Manguel et celle d'un mort, qui apportent tour à tour leur témoignage sur un écrivain argentin décédé en exil à Madrid dans les années 70, juste après la parution de son Eloge du mensonge, auquel un avenir de best-seller est promis.
La trame s'installe donc progressivement et par hypothèses, les personnages se révèlent par eux-mêmes; le cadre historique, important et inconnu de moi jusque là, est celui d'un Madrid lieu d'asile de réfugiés d'un régime militaire argentin, écrivains et intellectuels véritables ou apocryphes.
Car le fil rouge du roman, comme l'indique le roman dans le roman, c'est le mensonge, cet universel qui unit tous les personnages et qui les caractérise ontologiquement de façon singulière pour chacun d'entre eux : il est impressionnant que le mensonge puisse être fondateur d'un caractère (d'un personnage de fiction) de manières tellement différentes, que la duplicité puisse créer autant de personnalités par des procédés et des façons différents.
Le suspens semble se distendre vers le dernier quart du roman, pourtant une prouesse qui requiert un peu d'attention au lecteur aussi, un rebondissement ultime jette le rayon de lumière définitif qui résout non une mais deux morts violentes...
[ps: J'hésite cependant et renonce in extremis à insérer cet ouvrage dans la catégorie des policiers : trop atypique.]
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Ce tout petit livre de la collection Ekphrasis (éditions Invenit) semble avoir fait l'objet de tous les soins auxquels on puisse s'attendre pour un livre de qualité : format agréable, couverture cartonnée souple douce au toucher et rigide à la fois, typographie soignée et aérée qui rend la lecture aisée, reproductions de qualité : de l'élégance, du soin, un souci du confort de lecture. La forme est donc simplement parfaite. Il aurait peut-être fallu juste prévoir quelques agrandissements de « détails » quand l’œuvre gravé est si fouillé qu'il en devient un peu difficile à déchiffrer.
Quant au fond, c'est une pure merveille!Je craignais un peu un cours sur l'art de Dürer, une mise en perspective avec ses contemporains et l'Histoire, un regard critique sur le travail du graveur et celui du dessinateur.
Il y a tout cela, mais il y a aussi un véritable point de vue de Alberto Manguel, une lecture qui sert de point de départ vers une réflexion philosophique sur notre temps, sur le rôle du lire et de l'écrire aujourd'hui, sur le monde tel que nous le voyons se détruire sous nos yeux avec notre complicité muette. Une méditation sur l'être, l'identité, le devenir. Un regard sur les actes de terreur (« tout acte de terreur conteste sa justification »), sur les religions, sur la place de l'Homme entre Terre et Paradis ou Enfer.
Ce cheminement intellectuel s'appuie bien sûr sur les seize bois gravés du maître de Nuremberg à la toute fin du XVème siècle. Mais on suit la pensée de l'auteur au fil de l'observation des dessins, on entend la conversation d'un homme nourri de classicisme aussi bien en peinture qu'en littérature. Il cite les poètes, la Bible, l’Évangile, Homère et donne les clés nécessaires à la compréhension du texte de Jean de Patmos, texte d'un rêve écrit par le rêveur, non pas prophétie mais vision.
Mais il lit aussi à la lumière de notre monde moderne : la conférence des scientifiques de 1992 a alerté le monde sur les dangers de notre façon d'appauvrir la Terre. Les anges qui « retiennent les vents » alertent déjà sur la destruction programmée de notre planète.
Des passages plus intimes nous émeuvent, tel celui consacré à la vieillesse et à la décrépitude des corps. Quand Jean, âgé, pleure, l'un des vieillards le console. Le corps nous trahit : jeune, il semble ne pas nous appartenir tant il se fait discret. Devenu vieux, « aujourd'hui, même quand je suis seul, mon corps est toujours là, tel un visiteur non désiré, il fait du bruit quand j'ai envie de réfléchir ou de dormir, il me pousse du coude quand je suis assis ou quand je me promène. Peut-être est-ce à cela aussi que pensait le vieux Jean de Patmos quand il pleura. »
L'écrivain trouve dans « La première trompette » le prétexte à méditer sur la place de l'artiste et de son œuvre dans le monde : »L'artiste crée une œuvre qui doit être complétée par son public et est, par conséquence, nécessairement imparfaite : c'est par les vides de l’œuvre que le lecteur y insuffle la vie. »
In fine, l'Apocalypse « représente la mort de toutes choses, non comme la fin dernière mais comme l'ultime étape dans le combat entre le bien et le mal. » « A la question angoissée : « Que va-t-il advenir de nous ? », le livre de Jean répond par une abondance d'images de ces « événements qui doivent arriver bientôt » et incite ses lecteurs à les déchiffrer. »
L'omniprésence du chiffre sept scande les dessins : sept anges, sept sceaux, sept trompettes, sept coupes, sept nouvelles visions, jusqu'à la dernière désignée du doigt par l'Ange : la nouvelle Jérusalem.
Un livre précieux, à relire souvent et à méditer.
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C'est un beau livre qui célébre de manière tout â fait heureuse la Lecture .
Cette histoire de la lecture à travers les âges se lit plus comme une intrigue en cours que comme un essai.
La ferveur d'Alberto Manguel est communicative.
C'est aussi une histoire du lecteur(mœurs et études des copistes,des liseurs ,des scripteurs ,des Lecteurs......etc
La première de couverture est très belle aussi!!!!!
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Pour moi, Stevenson c'est surtout "L'île au trésor" de mon enfance.
"Dans 'Stevenson sous les palmiers', Alberto Manguel offre une exploration des derniers jours de la vie de Robert Louis Stevenson aux Samoa. Manguel réussit brillamment à démontrer que, dans la vie même de Stevenson, le bien et le mal sont intimement liés, reproduisant ainsi le décor indescriptible de l'abolition de ces frontières. À travers une écriture fluide et immersive, il plonge dans l'âme complexe et contradictoire de Stevenson, plus sur le modèle de "Dr Jekyll et Mr Hyde".
Le récit est un mélange habile de biographie et d'imaginaire, où la fièvre tropicale des îles Samoa se mêle aux fantômes écossais de Stevenson. L'auteur réussit à créer un flou permanent sur les personnages et les événements.
Stevenson, affaibli par la maladie et les accusations injustes qui pèsent sur lui, est dépassé par les événements, mais l'auteur réussit à susciter une certaine compassion envers lui grâce à un regard observateur teinté de compassion.
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En 150 pages, Alberto Manguel dresse, par touches, le portrait de cette magnifique gigantesque bibliothèque qu'il avait installée dans un ancien presbytère de la vallée de la Loire, mais d'où il a dû partir pour Buenos Aires puis New York.
Et entre ces pages remplies de nostalgie, il aborde par des digressions, des histoires comme celle de la Grande bibliothèque d'Alexandrie, les dictionnaires et leurs créateurs, la création litteraire et le lieu commun imposant à tout écrivain d'être triste et sans le sou !
C'est donc un court ouvrage pour les amoureux des mots, empli d'anecdotes de toutes sortes, à picorer de temps en temps, parce que tout d'un coup, ça m'aurait paru roboratif ! 😉
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J'ai relu "Je remballe ma bibliothèque" dans un cheminement qui pourrait expliquer pourquoi j'aime tant Alberto Manguel : la rencontre fortuite de la bibliothèque, le chemin qu'emprunte chaque lecteur dans les allées de la bibliothèque du monde. Il raconte d'ailleurs ses déambulations désordonnées dans les bibliothèques publiques. Bref, un chemin inattendu, inespéré m'a ramené vers ce livre que j'avais lu il y a trois ou quatre ans. Un chemin sur lequel j'ai récemment rencontré les nouvelles exemplaires de Cervantès, le numéro 4 de L'herne consacré à Borges, le broyé du Poitou qui m'est parfois une petite madeleine, et les pensées pour quelqu'un qui m'est très cher, grâce à qui j'ai découvert Manguel. Et finalement, en rangeant ma bibliothèque, j'ai retrouvé ce livre que je ne pensais pas avoir, au point qu'il était sur une de mes listes de livres à trouver un jour...
Voilà ce qu'est Manguel pour moi, dans mon expérience de lecture.
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Ce petit essai, une amie me l’avait offert il y a vingt ans. A l’époque, je commençais seulement à dévorer les pages imprimées et, à la vue d’une prose un peu rébarbative, je l’avais mis de côté. Pour plus tard.
De temps en temps, je l’ouvrais au hasard, piquait une ou deux phrases. Pas convaincu. Les années passaient. Je considérais le petit volume avec suspicion. Pas encore. Les mois sont devenus deux décennies.
Puis, je me suis lancé. Finalement, 300 pages ce n’est pas un calvaire.
Et c’est tout sauf un chemin de croix.
Car Alberto Manguel est un lecteur avant de porter le costume de l’écrivain. Comme tous les romanciers. Comme nous.
On sait lire avant de savoir écrire.
Et, tout au long de ces pages, il se pose toujours en tant que lecteur. Cela donne une impression de décalage, comme si c’était Monsieur tout-le-monde et non un érudit qui glosait sur la lecture.
Il existe des milliers d’histoires de la littérature, surement tout autant de manuels pour apprendre à écrire (comme si on pouvait en donner la recette), mais plus rarement on parle de la lecture et des lecteurs.
Si le livre a traversé les siècles, c’est bien qu’il comporte quelque chose de magique et cette magie, tout comme un prestidigitateur, a besoin d’un public pour exister.
L’écrivain n’est rien sans ses lecteurs. Sans son lecteur, car le fait de lire implique forcément une intimité qui isole cette relation tout en augmentant le rapport si particulier entre celui qui parle par ses mots et celui qui les interprète.
Cette Histoire de la Lecture se lit donc comme un roman. Elle est truffée d’anecdotes. On y apprend quantité de choses. Manguel est un féru d’histoire. Un passionné qui sait faire partager son amour des livres en présentant une kyrielle de lecteurs connus ou pas, tous passionnés eux-mêmes par les mots et la façon de les agencer.
Tout y passe ou presque. Depuis les balbutiements des scribes, à une époque où on lisait à haute voix. Lire en silence ne vint qu’après. Saint Augustin fut l’un des premiers à lire pour lui-même, renforçant ce lien si particulier entre un auteur et son lecteur.
Avant le 6ème siècle, la ponctuation n’existait pas. Les mots n’étaient pas séparés. Je vous laisse imaginer la difficulté d’avaler Platon ou Sénèque dans ces conditions. A cette lointaine époque, il était de tout façon mal vu de posséder des livres; un texte devait s’apprendre, pas se garder dans une bibliothèque.
Manguel évoque bien entendu les autodafés, la censure, les lieux de lecture, les lectures interdites ou orientées, les formes du livre, les balbutiements de l’apprentissage, les oracles et prédictions, les problèmes de traduction et, bien entendu la mémorisation des livres par cette anecdote d’un prisonnier des camps de la mort qui servait à ses compagnons de bibliothèque, réécrivant ainsi Fahrenheit 451.
On croise aussi quelques noms bien connu au fil des pages, entre autre Rilke et Borges. Evidemment, tel essai regorge de conseils de lecture sans vraiment le dire. De quoi remplir une partie de sa bibliothèque et surtout son esprit, car il ne sert à rien de collectionner les livres seuls, encore faut-il les apprivoiser, les ingurgiter, les laisser infuser dans sa mémoire.
Aller jusqu’à les apprendre par cœur ?
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Ce livre merveilleux d'Aberto Menguel a reçu en 1998 le prix Médicis de l'essai. Traduit pour Actes sud par Christine le Boeuf, une amie me l'a offert pratiquement dès sa sortie. J'ai laissé traîner cet essai plus de 20 ans dans ma bibliothèque. Je l'ai exhumé des rayons en avril 2022.
C'est une promenade érudite à travers le temps et l'espace en compagnie des livres, de la lecture et des lecteurs ; et l'auteur d'indiquer à la dernière page de son essai qu'une telle histoire ne saurait avoir de fin.
En tout cas elle a eu un début ou des débuts remontant à la plus haute Antiquité avec, notamment, les tablettes sumériennes. Car pour qu'il y ait lecture, il faut que quelque chose soit écrit. Bien que l'on puisse "lire" la Nature...A l'autre étape de l'histoire en cours il y a les tablettes de Steve Job. Mais Alberto, en 1996, ne pouvait le deviner.
Voilà, entre autre raison, pourquoi son histoire est sans fin. Elle a eu aussi des étapes fondamentales dont la plus importante pour notre civilisation est celle de la découverte de l'imprimerie. Cette dernière n'est pourtant pas à l'origine de l'importance accordée à la lecture et au lieu de conservation des livres. Des bibliothèques fameuses ont précédé l'époque de Gutenberg. Callimaque l'égyptien, bibliothécaire d'Alexandrie, s'interrogeait déjà sur la meilleure méthode de classement et de rangement d'une bibliothèque. Il a ainsi rédigé le premier catalogue de la littérature grecque, classé par ordre alphabétique et par genre.
Le poème, «La-boucle-de-Berenice" de Catulle est directement inspiré du poème de Callimaque, le poète - bibliothécaire. Dans ma bibliothèque, je m'enorgueillis de posséder ce texte offert à ma passion de lecteur, par Laurent Calvié, aux éditions ANACHARSIS (2002) – édition bilingue.
Autre clin d'oeil, au moment de la sortie du livre, les liseuses balbutiaient. Depuis, elles ont pris leur envol, mais j'ai toujours refusé d'en acquérir une. La liseuse constitue encore une étape qui prolonge la promenade d'Alberto. Nous voilà bien loin du codex dont l'auteur nous conte l'aventure.
Il nous a parlé des lecteurs publics ou privés que l'on écoutait, parfois en travaillant dans les manufactures. J'ai retenu deux lecteurs à voix haute fameux à plusieurs siècles de distance, Pline le jeune et Charles Dickens.
De nos jours, puisque l'histoire se poursuit sous nos yeux, voilà que les livres audio s'imposent de plus en plus, à la fois pour le profit de ceux qui sont privés de la vue, mais également pour les « paresseux » qui préfèrent écouter lire plutôt que de lire eux-mêmes.
Là, je suis injuste, car n'y a-t-il pas un vrai bonheur à écouter lire ou réciter « Les lettres à un jeune poète » de R. M. Rilke, par Niels Arestrup sur scène ? Et qui n'a pas apprécié les fables déclamées par Fabrice Luchini ?
Le théâtre, lieu de rencontre entre les comédiens lecteurs ou récitants et un public écoutant.
Nous sommes cependant entrés dans une période sombre de l'histoire de la lecture. Celle-ci semble reculer. Alberto n'en parle pas, tout à sa joie de s'adresser à des passionnés, comme lui, d'érudition, à des amoureux des livres.
En effet, Sylvie Germain vient de faire les frais de l'inculture d'élèves de 1ère au bac de français qui n'ont rien su dire d'un extrait de « Jour de colère » et ont insulté l'auteure sur les réseaux sociaux. Alberto ne pouvaient en parler, les RS n'existaient pas en 1996.
Oui je crois que la lecture qui a fait reculer, grâce à la démocratisation du livre, l'inculture, est aujourd'hui confrontée à celle-ci, au sein, notamment, d'une partie de la jeunesse au vocabulaire pauvre, à la pensée superficielle, à la psychologie fruste, à la bêtise violente...
En effet, si Alberto nous enseigne que bien des circonstances ont provoqué des interdictions de la lecture - l'Eglise n'aimait pas trop qu'on la favorisât - où l'on apprend que l'Index n'a cessé de vivre si je puis dire qu'en 1966, c'était hier ; les autocraties et autres dictatures, pas davantage, quant aux sociétés esclavagistes modernes, n'en parlons pas - dans l'Antiquité pourtant nombre d'esclaves savaient lire - aujourd'hui, en France, une bonne partie de la population s'interdit de lire !
Une note d'optimisme toutefois, la profusion d'ouvrages édités chaque année prouve que la lecture continue de résister et même de se bien porter malgré tout. Babelio en est la preuve... entre autre...
Pat
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Cette suite d’essais confirme l’excellente opinion que j’ai de cet auteur. Une érudition impressionnante , une qualité d’écriture remarquable et une grande finesse de pensée. Des textes sur la lecture (en particulier « L’ordinateur de St Augustin ») ,sur les auteurs mais aussi sur l’histoire contemporaine du monde et de l’Argentine ( la dictature militaire et ses conséquences…)
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L'érudition formidable de cet essai est comparable avec la science de son auteur: on ne peut que rester profondément ébloui par cette lecture. Ce qui ressort avec la plus grande évidence de cette histoire de la lecture, c'est la diversité des approches que les lecteurs ont eu de leur pratique au cours des siècles, non sans relation avec la variété des supports autant que celle des textes et des contextes.
Certaines pages du livre nous sont plus accessibles que d'autres, certaines pages de cette histoire moins inconnues que d'autres, mais l'intérêt demeure constant.
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"On lit ce qu'on aime, disait-il? tandis qu'on n'écrit pas ce qu'on aimerait écrire, mais ce qu'on est capable d'écrire. »
Un tout petit bouquin qui raconte ce qu'Alberto Manguel a déjà souvent évoqué : comment à 16 ans, il faisait partie des nombreux lecteurs qui remplaçaient les yeux de Borges et lui faisaient la lecture, admis dans son intimité. Sans souci d'exhaustivité aucun, quelques anecdotes et réflexions côte à côte avec la malice habituelle de Manguel et la passion affectueuse qu'il porte au grand homme.
C'est des plus agréable de découvrir quelques qualités et travers du grand homme, qui aimait tant la conversation qu'il choisissait des plats sans intérêt pour ne pas se laisser distraire, et évidement un amoureux des livres en lequel on prend plaisir à se reconnaître:
« Pour Borges, l'essentiel de la réalité se trouvait dans les livres ; lire des livres, écrire des livres, parler de livres. De façon viscérale, il était conscient de poursuivre un dialogue commencé il y avait des milliers d'années et qui, croyait-il, n'aurait jamais de fin. (...) Il ne se sentait jamais obligé de lire un livre jusqu'à la dernière page. Sa bibliothèque (qui, comme celle de tous les autres lecteurs, était aussi son autobiographie) reflétait sa confiance dans le hasard et dans les lois de l'anarchie. « Je suis un lecteur hédoniste : jamais je n'ai permis à mon sentiment du devoir de se mêler d'une affaire aussi personnelle que l'achat de livres."
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