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Critiques de Alberto Manguel (204)
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Journal d'un lecteur

Comme l’interprète…





Comme l’interprète imparfait d’une page

que la crainte des mots emmène à l’envers

du sens des rimes toutes gonflées de rage

que le poète a rythmé dans ses vers,



moi aussi je ne sais plus retrouver

ni les nostalgies des temps à venir,

ni les espoirs des jours déjà passés,

où sont enfouis les désirs et plaisirs.



Et tous les mots, messagers stériles,

faute de peine, faute de labeur,

restent pour toujours comme les inutiles

stèles des rêveries de toutes nos heures.



Mais que survienne la lumière, elle rend

clair ce que le poète fit transparent.



effleurements livresques, épanchements maltés http://holophernes.over-blog.com © Mermed
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Journal d'un lecteur

Vagabonder à travers les livres que l'on aime, relire ceux qui sont indispensables, noter quelques réflexions au passage, voilà le projet de ce bouquin. Une année avec des chefs-d'oeuvres, des voix que la vie n'auraient pas dû exiler, de vieilles amours réincarnées, des vieux potes dépotés. Le lecteur du lecteur qui relit se lit lui-même à travers un autre et d'autres livres qu'il ne connaît pas ou qu'il avait oublié. Ce que raconte Manguel, bien sûr, me parle au plus au point, parce que lire est nécessaire, parce que la vie se crée dans les livres, qu'elle y trouve son langage et son sens, qu'elle s'y perd pour y retrouver ce qu'elle ne cherchait pas. Et si moi aussi, je tentais l'expérience, quels seraient les bouquins retenus? Il y aurait, comme chez Manguel, Don Quichotte, en souvenir d'une plage des Canaries, du soleil et des illusions d'un adolescent qui s'inventait des Dulcinées à tour de bras. Il y aurait aussi Les Misérables pour retrouver les larmes des mes quatorze ans à la mort de Jean Valjean. Il y aurait Derborence, seul dans les rochers, dégustation de l'âpre goût d'ici. Il y aurait Montaigne quand il emmêle le corps et l'esprit dans sa phrase sans fin. Et, parce que la longue phrase se remange avec plus de joie que les mots trop secs, je rajouterais, en vrac, Belle du Seigneur, La route des Flandres et La Recherche du Temps perdu. Terminons par un petit San-Antonio de derrière les fagots et le tour est joué. Mais on ne refait jamais vraiment le tour de ses lectures parce qu'on ne fait jamais vraiment non plus le tour de soi-même. Alberto Manguel, à la fin du livre, ne connaît pas encore sa prochaine aventure. Moi non plus. Ouf.
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Journal d'un lecteur

L'œuvre d'Alberto Manguel gravite autour du monde des livres. Avant le "Journal d'un lecteur" j'avais lu "Une histoire de la lecture" et "La Bibliothèque la nuit", deux essais ou l'auteur nous invite à un voyage au cœur des bibliothèques et au plaisir de la lecture. J'ai retrouvé dans l'un d'eux un article découpé dans le nouvel observateur de décembre 2006, Alberto Manguel concluait l'entretien en ces termes :



«Les lecteurs, ont depuis toujours été traités de fous, de lâches, de misanthropes, de solitaires. Parce qu'on veut confondre l'espace intime créé par la lecture avec un éloignement. En fait, c'est le contraire. On rentre dans le monde en entrant dans un livre. Et on y rentre à plusieurs. On lit à deux, à quatre, à mille. L'amour d'un livre qui se propage, c'est vertigineux. »



 Alberto Manguel c'est l'homme au 35 000 livres. Sa bibliothèque il l'a construite dès l'âge de 5 ans, malgré ses nombreux déménagements, il possède toujours précieusement sa première acquisition : "Les Contes" de Grimm.



 Il est né en 1948 en Argentine, mais il est citoyen du monde. Il a passé une partie de son enfance en Israël, puis il a résidé dans de très nombreux pays, le Canada, la France, les États-Unis. Il est journaliste, écrivain, traducteur, conférencier. Il a été, entre autres, directeur de la bibliothèque nationale d'Argentine et responsable de la collection "le Cabinet de lecture" chez Actes Sud. C'est un habitué de l'émission de François Busnel "La grande librairie" diffusée chaque semaine sur France 5. Son dernier passage date du 4 mars 2020 pour son livre "Monstres fabuleux".



 Ce "Journal d'un lecteur" est un moyen pour l'auteur de nous faire part de sa vision du monde à travers le filtre de quelques chefs-d'œuvre qu'il a décidé de relire.



 Dès la première ligne, on est séduit par l'intelligence, la clarté des propos et leur pertinence. L'auteur balaye un grand nombre de sujets en rapport direct ou lointain avec ses lectures. Son texte est émaillé de commentaires sur l'actualité, de réflexions philosophiques, de citations ou de souvenirs d'enfance. Il parle de sa bibliothèque, des objets qui l'entoure, de ses rencontres. Il évoque ses voyages, ses tournées d'auteur, ses trouvailles au marché aux puces. Chacun de ses paragraphes suggère une foule d'idées et d'images qui nous éloigne quelques instants du texte pour y mieux revenir.



 Un livre fait d'anecdotes et de réflexions, de quoi contenter tous les lecteurs. Ce qu'il dit à propos des "Mémoires posthumes de Brás Cubas", peut s'appliquer à son "Journal d'un lecteur" :



«Un livre écrit avec indolence, avec l'indolence d'un homme que ne concerne plus la brièveté de ce siècle, une œuvre nonchalamment philosophique...»



 Voici quelques passages que j'ai trouvés particulièrement savoureux, non pas spécialement par la profondeur de la réflexion sous-jacente, mais par leur concision et leur authenticité. Ils donnent le ton de cet ouvrage à la fois divertissant, instructif et stimulant pour l'esprit.



«L'idée majeure dans Don Quichotte, c'est la lutte entre un idéal et la réalité.»



«La chatte feint d'être surprise par sa queue, l'observe un moment et puis bondit pour l'attraper. C'est comme si elle s'était persuadée de l'apparition de quelque chose qui ressemble à sa queue, mais ne l'est pas : une queue fictive, en quelque sorte. Pour profiter du jeu, elle s'accorde de la suspension volontaire d'incrédulité du lecteur.»



«Pour qu'un livre nous touche, il faut sans doute qu'il établisse entre notre expérience et celle de la fiction - entre les deux imaginations, la nôtre et celle qui se déploie sur la page - un lien fait de coïncidences.»



 J'ai bien aimé aussi cette anecdocte :



"Notre voisin est venu nous offrir du bois. Il a calculé combien il lui en faudra s'il vit jusqu'à quatre-vingt-dix ans. Tout le reste, il va le donner."



 Je me demande si je ne devrais pas faire pareil avec ma bibliothèque.



 Je suis heureux d'avoir découvert avec ce livre de nouvelles perspectives de lecture, notamment : Maccado de Assis, une grande figure de la littérature brésilienne et Kenneth Grahamme pour son roman "Le vent dans les saules" un classique de la littérature britannique pour enfants.



Bibliographie :



- "Journal d'un lecteur", Alberto Manguel,collection Babel, Actes Sud (2006), 245 pages.



- "Une histoire de la lecture", Alberto Manguel, Actes Sud (1998), 427 pages.



- "La Bibliothèque la nuit", Alberto Manguel, Actes Sud (2006), 335 pages.



- "Ma bibliothèque, c'est moi", interview d'Albert Manguel par Didier Jacob,"Le nouvel observateur" 30 novembre-6 décembre 2006.



Vocabulaire :



"Dans son mémoire sur le Tasse, Chateaubriand rend compte de la conviction qu'avait le poète de la présence du numineux en ce monde". (page 80 du "Journal d'un lecteur").



Numineux : nom masculin. Phénomène mystérieux, que l'on ne parvient pas à expliquer de manière rationnelle, et qui par conséquent laisse à penser qu'il est relatif ou divin.
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L'Apocalypse selon Dürer

Mon expérience de lecture



Ce fut un réel plaisir de lire ce petit essai sur une œuvre pictural qui m’interroge au plus haut point, comme m’interroge ce livre du nouveau testament qu’est l’apocalypse de Saint Jean.

J’en viens à penser que tout artiste, chorégraphe, peintresse et peintre, poétesse et poète, romancière et romancier, essayiste, musicienne et musicien doit se confronter à un moment de son parcourt à deux œuvre :

L’odyssée d’Homère

L’apocalypse de saint Jean.
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Le Voyageur et la Tour : Le lecteur comme m..

Un matériau pétri de rêves et de savoirs en construction



Retiré dans sa tour d’ivoire ou voyageur du monde et des mots, le lecteur, réduit au masculin et à l’occidental, est saisi par Alberto Manguel comme métaphore, comme arpenteur de « pages à venir », comme fasciné-éclairé par les lueurs de l’horizon, les possibilités d’un rappel, d’un revenir, d’une nouvelle exploration ou errance.



Si l’auteur plonge dans l’histoire des livres, en tant que lecteur je privilégie les temps les plus proches, les auteur-e-s peu ou pas reconnu-e-s, les ruptures stylistiques. Je ne suis pas sûr que le lecteur/lectrice d’hier éclaire celle/celui d’aujourd’hui. Mais qu’importe, il s’agit de la place des livres dans la vie, des mots, des rêves, des réflexions, du pouvoir penser et formuler.



L’auteur indique, entre autres, « Le texte a créé le paysage à parcourir et annulé les distances réelles entre les lieux ainsi que les peines correspondantes du voyage matériel ». La lecture participe bien de l’existence « dans ce monde aux allures de rêves, de la distance et de la proximité, du passé, du présent et de l’avenir ».



Réalités, intuitions, perceptions, effronteries, promesses, analyses, etc., les livres sont des ouvertures nécessaires à notre être débout, des freins à la vitesse et à la brièveté.



J’ai été notamment intéressé par les critiques sur la lecture du livre électronique, cette matérialité évanescente qui « proclame les possibilités d’une navigation illimitée » alors qu’elle est souvent « en réalité beaucoup plus restreinte et contrôlée » que d’autres formes de lectures.



Un livre saisissant aussi l’entourage des lecteurs et des lectrices : « Tout lecteur, passé et présent, a entendu un jour l’injonction : « Arrête de lire ! Sors, vis ! » – comme si lire et vivre constituaient deux modes d’existences distincts, comme si celui qui la prononce craignait que le lecteur devienne incapable de faire la différence entre ce qui est chair réelle et ce qui ne l’est pas ». Injonctions contre les livres et aussi contre les savoirs et les remises en cause des réalités construites.



Une invitation à « réapprendre à lire lentement, en profondeur, complètement, que ce soit sur papier ou sur écran ». Mais d’autres lectures sont possibles.



Je souligne aussi la qualité des illustrations.
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Chez Borges

Que n'aurais-je donné pour assister aux rencontres de Borges et Manguel , un de ses lecteurs !

Le livre permet à Manguel de rencontrer Borges, Manguel permet à Borges de pouvoir continuer à lire, les yeux fermés tandis que Borges à travers Manguel nous offre d'entrer dans son univers , son monde, son affect pour l'histoire écrite.

Et quelle belle place nous y avons , nous lecteurs, choyés , confortés dans l'idée que chaque histoire appartient à chaque lecteur .

J'ai tout aimé de ce livre .
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Nouvel éloge de la folie : Essais édits & inédits

Alberto Manguel est l’auteur de l’Histoire de la lecture, à lire absolument, avant le Nouvel éloge de la folie ; il vient aussi d’être nommé directeur de la bibliothèque nationale d’Argentine, et il souffre …

Il n’est pas qu’un lecteur, un grand lecteur, mais aussi un homme d’action est en train de se retrousser les manches pour gérer au mieux cette fameuse bibliothèque. Moins de Borgès, plus d’actualité, d’Histoire, et toujours les livres, surtout ceux qui sauvent.

On trouve dans ce recueil des essais déjà parus dans La forêt du miroir, et d’autres inédits, très ancrés dans la triste et violente réalité comme « Art et blasphème », ou « A la table du Chapelier fou » : la littérature est décidément la meilleure arme contre l’arbitraire.

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Lettres à Shakespeare

Qui êtes-vous Monsieur William Shakespeare ?

Sur la très belle couverture rouge électrique de cet essai édité en l'honneur du 450ème anniversaire de votre naissance, votre portrait est celui d'une "star", visage indéchiffrable caché par des lunettes. Voyez-vous nos rêves à travers les siècles ?



Lettres à Shakespeare est une très belle entreprise collégiale d'intellectuels réunie par D. Goy-Blanquet pour clamer leur affection et leur reconnaissance professionnelle à ce grand auteur classique. La formule inédite et très accessible réside dans des lettres contemporaines écrites par 16 auteurs, tous passionnés. Nul doute, l'oeuvre de William Shakespeare inspirée par l'Histoire de l'Angleterre et ses jeux de pouvoirs est encore bien vivante de nos jours. Dans la création littéraire (l'Oulipo) et l'expression théâtrale. Et au plus intime de nos expériences humaines quand résonnent en nous les émotions, les perceptions et les idées d'un texte.

Je me suis attachée au mystère qui entoure la personnalité de ce grand homme, "Un et Multiple", à la fois tous ses personnages et aucun.

Je me suis attardée sur les passages soulignant son écriture singulière, faisant souvent appel à l'inconscient, empirique et improvisée. (Hamlet).

Un jeu constant des contraires, des métamorphoses, des passages de haut en bas d'une noble pensée à l'action la plus vile.

Je me suis laissée guidée avec plaisir dans le "théâtre du Globe" à Londres où le décor minimaliste est uniquement rempli par la parole, le son de la voix, le langage métaphorique et, ... le silence, moteur essentiel.

Une poésie musicale de langue anglaise qui pour certains ne peut être traduite sans la dénaturer comme le célèbre "We few, we happy few, we band of brothers.."(Henry V)" repris tel que par Churchill en 1940.

J'ai admiré le fait que le travail de Shakespeare formaient les futurs juristes où les "Inns of Courts" puisaient matière à des cas d'espèce souvent très proches de la réalité.

En France, je me suis attardée sur l'adaptation très libre de Shakespeare par le regretté Patrice Chéreau qui en 1970 avait emprunté les arts contemporains du cirque et du music hall.

De même, la mise en scène spectaculaire de Ariane Mnouchkine de "Richard II" par le jeu du kabuki (masques, maquillages) au Théâtre du Soleil, dix ans plus tard.



Je ne peux terminer mon texte sans citer la très belle trouvaille poétique de Prospero (Les sonnets, la tempête) "Our little life is rounded with a sleep".



Un très grand merci aux éditions Thierry Marchaisse, partenaires de la célébration "Shakespeare 450" et aux auteurs de cet essai très formateur.



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Une histoire de la lecture

Alberto Manguel est un écrivain né en 1948 à Buenos Aires en Argentine. Il a grandi en Israël où son père était ambassadeur puis a vécu dans de nombreux pays dont vingt ans à Toronto, obtenant la nationalité canadienne en 1985. Depuis 2001 il vit en France, dans un village du Poitou. Journaliste (presse, radio, télévision), il a publié de nombreuses anthologies, des romans, des traductions et des essais. Une histoire de la lecture, un essai, est paru en 1998.

Comme le titre de cet essai l’indique, il s’agit « d’une » histoire de la lecture avec sa part de subjectivité voulue par l’auteur. D’ailleurs, comment pourrait-il en être autrement puisque Manguel va nous entraîner dans un incroyable périple à travers le temps et les lieux, de la Grèce antique aux Amériques, d’Aristote et même avant à Hemingway et même après. Pour mener à bien son projet – qui peut paraître impossible – il n’a pas choisi la chronologie mais une approche thématique dont voici quelques titres de chapitres : Lire en silence, La forme du livre, Lecture privée, Lire en lieu clos, Le fou de livres… Et déjà le lecteur compulsif se sent visé, ce qui implique ce constat évident, tout lecteur de cet essai s’y reconnaitra, tout ou partie.

La lecture est parfois ardue, non pas due au style très clair mais aux références citées, à l’érudition d’Alberto Manguel qui chemine aux côtés de celle d’un Umberto Eco, convoquant pour étayer son propos aussi bien le physicien et philosophe égyptien du XIIIe siècle Alhazen que Théodose Ier empereur byzantin. Pour faire simple, si la période pré-Gutenberg peut être complexe parfois, après nous retrouvons nos marques et c’est le plus souvent le cas.

Le plus réjouissant dans cet ouvrage, c’est que non seulement on y apprend énormément, aspect instructif de cet essai, mais que certains passages semblent écrits spécialement pour chaque lecteur qui y lira noir sur blanc, ce qu’il pouvait croire jusque là être une particularité très intime de sa personnalité, à savoir que le plaisir de la lecture découle d’un certain confort, qu’on peut préférer lire au lit, que se débarrasser de vieux livres nous coûte etc. Tous ces aspects rituels sont abordés ici et nous rapprochent les uns des autres, nous lecteurs qui nous pensons seuls quand nous sommes plongés dans nos bouquins.

Si cette histoire de la lecture ne manque pas d’érudition et de références savantes, Alberto Manguel sait y semer également des anecdotes souriantes aussi bien historiques avec le comte Libri (décédé en 1869) voleur de livres rares ou Anthony Comstock (né en 1844) qui fit carrière dans la censure en Amérique, que personnelles quand il nous révèle que encore jeune homme en Argentine il fit la lecture à Borges le célèbre écrivain devenu aveugle.

Un essai qui a obligatoirement sa place dans toutes nos bibliothèques.
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La Bibliothèque, la nuit

Essai du très érudit et intéressant Alberto Manguel sur l'histoire des bibliothèques à travers les âges et à travers le monde, qu'elles soient personnelles, publiques, nationales, persécutées, voire même imaginaires.

Il faut quand même être intéressé par les livres, par les bibliothèques, par l'histoire pour lire cet ouvrage, mais quand c'est le cas, quel régal !

Ce n'est absolument pas ennuyeux, très vivant, bourré d'anecdotes, d'illustrations, de portraits d'auteurs, de bibliothécaires passionnés, de libraires, un véritablement foisonnement - mais aussi ordonné qu'une bibliothèque ;)



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Chez Borges

Voici une superbe invitation à prendre le thé "Chez Borges", une introduction au génie de l’aphorisme (oserais-je au prodige de la « punch line » ?) de l’aveugle de Buenos Aires : « Dieu m’a donné les livres et la nuit » ; mais aussi une biographie humaniste qui éclaire sur les événements forts de sa vie : amitié avec Bioy Casares…, parfois cocasses : comment Borges n’est pas devenu inspecteur de volailles sur les marchés ; et aussi sur les failles du grand homme de lettres, pas vraiment marqué par les idées de gauche...



Mais le vrai tour de force de cet opus : nous offrir, en moins de 100 pages, les clés de sa bibliothèque et l’on comprend comment Jose Luis Borges plaçait l’acte de lire à la base et au sommet de toute sa création littéraire. La lecture, passion débridée auquel l’homme conventionnel ne mettait aucune limite : « Sa bibliothèque (…) reflétait sa confiance dans le hasard et dans les lois de l’anarchie. » (P.33)



Et pour un lecteur il s’agit donc de cheminer dans les pas du plus grand des lecteurs. Celui qui semble avoir lu tous les grands auteurs (Shakespeare au firmament) ou du moins ceux qu’ils jugent importants, position très relative lorsque l’on sait qu’il rejetait aussi bien Jane Austen que Thomas Mann ou Gabriel Garcia Marquez de son panthéon littéraire, au profit de… Rudyard Kipling !



Ces « goûts » et « dégoûts » arbitraires affirment la position commune à tous les amoureux des livres : la liberté totale de leurs choix.



Et cette liberté, elle pourrait bien être ébranlée lorsque page 71, Alberto Manguel dénonce le racisme de Borges : "il manifestait à l'occasion un racisme ordinaire..." démontrant "l'infériorité de l'homme noir".

Borges raciste m’empêchera-t-il de lire Borges ? Il est important de savoir qui écrit lorsqu’on est un lecteur, une lectrice mais surtout un être humain qui a été longtemps considéré, même par des esprits éclairés, comme un objet. Objet d’étude, de curiosité, d’échange, mais pas un sujet et encore moins un égal.



Et c’est peut-être là que le prodige s’opère : la lecture a la faculté de briser tous les sortilèges et permettre à l’esprit d’aujourd’hui de trier et tirer vers la lumière ce qui fait notre œuvre commune et fait de chaque lecteur un égal, voire un frère humain.

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Voyage en utopies

En ce moment, je vous présente plein de projets Ulule, en voici le petit dernier : Voyage en Utopies. Il s’agit d’un beau livre qui recense vingt-cinq utopies et leur analyse par Alberto Manguel (ce bon vieil Alberto !). J’avoue que je ne savais pas trop à quoi m’attendre et j’ai été très agréablement surprise par la qualité du livre (presque comme à chaque fois sur Ulule).



Déjà, comme je disais, le livre est magnifique. Il est relié et la tranche est cousue. Il craque quand on l’ouvre (j’adore !), les couleurs sont superbes et les pages sont genre hyper épaisses (en plus, elles sont jaunes et pas blanches, ça ajoute un petit aspect « ancien » cher à mon cœur) Bref, vous avez compris : il est beau. (Et je n’ai pas parlé de la maquette intérieure !)



Le livre est composé de petites explications de texte, qui sont classées en fonction de leur siècle de publication. La première est celle d’Utopia de Thomas More (1516) et la dernière, celle de Nutopia de John Lennon et Yoko Ono (1973). Plus que des analyses, ce sont plutôt des résumés des idées des auteurs des textes. Le contenu est donc très accessible (pas besoin d’un bac +12). C’est pour cela que je dirai que c’est plutôt un beau livre qu’un essai.



Et c’est ça qui est dommage à mon sens, le livre n’entraîne pas une grande réflexion car les analyses sont très peu poussées. Et pourtant, ce n’est pas une question de place puisque la taille de la police est ENORME, en la réduisant, je suis sûre qu’on aurait pu étoffer les explications sans forcément augmenter le nombre de pages. Parce que j’en voulais plus, j’aurais aimé aller plus loin, avoir plus de détails (surtout que l’auteur, c’est quand même une pointure hein).



En tout cas, c’est très chouette de découvrir tous ces écrits, que je ne connaissais pas pour la plupart. Je trouve que c’est hyper intéressant de voir ce qu’avait pensé et imaginé les gens (intellectuels) des siècles plutôt. Et puis, moi je suis friande de dystopies alors revenir au fondement avec les utopies, je trouve ça cool. C’est aussi très surprenant de voir que certaines utopies ont donné lieu à de vraies communautés. Vous savez quand la fiction rejoint la réalité. Bien qu’elles se soient toutes terminées maintenant, ça donne envie d’en savoir plus.



En bref, un très beau livre, idéal pour ceux qui veulent découvrir ce que sont les utopies et l’origine de certains idéaux actuels, mais si on veut aller plus loin on reste quand même un peu sur sa faim.



6/02/2017
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Une histoire de la lecture

L'ouvrage est passionnant, mais, contrairement à ce que dit l'éditeur dans sa présentation, ne se lit pas vraiment comme un roman. Il faut posséder un solide bagage culturel pour apprécier pleinement la richesse de certains passages, notamment en ce qui concerne les ouvrages anciens, et surtout ceux consacrés à la religion. Moi qui ne suis pas un fana des différentes réécritures de la bible, il y a certaines pages que j'ai trouvées un peu longuettes. Mais à côté de cela, il y a tant de réflexions et d'anecdotes passionnantes contées par cet auteur dont l'érudition m'impressionne, que je n'ai jamais interrompu ma lecture, jusqu'à la fin. Manguel m'a donné aussi l'envie de découvrir certains auteurs qui ne figurent pas dans ma bibliothèque actuelle.
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La Bibliothèque, la nuit

Tous ceux qui aiment les livres devraient lire un Alberto Manguel! Ecrivain étonnant, qui est à lui seul une encyclopédie: anecdotes, références croisées, regard personnel, liaison entre thématiques différentes...

Les bibliothèques sont des lieux remplis de livres, mais pas seulement. Elles sont l'empreinte des hommes, le témoignage du passé, du futur, du temps; mais elles sont aussi le symbole d'un amour passionné et infini pour l'écrit - miroir de la vie.

Dans cet essai, Manguel parle de sa bibliothèque personnelle (lieu, contenu, classement...) et des bibliothèques du monde. Différents chapitres illustrent l'ordre, le choix, le contenu, le mythe, la symbolique etc. de ces lieux "magiques" qui nous survivront (ou pas). On ressent - c'est du moins le sentiment que je garde après la lecture - cette envie de lire, de tout lire, de tout vivre, de ne jamais mourir, pas avant d'avoir lu le prochain livre...
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L'Iliade et l'Odyssée

La tendance est aux retraductions, Paul Veyne vient de retraduire l’Enéide par exemple.

Je n’avais pas d’édition de l’ Iliade franchement satisfaisante, un livre en poche plus en très bon état, une édition bilingue beaucoup trop lourde à manipuler, alors en entendant dans une émission de radio qu’une nouvelle traduction venait de sortir j’en ai profité.

Me voilà maintenant avec une édition de l'Iliade flambant neuve et ma vieille Odyssée traduite par Philippe Jaccottet.



Vous me connaissez j’aime bien en plus avoir un passeur et comme je ne me vois pas vous faire une laïus sur l’Iliade et l’Odyssée du genre fiche de révision du bac, c’est du passeur dont il va être question.



Alberto Manguel est un fan d’Homère ! Et il a commit un petit livre tout à fait passionnant où il entreprend de chercher la trace de ces deux oeuvres à travers le temps et les littératures d’un peu partout.

Comment l’Iliade et l’Odyssée ont été lues, quel sens leur a-t-on attribué, quelles influences ont-elles exercées et comment ont-elles été traduites.

Manguel est certain que ces oeuvres là peuvent être lues et relues car elles ont « été écrites pour nos propres vies d'aujourd'hui, avec tous nos bonheur secrets et tous nos péchés enfouis. »

Bien entendu il revient sur Homère, le premier des écrivains, le père de la littérature comme Hérodote est le père de l’histoire. On est à peu près certain qu’Homère n’a pas existé et que ces oeuvres sont des assemblages d’anciennes histoires collectées par les rhapsodes ces interprètes des chants épiques, quelle importance puisque la littérature en sort habillée de pied en cap ?

Xénophon disait déjà qu’Homère avait attribué aux Dieux « tout ce qui constitue chez les mortels honte et indignité : le vol, l’adultère et la tromperie »

Manguel recherche à travers les oeuvres d’autres poètes, d’autres écrivains, la trace des oeuvres. Joyce bien entendu mais aussi Virgile dont l'Enéide doit beaucoup à Homère, Dante qui fait apparaitre Homère dans son premier cercle de l’enfer.

Racine avec son Andromaque, Cavafy qui propose un Ulysse moderne.

Ils ont été inspiré, influencé par Homère et l’on retrouve chez eux la colère d’Achille, la ruse d’Ulysse, la patience de Pénélope, le sacrifice d’Iphigénie. Homère a laissé sa trace jusque dans les récits de Sindbad le marin.

Il nous rappelle l’influence qui a transformé Schliemann en archéologue obstiné pour découvrir les vestiges de Troie alors qu’il semblait que c’était un monde totalement imaginaire.

Un livre monde que Manguel illustre avec cette anecdote de villageois colombiens à qui l’on a prêté l’Iliade et qui refusent de rendre le livre au prétexte que :

« l’histoire d’Homère reflétait la leur: elle parlait d’un pays déchiré par la guerre, dans lequel des dieux fous se mêlent aux hommes et aux femmes qui ne savent jamais exactement pour quelle cause on se bat, ni quand ils seront heureux, ni pourquoi ils seront tués. »





Ce livre est une sorte de biographie littéraire, non celle d’un homme mais celle d’une oeuvre de plus de 3000 ans et qu’aujourd’hui encore on traduit partout de par le monde, livre qui ne résout pas l’énigme d’Homère mais qui lui rend hommage.

Manguel rejoint Italo Calvino « Les classiques sont des livres qui, quand ils nous parviennent, portent en eux la trace des lectures qui ont précédé la nôtre et traînent derrière eux la trace qu'ils ont laissée dans la ou les cultures qu'ils ont traversées. »








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Une histoire de la lecture

"Dans un essai sur l'art d'étudier, l'érudit anglais du XVIèmesiècle Francis Bacon a catalogué le processus [de la lecture]: "Il faut goûter certains livres, en avaler d'autres, en mâcher et en digérer quelques uns." Les 454 pages (hors notes et index) de cette Histoire de la lecture appartiennent à la deuxième catégorie. Je ne suis pas grande lectrice d'essais, mais celui-ci traite d'une des grandes affaires de ma vie depuis mes six ans: la lecture. J'ai donc avalé ces pages dans le temps ralenti de l'été, propice aux longues, très longues plages de lecture... Et ce faisant, je regarde du coin de l'oeil naître un petit lecteur avide de mots à déchiffrer, tout émerveillé de la nouveauté, de la découverte, de l'alchimie de lettres assemblées pour former du sens, sur les pages des livres, les devantures des magasins, les boîtes de conserve... Voilà comment commence le long chemin du lecteur...

Celui d'Alberto Manguel est fait d'érudition, de digressions inspirées. Ce n'est pas une histoire linéaire mais une suite ininterrompue de rencontres, de lecteurs hors normes, depuis les premiers déchiffreurs de signes vaguement aléatoires.

La lecture à haute voix, publique (Manguel fut le lecteur de Borges devenu aveugle) par opposition à la lecture privée, la forme du livre, l'auteur/lecteur, les livres interdits, les postures de lecteur (où l'on apprend que depuis la nuit des temps, nous sommes légions à lire... couchés), autant de sujets de réflexion joyeuse et jamais ennuyeuse.

Et la rencontre avec le livre... Rencontre-t-on un livre comme on rencontre un être ? "[...] dans une large mesure, mes rencontres avec les livres ont été une question de chance, telle la rencontre de ces âmes inconnues, dans le Quinzième chant de l'Enfer de Dante, dont "chacune nous regardait comme entre eux font, le soir, les gens en chemin par temps de neuve lune", et qui découvrent soudain dans une apparence, un coup d'oeil, un mot, une attirance irrésistible."

Et l'on croise, tel un personnage des Mille et une Nuits, le grand vizir de Perse Abdul Kassem Isma'il qui traverse presque furtivement un chapitre, précédé de "sa collection de cent dix-sept mille volumes" chargée sur "quatre cent chameaux, entraînés à marcher par ordre alphabétique." Et que dire du Comte de Libri, génial, redoutable et vénéneux voleur de livres, défendu par Mérimée jusqu'au bout de sa flamboyante et pitoyable cavale. "Voler des livres n'est un délit que si on les vend." Il y a aussi l'impayable censeur qui fonda à New-York, en 1872, la Société pour la Suppression du Vice. Réjouissant pourfendeur de la lubricité littéraire, bouffon de farce. Hélas, que n'a-t-il été un cas isolé...

L'ombre de Kafka plane sur ces pages, ressurgit régulièrement, accompagne le lecteur. "Il me semble d'ailleurs, écrivait Kafka [...], qu'on ne devrait lire que les livres qui vous mordent et vous piquent. Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d'un bon coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ?"

Être lecteur...
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Une histoire de la lecture

Depuis premiers signes gravés sur des tablettes, Alberto Manguel explicite une histoire universelle de la lecture sous tous ses aspects. Il construit en parallèle à cette histoire une formidable vision de l'aventure de l'homme au travers des livres. Ainsi, le passage de la lecture à haute voix à la lecture intime délivre le lecteur d'une lecture officielle et scolastique. Et ouvre les horizons de liberté que permettent les livres. J'avance dans cette Histoire, à suivre...
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Journal d'un lecteur



Alberto Manguel tient un journal sur douze mois à raison d’un livre par mois. Il relit ses livres de prédilection tels L’invention de Morel, L'île du docteur Moreau, Les mémoires d'outre-tombe...

Je salue son érudition bien que j’ai été parfois agacée par ses innombrables digressions. mais je dois reconnaître un certain talent à relier ses lectures à l’actualité.

J’ai noté le titre de ses policiers préférés.

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La Bibliothèque, la nuit

J'ai trouvé ce livre assommant. Alberto Manguel expose son érudition avec une telle densité que, certes, nous pourrions enrichir nos connaissances, mais le style est tellement pesant que je me suis trouvée engluée dans cette lecture. Les illustrations apportent un peu de répit mais je pense que je devais aspirer à plus de légèreté au moment où j'ai entrepris la découverte de cet auteur. Il faudra peut-être réessayer. Mais quand tant de plaisir m'attend avec d'autres lectures..
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Stevenson sous les palmiers

L'auteur de l'ïle au Trésor est malade des poumons. Alors que la médecine moderne préconise pour de telles affections les conditions salubres du grand air de la montagne, Stevenson choisit de s'établir avec sa femme, son beau-fils, sa belle-fille et sa mère, dans le climat tropical, de Vailima aux Samoa, qui sera son dernier séjour. Voici pour les faits. L'écrivain fait la connaissance dans les enchevêtrements des palétuviers, d'un compatriote calédonien - dans l'acception latine et non celle des îles Pacifiques, Baker, un missionnaire au rigorisme inquiétant. Ce dernier lui tient des discours qui vouent aux flammes de la destruction ce lieux qu'il n'est pas loin de comparer à Sodome et Gomorrhe. Peux après on retrouve une belle jeune fille, dont Robert Louis avait remarqué la beauté sur la plage, violée et assassinée, et quelque pas plus loin un chapeau qui pourrait être le sien. Quelque temps plus tard un des frères de la victime trouvera la mort dans l'incendie qui frappera un saloon de la capitale, Apia. Les autochtones montrent du doigt cet homme blanc qui les fascinaient par sa capacité à raconter des fables. Baker approuve les évènements tragiques et semble lui aussi à sa manière y voir la main de Stevenson qu'il aurait inspiré. Dr. Jekyll et M. Hyde sous les tropiques ?



Alberto Manguel retrace de manière romanesque les derniers mois de Stevenson sous les palmiers des Samoa, alors qu'il écrit un livre ayant les brumes de son Écosse natale comme cadre. Mettre en scène la figure d'un grand écrivain, notamment dans son activité qui l'a rendu célèbre, cela n'est jamais sans intérêt. Par contre, aux éditions Actes Sud, cet opuscule de 89 pages vous coûtera 12,30 €... Attendez de le trouver en bouquinerie!
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