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Citations de Alessandro Baricco (1425)


Il faut imaginer ça. Un train lancé dans une course furieuse sur deux lames de fer, et dans ce train un petit coin d'immobilité magique minutieusement découpé par le compas d'une petite flamme. La vitesse du train et la fixité du livre éclairé. L'éternellement changeante multiformité du monde tout autour, et le microcosme pétrifié d'un oeil qui lit. Comme un noyau de silence au coeur d'une détonation. Si l'histoire n'était pas vraie, si ce n'était pas la vraie histoire, on pourrait se dire: c'est juste une jolie métaphore exacte. Au sens où peut-être, toujours, et pour tout le monde, lire ce n'est jamais que fixer un point pour ne pas se laisser séduire, et détruire, par la fuite incontrôlable du monde.
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La terre, c'est un bateau trop grand pour moi. C'est un trop long voyage. Une femme trop belle. Un parfum trop fort. Une musique que je ne sais pas jouer.
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Où est quelqu'un qui depuis une demi-heure fait le tour du pâté de maison ? Songes-y. Il n'y a pas de réponse.
Elizaveta songea qu'il n'y avait jamais de réponse, car tout chemin est circulaire, et le brouillard de nos peurs est trop épais.
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Et pour la première fois, quoique de manière confuse, il eut l'intuition que tout mouvement tend à l'immobilité et que seul le trajet qui conduit vers soi-même est beau.
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Hervé Joncour resta immobile, regardant l'énorme brasier éteint. Il avait derrière lui une route longue de huit mille kilomètres. Et devant lui, rien. Brusquement, il vit ce qu'il croyait invisible.
La fin du monde.
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Il écoutait, il se tourna à un moment pour la regarder, la vit, voulut baisser les yeux mais ne le put,
mon corps sur le tien, ton dos qui me soulève, tes bras qui ne me laissent pas partir, les coups à l’intérieur de moi, la violence et la douceur, je vois tes yeux chercher les miens, ils veulent savoir jusqu’où me faire mal, jusqu’où tu veux, mon bien aimé seigneur, il n’y a pas de fin, cela ne peut finir, ne le vois-tu pas ? personne jamais ne pourra effacer cet instant, pour toujours tu lanceras ta tête en arrière, en criant, pour toujours je fermerai les yeux, laissant mes larmes se détacher de mes cils, ma voix dans la tienne, ta violence à me tenir serrée, il n’y a plus de temps pour fuir ni de force pour résister, cet instant-là devait être, cet instant est, crois-moi, mon bien aimé seigneur, et cet instant sera, maintenant et à jamais, il sera, jusqu’à la fin.
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Les touches ont un début. Et les touches ont une fin. Toi, tu sais qu'il y en a quatre-vingt-huit, là-dessus personne peut te rouler. Elles sont pas infinies, elles. Mais toi, tu es infini, et sur ces touches, la musique que tu peux jouer, elle est infinie. Elles, elles sont quatre-vingt-huit. Toi, tu es infini.
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On jouait parce que l'océan est grand, et qu'il fait peur, on jouait pour que les gens ne sentent pas le temps passer, et qu'ils oublient où ils étaient, et qui ils étaient. On jouait pour les faire danser, parce que si tu danses tu ne meurs pas, et tu sens Dieu. Et on jouait du ragtime, parce que c'est la musique sur laquelle Dieu danse quand personne ne le regarde.
Sur laquelle Dieu danserait, si il était nègre.
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Son idée, c'était un duel. Ça se faisait, à l'époque. Les gars se défiaient à coups de morceaux de bravoure, et à la fin, il y en avait un qui gagnait. Des histoires de musiciens. Pas de sang, mais un sacré paquet de haine, une haine vraie, à fleur de peau. Musique et alcool. Ça pouvait durer toute la nuit, quelquefois.
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Il y a une chose que vous faites tous les jours ? m’a-t-il demandé. J’écris, j’ai répondu. Génial, vous écrivez quoi ? Des livres, j’ai dit. Des livres sur quoi ? Des romans. Moi, je n’ai pas le temps de lire, il a commenté. C’est ce que tout le monde dit toujours.
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Fanny glisse ses lèvres le long du sexe de Young, il la regarde et il aime ça. Il lui met une main dans les cheveux et la plaque contre lui. Elle lui prend la main et l’écarte, en continuant à l’embrasser. Il la regarde, il lui remet la main dans les cheveux, elle s’arrête, lève les yeux vers lui et lui dit Reste tranquille Young. Tais-toi, il dit, et de la main il lui pousse la tête vers son sexe. Elle glisse de plus en plus vite, elle va et vient. C’est ça, putain, dit-il. C’est ça. Elle ouvre les yeux et vois la peau luisante de sueur sur le ventre de Young. Elle voit les muscles qui se contractent, par à-coups, comme dans une sorte d’agonie. Oui dit-il. T’arrête pas. Une sorte d’agonie. Il la regarde. Il aime ça. La regarde.
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Fanny travaille, là-haut, le fils du pasteur entre les jambes. Amour. Le fils du pasteur s’appelle Young. Il a gardé sa chemise, et il a ses cheveux noirs trempés de sueur. Quelque chose comme une terreur, dans les yeux. Fanny lui dit Baise-moi Young. Mais lui se raidit et glisse loin des cuisses ouvertes – bas blancs avec dentelles jusqu’au-dessus du genou puis plus rien. Il ne sait pas où regarder. Il lui prend la main et la presse contre son sexe. Oui, Young, dit-elle. Elle le caresse, Tu es beau Young, dit-elle. Elle se lèche la paume de la main, en le regardant dans les yeux, puis elle recommence à le caresser, en le frôlant à peine. Oui, dit Young. Oui. Elle serre son sexe dans sa paume. Il ferme les yeux et pense je ne dois penser à rien. A rien. Elle regarde sa propre main, puis la sueur sur le visage de Young, sur sa poitrine, et de nouveau sa propre main qui glisse sur son sexe. J’aime ta queue, Young, je la veux, ta queue.
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Les conversations sérieuses, il n'était pas vraiment taillé pour. Et un adieu, c'est une conversation sérieuse.
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C'est une belle manière de se perdre que de se perdre dans les bras l'un de l'autre.
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C'est le cœur de la question: le reste n'est qu'une suite d'effets. La surface à la place de la profondeur, la vitesse à la place de la réflexion, la séquence à la place de l'analyse, le surf à la place de l’approfondissement, la communication à la place de l'expression, le multitâche à la place de la spécialisation, le plaisir à la place de l'effort.
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"Ça ne pourra pas continuer longtemps cette histoire", disaient quelquefois les autres à Danny. "Et en plus, c'est contre la loi". Mais Danny avait une réponse qui ne faisait pas un pli : "Au cul la loi", il disait. On ne peut plus vraiment discuter, à partir de là.
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Il se rappela combien les moments de bonheur sont plus fragiles qu'on ne le dit et combien la vie est prompte à nous les reprendre.
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Le fait est qu'il n'arrivait pas à concevoir que tout se termine brutalement, à la fin de la dernière séance, de façon procédurière et impersonnelle. Il semblait évident que l'aboutissement de ce travail de fait avoir son degré d'élégance, de poésie même, et pourquoi pas de surprise. Alors il pensa a l'idée qu'il avait eu pour l'éclairage - dix-huit ampoules suspendues au plafond, à distances régulières, formant une belle géométrie - et il imagina qu'à l'approche du trente-deuxième jour ces ampoules commenceraient à s'éteindre une à une, au hasard, mais toutes dans un laps de temps non inférieur à deux jours et non supérieur à une semaine. Il vit son atelier sombrer dans l'obscurité par touches successives, selon un schéma aléatoire, et se mît à fantasmer sur la manière dont ils se déplaceraient, lui et le modèle, pour profiter des rayons de lumière ou, au contraire, se réfugier dans les premières zones d'ombre. Il se vit distinctement dans la pâleur d'une dernière ampoule, donner la touche finale à son portrait. Puis accepter le noir, à l'extinction du dernier filament.
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J’ai écrit ce texte pour un comédien, Eugénio Allegri, et un metteur en scène, Gabriele Vacis.
Ils en ont fait un spectacle qui a été présenté en juillet de cette année au festival d’Asti. Je ne sais pas si cela suffit pour dire que j’ai écrit un texte de théâtre ; en réalité j’en doute. A le voir maintenant sous forme de livre, j’ai plutôt l’impression d’un texte qui serait à mi-chemin entre une vraie mise en scène et une histoire à lire à voix haute. Je ne crois pas qu’il y ait un nom pour des textes de ce genre. Peu importe. L’histoire me paraissait belle, et valoir la peine d’être racontée. J’aime bien l’idée que quelqu’un la lira.

Septembre 1994

Alessandro Baricco
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Tu étais mort, et il n'y avait plus rien de beau au monde.
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