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Citations de Alice Munro (298)


Tout avait été gâché en un jour, en deux minutes, sans secousse, sans dispute, sans espoir, sans déception, et non de la façon étirée à l'infini dont ces choses sont gâchées le plus souvent.
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Elle avait été obligée de louer la maison pour un mois. Son ami Dave profitait de son appartement. C'était un autre comédien au chômage : il courait un tel danger financier, réel ou imaginaire, qu'il répondait au téléphone en utilisant diverses voix théâtrales.
(Sauvez le moissonneur)
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Sa vie l'avait désertée. Calamité bien ordinaire.
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Avoir des enfants vous changeait. Cela rendait votre position d’adulte suffisamment avantageuse pour vous permettre d’éliminer et d’abandonner entièrement certaines parties de vous – les anciennes. Le travail, le mariage ne faisaient pas tout à fait la même chose : ils vous faisaient seulement agir comme si vous aviez oublié certaines choses. (p.170)
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N’amasse aucun trésor sur terre là où sévissent les mites et la poussière – sans parler des adolescents. (p.335)
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j'avais entendu des bruits comme je n'en avais jamais entendu de mes parents ou de quiconque - une espèce de grondement de plaisir, accompagné de petits cris aigus dans lesquels il y avait une complicité et un abandon, qui m'avait troublée et plongée dans un obscur désarroi.
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Alors elle resta à regarder l'écume remuée dans le sillage du bateau et il lui vint à l'esprit que dans un certain type de nouvelle – du genre que l'on n'écrivait plus – ce qui lui restait à faire était de se jeter à l'eau. Telle qu'elle était, pleine à craquer de bonheur, comblée comme elle ne le serait sûrement jamais plus, chaque cellule de son corps gonflée d'une douce estime de soi. Un acte romantique qui pouvait se voir – d'un point de vue interdit – comme suprêmement rationnel.
Fût-elle tentée ? Elle se permettait probablement juste d'imaginer avoir été tentée. Probablement loin de s'abandonner, bien que l'abandon eût été à l'ordre du jour.
Page 294. Ce dont on se souvient
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Je ne dis pas que je t'aime, je ne me sers pas de ce langage imbécile. Ni que je veux te sauver. Tu sais qu'on ne peut se sauver que soi-même. Alors à quoi bon ? D'ordinaire je n'essaye pas d'aboutir à quoi que ce soit en parlant avec les gens.
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« Sur le quai de la gare, un chat noir croise obliquement leur chemin. Elle déteste les chats. Plus encore les chats noirs. Mais elle ne dit rien et réprime un frisson. Comme pour récompenser cette retenue, il annonce qu’il fera le voyage avec elle jusqu’à Cannes, si elle le veut bien. C’est à peine si elle peut répondre tant elle éprouve de gratitude. »
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Il – le médecin – met tout ceci sur le compte du genre de littérature accessible à ces femmes, qu’elle traite de fantômes, de démons ou d’escapades amoureuses avec des lords, des ducs et autres gentilshommes. Pour beaucoup, ces contes sont une passade qu’elles abandonnent au moment où interviennent les vraies responsabilités de la vie. D’autres se laissent tenter de temps en temps, comme si ces lectures étaient des friandises ou du sherry, mais certaines finissent par s’y adonner complètement et vivre dans ces contes tel un opiomane dans son rêve. (p. 263-264)
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« Pendant très longtemps le passé se détache de nous facilement et, selon toute apparence, automatiquement, parfaitement. Ce n'est pas tant que les scènes du passé disparaissent mais plutôt qu'elles perdent tout intérêt. Et puis il se produit un retournement, ce qui était terminé et réglé ressurgit, réclamant l'attention, réclamant même qu'on tente d'y remédier, alors que l'absence et l'impossibilité absolues et tout remède crèvent les yeux. »
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Je l'ai lu je ne sais combien de fois, mais je sais que la première, je me suis identifiée à Kittie, et après c'était à Anna - oh, c'était affreux, avec Anna, et maintenant, figure-toi, la dernière fois, j'ai découvert que je sympathisais tout le temps avec Dolly. Dolly quand elle va à la campagne, tu sais, avec tous ces enfants, et il faut qu'elle trouve comment faire la lessive, il y a cette histoire de baquets - je me dis que c'est comme ça que nos sympathies changent à mesure qu'on vieillit. La passion est reléguée derrière les baquets.
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Il n'était pas impossible que l'âge soit son allié, qu'il ferait d'elle quelqu'un qu'elle ne connaissait pas encore. Elle a vu cette expression sur le visage de certains vieillards -- échoués sur une île déserte qu'ils ont choisie le regard clair, satisfait.
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Les deux femmes n'étaient pas particulièrement amies mais il régnait entre elles une certaine entente cordiale concernant la disposition des cordes à linge.
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Je me rappelle avoir vu une lettre qui commençait par : Amie de ma jeunesse. J'ignore à qui elle était destinée: elles étaient toutes des amies de sa jeunesse. Je ne me souviens pas d'une seule commençant par Ma chère Flora, que j'admire tant. Je les regardais toujours, essayant de deviner à qui étaient adressées les quelques phrases qu'elle avait écrites. Démunie devant la tristesse, je m'impatientais devant le langage fleuri, cette sollicitation ouverte à l'amour et à la pitié. Elle en aurait davantage (de mon côté, je veux dire) si elle se savait se retirer avec dignité au lieu de chercher sans cesse à projeter son ombre blessée.
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Elle sait que le moment viendra où il se détournera d'elle comme ses frères l'ont fait, où il aura honte de son lien avec elle. Elle se dit que cela arrivera, mais comme tous les amoureux, elle ne peut y croire.
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Il y avait une chose en particulier que Joyce adorait voir pendant ce retour chez elle, quand elle s’engageait sur le chemin de leur domaine. A l’époque, beaucoup de gens, même certains des propriétaires de chaumines, installaient des portes-fenêtres à deux vantaux qu’on appelait portes patio – même si, comme Jon et Joyce, on n’avait pas de patio. On n’y mettait d’ordinaire pas de rideaux et le double rectangle de lumière semblait un signe ou une promesse de confort, de sécurité, et de plénitude retrouvée. Pourquoi les portes vitrées faisaient naître ce sentiment plus que les fenêtres ordinaires, Joyce n’aurait su le dire.
Peut-être parce que la plupart n’étaient pas seulement faites pour regarder vers l’extérieur, mais pour ouvrir directement sur l’obscurité de la forêt, et montrer sans détour le havre du foyer. Visions de gens en pied devant le fourneau ou la télé – scènes qui l’enchantaient même si elle savait qu’elles n’auraient rien d’extraordinaire vécues de l’intérieur.
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La beauté de Matilda, à l'origine de ces élucubrations, était typique du genre princesse captive. Cheveux longs châtains aux reflets mordorés, ondulés, flottant sur ses épaules, on les aurait qualifiés de blonds à l'époque qui précéda le règne des blondes artificielles les plus osées. Peau rose et blanche, grands yeux bleus tendre. "Le lait de l'humaine tendresse" était l'expression qui venait mystérieusement à l'esprit de Joan dès qu'elle pensait à Matilda, sa peau, sa beauté, bref tout en elle avait bien quelque chose de laiteux. de laiteux, de frais, de tendre. Et aussi quelque chose de stupide, peut-être. Un nuage de tendresse, un voile de stupidité n'estompent-ils pas les blonds attraits de ces princesses de conte de fées? Ne retrouve-t-on pas en elles un air de sacrifice involontaire, de bienveillance impuissante? Tout cela apparut chez Matilda vers douze ou treize ans. L'âge de Morris. Dans la salle de classe de Morris. Mais elle se débrouillait très bien là-bas, ce qui tendait à prouver qu'elle n'était pas du tout stupide. Elle avait la réputation d'être une championne en orthographe.
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Elle était en train d'apprendre, bien tard, ce que tant de gens autour d'elle savaient apparemment depuis l'enfance - que la vie peut être parfaitement satisfaisante sans grands accomplissements. Qu'elle peut déborder d'activites qui ne vous épuisent pas jusqu'aux moelles. Acquérir le nécessaire pour une existence confortablement nantie puis entreprendre une vie mondaine et publique pleine de distractions vous évitait totalement l'ennui et l'inaction, tout en vous donnant le sentiment d'avoir en définitive fait plaisir â tout le monde. Toute souffrance était inutile.
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Elle détestait le fait que, dans leur vie, ils n’étaient pas à l’abri de quoi que ce soit.
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