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Citations de Amos Oz (489)


Celui qui a envie de changer et qui aura le courage de le faire sera toujours considéré comme un traître par ceux qui ne sont pas capables d'évoluer, les poules mouillées qui ne comprennent pas et haïssent toute forme de nouveauté.
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En termes contemporains, c'était une sorte de Juif réformé. Non, fondamentaliste plutôt, pas dans le sens fanatique du terme, mais du retour aux sources, des fondamentaux. Il aspirait à débarrasser la religion juive de toutes ses ramifications, des rituels autosuffisants qui y étaient liés, les scories générées par les prêtres et amplifiées par les Pharisiens. Il était donc naturel que les autorités l'aient regardé comme leur ennemi.
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Pourquoi les malheurs des autres nous font-ils l'effet d'être tirés d'un roman à quatre sous, alors que les nôtres nous semblent si pathétiques ?
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L'homme persécuté, soit parce qu'il a incité les autres à le faire, soit parce que son imagination morbide conçoit des ennemis par légion, outre sa médiocrité, cet individu est moralement condamnable : la manie de le persécution est inique par essence. D'ailleurs, plus que n'importe qui, c'est à dire nous tous, cet homme connaîtra la souffrance, la solitude, les accidents, les maladies. Le méfiant est fatalement voué au malheur.
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Les jérémiades, c'était bon pour les filles, pensait-on en ce temps-là. Une mauviette inspirait le mépris, voire la répulsion, un peu comme une femme à barbe. Shmuel souffrait de sa faiblesse, qu'il s'efforçait de surmonter. En vain.
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"Chto s toboï ?! Vidich maltchik ryadom s namï ! Qu'est-ce qui te prend ?! Tu ne vois pas que le gosse est là !" s'emporta papa en russe, un jour que ma mère avait lâché par mégarde, en hébreu, le mot "étalon" en ma présence.
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Jérusalem est mienne, et pourtant elle m’est encore étrangère ; capturée, elle résiste toujours ; elle cède, mais elle se tient en retrait.
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Le soir. La pluie tombe sur les collines nues du désert. La craie, le silex et l'odeur de poussière mouillée après un été torride. L'envie me prend d'être ce que j'aurais été si j'avais su ce que tout le monde sait. Être avant la connaissance. Comme les collines. Comme une pierre à la surface de la lune. Posé là sans bouger, confiant en la longévité des livres.
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L’inconnu n’était pas un inconnu. Quelque chose dans son apparence repoussa et attira Alrich Zehik au premier regard, en admettant que ce fût effectivement le premier.
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Personne, disait ma mère, personne ne sait rien sur personne. Même pas son voisin. Même pas son conjoint. On ne sait rien. Et si l'on croit savoir malgré tout quelque chose, c'est encore pire, car il vaut mieux vivre dans l'ignorance que vivre dans l'erreur. Mais au fond, qui sait ? A la réflexion, il est peut-être beaucoup plus facile de vivre dans l'erreur que dans le noir. 
(page 267)
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- C'est reparti ! ... Encore un cœur brisé. La chenille qui s'amourache du papillon.
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En avril 1948, environ un mois avant le départ des Anglais [d’Israël], les Arabes s’entassèrent par dizaines de milliers sur une flottille de bateaux de pêche et d’embarcations de fortune, et s’enfuirent en masse au Liban. Jusqu’au dernier jour, les dirigeants juifs diffusaient encore des tracts pour les supplier de ne pas partir. Alors que, à Lod et dans plusieurs autres agglomérations, on ne les a pas priés de rester, au contraire, on les a assassinés ou expulsés. Les tracts n’eurent aucun effet, même à Haïfa, tellement les Arabes paniquaient : la rumeur courait que les Juifs avaient l’intention de les exterminer jusqu’au dernier comme ils avaient massacré les habitants du village arabe de Deir Yassin […]. Haïfa s’était pratiquement vidée de ses Arabes en une nuit.
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La plupart du temps, elle restait à la maison. Mais elle ne se croisait pas les bras pour autant, elle travaillait dur, avec efficacité et en silence. Jamais je ne l’ai entendue fredonner ou grommeler en s’activant. Elle cuisinait, pétrissait, lavait, elle faisait les courses, elle repassait, nettoyait, rangeait, pliait, lavait, étendait, ébouillantait. Mais une fois la maison parfaitement en ordre, la vaisselle faite, le linge soigneusement plié et placé dans l’armoire, maman se blottissait pour lire dans un coin. Détendue, la respiration douce et égale, elle s’installait pour lire sur le canapé. Les pieds ramenés sous elle, elle lisait. Le dos rond, le cou fléchi, les épaules relâchées, le corps pareil à une demi-lune, elle lisait. Le visage à moitié dissimulé derrière l’écran de ses cheveux noirs répandus sur la page, elle lisait.
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Amos Oz
Mon père prétend qu'il n'y avait pas d'alternative. Que la guerre d'indépendance de 1948 était totale, un combat à la vie, à la mort. C'était eux ou nous. Une guerre où se sont affrontées non pas deux armées, mais deux populations, rue contre rue, quartier contre quartier, fenêtre contre fenêtre. Dans ces guerres civiles, disait mon père, des nations entières sont déracinées. C'est partout pareil. Comme entre la Grèce et la Turquie. L'Inde et le Pakistan. La Pologne et la Tchécoslovaquie et l'Allemagne.
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Ignorer la durete de l’existence est à mon sens aussi stupide que sacrilège. Nous ne pouvons peut être rien y faire, mais ce n’est pas une raison pour ne pas en parler.
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Et comme, en plus la maîtresse n'avait pas réussi à se trouver un mari, on pensait qu'elle avait une araignée au plafond et des idées farfelues plein la tête, comme tous les solitaires.
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Ma position sioniste, depuis le départ, est très simple : nous ne sommes pas seuls sur cette terre. Nous ne sommes pas seuls à Jérusalem. Je dis la même chose à mes amis palestiniens : vous n'êtes pas seuls sur cette terre. L'autre face de l'alternative serait de diviser cette petite maison en deux appartements encore plus petits. Un logement pour deux familles. Si quelqu'un de part et d'autre de la barrière israélo-palestinienne déclarait : "c'est ma terre", il aurait raison. Mais s'il affirmait : "Cette terre, entre la méditerranée et le jourdain, est à moir et à moi seul", ce serait un homme assoiffé de sang.
p. 106-107
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Un jour qu'il touchait le fond du désespoir, Haim Weizmann déclara que l'Etat juif ne pourrait perdurer à cause d'une contradiction intrinsèque : s'il devient un Etat, il ne sera pas juif, et s'il est juif, il ne sera évidemment pas un Etat.
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toujours distrait, désarmant et plutôt attachant. pas coureur pour deux sous. pas frimeur non plus, ni collant, je crois d'ailleurs que vous ne vous aimez pas vraiment. encore une chose qui me plaît chez vous : tout est écrit sur votre front. vous êtes un enfant sans mystère.
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— Au fond, le baiser de Judas, le plus célèbre de l’histoire, n’était certainement pas celui d’un traître, poursuivit-il à mi-voix, comme s’il redoutait les oreilles indiscrètes. Les émissaires dépêchés par les prêtres pour arrêter Jésus à l’issue de la Cène n’avaient pas besoin que Judas leur désigne son maître. Quelques jours auparavant, en effet, Jésus avait fait irruption dans le Temple où, de colère, il avait renversé les tables des changeurs de monnaie au vu de tous. Du coup, la ville entière le connaissait. En outre, quand ils sont venus l’arrêter, il n’a pas essayé de s’enfuir et les a suivis sans opposer de résistance. La traîtrise de Judas ne s’est donc pas traduite par le baiser à Jésus à l’arrivée des geôliers. Sa traîtrise, si traîtrise il y a eu, s’est produite à la mort de Jésus sur la croix. C’est à ce moment-là que Judas a perdu la foi et le sens de sa vie.
Gershom Wald se pencha en avant.

— Dans toutes les langues que je connais, et même dans les autres, le nom de Judas est synonyme de traître et peut-être aussi de Juif. Pour des millions de Chrétiens lambda, tout Juif porte en lui le virus de la traîtrise. Lorsque j’étais jeune étudiant à Vilna, il y a cinquante ans, j’avais pris un jour le train pour Varsovie. Dans le wagon de seconde classe où je voyageais, j’étais assis en face de deux religieuses en habit noir et voile blanc immaculé. L’une était âgée, la mine austère, les hanches larges et le ventre proéminent, comme un homme. L’autre avec son visage doux et délicat avait l’air très jeune, presque une enfant. Avec ses grands yeux bleu clair, elle incarnait l’innocence, la piété et la pureté. Elle ressemblait à l’icône de la Madone dans une église de village. J’ai sorti de ma poche un journal en hébreu, je l’ai déplié et je m’y suis plongé. “Comment se fait-il que vous lisiez un journal juif, monsieur ?” a demandé la vieille dans un polonais châtié, d’un ton où se mêlaient la surprise et la déception. J’ai répondu du tac au tac que j’étais juif et que j’allais bientôt quitter la Pologne pour m’établir à Jérusalem. Sa compagne m’a fixé de son regard candide, mouillé de larmes. “Il était si bon, si bon, comment avez-vous pu Lui faire cela ?” m’a-t-elle reproché de sa voix douce et mélodieuse. Je me suis abstenu de répondre qu’au moment de la crucifixion, j’avais justement rendez-vous chez le dentiste. J’ai ravalé mes paroles. Vous devriez finir votre mémoire et peut-être publier un livre ou deux, l’un sur Judas et l’autre sur Jésus dans la tradition juive. Et pourquoi pas aussi Judas vu par les Juifs ?
Shmuel changea de position, il allongea sa jambe plâtrée avec précaution, tira un oreiller de dessous sa tête et le fourra entre ses genoux.

— Nathan Agmon, plus connu sous le nom de Nathan Bistritzky, a publié en 1921 un conte dramatique, une sorte de pièce de théâtre intitulée Jésus de Nazareth, dit-il. Le soir de la Cène, Judas revient de chez Caïphe, le grand prêtre, où il a appris que les autorités sacerdotales ont décidé que Jésus devait mourir. Judas implore Jésus de s’enfuir avec lui, cette nuit même. Le Jésus de Bistritzky refuse, alléguant que son âme est lasse et qu’il souhaite mourir. Il demande à Judas de l’aider. Il doit le trahir, affirmer qu’effectivement il prétend être le Messie ou le roi des Juifs. À ces mots, Judas “s’écarte de lui, avec horreur”, “il se tord nerveusement les mains” et interpelle Jésus : “Serpent... tu es un serpent déguisé en colombe.” Jésus réplique : “Dans ce cas, écrase-moi.” Judas l’apostrophe effrontément : “Arrête de jouer les petits saints”, et l’implore de ne pas lui imposer une mission aussi terrible. Jésus n’en démord pas : “Je t’ordonne de me livrer. Je veux mourir sur la croix.” Judas refuse. Il tourne les talons et s’éloigne dans l’intention de quitter la ville. Mais une force irrésistible le pousse à revenir sur ses pas. Il se prosterne devant son maître, lui baise les mains et les pieds, et accepte humblement la terrible tâche qui lui est imposée. En fait, le traître est un fidèle disciple : en livrant Jésus à ses ennemis, il ne fait qu’obéir à son maître. (45)
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