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Citations de André Breton (593)


Enfin voici que la tour du Manoir d'Ango saute, et que toute une neige de plumes, qui tombe de ses colombes, fond en touchant le sol de la grande cour naguère empierrée de débris de tuiles et maintenant couverte de sang !
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Il y a un message au lieu d'un lézard sous chaque pierre.
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AU REGARD DES DIVINITES

« Un peu avant minuit près du débarcadère,
Si une femme échevelée te suit n’y prends pas garde.
C’est l’azur. Tu n’as rien à craindre de l’azur.
Il y ayra un grand vase blond dans un arbre.
Le clocher du village des couleurs fondues
Te servira de point de repère. Prends ton temps,
Souviens-toi. Le geyser brun qui lance au ciel les pousses de fougère
Te salue ».
La lettre cachetée aux trois coins d’un poisson
Passait maintenant dans la lumière des faubourgs
Comme une enseigne de dompteur.(…)
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Je préfère, encore une fois, marcher la nuit à me croire celui qui marche dans le jour.
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J'envie (c'est une façon de parler) tout homme qui a le temps de préparer quelque chose comme un livre, qui, en étant venu à bout, trouve le moyen de s'intéresser au sort de cette chose ou au sort qu'après tout cette chose lui fait. Que ne me laisse-t-il croire que chemin faisant s'est présentée à lui au moins une véritable occasion d'y renoncer! Il aurait passé outre et l'on pourrait espérer qu'il nous fît l'honneur de dire pourquoi. Par ce que je puis être tenté d'entreprendre de longue haleine, je suis trop sûr de démériter de la vie telle que je l'aime et qu'elle s'offre : de la vie "à perdre haleine".
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André Breton
Prévert disposait du raccourci susceptible de nous rendre en un éclair toute la démarche sensible, rayonnante de l'enfance, et de pourvoir indéfiniment le réservoir de la révolte.
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Pendeloque du lustre central de la terre
Mon sablier de roses
Toi qui ne remonteras pas à la surface
Toi qui me regardes sans me voir dans les jardins de
la provocation pure
Toi qui m'envoies un baiser de la portière d'un train
qui fuit
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FEMME A LA BLONDE AISSELLE
COIFFANT SA CHEVELURE
A LA LUEUR DES ETOILES

Qu'y a-t-il entre cette cavité sans profondeur tant
la pente en est douce à croire que c'est sur elle que
s'est moulé le baiser, qu'y a-t-il entre elle et cette
savane déroulant imperturbablement au-dessus de
nous ses sphères de lucioles ? Qui sait, peut-être le
reflet des ramures du cerf dans l'eau troublée qu'il va
boire parmi les tournoiements en nappes du pollen
et l'amant luge tout doucement vers l'extase. Que
sous le pouvoir du peigne cette masse fluide, mûre-
ment brassée de sarrasin et d'avoine, tout au long
épinglée de décharges électriques, n'est pas plus
confondant dans sa chute le torrent qui bondit couleur
de rouille à chaque détour du parc du château de
Fougères aux treize tours par la grâce du geste qui
découvre et recouvre le nid sournoisement tramé
des vrilles de la clématite.
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FEMMES SUR LA PLAGE

Le sable dit au liège : "Comme le lit de sa plus belle
nuit je moule ses formes qui suspendent en leur centre
la navette de la mer. Je la flatte comme un chat, à
la démembrer vers tous ses pôles. Je la tourne vers
l'ambre, d'où fusent en tous sens les Broadways
électriques. Je la prends comme la balle au bond,
je l'étends sur un fil, j'évapore jusqu'à la dernière
bulle ses lingeries et, de ses membres jetés, je lui fais
faire la roue de la seule ivresse d'être. "Et le liège dit au sable : " Je suis la palette de son grain, je creuse
le même vertige à la caresse. Je l'abîme et je la sublime,
ainsi les yeux mi-clos jusqu'à l'effigie de la déité
immémoriale au long du sillage des pierres levées
et je vaux ce que pour son amant, la première fois
qu'elle s'abandonne, elle pèse dans ses bras."
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FERRETS DE LA REINE NOIRE

A l'autre extrémité de l'archet, le marché aux
poissons déroule ses fastes aux lueurs sidérales du
diodon, du coffre et de toute la gamme, du jaune
soufre au violet évêque par les plus hardies zébrures
les plus savants mouchetages, les plus capricieux
glaçages, de vrais poissons-paradis ardents comme
des gemmes. Ce qui confère à cette pauvre lucarne
en plein ciel son trouble caractère, c'est aussi que
viennent mourir à elle quelques étincelles du luxe
et du feu des grandes profondeurs. Sous l'étal miroi-
tant à l'infini, dans l'ombre s'amoncellent, gorgées
de roses rouges et roses, les conques vides de lambis
dans lesquelles fut sonnée la révolte noire très san-
glante de 1848.
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Un soir que je conduisais une automobile sur la route de Versailles à Paris, une femme à mon côté qui était Nadja, mais qui eût pu, n'est-ce pas, être toute autre, et même telle autre, son pied maintenant le mien pressé sur l'accélérateur, ses mains cherchant à se poser sur mes yeux, dans l'oubli que procure un baiser sans fin, voulait que nous n'existassions plus, sans doute à tout jamais, que l'un pour l'autre, qu'ainsi à toute allure nous nous portassions à la rencontre des beaux arbres. Quelle épreuve pour l'amour, en effet. Inutile d'ajouter que je n'accédai pas à ce désir. On sait où j'en étais alors, où, à ma connaissance, j'en ai presque toujours été avec Nadja. Je ne lui sais pas moins gré de m'avoir révélé, de façon terriblement saisissante, à quoi une reconnaissance commune de l'amour nous eût engagés à ce moment. Je me sens de moins en moins capable de résister à pareille tentation dans tous les cas. Je ne puis moins faire qu'en rendre grâces, dans ce dernier souvenir, à celle qui m'en a fait comprendre presque la nécessité. C'est à une puissance extrême de défi que certains êtres très rares qui peuvent les uns des autres tout attendre et tout craindre se reconnaîtront toujours.
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Ni dynamique ni statique, la beauté je la vois comme je t'ai vue.
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C’est comme si je m’étais perdu et qu’on vînt tout à coup me donner de mes nouvelles.
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Il s'émerveillait de voir que les chats avaient la peau percée de deux trous, précisément à la place des yeux.
Georg Christoph Lichtenberg (Aphorismes)
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[...] toute réclamation, toute protestation, tout mouvement d'intolérance n'aboutit qu'à vous faire taxer d'insociabilité (car, si paradoxal que ce soit, on vous demande encore dans ce domaine d'être sociable), ne sert qu'à la formation d'un nouveau symptôme contre vous, est de nature, non seulement à empêcher votre guérison si ailleurs elle devait survenir, mais encore à ne pas permettre que votre état demeure stationnaire et ne d'aggrave avec rapidité.
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- Il m'arrive de faire les cent pas pendant des heures entre deux numéros de maisons ou quatre arbres d'un square. Les promeneurs sourient de mon impatience, mais je n'attends personne.
- Je ne vous oublierai jamais.
- L'oubli comme le vent assemble les feuilles sur le pas des portes, puis les chasse.
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André Breton
La beauté sera convulsive ou ne sera pas
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Que pourraient bien attendre de l’expérience surréaliste ceux qui gardent quelque souci de la place qu’ils occuperont dans le monde ? En ce lieu mental d’où l’on ne peut plus entreprendre que pour soi-même une périlleuse mais, pensons-nous, une suprême reconnaissance, il ne saurait être question non plus d’attacher la moindre importance aux pas de ceux qui arrivent ou aux pas de ceux qui sortent, ces pas se produisant dans une région où, par définition, le surréalisme n’a pas d’oreille. On ne voudrait pas qu’il fût à la merci de l’humeur de tels ou tels hommes ; s’il déclare pouvoir, par ses méthodes propres, arracher la pensée à un servage toujours plus dur, la remettre sur la voie de la compréhension totale, la rendre à sa pureté originelle, c’est assez pour qu’on ne le juge que sur ce qu’il a fait et sur ce qui lui reste à faire pour tenir sa promesse.

Avant de procéder, toutefois, à la vérification de ces comptes, il importe de savoir à quelle sorte de vertus morales le surréalisme fait exactement appel puisque aussi bien il plonge ses racines dans la vie, et, non sans doute par hasard, dans la vie de ce temps, dès lors que je recharge cette vie d’anecdotes comme le ciel, le bruit d’une montre, le froid, un malaise, c’est-à-dire que je me reprends à en parler d’une manière vulgaire. Penser ces choses, tenir à un barreau quelconque de cette échelle dégradée, nul n’en est quitte à moins d’avoir franchi la dernière étape de l’ascétisme. C’est même du bouillonnement écœurant de ces représentations vides de sens que naît et s’entretient le désir de passer outre à l’insuffisante, à l’absurde distinction du beau et du laid, du vrai et du faux, du bien et du mal. Et, comme c’est du degré de résistance que cette idée de choix rencontre que dépend l’envol plus ou moins sûr de l’esprit vers un monde enfin habitable, on conçoit que le surréalisme n’ait pas craint de se faire un dogme de la révolte absolue, de l’insoumission totale, du sabotage en règle, et qu’il n’attende encore rien que de la violence.

L’acte surréaliste le plus simple consiste, revolvers aux poings, à descendre dans la rue et à tirer au hasard, tant qu’on peut, dans la foule. Qui n’a pas eu, au moins une fois, envie d’en finir de la sorte avec le petit système d’avilissement et de crétinisation en vigueur a sa place toute marquée dans cette foule, ventre à hauteur de canon. ("Second manifeste du surréalisme", 1930)
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L'éducation actuelle est entièrement défectueuse dans la mesure où, se disant positive, elle commence par abuser la confiance de l'enfant en lui donnant pour la vérité ce qui n'est ou qu'une apparence provisoire, ou qu'une hypothèse, quand ce n'est pas une contre-vérité manifeste; dans la mesure aussi où elle empêche l'enfant de se former en temps voulu une opinion par lui-même en lui imprimant à l'avance certains plis qui rendent sa liberté de jugement illusoire. Les faits mêmes que l'on lui présente comme vécus, dont on entreprend de meubler sa mémoire, qu'on donne en pâture à sa jeune exaltation, sont amplifiés, ou réduits, voire mêlés de fictions, à tout le moins offerts de façon tendancieuse pour les besoins d'une cause dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle n'est pas celle de l'homme, mais bien celle d'une certaine caste d'individus.
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La vie, comme la liberté, ce n'est que frappée, que partiellement ravie qu'elle s'instruit d'elle-même, qu'elle s'élève à la conscience totale de ses moyens et de ses ressources, qu'elle rayonne aussi de tout son éclat à d'autres yeux. Son triomphe est, à chaque instant, bouleversant et candide comme les fleurs qui, l'hiver passé, s'éveillent sur les décombres. Dans tes yeux il y a la première rosée de ces fleurs et tes lèvres ont avec les mots ces affinités en colliers d’irisation toujours nouvelle qui font le luxe des tourbillons. Et aussi tu es belle de cette beauté qui a toujours subjugué les hommes, de cette beauté qu'ils redoutent et honorent dans la personne d'Hélène, de cette beauté sur quoi la fatalité même s'acharne en vain, dont s'il en est besoin, la justification éternelle vis-à-vis des autres et d'elle-même doit tenir dans ces mots mystérieux : "Je suis Hélène". Et cette beauté, à tous ceux qui sont à même de la reconnaître, semble avoir donné sur toi des droits, en ce sens que tu n'étais pas plus libre de disparaître que de reparaître avec le masque de la souffrance ou de la lassitude, que tu continuais à devoir compte à la vie de tous tes feux. Il se peut que la beauté ne donne toute sa mesure qu'à ce prix. Un accent, et le plus somptueux de tous, lui fera toujours défaut si les circonstances lui épargnent d'être si durement trempée. Le haut de la montagne ne prend vraiment forme divine que dans la brume de ton regard, que par l'aile de l'aigle doré passant sur tes cheveux. Et je t'aime parce que l'air de la mer et celui de la montagne, confondus ici dans leur pureté originelle, ne sont pas plus exempts de miasmes et plus enivrants que ton âme où la plus grande rafale a passé, la confirmant solennellement et en toute rigueur dans sa disposition naturelle à tout résoudre,et, pour commencer, les menues difficultés de la vie, par l'effusion d'une générosité sans limites qui témoignerait à elle seule de ce que tu possèdes en propre: le sens absolu de la "grandeur".
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