AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de André Gide (1880)


Du moins est-il fâcheux que les jurés puissent être surpris par la décision de la Cour et penser : nous aurions voté différemment si nous avions pu prévoir que notre vote allait entraîner peine si forte – ou si légère.
Il faut dire surtout que les questions auxquelles le juré doit répondre sont posées de telle sorte qu'elles prennent souvent l'aspect de traquenards, et forcent le malheureux juré à voter contre la vérité pour obtenir ce qu'il estime la justice.
Commenter  J’apprécie          10
À Montpellier, le petit gars descend ; et sitôt qu'il est parti, la dame en deuil, qui cependant a achevé son repas et remet dans son panier le reste du saucisson et du pain :
"À voyager comme ça depuis le matin, il doit avoir faim, cet enfant !"
Commenter  J’apprécie          10
"Messieurs, dit-il, je suis désolé d'avoir à relever, sur la feuille que vous m'avez remise, un illogisme qui rend votre vote non valable (...), et qui va me forcer, à mon grand regret, de vous prier de retourner dans la salle de délibération (...). Vous votez : oui pour le recel ; non pour le vol. Pour qu'il y ait recel, il faut qu'il y ait eu vol. On ne peut pas receler le produit d'un vol qui n'a pas été commis."
Évidemment ; mais c'est cet illogisme apparent qui (...) nous plaisait. Nous pensions être libres de condamner qui nous voulions ; et condamner le receleur en acquittant le voleur, n'était-ce pas sous-entendre que nous estimions qu'il y avait eu recel de plus de marchandises que les vols en question n'en avaient apporté, recel d'autres denrées, du produit d'autres vols, dont le ministère public n'avait pas saisi les auteurs ?
Commenter  J’apprécie          10
Je resonge au récit que me fit jadis, au Havre, un rescapé de La Bourgogne : il était, lui, dans une barque avec je ne sais plus combien d'autres ; certains d'entre ceux-ci ramaient ; d'autres étaient très occupés, tout autour de la barque, à flanquer de grands coups d'aviron sur la tête et les mains de ceux, à demi noyés déjà, qui cherchaient à s'accrocher à la barque et imploraient qu'on les reprît ; ou bien, avec une petite hache, leur coupaient les poignets. On les renfonçait dans l'eau, car en cherchant les sauver on eût fait chavirer la barque pleine...
Oui ! le mieux c'est de ne pas tomber à l'eau. Après, si le ciel ne vous aide, c'est le diable pour s'en tirer !
Commenter  J’apprécie          10
— Pourquoi n'avez-vous pas voulu donner l'adresse de votre mère ?
Cordier ne répond pas.
— Alors vous refusez de nous dire pourquoi vous n'avez pas voulu donner l'adresse de votre mère ?
Hélas ! mon président, est-ce donc si difficile à comprendre ? ou n'admettez-vous pas que Cordier ait pu vouloir épargner une honte à sa mère ?
Commenter  J’apprécie          10
Je reparti pour mes cours, et le silence se referma sur cette demi confidence.
Commenter  J’apprécie          10
Mon âme entrait dans mes paroles.
Commenter  J’apprécie          10
Il serait beau de voir se refléchir le monde dans cette âme.

Goethe
Commenter  J’apprécie          10
"Eh bien, mon garçon, c'est pas bien ce que vous avez fait là ! [il a violé une petite fille]
— Je l'vois bien moi-même !
— Avez-vous quelque chose à ajouter ? Exprimez-vous des regrets ?
— Non, m'sieur le Président."
Il est évident pour moi que l'accusé n'a pas compris la seconde question, ou qu'il répond seulement à la première. N'empêche qu'une rumeur d'indignation parcourt le banc des jurés et déborde jusqu'au banc des avocats.
Commenter  J’apprécie          10
La pauvreté de l'homme est esclave ; pour manger elle accepte un travail sans plaisir ; tout travail qui n'est pas joyeux est lamentable, pensais-je, et je payais le repos de plusieurs. Je disais : - Ne travaille donc pas : ça t'ennuie. Je rêvais pour chacun ce loisir sans lequel ne peut s'épanouit aucune nouveauté, aucun vice, aucun art.
Commenter  J’apprécie          10
Que l'importance soit dans ton regard, non dans la chose regardée.
Commenter  J’apprécie          10
Et puis d'abord je ne suis pas malade ; ou si c'est être malade que de vous aimer, je préfère ne pas guérir.
Commenter  J’apprécie          10
Nos actes s’attachent à nous comme sa lueur au phosphore : ils font notre splendeur, il est vrai, mais ce n’est que d’après notre usure.
Commenter  J’apprécie          10
Crois-tu pouvoir, en cet instant précis, goûter la sensation puissante, complète, immédiate de la vie, - sans l'oubli de ce qui n'est pas elle ? L'habitude de ta pensée te gêne; tu vis dans le passé, dans le futur et tu ne perçois rien spontanément. Nous ne sommes rien, Murtil, que dans l'instantanéité de la vie; tout le passé s'y meurt avant que rien d'à venir y soit né. Instants! Tu comprendras, Myrtil, de quelle force est leur présence! car chaque instant de notre vie est essentiellement irremplaçable : sache parfois t'y concentrer uniquement.
Commenter  J’apprécie          10
Ainsi en advient-il des héros. Leur geste dure et, repris par la poésie, par les arts, devient un continu symbole. C'est là ce qui fait que tantale reste éternellement assoiffé, que Sisyphe roule sans cesse, vers un inatteignable sommet, la lourde pierre sans cesse retombante des soucis qui le tourmentaient, du temps qu'il était roi des Corinthe.
Car sache que, dans les Enfers, il n'est pas d'autre châtiment que de recommencer toujours le geste inachevé de sa vie.
Commenter  J’apprécie          10
Ce fil sera ton attachement au passé. Reviens à lui. Reviens à toi. Car rien ne part de rien, et c'est sur ton passé, sur ce que tu es à présent, que tout ce que tu seras prend appui.
Commenter  J’apprécie          10
Il y avait là-haut, dans une rue point très secrète, mais dans tel pli secret de la rue, un tout petit café... Je le vois. Au fond de ce café, en contre-bas, commençait une seconde pièce, étroite semblait-il, et prenant jour sur le café ; de la place où j'étais, on ne la voyait pas tout entière ; elle continuait en retrait. Parfois un Arabe y descendait, qui venait tout droit de la rue et que je ne voyais plus reparaître. Je suppose qu'au fond du réduit un escalier secret menait vers d'autres profondeurs...
Commenter  J’apprécie          10
Que serait le récit du bonheur ? Rien, que ce qui le prépare, puis ce qui le détruit, ne se raconte.
Commenter  J’apprécie          10
André Gide
André GIDE / Journal 1889-1939 / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
« Ce jeune musulman, élève de Massignon, qui vint un matin me parler et que j’envoyai à Marcel de
Coppet : avec des larmes, des sanglots dans la voix, il racontait sa conviction profonde : l’Islam seul était
en possession de la vérité qui pouvait apporter la paix au monde, résoudre les problèmes sociaux, concilier
les plus irréductibles antagonismes des nations... Berdiaeff réserve ce rôle à l’orthodoxie grecque.Demême
le catholique ou le juif, chacun à sa religion propre. C’est au nom de Dieu qu’on se battra. Et comment
en serait-il autrement, du moment que chaque religion prétend au monopole de la vérité révélée? Car il ne
s’agit plus ici de morale ; mais bien de révélation. C’est ainsi que les religions, chacune prétendant unir
tous les hommes, les divisent. Chacune prétend être la seule à posséder la Vérité. La raison est commune à
tous les hommes, et s’oppose à la religion, aux religions. »
< 14 avril 1933 p.1169 >
Commenter  J’apprécie          11
André Gide
Le plus grand mal est de mettre au monde un enfant destiné à être malheureux.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de André Gide Voir plus

Quiz Voir plus

André Gide

Né en ...

1869
1889
1909
1929

10 questions
107 lecteurs ont répondu
Thème : André GideCréer un quiz sur cet auteur

{* *}