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Critiques de Andreas Eschbach (365)
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Des milliards de tapis de cheveux

Grande admiratrice des romans d'Andreas Eschbach, je n'avais pas encore lu celui-ci, son premier, qui a lancé sa carrière... Et j'y ai découvert une nouvelle facette de l'auteur : nous sommes ici davantage dans le domaine de la fantasy que dans les univers de science-fiction assez proche de nous des romans suivants. Autre originalité à noter : l'absence d'un véritable héros, ou même d'un personnage principal. Dans la première partie du livre, l'auteur se contente de décrire, d'une manière assez brillante à mon avis, un univers très particulier, à petites touches, en adoptant le point de vue de différents personnages. On y découvre une caste, sur une planète mystérieuse, uniquement dédiée à la fabrication de tapis de cheveux. Les tisseurs de cheveux passent leur vie entière à fabriquer un tapis : ils se lient à plusieurs épouses, choisies pour la couleur de leur cheveux, tachent d'avoir de nombreuses filles, et un seul garçon pour prendre leur suite... Tout cela pour décorer le palais d'un mystérieux empereur. Un univers cruel et sans espoir, dont on découvre au fil des chapitres qu'il constitue le quotidien de toute une planète, entièrement asservie à la fabrication de tapis de cheveux.



Et puis l'intrigue change de dimension, avec l'irruption du space opera : on finira par découvrir la stupéfiante vérité sur les raisons de cette production de cheveux. Une découverte qui m'a coupé le souffle au dernier chapitre !



Un roman à découvrir donc, bien que la deuxième partie souffre de quelques maladresses de débutant.
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Des milliards de tapis de cheveux

Ce roman me faisait de l’œil depuis des années ; le Père Noël a souvent oublié de me l'apporter, et une fois que le Graal a rejoint ma bibliothèque, je l'ai laissé dormir un peu. Je ne l'ai sorti qu'il y a quelques jours, poussée par un élan irrépressible : il était temps de percer le mystère de ces tapis de cheveux!



    D'autant que la quatrième de couverture reste énigmatique : Nœud après nœud, jour après jour, toute une vie durant, ses mains répétaient les mêmes gestes, nouant et renouant sans cesse les fins cheveux, comme son père et le père de son père l'avait fait avant lui...



       Ce roman est d'une très belle densité, et qui dit densité, dit besoin de temps pour le lire et pour laisser l'univers se déployer pleinement. Il a donc le défaut de sa beauté : il m'a fallu un peu de temps pour rentrer dans l'histoire, et surtout pour appréhender réellement la complexité de ce qu'on me proposait. Le récit débute avec l'univers des tisseurs de tapis, une vie rude et ardue, mais marquée du sceau de l'admiration de tous. Chacun considère comme un honneur de tisser un tapis de cheveux pour l'Empereur, une tache sacrée dont il faut s'acquitter.  Nous sommes donc un peu déboussolés lorsqu'au détour d'un chapitre, nous comprenons qu'il y a un voyage dans l'espace, des hommes qui arrivent sur cette planète et découvrent ces mœurs étranges. Tout d'un coup, nous prenons conscience qu'il ne s'agit pas juste d'un monde différent, un pays avec des coutumes étonnantes, car en fait, tout un univers a été façonné. Plusieurs planètes sont explorées sous la plume de l'auteur, avec toujours un fil directeur, un point commun avec notre trame de départ : les tapis de cheveux. La seule chose, c'est que ce point commun est difficilement discernable. En vérité, nous ne comprenons vraiment l'ampleur du récit que dans les quarante dernières pages. Il y a donc là un véritable tour de force. Tout ce qui semblait décousu, étrange, inclassable dans cet univers, prend place dans ce puzzle géant et fait sens.



      Ce n'est qu'à la fin que nous réalisons l'horreur de l'Empire, l'atrocité de certains choix, la cruauté des dirigeants, la subtilité de l'Empereur Alexandr XI, mais aussi le drame d'un empire qui n'a pas su qu'il n'avait plus d'empereur. La Libération n'arrive qu'à la fin et brise des destins tout en en sauvant d'autres. Cela confère une dimension très paradoxale à l'oeuvre et aussi très humaine. Des personnages qui nous trouvions détestables s'humanisent lorsqu'ils s'autorisent à craquer, d'autres voient leur rêves voler en éclats, mais à chaque instant de chaque page, l'implacable mécanisme se met en place : les révélations, les horreurs de cet univers. Plus d'une vie a été étouffée, brisée par l'Empire à l'instar d'un joueur de flûte virtuose et de son maître, d'une femme amoureuse, d'un homme qui ne désirait qu'une chose : gagner le cœur de la femme aimée. La vie humaine est bafouée dans cet empire et parfois, ce qui se veut un honneur est en réalité la plus grande négation de l'humanité de l'artisan et de celui qui recevra le cadeau. Or, tout cela nous ne le ressentons que lorsque l'auteur nous livre enfin les clefs et cela fait l'effet d'une douche froide.



     Ce roman est à la fois la représentation de mondes, la représentation d'une tyrannie, la peinture des appétits des hommes et de leurs errances, et la quête de vérité et de justice, une enquête pour découvrir le fin mot de la fabrication des tapis de cheveux et leur destination. Plus d'un passage fait froid dans le dos, sans verser dans le sensationnalisme ou l'atroce. Ici, la cruauté humaine est d'autant plus terrible qu'elle se fait sournoise, usant de subtils stratagèmes et maquillant les crimes sous des dehors de probité et de respectabilité.



     Par contre, il est très dur de s'attacher aux personnages car il y en a une multitude et on ne les suit pas toujours sur une très longue période, mais le brio de la narration permet de largement dépasser cela et de trouver un autre bonheur à cette lecture.



       Ainsi, j'ai adoré ce roman. Il est dense, intense, patiemment construit, chaque détail est tissé avec une délicatesse rare pour former un motif qui ne nous est révélé qu'à la fin et qui éclate dans toute son horreur, nous laissant sidéré. Une très belle lecture douce - amer et un univers fabuleux : je recommande. 
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Des milliards de tapis de cheveux

« Le Bien n'est qu'une question de point de vue Anakin »



J'avais entendu parler de ce livre il y a quelques années. Puis de nouveau, tout récemment. Je ne le trouvais pas en poche ni autour de moi et j'ai attendu longtemps avant de pouvoir le lire. Ainsi, dans ma tête, un petit téléphone arabe s'était joliment instauré, je pensais lire une histoire de princesses-Rapunzel emprisonnées dans des harems pour seule fin d'en faire des tapis de cheveux.



Oui alors en fait ce n'est pas du tout ça.

Au début ça commence comme tout un tas de nouvelles imbriquées entre elles (dont j'ai eu beaucoup plus de mal à m'intéresser) (je ne suis pas friande du format « nouvelles »). Et puis très vite on a parlé d'Empire, d'Empereur défunt, de rebelles et d'une histoire plutôt stellaire. Mon cerveau n'a fait qu'un tour et Star Wars s'est invité pépère en toile de fond dans ma lecture (avec la musique du film et tout). Forcément Darth Vador devait grave se les cailler dans ses vêtements fins en polyester-mode-des-années-70, tout seul le soir dans ses appartements de son étoile noire. Alors des tapis de cheveux pour y poser ses petits pieds nus ou se lover en matant un DVD lui a semblé une bonne idée. Et puis ces connards de rebelles ont tout fait foirer, adieu weekends cocoon (mais hyper loosique) devant un bon feu de cheminée. Mais bon comme le reste de ses sujets vit, parsemé dans des milliards de planètes, en pyjama-kimonos crasseux sans radio, smartphone ni télé, le temps que la nouvelle fasse le tour, les pauvres bougres continuent de tisser des tapis.



Ce n'est bien sûr pas tout à fait ça non plus, mais mon intérêt, lui, a fait un bon immense quand on a abandonné la planète de Skywalker pour passer à une intrigue plus interplanétaire. C'est devenu grandiose, immense, abject et dégueulasse. Je regrette juste les détours qui ont permis d'en arriver là. Ça gâche un peu le final. Et l'attente.



[Bon point pour la préface qui non seulement ne spoile rien- miracle- mais est en plus très intéressante à lire]
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Des milliards de tapis de cheveux

Depuis sa prime jeunesse, Ostwan tisse, comme son père et les pères de son père avant lui, un tapis avec les cheveux de ses femmes. Il ira rejoindre dans le palais de l'empereur des milliards de tapis de cheveux...



En science-fiction, les ovnis sont monnaie courante, pourtant on est toujours surpris d'en croiser un. Car ce roman est un bel ovni. Il démarre comme un roman de fantasy, sur un monde primitif aux moeurs étranges. On suit à chaque chapitre un personnage différent, ce qui nous permet de découvrir les différentes facettes de cet univers et de dénouer, un à un, les fils du mystère. La construction du roman suit un dézoom vertigineux depuis le noeud d'un tapis jusqu'à la révélation d'un univers entier.



Nombre des tranches de vie dépeintes finissant mal, l'histoire prend une teinte assez sombre, illuminée par la plume poétique d'Andreas Eschbach. Au delà de l'absurdité apparente du postulat de départ, l'auteur développe une réflexion intéressante sur la religion, le conditionnement de l'esprit, le pouvoir et ses limites – ou son absence de limite.



Au premier chapitre, ce roman m'a intrigué, au dernier, il m'a surpris et tout le reste, il m'a transporté. Une très belle lecture.
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Des milliards de tapis de cheveux

Andreas Eschbach tisse son histoire comme une tapisserie. La forme au service du fond. Éblouissant, grandiose et cruel.

Du pouvoir, de l'asservissement des masses et de la lente déconstruction de ce qui a été gravé dans le marbre.



On entre de suite dans le coeur du sujet avec le premier chapitre qui présente l'univers via un tapissier. Une fin dès plus que glaçante qui donne envie d'en savoir plus sur cette coutume millénaire et ancestrale. Coutume ancrée au plus profond des habitants, vouant un culte à cet empereur lointain dont la mort signifierait la mort des étoiles elle même. Car l'Empereur est comme "dieu, comme le créateur et le gardien de l'univers", il est le "maître des éléments et des astres"



Au fil des chapitres dédiés chacun à un personnage et à un métier différent, nous prenons connaissance de ce monde, de ses coutumes, de sa structure sociale, de son histoire, le tout sans aucune lourdeur. Car ce roman n'est pas tout à fait un roman, tout en l'étant à la fois, il s'agit ici plus d'une succession de récit de vie tournant autour de ces fameux tapis de cheveux. Nous recroiserons parfois certains personnages au fil de l'intrigue. Mais quoi de plus naturel que cette construction qui fait le parallèle avec la fabrication d'un tapis, fil après fil. Les fils de la vie des personnages se mêlent, se démêlent et s’entremêle pour un final éblouissant et étourdissant.



L'écheveau de fil se résout peu à peu, mais amenant toujours des mystères jusqu'à la révélation finale. Qu'en est-il de cet empereur voulant couvrir son palais de ses fameux tapis de cheveux ? Pourquoi ce rite étrange courant depuis des millénaires.

L'émotion est présente dans le livre, les personnages ayant leur quotas d'histoires qui finissent souvent mal. Tel ce chapitre 14 : Le palais des larmes, une des révélations atroces de ce roman dont est tiré l'illustration de couverture de l'édition poche. D'autres chapitres sont poignants, contrebalancé, parfois, par de subtiles touches d'humour ou de dérision. Les thématiques tournent autour du pouvoir absolu et de son incidence sur la vie de celle qu'elle tend à gouverner, asservir. Politique, despotisme, religion, contrôle des masses et absurdité de la vie.

Certains récits feront penser à de la fantasy, d'autres sont résolument SF et le fantastique n'est parfois pas si éloigné. En bref, tous les lecteurs de l'imaginaire devraient y trouver leur compte.



Lors de la dernière page tournée, mon seul regret est le dernier chapitre, celui de la grande révélation finale. Pas sur le contenu, mais sur comment elle arrive. Mais rien qui ne doivent vous détourner de lire ce chef d'oeuvre. C'était ma deuxième lecture de ce texte et j'y ai pris tout autant de plaisir que quelques années auparavant.

Et lorsque l'on apprend qu'il s'agit du premier roman de l'auteur, on ne peut être qu'épaté.

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Des milliards de tapis de cheveux

SF atomisée !



La narration démarre très lentement et s'atomise en une multitude de courts récits qui pourraient être des nouvelles à part entière. Dans la progression de l'histoire, heureusement, le temps s'accélère jusqu'à la vitesse de libération à mi-récit et c'est en atteignant cette rapidité prodigieuse, de planètes en étoiles, d'étoiles en galaxies, qu'elle finit par contaminer le lecteur (moi en l'occurrence) qui n'a plus qu'une seule hâte : connaitre le fin mot de tout cela au point de commencer à sauter des lignes puis des paragraphes et enfin des pages entières...



Je n'attribue malgré tout que trois étoiles seulement car je trouve que le style n'est pas homogène et le passage de la structure originale choisie par l'auteur au banal space opera, même s'il dynamise l'action et relance l'intérêt, est une facilité qui gâche un peu l'oeuvre dans son ensemble.
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L'affaire Jésus

Et si ?

Une des questions majeures traitée par la science-fiction, notamment à travers la thématique du voyage dans le temps.

Certains auteurs en font une énième variation romanesque, d'autres tentent de nous emmener dans des contrées rarement explorées. Andreas Eschbach fait partie de ces derniers.

Un très bon roman mené tambour battant et de manière intelligente.



Dans son introduction, l'auteur nous prévient que nous ne sommes pas face à une suite pâlotte de Jésus Vidéo et qu'il est possible de les lire indépendamment l'un de l'autre. Difficile de lui donner tort après lecture. L'imbrication entre les deux tomes est stupéfiante et donne le vertige.



Les personnages nous sont proches. En quelques pages, il nous semble les connaitre depuis longtemps. J'étais les personnages, vivant comme eux leurs aventures.

Andreas est aussi un très bon vulgarisateur scientifique : en une page, il nous fait appréhender le fait que le voyage dans le temps est de fait un voyage dans l'espace ; de même, en quelques pages, le concept de physique quantique y est expliqué.



Assez rare de nos jours pour être souligné, l'auteur parle du fanatisme de la religion chrétienne, via le christianisme évangélique aux Etats Unis.

Religion et science, deux antagonismes qui s'imbriquent dans ce roman de différents points de vue. Les convictions personnelles s'effacent au prix de « contorsions sémantiques » : les voies du Seigneur étant impénétrables.

Il relance souvent l'intrigue, lui donnant un détour, nous menant sur de fausses pistes, en arrêtant certaines, en commençant d'autres. Difficile de s'ennuyer.



Le cadre posé est réel et réaliste. Tellement bien fait que lorsque des éléments science-fictifs surviennent, je me croyais en uchronie.

Un deuxième roman basé sur une intrigue initiale, mais explorant de nouvelles pistes.



Ce roman m'a bluffé, un véritable coup de coeur, pouvant être lu par des non adeptes de la science-fiction, comblant les autres.



Pour finir, une version électronique à 10 euros sans drm, un sans faute !
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Des milliards de tapis de cheveux

Haaaaa un excellent moment littéraire passé en ce doux mois d'Octobre !



Des milliards de tapis de cheveux est un ensemble de petites histoires où nous rencontrons un grand nombre de personnages qui, ensemble, tisse l’œuvre d'Andreas Eschbach (m'en souviendrais pas de ce nom, c'est certain!)



Nous débutons le livre avec la famille d'Ostvan. Ce dernier est un tisseur de tapis qu'il fabrique avec les cheveux de ses femmes et de ses filles.

Cette première histoire se termine de manière assez brutale mais qui nous met directement dans le bain de ce livre !



Nous poursuivons l'histoire à travers différentes castes peuplant cet étrange monde : les marchands, les prédicateurs, les marchandes ambulantes, les collecteurs d'impôts...

Nous apprenons alors à mieux connaître ce monde.

Nous apprenons que les tisseurs consacrent leur vie entière à tisser un tapis qui est ensuite envoyé à l'Empereur pour orner son palais.

Les gens qui vivent dans ce monde aiment l'Empereur plus que tout, l'aiment autant qu'un Dieu.



Puis, d'autres personnages interviennent qui nous narrent d'autres histoires.... pour nous offrir une fin époustouflante !



Quand j'ai lu ces quelques lignes :



J'ai su le pourquoi !

Et je ne peux dire qu'une seule chose à l'auteur : Oh merci !!! Quelle fin géniale !







Tout prend une cohésion logique tout à la fin du livre ! Un pur régal !



Réel coup de cœur !

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Des milliards de tapis de cheveux

Je dois le dire en préambule, je suis pas un amateur de nouvelles, c'est vraiment pas ma came.



Ce livre est composé de différentes nouvelles qui nous parle d'une planète ou tout un système est construit autour de la confection de tapis de en cheveux humains pour décorer le palais de l'empereur intergalactique....



Ce texte est basé sur le mystère, pourquoi des tapis de cheveux ?

L'auteur nous raconte en faite la mécanique derrière une dictature, nous fait ressentir l'absurdité du despotisme.



Ceux qui y croit, ceux qui tentent de se rebeller, les collaborateurs, ceux qui profitent pour avoir dû pouvoir....

Les réflexions sont profonde et riche, la dénonciation est nécessaire et intelligente.



Malgré tout ça, j'ai pas accroché, j'ai trouvé long et cérébrale, j'ai ressenti peut de choses pour les personnages.

Le début ma bien plus, puis j'ai trouvé un très grand ventre mou, je me suis ennuyé ferme.

Ce qui m'a fait tenir, c'est la résolution du mystère, pourquoi cette fabrication de tapis de cheveux ??

La dernière partie du roman à un regain d'intérêt et le dénouement est intéressant et j'ai pas regretter de mettre accroché.

Lecture intéressante indéniablement mais les problème de rythmes et le format nouvelles en fait pour moi un moment de lecture contracté.
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Des milliards de tapis de cheveux

Ce livre se présente comme une énigme, dont les éléments sont fournis au fil des chapitres, de façon apparemment décousue, mais ces éléments s’assemblent tous dans les dernières pages pour une révélation qui m’a laissé stupéfait. Du grand art !

Dans un monde post-apocalyptique, peuplé sur des centaines de galaxies, une corporation a pour tâche de tisser des tapis faits de cheveux humains. Les règles régissant la vie des tisseurs sont d’une rigueur extrême, et les tapis, collectés avec des précautions de sécurité draconiennes, sont considérés comme une marchandise infiniment précieuse. Mais à quoi servent-ils ? Sont-ils destinés, comme le dit l’opinion courante, à orner le palais de l’Empereur ? Peut-on concevoir un palais assez grand pour abriter les milliards de tapis confectionnés depuis des siècles ? Et d’ailleurs, comme l’affirme une rumeur qui commence à se propager en cachette, l’Empereur, qui règne depuis des siècles, serait-il … mort ? (Mais chut ! cette seule pensée est une hérésie !)

Le récit est composé de « tableaux » successifs, décrits dans des lieux et des époques différents, le plus souvent baignés d’une ambiance sinistre, comme la fin d’un univers. Les paysages sont gris et mornes, mornes et tristes aussi les habitants de ces mondes sur lesquelles semble peser un écrasant pouvoir. De nombreux personnages apparaissent, mais il n’y a pas à proprement parler de héros dans ce roman ; les figures ne sont là que pour illustrer une situation particulière, puis l’auteur les abandonne pour passer à un autre tableau. Il ne faut pas trop chercher, comme je l’ai fait au début, à mémoriser les protagonistes qui se succèdent.

En parallèle à l’énigme qui sert d’ossature au livre, l’auteur se livre à une réflexion sur le pouvoir, sur les moyens qu’utilise une dictature, et aussi sur la prolongation sans mesure de la vie humaine.

C’est à la fois de la science-fiction, de la fantasy, et surtout de la littérature-mystère, assez éloignée des autres productions d’Andreas Eschbach que j’ai déjà lues. Un livre un peu atypique, donc, mais que je recommande !

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Des milliards de tapis de cheveux

Tissé comme un tapis fait de vies humaines, de destins tous liés malgré eux, les chapitres se croisent ajoutant des nœuds qui solidifient le cadre dans lequel il repose afin d'achever une œuvre absurde. C'est un roman différent, une histoire à laquelle je ne m'attendais pas, une œuvre marquante mais cruelle.

Après une première partie où l'on suit des personnages aux rôles et aux métiers différents qui nous permettent d'entrevoir le système dans lequel les humains vivent, d'un monde simple à l'atmosphère médiévale où le poids de la religion et des traditions sont essentiels, on s'en éloigne peu à peu pour découvrir les pouvoirs politiques en place et les enjeux d'un monde résolument moderne et technologique à l'échelle galactique, le tout avec comme acteur principal le fameux tapis de cheveux dont la terrible raison d'être nous sera révélée bien sûr vers la fin. Et même avec une imagination foisonnante, difficile d'anticiper cette conclusion.



L'ensemble est très bien résumé par les chroniques précédant la mienne et je m'en tiendrai à mon avis brut. C'est un véritable coup de cœur et ce n'est pas forcément synonyme d'une note à 5 étoiles, car on peut avoir adoré un livre en tout point sans qu'il ne nous retourne complètement, mais ici le coup de cœur est littéral et fidèle à son appellation.

Avec son titre bizarre au possible qui m'a repoussé longtemps je vois aujourd'hui qu'il serait impossible de l'appeler autrement, d'ailleurs je trouve le titre anglophone "The carpet makers" plus approximatif. Passons sur tous les passages que l'on pourrait transposer avec l'histoire de l'humanité telle qu'on la connaît, c'est un livre qui fait réfléchir à plus d'un titre y compris d'un point de vue personnel. Il m'a un peu rappelé mon expérience avec les "Chroniques martiennes" de Bradbury, lorsqu'on se perd en pensées au milieu d'une page, d'une phrase sans même attendre la ponctuation, laisser son esprit divaguer avant de se rappeler qu'on a dans la main une histoire qui demande a être continuée.



Quand je suis sortie après l'avoir fini il faisait nuit, j'ai été surprise de voir des étoiles dans le ciel, et je me suis imaginée un ciel noir, sans étoiles et sans lune, je me suis demandée comment on pourrait vivre sous un ciel sans lumière.
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Des milliards de tapis de cheveux

Eh bien ! Voilà une lecture qui reste en mémoire. "Des milliards de tapis de cheveux" d'Andreas Eschbach, publié aux éditions l'atalanta, est le premier roman de l'auteur. Une prouesse étonnante au vue de la grande maîtrise de cette oeuvre atypique.



J'ai d'abord eu du mal à comprendre où souhaitait nous mener l'auteur. Le roman s'ouvre sur des scènes de la vie quotidienne, sur une planète lointaine où toute l'organisation sociale et économique repose sur la conception de tapis de cheveux par des Tisseurs. Une oeuvre qui demande un travail si fin que toute une vie est nécessaire pour la terminer. Les tapis sont destinés à orner le Palais de l'Empereur. Nous suivons donc différentes personnes dont la vie s'organise autour de cette activité, sans qu'il y est forcément d'autres fils rouges.



Ne vous méprenez pas. Découvrir les traditions liées aux tapis de cheveux n'est pas désagréable, loin de là, mais le début est assez loin des aventures intersidérales auxquelles je m'attendais. Il s'agit plus de petites histoires avec un lien ténu les unes avec les autres, comme une suite de courtes nouvelles, ce qui est déstabilisant compte tenu des échos du roman que j'ai eus.



Mais au fil des histoires, l'ensemble prend de la consistance. Comme si, en tissant, on avait commencé par un fil du récit pour en trouver d'autres. Rebelles. Aventuriers. Autres planètes. la totalité du Canva se dévoile pour dessiner un motif plus complexe qu'il n'y paraît autour d'une question épineuse : quelle est l'utilité de ces tapis ? Comment se fait-il que ce soit une activité aussi saugrenue qui ait été demandée par l'Empereur.



A travers la diversité des points de vue, il m'a semblé que le livre nous parlait avant tout de l'effet de la Grande Histoire sur les vies des personnes simples, mais aussi le contraire. Plus précisément, sur la façon dont les traditions se créent se forment se perpétuent alors même que leur origine est perdue ou cachée. Autant dire que la roman pousse beaucoup à s'interroger sur la place des rituels au sein des groupes sociaux, et par extension sur la façon de s'y conformer ou non. C'est aussi une réflexion qui nous invite à repenser à la façon dont l'histoire est écrite et interprétée, tout comme l'héritage et la mémoire.



J'y ai trouvé une science-fiction qui était plus centrée que l'aspect sociologique voire anthropologique. En effet, les tapis de cheveux sont une activité structurante qui pose les fondements de la société. La structure familiale en découle : les Tisseurs ont plusieurs femmes ainsi que des filles dont ils utilisent les cheveux pour leur ouvrage (on a donc une société inégalitaire). Un Tisseur n'a en revanche le droit qu'à un seul garçon, si deux mâles venaient à naître, l'un des deux doit mourir. Un monde cruel et déterministe. Les tapis de cheveux sont de plus destinés à l'Empereur, qui est l'épicentre de la société, un fonctionnement totalitaire et policier du culte de la personnalité se dessine en effet le long de l'histoire.



L'écriture est directe et très agréable. L'univers alterne entre monde médiéval difficile et parties plus spatiales, et l'ensemble offrait une belle immersion. On a l'impression parfois de lire un conte "Dans une galaxie fort lointaine", avec ses propres codes et ses propres légendes. Je ne sais pas si l'auteur a écrit des textes se situant dans le même univers, mais il offre de belle perspectives, à la façon du cycle de l'Ekumen d'Ursula Le Guin ou des contacteurs de Christian Léourier.



Si vous souhaitez une SF humaniste et sensible, Des milliards de tapis de cheveux est le genre de texte qui vous plaît. Ne vous arrêtez aux premières pages, le récit prend une belle tournure et propose des réflexions très belles sur la mémoire et les sens des traditions au sein d'un peuple. Souvent doux-amer, certaines parties sont très touchantes, car l'écriture simple permet de s'immerger totalement dans l'histoire.
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Jésus vidéo

Une histoire comme je les aime, bien construite, instructive, sans outrance et gratifiée d'une fin digne de ce nom, un point fort d'Andreas Eschbach.

Une intrigue bien construite car l'auteur prend son temps pour faire monter la pression, les personnages apportent chacun à leur façon une note essentielle à l'histoire, ils ont leurs défauts, leurs limites et leurs doutes, ils sont simplement humains et très crédibles. C'est un récit facile à apprécier car ici il n'y a pas de facilités ni de tours de passe passe, les "gentils" ont une morale que l'on pourrait trouver discutable quand les "méchants" somme toute ne sont pas si horribles que ça (enfin pas tous en fait).

Un récit instructif car on s'instruit un peu en matière d'archéologie, un peu en histoire biblique, et on aborde un peu la vie de Jésus sous un angle inhabituel et les questionnements sur la religion qui en découlent sont très intéressants.

Et puis il y a bien sur le thème du voyage dans le temps et ses paradoxes qui sont évoqués de façon compréhensible et passionnante, car par la force des choses on est forcément dans le théorique et les suppositions, j'ai aimé ces réflexions qui m'ont bien fait cogiter.

Un récit passionnant et une fin réussie à mon goût, même si elle est par certains de ses aspects prévisible, mais c'est justement parce que réussir une fin n'est pas si facile que j'ai particulièrement aimé ce livre.
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En panne sèche

Même la dernière goutte d’essence permet d’accélérer.

Rarement la première phrase d’un livre aura si bien reflété sa teneur, d’autant que le pavé en question compte tout de même 800 pages d’une rare qualité narrative, d’une singulière densité documentaire… Aussi inclassable que puissant, En Panne sèche aborde de front rien moins que la fin de notre monde… Ou, pour être plus exact, le douloureux passage d’une économie globalisée aveuglément basée sur le pétrole à une organisation sociale contrainte de se passer de toute énergie fossile.

Certes, on est en plein cœur d’un débat qui occupe le devant de l’actualité, mais dit comme cela, ce n’est pas très folichon, n’est-ce pas ? Détrompez-vous, la plume et la rigueur d’Andreas Eschbach sont là pour faire de ce projet démesuré un roman fleuve impétueux et impossible à quitter tant le courant y est vigoureux. S’il faut classer cette construction romanesque quelque part, parlons pour faire savant d’une uchronie, puisque le « présent » du livre est un avenir proche, donc fictif… mais articulé sur un passé bien réel, lui.

Comme souvent dans les grands romans, on entre en tâtonnant de l’orteil dans ce remous tumultueux où les personnages se multiplient, les situations se posent comme au hasard en des parages aussi divers qu’éloignés… et puis, posément, on entrevoit dans cette construction faussement hirsute un fil ténu, puis un autre, et un autre encore qui bientôt forment une trame serrée. De flash-back en projectives, c’est toute l’histoire et le devenir de la base industrielle de notre monde, au-delà même des civilisations et des cultures, qui se trouve embrassée au travers du destin indécis de Markus Westermann, jeune commercial allemand aux dents longues qui n’a qu’un rêve : réussir aux États-Unis, se plonger avec volupté dans les piscines de dollars du rêve américain.

De désenchantements en rencontres improbables, de hasards en dérives, de questions essoufflées en découvertes échevelées, le jeune homme découvre à la fois l’histoire de la découverte du pétrole, celle de sa fulgurante prépondérance dans une société industrielle naissante, celle des enjeux qui s’emparent d’une source limitée d’indispensable énergie, celles des impasses dans lesquels les appétits étatiques ou individuels vont mener l’humanité, celle des mensonges d’un aveuglement malade de sa crédulité.

Car — et Eschbach le montre avec brio — rien n’est plus paradoxal que cette industrie devenue un irréversible système global. Le pétrole est partout, des milliards d’individus s’en servent chaque jour, des millions en vivent, des milliers en ont fait leur spécialité et l’étudient dans ses moindres détails… et aucune industrie n’est plus secrète, plus dissimulée, plus menteuse surtout. Un fait qu’il rappelle en passant : alors que l’équilibre du monde repose sur l’or noir, l’OPEP n’a pas publié d’état des stocks depuis 1982. Personne n’est en mesure de dire avec exactitude quelle est notre espérance de vie pétrolière. On peut noyer ce poisson sous tous les litres de pétrodollars que l’on voudra, le fait est là : nous ne savons pas quand notre terme sera échu.

Mais Eschbach, talent rare, ne se laisse pas envahir par l’ampleur de son sujet. Il sait donner vie à une foule de personnages aussi vivants, contradictoires, possédés, faibles ou inébranlables que ceux que la vie fabrique dans son creuset de vicissitudes. Et bientôt on est avide de tourner la page, de passer le chapitre pour connaître le sort de celui-là, de celle-ci, que l’on a pas revu(e) — relu(e) — depuis trop longtemps…

Je suis sorti de ces 800 pages pantois et cyniquement conscient d’une réalité pourtant sous les yeux de tous. Une lecture qui raffermit deux convictions :

— La première est que nous nous trompons de combat : lutter contre le réchauffement climatique est une imbécillité, une chimère agitée sous les truffes des lévriers pour les faire courir. Si je le savais confusément par d’autres travaux personnels (la publication prochaine de La dernière Croisade de Véronique Anger, j’ai maintenant un peu plus de moyens pour l’argumenter. Vaincre l’addiction au pétrole est l’un des moyens de sortir d’une tragique impasse…

— La seconde — mais celle-ci n’est que confortée une fois de plus — est que le roman est une bien meilleure démonstration que les essais les plus sérieux. La force de l’émotion est un levier chaque fois plus puissant que les dogmes de la raison.

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Un don presque mortel



Un don presque mortel de Andreas Eschbach est un roman Jeunesse qui sans être de l’ampleur de l’Institut de Stephen King est tout de même agréable à lire. Une ado trouve chez elle un ado caché dans sa garde-robe qui s’est échappé d’un institut secret parce qu'il avait un don de télékinésie, ensemble ils vont fuir les méchants voilà l’histoire. Un bon roman ou le monde des adultes est l’ennemi.

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Jésus vidéo

Ayant reçue L'affaire Jésus, je me suis empressée de dévorer Jésus Vidéo afin d'être sûre d'avoir toutes les cartes en mains et surtout ne pas risque d'être spoilée accidentellement.



Que dire de cette lecture? C'est le type de lecture qu'on ne parvient plus à refermer une fois entamée qui à sortir la lampe torche caché sous les draps.

C'est le type de lecture qui fait appel à cet aventurier qui sommeille en nous près à suivre Jim Hawkins à la poursuite de l'île au trésor....



J'avais récemment lu Le cimetière des bateaux sans nom ou il y a aussi cet aspect de chasse au trésor des temps moderne et avait été déçue. Cette fois-ci je ressors transportée.





Le style tout d'abord est élégant et fluide, et ne laisse pas d’accros qui rendraient la lecture pénible.



Le rythme est quand à lui parfaitement maîtrisé. L'auteur distille les informations et retournement avec l'art d'un alchimiste. L'histoire est un immense puzzle dont chaque morceau vient à son heure, ni trop tôt, ni trop tard.



Le sujet est quand à lui aussi traité avec une grande finesse car il laisse une grande liberté d'interprétation. ce qui est réel ou de l'ordre de déformation et détournement des partis est volontairement tordu dans tout les sens jusqu'à la fin qui... que dire sans gâcher le plaisir? La boucle est bouclé et puis voilà tout. Le roman bien qu'ayant une suite, se suffit parfaitement à lu même.



A noter que certains passages sont un peu ... peu tendre à l'égard de l'église, donc je ne recommande pas ce livres aux cléricaux. Mais pour ma part agréant avec une bonne part des thèses... et bien cela ne m'a guère gênée. ^^



Niveau personnages, à mon avis l'auteur, de nationalité allemande, doit pas mal s'identifier avec le personnage de l'auteur allemand justement. :P

Par ailleurs celui-ci fait partie des personnages qui ont toute ma sympathie

- Stephen a un côté très "beau gosse" qui énerve un poil au début, mais à terme il murit un peu, et il a une flamme assez forte du moins pour être pardonner et pour qu'on prenne plaisir à la suivre.

- Judith est très courageuse et possède une force de caractère qui lui fait honneur.

Quant à son frère, en toute honnêteté, il a eu le malheur de devenir très second plan à mes yeux même s'il n'est pas non plus tout à fait terne pour autant.

- Le magnat américain Kaul à un côté un rien stéréotypé qui parle à mon antiaméricanisme primaire (qui est du reste assez minime et est en fait un surtout un anti-americano-centrisme )

- De même le prélat Inquisiteurs, parle à ma défiance naturelle à l’Église (due à une lecture abusive de roman historique se passant pendant les guerres de religions. )



Si je devais classer ce livre je serais bien en peine... un aspect thriller assez important très certainement. Mais aussi ce côté roman d'aventure avec des courses poursuite, des doubles jeux, espions etc.

Et bien entendu un aspect science-fiction avec la notion de voyage dans le temps qui est tout de même le pivot du livre...

Et enfin une bonne dose de sociétal et économique et plus particulièrement un côté politico-religieux qui vient parachever le tout en le classant définitivement dans les inclassables.



Ce qui fait que je résumerais mon classement à celui-ci:

Un livre à lire absolument.
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Des milliards de tapis de cheveux

Sur une lointaine planète, se déroule un rite ancestral, qui règle la vie des habitants de tous les villages : les hommes tissent, année après année, un tapis de cheveux, destiné à décorer le palais d’un Empereur que personne n’a jamais vu mais que tous vénèrent. Une fois le tapis terminé, il est vendu par le fils du tisseur, qui gagne ainsi de quoi acheter les matériaux pour son propre tapis. Il lui suffit ensuite de se choisir une femme, capable de lui apporter des filles : et voilà la matière première toute trouvée pour son tapis …



Siècle après siècle, les habitants de cette planète suivent ces règles, dont l’origine s’est perdue depuis longtemps, au point de tuer toute personne qui en vient à douter. Car « Le malheur s’empare de quiconque commence à douter de l’Empereur. ». Jusqu’au jour où un homme mystérieux venu d’une autre planète, apparaît et leur annonce que l’Empereur est mort depuis vingt ans. Sans compter qu’il a vu le palais de ce dernier, et qu’il n’y a jamais aperçu un seul tapis de cheveux …



« Produire des tapis de cheveux, telle était la sainte mission que l’Empereur avait confiée à ce monde ; mais, pour d’obscures raisons, la puissance qui avait soutenu cette mission semblait s’être éteinte. »



A travers des chapitres courts, presque des petites nouvelles, Andreas Eschbach nous dresse un univers insolite, inquiétant, en adoptant des points de vue différents à chaque fois. C’est un roman assez complexe, même s’il semble être basé sur une idée assez simple, qui anime tout le texte : à quoi servent ces tapis de cheveux ? Eschbach profite de cette question pour nous emmener aux confins de l’univers à la suite de différents personnages qui cherchent eux-mêmes cette réponse … jusqu’à la révélation ultime. Mais il vous faudra le lire et parvenir à la toute dernière page !



Eschbach est un des rares auteurs de fantasy allemande à avoir franchi les frontières de son pays : il est considéré comme l’un des écrivains majeurs dans ce genre. Et j’avoue que j’ai apprécié ce roman pour son originalité, et la manière de traiter l’idée originale. Malheureusement il n’échappe pas à quelques longueurs, ne serait-ce que parce que j’ai souvent attendu de retrouver les personnages du chapitre précédent, ce qui n’arrive pratiquement jamais … Une fois faite à l’idée que les chapitres sont indépendants, j’ai pu m’intéresser au système général dans lequel a voulu nous immerger Eschbach, et je suis admirative du résultat. C’est un bon roman de science-fiction / fantasy. Mais pas que. Car le fantastique, s’il est très présent, n’est en réalité là que pour se faire le héraut de l’idée de l’auteur : ses réflexions sur ce système totalitaire et planétaire, tout le mécanisme utilisé par l’Empereur pour parvenir à ses fins, tout ça démontre qu’Andreas Eschbach a voulu faire plus qu’un simple roman de divertissement.



Il me semble que c’est également un roman qui interroge sur l’absurdité de la condition humaine, se rapprochant des thèmes de prédilection de Kafka : tous ces tisseurs qui travaillent sans se poser de questions, sous l’égide d’un soi-disant grand ordonnateur qui en réalité a disparu depuis des dizaines de milliers d’années; tous ces hommes qui travaillent pour l’Empereur, accomplissant des ordres qui ont été donnés, et que l’on a oublié d’annuler …



Ce fut donc une expérience de lecture intéressante qui, si elle ne fut pas un coup de cœur, a été d’une grande qualité et m’a incité à me poser un certain nombre de questions. J’espère que mes copines du Club des Lectrices parviendront au bout de ce texte, même si elles n’aiment pas la fantasy : ne vous inquiétez pas, il y a bien plus dans ce roman ! Vous pouvez déjà aller lire l’avis de Lili Galipette, qui a apprécié cette lecture.



A noter : Eschbach a publié en 2001 un roman intitulé Kwest, qui se situe dans le même univers que Des milliards de tapis de cheveux, mais dans une temporalité différente …
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Kwest

Un récit d’aventures et d’exploration spatiale, par Andreas Eschbach, ça ne se refuse pas ! Ça se lit même très bien, même si le résultat n'est pas à la hauteur de mes espérances. Il faut dire qu'avec son chef-d'œuvre « Des milliards de tapis de cheveux », le prodige allemand n'a pas seulement retourné la science-fiction mondiale : il s'est lui-même placé la barre un peu trop haut peut-être pour le reste de sa carrière. Toujours est-il, j'avais trouvé L'or du Diable, ou encore Aquamarine, plus aboutis.





Le scénario n'est pas spécialement original dans ce sous-genre. Kwest m'a constamment rappelé « La nef des fous », de Richard Paul Russo. Une inspiration ? En tout cas les deux romans ont été publiés en 2001. Petite liste des points communs :

- Même sous-genre du space opera : récit d’aventures et d’exploration spatiale

- Un vaisseau, un équipage, du début à la fin

- Un peu de sense of wonder, un peu de planet opera.

- Exploitation de l'organisation sociale en castes au sein du vaisseau → dystopie

- Thème de la religion, de Dieu, avec questionnements existentiels.

- Un personnage central fortement handicapé.

- Linéarité de l'histoire.





Globalement, le roman de Russo, que j'ai encore bien en mémoire, m'a paru un ton au-dessus, sur à peu près tous les plans :



Il y a plus de « caractère » dans la Nef des fous. Le fait que le vaisseau du roman (l'Argonos) soit particulièrement travaillé n'y est sans doute pas étranger.



Plus de caractère aussi dans les personnages de la Nef des fous, lesquels pourtant ne m'avaient pas émerveillé.

Si je passe en revue ceux de Kwest :

- Le commandant Eftalan Kwest lui-même est présenté comme « imposant » par sa carrure et son autorité, mais le choix de l'affliger d'une grave maladie dégénérative dès le début (un clin d'œil au parcours de Stephen Hawking, dont la quête scientifique a certainement joué en faveur dans sa lutte contre la maladie ?), s'il est intéressant en soi, sape complètement la puissance qu'on attend d'un tel personnage. Kwest en impose (encore) mais on a du mal à se l'imaginer, malgré les efforts de l'auteur. La maladie de Kwest est du reste exploitée davantage comme l'alcoolisme du commandant de la Nef des fous que comme la difformité de son associé Bartolomeo Aguilera. Kwest est également présenté comme un héros de guerre notoirement intelligent. Autant l'intelligence de Bartolomeo est très bien rendue, autant celle de Kwest laisse quelques doutes...

- Rare personnage féminin, Valeena est la « première guérisseuse ». Dès le début, une aura de mystère l'entoure, elle aussi bien que ses pratiques. Ce n'est malheureusement pas exploité. Loin d'introduire une touche gore qui aurait pu titiller l'intérêt, son « art » se révèle finalement bien fade et répétitif. Quant à son rôle dans l'intrigue, il perd toute originalité dès lors qu'elle succombe aux charmes du mystérieux Smeeth : tout est alors dit.

- Seul personnage présentant un potentiel d'adversité, Smeeth cache si bien son jeu qu'on l'oublie un peu trop facilement.

Pour résumer, j'ai trouvé les personnages un peu fades.

Le jeune apprenti moine (Baïlan) est sympathique et joue un rôle de témoin (il pourrait être un narrateur).

Quant à la jeune plébéienne Millequatre, elle forme avec Baïlan la relation archétypale des héros des dystopies classiques : un homme plus ou moins naïf pris dans la société dystopique, et une jeune femme « hors système » dont la fonction est de lui ouvrir les yeux (et plus si affinité). Toujours ce même trope, incroyable :)



Du côté des péripéties, même chose : j'ai trouvé qu'elles manquaient cruellement de punch.

Deux exemples :

- Dans La Nef des fous, on a le droit à des conflits sérieux au sein du vaisseau, avec trahisons, complots et tout ! Dans Kwest, le poste de commandement est jalousé, disputé, mais ne soulève pas les foules ni ne verse le sang.

- Dans La Nef des fous, l'exploration de la planète plonge le récit dans un suspense macabre et oppressant. Dans Kwest, l'épisode des « limaces » m'avait fait espérer une montée de la tension avec peut-être du gore à la clé, mais finalement pscht ! Une pointe d'humour et tout retombe à plat...





Kwest est une aventure (une quête) qui à mon goût manque de force dans ses différentes composantes (les personnages, l'action, des chutes un peu faiblardes et un univers trop esquissé). Seul le sense of wonder est au rendez-vous, mais peut-être pas au niveau de ce que propose un Liu Cixin. Les évènements s'enchaînent dans une linéarité stricte. Et surtout une trop grande monotonie : on cible une planète, on rencontre (ou pas) une espèce intelligente qui nous aide (ou pas) dans notre quête, et on remet ça. On remet ça trois ou quatre fois, et le tour est joué (ou presque). Je schématise à peine.



Dit comme ça cela n'a pas l'air très attrayant, mais c'est sans compter :



- Le talent de conteur d'Escbach qui en fait bon roman malgré tout.

- Un premier tableau époustouflant (60 pages) qui sort complètement du lot.

- L'univers qui reprend celui des Milliards de tapis de cheveux, avec quelques références que je vous laisse découvrir.





Un mot sur le dénouement : son traitement « ouvert » ne m'a pas enthousiasmé. C'était prévisible avec une quête aussi existentielle (L'or du diable est similaire de ce point de vue), mais quelques auteurs ont fait mieux, comme Leafar Izen dans La marche du Levant.



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Des milliards de tapis de cheveux

Ce n'est pas un roman, c'est un ensemble de nouvelles unifiées par l'univers, à la manière des "Chroniques martiennes" de Ray Bradbury.

La première nouvelle nous fait entrer de plein pied dans le monde impitoyable des tisseurs de tapis de cheveux. A chaque nouvelle, on change de lieu, de personnage et de point de vue, mais toujours les récits font avancer l'histoire globale de ce monde, de cet univers au sens propre.

C'est de la SF sans en être. Bien sûr, il y a un fond de technologies avancées et de voyages stellaires, mais ce sont les relations humaines et la question existentielle de "pour quoi suis-je en vie ?" qui sont au cœur de chaque nouvelle, que ce soit les tisseurs, les rebelles, un joueur de flûte ou l'Empereur lui-même.

J'ai aimé aussi que l'auteur maintienne certains mystères. Nous n'avons pas besoin de toutes les réponses.

C'est un univers vraiment originale et stupéfiant.

Seul bémol, la nouvelle "Je te reverrai", point faible selon moi, car peu intéressante, trop classique et ne faisant pas réellement avancer l'histoire.

En tout cas, un recueil époustouflant que je recommande.
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Des milliards de tapis de cheveux

Andreas Eschbach est un des rares auteurs de SF allemand (voire de SFFF) à enchaîner les best-sellers. Son œuvre ayant principalement contribué à sa renommée est aussi curieusement sa plus singulière, un space opera aux allures de med-fan voire de conte cachant un récit philosophique quasi-nihiliste. C’est donc vers des abîmes d’exotisme mais aussi d’effroi que nous nous embarquons ce soir.

Dans un futur extrêmement lointain, différentes planètes à la périphérie d’un Empire galactique sont sélectionnées pour tisser des tapis avec des cheveux de femmes. Une pratique curieuse et d’autant plus incompréhensible qu’au fil des dizaines de millénaires personne n’ait jamais dit aux gens d’arrêter. Pourquoi une production aussi colossale ? Est-ce vraiment pour servir dignement l’empereur-dieu ? À quoi lui sert-il d’emmagasiner autant d’accessoires de décoration ? D’autant plus que le bruit commence à courir que l’Empire s’est effondré tandis que les tisseurs continuent imperturbablement leur tâche…

Derrière cette pratique mystérieuse se cache une interrogation métaphysique mine de rien profonde. Pourquoi continuer de suivre une tradition ? Jusqu’où pouvons-nous aller pour se montrer digne de nos ancêtres, quitte à y perdre notre humanité ? Que savons-nous vraiment du devoir sacré que nous pensons accomplir quand nous nous soumettons à un héritage millénaire ? La chute arrive, cruelle, mais se fait rattraper malgré tout par un épilogue porteur d’espoir.

Le tout est desservi par un worldbuilding surprenant mais cohérent. La planète sur laquelle nous passons près de la moitié du récit étant quasi-déconnectée du reste de l’Empire, elle a régressé à un stade de technologie presque médiéval (çà et là, quelques nantis peuvent se vanter de détenir encore un équivalent des objets du XXe siècle). Afin de ne pas perdre l’excellence requise pour un art nécessitant autant de patience (essayez de faire des nœuds à vos cheveux tombés, je peux vous dire que ça vous occupe pendant les repas de famille), le métier s’exerçant de père en fils exige de n’avoir qu’un enfant masculin, les surplus étant… évacués de manière assez radicale. Ce qui engendre logiquement une forte disproportion démographique hommes / femmes, autorisant ainsi la polygamie (c’est ainsi sur leurs différentes épouses que les tisseurs vont prélever leurs cheveux).

Mais là où le roman tient son coup de génie, c’est qu’il est construit à la manière des tapis dont il parle : un enchevêtrement de nouvelles, reliées entre elles par une trame commune. Non seulement c’est raccord avec l’objet principal du récit, mais surtout on a là une utilisation intelligente du format fix-up, habituellement utilisé par défaut pour empiler différentes nouvelles ayant un rapport entre elles et gagner un peu plus de succès en les vendant comme un roman.

Cependant, ce qui fait la force de l’histoire cause aussi sa faiblesse. L’exercice du fix-up est compliqué, même lorsqu’il est voulu, et pour garder sa cohérence, l’auteur est parfois obligé de faire se terminer des nouvelles-chapitres sans l’ombre d’une chute, voire en frisant la queue de poisson. Certains éléments restent dans le mystère malgré la résolution des questions les plus importantes. Le fil rouge semble se perdre par instant, empêchant de s’amuser pleinement à restituer les différentes pièces du puzzle. Enfin, la plume, sans être catastrophique, pourra laisser sur leur faim les plus blancheux d’entre vous. Je ne suis pas un grand expert en stylistique (j’ai considéré que Baxter avait une plume correcte jusqu’à ce que je tombe sur Singularité), mais ce sont de petites intuitions (un nombre relativement élevé de points d’exclamations, un saut de paragraphe peut-être superflu, des figures ou des phrases convenues) qui ont fait que durant au moins le premier tiers du livre je n’ai pas accroché au style d’Andreas Eschbach.

Des milliards de tapis de cheveux est donc un très bon livre, même si je n’irai pas jusqu’à dire qu’il est excellent. Il s’agit d’une curiosité d’autant plus grande que si les français connaissent bien leur Imaginaire et celui anglo-saxon, ils ne connaissent presque rien de celui du reste du monde. Et mon petit doigt me dit que ça fait une belle jambe à leur culture…
Lien : https://cestpourmaculture.wo..
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