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Critiques de Annie Ernaux (2624)
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La vie extérieure

Encore une fois, c’est réussi.

Ce texte est très méconnu du grand public alors qu’on vente souvent Une femme, La place, où l’événement qui sont des textes politiques, bien que la place de l’auto fiction est prépondérante. Ces textes ont le mérite de refléter au mieux la littérature D’A.E c’est à dire une écriture brève, brute, sèche, mais qui va au plus près de la réalité autobiographique et d’un pris parti politique.



Ce roman, n’est pas un roman au sens stricte. C’est un groupement de textes, des journaux, dans lesquels l’auteur décrit ce qu’elle voit. Là où j’ai été conquis c’est vraiment une description réaliste tout en émettant une conviction politique. Par exemple elle fait de nombreuses fois références au conflit Russo/ Ukrainien qui sévit dans les années 90 ( le récit ne se tenant que de 93 à 99 ). Elle dénonce en plus de cela la manière dont la France ne considère pas ces peuples et également les différents crimes effectués par L’URSS. C’est une contemplation de la société où le lecteur trouve ce que bon lui semble.



Le degré autobiographique est merveilleux et le texte se lit très vite. Je n’évoquerai pas le style car je pense qu’il est maintenant connu de tous et il demeure certain qu’il est magnifique. Elle nous renvoie à ce qu’elle fait de mieux dans cette phrase « Le récit est un besoin d’exister », exister par l’écriture, écrire pour exister c’est l’essence d’un écrivain et Annie Ernaux en demeure le parfait exemple.
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Le jeune homme

Texte extrêmement court, si court qu'il en est insipide. Annie Ernaux raconte brièvement son histoire (histoire est un bien grand mot) avec un homme plus jeune qu'elle. Oui, et alors ? Où veut-elle en venir ? Je n'ai pas accédé à la teneur de son roman si sommaire.

J'ai beaucoup apprécié certains de ses romans mais pas tous : avec les romans d'Annie Ernaux, ça passe ou ça casse.
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Se perdre

Après La place, Passion simple et L'autre fille, je continue de trouver l'écriture d'Annie Ernaux humainement et littérairement intéressante. Chez elle, aucune pose, aucune manière, on n'a pas affaire à une autrice qui joue à l'écrivain mais à quelqu'un qui se débat honnêtement, tragiquement et sans pudeur (!), avec elle-même et la vie : La place : comment on écrit ses parents sans les trahir, sans aliéner, effacer leur vérité si humble dans un « objet esthétique » (et du coup : c'est quoi « écrire » ?)? ; Passion simple : comment on aime un homme (ces rapports ravageurs, qui submergent, entre le sexe, la mort et le texte) ? ; L'autre fille : comment vivre et, même, comment être si on vit et si on est seulement parce qu'une sœur cachée est morte d'abord (écrire pour tenter de vivre et d'être malgré tout)?



Mais avec Se perdre, on a cette fois affaire à un journal intime, à la matière qui a servi à Passion simple et il s'agit d'une rumination incessante, douloureuse, affolante, qui se répète de page en page, d'une répétition interminable qui a fini par m'être indigeste, non pas qu'elle serait sans intérêt ou mal écrite, c'est tout le contraire, mais parce que, à mon sens, impropre à la « lecture »… Ces textes qui relatent un quotidien violent ne me semblent pas faits pour ça, ils sont plutôt un préalable à un ouvrage, son laboratoire expérimental. Et ma lecture s'est usée au contact du caractère trop « brut » ici encore de la forme diariste.

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Passion simple

Mitigée



J'adore l'écriture d'Annie Ernaux, cela doit être le 3e livre d'elle que je lis et je crains que ces bouquins tournent qu'autour des mêmes thèmes...

Bien que tout soit bien raconté, fluide et agréable à lire l'assujettissement de la femme amoureuse d'un homme désintéressé me dérange. J'admets que c'est le quotidien de certaines personnes mais bon, je peux pas dire que je sois adepte de la soumission amoureuse, ce qui n'est par ailleurs pas une preuve d'amour.
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La femme gelée

Annie Ernaux, je n'en lis pas souvent mais je me laisse à chaque fois porter par sa narration. Dans la femme gelée, Annie se penche sur son passé. Ses parents, différents des autres parents, se partagent les tâches ménagères. Elle veut en faire son modèle, elle s'émerveille des possibilités que lui offrent l'avenir mais très vite, elle sent les jugements des autres peser sur elle. Elle se laisse rattraper par les codes, sur comment être une femme. C'est la femme qui s'occupe du ménage, des enfants. La voix d'Elsa Lepoivre rend bien le ressentiment qu'Annie Ernaux a accumulé toutes ses années, la voix lourde et acerbe, on sent la fatigue d'être une femme et non pas quelqu'un.

Elle se raconte en tant que fille, jeune fille, femme puis mère. L'exaspération qui monte doucement, la fébrilité de la découverte remplacée par la colère sourde. L'énumération des moments, des tâches peut paraitre un peu monotone mais elle est presque nécessaire pour comprendre son ressentiment. Un roman glaçant pour une femme gelée.

#lafemmegelée #NetgalleyFrance
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L'autre fille

L’autre fille, est ma première rencontre avec Annie Ernaux ; et c’est une rencontre réussie.



Un roman autobiographique fort, qui a su me toucher. L’autrice s’adresse par le biais d’une lettre à cette sœur qu’elle n’a jamais connue, cette dernière étant décédée à l’âge de 6 ans, et ce deux ans avant la naissance d’Annie.

C’est par hasard, un dimanche, au détour d’une conversation qu’elle n’est pas censée écouter, entre sa mère et une cliente de l’épicerie que ses parents tiennent, qu’Annie découvrira l’existence de cette grande sœur cachée depuis 10 ans. Une conversation qui la marquera à tout jamais. Le choc de cette révélation, puis la compréhension de bien des éléments de sa vie de petite fille vu sous un prisme différent : celui de ne pas être à la hauteur de cette sœur disparue, d’être la remplaçante imparfaite.



Dans ce court récit, l’autrice livre ses sentiments ou son absence de sentiment vis à vis de cette sœur qu’elle n’a jamais connue, cette sœur tue et cachée par ses parents. Ce fantôme dont jamais ses parents n’oseront lui parler. Ce fantôme dont jamais elle n’osera non plus les questionner, mais qui pour autant l’accompagnera comme une ombre tout au long de sa vie.



Un immense secret de famille, de la douleur et un silence insupportable que personne ne souhaite rompre, un deuil impossible. Des sujets forts traités avec beaucoup d’humilité et d’introspection.



J’ai, tout au long de ma lecture été très touchée par cette petite fille grandissant dans l’ombre de cette grande sœur regrettée, qui a souffert, mais pour qui cette épreuve a aussi façonnée sa façon de voir la vie, une rage de vivre au ventre.



Une écriture poignante, des mots profonds, pas de fioritures.

Moi qui aime relever les citations dans mes lectures, j’ai ici été servie.



C’est avec plaisir que je découvrirais d’autres romans de la bibliographie d’Annie Ernaux.
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La femme gelée

J'ai découvert #Lafemmegelée de Annie Ernaux lu par Elsa Lepoivre grâce à #NetGalleyFrance et aux Éditions Gallimard Audio, que je remercie.



Annie Ernaux nous raconte l'histoire d'une jeune fille se muant lentement en femme, qui deviendra peut-être "mariée" puis "mère", comme si c'était une obligation pour le deuxième sexe... Son héroïne se raconte à la première personne, tentant de dépasser sa condition de "sexe faible" grâce aux mots, aux livres, aux études, à la philosophie... Est-ce l'histoire de l'autrice ?



C'est indéniablement bien écrit, travaillé sans trop l'être, accessible et littéraire à la fois. Malheureusement, je n'ai pas réussi à m'attacher aux confidences de l'héroïne, que j'ai trouvé trop lisse, fade malgré ses rêves d'originalité et d'émancipation. Peut-être est-ce une époque, un style, une ambiance qui ne touche pas ma sensibilité... Pourtant, les thèmes abordés m'intéressent : la féminité, l'émancipation des femmes, le statut de mère et le soi-disant "instinct" maternel, le patriarcat se dressant contre les rebellions féminines, etc etc etc... Je suis restée à distance... Sans savoir si c'est à cause du style de narration (monotone), ou de la narratrice (tout aussi monotone) : je me suis terriblement ennuyée, j'ai décroché plusieurs fois, du revenir en arrière pour ne pas perdre le fil...

J'ai découvert ce roman en version audio et j'ai beaucoup aimé la voix d'Elsa Lepoivre. L'intention, l'intonation et la diction sont juste parfaites, mais restent monotone, en totale harmonie avec ce que j'ai ressenti tout au long de cette écoute...



#Lafemmegelée #NetGalleyFrance
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La place

J'étais obligé de relire Annie Ernaux... Malgré un premier avis très mitigé, il m'était impossible de ne pas lire La Place.



D'abord parce que je me suis rendu compte que les conseils de ma professeur de sociologie (voir critique de la Honte, oui c'est une série à épisodes mon rapport à Ernaux) m'avaient peut-être aiguillé plutôt vers La Place comme ressemblant à mon parcours, ce qui expliquerait pourquoi je n'avais pas foncièrement compris ce qui m'était destiné dans La Honte. Ensuite parce que je donne au moins toujours deux chances à une auteure de m'alpaguer, et surtout quand c'est une lauréate Nobel. Alors Annie à nous deux...



En fait plutôt à nous trois, puisque le père d'Annie s'invite comme personnage principal du livre... Et même à nous quatre puisque le mien vient aussi pointer le bout de son nez, puisque je commence à comprendre que les conseils de l'époque visaient bien ce livre-ci. En effet, même si mon père n'a sans doute pas connu la pauvreté de celui d'Ernaux, même s'il ne s'est pas "trouvé" comme petit commerçant, il a eu en effet un parcours d'élévation sociale depuis le milieu de sa famille de corons des mines du Pas de Calais. Et il a vraiment souhaité que son fils continue la montée en réussissant ses études d'avocat pour franchir un nouveau pallier, comme celui qu'Annie atteint en devenant professeure d'université. Sauf que moi, je me suis empêché d'aller jusqu'au bout, pourtant très bien parti dans les études... et qu'en lisant Ernaux, je me demande s'il ne s'agit pas d'une sorte d'acte manqué destiné à ne pas avoir à renier mes propres origines.



En lisant certaines critiques d'Ernaux, j'ai pu voir que certains lui reprochaient sa dureté, ses jugements de ce père "inférieur socialement". A la lecture de ce livre, j'ai plutôt vu l'admiration d'une fille pour le parcours de son père, même s'il faut lire entre les lignes de cette écriture plate qu'elle revendique, mais qui me semble surtout destinée à éviter de voir surgir les émotions qui l'animent devant son histoire, effrayée par le courant dévastateur que cela emporterait en elle. La froideur est son mécanisme de défense, et j'ai senti du coup beaucoup de compassion pour elle. C'est finalement ce dédain bourgeois qu'on lui a inculqué qu'elle vient remettre en cause, regrettant de ne pouvoir voir ses parents et particulièrement son père avec la fierté qu'une fille aurait du avoir pour celui qui l'avait élevée, dans tous les sens du terme.



Je ne saurais jamais si en devenant avocat j'aurais eu plus de mal à accepter l'origine de mon père. Sa réussite personnelle est sans doute plus grande que celle du père d'Ernaux et aurait je l'espère empêché tout sentiment de supériorité. Je pense qu'au fond il a sans doute le regret que je n'ai pas abouti au rêve ultime de la réussite sociale... mais peut-être que je l'inciterais à lire Ernaux pour voir ce que nous avons gagné avec cet échec. Je suis totalement fier de mon père et des valeurs de travail, de solidarité, de bienveillance qu'il m'a inculqué... et qui font clairement de moi l'éducateur spécialisé que je suis devenu, sans doute plus soutenant qu'un avocat même si sans le prestige de la robe.
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Passion simple

Ma découverte de la plume d'Annie Ernaux. J'ai choisi ce livre 1 pour la renommée de l'auteur, 2 parce que c'était un livre court parfait pour les vacances de printemps, 3 à cause de son titre et de sa couverture évocateurs.

Ce fut en effet une lecture rapide et sympathique. Mais pas marquante ni inspirante, assez oubliable. Mention spéciale cependant : Annie Ernaux sait très bien décrire l'attente de l'être aimé, l'attente qui engloutit tout et qui rend tout fade. On pouvait percevoir son émotion.

Annie Ernaux a une belle plume; je pense cependant qu'il faut que je découvre ses autres romans pour comprendre son Nobel.

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La femme gelée

Je lis Annie Ernaux et j'entends Françoise Sagan. Question d'époque bien sûr. Et de rythme aussi. Une génération me sépare d'A. Ernaux, mais je me souviens très bien des journaux télévisés enchaînant Libération de la Femme et Salon des Arts ménagers. Je ne voyais alors pas la contradiction. C'était aussi l'époque des interviews d'écrivaines, cigarette aux lèvres, chemisier col pelle à tarte, dans des cafés parisiens. Sagan, donc. Ses mots qui se bousculent. Je disais La Mitraillette. Là non plus je ne comprenais pas. Je retrouve chez Ernaux ce trop-plein, les émotions qui débordent, la colère à peine rentrée. Elle, maintenant je la comprends, la démonstration est claire : le gel est systémique, la femme emprisonnée l'est de chacun et d'elle-même. Oui, une génération d'écart mais tous ces personnages de la Femme gelée je les ai croisés - on les croise encore - les vieilles filles, les ménagères, les machos qui s'ignorent, tous... Malgré la pertinence du propos restent deux points qui m'indisposent :  j'ai toujours du mal à souscrire à ce qui s'apparente au déterminisme. D'autant que la théorie se dilue dans la répétition au fil des pages.
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Une Femme

C'est un très beau livre. Quand j'ai commencé à le lire le style m'a fait penser à l'étranger d'Albert Camus. En tout cas je l'ai lu de la même façon, j'avais la même mélodie de lecture en tête.

Il n'est pas facile de parler de ses parents, ici de sa mère. Raconter sa vie mais aussi tout ce qui nous lie à elle... tous les regards, les émotions, les mots que l'on ne prononce pas, tout ce que l'on ressent au plus profond de soi.

Annie Ernaux y réussi magnifiquement.

Qu'il est douloureux de voir un parent se dégrader, ne plus nous reconnaître...mais on s'accroche jusqu'au bout. C'est un très bel hommage à sa maman.
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Passion simple

Roman autosociobiographique écrit par Annie Ernaux ou mon propre journal de celle que j’étais il y a 3 ans, il est difficile pour moi de faire la part des choses. Si bien souvent l’autrice nous habitue à l’introspection personnelle sans vraiment nous y inviter, j’ai vécue la mienne à travers ce livre. Relatant les dommages collatéraux d’une passion qui se termine brusquement et sans jour précis, l’attente devient l’élément qui mène la vie de celui ou celle qui la perdu. Elle décrit sans détours qu’un chagrin d’amour peut changer un être humain jusqu’à sa méconnaissance personnelle. Se retrouver, voilà ce qui prouve la cicatrisation de cet perte amoureuse, et Annie Ernaux le peint parfaitement.
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La femme gelée

Troisième lecture d'Annie Ernaux, et enfin LA rencontre que j'attendais avec la Prix Nobel 2022. J'avais apprécié La place et Mémoire de fille, mais il m'avait les deux fois manqué quelque chose, un regard moins autocentré, plus universel, que j'ai enfin découvert pleinement avec La femme gelée.



Cette femme gelée, qui doit mettre en parenthèses, société patriarcale oblige, une partie de sa vie pour correspondre aux carcans d'une société où la Femme, en cette fin des années 1960, doit d'abord s'accomplir en tant qu'épouse et mère.



Quelle incroyable analyse chirurgicale, rêche, éminemment lucide, du passé, qui remonte aux grands-mères normandes, qui s'arrête sur les parents au mode de vie si marginal en leur temps - égalité des tâches en lien avec le fait de tenir un bar épicerie à deux -, qui s'attarde sur le conditionnement féminin, dès l'adolescence, de la future jeune femme, lui faisant revoir les priorités guidées par son éducation, du moins les priorités que lui dicte son entourage hors parental, qui mène à la conclusion inéluctable du mariage et de l'enfant, et, ensuite, seulement, à une part d'épanouissement personnel en l'obtention du CAPES de lettres, épanouissement de courte durée, puisqu'il sous-entend une nouvelle charge mentale en ajoutant une nouvelle casquette à celle d'épouse ménagère et de mère.



Du personnel à l'universel, il n'y a qu'un pas, souvent franchi en un rapprochement d'avec les autres femmes, les amies du collège, du lycée, de la fac, celles croisées dans la rue, dans les parcs, les grandes surfaces... Rapprochement qui mène à réfléchir à sa propre condition en même temps qu'à celle de toutes, en un regard rétrospectif parfois mordant, parfois même cynique, parfois plus simplement désabusé.



Une lecture que je n'oublierai pas de sitôt, encore terriblement actuelle, même si les choses évoluent, toujours trop peu.



Je remercie les éditions NetGalley et Gallimard Audio de m'en avoir permis la découverte grâce à la lecture parfaitement adaptée, tant au fond qu'à la forme, d'Elsa Lepoivre.
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Le jeune homme

A la cinquantaine, la narratrice (l'auteur) a eu une liaison avec un jeune homme qui avait la moitié de son âge.



Il a quitté sa copine pour elle et ils ont vécu quelques mois ensemble, partant en vacances à la plage, se tenant la main au restaurant, faisant fi des regards qui les dévisageaient. 



Les cougars n'étaient pas légion en cette fin du XXème siècle.



Cette période a permis à la narratrice de revoir des lieux de ses années étudiantes et de revivre en pensée des moments de cette époque, ce qui a permis de nourrir son œuvre en lui permettant l'écriture d'un de ses romans les plus forts.



Très court roman ou longue nouvelle ... 48 pages seulement paru quelques mois avant l'obtention du Prix Nobel 



Un peu trop court  pour moi cependant,  je suis restée sur ma faim ! 
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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La femme gelée

R͓̽é͓̽s͓̽u͓̽m͓̽é͓̽ :

Annie est enfant unique d'un couple atypique à leur époque. Les deux parents travaillent et le père participe aux tâches ménagères.

C'est à leurs côtés qu'elle se forge l'image du couple.

En grandissant, Annie découvre que ce modèle ne correspond pas à la norme.

Jeune fille, elle confie ses élans amoureux et envies quant au couple et à la sexualité.

Les attentes de la société vis à vis des femmes et son projet professionnel ne sont pas compatibles.

Elle va tenir jusqu'à ce qu'elle s'engage dans le mariage un peu à la rigolade.

Mais la suite ce sont les contraintes de la femme mariée, la charge de l'entretien du logement et de la cuisine. Puis le premier enfant qui ajoute de nouvelles chaînes et accapare son temps. Enfin, le deuxième enfant.

Annie est totalement dans le standard de la société maintenant.



A͓̽v͓̽i͓̽s͓̽ :

Je connaissais déjà la plume d'Annie Ernaux, l'intérêt pour moi était de découvrir comment Elsa Lepoivre allait se saisir de ce style et parvenir à le faire vivre.



C'est vraiment réussi. J'ai aimé son débit lent mais pas ennuyeux. La lecture n'est pas monotone bien qu'il y ait vraiment très peu de dialogues et d'action.

Elle met très en valeur le vocabulaire et les expressions propres à l'autrice.



J'estime que c'est un tour de force car les livres d'Annie Ernaux sont très intimes et il est donc périlleux de s'approprier ce vécu.



Sur le fond, j'ai pu me retrouver dans plusieurs passages du roman bien que ma situation personnelle soit différente. J'aime la manière dont l'autrice évoque son époque qui correspond à elle qu'à connu ma grand mère et me permet de mieux comprendre certaines de ses représentations.



Un bon moment d'écoute.

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L'événement

Court livre qui reflète la société de l'époque (les années 60 avant l'adoption de la loi Veil) et le parcours difficile (c'est peu dire !) de cette jeune femme qu'est Annie Ernaux. Elle est enceinte mais elle ne veut pas de ce bébé. Elle veut poursuivre ses études. Elle est prête à tout, même à risquer sa vie. On voit bien les difficultés qu'elle rencontre et que son problème est vraiment le sien et non celui de son compagnon. C'est sordide. Les propos sont bruts et difficiles mais décrivent une réalité ; c'est presque un petit documentaire. Pas le temps de culpabiliser ; le temps est compté ; il faut être déterminée. La scène de l'avortement est horrible et glaçante. Pas facile ce livre. Pas facile de raconter cela avec une telle sincérité Mme Ernaux.
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Annie Ernaux tient un journal des visites qu’elle rend à sa mère,Blanche Duchesne qui est hospitalisée en long séjour dans « la maison de retraite de l’hôpital » de décembre 1984 à 1986.

Anni Ernaud décrit son impuissance face à la dégradation du corps et de l’esprit de sa mère. Elle « préfère la voir folle et vivante plutôt que morte ».

Elle écrit les incohérences, les odeurs, le sentiment de culpabilité qu’elle a face à la déchéance de sa mère, « l’immense douleur de voir sa vie finir ainsi », les mots qui restent en suspend , ses souvenirs.

C’est aussi un livre sur le début du deuil.

« Je ne suis pas sortie de ma nuit » est la dernière phrase que sa mère a écrit c’est pour cela que le titre a des guillemets.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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La femme gelée

J'ai adoré ce livre ! J'avais pourtant avoir eu beaucoup de mal au départ, pour une raison assez simple. La bonne première moitié du livre ne correspond pas au résumé. A la lecture du résumé, on s'attend à une histoire de couple, à une fiction.

Le livre raconte en fait le mariage de l'autrice. Mais pour comprendre ce mariage, ce dans quoi il va l'enfermer, elle raconte durement la moitié du livre son éducation. Elle décrit la relation à ses parents, qui l'ont encouragé à s'éduquer, même si elle était une fille, l'ont encouragé à lire et à continuer ses études. Elle parle de ses attentes en tant que jeune femme pour son avenir. Et puis la déception du mariage. le mari qui s'attend à ce qu'elle cuisine, même si tous les deux sont étudiants. Le mari qui le soir rentre épuisé de la journée de travail, veut une maison propre, un repas chaud et un enfant qui ne pleure pas. Un mari qui part au ciné parce que ça ne sert à rien d'être deux à garder l'enfant...

J'ai trouvé ce livre très très intéressant, avec un style très direct, très incisif.

J'ai écouté ce livre, il s'y prête très bien.
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Mémoire de fille

Ceux qui critiquent l’œuvre exigeant d’Annie Ernaux de la résumer en 5 pages, sont passés à côté de l’intention du roman. C’est précisément parce que l’autrice tire le fil de la pelote d’un événement rapide, violent, malheureusement banal, et en tricote un récit initiatique sur sa vie, sa construction, qui en fait une œuvre d’art, à mon sens. Doubler une réflexion sociologique à propos d’une époque pas si lointaine que ma grand-mère a connu d’une prose efficace et imagée, c’est ce que j’attends des romans de notre prix Nobel.
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La place

C'est un « drôle » d'hommage qu'Annie Ernaux rend à son père. Je devrais plutôt un étrange hommage…

Ouvrier d'abord, puis à force d'efforts, d'économies, devenu petit commerçant, cet homme du peuple a en quelque sorte réussi puisque lui et sa petite famille, à savoir sa femme et sa fille, n'ont jamais manqué de rien.

Certes il ne lit pas de romans, ne va pas au musée, écoute la radio dans son petit café et s'il ne sourit jamais sur les photos, c'était un homme gai qui aimait rire, faire rire, chanter.

Il a conscience de ses lacunes en terme d'instruction et est mal à l'aise quand il doit côtoyer des personnes plutôt bourgeoises ou disposant d'un statut supérieur au sien. Mais enfin, qui n'a jamais ressenti parfois ce petit malaise de ne pas être à la hauteur de son interlocuteur.

J'ai été gênée par cette lecture.

Je l'ai déjà dit, je pensais à un hommage et je l'ai reçu comme un compte-rendu d'observations détachées faites par Annie enfant puis ado, avec un regard dénué de la moindre bienveillance, froid, avec même un sentiment de plus en plus affirmé de sa supériorité face à l'écart croissant qui s'installe entre elle instruite et lui qui ne l'est pas.

Et pourtant, entre les lignes, de temps en temps, il y a des réminiscences de bons moments passés avec cet homme foncièrement honnête, travailleur, joyeux.

Je ne sais plus trop quoi penser de ce texte car il faut quand même une sacrée honnêteté pour révéler ainsi des sentiments si peu amènes.

Enfin de sentiments. Non. Il n'y en a pas d'exprimés.

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