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Critiques de Annie Ernaux (2608)
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Annie Ernaux tient un journal des visites qu’elle rend à sa mère,Blanche Duchesne qui est hospitalisée en long séjour dans « la maison de retraite de l’hôpital » de décembre 1984 à 1986.

Anni Ernaud décrit son impuissance face à la dégradation du corps et de l’esprit de sa mère. Elle « préfère la voir folle et vivante plutôt que morte ».

Elle écrit les incohérences, les odeurs, le sentiment de culpabilité qu’elle a face à la déchéance de sa mère, « l’immense douleur de voir sa vie finir ainsi », les mots qui restent en suspend , ses souvenirs.

C’est aussi un livre sur le début du deuil.

« Je ne suis pas sortie de ma nuit » est la dernière phrase que sa mère a écrit c’est pour cela que le titre a des guillemets.
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La femme gelée

J'ai adoré ce livre ! J'avais pourtant avoir eu beaucoup de mal au départ, pour une raison assez simple. La bonne première moitié du livre ne correspond pas au résumé. A la lecture du résumé, on s'attend à une histoire de couple, à une fiction.

Le livre raconte en fait le mariage de l'autrice. Mais pour comprendre ce mariage, ce dans quoi il va l'enfermer, elle raconte durement la moitié du livre son éducation. Elle décrit la relation à ses parents, qui l'ont encouragé à s'éduquer, même si elle était une fille, l'ont encouragé à lire et à continuer ses études. Elle parle de ses attentes en tant que jeune femme pour son avenir. Et puis la déception du mariage. le mari qui s'attend à ce qu'elle cuisine, même si tous les deux sont étudiants. Le mari qui le soir rentre épuisé de la journée de travail, veut une maison propre, un repas chaud et un enfant qui ne pleure pas. Un mari qui part au ciné parce que ça ne sert à rien d'être deux à garder l'enfant...

J'ai trouvé ce livre très très intéressant, avec un style très direct, très incisif.

J'ai écouté ce livre, il s'y prête très bien.
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Mémoire de fille

Ceux qui critiquent l’œuvre exigeant d’Annie Ernaux de la résumer en 5 pages, sont passés à côté de l’intention du roman. C’est précisément parce que l’autrice tire le fil de la pelote d’un événement rapide, violent, malheureusement banal, et en tricote un récit initiatique sur sa vie, sa construction, qui en fait une œuvre d’art, à mon sens. Doubler une réflexion sociologique à propos d’une époque pas si lointaine que ma grand-mère a connu d’une prose efficace et imagée, c’est ce que j’attends des romans de notre prix Nobel.
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La place

C'est un « drôle » d'hommage qu'Annie Ernaux rend à son père. Je devrais plutôt un étrange hommage…

Ouvrier d'abord, puis à force d'efforts, d'économies, devenu petit commerçant, cet homme du peuple a en quelque sorte réussi puisque lui et sa petite famille, à savoir sa femme et sa fille, n'ont jamais manqué de rien.

Certes il ne lit pas de romans, ne va pas au musée, écoute la radio dans son petit café et s'il ne sourit jamais sur les photos, c'était un homme gai qui aimait rire, faire rire, chanter.

Il a conscience de ses lacunes en terme d'instruction et est mal à l'aise quand il doit côtoyer des personnes plutôt bourgeoises ou disposant d'un statut supérieur au sien. Mais enfin, qui n'a jamais ressenti parfois ce petit malaise de ne pas être à la hauteur de son interlocuteur.

J'ai été gênée par cette lecture.

Je l'ai déjà dit, je pensais à un hommage et je l'ai reçu comme un compte-rendu d'observations détachées faites par Annie enfant puis ado, avec un regard dénué de la moindre bienveillance, froid, avec même un sentiment de plus en plus affirmé de sa supériorité face à l'écart croissant qui s'installe entre elle instruite et lui qui ne l'est pas.

Et pourtant, entre les lignes, de temps en temps, il y a des réminiscences de bons moments passés avec cet homme foncièrement honnête, travailleur, joyeux.

Je ne sais plus trop quoi penser de ce texte car il faut quand même une sacrée honnêteté pour révéler ainsi des sentiments si peu amènes.

Enfin de sentiments. Non. Il n'y en a pas d'exprimés.

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L'usage de la photo

Annie Ernaux continue son exploration autobiographique mais dans une nouvelle mouture. Ce livre est en effet écrit à quatre mains et a pour support des photographies du quotidien. On découvre, avec beaucoup de subtilité et de pudeur, les émotions et les pensées de quelqu'un qui a eu un cancer et de quelqu'un qui partage la vie d'une personne atteinte de cancer. Cela se lit d'une traite.
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La femme gelée

Des Prix Nobel de Littérature français, j’avais lu et aimé André Gide, Albert Camus et Jean-Paul Sartre. Suite au prix obtenu par Annie Ernaux, je me suis donc acheté cette autobiographie pour découvrir une partie de son œuvre. Que dire ? Je ne suis pas sûre que sans le mouvement MeToo, le prix lui aurait été attribué. La prose est singulière avec une syntaxe et une ponctuation bizarres (phrases sans point, accumulation de virgules…) et le contenu est très « banal » : vie à la campagne puis en ville, parents aimants, école, collège catholique, lycée, études, flirts, mariage...On a l’impression que l’autrice se plaint tout le temps et, n’assume ni ses origines ni ses choix de vie, un peu comme une princesse au petit pois qui découvre la vie. Je me suis ennuyée dans les grandes largeurs de cette suite de jérémiades qui n’apporte pas grand-chose à la condition féminine. Je ne réitérerai pas l’expérience.
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Les années

Ce qui différencie les Années de ses précédents livres (tous lus sauf Se Perdre et l'Occupation, parce que j'en avais assez du récit de ses amours..), c'est l'absence de "je" et, comme certain(e)s ici, cela ne m'a pas plu.

Cette distance par rapport à elle que ce choix crée est peut-être - sans doute - voulue par l'auteure et est aussi peut-être l'expression d'un sentiment d'étrangeté par rapport à soi-même qu'elle ressent, mais cette substitution du "je" par un "on" ou/et un "nous", généralisant, indistinctif, même s'il donne au texte un aspect historico-sociologique (très parcellaire quand même), enlève, à mon goût, la force du récit personnel et assumé ( y compris dans ses dimensions critiques - les Armoires Vides -), qui fait, selon moi, justement la singularité et l'intérêt des livres d'Annies Ernaux qui, en quittant ses parents épiciers-cafetiers d'une petite ville pour devenir étudiante, épouse d'un jeune cadre d'origine bourgeoise puis professeure, n'est pas représentative ni typique d'un milieu social bien identifié et homogène. Elle est atypique et le "on" et le "nous" effacent sa singularité; la disparition du "je" la dépersonnalise, la rejette dans un arrière-plan flou.

Par contre, ses aspirations adolescentes puis de jeune adulte, à se fondre dans son époque, me paraissent peu singulières (elle a parlé de cette contradiction, ce paradoxe, ce tiraillement, le cul entre deux chaises..). Au fil du texte, Annie Ernaux écrit de plus en plus souvent "ils/elles", désignant les "jeunes des années 60". J'ai alors identifié nombre des nouvelles habitudes de mes jeunes parents à cette époque (la 2 cv de ma mère nouvellement institutrice, les meubles en teck, la mode de la fondue bourguignonne..). En gros j'ai à peu près l'âge des fils d'Annie Ernaux. C'est assez amusant et en même temps ces évocations un peu catalogue ne m'ont pas vraiment passionné puisque je connais déjà (d'autres ici n'ont pas apprécié pour la raison inverse : plus jeunes que moi, cela ne leur a rien "dit"..).

Cette différence dite, j'ai beaucoup plus apprécié les passages (60 pages avant la fin et juste avant celle-ci) où elle nous explique son projet d'écriture, ce qu'elle veut/veut pas faire et pourquoi et comment. Il y a comme ça dans les livres d'Annie Ernaux des paragraphes qui sont du pain-bénit pour ceux et celles (étudiant(e)s ou non - qui veulent comprendre et expliquer A. Ernaux.

An fond, les Années auraient pu s'appeler les Annies..
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La femme gelée

"La femme gelée" est un roman autobiographique féministe très émouvant qui est percutant !

Avec tout son talent, Elsa Lepoivre de la Comédie-Française donne à entendre la voix brûlante de ce récit personnel saisissant.



Elle a trente ans, elle est professeur, mariée à un "cadre", mère de deux enfants. Elle habite un appartement agréable. Pourtant, c'est une femme gelée. C'est-à-dire que, comme des milliers d'autres femmes, elle a senti l'élan, la curiosité, toute une force heureuse présente en elle se figer au fil des jours entre les courses, le dîner à préparer, le bain des enfants, son travail d'enseignante. Tout ce que l'on dit être la condition "normale" d'une femme.



Je remercie @GallimardAudio et @NetGalleyFrance de m'avoir permis d'écouter ce témoignage poignant.



Annie Ernaux est une militante qui se bat pour l'égalité homme/femme. Elle raconte son parcours de son enfance normande dans un foyer atypique à l'âge adulte où elle s'éloigne peu à peu de son idéal de liberté pour se conformer au rôle que l'ordre patriarcal lui assignée. Épouse et mère de deux enfants, elle se rend compte qu'elle s'est prise à son propre piège en se soumettant au modèle familial établi et à la banalité de la vie qui en découle. Elle est devenue une femme gelée dans tous ses élans, triste, frustrée et en colère.



J'avoue que j'ai eu un peu de mal à supporter ce sentiment de rancœur permanent témoignée par l'autrice et j'ai trouvé la fin du livre audio assez abrupte car j'attendais une suite, une conclusion.



En ce qui concerne la lecture audio, la voix d'Elsa Lepoivre est très expressive, rythmée et agréable à écouter. Le ton acerbe, assez sec employé révèle toute la frustration de l'autrice dont le style est brut, cru, sans fioritures. Ce récit est un cri, une révolte, qui est toujours d'actualité à notre époque !
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La place

Dans ce très court roman autobiographique, nous découvrons de façon minimaliste la vie et la personnalité du père de l'auteure. Annie Ernaux choisit de nous parler de façon très objective et sans interprétation de ses souvenirs et de ses impressions, c'est ce qu'elle appelle l'écriture plate.



Personnellement je n'y ai trouvé ni le jugement ni la condescendance que d'autres ont pu y lire. Aucun reproche mais une description sincère. Et j'ai été, au contraire, touchée par la façon dont sa mémoire a enregistré mille détails et souvenirs de la figure paternelle.

Le seul avec lequel je la trouve critique, et probablement à juste titre, c'est son mari, qui ne se déplace jamais lors de ses visites familiales, sauf pour l'enterrement de son père. J'ai eu l'impression qu'elle lui reprochait, sans jamais le dire vraiment, cette distance avec sa famille, qu'elle attribue à leur origines sociales différentes.



J'ai trouvé particulièrement touchante la scène de la visite à la bibliothèque. Il me semble qu'elle nous montre que son père cherchait à s'intéresser à ses centres d'intérêt à elle, mais qu'il était repoussé par un milieu intellectuel qui n'était pas le sien et au milieu duquel il se sentait mal à l'aise.



J'ai retrouvé dans ce livre, le même sentiment d'amour mêlé de regret que j'avais ressenti en lisant (il y a bien longtemps) "Le livre de ma mère" d'Albert Cohen.



Finalement, je ne sais pas si le transfuge de classe est la seule explication au sentiment de distance avec sa famille, n'y a-t-il pas toujours une forme d'incompréhension, plus ou moins marquée entre les générations? Liées aux bouleversements sociétaux et politiques, et aux modes de vie qui ont énormément évolués en quelques décennies…?
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La femme gelée

Il y a quelques années, j'ai lu ce roman et j'en ai gardé une forte impression. Donc, quand j'ai eu l'occasion d'écouter la version audio, je me suis empressée de le faire.



Retrouver les mots d'Annie Ernaux est une occasion de redécouvrir ce livre avec un vif intérêt.



Un livre à la fois sociologique et féministe, offrant un regard critique sur la société tout en explorant des thèmes tels que la maternité, la famille, le couple et le mariage.



Ce texte examine comment les attentes sociales évoluent pour les femmes depuis leur enfance innocente jusqu'à leur quête de liberté à l'adolescence, puis leur confrontation avec la réalité du mariage.



Il met en lumière le parcours d'une femme face aux normes sociales.



Annie Ernaux explore ce sujet avec une justesse qui résonne profondément avec nos expériences en tant que femmes.



C'est un indispensable pour moi, la voix de la narratrice est parfaite pour retrouver l'ambiance de ce livre.



J'ai très envie de le réécouter car il met en lumière tant de vérités essentielles !


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L'événement



Quand Annie Ernaux écrit sur son avortement dans les années 1960, c’est avec autant de détachement, semble-t-il, que sur les autres sujets qu’elle aborde dans son œuvre.

Mais la distance est relative car elle répète combien la souffrance morale qu’elle a vécue à travers cette expérience l’a poursuivie toute sa vie, est à l’origine de son besoin d’écrire sur cet événement.

C’est court, intense, ça se lit d’une traite mais avec respect et des frissons dans le dos.

Merci Simone Veil.

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L'autre fille

Cela fait un petit moment que je souhaite lire cet auteur et on entends parlé de plus en plus en ce moment, j'ai choisi ce récit et j'ai beaucoup aimé cette lecture.



Sous forme de lettre Annie Ernaux va raconté sa vie et plus particulièrement son enfance, de celle-ci elle se souvient d'un portrait chez ses parents d'une autre enfant, en effet Annie Ernaux est né plusieurs années après le décès de sa soeur, elle perçoit que dans sa famille quelque chose de grave s'est passé mais cela n'est pas évoqué directement par ses parents.



Elle va donc grandir dans l'ombre de sa soeur sans jamais avoir connu celle-ci, petit à petit en grandissant elle va souhaité en savoir plus à ce sujet en faisant des demandes à certains membres de sa famille comme à des cousines ayant connu sa soeur aîné.



On sent que cette lettre a été écrite comme un exutoire afin de plus ou moins mettre au claire cette situation et continuer à avancer,



Il y a de très belles phrases dans ce récit et j'ai trouvé juste la façon dont elle décrit ce deuil qu'elle n'a pas vécu directement car elle n'était pas né au moment de ce décès.
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La place

Le père de la romancière vient de décéder. Elle souhaite alors écrire un roman en mettant son père en héros. Elle n'y arrive pas. Cet essai-roman biographique est l'occasion pour elle de remettre en contexte la vie familiale dans laquelle elle est née et remettre en situation "la place" qu'occupait son père.

Retour en Normandie en début de siècle avec un tour d'horizon des grand-parents, vivant dans un milieu ouvrier. Le père d'Annie Ernaux devient commerçant une fois mariée à sa mère. Le capitalisme passe par-là, affaiblissant leur commerce d'à point, voyant germer des supermarchés. Le milieu modeste dans lequel vit la petite Annie lui fait rêver de nouveaux horizons. Elle voit ses parents s'aimer sans tendresse, comprenant bien plus tard les sous-entendus coquins qu'ils se lançaient. Son père, homme de la terre, totalement hermétique à l'art & à la littérature, ne comprend pas la volonté de sa fille de s'immerger dans les livres. "Travailler" ne correspond pas à lire & disserter. Le travail se fait avec les mains. Homme de la campagne, il aime à s'occuper non-stop, être dans un jardin, faire un potager.



Le vocabulaire simple, les phrases épurées, Annie Ernaux expose des situations de vie du quotidien, permettant au lecteur de se faire des photographies de l'instant particulièrement précises. Un amour simple, une vie comme une autre, l'auteure est confrontée entre deux mondes (son origine & celui qu'elle a choisi en quittant la Normandie). Un entre-deux dans lequel elle ne sait pas où se situer. D'une vie simple (au sens étymologique du mot), elle en écrit un portrait réaliste. Un ravissement pour le lecteur.
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La place

J'ai tenté le diable en lisant deux livres d'Annie Ernaux d'affilée. Mal m'en a pris car je n'ai pas du tout aimé La Place.

Elle raconte le décès de son père mais en nous livrant un détail intime qui n'avait pas besoin d'être écrit... Je m'en fous de savoir si tu avais déjà ou non vu le sexe de ton père avant sa mort. Puis le détail sordide : sa mère continue de travailler au bar alors que le corps de son père repose en haut.

C'est du voyeurisme à tous les étages et pour le coup j'ai ressenti de la colère vis-à-vis d'Annie Ernaux. Je fais partie du camp où elle a honte de ses parents, ne leur fais pas d'éloge, méprise la classe ouvrière avec ce ton froid qui nous met mal à l'aise.

Je ne sais pas si je continuerai à la lire mais c'est sûr que ça sera dans quelques temps...
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Après avoir lu "l'autre fille" et compte tenu du thème, c'est avec hâte que j'entamais la lecture de "Je ne suis pas sortie de ma nuit". Et quelle déception...



Bien que l'auteure précise qu'il s'agit de notes prises rapidement, je m'attendais tout de même à plus de profondeur dans le partage des sentiments, les ressentis, quelques analyses etc. Or, "Je ne suis pas sortie de ma nuit" en manque cruellement à mon goût.



Du début à la fin, je n'ai pas réussi à ressentir la moindre empathie, ni aucune émotion particulière. Surprenant au regard du thème couver me direz-vous.. Moi qui apprécie pourtant tant les histoires tirées de faits réels et à émotions fortes...



Les anecdotes sur les résidents d'ehpad que ma mère me contait lorsqu'elle y travaillait me paraissaient bien plus poignantes. Attendais-je trop de ce livre ? Sûrement.



La plupart des lecteurs semblent avoir apprécié ce qui m'a personnellement paru être une simple description chronologique sans intérêt particulier pour le public. Cet avis ne regarde que moi bien sûr :). N'hésitez donc pas à le lire si vous êtes curieux, d'autant qu'il se lit très bien et rapidement.
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La place

Dans "La place", Annie Ernaux nous raconte, de son écriture plate, l'histoire de son père. de ses origines, les grands-parents, son parcours professionnels, sa famille, son quotidien, tout cela au travers de subtils détails. Les épaules tombantes, le patois normand, le crachat dans la cour, les "il y avait plus malheureux que nous" ou encore "il fallait bien vivre malgré tout".



Ces détails, pourtant subtils, qui sont les marqueurs qui trahissent la classe sociale du père. Cette catégorie sociale "inférieure", ces "petites gens" dont la vie n'intéresse.



Un ouvrage délicat, saisissant, juste, dans lequel Annie Ernaux déploie ce genre si caractéristique à son oeuvre, un mélange d'autofiction, de sociologie et d'histoire.



"Peut-être sa plus grande fierté, ou même la justification de son existence : que j'appartienne au monde qui l'avait dédaigné."

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Le jeune homme

27 pages pour valider 30 ans d’écart. En face d’elle le visage de la jeunesse.

« Avec lui je parcourais tous les âges de la vie, ma vie. »

Ainsi écrit Annie Ernaux. Pour déclencher le désir d’un récit.

« Notre relation pouvait s’envisager sous l’angle du profit. Il me donnait du plaisir et il me faisait revivre ce que je n’aurais jamais envisagé revivre. »

Tout est condensé dans ce court récit, trop. : Le regard des autres, la jalousie, l’avortement, l’audace, la mémoire et la ville de Rouen.



« Si je ne les écris pas, les choses ne sont pas allés jusqu’à leur terme, elles ont été seulement vécues. »

Pour moi aussi, même si c’est court. C’est ainsi.



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La place

Je l'aime bien ! À mon avis, c'est un livre vraiment profond. Les personnages dans cette histoire m'ont rendue émotionnelle. De plus, pour moi, les personnages et leurs luttes semblaient réaliste. J'ai eu du mal à lâcher le livre ! À cause de ça, j'ai beaucoup réfléchi.
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L'Occupation

Curieux roman d’un envoûtement, « L’occupation » est l’analyse distanciée et surprise de la jalousie d’Annie Ernaux pour la nouvelle compagne d’un homme qu’elle avait pourtant pris l’initiative de quitter.



Annie Ernaux parle de jalousie, mais le terme d’obsession conviendrait mieux tant l’idée, l’image de cette femme prend de place dans son corps, dans sa psyché : « Cette femme emplissait ma tête, ma poitrine et mon ventre, elle m’accompagnait partout, me dictait mes émotions. En même temps, cette présence ininterrompue me faisait vivre intensément. Elle provoquait des mouvements intérieurs que je n’avais jamais connus, déployait en moi une énergie, des ressources d’invention dont je ne me croyais pas capable, me maintenant dans une fiévreuse et constante activité. J’étais, au double sens du terme, occupée. »



La souffrance surgit rapidement de cette occupation, et celle-ci devient une manifestation pour Annie Ernaux d’une dévalorisation d’elle-même, un rappel de son statut social inférieur, comme si cette femme réussissait là où elle a échoué, sur les plans intellectuel comme sexuel. Comme une version d’elle même en mieux.



Pour se libérer de cette emprise, Annie Ernaux va donc utiliser l’écriture pour explorer la jalousie, ce désir presque volontaire de se faire mal en appuyant sur ses faiblesses, mais aussi sur ce qu’elle produit aussi sur celui qui en souffre : l’imagination et la jalousie rendent méchants, égoïste, indifférent aux émotions des autres.



Mais l’écriture plate d’Annie Ernaux lui permet d’échapper au jugement d’elle-même, qui n’est pas l’objectif de son texte. Il s’agit d’aller au plus près de sa vérité de manière distanciée (à partir du moment où l’autrice parle de ses sentiments, c’est comme s’ils ne lui appartenaient plus, n’étaient plus un reflet d’elle), de comprendre ce qui a pu motiver un comportement, des réactions qu’elle avait pensées autrefois excessifs chez les autres et dont elle se rend compte pouvoir être capable, de donner une matérialité à sa jalousie, de la faire exister comme quelque chose de tangible.



Et c’est toute la force de cette écriture que de permettre au lecteur, en ne s’attachant pas à Annie Ernaux, de ne pas la juger, de la comprendre, de recevoir son texte tel qu’il est, dans sa crudité.

Un roman que j’ai trouvé touchant dans son authenticité et dans son honnêteté.
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La femme gelée

Fer de lance du féminisme, comme une version autobiographique du "Deuxième sexe", ce roman est venu dénoncer deux étapes dans la vie d'une femme. D'abord l'enfance et la scolarisation : quand les jeunes filles doivent être conformes à ce qui sera attendu d'elles : bonne cuisinière, bonne couturière, mère modèle, etc. Et puis, le mariage, lorsque la femme s'efface derrière l'épouse puis la mère. Quand il y avait peu de place pour les études et encore moins une vie en dehors des clous ; société gouvernée par le patriarcat. Notre autrice, désormais Prix Nobel, excelle par cette mise en situation qui semble simple, dans des phrases qui donnent franchement à réfléchir (même quand on est un homme). Et qui ont une forte résonnance sociologique. Un roman quand un monde cesse et un autre révolutionnaire fait couler de l'encre, parce qu'on parle ici d'une autre époque, non ? Comment notre autrice analyse ce nouveau phénomène qu'est le "tradwife" ?
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