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Critiques de Antoine Choplin (588)
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L'incendie

Deux hommes reprennent contact au bout d'un certain nombre d'années pour évoquer des souvenirs qui sont encore récents dans leur tête et qui restent inavoués.

Au travers de leur correspondance on apprend réellement ce qui s'est déroulé malgré le fait que ces derniers avaient consciemment occulté.

Chacun a pu soulager sa conscience et l'on peut en conclure que la vie a pu donner le droit à ces personnages de continuer à vivre après moults douleurs subies lors de la guerre en ex Yougoslavie.
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L'incendie

Une nouvelle de 80 pages écrite à 4 mains sous format épistolaire mais sans qu'on puisse distinguer deux écritures (mon petit bémol mais la similitude des voix des personnages - leur différence est plus dans ce qui est raconté - sert aussi le propos, et puis peu importe qui a écrit quoi du moment que le résultat est bon). Une nouvelle de 80 pages qui prouve que la force des mots ne dépend pas de leur nombre, même si on peut avoir envie d'en savoir plus sur les personnages. Une nouvelle de 80 pages qui aborde la guerre par le biais de la petite histoire, celle qui fait que deux jeunes amis qui aimaient lire ensemble portent le poids des actes enfermés dans le non-dit.

Il me reste à continuer l'exploration de l’œuvre d'Antoine Choplin (après Le héron de Guernica et La nuit tombée) et à découvrir celle de Hubert Mingarelli.
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L'incendie

Un roman épistolaire bien écrit, le ton est épuré, le style tout en finesse.

Cette correspondance est l'occasion pour deux amis de faire un point sur un épisode douloureux et dramatique qui s'est déroulé dans leur jeunesse pendant la guerre en Yougoslavie et les a profondément marqués.

Au fur et à mesure des lettres les événements se précisent et surtout la vision que chacun en a conservé. Les langues se délient petit à petit grâce à l'écriture plus propice aux confidences.

Un roman court, bien écrit, agréable à lire, le ton des lettres tout en retenue accentue la révélation du drame qui s'est joué dans une maison isolée.
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L'incendie

Jovan, Pavle et Branimir, qu'un moment de violence a changés: une des scènes tragiques de la guerre d'ex-Yougoslavie. La mémoire d'une femme en proie à la démence de l'un des hommes qui est partagée par Jovan et Pavle dans des échanges épistolaires; qu'ont-ils fait ... ? Qu'auraient-ils fait si ... ? Ils se rappellent, souffrent et avouent ...
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L'incendie

Il n’y a pas que les lectrices du club qui ont été touchées par ce très court roman épistolaire, Jérôme, Aifelle chez qui je l’avais déjà remarqué, partagent leurs avis. Je l’ai également beaucoup apprécié. Il s’agit d’un texte qui se lit en une heure ou deux mais qui trotte dans votre tête pendant beaucoup, beaucoup plus longtemps. Puisqu’il se lit vite on peut s’appesantir sur chaque mot et sur ceux qu’on ne peut pas prononcer tellement l’horreur est parfois au delà des mots.



Prenez, par exemple, ce texte qui sert d’introduction:



1991. L’Armée populaire yougoslave, soutenue par les forces paramilitaires, envahit la Croatie pour mettre fin à sa volonté de sécession. Les combats font des milliers de victimes. Des villes et des villages subissent de lourds dommages.



Ce genre de phrases, on les lit souvent, on est choqué puis on oublie. « Les combats », « les victimes » « les dommages » : ce ne sont que des mots, des mots ordinaires et sans beaucoup de contenu, des mots « normaux » puisqu’il s’agit de guerre. Antoine Choplin et Hubert Mingarelli, vont grâce à la correspondance de deux hommes qui ont participé à cette guerre nous la rendre dans toute son horreur à partir d’un seul fait qui n’est somme toute qu’un détail aux yeux de l’Histoire. Leurs lettres commencent alors qu’ils se sont revus après les événements qui les ont tellement marqués l’un et l’autre, on ne sait pas combien de temps s’est écoulé depuis qu’ils sont revenus à la vie civile, Pavle en Argentine et Jovan à Belgrade.. En revanche, on sait qu’un certain Branimir , n’est plus qu’un souvenir pour eux. Les lettres sont échangées d’abord sur un ton banal et puis peu à peu la tension monte jusqu’à la chute finale. Pavle et Joan, ne pourront jamais vivre comme si la guerre était derrière eux. Elle est en eux maintenant , et pour toujours.



La guerre c’est donc ça : pousser trois copains qui aiment rire et faire des projets d’élevage de lapins à commettre les pires atrocités ?
Lien : http://luocine.fr/?p=3687
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L'incendie

Pavle vit à Belgrade et Jovan en Argentine. S’étant revus après plusieurs années de silence, ils entament une correspondance. Au fil des lettres, le passé affleure, douloureux. La guerre en ex-Yougoslavie les a marqués au fer rouge. Un événement, surtout, a bouleversé leur existence et continue de les hanter…





Une couverture affichant Antoine Choplin et Hubert Mingarelli, avouez que ça fait rêver ! Je ne sais pas comment ils ont fonctionné autour de ce texte mais je suppose que chacun a endossé le rôle de l’un des protagonistes. Les lettres sont au départ plutôt insignifiantes, simples échanges de bons procédés après des retrouvailles appréciées. Mais peu à peu le ton change, les sujets abordés deviennent plus graves, les confidences plus intimes. Et tout les ramène dans cette maison où ils sont entrés un jour d’hiver, pendant la guerre. Ils étaient trois soldats. A l’intérieur, ils on trouvé une femme, seule. Une femme qui sera en quelque sorte l’étincelle mettant le feu aux poudres…





Pas simple comme exercice, l’épistolaire. J’ai aimé ici les silences, la difficulté à trouver les mots, à se livrer, à exprimer la honte et la culpabilité. J'ai aimé l'écriture discrète et sensible du duo Choplin/Mingarelli, même si, je le répète, je ne sais pas qui a écrit quoi. J’ai aimé l’interaction entre Pavle et Jovan, pleine de retenue et de non-dits jusqu’aux révélations crevant un abcès depuis trop longtemps enfoui. Et puis j’ai aimé la fin qui laisse une pincée d’espoir au cœur du chaos.




Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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La nuit tombée

Encore une fois je suis tombée sous le charme d’Antoine Choplin !



J'ai découvert cet auteur avec Le héron de Guernica, qui m'a bouleversée, et j'ai pris beaucoup de plaisir à le retrouver avec La nuit tombée. Ce qui est d’autant plus étrange que je n’aime pas les livres où il ne se passe pas grand-chose, et ici, je dois admettre que c’est le cas ! Pas d'action et pourtant tout est intense : les sentiments, les ressentis, les émotions, les mots choisis !



Gouri retourne à Chevtchenko après le drame de Tchernobyl. Sur la route, il s’arrête faire une halte à Pripiat, chez Iakov et Vera, des amis qu’il n’a pas revus depuis deux ans. Tout survit à cet endroit où l’explosion de la centrale a tout dévasté, autant la nature que les hommes. Iakov est d’ailleurs très malade. Autour d’un repas, tous se remémorent les souvenirs d’avant le drame. Les amis et connaissances sont présents, la vodka coule à flot. La nuit et l'alcool les aident à se parler, à se raconter. A la nuit tombée, Gouri prendra la route, car il doit récupérer quelque chose à Chevtchenko, et ainsi tenir la promesse faite à sa fille. Mais il reviendra car c’est un homme de parole et il se doit d’exaucer une des dernières volontés de Iakov.



Ce roman est rempli d'humanité, de pudeur et d'amitié. L’écriture est fidèle à celle que l’on retrouve dans Le héron de Guernica : Les silences sont lourds de sens. C’est un beau roman, particulier certes, mais tellement humain…


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La nuit tombée

Superbe petit roman, d'à peine 124 pages. A la nuit tombée , Gori retourne à Pripiat à côté de la centrale détruite de Tchernobyl, pour y retouver des objets laissés à l'abandon dans son ancienne maison où il vécut avant le drame. Une histoire pleine d'humanité, d'espérances, des gens qui se contentent de si peu pour survivre dans des villages contaminés par le césium et le plutonium. Des survivants de la catastrophhes se sont attachés à ces lieux maudits par la radioactivité. On se réchauffe le cœur avec la wodka.
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La nuit tombée

C'est un livre d'une rare douceur, d'une rare pudeur, empli de tendresse et qui donne espoir en l'humain... Paradoxal oui, puisqu'il traite d'un sujet violent, Tchernobyl...Enfin de ce qui reste après la tragédie , de ce monde blessé à jamais, de ces femmes et hommes qui ont survécu ou essaient de survivre. Antoine Choplin, avec des mots simples, des phrases courtes, décrit le quotidien, les gestes les plus doux. Je retiens particulièrement la beauté de cet homme profondément meurtri dans son corps, qui veut laisser à celle qu'il aime un écrit, c'est tout simplement poignant et magnifique.
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La nuit tombée

Un très court roman, très juste et touchant!

On découvre l'atmosphère pesante dans laquelle vive les survivants de Tchernobyl, cette douleur, cette souffrance, du corps et de l'esprit. Et puis surtout cette pudeur, ne pas se plaindre, nous sommes encore vivants.

Un roman très juste.
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La nuit tombée

Un magnifique petit livre. Gouri cherche à rejoindre Pripiat, ville qui abrite la centrale nucléaire de Tchernobyl qui explosa dans la nuit du 25 au 26 avril 1986. Tous les habitants furent évacués laissant derrière eux leurs chez eux et tous leurs biens. Gouri souhaite aller chercher un objet pour sa fille Ksenia malade. Sur la route, il s'arrête chez des amis, Vera et Iakov qui est mourant.

C'est l'histoire de ces hommes et des ces femmes sacrifiées suite au drame ; des hommes qui ont nettoyé les villes et la nature environnante. C'est aussi l'histoire d'un père inquiet pour sa fille. C'est l'histoire d'un ami qui sait écouter. C'est l'histoire d'un homme fidèle à sa ville qui pleure sur ce désastre.
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La nuit tombée



D'une écriture poétique d'une grande douceur et simplicité, Antoine Choplin nous invite dans un univers de désert nucléaire, par des tableaux minimalistes de régions vides et improbables, de personnages rudes et fracassés, ancrés dans une réalité glaçante.

Comment s'expliquer alors le plaisir de cette lecture, la grande empathie ressentie, à suivre cet homme à la moto, ce père riche des souvenirs heureux, cet ami fidèle des jours d'apocalypse?

La concision du propos littéraire, l'économie de mots, les non-dits apportent comme un cadeau, une touche d'humanité magnifique.

Un vrai coup de coeur!

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La nuit tombée

Gouri se rend dans la ville où il vivait avec sa famille.

Sur le trajet, il s'arrête chez des amis, à quelques dizaines de kilomètres de sa destination interdite : Pripiat, la ville qui jouxtait l'ancienne centrale nucléaire de Tchernobyl. La catastrophe du 26 avril 1986 a marqué un tournant dans la vie de chacun. Ceux qui sont encore en vie y ont beaucoup perdu : un ou plusieurs proches, la santé, un cadre de vie. Gouri ne fera pas revenir sa fille à la vie, mais il a besoin de ce retour à Pripiat, fut-ce au péril de sa santé.



En 120 pages (édition Points), l'auteur met en évidence la profondeur de l'empreinte de la catastrophe sur les lieux, sur les corps et les esprits. En peu de mots, les personnages se disent beaucoup de choses, de ce qui leur reste de vie et d'eux-mêmes. La vodka libère la parole, direz-vous ! Certes, les discussions se déroulent souvent autour d'une bouteille, mais elle fait ici simplement partie du décor.

Seuls quelques aspects de la catastrophe de Tchernobyl sont évoqués dans ce court roman, mais ces détails disent beaucoup de son impact sur la vie des riverains.
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La nuit tombée

Il y a eu la vie à Tchernobyl.



«Après les derniers faubourgs de Kiev, Gouri s’est arrêté sur le bas-côté de la route pour vérifier l’attache de la remorque.»



Gouri part en moto vers la zone. La zone interdite de Tchernobyl.

Gouri est un ancien «volontaire» pour nettoyer le réacteur N°4 de la centrale.

«C’était tôt le matin, deux camions militaires sont arrivés ici au village. Une huitaine de gars sont descendus et le chef a pris la parole pour dire qu’ils recrutaient des hommes pour nettoyer la zone. Que s’engager pour ce travail, c’était ni plus ni moins faire son devoir de citoyen.» Ce seront les liquidateurs.



Ecrivain public à Kiev, il revient sur les lieux deux ans plus tard.

Il veut récupérer la porte de la chambre de sa fille.

«Il y a pas mal d’inscriptions dessus. Des choses que nous avions écrites ou dessinées, Ksenia et moi. Un peu de poésie, des mots comme ça.». Et les marques de la taille de Ksenia, à douze ans, à treize et demi, quatorze.

Gouri, sa femme et sa fille habitaient à Priapiat, près du square Pouchkine, pas loin de la centrale.

Aujourd’hui c’est une ville fantôme où dans les jardins brillent des taches violacées de césium, une sorte de jus qui suinte de partout et sombrent des oiseaux aveugles.



Sur son chemin il va rencontrer des survivants. Ils vont raconter, se raconter la catastrophe. Ils vont chanter, au son de l’accordéon, ivres de vodka et de souvenirs le temps…d’avant l’événement.

Véra, Piotr, Pavel, Ivan, Leonti, Kousma, Vassili, Svetlana et les autres.

Et Iakov qui se meurt.

«Le visage est méconnaissable. Il a perdu ses cheveux et la peau du crâne est diaphane. Laissant voir en plusieurs endroits l’épaisse saillie des veines. L’un de ses yeux est presque fermé, comme celui d’un boxeur après un combat. Les joues sont creuses, les lèvres curieusement retroussées, les mâchoires crispées.»



Son précédent livre «Le héron de Guernica» m’avait enchanté.

L’histoire de Basilio, un jeune peintre autodidacte qui peint les hérons cendrés des marais de Guernica. La guerre d’Espagne, Picasso…

Toujours tout en retenue, écrivain économe, pudique, presque magique mais tellement généreux avec le lecteur.

Cette nuit tombée m’a séduit.

L’écriture de Choplin, teintée d’atticisme, jette comme un sort sur le lecteur.

Il nous charme avec ses mots légers, ses courtes phrases lestées d’adjectifs trop qualificatifs.

L’ombre des mots, discrète, à peine visible, invisible presque, déborde d’émotions, nous arrache des larmes, nous prend aux tripes.

L’ombre du drame nous tient le fil à la page.

Merci Monsieur Choplin.



«Sans bon sentiment, l’on ne fait que mauvaise littérature.» écrivait Gide.



«Je suis allé plusieurs fois sur le toit avec lui. Il voulait toujours mettre un ou deux coups de pelle de plus que les autres. Il dépassait les quarante secondes à chaque coup.»



Tchernobyl, 25 ans après : de 25 000 à 125 000 morts et plus de 200 000 invalides, et pour les populations exposées à la contamination un bilan qui sera selon les estimations de 14 000 à plus de 985 000 morts à travers le monde.



Mais ce livre vous en dira beaucoup plus que ces chiffres…

C’est le pouvoir de la littérature.
Lien : http://lesangnoir.wordpress...
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La nuit tombée

Une véritable merveille bien que les sujets abordés dans cet ouvrage ne soient guère réjouissants, bien au contraire !



Gouri, le personnage principal, revient, après deux ans d'absence, dans sa région natale de l'Ukraine, non seulement pour revoir ses amis, Iakov et Svetlana mais surtout parce qu'il a une mission à accomplir : celle de retourner dans Sa ville, celle où il a vécu heureux avec sa femme et sa fille, et qui est désormais en ruines afin de récupérer une porte. Vous allez croire que je raconte n'importe quoi mais lisez la suite et tout prendra peut-être sens pour vous ! Gouri s'est exilé à Kiev suite au 26 mai 1986. Cette date ne vous évoque-t-elle rien ? L'accident nucléaire de Tchernobyl bien évidemment ! Même si ce dernier n'est pas clairement mentionné par l'auteur, le lecteur, lui, lit entre les lignes puisqu'il parle de "zone", d'évacuation à grande échelle de villages entiers et, bien évidemment de plutonium. Le rapprochement ne fait donc plus aucun doute. Et su Gouri tient tant à retourner dans cet endroit pillé, dévasté et surtout interdit, c'est pour se rendre à Pripiat, la ville dans laquelle où il habitait et de se rendre, illégalement bien entendu, dans son ancienne demeure pour récupérer la porte de la chambre de sa fille.

Pourquoi celle-ci et pas une autre ? Et dans quel but ? Je ne vais quand même pas vous dévoiler toute l'intrigue donc je m'arrête là, ne serait-ce que pour vous tenir sur votre faim...



En tout cas, je vous recommande vivement la lecture de cet ouvrage qui se lit très vite, qui est extrêmement bien écrit et très touchant. Il a d'ailleurs obtenu le Prix France Télévisions 2012, dans la catégorie "Romans". A découvrir absolument !
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La nuit tombée

Il ne faut pas avoir peur de perdre haleine avec ce genre de livre. Il est de ceux qui se lisent d'une traite à une vitesse que l'on imagine même pas et que l'on repose en se disant waouh!

On rentre directement dans le vif du sujet, pas de temps à perdre. Gouri arrive en moto chez Eva pour y passer la soirée avant de partir pour Pripiat, village fantôme à cause de la catastrophe de Tchernobyl, où il veut récuprer la porte de la chambre sa fille sur laquelle sont gravés des souvenirs.

Frappe de suite le style dépouillé du roman. Style dur à utiliser si on le maîtrise pas. Ici c'est le cas, une fluidité exemplaire, cas d'école que ça ne sert à rien de faire un style pompeux pour faire un super bouquin. Tout coule naturellement, et nous emporte. Chaque personnage est vrai, simple et à la fois complexifié par un jeu de non-dits excellent et pas trop appuyés. Une grande subtilité traverse le livre, dans ses évocations (Ksénia la fille de Gouri, 16 ans, malade), le récit d'une grande justesse de Kezmo qui a vu sa maison détruite... Des moments originaux (les photos de manequins sur les murs etc.) sont mis en place pour créer un livre presque complet.

Car il manque une composante essentielle d'un bon livre, une ambiance. Les personnages y participent très bien (le malade, Piotr le gamin qui devient fou à plusieurs reprises et mystérieux tout le long) par son économie de moyen, et la vitesse à laquelle on le lit (absence totale de freins symbolisée par la non-présence de signe de dialogue directe malgré des renvois à la ligne pour les répliques), on ne plonge pas complètement dans le monde que l'auteur nous fait partager. Il faudra attendre l'escapade à Pripiat (la fin du livre) et la découverte de cette ville fantôme pour commencer à rentrer dedans.

En d'autres mots une lecture indispensable, un moment de littérature, qui laissera forcément un peu sur la faim, mais je le répète, incontournable.

Ma note: 17/20
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La nuit tombée

Ambiance pesante et lourde dans cette Ukraine d'après Tchernobyl. Pourtant, au coeur de l'horreur, la vie continue. L'amitié aussi. Gouri et ses amis refusent de céder le dernier mot à la peur. Ce livre est une bouffée d'espérance !

Bien sûr c'est un roman. Mais il m'a plongée au coeur de la réalité des années 87-90. J'y étais comme si c'était mon pays. Comme si c'était ma vie.
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La nuit tombée

La catastrophe de Tchernobyl inspire auteurs et cinéastes depuis plusieurs années maintenant. Dans « la nuit tombée » d’Antoine Choplin, c’est une histoire plus que touchante à laquelle nous avons droit. Une ville abandonnée, une ambiance morose, des habitants désarçonnés, et surtout des souvenirs qui ne cessent de refaire surface. Sans fausse note et avec beaucoup d’émotion, Antoine Choplin retrace la vie de quelques rescapés avec beaucoup de poésie et d’humilité.
Lien : https://commedansunlivre.fr/..
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La nuit tombée

C’est l’histoire d’un ouvrier engagé pour décontaminer les lieux de la centrale de Tchernobyl. Il veut retourner dans son village contaminé pour récupérer quelque chose dans sa maison. Il le fera de nuit, puisque c’est interdit de revenir. Au cours de ce voyage, il s’arrête chez des amis, et ceux-ci racontent l’horreur de cette catastrophe. Il y a entre eux beaucoup de chaleur et d’humanité ! HS
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La nuit tombée

Au crépuscule Gouri roule vers le village de Chevtchenko où il est attendu par ses amis Iakov et Vera.

Deux années se sont écoulées depuis l'accident nucléaire qui a dévasté Tchernobyl.

Derrière sa moto une remorque attachée avec un bricolage de fortune. Il a l'intention de se rendre plus tard dans la zone. Quand il s'arrête pour faire le plein le pompiste devine sa destination et le met en garde. Certains partent vers Pripyat et ne reviennent jamais. Les pilleurs et les trafiquants pullulent et le danger est omniprésent.



Oui, mais Gouri a besoin de retourner à tout prix dans sa maison de Pripyat pour ramener quelque chose auquel il tient beaucoup.



Vera est heureuse de revoir Gouri. Ils boivent à leurs retrouvailles et un dialogue s'engage entrecoupé quelquefois de silences.

Son mari, Iakov, est gravement malade ; Ksenia, la fille de Gouri aussi.

Piotr, un gamin du coin recueilli par un couple de personnes âgées, Leonti et Svetlana, est traumatisé et ne parle quasiment plus.



Autour du repas du soir composé d'une soupe et de chou sont réunis Iakov, Vera, Gouri, Leonti, Svetlana, Piotr et Kouzma, un jeune gars arrivé au printemps et qui traficote dans les environs. C'est une soirée ponctuée de poésies, de chants et de musique. D'un peu de joie qui succède à la tristesse après que chacun se soit confié sur les conséquences de la catastrophe.

Après ce repas Gouri partira à la nuit tombée direction Pripyat afin d'en rapporter un objet bien particulier.



Les personnages sont attachants et on éprouve de l'empathie face à ce qu'ils endurent.

Iakov sait que ses jours sont comptés.

Leurs témoignages à tous sont poignants.

Iakov avait été réquisitionné pour nettoyer la zone et " enterrer la terre " après avoir travaillé au contact du réacteur. Quant aux scènes qu'ils a pu voir, j'espère bien que personne d'autre n'aura jamais à les voir. Comme ces arbres qui, dit-il, rougeoyaient, brillaient ; la pluie noire qui tombait sur eux, les centaines de moineaux aveugles qui s'écrasaient sur les pare-brise des voitures pour finir par mourir, les maisons ensevelies, les animaux domestiques abattus. Et au-delà des scènes de désolation, la maladie, la souffrance et la mort.



Réquisitionnés pour faire leur travail de citoyen leur disait-on...

Sacrifiés pour une patrie qui n'informait personne sur les dangers du nucléaire.

Destinés à mourir...



Kouzma, de son côté, a vu la maison de son enfance disparaître dans un énorme gouffre avec tout ce qu'elle contenait. Dont une boule de neige avec une Tour Eiffel à l'intérieur, cadeau d'un ami de son père. Petite chose qui avait surtout une valeur sentimentale.

Quelquefois ces simples objets qui vous ont apporté du bonheur emportent avec eux un morceau de votre coeur en disparaissant.



Pour son livre " La nuit tombée " Antoine Choplin a reçu le Prix France Télévisions en 2012.

Ce prix est mérité. L'auteur met en scène des gens du peuple comme vous et moi, dont les vies ont basculé après l'explosion du réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl.



" Ils étaient venus ensemble, c'était tout près d'ici, Ksenia et lui, au matin du 26 avril.

Voir un peu.

Le bleu étrange de l'incendie.

Les irisations. Cette féerie.

Ils avaient même hésité à s'approcher encore. Une chose insignifiante -- il ne pouvait se souvenir quoi exactement, une course à faire, un rendez-vous ? -- les en avait empêchés. Ils y seraient allés sinon, main dans la main. Encore plus près. Ils se seraient jetés là-dedans pour de bon, père et fille ensemble, pris par l'intensité du spectacle, le sourire, presque, à leurs visages. Comme ces autres enfants rassemblés du côté de la voie ferrée, offrant leurs chants et farandoles au feu d'artifice. Et envoûtés une fois pour toutes. Aujourd'hui, ou demain, disparus. " ( Citation du livre )



Ce passage je le trouve particulièrement terrible. Toutes ces personnes venues regarder la beauté du spectacle se déroulant devant leurs yeux en ignorant que c'était la mort qu'ils étaient en train de contempler.



Ce que j'ai énormément de mal à comprendre c'est qu'au début du repas, quand Iakov présente son ami à Leonti, il lui dit qu'avant d'être écrivain public à Kiev Gouri travaillait pour ceux de la centrale.

Alors pourquoi ce dernier n'était-il pas au courant des risques de l'atome en cas d'accident ? Je reste dubitative.



Le sujet est traité avec pudeur. Le récit est simple, tout comme le sont les protagonistes. Les phrases sont courtes, les dialogues entrecoupés de silences n'en sont que plus percutants et font mouche.

Ce voyage de Gouri à la nuit tombée est touchant et on ne peut s'empêcher de penser à une scène similaire relatée dans l'excellent livre de Svetlana Alexievitch " La Supplication : Tchernobyl, chroniques du monde après l'apocalypse ".



Une nuit tombée où brillent à présent des milliers d'étoiles. Les âmes des suppliciés de Tchernobyl qui ont été fascinés un jour d'avril 86 par une irisation belle et mortelle dans un ciel bleu étrange.

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