Un poète ancien habitant de la "zone" interdite autour de Tchernobyl revient dans sa ville quelques années après la catastrophe. En chemin il s'arrête chez ceux qui sont restés là bas, à la frontière de la Zone, et qui en subissent les horribles conséquences, mais aussi la terrible attraction. La Zone est dépeinte comme un lieu hors du réel, où les oiseaux meurent, où les flaques sont violettes, et où les arbres rougeoient la nuit. Un lieu dont les habitants n'ont maintenant aucun espoir, mais continuent tant bien que mal d'y vivre, ou d'y mourir car c'est à ce lieu pourri à jamais qu'ils appartiennent.
IL FAUT ABSOLUMENT SORTIR DU NUCLEAIRE!
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« Ce n'était pas la guerre, ni un tremblement de terre. Nul effondrement, nul cratère d'obus. N'empêche, il fallait partir. »
En seulement 123 pages, Antoine CHOPLIN nous fait toucher du doigt les émotions et sentiments des rescapés de la catastrophe de Tchernobyl en 1986. Rescapés, mais pour combien de temps ? Car même si la population a été rapidement, et de force, évacuée dans les larmes mais en relative sécurité, des symptômes se déclarent chez certains à retardement. Alors la nuit, qui est déjà tombée sur leur monde le 26 avril 1986, retombe sur leur âme et celle de leurs proches. Et que faire dans ces cas-là sinon se raccrocher aux souvenirs ? Enfin, ceux qui n'ont pas été ensevelis par les autorités, pour éviter toute contamination, ni volés par les brigands opportunistes lorsque la zone, désormais interdite, a été obligatoirement désertée…
« Ce dont je me souviens le mieux, c'est des choses qu'on voyait parfois tomber dans le trou au milieu d'une pelleté de gravats. Des choses qu'on n'avait pas eu le temps ou même l'idée d'emporter et qui nous passaient sous le nez. Sauf qu'à chacune d'elles s'accrochaient des petits morceaux de vie et que c'était ça qui défilait devant nous. »
Pour apaiser les âmes, c'est autour de tournées de vodka entre initiés que les souvenirs reviennent. Mais pour Gouri, cette fois, ça ne suffit pas. Il doit retourner clandestinement en zone contaminée et interdite pour récupérer quelque chose de vraiment important, que les pilleurs n'ont pas dû prendre. Lui qui a été chargé dans le passé, avec ses amis, de détruire certaines espèces animales pouvant être vecteur de contamination, espère désormais que sa maison et ses affaires n'ont pas, à leur tour, été démolis et enterrés. Au péril de sa vie, avec le soutien de quelques amis pas tous indemnes, il doit en avoir le coeur net. Il accroche une remorque à sa moto et, après un émouvant tour de table nous offrant les contours du contexte et un panel de conséquences de la catastrophe, c'est à la tombée de la nuit que nous suivons Gouri jusqu'à ce lieu interdit : Pripiat.
« Ils n'auraient jamais dû le faire, Gouri l'avait compris peu après. Ils l'avaient fait pourtant, avec enthousiasme et même, une joie vague. Ils étaient venus ensemble, c'était tout près d'ici, Ksenia et lui, au matin du 26 avril. Voir un peu. le bleu étrange de l'incendie. Les irritations. Cette féérie. »
Un livre extrêmement court mais lourd de sens, jusque dans les pauses et les silences. Surtout dans le contexte actuel.
« Ca colle le vertige, ça, quand on y pense. Un monde qui continuerait sans nous. Hein. »
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Un roman bouleversant sur la catastrophe nucléaire de Tchernobyl...
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Ecriture simple et narrative, un court moment, une nuit, 3 personnages à Pripiat après la catastrophe nucléaire. Je n'ai pas ressenti d'émotion particulière, je n'ai pas été touchée, désolée.
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Un court roman qui remue. Une très belle langue qui sait décrire la tragédie (l'après catastrophe de Tchernobyl) avec force mais aussi avec sensibilité, pudeur et poésie.
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Le temps d'un court récit, l'auteur nous remémore le drame de Tchernobyl.
La couverture dégage une force incroyable. On y voit une maison inhabitée au-dessus d'un immense trou noir. Elle semble y tomber, sans aucune chance de pouvoir s'en échapper.
Ce gouffre noir, sans fond, c'est la zone interdite.
*
Ce court roman s'ouvre sur une scène absolument saisissante.
Un homme, Gouri, revient seul, dans la région de Pripyat, deux ans après la catastrophe nucléaire.
Voyageant sur une vieille moto à laquelle est accrochée une remorque brimbalante, il traverse la campagne ukrainienne, les villages abandonnés pour se rendre dans la zone interdite.
"Il y a eu la vie ici
Il faudra le raconter à ceux qui reviendront
Les enfants enlaçaient les arbres »
Gouri est prêt à braver tous les dangers pour revenir dans son ancien appartement et récupérer quelque chose qu'il n'a pu emporter le jour de l'évacuation de la ville de Pripyat.
Qu'est-ce qui motive cette prise de risques insensée ?
Nous découvrons cette raison progressivement, mêlée aux pensées de Gouri qui nous ramènent sans cesse au drame du 26 avril 1986 et aux jours qui ont suivi le drame.
« La bête n'a pas d'odeur
Et ses griffes muettes zèbrent l'inconnu de nos ventres
D'entre ses mâchoires de guivre
Jaillissent des hurlements
Des venins de silence
Qui s'élancent vers les étoiles
Et ouvrent des plaies dans le noir des nuits
Nous voilà pareils à la ramure des arbres
Dignes et ne bruissant qu'à peine
Transpercés pourtant de mille épées
A la secrète incandescence »
Ce voyage à la nuit tombée est l'occasion d'évoquer ce monde qui n'existe plus, cette vie qui n'existe plus, ce bonheur simple qui n'existe plus. Dès les premières lignes, j'ai ressenti de plein fouet, à travers les souvenirs de cet homme, sa solitude, sa peur, sa peine, son angoisse de découvrir les restes de sa vie d'avant, de ne pas retrouver ce qu'il est venu chercher.
« Ce n'était pas la guerre, ni un tremblement de terre. Nul effondrement, nul cratère d'obus. N'empêche, il fallait partir. »
Deux ans après la catastrophe nucléaire, Gouri retrouve ceux qui, bravant les interdits, ont décidé de rester malgré tout, préférant ne pas quitter leur maison, leur village et leur cadre de vie auxquels ils étaient attachés.
Gouri découvre ces lieux figés dans le temps, ces terres massivement contaminées, les arbres encrassés d'une suie noire et collante, Pripyat devenue ville fantôme avec sa grande roue et ses nacelles vides, ses immeubles abandonnés et pillés malgré la radioactivité environnante.
« Mais avec le temps, ce qui finit par te sauter en premier à la figure, ce serait plutôt cette sorte de jus qui suinte de partout, comme quelque chose qui palpiterait encore. Quelque chose de bien vivant et c'est ça qui te colle la trouille. »
*
Ce que je retiens principalement, ce sont les personnages de ce roman, attachants, esquissés avec beaucoup de finesse et d'attention. Antoine Choplin reconstitue avec une belle aisance ses vies brisées. On ressent les douleurs étouffées, les vies chamboulées, le traumatisme de ce déracinement forcé.
Iakov et Vera sont un parfait exemple de cette capacité de résilience. Leur vie à deux qui s'achève est bouleversante.
Mais il y a aussi la Ksenia, petite victime contaminée par la radioactivité.
Ou bien le jeune Piotr, traumatisé par la disparition de ses parents.
Les silences ont souvent plus de poids que les mots pour décrire l'horreur et l'incompréhension, et Antoine Choplin s'en sert avec raison. L'auteur ne rentre pas dans les détails des souvenirs douloureux, mais j'ai été particulièrement sensible à l'aspect psychologique des personnages, leur compassion, leur pudeur, tant dans la douleur physique que psychologique, mais surtout leur courage face aux épreuves de la vie.
*
Une nouvelle fois, je suis charmée par l'écriture d'Antoine Choplin qui entremêle habilement la fiction et la réalité.
J'y ai retrouvé le style qui m'avait tant plu dans « le héron de Guernica », cette écriture épurée, simple, profonde et vibrante d'émotions, qui s'affranchit de ponctuation dans les dialogues pour mieux se fondre dans le récit.
Ce choix d'une écriture sobre crée un fort contraste avec les événements dramatiques, rendant le récit d'autant plus émouvant et poignant.
*
Pour conclure, je referme ce roman très touchée par sa poésie, son humanisme. Les personnages m'ont impressionnée par leur courage et leur force morale.
« La nuit tombée » est un beau roman que je vous conseille.
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Deux ans après la tragédie de Tchernobyl, Gouri, l'écrivain exilé à Kiev, enfourche sa vieille moto et entreprend un pèlerinage sur les lieux de la catastrophe. La raison de ce retour dans la zone désertée est affective: il souhaite ardemment rapporter, à sa fille malade, la porte de leur ancien logement, symbole de leur vie antérieure. Ce secteur à risques est surveillé et Gouri préfère attendre que ne tombe la nuit avant d'y pénétrer. Il profite de cette attente pour visiter ses amis restés sur zone...
Antoine Choplin peint cet environnement fantomatique et malveillant par petites touches. Il fait confiance à ses personnages afin que, en dépit de l'hostilité du site, ceux-ci réussissent à mettre de la chaleur dans leurs retrouvailles autour d'une table et de bouteilles d'alcool. Ces hommes sont fatalistes, ils ne sont pas dans la révolte, ils souffrent sans plainte.
Il faut s'immerger dans cette ambiance et imaginer le quotidien de cette humble population;on est dans la survie. La connivence, l'entraide sont au coeur des relations malgré la catastrophe. Une gageure de la part de l'auteur qui réussit à faire de cette couleur grise des cendres de Tchernobyl un roman éclairé par l'amitié .
C'est un coup de cœur que j'ai eu pour cette fraternité entre Gouri et ce couple d'amis. Un roman qui frappe mais posément, sans théâtralité. Comme si cette catastrophe avait emporté avec elle le futile, le superficiel. La mise à nu révèle des liens forts, l'imminence de la mort oblige l'urgence de la confidence pour les amis en sursis.
Un roman nécessaire pour dénoncer la dangerosité du nucléaire sans slogans et sans pancartes. Parce que les nuages toxiques ne s'arrêteront pas à chaque fois à notre frontière!
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Pour accéder à la zone interdite de Tchernobyl, il faut s'y rendre à la Nuit tombée afin de déjouer la vigilance des gardes. Gouri, un ancien habitant de la zone, qui fût un des nettoyeurs de la centrale entreprend cette expédition sur sa moto à laquelle il a attaché une remorque, car il a l'intention de récupérer un objet qui concentre pour lui tous les souvenirs de la vie d'avant. Au cours de son voyage, il fait un arrêt chez un ami, fortement irradié. Lors d'un dîner débordant d'humanité, ils évoquent le monde d'avant, celui du bonheur, mais également ce qu'ils ont vécus, ce qu'on leur a caché, ceux qui sont disparus, l'ingratitude des autorités, qui ne savent que distribuer des médailles à des hommes qui ont sacrifié leur santé. Grâce à une écriture sobre, rude, dépouillée, notamment dans les dialogues, qui sont courts car peu de paroles suffisent à dire le drame, Antoine Choplin, réussit à nous faire pénétrer dans le décor lugubre d'une ville abandonnée, dans le désarroi de ces gens confrontés à l'anéantissement provoqué par une catastrophe qui les dépasse. L'émotion est constamment présente, et elle se matérialise souvent dans les détails. Elle est à son comble dans les chansons de l'une, où dans les poèmes de l'autre, devenu écrivain public et qui trouve les mots pour dire l'amour. En plus de l'émotion, la tension est également très forte lorsque Gouri traverse de nuit les forêts ukrainiennes, lorsqu'il pénètre dans sa ville abandonnée, dans son appartement. Les jurés du Prix France Télévision 2012 ont eu bien raison de récompenser ce petit livre qui est un grand roman.
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Un voyage clandestin dans la zone interdite de Tchernobyl. Notre voyageur rencontre ses ancien comparses, chacun relate sa vie, certains sont irradiés, malades, nostalgiques, fous,… Et puis il se rend dans la zone interdite. Un no man's land à l'abandon gardé par les militaires. Des pilleurs qui viennent voler le piano du théâtre. Mais officiellement, il n'y a personne dans cette zone.
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Antoine Choplin nous offre une émouvante rencontre avec Gouri et ses camarades, rescapés de Tchernobyl.
Étonnamment je n'avais pas encore lu de livre sur cette catastrophe, il y a d'ailleurs peu de romans sur ce sujet à ma connaissance.
Pourtant, combien de gens ont été obligés de fuir, souvent trop tardivement cette région hautement contaminée, y laissant la plupart de leurs biens, y abandonnant leurs animaux et y laissant une grande parcelle d'eux-mêmes.
Gouri, écrivain public et poète, chevauchant sa moto qui tire une remorque , quitte Kiev pour revoir deux ans après le départ forcé de sa famille, son appartement situé à Pripiat en zone interdite, il a à cœur de rapporter un objet directement lié à l'histoire de sa fille Ksenia , malade d'avoir côtoyé de trop près l'incendie de la centrale .
En chemin , il rend visite à ses amis revenus habiter dans cette région contaminée, survivants fantômes, oubliés, entourés des pilleurs, des profiteurs sans scrupules.
Son ami Iakov , un des liquidateurs , est au bout de sa vie, le corps rongé par les radiations, la peau partant en lambeaux , la description est saisissante.
De même la narration de la destruction de la maison de Kousma poussée dans une grande fosse par un bulldozer est très marquante.
Pas de ressentiment dans leur propos mais la nostalgie de la vie d'avant ce 26 avril 1986, la camaraderie, les rires et les chants arrosés de Vodka.
On sent une grande résignation vis à vis de ce qu'ils vivent au quotidien.
Les mots sont simples, Antoine Choplin va à l'essentiel avec beaucoup de pudeur et sans apitoiement, il arrive à ne pas rendre son roman triste, ces gens sont beaux et dignes .
Gouri, le poète trouve devant cette souffrance muette, son inspiration .
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Qu'il est agréable de se laisser emporter par un livre sans savoir où on va ! En douceur, l'auteur nous plonge au milieu d'ukrainiens qui se connaissent, aiment bien boire de la vodka, chanter, manger, parler du passé. Avant Tchernobyl. Car ils ont dû quitter leurs villages, leurs maisons. Un quotidien ordinaire qu'un écrivain poète revenu de Kief va animer en allant récupérer une porte dans sa maison abandonnée. Les petits gestes de la vie, les blessures radioactives, les silences et les confidences s'égrainent dans cette campagne ukrainienne paisible avec une grande humanité. Alors que ce pays subit une guerre atroce, pénétrer la douceur de ce récit fait rêver à cette campagne victime de la pire catastrophe nucléaire de l'histoire.
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Le sujet est grave et pourtant quelle douceur dans le partage de ce voyage nocturne aux côtés de Gouri et de ses compagnons d’infortune, quel enchantement que cette errance nocturne dans les terres inhospitalières et empoisonnées d’Ukraine après la tragique catastrophe de Tchernobyl !
Deux ans après l’embrasement de la centrale, Gouri décide de revenir sur les lieux qu’il a été contraint d’évacuer, quand le bonheur familial simple et heureux qui constituait son existence a basculé dans l’horreur et l’incompréhension une nuit d’avril 1986 avec l’incendie du réacteur.
Si Gouri a été jusqu’alors épargné, il n’en a pas été de même pour sa fille Ksenia, gravement contaminée par les retombées radioactives comme beaucoup d’êtres peuplant ces terres devenues le théâtre de la ruine, de la décrépitude et de l’abandon. C’est pour elle, pour récupérer un objet de leur ancien appartement chargé de souvenirs, que Gouri a entrepris le voyage de retour à Pripiat, en « zone interdite ».
Parti de Kiev où il est écrivain public, une remorque attachée à sa moto, Gouri traverse un paysage de plus en plus dépeuplé, de plus en plus désertique et dévasté.
Pourtant, dans les vestiges des villes fantômes, dans les émanations inodores de la pollution nucléaire, la vie rayonne encore ça et là, malgré le sentiment d’abandon et la résignation, malgré l’irradiation et la confrontation à la maladie, malgré le milieu corrompu et infecté dans lequel les êtres tentent tant bien que mal de subsister, dans une sorte d’hébétude, comme rivés à l’attente d’un temps qui ne reviendra plus.
Cette petite vie persistante qui s’accroche comme une fleur d’espoir, passe par une soirée chaleureuse arrosée de vodka avec les amis d’antan dans un village à demi-déserté où Gouri a fait halte avant de reprendre la route.
En compagnie de camarades demeurés dans cette campagne parasitée par un mal invisible, l’on se souvient, l’on parle à mi-mots de la catastrophe, des jours qui ont suivis, des villes évacuées et enterrées par les bulldozers, des liquidateurs, ces héros malgré eux qui ont tenté de stopper l’incendie sans aucune protection, de ce mélange de stupeur, d’angoisse, de fascination trouble et de beauté délétère qu’offrait alors la vision foudroyante de cette petite apocalypse.
Iakov que la radioactivité ronge chaque jour davantage, Vera, Kouzma, quelques autres encore, jalonnent la route de Gouri jusqu’à Pripiat. Un voyage qui sous le ciel pigmenté d’étoiles, éveille un sentiment de vide écrasant comme un tableau de fin du monde mais offre aussi la perspective d’une humanité conviviale et chaleureuse désireuse de faire renaître la vie dans cette partie du monde que l’homme a profanée.
26 ans après la tragédie, Antoine Choplin nous fait le don d’un texte scintillant d’humanisme, d’empathie, de sensibilité, si bien qu’à la tristesse ressentie, viennent se greffer des touches d’espoir rendant lumineux ces lieux redevenus sauvages, où la nature a repris ses droits comme si rien ne s’était passé. Et pourtant…s’il faut, pour se convaincre encore des nécessités de l’exil, « flairer la réalité de ces puissances cruelles, imperceptibles et assassines, préservant si étrangement l’apparence du monde », l’état de Iakov dont la chair en lambeaux se détache du corps, la maladie de Ksenia, les maisons englouties sous les mâchoires des bulldozers, les villes si effroyablement vide de présence humaine, ne peuvent démentir l’ampleur du drame qui s’est joué là et dont on a trop longtemps occulté les terribles répercutions.
Mais Antoine Choplin, par la simplicité d’un ton modéré et bienveillant, tout en retenu et mesure, réussit admirablement à irradier les cœurs et les esprits de chaleur humaine, à éclairer le texte de miséricorde et d’humanité, à apposer sur les brûlures radioactives le baume bienfaisant de la solidarité et d’un devoir de mémoire qui s’illustre sans rancœur ni aigreur.
Après le gros succès public du Héron de Guernica, La nuit tombée fait palpiter notre dosimètre cardiaque dans les irisations d’une grâce pleine de naturel, de modestie et de lumière.
Simple et beau.
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Livre écrit dans un style assez simple, puisqu'il est adapté au personnage central, mais c'est cette simplicité qui fait toute sa force, et qui le rend extrêmement touchant et émouvant.
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Gouri part pour un voyage dans La nuit tombée, là où le temps est suspendu, figé dans la douleur, à Tchernobyl. La poésie des décors vides dans la nuit se mêle à la souffrance des survivants de l’effroyable catastrophe nucléaire.
Il vient de Kiev sur sa moto, pour récupérer un objet inattendu qui cristallise ses souvenirs familiaux dans l’appartement qu’il occupait autrefois. Mais la zone est désormais interdite. La quête de Gouri dans ce no man’s land est bouleversante. En chemin, il s’arrête chez chez Eva et Iakov à Chevtchenko, dans un village contaminé. Ceux qui habitent encore là, ont perdu leurs illusions. Mais le temps d'un repas, on partagera une bouteille de vodka.
Son ami Kouzma le prévient : « Faut faire attention au plutonium, par ici. Un millième de gramme dans le ventre et t’es retourné en six mois. »
Un mot, un geste, un frisson dans la ville désertée, un oiseau qui vient se poser dans le silence assourdissant de la nuit, Antoine Choplin décrit subtilement les émotions de Gouri, comme de petites lucioles qui brillent dans la nuit, avec délicatesse et beaucoup d'humanité.
Des phrases courtes qui vont droit au cœur, une belle découverte.
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