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Critiques de Antoine Choplin (588)
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À contre-courant

Antoine Choplin est un romancier et poète français né à Châteauroux en 1962. Après des études à l’Ecole supérieure de commerce de Rouen et un troisième cycle en mathématiques et économie à l’Université Paris-Dauphine, il travaille d’abord comme cogniticien dans une société de conseil. Il aime les échecs, la guitare, le piano et la montagne. Antoine Choplin vit actuellement dans l'Isère et partage son temps entre l'écriture et l'action culturelle. Auteur de nombreux ouvrages, A contre-courant vient de paraître.

Antoine Choplin s’est fixé un but, remonter à pied, le cours de l’Isère, de sa jonction avec le Rhône, au nord de Valence, jusqu’à sa source dans le parc national de la Vanoise à Val d’Isère. Non pas en une longue randonnée, mais en quatre voyages distincts, un par saison pour mieux apprécier le fleuve et ses paysages. L’originalité de l’idée est encore ailleurs, cette région est sa région, il la connait parfaitement, ou comment détourner Le Voyage autour de ma chambre de Xavier de Maistre en randonnée autour de ma rivière.

A priori j’étais devant un de ces récits de marche qui se multiplient à l’infini sur les tables des libraires, en fait il n’en est rien, ou du moins ce n’est pas exactement ce genre de bouquin. Je ne l’ai pas lu ainsi et je ne pense pas que l’auteur l’ait écrit ainsi non plus, d’ailleurs si c’était le cas il serait raté. Certes on suit le marcheur dans son périple, très classique, avec les haltes pour un casse-croûte ou les nuitées dans des chambres d’hôtes et des remarques sur un point de paysage de-ci de-là, mais honnêtement tout ceci ma semblé très quelconque. Presque décevant même, car les décors ne m’ont pas semblé très folichons dans l’ensemble et l’auteur – qui paraît à mes yeux, un homme assez timide – est franchement à sec quand il discute avec des gens croisés en route… A ce propos, le meilleur passage du bouquin est une rencontre avec un personnage plein d’humanité (enfin !) mais qui s’avèrera une invention totale comme le révèle l’écrivain quelques pages plus loin !

Or nous sommes-là au cœur du propos de ce livre qui n’est donc pas le récit de marche dont il chausse les godillots. Antoine Choplin aime marcher mais il « tourne clairement le dos à la performance pour faire place à la rêverie et à la pensée sensible. » L’exercice n’est qu’un outil pour lui titiller l’esprit et lui viennent en mémoire souvenirs d’enfance liés aux lieux, textes de poètes dont il a toujours un livre à portée de main (Henri Michaux, Francis Ponge…) et par-dessus tout, il s’interroge sur l’écriture et la littérature.

Antoine Choplin écrit très bien, dans un style très classique, un peu à l’ancienne, dommage parfois qu’il se regarde écrire. Le bouquin n’est pas désagréable à lire mais je regrette néanmoins que tout cela reste un peu brumeux (poétique diront certains ?), beaucoup de questions posées mais jamais de réponses ou d’avis : « Que vais-je faire de ce récit de maintenant ? Comment écrire, sans apprêt, sans trucage, sur la vérité de cette escapade sans grandes saillies, où ma curiosité sur la rivière elle-même semble s’éroder ? » Désolé, mais je ne peux répondre, ce n’est pas moi l’écrivain !

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À contre-courant

A contre courant Antoine Choplin remonte le cours de l'Isère de sa confluence avec le Rhône jusqu'à sa source.

Si la rivière aurait pu être le fil conducteur, c'est plutôt d'Antoine Choplin dont il est question. L'écriture est maitrisée et Antoine Choplin connait parfaitement son sujet : lui même. Récit auto centré que les rencontres avec les autochtones souvent caricaturés ne suffiront pas a élargir le propos qui revient inlassablement sur Antoine Choplin, sa vie son oeuvre ses lectures. Pour une fois qu'un récit de voyage évoquait quasiment le trottoir d'en face, il est bien trop auto centré. Dommage car le style est bon. Légèrement désuet donc agréable.

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À contre-courant

Antoine Choplin remonte l'Isère depuis sa confluence avec le Rhône jusqu'à sa source à quelques pas du refuge de Prariond. Antoine Choplin a l'ambition d'être au plus près de la rivière, l'accompagner jusqu'à sa source. Nous vivons le calvaire du marcheur lorsque celui-ci doit quitter les bords de l'Isère pour les abords des villes et partager la route avec les camions et les voitures ou lorsqu’il doit emprunter des chemins mal-entretenus. Mais le marcheur a des ressources ! En premier lieu, l’espoir que le marcheur entretient car il sait que, plus loin, l'herbe sera plus verte, et puis il y a les livres de poésie qui sont de véritables guides ; c'est Francis Ponge qui l'enjoint à revenir à la rivière.
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À contre-courant

Je ne connaissais pas Antoine Choplin. Il a fallu une Masse Critique de Babelio pour que je découvre ce livre dans la liste proposée. Vivant en Isère je ne pouvais qu'être intéressée et intrigué par l'idée de remonter l’Isère depuis sa confluence avec le Rhône jusqu'à sa source dans les glaciers de la Vanoise.

N'ayant pas reçu ce livre dans le cadre de la Masse Critique , je me le procurais et entamé la lecture de ce livre original.

Livre original dans sa forme avec cette remontée de l'Isère faite aux quatre saisons d'une année en suivant au plus prés possible les chemins de halage.

Antoine Choplin vit en Isére dans le Grésivaudan et cette marche déambulation est un retour aux sources.

Nous ne sommes pas dans un livre sur la randonnée et l'introspection. Il s'agit plus de bulles de 3 à 4 jours de marche sur un terrain connu d'Antoine Choplin. C'est une autre façon de voir de découvrir la région dans laquelle on vit , on travaille.

Chaque bulle de 3 jours correspond à une saison et à un tronçon de l'Isère à contre courant.

Et dans chacune de ses bulles Antoine Choplin se découvre et nous interroge sur l'écriture mais aussi sur l'industrialisation ou encore le tourisme.

Et pendant toutes les pages de cette déambulation , nous sommes heureux de marcher aux cotés d'Antoine Choplin et de ces compagnons de voyage ou de soirées.

Il nous donne à vivre une partie de son intimité . Quel plaisir de l'entendre parler du festival des Arpenteurs et des scènes obliques. Festival qui a lieu en Juillet aux Adrets dans le Massif de Belledonne en Isére.

Un festival qui veut parler de littérature de musique dans des lieux de montagne , éloignés tout en profitant de randonnées et de paysages magnifiques

Ce livre est un joli moment dans le temps et hors du temps.

Il m'a donné envie de repartir sur les chemins de halages de l'Isère vers La Sône et Saint Marcellin.

Mais il m'a aussi donné envie de repartir en montagne en compagnie d'un livre.

Un beau moment de lecture.
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À contre-courant

* coup de cœur*

Je crois que je l'écris à chaque fois que je chronique un livre d'Antoine Choplin et c'est de plus en en plus vrai, avoir entre les mains ses nouvelles parutions a quelque chose du cérémonial. Je regarde, je touche, j'ouvre et puis, je le pose sur mon rebord de fenêtre, en sachant qu'il est là. Je laisse passer quelques livres et puis, voilà, c'est le moment, le début de vacances par exemple, en tout cas, le moment où je suis pleinement disponible pour cette lecture. Et là, c'est comme retrouver un ami qu'on ne voit pas souvent, on sait que ça ne va pas durer bien longtemps, qu'après, il faudra attendre un, voire deux ans, alors on avance sans vouloir aller trop vite, mais ça défile trop vite et trop tôt, c'est déjà fini.



C'est la première fois que je lis un livre d'Antoine Choplin qui n'est pas un roman. Il a décidé de marcher le long de l'Isère, à quatre moments de l'année pour profiter des saisons. Aux réflexions sur le paysage se mêlent quelques souvenirs personnels, des phrases sur la marche mais aussi sur l'écriture. C'est sans aucun doute le livre le plus intime de l'auteur, ou disons celui dans lequel on perçoit le plus d'intime, chez cet auteur qui ne semble jamais se livrer dans ses fictions. Et je l'ai savouré comme il le mérite. Comme avec ses romans, je ne sais pas clairement expliquer ce qui me réjouit, une délicatesse certaine mais aussi une profondeur qui n'a pas besoin d'étalage, un cheminement commun. Antoine Choplin fait partie de ces auteurs qui ne sont pas entrés dans ma vie en faisant grand bruit, pas un coup de foudre mais l'apprentissage, de livre en livre (c'est le sixième que je déguste) d'une plume. Ça rend le lien plus fort d'avoir été tissé avec le temps et surtout, c'est le seul auteur dont je sais à chaque fois que je le lirai. Je mets au défi les marcheurs de ne pas avoir envie de chausser les baskets ou les chaussures de marche à la lecture de ce livre. Le parcours emprunté est très intéressant car l'auteur a parfois traversé des lieux qui ne sont pas ceux empruntés par les marcheurs, des banlieues, des villes.



Mais éprouver sa propre étrangeté dans l’œil des autres est aussi un agrément. Il éveille le sentiment d'une singularité naissante et qui appelle parfois avec facilité la parole et l'échange.



Comme dans la vie, comme dans l'écriture, il a parfois dû rebrousser chemin et emprunter un autre sentier. Et moi qui invente toujours des vies aux inconnus que je croise (dans les files d'attente par exemple, quand je saisis des bribes de conversation), j'ai aimé les interrogations autour des personnes rencontrées, comme celle qui consiste à se demander pourquoi cet homme qui n'a absolument aucune envie d'écrire, pense qu'il devrait écrire après être sorti d'un coma. Il y aussi ces moments touchants, la manière dont il parle de la collaboration avec les prisonniers sur son festival de l'Arpenteur. Il suffit de passer quelques heures en compagnie de l'auteur pour parfaitement visualiser ce que peuvent être toutes ces rencontres avec les autres, un mélange de chaleur, de délicatesse (oui, c'est un mot qui revient quand je pense à l'auteur et à ses romans) et d'écoute des autres.



Je ne sais pas s'il vaut mieux commencer par ce livre et enchaîner sur un roman ou l'inverse mais j'ai aimé apprendre que l'auteur ne décrit jamais de visages dans ses romans, j'avoue que cela ne m'avait pas frappée.



Sauf exception, j'aime la parole du marcheur. La façon dont elle s'arrange de sa profondeur et de sa superficialité. La place qu'elle autorise au silence. Pour ces motifs, entre autres, je garde en moi le souvenir précis d'instants de marche partagés.



Il y a dans ce livre un passage très particulier sur lequel j'ai eu envie de poser des questions à l'auteur et j'aurais pu le faire. Mais non, je veux rester avec cette part de mystère, inventer le pourquoi, le mien, celui du lecteur.



C'est un peu long, il faudra m'en excuser mais le temps partagé avec ce livre m'a paru bien trop court et pourtant, je le sais, il était de la durée idéale pour partager quelques pas, sans se lasser, avec l'envie de remettre bientôt, mes pas dans ceux de l'auteur.

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À contre-courant

Avec son dernier livre, À contre-courant, Antoine Choplin nous fait remonter sa rivière : l'Isère, depuis sa confluence avec le Rhône jusqu'à sa source se situant à près de 3 000 m d'altitude, dans le secteur oriental du massif de la Vanoise, contre la frontière italienne.

Il entreprend ce parcours à pied, sac au dos, suivant cette rivière au plus près de son cours, seul, la plupart du temps, sauf entre Albertville et Moutiers où son ami Pierre-Jean fera un bout de chemin avec lui.

Cette marche, véritable épopée avec plus de 30 km par jour, ne doit pas être considérée et se limiter à un exploit sportif ou à une performance, même s'il faut une très bonne condition physique. L'auteur le reconnaît : « Je reviens d'une semaine de montagne dans les Pyrénées et ma forme physique est excellente. »

Il va confronter les coins familiers qu'il fréquente aujourd'hui avec les lieux arpentés, hier, enfant, aux côtés de son père. Il parcourt le chemin en quatre étapes, quatre chapitres. À chaque saison son chapitre, son paysage, son ressenti et ses rencontres.

À contre-courant est un récit intime sur la marche et l'écriture, la marche qui entretient une relation puissante avec l'écriture. Je n'ai pu m'empêcher de penser à Sylvain Tesson (Sur les chemins noirs) que j'avais vraiment apprécié.

Antoine Choplin est sensible à la poésie des choses et des hommes mais observe également le saccage de l'industrialisation et n'oublie pas la violence de l'Histoire. Il ne manque pas non plus d'humour. Après nous avoir conté sa rencontre, près du hameau des Nantieux, avec Vincenzo qui l'accompagne un bout de chemin tout en lui racontant une partie de sa vie, il écrit : « Il est temps de confesser ma forfaiture de raconteur d'histoires. Vincenzo n'existe, sauf hasard improbable, que dans la fantaisie de mes pages… » Et, quelques lignes plus loin, prenant le lecteur à témoin : « On ne m'en voudra pas trop, n'est-ce pas. »

C'est un roman superbement écrit, très sensible, qui m'a emmenée sur cette route proche de la nature, de l'Histoire et de la littérature. le fait que cette route démarre près de chez moi et serpente sur un territoire que je connais un peu m'a encore plus touchée. Seul petit bémol : je trouve qu'une petite carte insérée dans le livre permettrait de suivre Antoine Choplin au plus près.



Je remercie vivement Masse Critique de Babelio de m'avoir permis de lire ce magnifique nouveau roman d'Antoine Choplin, un de mes auteurs préférés dont j'avais déjà lu le héron de Guernica, La nuit tombée, L'impasse, L'incendie, Une forêt d'arbres creux et Quelques jours dans la vie de Tomas Kusar.


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À contre-courant

Jusqu'à présent, je n'ai lu Antoine Choplin qu'en romancier, toujours avec plaisir. Par ailleurs, l'an dernier, j'ai eu la chance de participer à une lecture-promenade avec lui, dans le cadre du festival Terres de Paroles. C'est donc sans hésitation que je me suis lancée dans la lecture de ce récit de marche dans sa région. L'auteur entreprend de remonter l'Isère depuis sa confluence avec le Rhône, jusqu'à sa source, dans la Vanoise, non loin de la frontière italienne. Il le fera en quatre étapes, une par saison.



C'est une manière toute différente de voir son cadre de vie habituel. Il entame son périple seul, son ami Jean-Pierre le rejoindra quelques jours sur une partie du voyage. Ce serait un récit de marche comme les autres, s'il n'y mêlait des réflexions sur la similitude entre le mécanisme de la marche et la création littéraire. Il cherche à marcher au plus près de la rivière et se retrouve souvent dans des impasses ou des passages difficiles. Son esprit en profite pour cogiter, penser à ses poètes préférés et à des textes lus. Il croise peu de monde, les hôtels où il s'arrête sont souvent déserts, la saison est passée.



Il évoque également l'association dont il s'occupe "l'Arpenteur" et qui organise un festival en juillet, dans un cadre superbe, afin d'y amener musique, théâtre, danse etc ... C'est une bonne manière d'entrer un peu plus dans l'intimité de cet auteur discret, même si je reconnais le préférer en romancier.
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À contre-courant

L'auteur décide de marcher le long du cours de l'Isère mais hélas bien souvent sur des routes nationales remplies de véhicules bruyants et malodorants.

Dans la narration des rencontres faites par Antoine Choplin sur ce chemin, je suppose entre 2017 et 2018, j'ai trouvé les prémices de ce qu'il adviendrait en novembre 2018. Et une surprise en cours de route !

L'originalité (?) tient au fait que l'auteur marche sur un tronçon différent à chaque saison.

Et, la marche facilitant la réflexion, il s'interroge en cours de route sur son métier d'écrivain.

Cependant, je n'ai pas réussi à apprécier entièrement ce récit. Pourtant, j'avais beaucoup aimé "La nuit tombée" du même auteur, mais heureusement que les livres d'un même écrivain sont parfois fort divers.
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Apnées

A quelques kilomètres de Genève, au beau milieu d’un embouteillage monstre, la voiture du narrateur refuse de redémarrer… Le voilà contraint de la laisser au plus proche garage du village qu’il était en train de traverser. Plan les Ouates, car tel est son nom, devient alors le lieu de villégiature forcé pour notre narrateur durant les quelques heures que va durer la réparation. Devant les multiples possibilités qui s’offrent soudainement à lui, l’homme, qui ne fait rien comme tout le monde (il est amateur d’apnée et de lexicographie, deux disciplines peu communes) est pris d’un tel vertige de liberté qu’il s’impose une contrainte pour visiter Plan les Ouates. Après avoir tergiversé un petit moment, il décide de s’attacher au pas d’une femme choisie parmi la foule des passants. Voici l’histoire…

A partir de cette trame à la fois banale et délicieusement absurde voire surréaliste par certains côtés, Antoine Choplin construit un bref roman, décapant de drôlerie et original, riche de mots savants et de néologismes qui touchent à la poésie. Apnées se lit d’une traite (pour un peu on s’arrêterait de respirer) tant l’auteur fait preuve d’inventivité pour une littérature résolument jubilatoire.

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Apnées



N°415 – Avril 2010

APNÉES - Antoine CHOPLIN – Éditions La fosse aux ours.



Il doit bien y avoir sur notre pauvre terre des zones inconnues du cadastre international, non répertoriées sur les cartes routières, ignorées des guides touristiques. Une telle éventualité est sans doute redoutée des automobilistes égarés mais doit être une opportunité intéressante si ce conducteur est attentif aux phénomènes paranormaux.



Plan-les-Ouates, le nom sonne déjà comme un mystère dans sa musicalité, même si on a de bonnes raisons de penser que cette localité existe effectivement et se trouve près du lac de Genève. Assurément, cela invite à la réflexion, à la circonspection même... Voilà que notre narrateur, Arsène Margay, friand de lexicographie et adepte par ailleurs de l'apnée qu'il se proposait de pratiquer justement ce jour, y tombe en panne de voiture. La Suisse est pourtant un pays où tout paraît prévu, répertorié, organisé, sans surprise, mais bon, pourquoi pas?

Le temps de réparer, une visite de la ville s'impose donc d'autant qu'elle s'inscrit dans le domaine du temps obligatoirement perdu, qu'on ne compte plus et que le printemps qui s'annonce, après sans doute un long hiver, va rendre agréable. La flânerie est donc de rigueur! Comme il se doit, dans un tel lieu, ce parcours ne peut qu'être confié au hasard et suivre un marcheur semble être une bonne méthode, surtout quand ce guide improvisé est une jolie femme ; cela ne peut mieux tomber... Dès lors, toutes les illusions sont possibles, les visuelles comme les auditives, donnant asile à l'extraordinaire, au fantastique... Apparemment, celle qu'il a prise, à son insu, pour guide dans cette ville de nulle part s'y dirige elle aussi avec une boussole aléatoire et le fait qu'elle possède un appareil photo et choisisse de fixer l'image d'Arsène sur la pellicule fait naître chez notre homme une multitude de fantasmes. D'autant que de suivant, il devient suivi et qu'un dialogue s'engage, vite transformé en balade commune et peut-être complice. Les présentations se font, elle s'appelle Marine Duchamp, lui avoue qu'elle est amnésique suite à un accident de voiture... De là à imaginer un monde approximatif où les références vitales ordinaires n'ont plus court, il n'y a qu'un pas et respirer devient incongru. Arsène pousse son avantage, profite de cette défaillance de mémoire pour lui faire croire abusivement qu'ils sont été amants et finit par être pris à son propre jeu.



Derrière l'histoire, j'observe que le texte se décline à la première personne, l'emploi du « je », dans le contexte de ce qui est une sore de fable, peut apparaître comme une personnalisation à outrance, laissant par ailleurs la place à l'humour, à la liberté d'écriture et de création. Cela s'annonçait bien pourtant, avec cette mise en scène où le lecteur pouvait tout imaginer, mais la chute ne me paraît pas être à la hauteur de ce qui aurait pu être un récit singulier...



Et l'apnée dans tout cela? Est-ce la même ivresse qu'on ressent autant à se priver d'oxygène qu'à se soûler de mots, un moment de quasi folie que seule la fiction permet et que s'accorde un auteur-narrateur pour s'évader du monde, une panne qui est peut-être plus qu'une allégorie pour justifier le plaisir de suivre une inconnue, d'entamer avec elle une passade ou une passion? Est-ce une action expiatoire pour avoir joué et s'être laissé emporté par son désir? Est-ce une volonté de se couper du monde? Le baiser qu'elle choisit de lui donner est-il lui aussi, à sa manière, une forme allégorique de l'apnée?



Pour ce qui est du vocabulaire, le lecteur friand de mots rares et d'usage inhabituel est servi. Il pourra aisément les mâcher, les déguster avec gourmandise à la suite de ce narrateur et de son appétit de langage. Je ne suis pas bien sûr cependant que cette débauche sémantique s'attache durablement le lecteur, d'autant que, dans le même temps, la rigueur syntaxique, pour sa part, n'est pas toujours observée, surtout dans les dialogues entre Arsène et Marine. Je ne suis pas bien sûr non plus, à titre personnel, de partager l'enthousiasme exprimé, dans la 4° de couverture, du narrateur et de sa passion pour le lexicologie. Ce récit est sûrement un exercice de style intéressant, une occasion passionnante de laisser libre cours à la musique des mots, voire à une démonstration d'érudition, mais, au fil des pages, les phrases emphatiques, voire amphigouriques ont fini par me lasser, par m'ennuyer même...



Comme toujours, le hasard a guidé mon choix et j'ai conscience d'être peut-être passé à côté de quelque chose, mais je ne suis pas bien sûr de vouloir accompagner cet auteur dans un parcours créatif qui, d'emblée, me plaisait bien.





© Hervé GAUTIER – Avril 2010

http://hervegautier.e-monsite.com





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Apnées

Un très court roman dont on ne quitte pas le fil!

Il s'agit d'un homme parti faire de l'apnée dans un lac, une de ses passions. Mais sur la route il tombe en panne dans un endroit qu'il ne connaît pas, sa voiture n'est pas prête avant le soir... Que faire?

Il décide de suivre une femme sur son périple en ville...



A vous de lire la suite!

J'aime toujours autant Antoine Choplin, voici le 3e livre que j'ai lu de lui. a suivre...
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Cour Nord

Cet auteur gagne à être connu. Il nous conte une histoire simple et courante: La difficile communication entre un père et son fils. Le père est délégué syndical dans une usine qui va fermer. C'est toute sa vie. Le fils y travaille aussi mais sa vie est ailleurs, dans la musique, le jazz.. Ils vivent tous les deux, la mère n'est plus. Le père s'agace de la passion de son fils, la trouve futile. Le fils s'inquiète de l'entêtement de son père et l'admire quand il décide d'une grève de la faim pour sauver l'usine.

Le rapprochement se dessine avec comme toile de fond la fin d'un monde et de ses fraternités, autour d'un verre, d'un piquet de grève. Les êtres en mouvement se rapprochent, s'éloignent les uns des autres, ils savent que c'est fini et que chacun suivra sa route, individuellement. La collectivité a vécu.

Seuls deux hommes vont se rejoindre: le père et le fils.

Roman ancré dans le présent, il nous laisse un goût amer quant à l'avenir qui se dessine, l'espoir résidant dans le temps qu'il nous laisse pour découvrir l'autre.
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Cour Nord

Un père qui a passé 30 ans à l'usine et y a fait entrer son fils. Ce dernier n'est pas carriériste, il s'intéresse davantage à sa trompette et à son groupe de jazz. Mais à l'usine, c'est la grève car il y a un plan social dans l'air. Le fils participe assez passivement au mouvement tandis que le père est investi à fond, chacun dans son monde.

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Cour Nord

Léopold et son père Gildas sont employés dans une usine du nord. Celle-ci va fermer, définitivement. Alors les salariés se mettent en grève. À leur tête Gildas, syndicaliste aguerri. Il mène la préparation des négociations. Rencontre avec le patronat sous une pluie battante alors que les grévistes attendent le renfort de la Fédération Atlantique. Les tractations échouant, Gildas décide d’entamer une grève oui, encore, mais de la faim cette fois-ci, dans l’enceinte même de l’usine. Dans l’équipe des grévistes point la figure tendre et pourtant effacée d’Ahmed, algérien de 50 ans, toujours près à rendre service. Un cœur pur celui-ci.







Parallèlement, Léopold, trompettiste, doit répéter avec son groupe de jazz en vue d’un concert important dans une salle de Lille, programmé pour les jours à venir. Gildas est contre le fait que son fils s’embarque dans une passion musicale, sa femme, la mère de Léopold jouait du piano, elle est morte. La tension est vive entre un père diminué par sa grève de la faim, et son fils semblant surtout préoccupé par la préparation du concert.







C’est alors qu’Ahmed se volatilise et qu’une salariée de l’usine vient de se suicider. Léopold est de plus en plus tiraillé entre la grève, son père, son groupe, l’employée décédée et la disparition d’Ahmed, son ami.







Dans ce bref roman tout en intimité et en positionnement social, l’écriture est profondément orale et poétique, les dialogues sont imbriqués dans la narration, donnant cette homogénéité propre à CHOPLIN. Nous pouvons suivre étape par étape les négociations syndicales, l’attente, l’échec, la décision du père, l’ambivalence du fils, tout ceci sur fond de racisme et de journaux locaux ne s’intéressant au sort de Gildas qu’aux premières heures. Nous croisons des personnages originaux, taiseux, comme ce retraité de l’usine, venant pourtant encore tous les jours y faire une partie d’échecs (encore l’échec !).







À l’un des anciens qui lui demande pourquoi à son avis les plus vieux sont encore dans la lutte, Léopold répond « C’est pour moi et les jeunes comme moi que vous êtes là. Pour qu’on ait du boulot plus tard. Et qu’on se fasse pas toujours presser le citron par les patrons et les actionnaires ».







Ce roman dépeint en quelque sorte la fin d’un monde ouvrier, ballotté entre le besoin de travailler et le poids de la modernité entraînant les licenciements et la faillite. CHOPLIN tient en haleine, de manière épurée où chaque mot sonne et résonne. Il m’avait déjà conquis à plusieurs reprises, notamment dans « Radeau », « Le héron de Guernica » ou encore « La nuit tombée », sans oublier cet étonnant recueil de nouvelles « Les gouffres » où l’ambiance savait se faire kafkaïenne. Il récidive avec brio dans ce « Cour nord » sorti en 2009 aux éditions du Rouergue.







Antoine CHOPLIN a reçu le magnifique prix « Loin du Marketing » l’an dernier, en 2019. Il faut dire que son écriture est sensible et nous embarque avec aisance et sans trémolos dans une atmosphère unique où parfois le petit monde rencontre la grande Histoire. Il est à coup sûr lui aussi un grand, a écrit une vingtaine d’ouvrages dans lesquels il sait parfaitement varier les thèmes et les plaisirs. Son œuvre est ample mais toujours empreinte de cette pudeur intime propre à l’auteur. Vous l’aurez compris : ce serait dommage de passer à côté d’un tel écrivain.



Léopold et son père Gildas sont employés dans une usine du nord. Celle-ci va fermer, définitivement. Alors les salariés se mettent en grève. À leur tête Gildas, syndicaliste aguerri. Il mène la préparation des négociations. Rencontre avec le patronat sous une pluie battante alors que les grévistes attendent le renfort de la Fédération Atlantique. Les tractations échouant, Gildas décide d’entamer une grève oui, encore, mais de la faim cette fois-ci, dans l’enceinte même de l’usine. Dans l’équipe des grévistes point la figure tendre et pourtant effacée d’Ahmed, algérien de 50 ans, toujours près à rendre service. Un cœur pur celui-ci.







Parallèlement, Léopold, trompettiste, doit répéter avec son groupe de jazz en vue d’un concert important dans une salle de Lille, programmé pour les jours à venir. Gildas est contre le fait que son fils s’embarque dans une passion musicale, sa femme, la mère de Léopold jouait du piano, elle est morte. La tension est vive entre un père diminué par sa grève de la faim, et son fils semblant surtout préoccupé par la préparation du concert.







C’est alors qu’Ahmed se volatilise et qu’une salariée de l’usine vient de se suicider. Léopold est de plus en plus tiraillé entre la grève, son père, son groupe, l’employée décédée et la disparition d’Ahmed, son ami.







Dans ce bref roman tout en intimité et en positionnement social, l’écriture est profondément orale et poétique, les dialogues sont imbriqués dans la narration, donnant cette homogénéité propre à CHOPLIN. Nous pouvons suivre étape par étape les négociations syndicales, l’attente, l’échec, la décision du père, l’ambivalence du fils, tout ceci sur fond de racisme et de journaux locaux ne s’intéressant au sort de Gildas qu’aux premières heures. Nous croisons des personnages originaux, taiseux, comme ce retraité de l’usine, venant pourtant encore tous les jours y faire une partie d’échecs (encore l’échec !).







À l’un des anciens qui lui demande pourquoi à son avis les plus vieux sont encore dans la lutte, Léopold répond « C’est pour moi et les jeunes comme moi que vous êtes là. Pour qu’on ait du boulot plus tard. Et qu’on se fasse pas toujours presser le citron par les patrons et les actionnaires ».







Ce roman dépeint en quelque sorte la fin d’un monde ouvrier, ballotté entre le besoin de travailler et le poids de la modernité entraînant les licenciements et la faillite. CHOPLIN tient en haleine, de manière épurée où chaque mot sonne et résonne. Il m’avait déjà conquis à plusieurs reprises, notamment dans « Radeau », « Le héron de Guernica » ou encore « La nuit tombée », sans oublier cet étonnant recueil de nouvelles « Les gouffres » où l’ambiance savait se faire kafkaïenne. Il récidive avec brio dans ce « Cour nord » sorti en 2009 aux éditions du Rouergue.







Antoine CHOPLIN a reçu le magnifique prix « Loin du Marketing » l’an dernier, en 2019. Il faut dire que son écriture est sensible et nous embarque avec aisance et sans trémolos dans une atmosphère unique où parfois le petit monde rencontre la grande Histoire. Il est à coup sûr lui aussi un grand, a écrit une vingtaine d’ouvrages dans lesquels il sait parfaitement varier les thèmes et les plaisirs. Son œuvre est ample mais toujours empreinte de cette pudeur intime propre à l’auteur. Vous l’aurez compris : ce serait dommage de passer à côté d’un tel écrivain.



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Cour Nord

Un livre simple et touchant, réaliste et intéressant sur une relation père-fils où le dialogue naît peu à peu avec pudeur et tendresse. Un auteur à découvrir et à retenir.
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Cour Nord

Dans une ville du nord, en plein milieu des années 80, une usine est prête à être fermée pour raisons économiques. Les salariés décident de faire grève pour peser sur les discussions avec les patrons. Les jours passent et la motivation faiblit. Au milieu des grévistes, il y a Léo et son père, un des syndicalistes les plus écoutés. 
Léo, lui, ne vit que pour la musique (hors usine), pour le Jazz, pour les répétitions avec son ami Gasp(ard).

Quand l’usine entière est fermée sous peu, son père décide de faire une grève de la faim, seul, sous les regards médusés de ses camarades et de son fils.

Le ballet entre le père et le fils est souvent silencieux. Ils ne se parlent pas, ou peu et le soutien de Léo à son père n’est pas le plus loquace.

Antoine Choplin arrive, encore, en une centaine de pages à nous plonger dans les luttes ouvrières des années 80, mais aussi à remonter le passé sur les conditions de travail précédentes, la colère violente ou larvée des ouvriers sacrifiés sur l’autel de la rentabilité, leur lutte désespérée, parfois, pour ne pas céder aux sirènes de la prime ou au découragement.

Au milieu de tout cela, il y a la relation entre Léo et son père… Tout ce passif accumulé, ces non-dits, ces sentiments tus qui peuvent blesser plus qu’on ne le pense, l’incompréhension devant un choix ; petit à petit, l’émotion est là suspendue comme une note de musique entre les deux hommes qui communiquent mal et se comprennent aussi mal… L’un ne comprend pas la passion du jazz de son fils et l’autre trouve inutile le côté jusqu'au-boutiste de son père.

Quand une lueur possible apparaît, cela nous saisit à la gorge et l’émotion étreint…

Avec, toujours ce côté humaniste et un brin idéaliste dans le style minimaliste d’Antoine Choplin, et cela fait du bien, un grand bien, même si cela serre le cœur.

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Cour Nord

Excellente immersion dans une ville du nord dans les années 80. L'histoire d'une relation entre un père et un fils encore marqué par la disparition de la mère. Une belle histoire de lutte des classes, sous fond de références jazz, de personnages très attachants. Une partition une nouvelle fois bien écrite.
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Cour Nord

Les années 80, Léopold et son père syndicaliste, travaillent tous les deux en usine dans le Nord de la France. Après une réunion avec les dirigeants, ils apprennent que l'usine doit fermer dans deux mois. Les employés se mettent en grève, créent des slogans ravageurs et organisent des manifs. La situation n'évoluant pas, le père de Léopold commence une grève de la faim.

Pendant ce temps, Léopold joue du trombone dans un groupe de jazz, fondé par lui et quelques copains.



Ce roman traite à la fois d'un sujet social, à savoir la fermeture d'usine, la perte de l'emploi, le chômage... mais aussi de la relation tendue entre un père et son fils. En effet, Léopold ne semble pas autant préoccupé par la situation, il préfère nettement se concentrer sur la musique. Du côté du père, c'est l'incompréhension et l'éloignement vis à vis de son fils.

Il s'agit d'un livre très court qui se lit rapidement.



La suite sur mon blog ;)
Lien : http://lespetitslivresdelizo..
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Cour Nord

Antoine Choplin dans Cour Nord évoque les relations d'un père syndicaliste entamant une grève de la faim pour empêcher la fermeture de "son" usine et de son fils nouvellement engagé à l'usine, mais qui se sent beaucoup plus concerné par son amour du jazz et son prochain concert.

Antoine Choplin raconte un conflit de génération mais il raconte aussi les difficultés du monde ouvrier et les difficultés de s'en échapper.
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Cour Nord

Cela se passe au début des années 80. Cela pourrait se passer aujourd'hui.

Dans une petite ville du Nord,le personnel d'une usine menacée de fermeture est en grève. Le jour,Léo participe mollement à la lutte aux côtés de son père leader syndical. La nuit, il répète dans un quartet de jazz.

4è de couverture
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