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Critiques de Antoine Choplin (588)
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La nuit tombée



D'une écriture poétique d'une grande douceur et simplicité, Antoine Choplin nous invite dans un univers de désert nucléaire, par des tableaux minimalistes de régions vides et improbables, de personnages rudes et fracassés, ancrés dans une réalité glaçante.

Comment s'expliquer alors le plaisir de cette lecture, la grande empathie ressentie, à suivre cet homme à la moto, ce père riche des souvenirs heureux, cet ami fidèle des jours d'apocalypse?

La concision du propos littéraire, l'économie de mots, les non-dits apportent comme un cadeau, une touche d'humanité magnifique.

Un vrai coup de coeur!

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La nuit tombée

Gouri se rend dans la ville où il vivait avec sa famille.

Sur le trajet, il s'arrête chez des amis, à quelques dizaines de kilomètres de sa destination interdite : Pripiat, la ville qui jouxtait l'ancienne centrale nucléaire de Tchernobyl. La catastrophe du 26 avril 1986 a marqué un tournant dans la vie de chacun. Ceux qui sont encore en vie y ont beaucoup perdu : un ou plusieurs proches, la santé, un cadre de vie. Gouri ne fera pas revenir sa fille à la vie, mais il a besoin de ce retour à Pripiat, fut-ce au péril de sa santé.



En 120 pages (édition Points), l'auteur met en évidence la profondeur de l'empreinte de la catastrophe sur les lieux, sur les corps et les esprits. En peu de mots, les personnages se disent beaucoup de choses, de ce qui leur reste de vie et d'eux-mêmes. La vodka libère la parole, direz-vous ! Certes, les discussions se déroulent souvent autour d'une bouteille, mais elle fait ici simplement partie du décor.

Seuls quelques aspects de la catastrophe de Tchernobyl sont évoqués dans ce court roman, mais ces détails disent beaucoup de son impact sur la vie des riverains.
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La nuit tombée

Une véritable merveille bien que les sujets abordés dans cet ouvrage ne soient guère réjouissants, bien au contraire !



Gouri, le personnage principal, revient, après deux ans d'absence, dans sa région natale de l'Ukraine, non seulement pour revoir ses amis, Iakov et Svetlana mais surtout parce qu'il a une mission à accomplir : celle de retourner dans Sa ville, celle où il a vécu heureux avec sa femme et sa fille, et qui est désormais en ruines afin de récupérer une porte. Vous allez croire que je raconte n'importe quoi mais lisez la suite et tout prendra peut-être sens pour vous ! Gouri s'est exilé à Kiev suite au 26 mai 1986. Cette date ne vous évoque-t-elle rien ? L'accident nucléaire de Tchernobyl bien évidemment ! Même si ce dernier n'est pas clairement mentionné par l'auteur, le lecteur, lui, lit entre les lignes puisqu'il parle de "zone", d'évacuation à grande échelle de villages entiers et, bien évidemment de plutonium. Le rapprochement ne fait donc plus aucun doute. Et su Gouri tient tant à retourner dans cet endroit pillé, dévasté et surtout interdit, c'est pour se rendre à Pripiat, la ville dans laquelle où il habitait et de se rendre, illégalement bien entendu, dans son ancienne demeure pour récupérer la porte de la chambre de sa fille.

Pourquoi celle-ci et pas une autre ? Et dans quel but ? Je ne vais quand même pas vous dévoiler toute l'intrigue donc je m'arrête là, ne serait-ce que pour vous tenir sur votre faim...



En tout cas, je vous recommande vivement la lecture de cet ouvrage qui se lit très vite, qui est extrêmement bien écrit et très touchant. Il a d'ailleurs obtenu le Prix France Télévisions 2012, dans la catégorie "Romans". A découvrir absolument !
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La nuit tombée

Il ne faut pas avoir peur de perdre haleine avec ce genre de livre. Il est de ceux qui se lisent d'une traite à une vitesse que l'on imagine même pas et que l'on repose en se disant waouh!

On rentre directement dans le vif du sujet, pas de temps à perdre. Gouri arrive en moto chez Eva pour y passer la soirée avant de partir pour Pripiat, village fantôme à cause de la catastrophe de Tchernobyl, où il veut récuprer la porte de la chambre sa fille sur laquelle sont gravés des souvenirs.

Frappe de suite le style dépouillé du roman. Style dur à utiliser si on le maîtrise pas. Ici c'est le cas, une fluidité exemplaire, cas d'école que ça ne sert à rien de faire un style pompeux pour faire un super bouquin. Tout coule naturellement, et nous emporte. Chaque personnage est vrai, simple et à la fois complexifié par un jeu de non-dits excellent et pas trop appuyés. Une grande subtilité traverse le livre, dans ses évocations (Ksénia la fille de Gouri, 16 ans, malade), le récit d'une grande justesse de Kezmo qui a vu sa maison détruite... Des moments originaux (les photos de manequins sur les murs etc.) sont mis en place pour créer un livre presque complet.

Car il manque une composante essentielle d'un bon livre, une ambiance. Les personnages y participent très bien (le malade, Piotr le gamin qui devient fou à plusieurs reprises et mystérieux tout le long) par son économie de moyen, et la vitesse à laquelle on le lit (absence totale de freins symbolisée par la non-présence de signe de dialogue directe malgré des renvois à la ligne pour les répliques), on ne plonge pas complètement dans le monde que l'auteur nous fait partager. Il faudra attendre l'escapade à Pripiat (la fin du livre) et la découverte de cette ville fantôme pour commencer à rentrer dedans.

En d'autres mots une lecture indispensable, un moment de littérature, qui laissera forcément un peu sur la faim, mais je le répète, incontournable.

Ma note: 17/20
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La nuit tombée

Ambiance pesante et lourde dans cette Ukraine d'après Tchernobyl. Pourtant, au coeur de l'horreur, la vie continue. L'amitié aussi. Gouri et ses amis refusent de céder le dernier mot à la peur. Ce livre est une bouffée d'espérance !

Bien sûr c'est un roman. Mais il m'a plongée au coeur de la réalité des années 87-90. J'y étais comme si c'était mon pays. Comme si c'était ma vie.
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La nuit tombée

La catastrophe de Tchernobyl inspire auteurs et cinéastes depuis plusieurs années maintenant. Dans « la nuit tombée » d’Antoine Choplin, c’est une histoire plus que touchante à laquelle nous avons droit. Une ville abandonnée, une ambiance morose, des habitants désarçonnés, et surtout des souvenirs qui ne cessent de refaire surface. Sans fausse note et avec beaucoup d’émotion, Antoine Choplin retrace la vie de quelques rescapés avec beaucoup de poésie et d’humilité.
Lien : https://commedansunlivre.fr/..
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La nuit tombée

C’est l’histoire d’un ouvrier engagé pour décontaminer les lieux de la centrale de Tchernobyl. Il veut retourner dans son village contaminé pour récupérer quelque chose dans sa maison. Il le fera de nuit, puisque c’est interdit de revenir. Au cours de ce voyage, il s’arrête chez des amis, et ceux-ci racontent l’horreur de cette catastrophe. Il y a entre eux beaucoup de chaleur et d’humanité ! HS
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La nuit tombée

Au crépuscule Gouri roule vers le village de Chevtchenko où il est attendu par ses amis Iakov et Vera.

Deux années se sont écoulées depuis l'accident nucléaire qui a dévasté Tchernobyl.

Derrière sa moto une remorque attachée avec un bricolage de fortune. Il a l'intention de se rendre plus tard dans la zone. Quand il s'arrête pour faire le plein le pompiste devine sa destination et le met en garde. Certains partent vers Pripyat et ne reviennent jamais. Les pilleurs et les trafiquants pullulent et le danger est omniprésent.



Oui, mais Gouri a besoin de retourner à tout prix dans sa maison de Pripyat pour ramener quelque chose auquel il tient beaucoup.



Vera est heureuse de revoir Gouri. Ils boivent à leurs retrouvailles et un dialogue s'engage entrecoupé quelquefois de silences.

Son mari, Iakov, est gravement malade ; Ksenia, la fille de Gouri aussi.

Piotr, un gamin du coin recueilli par un couple de personnes âgées, Leonti et Svetlana, est traumatisé et ne parle quasiment plus.



Autour du repas du soir composé d'une soupe et de chou sont réunis Iakov, Vera, Gouri, Leonti, Svetlana, Piotr et Kouzma, un jeune gars arrivé au printemps et qui traficote dans les environs. C'est une soirée ponctuée de poésies, de chants et de musique. D'un peu de joie qui succède à la tristesse après que chacun se soit confié sur les conséquences de la catastrophe.

Après ce repas Gouri partira à la nuit tombée direction Pripyat afin d'en rapporter un objet bien particulier.



Les personnages sont attachants et on éprouve de l'empathie face à ce qu'ils endurent.

Iakov sait que ses jours sont comptés.

Leurs témoignages à tous sont poignants.

Iakov avait été réquisitionné pour nettoyer la zone et " enterrer la terre " après avoir travaillé au contact du réacteur. Quant aux scènes qu'ils a pu voir, j'espère bien que personne d'autre n'aura jamais à les voir. Comme ces arbres qui, dit-il, rougeoyaient, brillaient ; la pluie noire qui tombait sur eux, les centaines de moineaux aveugles qui s'écrasaient sur les pare-brise des voitures pour finir par mourir, les maisons ensevelies, les animaux domestiques abattus. Et au-delà des scènes de désolation, la maladie, la souffrance et la mort.



Réquisitionnés pour faire leur travail de citoyen leur disait-on...

Sacrifiés pour une patrie qui n'informait personne sur les dangers du nucléaire.

Destinés à mourir...



Kouzma, de son côté, a vu la maison de son enfance disparaître dans un énorme gouffre avec tout ce qu'elle contenait. Dont une boule de neige avec une Tour Eiffel à l'intérieur, cadeau d'un ami de son père. Petite chose qui avait surtout une valeur sentimentale.

Quelquefois ces simples objets qui vous ont apporté du bonheur emportent avec eux un morceau de votre coeur en disparaissant.



Pour son livre " La nuit tombée " Antoine Choplin a reçu le Prix France Télévisions en 2012.

Ce prix est mérité. L'auteur met en scène des gens du peuple comme vous et moi, dont les vies ont basculé après l'explosion du réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl.



" Ils étaient venus ensemble, c'était tout près d'ici, Ksenia et lui, au matin du 26 avril.

Voir un peu.

Le bleu étrange de l'incendie.

Les irisations. Cette féerie.

Ils avaient même hésité à s'approcher encore. Une chose insignifiante -- il ne pouvait se souvenir quoi exactement, une course à faire, un rendez-vous ? -- les en avait empêchés. Ils y seraient allés sinon, main dans la main. Encore plus près. Ils se seraient jetés là-dedans pour de bon, père et fille ensemble, pris par l'intensité du spectacle, le sourire, presque, à leurs visages. Comme ces autres enfants rassemblés du côté de la voie ferrée, offrant leurs chants et farandoles au feu d'artifice. Et envoûtés une fois pour toutes. Aujourd'hui, ou demain, disparus. " ( Citation du livre )



Ce passage je le trouve particulièrement terrible. Toutes ces personnes venues regarder la beauté du spectacle se déroulant devant leurs yeux en ignorant que c'était la mort qu'ils étaient en train de contempler.



Ce que j'ai énormément de mal à comprendre c'est qu'au début du repas, quand Iakov présente son ami à Leonti, il lui dit qu'avant d'être écrivain public à Kiev Gouri travaillait pour ceux de la centrale.

Alors pourquoi ce dernier n'était-il pas au courant des risques de l'atome en cas d'accident ? Je reste dubitative.



Le sujet est traité avec pudeur. Le récit est simple, tout comme le sont les protagonistes. Les phrases sont courtes, les dialogues entrecoupés de silences n'en sont que plus percutants et font mouche.

Ce voyage de Gouri à la nuit tombée est touchant et on ne peut s'empêcher de penser à une scène similaire relatée dans l'excellent livre de Svetlana Alexievitch " La Supplication : Tchernobyl, chroniques du monde après l'apocalypse ".



Une nuit tombée où brillent à présent des milliers d'étoiles. Les âmes des suppliciés de Tchernobyl qui ont été fascinés un jour d'avril 86 par une irisation belle et mortelle dans un ciel bleu étrange.

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La nuit tombée

Dies irae (jour de colère)

Jour funeste que ce 26 avril 1986 !



"L'entrelacs de la nuit et de nos pénombres ".



Gouri va se rendre à moto sur les lieux de sa vie perdue, il va s'arrêter près de ses vieux amis, ceux restés au pays ; ils évoqueront les temps nostalgiques et douloureux de l'avant et de l'après.



Joie des retrouvailles atténuée par les douleurs partagées.



(p.11) Les pensées de Gouri vagabondent, de moins en moins consistantes. Elles gravitent alentour de cette masse sans réalité qui renâcle à renvoyer la lumière. C'est quelque chose comme le sentiment de l'abandon.

Qui recroqueville les bustes, replie les horizons.



Un Requiem lent pour tous leurs morts, et la mort de leur terre à jamais contaminée.



Malgré l'horreur qui est présente au fil des phrases lancinantes , Antoine Choplin m'a touchée avec ses mots

pour dire les maux !



(p.109) C'est un drôle de sang qui a bondi par les allées de chez nous / à l'encontre des roses et des haleines fraîches de femmes / C'est un sable assassin qui pour toujours grimpe aux écorces / et avance comme une langue jusqu'aux portes des maisons.



- Dans le sombre des lieux; de curieuses trouées ...... Inconfort dans le vertige d'un Univers qui dégringole .....



Livre bouleversant !



(p.115)

Le gouffre tend ses lèvres

Vers le sommet des solitudes

Et ce n'est pas une affaire d'homme



Sauf à emprunter à la vigueur du vent

lui qui chahute la chevelure des filles

même sachant

qu'il n'a nulle part ou revenir.



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La nuit tombée

Il y a ceux qui sont touchés, comme Iakov ou comme Ksenia la fille de Gouri ; ceux qui ont vécu de près l’horreur et, s’ils s’en sortent indemnes physiquement, ont été détruits intérieurement, comme Kouzma qui a vu son univers s’effondrer littéralement devant lui, devant ses yeux incapables de pleurer tant la douleur était grande. Ils ont tous dû abandonner leur maison, leur vie d’autrefois pour survivre ailleurs, en attendant de voir si la catastrophe nucléaire a laissé des stigmates sur eux.







« La bête n’a pas d’odeur



Et ses griffes muettes zèbrent l’inconnu de nos ventres. » (p.72)







Ils forment un groupe uni dans la détresse, une entité soudée, même si Gouri a choisi d’aller vivre ailleurs, plus loin, à Kiev.







Ce court roman nous parle de l’horreur de Tchernobyl, mais il chante surtout l’amour, la fraternité, l’importance des souvenirs et des témoignages, capitales pour ne pas oublier ces êtres démunis, perdus dans un no man’s land anéanti. Gouri poète écrit un poème chaque jour sur la catastrophe parce que « c’est déjà quelque chose » :







« Il y a eu la vie ici



Il faudra le raconter à ceux qui reviendront



Les enfants enlaçaient les arbres



Et les femmes de grands paniers de fruits



On marchait sur les routes



On avait à faire



Au soir



Les liqueurs gonflaient les sangs



Et les colères insignifiantes



On moquait les torses bombés



Et l’oreille rouge des amoureux



On trouvait le bonheur au coin des cabanes



Il y a eu la vie ici



Il faudra le raconter



Et s’en souvenir nous autres en allés. » (p. 71)







Un très beau texte, poignant, simple, direct, essentiel.




Lien : http://www.lecturissime.com/..
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La nuit tombée

Gouri nous emmène avec lui sur sa moto équipée d’une remorque à l’attache « faite maison » pour une nuit au coeur de la zone interdite, vestige de la catastrophe de Tchernobyl. Il vivait heureux dans un petit appartement avec femme et enfant à Pripiat mais en avril 1986, ils furent parmi les premiers évacués. Un évacuation qui signifie tout quitter en laissant tous leurs souvenirs derrière eux et fuir à Kiev, loin de tout ça. Deux ans plus tard, c’est avec beaucoup d’insouciance, de la joie au coeur presque qu’il y retourne pour récupérer un souvenir très précieux… un retour au coeur de l’horreur.



Beaucoup de choses ont été dites sur cette catastrophe mais on parle très peu de ceux qui ont vécu ce drame. Antoine Chopelin nous guide à La nuit tombée parmi les acteurs du primer jour. En chemin, Gouri s’arrete chez des amis où entre deux verres de vodka, ils parlent de l’avant mais aussi de l’après Tchernobyl. Son ami est Iakov qui juste après la catastrophe dans un élan patriotique à intégrer l’équipe des « nettoyeurs » et qui depuis meurt chaque jour un peu plus dans son corps contaminé. Il nous raconte l’après explosion pour ceux qui sont restés, leur espoir de continuer à vivre là-bas, de réintégrer leur maison qu’ils reconstruisent pierre après pierre.

Un texte très court, tout en pudeur, des personnages peu bavards qui en quelques mots disent l’essentiel, beaucoup de silences aussi, des silences plus éloquents que les mots. Chaque mot utilisé dégage une intensité que j’ai rarement ressenti en littérature. Ils exposent les faits, sans jamais s’en plaindre. La vie est là avec de l’amour, de l’amitié, les problèmes du quotidien mais évidemment il ne faut pas creuser profond pour faire resurgir le souvenir tellement les stigmates des irradiations sont présentes.

Un magnifique texte teinté d’espoir, à lire absolument, qui donne la parole aux rescapés de la catastrophe de Tchernobyl.
Lien : http://mesexperiencesautourd..
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La nuit tombée

Il y a des écrivains qui crient et d'autres qui chuchotent. Ceux-là seraient bien capables de se taire, s'ils pouvaient. Mais la littérature muette n'existe pas. Antoine Choplin est de cette race d'auteurs, jamais un mot plus haut que l'autre, des non-dits et des pudeurs qui expriment le fleur de peau et la souffrance. Un certain fatalisme, aussi. La nuit tombée parle de Tchernobyl sans jamais le nommer. Et de la zone interdite, fascinant no man's land où pourtant certains s'introduisent en douce comme des contrebandiers du souvenir. La nuit tombée, court roman, ne comporte que deux scènes principales : une soirée entre amis, à la lisière de la zone, où la vodka ravive la mémoire, et le retour d'un homme, accompagné d'un acolyte, dans le périmètre contaminé pour "voler" un objet qui lui est cher. Moins immédiatement séduisant que Le héron de Guernica, plus gris, La nuit tombée tient par l'écriture économe et sobre de Choplin. Dans un monde qui survit à peine, il reste encore de la place pour les sentiments, pour un brin d'humanité et une rasade de fraternité.
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La nuit tombée

Un homme, Goury veut retourner seul sur sa moto dans la zone interdite autour de Tchernobyl ! Ce voyage, deux ans après les événements, encore interdit par les autorités est l'occasion de retrouver ceux qui sont restés sur place et  d'évoquer  le drame, le désastre humain et de la nature. Goury qui semble un des seuls qui ait travaillé au nettoyage de la zone et à en être sorti indemne veut retourner dans son ancien appartement pour rechercher quelque chose...



Ce livre sombre, à l'écriture très sobre mais percutante est particulièrement bouleversant d'humanité et d'angoisse. Cette écriture évoque des images fortes que l'on ne peut oublier ...
Lien : http://bibliothequedechalipe..
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La nuit tombée

Avec une économie de moyens très beckettienne, un sens du visuel méditatif digne de Tarkovski, et une grande tendresse pour ses personnages sortis d'un tableau de Chagall, Antoine Choplin signe un roman essentiel.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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La nuit tombée

Suite à la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986, Gouri a quitté Pripiat pour Kiev avec sa femme et leur fille. Deux ans et demi après son départ, il revient sur les lieux pour récupérer un objet chargé de souvenirs. Il retrouve d'anciens voisins et amis restés dans la zone sinistrée, à quelques kilomètres de la ville. Le temps d'une soirée arrosée de vodka, ils se rappellent les lendemains du drame, l'urgence et la panique, les actions improvisées aberrantes et meurtrières. Ceux demeurés sur place évoquent leur vie - et la mort, jamais loin - "d'après".



Amitié, amour, courage, deuil dans cette belle histoire douce et émouvante. La désolation des lieux et les ravages des cancers sont évoqués de manière sobre et percutante. Le regard de Gouri sur son ancien quartier détruit, déserté, pillé est éloquent. Gouri annonçant la maladie de sa fille, Gouri au chevet d'un ami aux portes de la mort en disent long...
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La nuit tombée

lu en 2015.
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La nuit tombée

La nuit est tombée pour longtemps sur cette partie du monde contaminée par la faute des hommes. Hormis les animaux qui ignorent l’interdiction de fouler leur sol, les lieux sont déserts et personne ne semble avoir pris le risque d’y revenir.



Pourtant Gouri, un ancien habitant de la zone interdite, va le faire, poussé par le devoir d’accomplir une mission. Il prendra même le temps de s’arrêter en chemin pour diner et boire de la vodka chez des amis restés dans un village infecté. Après quoi, rien n’arrêtera ce père désireux d'aider sa fille malade, victime de l’irresponsabilité humaine.



Une histoire simple et courte qui appelle une réflexion essentielle sur la nécessité d’agir contre une activité humaine irraisonnée.

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La nuit tombée

Ce court roman est très prenant car il embrasse plusieurs destinées brisées par la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. C'est un roman de nuit, de rencontres, de peur, de besoin de revoir des lieux, de toucher des objets, de silence et d'émotion discrète.



Gouri entreprend un voyage à moto d'une nuit vers Pripiat, sa ville devenue champ de désolation et de radioactivité. Dans son périple, il passe une soirée de partage chez des amis dans un village sur la route. Des vies simples, épluchage de pommes de terre, retrouvailles émues avec son ami Iakov, irradié vivant ses derniers jours. Les mots passent, naturellement, les silences sont hurlants, la délicatesse imprègne l'atmosphère pourtant si tragique.



Puis, Gouri continue son voyage avec Kouzma qui va le guider jusqu'à Pripiat. Son partenaire connaît les moyens de franchir les passages, de se faufiler dans la ville fantôme jusqu'à l'immeuble où vivait Gouri. Là, ce dernier va récupérer un objet qui ne pouvait intéresser les pillards, pas un objet de valeur, petit et précieux, mais une porte chargée de l'histoire de sa famille, portant les marques de mesure de la taille de sa fille, Ksenia. Cet attachement viscéral à cette porte et la nécessité de l'enlever à cette désolation nous font à la fois partager le passé de Gouri et mesurer l'importance pour l'humain de l'objet, inanimé... Lamartine se demandait s'il avait une âme. Gouri en est convaincu car cette porte détient sa vie et celle de sa fille.



Un livre condensé, des phrases brèves, des dialogues saisissants de simplicité, sur la détresse mais aussi la poursuite de la vie au-delà des souffrances. La qualité de l'écriture renforce la perception des maux de ces gens auxquels elle fait communier tout lecteur capable d'entendre les silences de la nuit de Gouri.
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La nuit tombée

La principale héroïne de ce roman n'est autre que la mort. Une mort omniprésente, une mort omnipotente, une mort qui ne dit pas son nom, mais qui se cache dans les êtres et dans les villages irradiés, une mort qui s'avance à pas de loup, imprévisible mais efficace, une mort qui se présente sous forme de désolation, d'abandon, de maladies et de de phénomènes étranges. Une mort latente qui provoque peur et effroi, et sait sa victoire sûre, à court ou à long terme. De cette tragédie humaine que fut Tchernobyl, Choplin chosit de nous en montrer l'essentiel dans un court mais efficace roman où le personnage principal, le poète Gouri retourne sur les lieux et nous fait voir avec ses yeux l'effroyable désastre qui en résulte et le courage des victimes.

Par une incroyable douceur d'écriture où tout est suggéré plutôt que décrit, Choplin parvient à susciter un effroi glaçant face à une réalité invisible et cependant toute-puissante qui ne peut jamais être saisie ni localisée : celle de la peur devant un ennemi impitoyable et impossible à éradiquer. Nous sommes comme pris à la gorge par ce drame humain.

Témoignage de ce qui s'est passé et qui pourrait se reproduire, ce livre nous laisse face à notre reflexion et à nos responsabilités.

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La nuit tombée

"Il y a eu la vie ici

Il faudra le raconter à ceux qui reviendront

Les enfants enlaçaient les arbres

Et les femmes de grands paniers de fruits

On marchait sur les routes

On avait à faire

Au soir

Les liqueurs gonflaient les sangs

Et les colères insignifiantes

On moquait les torses bombés

Et l'oreille rouge des amoureux

On trouvait du bonheur au coin des cabanes

Il y a eu la vie ici

Il faudra le raconter

Et s'en souvenir nous autres en allés"



Oui, il y avait de la vie à Tchernobyl. Avant...



Après, la mort ou la maladie. Un mal inhumain qui vous ronge inéluctablement.

Les survivants ont été déplacés, de gré ou de force : une zone immense est devenue inhabitable pour des années, ou plutôt, pour des milliers d'années.



Gouri qui habitait près de la centrale, veut revenir dans la zone interdite, non par bravade ou inconscience, mais pour récupérer un souvenir dans sa maison. Un souvenir précieux.

Sa quête l'amène à retrouver au passage des amis d'autrefois avec lesquels, autour d'un verre de vodka, il fait revivre le monde perdu.

Les souvenirs de la vie d'avant s'entremêlent à l'horreur du présent. Presque tout a été détruit, le peu qui reste est fortement contaminé, seule demeure un peu de chaleur humaine chez les survivants.



À travers ce court roman, l'auteur arrive à faire comprendre au lecteur toutes les conséquences de la tragédie.

Le contraste entre la douceur des mots et la noirceur de la réalité est très réussi, et c'est ce qui fait, à mon avis, l'intérêt du livre.

Certaines scènes sont saisissantes, comme celle dans laquelle un homme raconte la destruction de sa maison, à laquelle il a assisté. Aux abords de la centrale, les taux de radiation étaient tels, qu'il a fallu tout enterrer. Démolir et enterrer. Tant pis pour tous les objets, tant pis pour tous les souvenirs, tout a été ramassé par des pelleteuses et enfoui. "Comme une merde de chien."



Petit texte, grande émotion.

Antoine Choplin a su mettre un peu de poésie dans la tragédie et allumer quelques petites flammes d'humanité dans l'inhumain.
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