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Citations de Azouz Begag (250)


Depuis son arrivée en France, sa gamelle veut dire beaucoup de choses pour lui. C'est mieux que sa carte d'électeur du - deuxième collège- d'avant et celle de résident de maintenant. Il ne s'est jamais trop éloigné d'elle pour ne jamais oublier qui il est, un ouvrier qui n'a que ses mains pour le défendre dans la vie. (p. 37)
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Le scénario de mon père inconnu se reproduisait à l'identique pour elle.
C'est un éboulement. Le type de l'état civil me voyait abattu et en était fort embêté. Il voulait m'aider à dénicher une racine généalogique maternelle dans ce coin de terre, au nom du droit de tout être humain à un point d'origine et de départ sur la planète. (...)
Je me suis battu pour qu'elle et mon père soient nés quelque part. Depuis, j'existe. Je suis quelqu'un moi aussi. Ma mémoire généalogique est activée. Elle commencera avec moi. (p. 50)
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"T'es pas un Arabe ! T'es un Français ! Faux frère ! Fayot ! Mais que leur ai-je donc fait, aux cousins de la classe ? T'es pas un Arabe ! Si ! je suis un Arabe et je peux le prouver : j'ai le bout coupé comme eux, depuis trois mois maintenant. C'est déjà pas facile de devenir arabe, et voilà qu'à présent on me soupçonne d'être infidèle."
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" Les compositions ont bien marché. A la maison tous les soirs, j'ai résisté à l'envie d'aller jouer avec les autres et j'ai travaillé mes devoirs.
Zohra m'a aidé à lire, à calculer, à réciter les poèmes.
Mon père surveillait de loin."
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Nous, les Arabes de la classe, on a rien à dire. Les yeux, les oreilles grandes ouvertes, j'écoute le débat. Je sais bien que j'habite dans un bidonville de baraques en planches et en tôles ondulées, et que ce sont les pauvres qui vivent de cette manière. [...] En classe, le débat s'anime. Des élèves prononcent des mots que je n'ai jamais entendus. J'ai honte.
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Avant, petit cabri gentil, je voyais tout joli autour de moi. Maintenant, un peu moins. Et je peux pas supporter qu'on me demande mon nom. C'est pas pour faire semblant que je déteste qu'on m'appelle Ben Abdallah, même si c'est le nom de mon ancêtre mort du typhus à Sétif au début su siècle. Je préfère encore tous les petits noms que Nordine a conçus pour me faire plaisir : Big Ben, gros sac, gros porc, gros tas de merde, gras-double. Mais j'aime surtout quand on m'appelle Béni, parce que là, on voit pas que je suis arabe. Pas comme Ben Abdallah que je suis obligé de porter comme une djellaba toute la journée en classe.
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- Vous croyez que si je savais lire j'aurais besoin de vous supplier de m'écrire mes lettres!...
Il se met à baver et à bégayer du même coup. Ses bras s'agitent autour de lui. Les muscles de son visage se tendent dangereusement. Ca va faire mal.
- Voilà comment vous me remerciez? Je leur ai tout donné pour qu'ils aient l'instruction, j'ai usé mes mains et mes reins comme un Turc pour monter des murs de ciment... Vous croyez que c'est pour moi que j'ai fait ça? Fils de chien! Allah vous fera payer, va, ne vous en faites pas. Vous paierez...
- Oh, oh... ça va, ça va! Mollo! je dis en me levant pour le calmer.
Mais lui, il est dégoûté dans sa tête.
- Dès qu'ils ont trois poils au cul, ils se prennent pour des hommes...
- Ca va! je dis. Je vais t'écrire ta lettre. On va pas faire une révolution pour trois mots sur du papier...
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Quand on est heureux on n'a pas de raison d'avoir peur des voisins, on dit bonjour à n'importe qui.
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Lorsqu'il va poser le pied sur la terre du retour, il va essayer de faire croire que la France c'est l'Eldorado, qu'il en revient brodé d'or et cousu d'argent. Il fera semblant de connaître personnellement le bonheur, dira qu'il le tutoie.
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On ne peut pas plaire à tout le monde.
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Tu n'as même pas d'eau dans le robinet. Viens voir chez moi et tu comprendras ce que c'est de tourner un bouton, d'avoir l'eau chaude. Le confort !
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Le maître a toujours raison. S'il dit que nous sommes tous des descendants des Gaulois, c'est qu'il a raison, et tant pis si chez moi nous n'avons pas les mêmes moustaches.
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On ne fait pas la fine bouche pour son premier emploi.
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Depuis que les livres neufs sont là, ça sent bon, une odeur de respect flotte dans la caverne.
On voit des gens des baraques y entrer seulement pour respirer et caresser les couvertures, comme pour remercier les livres de leur présence, n'osant pas les ouvrir, les effeuiller comme les coquelicots, craignant de les salir ou d'effrayer les personnages.

Chaque fois que monsieur Ali voit quelqu'un hésiter, il va vers lui et, avec délicatesse, sans l'effaroucher, lui dit que les livres peuvent être touchés, dérangés, soulevés, ouverts, emmenés en promenade à l'air libre.
Il sait que les gens des baraques se sentent comme des intrus à la bibliothèque. Parce qu'ils sont pauvres.
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La bibliothèque n'est pas une grande maison en dur, avec des vitres, du carrelage et des employés bien vêtus qui connaissent chaque ouvrage par leur nom et leur numéro matricule.

C'est juste une caverne d'alivres-baba improvisée, bricolée avec des planches et des tôles ondulées, des cagettes de fruits et légumes servant d'étagères, quelques chaises repeintes en couleurs vives, et monsieur Ali en gardien du temple, lui qui ne sait même pas lire mais a du temps libre et son atout coeur.
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L’ignorance totale des uns et des autres à propos de cette maladie décuplait leur fulgurante faculté à s’emballer, à s’emporter, à fondre en larmes, à se déchirer la peau des joues, à raconter n’importe quoi, au nom des pères fondateurs de la médecine, d’Hippocrate, des gourous marabouts du coin de la rue, de l’intuition personnelle forgée à radio-trottoir.
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Toute sa vie durant, il était resté un homme debout, ce n’est pas maintenant qu’il allait laisser un petit os de rien du tout perturber son équilibre. N’avait-il pas survécu à quarante années dans l’industrie du bâtiment, à plusieurs accidents, blessures, maladies, accédé à la retraite dont il avait même profité pendant plus de vingt ans ?
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Un médecin est venu la voir hier après-midi et il lui a prescrit des cachets, comme des bonbons pour les enfants. Les cachets sont les bonbons des vieux.
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Des chansons stupides chantent que le temps passe, ce n'est rien, ou bien qu'avec le temps tout s'en va... Pour nous, sans mélodie, le temps passait et n'effaçait rien du tout.
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Pour les plus précaires, l’organisation institutionnelle, politique, administrative de la société est une abstraction… Inversement, pour les mieux nantis aussi, l’organisation sociale de la survie chez les plus pauvres, qu’ils nomment communément l’économie souterraine ou parallèle, est une abstraction. Cependant il y a une grande différence entre ces deux univers : l’un vote, l’autre non. Les partis et les candidats aux élections le savent .
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