AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Bernard Noël (279)


mais tu t'en vas les bras chargés
de ma poussière et je ne sais plus si
le regard est fait par le silence
ou la lumière
Commenter  J’apprécie          60
Un coup de pied me fait taire. Le chien redouble d'ardeur: Sa truffe humide se glisse entre mes fesses, renifle l'anus, puis sa langue s'acharne, veut forcer le sphincter. Ma bitte bat à se rompre..
Elle tendit vers mon bas-ventre l'un de ses pieds nus, et j'en adorai la courbe alors qu'il soupesait ce double sac qui est l'attribut de la virilité.
Commenter  J’apprécie          60
Le corps social s'est dégradé en corps économique. La seule vitalité du corps économique est la consommation. (...) Incontestablement, on vit mieux, mais pourquoi vit-on? Ainsi reparaît le sens, mais dans son manque, dans son absence.
Commenter  J’apprécie          60
L'invisible commence dans l'oeil. Il contient le pendant de l'espace extérieur, c'est-à-dire notre espace intérieur. De l'un à l'autre, le regard se fait passeur.
Commenter  J’apprécie          60
Je n'ai eu que le génie de ma rage et l'énergie de ma colère.
Commenter  J’apprécie          60
La poésie a trop chanté ; il faut qu'elle déchante et trouve là le véritable chant. Quelqu'un disait : Mourir de rire et rire de mourir... Je veux une folie sage, un gâtisme intelligent, et un mauvais poème qui soit un poème mauvais. Je veux une laideur qui soit plus belle que la beauté parce qu'elle aura réussi à la comprendre.

p. 149 (extrait de "Bruits de langues").
Commenter  J’apprécie          50
Tout travail fait avec plaisir est de l'art, et pareil travail met au monde une liberté qui brise hiérarchie, compétition et pouvoir, c'est-à-dire la trinité de la société libérale
Commenter  J’apprécie          50
LA PEAU ET LES MOTS

POÈME À DÉCHANTER


la nuit déjà est noire et blanche
mais dedans
et nul ne sait quelle goutte de présent
manque à son verre


on a la gorge étroite
comme la taille du sablier


déchirure au commencement
déchirure qui continue
imperceptiblement


et de quelle cicatrice
se couture à chaque instant la durée


et pourtant
comme la pierre au front du serpent
quel transparent cristal
à la cime de la blessure


éclat   de   rire
éclat de chance

p.108-109
Commenter  J’apprécie          50
LA PEAU ET LES MOTS
GRAND ARBRE BLANC/1966
à André Pierre de Mandiargues


grand arbre
l'espace est rond
et nous sommes
Nord-Sud
l'éventail replié des saisons
le cri sans bouche
la pile de vertèbres

grand arbre
le temps n'a plus de feuilles
la mort a mis un baiser blanc
sur chaque souvenir
mais notre chair
est aussi pierre qui pousse
et sève de la roue

grand arbre
l'ombre a séché au pied du sel
l'écorce n'a plus d'âge
et notre cour est nu
grand arbre
l'œil est sur notre front
nous avons mangé la mousse
et jeté l'or

pourtant
le chant des signes
ranime au fond de l'air
d'atroces armes blanches

qui tue
qui parle

le sang
le sang n'est que sens de l'absence
et il fait froid

grand arbre
il fait froid
et c'est la vanité du vent
morte l'abeille
sa pensée nous fait ruche
les mots
les mots déjà
butinent dans la gorge

grand arbre
blanc debout
nos feuilles sont dedans
et la mort qui nous lèche
est la seule bouche du savoir

p.63-64-65
Commenter  J’apprécie          50
j'ai seulement rêvé de voir cette chose
aérienne un mot qui s'envole
de ta langue et je verrais enfin
ce qui sous nos yeux échappe à nos yeux
Commenter  J’apprécie          50
je t'aime
mais l'amour n'est pas
l'amour comme une maison
est une maison
Commenter  J’apprécie          50
Je revois ton visage : il me
semble que ta tête est
appuyée contre mon épaule
et que je lis dans tes yeux,
que je vois dans ton regard
l'immensité même qui est
étendue entre nous.


A VIF ENFIN LA NUIT ( 1967)
Commenter  J’apprécie          50
A quoi sert de se couvrir d'une maison
puisque la vie toujours coule
sous la porte
Commenter  J’apprécie          50
la source, c'est la bouche qui nous gouverne et qui fait abus de sens comme de pouvoir - abus qui pourrit la langue et la communication - abus qu'il faut dénoncer, même ici - surtout ici - car il mine l'instrument de l'imaginaire puisque nous sommes solidaires de toute la langue à laquelle violence est faite
Commenter  J’apprécie          50
attiré
  
  
  
  
attiré
par quelque chose
et cette chose est l’attente
que j’en ai mon désir
jeté dans l’absence
y fait trembler les traces d’un nom
ce nom accomplit en moi
le travail qu’accomplit en l’air
un battement d’aile silencieux
Commenter  J’apprécie          40
Arbre n°26
Etrange, tout à coup, d'être face à une nudité qui n'est pas vraiment nue : le tronc pourrait suggérer cet état, mais tant de branches l'environnent qu'il en paraît vêtu, et rayonnant. Pardonne que ma première pensée devant toi, bel arbre, ait été une pensée d'humain: comment faire pour en avoir une autre puisque j'ai beau te faire face, tu n'émets pas le moindre signe. Tu frémis un peu, on dirait même que tu respires, et cela te donne une vitalité, une présence, mais si discrètes que je ne suis sûr de rien : tu es juste-là, imperturbable et magnifiquement indifférent à mon regard, à mon désir de rencontre et de dialogue...
Commenter  J’apprécie          40
Et voyez-vous, ce qui m'intrigue encore plus que votre entente bien visible, c'est ce feuillage qui pend du ciel au-dessus de vous. Un feuillage en effet céleste, qui a même quelque chose d'angélique et qui suggère la présence d'une puissance gardienne. Non, je ne cherche pas à vous inventer un sauveur : à quoi vous servirait-il d'ailleurs quand viendront la hache et la scie ? Vous voyez, je suis pessimiste, mais que voulez-vous, je suis humain et toujours en passe d'être abattu...
Commenter  J’apprécie          40
Bernard Noël
Cela remonte à une vingtaine d’années et la captation mentale a fait depuis beaucoup de progrès avec la mise à la disposition de tous d’un appareil portable, qui cumule les capacités de communication en donnant accès à la fois à Internet, aux chaînes de télévision, aux réseaux sociaux et au réseau téléphonique. Chacun a désormais son smartphone et il suffit d’emprunter les transports publics pour constater que leur utilisation ne cesse guère d’occuper une bonne partie des voyageurs. Bien des parents se plaignent que leurs enfants n’ont plus d’échange avec leurs camarades qu’avec cet appareil. Cette addiction est évidemment inquiétante car elle touche une bonne partie de la population, mais son pire effet tient sans doute à ce que le smartphone donne réponse à tout grâce à sa liaison avec Internet et que l’utilisateur finit par s’en attribuer le mérite, donc la pensée. Le smartphone finit alors par devenir un organe, qui annonce des connexions toujours plus intimes qu’on commence déjà à greffer sur le corps : elles rendront l’individu de plus en plus dépendant, manipulé, soumis. Tout cela est le résumé sommaire d’une situation qui installe un contrôle généralisé grâce à des appareils séduisants et non par la contrainte, tout en développant une police dotée de forts moyens de répression.
Commenter  J’apprécie          41
Des graines de glace se forment à partir d'un manchon sur lequel ruisselle et se solidifie l'humidité.
Commenter  J’apprécie          40
Un sous-bois de hêtres, lieu des ombres qui tremblent dans la lumière filtrée par le feuillage...
Commenter  J’apprécie          40



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Bernard Noël (307)Voir plus


{* *}