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Citations de Bernard Noël (279)


“Quand l'arbitraire et l'iniquité auront disparu, quand la liberté et la justice régneront sur la terre, je ne serai plus révolutionnaire ; mais, jusque-là, croyez bien que, plus je serai exposé à supporter les coups du despotisme, plus je m’irriterai contre lui et plus je serai dangereux.“ (Eugène Varlin)
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Ici, pour illustrer le quoi et le comment, j'aimerais faire jaillir une série d'images : celle du ciel noir et très bas, qui annonçait la neige; celle de l'odeur du foin, du bruit de l'essieu et du soleil, qui résumait les activités de l'été; mais je vois bien que mes mots ne donnent rien à voir, car en écrivant foin, char et soleil, j'énumère et sépare des choses qui agissaient conjointement , de telle sorte que le soleil avait une odeur et le bruit une lumière...
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Les hêtres isolés ont une allure de vieux sages portant la trace de tous les malheurs et d'une résistance acharnée. On sent tout naturellement chanter dans leur ramure la légende des siècles.
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Tombeau de Lunven



11

dans quel avant demeurent les images
ce qu’elles représentent est leur présent
l’acte inscrit est à jamais immobile
la violence y est sans réalité
mais le regard recharge l’explosion
en repoussant qu’elle est imaginaire
alors fermer les yeux et méditer
son visage apparaît puis disparaît
et le trottoir qui va le fracasser
le temps n’a rien calmé dès que la tête
tente encore d’apercevoir la chute
une illusion est toujours au travail
non pas question de renverser le temps
la chose en cours ne trouve pas de mots
il doit s’agir de partager ta fin
pour que l’empreinte en couvre tout le reste
et ne laisse en vue que le nerf amical
image et souvenir sont incomplets
la main et le sourire ont disparu
la voix aussi qui pénétrait le corps
même admirée l’œuvre ne suffit pas
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Tombeau de Lunven



6

as-tu économisé l’agonie
on a dit de toi tué sur le coup
ce cou qui tue et que n’exprime pas
l’éclair intérieur qui ferait la somme
à quoi bon vouloir penser l’impensable
pourrait-il au moins dévier la perte
chasser un peu les images mauvaises
celle surtout du crâne qui éclate
celle du corps devenu tas sanglant
toujours cela fait la scie dans la tête
tantôt comme pour repousser l’horreur
tantôt pour en exciter la présence
je vois monter une fumée pensive
elle cherche à noyer l’ultime image
celle qui n’existe pas mais le voudrait
la dernière telle qu’on l’imagine
dans le désir d’être là jusqu’au bout
tout cela n’est que pauvre excitation
avant le retrait dans la solitude
les amis parfois portent le cercueil
nul ne les invite à creuser la tombe
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Tombeau de Lunven



1

la terre à présent a mangé ton corps
ta viande en bouillie autour de tes os
ta jeune énergie devenue charogne
ta tête cassée comme un œuf pourri
là-haut ta fenêtre est encore ouverte
indifférente à ton saut à l’envers
à quoi pensais-tu ces quelques secondes
juste avant le choc contre le trottoir
tes bras repliés contre ton visage
et déjà le corps devenu son reste
les os éclatés déchiraient ta viande
masse tuméfiée comme ramollie
suintant une sanie innommable
une glaire épaisse avec peu de sang
tes vêtements n’étaient plus que ton sac
et c’est là dedans qu’on t’a ramassé
pauvre tas humain jeté sur brancard
avec étiquette en vue de la morgue
espérons qu’il n’y a plus de conscience
de ce que tu fus dans ce que tu es
sinon à quoi bon sauter dans le vide
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La vie ne se trouve-t-elle pas changée
si nous éradiquons d’elle l’impensable
est-ce bien un cerveau que j’ai en tête
est-ce bien du sang qu’expédie mon cœur
est-ce bien moi qui dit je
tout à coup nous entendons des mots
et c’est aussi des mots que nous avons
en bouche
et non plus de fantôme de réalité.
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simple trace en l'air
une image passe

On lui tend deux lettres
pour qu'elle s'y prenne
mais il est trop tard
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Vous pensez bien que j'avance à tâtons dans cet espace interminable, qui est le labyrinthe dont je ne suis jamais sorti parce qu'il se complique sans cesse de l'effet qu'il produit sur moi.
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Nous étions venus à Cachan pour regarder ces grandes toiles lumineuses où l'émotion n'en finit pas de sourdre du geste qui, en balayant l'espace, y fixe le sens de son instant, et voilà que pour être monté là-haut, à la suite d'Olivier qui cherchait un objet quelconque, je voyais surgir une œuvre inconnue dont l'ampleur dérangeait le déroulement bien jalonné.
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Aujourd'hui, la technologie donne l'illusion que l'on peut définir tous les périodes de l'instabilité, et en faire la synthèse, donc trouver la formule totale -totalisante. Ce genre de démarche - l'aperçoit-on ? - conduit à éliminer peu à peu la culture au profit de l'information. La culture n'est pas quantifiable, ni réductible. La culture ne peut se ramener à un savoir. Elle est instable. Elle inclut même l'oubli. La culture dépense; l'information capitalise, mais paradoxalement elle aboutit à un savoir vide, car elle est plate, et tout y est égal. L'important n'est pas de savoir, mais de relativiser. L'homme gavé d'information ne fait pas la différence, et bientôt il devient indifférent. Je crois que la généralisation de la torture est liée au culte de l'information. Quand il s'agit de savoir, rien que de savoir, qu'importe le moyen employé puisque la fin justifie d'avance le moyen. Le grave est que l'enseignement lui-même tourne à la simple information. La preuve : la machine à enseigner est en train de prendre la place de l'enseignant - ou du moins on prépare ce moment.
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Ce titre implique-t-il que je me reconnaisse, non pas dans ces deux mots, qui sont également représentatifs d’une vieille adhésion, mais dans la manière dont cette expression les lie l’un à l’autre ? Cette liaison me gêne, d’une part pour la raison qu’il faut la fonder avant de l’affirmer, et de l’autre parce que je n’ai en moi aucune assurance de jouir de l’unité intérieure qui lui correspondrait. C’est que je ne crois pas à l’unité de mon propre « je », laquelle n’existe que dans les actions qui, passagèrement, la réalisent.
Mon « je » est une figure de rhétorique qui doit toute sa place à l’insistance de son emploi par le langage courant. Chaque individu se croit « je » alors que l’existence de « je » dépend d’un engagement éphémère et de la façon de le prendre. L’individualité naturelle et sociale dont chacun de nous est pourvu ne me paraît pas suffisante pour justifier le « je » : elle va tellement de soi qu’elle n’exige même pas d’être assurée par l’engagement minimum que serait la prise de conscience du lieu organique et charnel nommé « je ». Ajoutez à cela que notre tradition, tout en reposant sur « le mystère de l’incarnation», n’a cessé d’en rejeter la pratique au profit d’une spiritualité désincarnée. Et, pire encore, « désincarnante », avec pour conséquence que « je » est un mot si commun qu’il ne doit son sens qu’à sa fréquence.
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LA PEAU ET LES MOTS

POÈME À DÉCHANTER


…et pourquoi
ce bleu autour de l'os
ce ciel qui tombe


le corps est une idée fixe
et qui brûle par les deux bouts


attrape ton œil
            dit la sagesse



le miroir
le miroir parle toujours moi
et je
c'est le visage sans visage


illisible…

p.100
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LA PEAU ET LES MOTS
À VIF ENFIN LA NUIT  
à Paul de roux


à vif enfin


                        l'énigme est un creux
                        où les mots se ravivent


on va et on vient
et c'est la même chose qui niche dans la gorge
impossible à cracher


l'obscure


le cœur est trop présent
comme un geste qui va mourir
à la portière


déchirement


quelqu'un marche
et l'on dirait un cri d'autrefois
le temps qui ouvre un trou
dans la poitrine amère du présent


les yeux se ferment
les yeux
pour tuer ce regard qui a la mort au bout


dedans dehors
on est si blanc
que le squelette fait une cage d'ombre
.....

p.67-68

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Ce soir, je jette derrière moi les os de ma langue. Et je compte, je compte avec des syllabes, je compte ce qui ne peut se compter car le temps n'a pas de longueur, le temps qui reste, le temps qui manque à la vie nouvelle. Mais j'ai beau convoquer de Pas à Passion tout ce qui Passe, je n'en suis pas moins Passant. Allons, me dis-je, encore un pas en avant.
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mais qu'est-ce que la poésie?
un doigt sur la peau
pierre du temps
qui mousse
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nous sommes une histoire de plus
quelqu'un la raconte
les autres l'oublient
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Il fait si beau
quand le temps
est le silence
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Le vécu n'est pas plus un message
qu'une preuve
ou un avoir
nous tendons la main
et la chaleur fait tout là-bas
un tremblement
qui caressé la peu des yeux
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mon visage est un souvenir
dont personne n'a gardé la mémoire
l'oubli roule des cargaisons de mots
chaque corps est une rive
où font signe la langue
et les gestes du naufrageur
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