Une immersion verte en Inde...
L'auteur livre la chronique de son expérience vers 1925, pendant 6 ans au coeur d'une forêt et des communautés humaines qui la cotoient.
J'ai aimé pour la lenteur, la poésie, la plongée dans des mentalités passées et lointaines, l'humanité, et... La forêt.
Hypnotique roman.
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Cette année, au salon du livre de Paris, l'Inde était invitée. A cette occasion, Zulma avait prévu une série collector designée par le maître des -sublimes- couvertures de la maison David Pearson, à partir de créations originales de Roshni Vyam, peintre indienne. Le résultat est superbe et tant pis pour le salon annulé. Bibhouti Bhoushan Banerji (1894-1950) a écrit ce livre en 1937-1939 et il est traduit et publié pour la première fois en français, considéré pourtant comme l'un des premiers grands romans écologiques. Banerji a vécu cette vie de régisseur pendant quelques années à partir de 1925. C'est la description d'un monde disparu maintenant, une faune et une flore incroyables et formidables. Un écosystème qui fonctionne parfaitement bien sans l'intervention humaine.
Le romancier raconte au travers d'anecdotes, de rencontres de gens extra-ordinaires comment les gens vivent en harmonie avec la nature, sans la détruire ou la gêner. On y rencontre des gens pauvres voire très pauvres, souvent satisfaits de leur sort, ne demandant qu'à manger à leur faim. Il ne fait pas l'impasse sur les difficiles conditions de vie dès qu'un événement malheureux survient : la mort d'un homme et c'est toute sa famille qui est menacée de ne plus pouvoir manger. Un événement climatique et c'est toute la population qui peut mourir de faim, ou d'un incendie lorsque la sécheresse s'installe pour de longs mois. Tout est joliment dit, dans une langue emplie d'images, de légendes, de paraboles. B.B. Banerji parle tellement bien de la nature qui entoure son héros que l'on parvient presque à la voir, la sentir, l'entendre lorsqu'il s'agit des oiseaux notamment, la craindre lorsqu'il faut traverser la forêt la nuit...
Banerji s'interroge sur l'irruption de la modernité dans ce monde protégé, sur le sentiment de supériorité des citadins sur ces peuples qui vivent loin du confort. Jusqu'à quand résisteront-ils ? Et la nature jusqu'à quand restera-t-elle aussi belle, préservée ? Plus globalement, c'est l'éternelle question du mal que l'homme fait à la planète, à la faune et la flore et à lui-même. Presque un siècle -je compte mal, merci Alex (voir dans les commentaires)- et ce roman nous parle d'aujourd'hui.
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Ce roman autobiographique est une ode à la nature, à la forêt, aux paysages naturels mais aussi aux hommes. Les descriptions sont pleines de poésie et l'ensemble paraît vaporeux comme dans un rêve même si certains personnages sont gravés dans la mémoire par leur aspect symbolique plus que par leurs actions dans le roman.
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J'aurais pu passer à côté de cette histoire... Il n'a jamais été mis en avant chez les libraires, dans les critiques... C'est en le voyant dans une pile de livres dont mon ami Hugues se défaisait, que j'ai été attiré par lui! Sa couverture hyper colorée a attisé ma curiosité 😊. Pour le reste, j'avoue que le 4ème de couverture était assez neutre... Mon intuition allait il le porter chance et me permettre une belle découverte?... Je ne ferai pas durer le suspense... J'ai adoré à tous les niveaux! C'était le livre qu'il me fallait dans le contexte dans lequel l'actualité me mettait ( Je suis indépendante et tiens un commerce de jeux et jouets... Considéré comme non essentiel en Belgique, nous avons connu un mois le travail à distence et le mois de décembre ouvert avec des conditions drastiques à respecter )... Il me fallait m'évader le soir malgré la fatigue... Et j'ai fait plus que ça!
Bibhouti Bhousan Banerji qui est l'auteur De la Forêt, est dans son pays considéré comme un grand écrivain. Et je veux bien le croire! Son texte a été édité en 1938 et quel modernité tellement il arrive à toucher l'intemporel! Par ses mots j'ai été transportée dans un état de contemplation qui a nourrit au fil des pages mon Amour pour la Nature! Il a su nourrir un style et trouver les mots pour partager avec nous les merveilles de la nature, la jungle en particulier, sans tomber dans le mièvre, sans créer de temps morts... Tout au contraire! J'ai plongé dans cette nature, dans cette jungle et dans l'histoire de ses habitants qui ensemble m'ont fait toucher du doigts la grande Histoire de l'Inde avec ses coutumes!
On y suit Satyacharan et ses souvenirs où à une époque de sa vie où il était jeune diplômé de Calcutta, à la recherche d'un emploi et sans argent, il fit la rencontre lors d'une fête, d'un de ses anciens amis. Celui - ci ayant confiance, lui propose un emploi de régisseur pour les forêts du district de Purnea que sa famille possède. Satyacharan aura pour mission de créer des parcelles dans ces forêts et d'y installer des métayers pour les cultiver.
Arrivé sur les lieux, Satyacharan prend peur... Peur de ce monde coupé de toutes les distractions auxquels sa vie l'avait habituées! Peur de ne pas s'habituer à cette vie rythmée par la biodiversité de la jungle dont il avait la charge... Mais au fur et à mesure qu'il apprit à la connaître, à découvrir les trésors que celle - ci recèle en son sein, c'est tout le contraire qu'il vécut... Au point que son travail devint de plus en plus dur à assumer... Quitte à devoir le faire, quitte à devoir participer à la destruction de ce trésor, autant alors donner sa chance à ceux qui en ont besoin! C'est comme cela que nous rencontrons tout un ensemble d'hommes et de femmes qui vont marquer de leur empreinte Satyacharan et nous marquer par la même occasion! Nous marquer aussi à notre rapport au monde...
En refermant le livre, j'ai pleuré la fin de cette jungle... Comme si je perdais un être cher, une amie et avec elle, des proches! Pourtant je ne suis jamais allée en Inde... C'est vous dire comme Bibhouti Bhousan Banerji a su trouver les mots pour nous emmener là-bas, au coeur de sa jungle qui n'est plus.... Et en cela, je rejoins le 4ème de couverture, c'est un grand roman ecologique et paraît il le premier écrit!
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J'ai adoré ce roman qui fait la part belle à la nature sauvage.
L'histoire se passe en 1925, dans l'état du Bihar, en Inde. Un jeune étudiant sans travail accepte un poste de régisseur dans une zone de forêt tropicale. D'abord réticent, il va peu à peu tomber sous le charme de la végétation, des éléments naturels, des clairs de lune, des chevauchées, l'étang de Sarasvati et aussi de certains habitants autochtones.
De beaux portraits sont évoqués avec lyrisme et romantisme :
Dhaturiya : un jeune danseur
Kunta : une jeune femme très courageuse
Dhaotal Shahu : l'usurier
les castes humbles et démunies et ethnies indiennes
Le paradoxe est que l'état d'esprit qui peu à peu domine chez ce jeune homme ne correspond plus à la mission qui lui a été confiée. Il est là pour délimiter des parcelles et les vendre à des individus démunis qui les défricheront pour les cultiver.
Après 6 ans, alors qu'il ne reste plus rien de cette forêt, il retourne à Calcutta.
Une belle lecture, un hymne à la nature dans un style poétique !
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La couverture est superbe et j'aime bien cet éditeur en général. Le propos pourrait est pour le moins original puisqu'on suit un étudiant indien en 1920 dans une grande exploitation agricole.
Les interactions avec les autres individus sont intéressantes, le rapport pourrait s'apparenter à celui d'un roman colonial, le personnage est traité avec déférence, mais il est aussi instrumentalisé car on attend de lui plus qu'il ne peut réellement apporter. Lui ne comprend pas tout ce qu'il vit et ce qui l'entoure mais éprouve une forte fascination pour son environnement naturel et humain.
Voilà pour le positif, le négatif étant pour moi tout le reste, des descriptions à n'en plus finir, ce qui n'est pas ma tasse de thé.
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Ce roman, en grande partie autobiographique, a été écrit en bengali vers 1937-1939. Son auteur est décédé en 1950.
Il nous emmène faire un séjour prolongé dans une jungle profonde de l'état du Bihar, au nord-est de l'Inde. Les tigres, ours, serpents et autres prédateurs nous y attendent. Mais aussi et surtout des hommes et des femmes qui luttent contre la pauvreté.
Il s'agit tout à la fois d'un hymne à la nature et de la description des conditions de vie dans une partie très pauvre de l'état le plus démuni de l'Inde. Un jeune homme est chargé par le propriétaire d'un immense territoire forestier de lotir ce dernier en parcelles louées à de pauvres gens. Il participe à son corps défendant à la destruction de la beauté qu'il découvre, lui le résident de Calcutta soudain confronté simultanément à la beauté naturelle et à la misère humaine.
Pour ce qui est de la description de la forêt, le rapprochement est immédiat avec l’œuvre de Henry David Thoreau : de là est sans doute venue la tentation à l'éditeur de qualifier cet ouvrage de premier "grand roman écologique". On pense plutôt au Douanier Rousseau, à la contemplation émerveillée des paysages, arbres et fleurs ; John Muir n'est pas loin non plus.
Au milieu de la splendeur de la jungle, survivent des hommes et des femmes aux destins attachants. Leurs noms et ceux de leurs villages sont un peu déroutants pour nous, mais on comprend vite toute l'empathie de l'auteur pour ce petit peuple semi-nomade, tenaillé en permanence par la faim et à la merci des grands propriétaires et des usuriers. Le régime des castes leur impose de surcroît des contraintes que l'on découvre au gré des rencontres.
Ce roman est une belle découverte de ce que la sensibilité d'une culture fort différente de la nôtre peut nous apporter.
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Dans les années 1920, un jeune diplômé du nom de Satyacharan se retrouve dans l'obligation d'accepter un poste d'administrateur d'un domaine forestier reculé. Il doit donc quitter la ville de Calcutta pour rejoindre le fin fond de la forêt du Bihar.
Bien que d'abord dérouté par la solitude, constamment confronté à la pauvreté et aux modes de vie qui vont avec, Satyacharan finira par tomber amoureux de cette nature encore sauvage et de son peuple.
Malheureusement, le principal objectif de son travail est de mettre en culture toutes ces terres et par conséquent, d'assassiner cette nature qui lui a tant apporté au cours de ces dernières années...
Cette autobiographie est non seulement un récit d'une grande beauté mais aussi, et avant tout, un puissant manifeste écologique. Une incroyable leçon de vie.
Avec des rencontres plus riches les unes que les autres, la description de nuits emplies d'une douce solitude ou encore la contemplation de paysages multiples et variés, tout est d'une richesse incroyable dans ce roman. Le lecteur est invité à voyager, à réfléchir sur le monde et les modes de vie modernes.
Un grand roman qui est, selon moi, trop peu représenté en librairie mais qui mérite pourtant l'attention de tous les lecteurs !
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Voilà un livre lu depuis quelques jours et dont il est difficile de parler sans édulcorer son propos...
Un jeune homme qui n'est autre que l'écrivain lui-même, tout juste diplômé de l'Université de Calcutta, ne trouve aucune embauche. Ses ressources s'amenuisent et voilà qu'endetté, désormais, on lui refuse l'accès au foyer où il pouvait prendre ses repas... Fortuitement, il croise un de ses anciens condisciples, plus fortuné, à qui la vie a davantage souri. Celui-ci, sans doute ému par la misère dans laquelle son ami se débat, lui propose un travail : partir, vers le Bihar, une des provinces les plus pauvres de l'Inde, aux confins des forêts sous le regard des sommets de l'Himalaya et devenir l'employé de son père, riche propriétaire. Sa tache sera d'accorder des parcelles à ceux qui demanderont à travailler la terre.
Le jeune homme quitte Calcutta pour rejoindre son poste, en pleine nature, en pleine jungle...
Le premier mois, la transition est tellement brutale, le dépaysement tellement déstabilisant, qu'il ne songe qu'à démissionner et retourner à Calcutta où la misère lui apparaît plus tolérable que la solitude et l'isolement qui sont désormais siens.
C'est compter sans le charme de cette forêt, de cette luxuriance de la végétation, sa beauté inconcevable toujours en variations de couleurs et de senteurs, de cette faune sauvage crainte et divinisée, c'est compter sans la rencontre de ceux qui connaissent les paysages depuis toujours, les peuplant de divinités souvent bienfaitrices, de tigres mangeurs d'hommes, d'oiseaux paradisiaques.
L'homme exilé se laisse envoûter, malgré lui, par tous et par ces paysages sur lesquels son regard s'ouvre. Cette forêt et ces terres sauvages deviennent pour lui un trésor à protéger et il essaye de dispenser les parcelles tout en respectant la jungle, ses vies enfouies, et les autochtones, dont il découvre que la pauvreté n'est même pas concevable pour un homme venant du Bengale qu'il est..
Il se blottit avec sérénité dans cette solitude offerte peuplée de bruissements et n'aspire désormais qu'à ne plus la quitter.
Ce livre, écrit dans les années 1930, et qui parle d'une existence que l'écrivain a réellement vécue, est un manifeste écologiste et une leçon d'humanité.
En plusieurs dizaines de rencontres, de nuits passées à contempler la canopée, les montagnes changeantes, les arcs-en -ciel, à craindre de faire face aux buffles sauvages ou aux serpents dont la morsure est mortelle, le narrateur se transforme, comme happé par ces paysages dont il ignorait l'existence, conquis par "gangotas" dont il comprend la philosophie de vie, avec une compassion sans misérabilisme pour leurs existences si démunies, dénuées de tout, comme cet homme âgé, qui réensemence la jungle de toutes sortes de végétaux prélevés lors de ses déplacements au sein de celle-ci ou recueillis à l'état de graines dans les jardins où il a travaillé, pour faire surgir la couleurs comme un peintre le ferait sur une toile , pour faire chatoyer les lieux, les rendre encore plus féeriques... Ou ce danseur qui ne vit que pour son art, et peu importe si la faim est sa seule compagne, pourvu qu'il puisse apprendre une nouvelle danse qu'il partagera - trésor de Culture qu'elle est – avec les villageois qui viendront le voir, conscients des symboles de ses gestes, comme un livre ouvert qu'on choisirait de lire à plusieurs...Ou cette jeune veuve rejetée de tous, puisque sans statut dans cette société, qui vole pour nourrir ses enfants, attend la fin du repas de cet homme qu'est devenu l'écrivain, respecté et craint, pour disposer des restes de son repas qui seront festin pour les siens, mais dont la compassion et l'humilité lui donnent l'écoute et la font s'occuper du malade que tous abandonnent..
C'est une parcelle de l'Inde chargée de légendes, d'identité fantastique qui jaillit de ces pages, une Inde de pauvreté, d'abstinence, de sourires et d'abnégation, de résignation souvent. Une lecture qui vous cheville et vous retient, vous faisant ressasser et toujours imaginer cette jungle vouée à disparaître, c'est une lecture qui colore l'existence, qui la peuple de vies sauvages, d'une flore flamboyante, qui redéfinit le mot « Humanité » au sein d'une société tant enclavée dans ses castes. Une lecture entre écologie – dans la richesse de ce mot, et mystère du respect des divinités qui accompagnent le quotidien.
C'est le récit du démantèlement d'une vision de paradis qui se fait petit à petit, au détriment des autochtones repoussés aux confins et oubliés, eux qui sont l'âme de ces lieux.
Quand le "Babu" se rendra compte de la disparition imminente des derniers vestiges d'une beauté effacée, il sera trop tard et il comprendra combien il est attaché à cette présence d'une vie où se mêlent religion, intolérance des castes, et surtout richesse d'un environnement toujours magnifique et changeant.
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Que voilà une belle surprise. On m'a présenté et prêté un livre très original dont je n'avais jamais entendu parler. Pas plus que de l'auteur au nom de toute façon impossible à retenir. Un seul repère, le grand cinéaste indien Satyajit Ray a jadis adapté en un trilogie La complainte du sentier, dans les années cinquante. Bibhouti Bhoushan Banerji (1894-1950) est un auteur bengali, au nord-est de l'Inde, qui écrit en bengali. Issu d'un milieu très pauvre, ll passa son enfance dans un village du delta du Gange mais put faire néanmoins des études supérieures à Calcutta. Tantôt enseignant en milieu rural, tantôt exploitant forestier, il partagea sa vie entre Calcutta et sa région et l’État voisin du Bihar.
Jeune diplômé sans le sou, Satyacharan, mainfestement un double de l'auteur, trouve un emploi de régisseur au fin fond du Bihar. Il a pour tache entre autres d'administrer ces territoires ruraux éloignés de tout, et de distribuer des terres raisonnablement au nom du gouvernement de New Delhi, là-bas loin vers l'Ouest, ce qui n'est pas une mince affaire. Calcutta lui manque puis assez vite Satya (faisons court avec les noms indiens) tombe sous le charme, sous les charmes de ce pays et de ces habitants dénués d'à peu près tout. Ce n'est pas pour cela un monde angélique, les castes étant ce qu'elles ont toujours été, les haines et les rancoeurs n'épargnent pas ces paysans, ces éleveurs, ces chasseurs, ces laissés pour compte du gigantesque sous-continent. Ecrit dans les années trente mais l'Inde, devenue le pays le plus peuplé du monde, est encore loin d'avoir exorcisé tous ses démons, de l'ignorance, de la grande pauvreté.
On parle au sujet de De la forêt de Thoreau bien évidemment, et comme d'un premier roman écologique. Je ne prise guère cette appellation. Mais ce roman nous dépayse considérablement, offrant des perspectives d'une richesse incomparable. Il faudrait citer des paragraphes entiers.
Une minute plus tard le faon s'approcha comme pour mieux me regarder. Son regardétait curieux et vif comme celui d'un enfant. Il serait peut-être venu encore plus près mais mon cheval tapa du pied et s'ébroua brusquement. Surpris, le faon disparut dans les fourrés pour porter la nouvelle à sa mère.
Je restai un long moment assis sous les ombrages. Entre les branches j'apercevais l'eau de l'étang qui s'étendait en demi-lune jusqu'au pied des montagnes. Le ciel était d'un bleu sans nuage. Le peuple des oiseaux aquatiques était engagé en de longues disputes bruyantes. Une aigrette, sérieuse et avisée, postée sur une hauteur au bord de l'eau, manifestait son agacement par quelques cris soudains. Au sommet des arbres sur le rivage, des hérons ressemblaient de loin à des bousquets de fleurs blanches.
Peu à peu, le ciel de montagne se teinta de rouge.
En face, la chaîne de montagnes prenait des teintes cuivrées. Les hérons s'envolèrent, toutes ailes déployées. La lumière se réfléchissait sur les plus hautes branches.
Les piaillements et pépiements augmentèrent, le parfum des fleurs sauvages se ft plus entêtant. Une senteur plus épaisse, plus sucrée. D'un peu plus loin, une mangouste, tête dressée, m'observait.
Quelle paix secrète! Quelle extraordinaire solitude! Cela faisait plus de trois heures que j'étais là, je n'avais rien entendu d'autre que le ramage des oiseaux, le léger crépitement des brindilles sous leurs pattes, le froissement d'une feuille sèche ou le craquement d'un rameau qui tombe.
Ce livre est une merveille pour qui veut ainsi quelques heures d'une escapade contemplative et rêveuse. L'auteur sait si bien saisir un frémissement animal, une fragrance exotique, une couleur indéfinissable. Mais Banerji fait preuve aussi d'une belle empathie pour le genre humain. Tous ces humbles parmi les humbles, un roi miséreux héritier d'une longue lignée devenu berger, un jardinier imaginatif qui amplifie ces décors fabuleux, un danseur facétieux qui vit de son art et qui demande si peu. La violence est bien là, sous-jacente, le tigre mangeur d'hommes n'est pas une légende, les buffles sauvages sont souvent très dangereux, le riz, bien cher, est hors de leur portée. Les chemins chevauchés sont parfois semés de rencontres douteuses.Quant à l'éducation et à la santé, les écoles sont bien rares et les hôpitaux bien loin.
Seule lacune à ce bien beau récit-roman, l'absence d'un lexique zoologique et botanique. Hartit, hariyal, kullo, gurguri sont des oiseaux. Bakain, piyal, arjuna, saptaparna des arbres ou des fleurs grimpantes. J'aurais aimé voir des images. Après avoir lu De la forêt j'ai blogtrotté un peu été surpris par le nombre apparemment assez important de lecteurs. Un peu d'espoir.
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Repéré sur l'étal "asiatique" d'une librairie bien connue, j’ai été surprise en découvrant ce récit écrit en bengali entre 1937 et 1939 publié par les éditions Zulma.
📖Sans argent ni perspectives à Calcutta, Satyacharan accepte un poste de régisseur dans un domaine forestier du Bihar au Nord-Est de l’Inde, plus par nécessité que par réel enthousiasme. Le voilà dans un monde coupé de toutes les distractions auxquelles sa vie de citadin invétéré l'avait habitué. De cette expérience naît un texte passionné sur sa rencontre avec la nature qui est à ses yeux une véritable révélation de la beauté même. Et ce qu’il ne comprenait pas en arrivant devient finalement ce qu’il chérit le plus.
Le texte ressemble moins à un roman qu’à une longue description façon journaling, et nous plonge au cœur de l’Inde dans ce qu’elle a de plus pauvre et de plus humble avec des personnages atypiques comme Manchi, une jeune paysanne naïve et touchante, Dobru Panna l’illustre roi des Santals dont le règne consiste désormais à garder quelques vaches, Yugal Prasad qui embellit la jungle en y plantant de nouvelles espèces. On s'y familiarise également avec le système des castes.
Contemplatif, il décrit avec beaucoup de poésie la beauté enivrante des nuits de pleine lune dans la jungle, parvient à nous plonger dans l’atmosphère mystérieuse de ces forêts où le tigre rôde, côtoie le buffle sauvage et où on dit que vivent les fées. Tombé sous le charme de cet environnement, le narrateur déchante lorsqu’il prend conscience que son travail l’oblige à détruire la forêt pour la transformer en terres agricoles. C’est en cela que l’on peut classer ce dans une thématique « écologique » assez précurseur. De la forêt (Aranyaka) semble avoir été écrit sur un ton plein de nostalgie en comparaison avec ce qu’est advenu de cette région es années plus tard.
Ce roman est pour vous si :
-vous n’avez pas peur de fouiller dans un grenier un peu poussiéreux pour dénicher un trésor
-si vous aimez les textes hors du commun
-si vous êtes touché par l’observation d’un arbre, l’éclat d’un lac sous la lune
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Une découverte et une vraie ! Bien que ce livre ait été écrit en 1937, ce n’est que récemment que la version française a été publiée.
Cet auteur bengali, nous propose un des premiers grands romans écologiques, qui bien que datant de près de 80 ans, est toujours d’une incroyable actualité aujourd’hui : La menace que fait planer sur une nature en équilibre, l’avancée de la modernité et du développement, y compris le tourisme. Un visionnaire en quelque sorte.
Mais rassurez-vous, ce livre n’a rien de triste en soi. Vous vous régalerez page après page des exubérantes descriptions des paysages de la jungle et des forêts, vous comprendrez la sagesse de ces populations qui bien que pour la plupart totalement démunies, n’aspirent pas à la richesse, vous aimerez les danseurs et les poètes qui tentent de vivre de leur art, vous comprendrez un peu mieux l’organisation des castes, découvrirez des rois déchus et des divinités protectrices incroyables.
Voici un livre fascinant, vraiment différent, qui m’a enchanté et que je recommande.
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Satyacharan est un jeune homme tout juste diplômé à la recherche d’un emploi. Il se voit proposer un poste de régisseur bien loin de sa Calcutta natale, dans la forêt de Labatuliya. Son travail consistera à distribuer des terres aux paysans, des lopins de forêt qu’ils devront défricher pour s’y installer et entreprendre de cultiver la terre.
Très vite, la magie des lieux, de la forêt et des personnes qu’il rencontre vont opérer sur le jeune homme qui doit pourtant se rendre à l’évidence : le travail qu’il effectue signifie la disparition de cette forêt auquel il s’est attaché.
Ce livre est encore une fois une très belle découverte due aux Editions Zulma qui ont eu la formidable idée de publier ce livre de la littérature bengalie.
Écrit dans les années 1930 ce roman frappe par sa très grande modernité et ses préoccupations très actuelles autour de la disparition de la nature au profit d’activités humaines. La nature est le personnage principal de ce récit qui regorge de figures pittoresques et attachantes comme Yugalprasad, horticulteur amateur qui plante de nouvelles espèces au cœur de la forêt. Ou Bhanumati, jeune fille issue d’une famille royale déchue.
Pendant les sept années que Satyacharan va passer dans ces lieux, il aura maintes fois l’occasion de s’émerveiller de tout ce que la nature offre à celui qui sait la regarder. La faune et la flore jouent évidemment un rôle primordial mais aussi toutes les légendes qui sont attachées à cette immense forêt et qui disparaîtront probablement avec elle.
Ce roman dégage une atmosphère à la fois paisible et pleine de nostalgie. Paisible car les habitants vivent au rythme des saisons et nostalgique car inévitablement ce monde est amené à finir.
Bibhouti Bhoushan Banerji nous emmène aussi à la rencontre d‘une population qui vit très loin de la modernité des villes et qui se bat chaque jour pour vivre, manger, élever ses enfants. Et pour laquelle Satyacharan ça se prendre d’une grande affection. Cela permet à l’auteur d’entrer dans le détail des relations entre les castes, entre les hommes et les femmes, entre les citadins et les paysans.
L’auteur nous rappelle, grâce à ce roman, l’extrême fragilité de la nature mais aussi de tous ceux qui restent au bord du chemin. Un roman absolument captivant sur l’Inde mais qui interroge plus largement sur la place de l’homme au milieu de la nature.
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