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Critiques de Brice Matthieussent (350)
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Mon chien stupide

J’ai attendu longtemps avant de faire un commentaire de ce bref roman de John Fante qui m’a fait sourire, rire, et qui m’a mis les larmes aux yeux : le confinement met à mal ma concentration ! Comment ne pas tomber sous le charme de Stupide (c’est le nom que les Molise lui donnent) ? Ce gros chien encombrant, exagérément poilu, odorant, paresseux, désobéissant et obsédé sexuel avec une nette prédilection pour les mâles, quelle que soit leur espèce, possède un charme fou et quantité d’affection à donner à la personne qu’il élira. Il s’endort sur la pelouse des Molise qui vont d’abord s’inquiéter de cet énorme Atika avant de le « recueillir ». Henry Molise, écrivain et scénariste sans véritable talent ni enthousiasme, traverse une sale période : il est déçu par son boulot, par sa femme, par trois de ses quatre enfants (par tous les quatre, finalement), par la vie qu’il mène dans sa confortable banlieue malgré sa voiture, sa maison au bord de l’océan Pacifique et un train de vie faussement aisé : quatre traites impayées sur la Porsche, et les boulots se font rares…

***

Je suppose qu’il y a dans Mon chien stupide pas mal de références autobiographiques. Le roman n’est paru qu’après la mort de Fante. Peut-être ne le trouvait-il pas à la hauteur de ses autres œuvres, je n’en sais rien, mais j’ai passé un très bon moment. En fait, le chien sert de prétexte pour que le personnage principal dresse le bilan d’une vie qui le déçoit. Soyons honnête, il a de quoi être déçu : sa femme est raciste, ses enfants n’en finissent pas de quitter la maison tout en vivant à ses crochets, il doute de lui-même et vit avec un rêve jamais concrétisé, retrouver ses racines en allant vivre (seul !) dans une Italie fantasmée. Pour couronner le tout, Stupide se fiche bien de lui, contrairement à Rocco, le chien de sa vie, mort dans des circonstances très particulières… Henry Molise a tous les défauts du monde : il est égoïste, un peu parano, d’une insondable mauvaise foi et pourtant, il est touchant. On trouvera sous la plume de Fante l’humour, voire le cynisme des désespérés, et je suis sortie de ce roman émue et souriante...
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Mon chien stupide

Un jour je comprendrai,

pourquoi les bêtes en général

et les chiens en particulier,

m'émeuvent tant.



Quelle est cette capacité étrange,

celle de savoir toucher,

en plein dans le mille,

en plein dans le coeur,

systématiquement ?



Un jour, j'arriverais peut-être à les considérer comme de simples compagnons,

amis de route,

camarades de vie

de joie, de peine.



Un jour, il se peut même que j'accepte de ne plus en avoir un

en permanence

à mes côtés,

vautré sur un tapis,

ou sur un canapé.



Mais ce jour n'est pas arrivé.

Et j'espère qu'il ne pointera jamais le bout de son nez. J'aurais trop peur de perdre quelque chose.

Mon humanité sans doute.

Ou un truc de la sorte.



Lorsque j'ai lu Mon chien stupide de John Fante, j'ai su que ce jour n'arriverait pas. Jamais.



Cette fulgurance m'est apparue dans son plus simple appareil, au terme de ce merveilleux petit roman. 185 pages d'une infinie drôlerie, d'une tragique ironie, d'une bouleversante vérité.

En 1987, Pierre Roudil du Figaro Magazine nous conseillait de nous y plonger immédiatement en cas d'idées noires. Qui sait, disait-il, peut-être en sortirions-nous revigorés ?



Et comment ne pas l'être ? Franchement ? Avec Henry Molise, un quinquagénaire, écrivain raté de surcroîts, vivant sur le bord du Pacifique avec sa femme et ses quatre enfants qui le font tourner en bourrique, une utilisation déraisonnée de l'alcool et des injures et l'adoption d'un énorme chien, Stupide, cherchant désespérément à sauter sur tout ce qui est de sexe masculin, de près ou de loin, bipède ou quadrupède, comment ne pas être revigoré ?



Dans ce roman alerte, enjoué, terriblement iconoclaste et parfaitement hilarant, John Fante nous prend vigoureusement par le bras et nous emmène, au coeur de la famille Molise.

Famille. Voilà, le mot est lancé. Pourtant, parfois, Henry aimerait que cela ne soit pas le cas. Il voudrait partir à Rome. Tout quitter. Plaquer sa femme complètement déprimée, Dominic, son fils, premier du nom, amouraché d'une jeune « négresse » comme on le dit encore au coeur des famille WASP, Denny son deuxième, persuadé qu'Hollywood l'attend les bras grands ouverts, Jamie le troisième en passe de partir à l'armée et Tina, la benjamine, folle d'un sergent bête à crever.



Depuis que Rocco, son bien-aimé bull-terrier est mort, Henry n'arrive plus à écrire. Il n'arrive plus à rien d'ailleurs. Même ses plus piètres scenarii ne font plus recette. Il coule.



Mais un jour, un nuit, Stupide entre en scène.

Il est énorme.

Soixante-kilos de poils, de muscles et de bave,

Une obsession sexuelle non-dissimulée,

une centaine de tentatives de viol à son actif,

une bonté à n'en plus savoir que faire

et une intelligence infinie.



Entre avec lui une pépite. Un coup de poing. Un coup de coeur.



John Fante nous livre un roman trash et insolent. Un livre délicieusement barré dans lequel un chien libidineux devient le révélateur d'une famille qui ne cesse de se déliter. Ca crie, ça gueule, ça insulte ; avec une superbe indéniable qui fait chaud au coeur ! Chaque scène est plus cocasse que la précédente, les dialogues sont acerbes, ciselés et superbement corrosifs.

Avec Mon chien stupide, John Fante nous met entre les mains une perle férocement caustique au cynisme rafraichissant qui saura nous bouleverser et nous clouer au tapis une fois sa dernière phrase lâchée.
Lien : http://www.mespetiteschroniq..
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Mon chien stupide

Quel petit livre jubilatoire! Alors oui, ça passe ou ça casse, je peux tout à fait comprendre qu'on ne l'aime pas. Les références peuvent être dépassées, voire jugées racistes pour un lecteur contemporain. Mais, pour ma part, je me suis régalée.



Le narrateur est un homme à l'aube de la cinquantaine, scénariste has been, pour ne pas dire raté, marié et père de quatre enfants dont aucun ne lui donne vraiment satisfaction si ce n'est le petit dernier. Quoique même lui…

Il est à l'âge où l'on commence à faire le bilan de sa vie et il est à deux doigts de prendre un billet simple pour Rome, larguer femme et enfants - tous plus décevants les uns que les autres - et partir vivre la Dolce Vita emmenant dans ses bagages, pourquoi pas, une femme ayant la moitié de son âge. Qui, sincèrement, n'en a jamais rêvé, ne serait-ce même qu'une demi-seconde? Et voilà qu'un chien, Stupide, entre dans sa vie et va, bien malgré lui, lui faire revivre des pans entiers de son existence.



Il y a énormément d'humour dans ce petit roman même si je comprends que certains puissent y être hermétiques. Mais selon moi, la plume de John Fante est aussi très mélancolique, j'avoue que la fin m'a pincé le cœur. Avec brio, il parvient parfaitement à brosser un portrait de ses contemporains, le chien n'étant finalement qu'un prétexte pour mettre à mal les petits et grands travers des Américains. Il est bien loin, parfois, l'American way of life…



Un roman nostalgique et puissant à la fois.





Challenge multi-défis 2020

Challenge Riquiqui 2020

Challenge XXème siècle 2020

Challenge les jeux en foli...ttérature II

Challenge 5 sur 5 2020



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Mon chien stupide

Stupide est le nom du gros chien japonais trouvé dans leur jardin de la baie de Santa Monica, en Californie, un soir de tempête et recueilli par le couple du narrateur et de sa femme Harriet alors qu’ils rentrent d’une soirée bien arrosée et de discussions avec un réalisateur pour un scénario de cinéma. Ce chien bizarre et lourdaud, à l’étrange comportement sexuel, qui n’aime rien tant que dormir sous la pluie mais qui réussit cependant à dompter tous les molosses des maisons voisines, qui ose s’attaquer systématiquement au petit ami de Tina, la fille de la maison, ce chien devient vite le meilleur ami du narrateur, un quinquagénaire, écrivain en perte de vitesse, qui ne rêve que d’une chose : tout quitter, sa maison, sa femme et surtout ses trois grands enfants trop ingrats et trop exigeants à la fois, pour aller vivre à Rome, la ville de ses origines, d’où le nom anglais du livre: West of Rome ! Stupide semble ainsi réaliser les propres désirs inavoués de son maître. D’ailleurs son vrai nom, inscrit sur une plaquette à son cou, n’est-il pas curieusement : « Tu le regretteras » ?

Son arrivée dans la famille bouleverse rapidement les habitudes de chacun et les événements s’enchaînent, révélant les vrais sentiments. Le couple vit le moment crucial du départ des enfants, de la mise à la retraite plus ou moins souhaitée, de l’union parentale qui s’effrite, des liens familiaux qui se distendent et se reforment ailleurs.

On le voit, le fond de l’histoire est triste, mais d’une tristesse commune, inexorable, prédestinée. Le narrateur vieillit, déprime, les siens s’éloignent de lui et lui s’éloigne d’eux, puis ils fusionnent à nouveau. Ils en sont encore à l’étape du «ça s’en va et ça revient». Il rêve de tout abandonner, il s’emporte contre tout le monde et puis il s’attendrit et cède comme un brave toutou bourru qu’il est au fond malgré ses aboiements.

Je relirai volontiers ce petit récit dont le narrateur est l’avatar de l’auteur qui n’a écrit toute sa vie que sur lui-même et son entourage. Mon chien Stupide est un livre posthume. John Fante est mort à 74 ans, en 1983. Charles Bukowski voyait en lui son maître.

Dan Fante a écrit: Les Anges n'ont rien dans les poches, son premier roman qui raconte sa vie à l'annonce de la mort imminente de son père dans un hôpital de L.A. (billet ICI)
Lien : http://liratouva2.blogspot.f..
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Mon chien stupide

Depuis le temps que j'en entendais parler de ce roman et de cet auteur, j'ai enfin pris le temps de le lire.



Je l'avais choisi car il se disait que c'était un roman très drôle. Je ne sais pas si je le qualifierai de vraiment drôle, plutôt sacarstique, satirique....



C'est court, c'est bien fait. L'auteur plus ou moins raté, plus ou moins en fin de carrière réve de changer de vie en quittant sa femme et ses 4 enfants. Et qui pour soulager ses peines va trouver réconfort auprès de ce chien non seulement stupide mais également obsédé.



Tout ceci va être l'occasion de multiples malentendus et de quiproquos.



Ce n'est pas que cela soit mal fait. C'est plutôt le contraire. Mais il est tellement difficile de faire rire et il est toujours difficile de lire une oeuvre qui vous a été chaudement recommandée...



Je ne sais pourquoi mais j'ai comme un gout d'inachevé. Suis je la seule?
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Mon chien stupide

Je viens de le relire et le fermer à l'instant. C'est encore mieux que je ne le pensais. John Fante se raconte et a une simplicité désarmante dans son écriture, les émotions sont brutes, c'est un connard qu'on aime détester ou qu'on peut être navré d'aimer. Oh, un être humain pathétique menteur et en même temps tellement authentique. John Fante, c'est à chaque fois un tour de force, sans en donner l'air. J'a-do-re.
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Mon chien stupide

Je n'ai pas été conquise tout de suite par ce roman. La lecture des premières pages a été laborieuse ; je trouvais l'humour un peu lourd et l'écriture un peu trop basée sur les dialogues. Mais assez vite ces premières impressions ont été éclipsées par la tendresse qui émane de ce roman, l'humour un peu désespéré, le constat de l'auteur sur la vie. Et je me suis surprise à rire.



John Fante, à travers son personnage d'Henry Molise, fait un constat sur la vie assez amer. Henry se sent vieillir. Il garde toujours en tête son vieux rêve de partir vivre à Rome, dans l'Italie de ses ancêtres. C'est un homme profondément pessimiste ; et peut devenir acerbe quand il parle de ou à ses enfants ou de son épouse.



Il est tour à tour touchant, énervant, égocentrique et pathétique tellement il peut être emplie de mauvaise foi. Mais peut-être est-il simplement un hyper sensible qui se protège derrière un mur de cynisme. Un cynisme tel qu'il prétendra donner plus de place et d'importance à son chien Stupide qu'à sa famille.Son chien qui a bien trouvé son maître ! Stupide est excentrique ; obnubilé par le sexe, il saute sur tout ceux qu'ils croisent à condition qu'ils soient du sexe masculin !



Son épouse, Harriet, est une américaine protestante et raciste. Elle se veut une mère parfaite et une bonne américaine. Bien sûr, leur relation est complexe.



Et c'est toute cette complexité qui m'a plu dans ce roman. Au départ assez tranché, ce livre va se révéler plein de subtilités. Et puis il y a cet humour, un humour assez désespéré.
Lien : http://mumuzbooks.blogspot.f..
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Terres d'Amérique

J’ai voulu lire ce livre, car l’un des auteurs est James Welch.

Mais en le parcourant, je me suis aperçu (sur liseuse) qu’il ne faisait que 55 pages.

Donc, je l’ai vite lu…

Deux histoires, ou plutôt deux ressentis des écrivains Jim Harrison et James Welch, sur leurs terres sauvages.

Un agréable moment tout de même. Trop court. Sur des terres D’Amérique usées et dégarnies par la folie des hommes.



Extrait :



Une région aussi reculée suscite certains types d’activités qui violent sa quasi-virginité. L’une de ces menaces vient des industries du gaz et du pétrole. Le versant oriental des Rocheuses est criblé de trous forés dans le sol à la recherche de gaz ou de pétrole. On trouve de ces forages d’essai dans les lieux les plus improbables.



James Welch



Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
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Mon chien stupide



Mais qu’il est vilain Henry Molise !

Écrivain has been, père de famille wasp désabusé, un peu raciste, un peu looser, qui peine à payer les traites de sa porsche et de son ranch de Santa Monica;

Quand il ne rêve pas de tout plaquer pour une terrasse à Rome et une brune plantureuse.

Et qu’il est vilain son chien Stupide !

Molosse poilu d’ascendances japonaises mais qui tient plus du grizzly, au caractère salace et à l’humeur grognon, trouvé dégoulinant dans la cour un soir d’orage.

Finalement ils se sont bien trouvé ces deux là. Soudés face aux enfants d’Henry qui le méprisent (pour l’un) ou réclament son abandon (pour l’autre), soudés face aux voisins outrés par les nombreuses tentatives de fornication du chien, soudés encore quand Harriet menace de les quitter, que les ulcères d’Henry reviennent, que ses enfants partent en vrille et que sa vie prend l’eau...

Une comédie caustique, piquante à souhait, sur la décadence d’un couple, le syndrome du nid vide, la désillusion d’un quinquagénaire en crise.

C’est vilain oui, mais tellement réjouissant !



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Mon chien stupide

C’était un après-midi d’été, il faisait chaud, au moins 35°C dans notre appartement, une vraie fournaise. Trop chaud pour aller au parc, même pour y penser. Je me suis installé sur une chaise pliante, près de la fenêtre en plein soleil. Des fois, on fait tout le contraire de ce que la raison ordonne. Bien assis, je me choisis un petit livre avec pas beaucoup de pages: "Mon chien stupide". J’avais déjà lu John Fante, avec la saga Bandini. J’adorais. Le rythme, la rage de vivre, et surtout le constant besoin de se prouver à lui-même. C’était le dieu de Bukowski. Donc, je n’avais pas pris de chance, et avant de m’installer en plein soleil, je me suis remplir un verre de vodka.



Je ne suis pas du tout ce que l’on pourrait appeler un sprinter de lecture. Je ne lis pas vite, mais beaucoup; un lecteur de fond. Mais là, "Mon chien stupide", j’en ai fait qu’une bouchée, je l’ai lu d’une traite! J’ai fini et le soleil était presque couché. Étrangement, l’effet du soleil et de la vodka m’ont fait apprécier encore plus le livre. C’était au final une histoire assez touchante. Le chien, ce n’était que le prétexte. C’est l’histoire d’un couple qui ne s'entend pas très bien, avec ses mauvaises habitudes, le train-train et tout le reste: leurs 4 enfants. Le personne principal, narrateur, sorte de Bandini vieux, mais moins arrogant, certes, maudit peut-être encore plus ses enfants que sa femme. Quelle famille!



L'histoire se concentre sur le moment où, un à un, les enfants quittent le nid familial. Le premier, bon débarras, le deuxième aussi, le troisième, mouais et v'là, le dernier est déjà parti. Il ne reste plus rien, sauf eux deux. Une nouvelle vie de couple commence, mais il a tellement d'eau qui a coulé sous les ponts, qu'ils ne veulent plus rien recommencer, ils décident alors de laisser couler, doucement...
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Mon chien stupide

John Fante met en scène Molise, un scénariste frustré par une carrière plutôt morne et sans grand succès qui, arrivé à l'âge où les enfants quittent le nid, se dit que, décidément, il a raté sa vie et qu'il serait bien mieux à Rome, sans ses couillons de gosses et sa femmes casse-pieds. Le récit est court et très enlevé, le héros, complètement aigri mais non dénué d'humour sarcastique, trimbale son désenchantement de la cuisine au salon, du bureau de chômage à son club de golf et le la plage au jardin en insultant tout ce qui passe à sa portée. Le chien, un akita de 80 kilos, arrive par hasard, et, notre écrivain semble un temps le trouver plus intéressant que sa famille.

Le texte est drôle, truffé d'ironie et de bons mots même s'il est souvent outrancier. Aucun personnage n'est attachant, on est plutôt dans la destruction à coup de bazooka de l'image de la famille américaine idéale, genre Ma Sorcière bien aimée. Les enfants ne pensent qu'à eux, mentent et trichent, les parents picolent et se lamentent parce que leur rejeton baise une négresse etc. Bref, j'ai bien ri.
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Mon chien stupide

Ce livre part sur les chapeaux de roues avec ce personnage de Stupide, chien obsédé et irrémédiablement pédé. C'est un peu régressif comme humour mais putain que c'est bon ! Et puis petit à petit on fait connaissance avec le reste de la famille d' Henry et tout en nous livrant de nombreux traits d'humour bien sentis l'histoire prend un tour plus tragique : l'intrusion de ce chien, l'éclatement de sa famille sont l'occasion de dresser un bilan plutôt amer sur sa vie comme le prouve la phrase finale : "Soudain, je me suis mis à pleurer."



Peut-être pas un chef-d'oeuvre de la littérature mais un très bon livre pour public averti.
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Mon chien stupide

Il s'appelle Henry J. Milouse. Il pourrait incarner le rêve californien : une grande maison en forme de Y à quelques pas de la plage, une femme Harriet qui le supporte depuis tant d’années et quatre magnifiques enfants vivant sous son toit : Tina, Dominic, Denny et Jamie.



All the leaves are brown Il est écrivain, célèbre et reconnu, conduisant une Porsche... dont les traites ne sont pas encore toutes payées. And the sky is gray Il se surnomme Henry Dégonflé Milouse ou Milouse la loose. I’ve been for a walk Après des débuts prometteurs, cela fait des années qu’aucun roman de qualité n’est sorti de sa plume ; On a winter’s day il ne vit (ne paie ses factures, devrais-je dire) que grâce à quelques scénarios hollywoodiens tous de plus en plus minables et désespérants... I’d be safe and warm Ses quatre rejetons lui sont d’une incroyable ingratitude envers leur géniteur et pour couronner le tout, If I was in L.A. il recueille dans son jardin un chien « stupide », une énorme et monstrueuse boule de poils et de tiques de 70 kg. California Dreamin’ On such a winter’s day.



Le rêve américain est bien loin, et Henry ne cesse de penser à ces lointains ancêtres du coté de l’Italie. Il n’en peut plus de cette vie de minable et de miséreux dans un quartier de poussière, à l’ouest de Rome [1], dont il se perd dès qu’il essaye de retrouver son chemin. Tout le monde lui en veut, femme et enfants. On assiste à la désintégration complète de la cellule familiale américaine. Seul ce chien « Stupide » semble à son image, compréhensif, patient et surtout endormi... Sauf que ce chien s’avère un parfait obsédé sexuel et irrémédiablement « pédé ».



All the leaves are brown

And the sky is gray



La plume de Fante (à moins que cela soit celle de Milouse ou de Bandini ?) m’emmène avec bonheur et désespoir dans une Amérique poussiéreuse, miséreuse, en pleine déroute. Je perçois en une phrase sa profonde tristesse puis subitement la suivante me plonge dans une hilarité totale. Et pas facile de retenir un fou-rire inévitable lors du combat entre ce chien Stupide et la terreur du quartier Rommel le Teuton. Mon esprit est partagé : j’oscille entre une profonde compassion pour ce Milouse et un état totalement désopilant devant les facéties de son chien... Pas facile de garder mon sérieux dans le métro quitte à être pris pour un fou lisant une histoire de chien stupide et homosexuel, un monstre pervers à l’esprit dépravé...
Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
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Vengeance du Traducteur

Un traducteur français traduit le roman d'un auteur américain.

Mais pris par un impétueux besoin d'émancipation et désireux de faire entendre sa propre voix, il multiplie les notes de bas de page et les interventions, laissant de moins en moins de place au texte initial jusqu'à s'infiltrer tout entier entre les lignes.

D'ajouts en caviardages, de modifications subtiles en changements radicaux, le voici brusquement au coeur même du roman, partie prenante d'une histoire où il est question d'un traducteur américain aux prises avec l'auteur français qu'il traduit...



Ce 1er roman est un véritable OLNI, un objet littéraire original, fantasque, bourré de clins d'oeil et de singulières trouvailles.

Après avoir traduit les grands noms de la littérature américaine, Matthieussent savoure sa vengeance et joue avec le texte comme un magicien ou un Dieu facétieux.

Le résultat est une farce jubilatoire en forme de poupées gigognes, à la construction décalée totalement innovante, un ouvrage étonnant où abondent chausse-trappes, mises en abyme, jeux de miroir et n.d.t.

Malgré de petites longueurs ici et là, un régal d'humour et d'esprit.

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Mon chien stupide

L'arrivée de ce brave Akita, dans la cour de la maison d'un scénariste en mal d'inspiration, va être le prétexte pour l'auteur d'une sévère remise en question.



Au point mort depuis plusieurs mois, entouré d'une famille qui est loin d'être épanouie tout comme lui. Épouse désabusée, enfants en âge de se prendre en charge, en mode Tanguy pour profiter d'une vie facile, en méprisant leur père à l'origine de leur bien-être matériel immédiat.



Stupide est pour son nouveau maître une révélation. On peut donc vivre à sa guise, être irrévérencieux, différent ! Choisir comme il le fera de ne pas renoncer à cette drôle de relation qui lui permet de s'affranchir de l'avis de tous.



Ce roman est un peu une chronique sociale, l'épouse apathique qui s'enfuit quand vraiment elle n'en peut plus sans essayer de dialoguer, la fille amoureuse d'un pseudo héros de guerre totalement sous le joug du fiancé, le fils antimilitariste qui fait tout pour être réformé, le second amoureux d'une jeune femme noire qui le dérouille pour affirmer ses choix de vie.



Très cliché, mais addictif aussi, impossible de quitter Stupide et son fidèle compagnon humain inadapté à sa propre famille, sans savoir quel sera leur destin...

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Mon chien stupide

Quel joie de recevoir ce roman dans ma boîte aux lettres ! Je remercie vivement les équipes des éditions 10/18. Ce roman, il fallait à tout prix que je le lise. Forcément, ça parle d'un chien … j'adore les chiens ! En fait, j'adore les animaux. Alors quand les romans en font des personnages principaux, je ne peux qu'avoir envie de les découvrir. « Mon chien stupide » était donc attendu avec impatience. Malheureusement, je m'attendais à bien mieux. Je m'attendais à un coup de coeur. Je voulais un coup de coeur. C'est loupé (bien qu'il ne soit pas mauvais) !

Pourquoi n'y a t-il pas eu de coup de coeur ? Tout simplement parce que je m'attendais à une histoire qui tournerait tout autour d'un chien. Ce n'est pas le cas ! En réalité, Stupide (c'est son nom) ne sert pas à grand chose … si ce n'est à agresser sexuellement chiens et hommes. Il nous fait sourire, il nous attendri … mais voilà ! Il n'est que peu présent, en vérité ! On suit davantage l'histoire de la famille Molise : des parents qui voient leurs enfants quitter le domicile familial, un à un. Des parents forcément un peu perdus face à cette nouvelle vie. Une histoire pas inintéressante en soi … mais sans vrai enjeu. Sans danger. Sans suspens … Il leur manquait quelque chose à cette famille. Il leur manquait davantage de présence d'un membre imposé : Stupide.

J'ai eu du mal à m'attacher à chacun d'eux. Leurs personnalités respectives m'ont semblé que peu travaillées, simplement esquissées. On lit leur histoire, mais on se sent un peu extérieur à tout ça. On n'est pas embarqué. Ils manquent chacun de charisme. En réalité, ils manquent de personnalité. Ils m'ont paru plat. Sans intérêt. le seul qui aurait pu nous intéresser serait Henry … mais ! Mais comment s'attacher à un personnage si égoïste ? Un homme incapable d'aimer personne d'autre que lui-même ? Incapable même d'aimer réellement ce chien qu'il a recueilli. En fait, je l'ai détesté cet homme. Et, à part Stupide, je n'ai jamais apprécié aucun des autres personnages. Problème : Stupide est peu présent !

Là où le bât blesse, c'est que l'histoire en elle-même m'a semblé irréaliste. Déjà, on décrit Stupide comme un ours. Un Akita (chien japonais) n'a strictement rien de semblable à un ours. Oui, il a une fourrure épaisse … mais c'est tout ! Ensuite, la famille Molise a des réactions bizarres vis-à-vis de ce chien. Quand un chien est en chaleur, personne ne se dit : « tuons-le, il est immonde ! ».

En résumé, je reste relativement déçue. Je m'attendais à ce que ce chien rende une famille plus humaine. Je m'attendais à ce qu'il apporte des sentiments et des émotions à l'écrit. Mais, non ! Ce n'est pas l'histoire de Stupide. C'est l'histoire de la famille Molise. Une famille banale où les enfants grandissent et quittent le navire pour rejoindre leur propre embarcation … même si ce ne sont que des barques, au grand dam de leurs parents. Rien de fabuleux, rien de merveilleux … une histoire relativement banale où on nous appâte avec un chien.
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Les jours noirs

On appelle, à Saint-Pétersbourg , "jours noirs" la période opposée aux "nuits blanches" où entre la mi-mai et la mi-juillet, le ciel est illuminé presque à toute heure. Les "jours noirs" arrivent à la fin de l'automne.



Cet ouvrage propose une découverte sensible de la ville de Saint-Pétersbourg, de certains traits de caractère que l'auteur attribue aux Russes, après écoute ou observation des habitants de cette ancienne capitale de la Russie, et de nombreuses références à Dostoïevski.

Pas à pas nous suivons avec délectation, parfois amusement et même effroi (au sujet de crimes racistes) le cheminement d'individus souvent pittoresques. Certains Russes sont devenus riches et ils l'affichent. On voit toutes sortes de véhicules dans cette cité: voitures russes fatiguées ou luxueuses berlines allemandes, taxis, bus et minibus bondés, énormes camions militaires… Les jeunes Russes sont conscientes de leur jeunesse et de leur beauté. À tout moment de la journée elles sont très bien habillées et leur visage est très habilement maquillé.



Nombre de Russes ont gardé un caractère très froid vis-à-vis du narrateur. Dans les restaurants, les vendeurs dans les boutiques sont restés distants. Quand il leur a posé une question, il a été surpris par leur façon de ne pas répondre ; ils ne le regardent pas, , perçoivent à peine sa présence. Ils ont des têtes désagréables, certains vous font comprendre qu'ils parlent exclusivement russe et que même si vous faites des efforts pour parler en russe, vos efforts resteront vains car ils considèrent a priori qu'ils ne vous comprendront pas. L'auteur insiste sur la fierté spontanée de certaines personnes qu'il a rencontrées.



Des dernières pages, on retiendra :

« Les espaces austères et démesurés de cette ville dessinée concourent à l'assujettissement, à la mise au pas. Tout, hormis le métro, y est visible, quadrillée, repérable. Saint-Pétersbourg, la ville des "hommes de peu d'envergure" (Dostoïeski), est l'utopie réalisée de la régulation urbaine : on exige de ses habitants qu'ils se conforment à ce modèle de justes proportions et d'harmonie » (page 81).

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Mon chien stupide

Mon chien stupide a pour personnage principal un certain Henry Molise, écrivain quadragénaire au talent plutôt quelconque. Celui-ci a l’impression d’avoir raté sa vie, entre une femme qu’il ne comprend pas, ses quatre enfants qui le font tourner en bourrique, et son rêve de partir pour l’Italie, pays de ses origines. L’arrivée de Stupide, une énorme touffe de poil aussi balourde que dérangée, n’est qu’un prétexte pour pousser les six membres de cette famille dans leurs derniers retranchements et les amener à se découvrir.



Un roman cynique et bien sympathique pour découvrir le style de John Fante. L’auteur se moque ici de la famille typique de l’Amérique des suburbs, pointant du doigt leur vie bien rangée et leurs préjugés. C’est frais, amusant et ça se lit bien.



Un petit mot sur la traduction française du titre. Dans la version originale, "West of Rome" appuie le fait d’avoir raté sa vie, de ne pas se trouver là où on l’aurait voulu. Ce titre fait également allusion au roman de John Steinbeck, East of Eden. La traduction française maladroite fait disparaitre ces deux références.

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Mon chien stupide

Un jour, Henry Molise découvre un énorme chien doté d'un caractère pervers et d'une tendance au viol homosexuel. Que faire de lui ?

C'est le prétexte pour découvrir une famille pas comme les autres, dont tous les faux semblants et hypocrisies seront arrachés par l'auteur au cours du roman. Il y a d'abord Harriet, la mère de famille épuisée, dépassée. Il y a aussi Tina, tombée amoureuse d'un surfeur pas très brillant. Il y a Dominic, obsédé par les femmes noires, la honte de la famille pour sa chère mère blanche. Il y a Denny, convaincu de son talent d'acteur mais qui, avant de partir à Hollywood doit réussir à quitter l'armée par tous les moyens. Et enfin, Jamie, celui qui paraît le plus sage et équilibré, même si dans une telle famille, ce n'est pas difficile...On comprend pourquoi la mère menace régulièrement de quitter le foyer famiilial, et pourquoi le père rêve de la place Navona, à Rome, au côté d'une jolie brune...

Le père, parlons-en : un écrivain raté, et un scénariste pas tellement plus brillant. Donc, entre dans ce tableau familial Stupide, le chien violeur et malsain. Divisant la famille, c'est lui qui permet à l'auteur de nous faire découvrir cette famille pour le moins originale. Entre tensions, disputes, larmes...mais aussi rires. Car les situations cocasses de tentatives de viol du chien sont assez hilarantes. Les dialogues piquants, les répliques acerbes de cette famille qui se déchire sont savoureux. Chaque enfant cause de plus en plus le désespoir des parents, qui n'attendent plus rien d'eux. Pour Henri, la vie semble avoir perdu son goût, et les jours se ressemblent jusqu'à l'arrivée de Stupide. Les personnages se remettent en question sur leurs rapports entre eux et surtout sur eux-mêmes.

Ce livre est formidable, l'auteur n'en fait pas des tonnes, mais comme cette famille est intéressante ! Une véritable claque, un livre qui fait réfléchir sur soi-même et les autres, sur les espoirs déçus, sur la vie en général. Sans se prendre au sérieux, toujours avec humour, l'auteur fait une plongée au coeur de cette famille américaine, où chacun déçoit un peu plus l'autre chaque jour ! Des rapports complexes dans cette famille fascinante en perpétuel déchirement. Un excellent roman.
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Mon chien stupide

Sous la plume furieusement drôle trash et pince sans rire de Monsieur John Fante ,Henry Molise loser désabusé, réaliste et vieillissant fait pour nous le constat amer de sa vie.



C'était la première fois que je lisais cet auteur mais surement pas la dernière.



un livre JUBILATOIRE!!!!!
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