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Citations de Caryl Férey (1388)


Les gens veulent croire, en Dieu, au spaghetti cosmique ou à la corne de rhinocéros comme supplétif à leur pauvre pénis : c’est plus fort que la raison, la morale ou les sermons. Que ces gens en meurent ne me dérange pas.
(page 64)
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Les bois de rennes fraîchement coupé se vendaient 10 dollars le kilo et, réduits en poudre, fournissaient la pharmacopée asiatique. (page 427)
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Peu propice au changement, la dolia expliquait la capacité des Russes à supporter l’insupportable, à considérer l’inégalité comme normale, la répartition des biens étant ce qu’elle était avec le devoir de s’en contenter. On n’aimait pas trop que les gens sortent la tête de l’eau : on avait plutôt tendance à la remettre dans le bouillon. Ainsi, les filles étaient éduquées pour être belles, à leur place, surveillées de près par les pères, avant le beau mariage qui les catapulterait gérantes de foyer. On les aimait douces, modestes et passives, les garçons corpulents, actifs, bagarreurs. (page 93)
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Ce qu'il découvrit fut à la hauteur de ce qu'il avait imaginé sur la route : la femme était nue, posée en évidence dans la fontaine asséchée, mais on avait scié ses bras et ses jambes avant de les lui enfoncer de moitié dans le torse et le bassin, la rapetissant d'autant. Lautaro alluma la Maglite qu'il gardait dans la poche de sa veste. Il avait déjà vu cette coupe dite du « vase à fleurs », quand on vidait les entrailles de la victime pour y introduire ses membres amputés et la rendre difforme. L'aspect du cadavre était de fait ridicule avec ses bras qui commençaient aux coudes et ses jambes aux genoux, on aurait dit une naine de foire ensanglantée. Ridicule et absolument effrayant.
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L’Occident désignait comme nature des territoires inertes ou à exploiter massivement, sanctuarisait quelques parcs voués à la récréation, à la performance sportive ou au ressourcement spirituel : jamais il n’était question d’y habiter. En Afrique, les autochtones étaient même sommés de quitter leurs terres au nom de la préservation exclusive d’animaux sauvages, ceux-là même que l’Occident avait majoritairement exterminés. Un nouveau colonialisme vert.
(page 97)
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Elle venait d’être mutée au quartier général de la KaZa. La Kavango-Zambezi Transfrontier Conservation Area regroupait trente-six réserves d’une superficie équivalente à celle de la Suède qui couraient sur cinq pays : Namibie, Angola, Botswana, Zambie et Zimbabwe. Un espace de protection des espèces sauvages dont Nelson Mandela avait formulé l’idée au tournant du siècle – créer des parcs de la paix pour transcender les frontières, refermer les cicatrices du passé et éviter de nouveaux antagonismes.
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L'Occident désignait comme nature des territoires inertes ou à exploiter massivement, sanctuarisait quelques parcs voués à la récréation, à la performance sportive ou au ressourcement spirituel : jamais il n'était question d'y habiter. En Afrique, les autochtones étaient même sommés de quitter leurs terres au nom de la préservation exclusive d'animaux sauvages, ceux-là mêmes que l'Occident avait majoritairement exterminés. Un nouveau colonialisme vert.
(p.97)
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Anita fuyait les miroirs sous son masque à sourire, le reflet des vitrines, comme si sa "sale gueule" prenait toute la place. Les garçons d'ailleurs ne s'y trompaient pas : s'ils la suivaient dans la rue et la sifflaient parfois, aucun ne se retournait sur son passage.
Anita vivait de dos.
Côté pile.
Elle avait perdu la face.
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Les chasses aveugles du xixe siècle avaient lancé la ruée vers l’Afrique et les premières tueries de masse – douze mille éléphants massacrés pour la seule année 1887. Maharadjahs, émirs, rois et princes fortunés, industriels en manque de sensations fortes, chasseurs de trophées ou d’ivoire, les caravanes partaient dans la brousse et les forêts africaines pour des semaines de traque, des centaines de porteurs et serviteurs embarquant argenterie, vaisselle, toilettes, lits à baldaquin et mobilier divers. Les cours des rois et les premières agences de tourisme se succédaient à la suite de ces gens bien nés qui trouvaient exotique la mise à mort d’animaux alors à peine craintifs, puis l’hécatombe se démocratisa. Récits de peur bleue face à la charge d’un lion, de maladies attrapées là-bas, de nègres qui parfois se rebellaient et créaient des sociétés secrètes, comme ces aimables Mau-Mau devenus la nuit coupeurs de têtes et attaquant les fermes des Blancs à la machette ; l’Afrique était le terrain de chasse de l’Europe et de l’Amérique. Enfin, le gibier devenu rare et fuyant à force de massacres, on avait décidé, au milieu du xxe siècle, de parquer la faune rescapée, créant ainsi les premières réserves animalières.
De l’or à sang chaud pour les mafias du braconnage, qui aujourd’hui en avaient fait le quatrième commerce illégal au monde.
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Je n’enviais pas ses millions, mourir le plus riche du cimetière était une chimère capitaliste et ce n’était le but de personne ici, sûr que le bonheur se partageait sans rien compter.
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Les mines ruinaient la santé d’un homme en trois semaines, le tuaient en quelques mois. Les criminels de droit commun étaient nommés contremaîtres et armés de gourdin avec lequel ils pouvaient assassiner les prisonniers politiques en toute impunité, ou alors ils s’amusaient à les fracasser contre les murs ou à terre jusqu’à ce que leurs os décalcifiés se brisent…
(pages 123-124)
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Les milices patriotiques avaient pignon sur rue en Russie, organisations paramilitaires ou partis néo-nazis qui prônaient l’expulsion des non-Russes et un rôle accru des institutions traditionnelles, l’Église orthodoxe en tête. (page 458)
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Valentina Oulianova pourfendait Norilsk Nickel dans une diatribe enflammée où, extraction minière et crise climatique faisant mauvais ménage, elle envisageait la résurgence de maladies confinées dans le permafrost depuis des millénaires, des virus oubliés ou qu’on croyait éradiqués ; autrement plus létales que les Covid ou Ebola, ces nouvelles pandémies pourraient balayer l’humanité qui, en ayant pris soin de détruire les forêts primaires ou les habitats originels, se serait coupée des moyens de découvrir l’antidote laissé gracieusement à disposition par la nature… (page 119)
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Tu connais ma sœur : tu la laisses seule dans la campagne, elle est capable de s'engueuler avec les arbres.
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- Il est bizarre ton perroquet.
Esteban se tourna vers le volatile : encore à faire le guignol...
- Ce n'est pas le mien, dit-il depuis la cuisine, mais celui d'une copine qui l'a laissé là en gage.
- Ah...C'est un mâle ou une femelle ?
- Hum, dit-il en jaugeant la bête, il est tellement con qu'à mon avis c'est un mec.
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Tous les enfants du monde rêvent d'animaux sauvages, de grimper sur un cheval ou sur un fauve pour courir après le vent, tous les enfants dessinent des animaux, tous les enfants ou presque jouent avec des figurines ou des peluches d'animaux qu'ils aiment comme leurs petits avant de devenir adultes et d'oublier ce sentiment d'osmose. Beaucoup d'humains perdent le fil du rêve qui les liait à eux, par manque d'imagination, d'empathie ou de compassion, par paresse intellectuelle ou morale, parce qu'ils prennent ce vieil attachement pour des enfantillages et qu'ils ont mordu à la fable du commerce et de l'argent coûte que coûte, parce que les animaux font partie pour eux d'un monde ancien, invisible, comme des jouets qu'on ne touche plus. Sauf qu'un monde sans animaux sauvages n'est pas un monde.
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Les jours de tempête, les bus circulaient en convois pour évacuer les passagers en cas de panne. En ville, un piéton pris dans une bourrasque pouvait atteindre le deuxième étage d'un bâtiment en volant. Pour éviter ce désagrément, il fallait s'accrocher aux murs, aux feux, aux panneaux de signalisation, s'associer à d'autres pour former une chaîne humaine sous peine d'être plaqué au sol et traîné sur des dizaines de mètres. Les vieux en faisait des attaques, les ados depuis leur chambre filmaient avec leurs portables en se marrant.
Grimpé sur la tablette fixée à hauteur de la fenêtre - son "perchoir", comme il l'appelait - Gleb observait sa ville, Norilsk, une épopée devenue tragédie à grande échelle dont les habitants d'aujourd'hui n'étaient que les derniers rejetons. Des survivants de tout. Car si le goulag de Norilsk avait disparu dans les poubelles de l'histoire, eux restaient des prisonniers...
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Né après la chute du Mur, il n’y avait plus de camarade qui tienne, de mythe, de communauté de pensée, d’avenir radieux, cette soupe qu’on avait servie à des générations de serfs devenus souffre-douleur des commissaires politiques : Nikita ne voyait que des barbelés dans le communisme, des codes-barres dans le capitalisme, un patriarche de l’Église orthodoxe plein aux as dans le rêve de dieu, qui s’était fait construire un château de la taille d’une forteresse en interdisant aux autres de se faire enculer, comme si la croupe des Russes n’était déjà pas pleine.
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Norilsk était une ville vortex, un poison psychique qui aspirait le cerveau des hommes échoués là, vous ramenait larves dans l’œuf, en fusion au cœur d’un noyau perdu.
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Leurs histoires de nouvelle Colombie radieuse, avec ses parcs nationaux, ses colibris et ses jaguars, ses eaux transparentes et ses déserts, ses vertes forêts et ses zones caféières fertiles où jeter un bâton suffisait à voir pousser un arbre, tout ça ne tenait pas ; car ils grouillaient toujours, les petits vers humains, dans ses entrailles furieuses où mijotaient sa colère et l’acide de son amour volé.
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