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Critiques de Caryl Férey (1857)
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Le Steve McQueen

Dans « Le Steve McQueen » les auteurs Ferey et Willocks livrent un polar hommage haletant.
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Okavango

Accrochez-vous bien, on part pour l'Afrique, le long du fleuve Okavango sur la zone transfrontalière Kavango-Zambèze (KAZA). Un voyage d'une intensité exceptionnelle où la faune sauvage en est le thème principal avec le braconnage et l'argent qui en résulte.



Wild Bunch est le nom de la réserve privée de KAZA, c'est la plus grande, et c'est un blanc qui en est le propriétaire : John Latham. Le cadavre d'un jeune San* y est retrouvé, et arrive pour enquêter la lieutenante Solanah Betwase. Voici nos deux principaux personnages, mais ici ce sont plutôt les animaux qui détiennent la plus grande place ainsi que la nature.



"En Afrique, les autochtones étaient même sommés de quitter leurs terres au nom de la préservation exclusive d'animaux sauvages, ceux-là mêmes que l'Occident avait majoritairement exterminés. Un nouveau colonialisme vert… … John Latham avait une autre vision du monde, où hommes et animaux cohabiteraient…"



Ce récit ne manque pas de descriptions certes parfois sauvages et cruelles, mais ce n'est que pour en révéler les réalités sur le trafic de la faune. On ressent les émotions fortes que l'auteur désire nous transmettre, j'ai vécu ce roman, et je peux vous garantir que les quelques 540 pages se dévorent littéralement. Un roman noir et engagé.



"Oreille-Noire avait le goût du sang, qui irriguait ses veines et son instinct de tueur. Il avait survécu à ses premiers jours sur terre, quand leur mère s'était isolée pour mettre au monde la portée; le grand buffle avait reniflé leur présence dans les buissons où elle les tenait cachés et il avait piétiné à mort un de ses frères…"



Il y a donc l'univers de ce coin d'Afrique magistralement décrit, il y a l'enquête et donc une histoire entre nos deux protagonistes, leur famille. Aussi, le braconnage dans toute sa splendeur au profit, toujours, de l'argent, et l'histoire de ces peuples autochtones expropriés. J'ai découvert l'auteur avec "Norislk" qui se déroule en Russie, j'ai "Zulu" dans ma PAL, de quoi avoir encore de belles pages à lire. Coup de cœur pour "Okavango" une vraie pépite. À suivre!


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Paz

Amateurs de thriller noir et violent ? Ce livre est fait pour vous... Voyez-vous, il y a des livres qui montrent ce que l'homme a de meilleur en lui, ceux dits pleins d'humanité et de sensibilité. Mais pas "Paz", non, lui il n'en fait pas partie, pas du tout. Au contraire, on y voit le pire du pire, et l'auteur ne prend pas de pincettes pour nous le raconter.



Son intrigue se déroule en Colombie, et pour qui connaît déjà un peu l'histoire de ce pays saura qu'il ne sera pas transporté au pays des Bisounours. Les paysages magnifiques et le bleu de l'océan ne font pas le poids face aux guerres civiles, corruptions politiques, cartels de la drogue et assassinats crados. Et c'est dans cette espèce de merdier âprement cruel que Caryl Férey nous jette tête la première. Ses protagonistes principaux, à une ou deux exceptions près, ne sont pas des tendres, juste le reflet de l'environnement brutal qui les a vus naître.



Une série d'assassinats a lieu. Des morceaux de cadavres sont retrouvés un peu partout, jetés sans doute d'un avion, là une jambe, ici un bras ou une tête. D'autres sont retrouvés entiers, mais préalablement découpés à la tronçonneuse et agencés dans des postures qui ne sont pas sans rappeler la Violencia. Ça dégouline rouge de partout, la putréfaction titille les organes olfactifs, le tout nourrissant de bonnes nuits de cauchemars.



Dans cette ambiance qui met en appétit (façon de parler), nous y suivons plusieurs personnages. Lautaro, chef de la police de Bogotá, chargé de cette affaire sanguinolante. Diana, journaliste d'investigation, qui enquête sur le passé trouble de Lautaro. Angel, ancien FARC, à la recherche de sa fille disparue juste après que sa grand-mère ait été assassinée (et dont des morceaux ont été retrouvés parmi tant d'autres). Voilà pour les principaux, mais il y a aussi un patriarche/homme politique et sa femme dépressive, quelques collègues prêts à aider, une femme amoureuse qui ne sait pas dans quoi elle met les pieds, quelques politiques corrompus, trafiquants sanguinaires et flics sans pitié.



Vous voilà parés ! Le premier chapitre donne le ton dès le départ. Inutile de vouloir s'attacher aux personnages, on comprend bien assez tôt que, vu l'ambiance, tout le monde ne pourra s'en sortir. Et puis ils sont détestables au plus haut point, pour la plupart du moins. Travaillés ce qu'il faut pourtant mais à la psychologie abjecte, impossible donc de les aimer, même en prenant plaisir à les suivre dans cette intrigue tord-boyau hautement bien ficelée.



Intrigue dans laquelle tout se recoupe, tout est lié, tout se rejoint pour nous offrir un final explosivement sanglant. Intrigue qui ne manque pas d'action, de rebondissements et de révélations. Intrigue grâce à laquelle on visite un pays qu'on ne voudrait pas connaître de trop près.



Narcotrafiquants, gangs mafieux, pochards, escrocs et psychopathes nous servent de guides touristiques dans ce pays qui morfle au quotidien. Haine fraternelle, assassinats odieux, trafic de drogue et violence de haut niveau rythment nos visites à travers tout le pays. C'est cru, tendu, brutal, sanglant, quelque peu trivial, d'une violence inouie.



Et l'auteur de préciser dans ses notes en fin d'ouvrage qu'il a « choisi d'atténuer certains aspects particulièrement violents des drames vécus par le peuple colombien » parce qu'il estimait « que la coupe était déjà pleine » ... ...



J'ai rarement lu un roman aussi "crade", mais j'ai aimé. Il est foutrement bien écrit déjà, le contexte et l'ambiance carrément bien dépeints, l'intrigue ultra-violente mais prenante, les personnages abjects mais ambigus comme j'aime. C'est noir, cruel, inhumain. Je n'en lirai pas tous les jours des comme ça, mais il est certain que je reviendrai vers cet auteur qui ne fait pas dans la dentelle et fait pleuvoir les morts comme vache qui pisse ("Zulu" m'attend d'ailleurs bien sagement depuis quelques mois).

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Le Steve McQueen

Un petit livre qui file à folle allure entre Manchester et Lyon en ne respectant aucune limitation de vitesse mais toutes les figures du genre version Le Bon, les Brutes et les Truands. Le Bon ne l'est pas tant que ça (on s'en doutait), le reste du casting est en revanche au top rapport à l'innommable et à la déglingue. Le tandem Willocks-Férey, deux gâchettes, s'entendent à merveille dans cet exercice de style bref, sans surprise et (comme le veut la formule) jubilatoire... Et puis, il y a le titre tout de même : Le Steve McQueen. Pas mieux.
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Zulu

Roman implacable sur l'après apartheid. Terriblement violent et sauvage, on ne sort pas indemne de ce roman. L'écriture est remarquable, le sujet est documenté et très détaillé. Les personnages sont féroces et attachants. Toutes les actions se lient et s'entrecroisent dans un univers suffocant et brutal. L'intrigue se veut tellement effrayante entre réalité et fiction ; j'ai beaucoup aimé. Un peu trop violent parfois mais nécessaire vu le lieu et les motivations de chaque clans. Un auteur à retenter !
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Zulu

Après Okavango et ses réserves africaines, j'avais envie de relire du Caryl FEREY.

Petit hic, j'avais oublié que j'avais vu le film et celui-ci est venu corrompre mon imaginaire. Le style reste très brut. On retrouve des protagonistes blessés par la vie, sombres et seuls. Loin d'être des héros, Ali et Brian sont des personnages complexes. Lorsque le cadavre d'une jeune blanche est retrouvé, ce qui semble être une simple histoire de nouvelle drogue s'avère être une opération d'un tout autre ordre.

L'auteur nous plonge en Afrique du Sud où l'apartheid a laissé des traces profondes et où la violence reste quotidienne.
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Le Steve McQueen

Imaginez… Springsteen et Jagger décident d'enregistrer un disque ensemble… Vous faites quoi ? le jour de la sortie, vous vous précipitez pour… casquer !

Willocks et Férey, les Bruce et Mike du roman noir, assistés de Benjamin Legrand, traducteur et scénariste (le cultissime Transperceneige, c'est lui !), qui collaborent, ça promet du lourd ! Rarement le « cadavre exquis » n'aura aussi bien porté son nom. Tout au long de ce trop court roman la jubilation éprouvée par les auteurs est palpable. C'est un festival de dialogues qui claquent comme des balles, des balles qui claquent tout court, des flots d'hémoglobine, des puzzles anatomiques et un héros Mackie (comme les enceintes…) qui rejoint McCash et Cicero Grimes dans la galerie des Gueules (de roman) noires inoubliables. Et les seconds rôles ne sont pas mal non plus, Vogel (comme le méchant de Braquo ?), Sol l'Argentin (il en fallait bien un !), Sheryl, Jada, les aussi cons que redoutables frères Taylor et enfin, malgré son mutisme, le fameux « Steve McQueen ». Un seul bémol, Manchester vs Lyon c'était une belle affiche pour quelques balades urbaines comparatives. Sur ce point, la quatrième de couverture nous a un peu vendu du rêve. En revanche, le terme d'humour dévastateur ne provoquera pas de polémiques… Victor !

Si l'enchainement des violences physiques et verbales renvoie Tarantino dans les rayons de l'Ecole des Loisirs et impose donc une préconisation d'usage sur la possibilité de considérer cet ouvrage comme choquant, il est, par contre, à recommander vivement à ceux qui adorent Férey et encore plus Willocks. A ce sujet, mon cher Tim, si tu m'entends, il arrive quand ce dernier fucking tome des aventures de Mattias Tannhauser ?
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Mapuche

Quel plaisir cette première lecture de Caryl Férey.

Ça bastonne sec et violement. Deux âmes perdues en quête, se rencontrent dans une Argentine peuplée de fantômes des années de dictature. Elle, Jana, fuit l' histoire sacrificielle de son peuple Mapuche, lui, Rubén chasse le démon qui s'est emparé pendant les années 70 des différentes strates du pouvoir de son pays au prix d'une violence et d'une injustice toujours pas rétablie en ce début de nouveau millénaire. Et d' autres personnages à l'intérêt certain sillonnent ce roman.

Quelle immersion historique ! Quel suspens haletant, jusqu'au bout. Génial.

Où va t il chercher ça, Férey, lui qui qui a grandit pas loin de chez moi, cette noirceur du monde?

Chose sûr, je vais plonger de nouveau dans ces épopées policières toutes aussi effrénées je l espère.

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Haka

Bizarre, j’ai commencé par lire Utu, par hasard. Haka c’est comme un brouillon. J’ai vraiment eu l’impression que Caryl Frerey y a testé des recettes pour en goûter la saveur et leur impact sur les lecteurs. J’ai adoré Utu, je n’ai pas beaucoup aimé Haka. Violence gratuite, personnages inaboutis, intrigue décousue, fin interminable, se concluant en Grand Guignol, comme souvent chez l’auteur mais là on atteint des sommets. Bref, si je peux me permettre commencez par Utu et restez y
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Okavango

Ce livre est un énorme coup de coeur : non seulement parce que l’intrigue est particulièrement prenante et porte sur un sujet fort, la lutte anti braconnage, mais aussi parce qu’il m’a permis de voyager à nouveau dans ce magnifique pays qu’est la Namibie. À travers les descriptions de l’auteur, j’ai retrouvé les paysages, les odeurs et les animaux sauvages, et ai eu l’impression d’être à nouveau là-bas. Les explications culturelles et historiques permettent de mieux comprendre cet immense pays peu peuplé, et les liens étroits qui le lient avec le Botswana et l’Angola en particulier. Un petit bijou !
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Haka

Gros coefficient de sympathie pour ce «premier bon livre» de Caryl Ferey (sorti en 1998), ainsi qu'il le qualifie dans son récit autobiographique «Pourvu que ça brûle».



Effectivement si vous avez suivi ce personnage en colère qu'est Caryl Ferey, vous ne pouvez pas vous offusquer des descriptions passionnantes de la Nouvelle-Zélande des bordures dans son polar à l'intrigue prenante, non plus que de le voir barbouiller son roman d'une quantité affolante de meurtres sadiques et autres exactions barbares.

Soit. Ça le défoule. On sait ce que l'on prend en ouvrant un Ferey.



Mais là je dois quand même dire que l'acharnement des suicidaires à atteindre l'accomplissement de leur désir, le goût immodéré de certains protagonistes pour la torture comme la promptitude d'autres à défourailler toutes sortes d'armes plus ou moins calibrées finit par fatiguer le lecteur le plus complaisant.

En fait je me demande si Caryl Ferey ne s'est pas laissé emporter par la surenchère des évènements qu'il narre à la fin de l'ouvrage, omettant en cela de nous éclairer sur ce qui aurait pu être un point final apaisant à cet «Haka» : que s'est-il passé 25 ans auparavant lorsque la femme et la petite fille du personnage principal ont disparu sans laisser de traces ?

Le final du roman nous (me) laisse avec un sentiment d'inachevé et un goût d'abattoir regrettables.



Offrons donc à Caryl Ferey une bonne dose d'indulgence et rappelons-nous qu'il a fait beaucoup mieux par la suite avec les «Zulu», «Mapuche» ou «Condor» par exemple.
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Zulu

Quel upercut ce récit !



J'ai échappé le livre plusieurs fois au cours de ma lecture tant la noirceur du récit et la violence m'ont percutée de plein fouet.

J'ai dû poser le livre, prendre une grande respiration tant la tension monte, boire quelques gorgées de mon rooboïs, avant de rouvrir le livre et pousuivre ma lecture.



Caryl Ferey réussit avec ce thriller à imerger totalement le lecteur dans la misère et la violence qui gangrènent l'Afrique du Sud.



Ali Neuman chef de la police de Cape Town, va enquêter sur le meurtre d'une jeune fille blanche massacrée avec acharnement.



Son enquête mettra au jour une drogue de composition inconnue qui rend littéralement dingue et extrêment violent.



Les morts violentes vont se succéder, et l'étau se resserrent autour des gangs.

Ali et sa petite équipe vont devoir faire face à un système parfaitement organisé tenu par des hommes sans scrupules, sans état d'âme. Et ce n'est pas gagné !



Sans complaisance, le réalisme du récit rajoute au malaise que j'ai ressenti à la lecture : Comme à son habitude, Caryl Ferey est parfaitement documenté et intègre son intrigue dans la grande histoire.

Drogue, sida, tortures, corruption... Caryl Ferey a mis en scène un cocktail explosif.



Un trhiller noir, très noir !



Je suis allée en Afrique du Sud il y a quelques années et ai visité quelques uns des lieux cités dans ce récit. Heureusement, que j'y suis allée avant d'avoir lu Zulu !















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Okavango

25//2024



Nouveau Ferey, nouveau pays, nouveau coup de cœur :)



Histoire sombre, forte, puissante, on est ici immergé de plein fouet dans la réalité brutale et crue du trafic d'animaux sauvages en Afrique, malgré les réserves et les rangers faisant tout leur possible pour empêcher ce fléau et faire en sorte que les générations futures puissent découvrir un éléphant ou un rhinocéros en vrai et pas seulement en livre détaillant une espèce disparue...



Le pavé est dense, retraçant les différentes guerres dans les pays concernés, toutes plus ou moins proches de ce qu'il s'est passé en Afrique du Sud au moment de la fin de l'apartheid. La grande réussite du côté historique est que comme d'habitude dans tous ses romans l'auteur mixe maux d'aujourd'hui avec histoire plus ou moins récente du pays dans lequel il plante son décor.



Ici l'enquête en elle-même est plutôt conventionnelle, les rangers devant empêcher de braconner les animaux sauvages, mais une réussite dans la trame permet une fois de plus de mélanger les genres entre bons et méchants, ce qui permet au lecteur de partager le trouble de l'héroïne de l'histoire (héroïne au fort potentiel badass et apportant sensibilité et féminité à cette histoire pleine de testostérone).



Un coup de cœur supplémentaire donc pour cet auteur engagé qui en plus de dénoncer les failles actuelles des lieux où se déroulent ses excellents polars implique le lecteur dans ce que ressentent ses personnages clefs, qui ne sont pas épargnés comme d'habitude ;)
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Lëd

Caryl Ferey est un des ces auteurs français dont nous pouvons être fiers, parce qu'il creuse la niche littéraire qu'il a créé (polars violents aux quatre coins de monde sur fond de régimes répressifs et d' ethnies traditionnelles opprimées) avec une énergie infatigable et un style exigeant et magnifique. Ses livres, ultradocumentés y compris par des recherches de terrain (ex grand reporter), sont sous couvert de littérature de genre de véritables autopsies malade des excès de civilisations du monde moderne, et s'inscrivent parfaitement dans le courant écologique actuel.

On est rarement déçu par les livres de Férey mais selon sa sensibilité personnelle, on a forcément son livre chouchou. J'ai commencé par la saga Maori, qui m'a totalement embarqué, mais ne peux m'empêcher de déceler désormais un air de déjà vu dans chacune de ces histoires.

C'est le cas de Norilsk, où pourtant il n' y a va pas de main morte. Sibérie du Nord, Norilsk, – 60 ° en hiver, +30° l'été, trois mois de nuit permanente, trois de jour total, 260 jours de neige par an par an. Accessible seulement en avion ou en cargo, l'été. Cité minière industrielle exploitant le plus grand gisement du monde de nickel et de cuivre à coup de mineurs surexploités et site de production de gaz à hauteur de la consommation française, Septième ville la plus polluée du monde. Toundra alentour rongée par les pluies acides.

Ni plus ni moins qu'un décor de science fiction entre Outland et Blade Runner. Mais ici pas de réalité alternative dont puisse rêver les personnages prisonniers de ces limbes.



Il y a Gleb, mineur et photographe, amant caché de son collègue Nikita ; Dasha, orpheline, styliste et amoureuse sans espoir de Gleb ; Boris Ivanov, flic minable marié à Anya, coiffeuse à domicile, qui se meurt d'asthme dans cette pollution en attendant de rallier un sanatorium, à Saint-Pétersbourg, Lena, médecine légiste, son mari Sacha, joueur de béhourd, sport de combat ultraviolent pratiqué au club cosaque.

Ambiance post soviétique et implication dans l'intrigue de l'ethnie Nenets, peuple nomade, éleveur de rennes, menacé par l'exploitation du sous-sol.

L'intrigue criminelle ici semble un peu faiblarde par rapport à ce à quoi nous a habitués Ferey ; aussi on se reporte sur la sociologie tramée par le récit et sur la densité des personnages, toujours aussi travaillés, dans une ambiance d'une noirceur et d'une désespérance pour le coup indéite chez Ferey, ce me semble.

Hormis ce plaisir un peu voyeuriste, un peu cinéma Mondo du pittoresque local, on ne trouve guère d'enjeu humain, philosophique ou littéraire qui hisserait ce roman au dessus du genre... sinon le style inventif de l'auteur, qui fait pâlir nombre de nos auteurs de littérature blanche.
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Crimes de sang-froid 2019

Recueil de 11 nouvelles de qualités très inégales.

Mes 5 nouvelles préférées sont celles écrites par F. Thilliez, M. Malte, O. Norek, D. Manotti, et D. Thiéry.

Les autres nouvelles n’ont pour moi qu’un intérêt limité pour ne pas dire nul.

Globalement, lecture assez décevante.
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Paz

Avis : Pas mal.
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Okavango

Caryl Férey réalise un nouvel exploit avec ce thriller sauvage au coeur d'une réserve d'Afrique australe, en Namibie, exploit consistant à rassembler et distiller une multitude d'informations sur les moeurs des animaux de la savane, sur les trafics autour de tout qui peut enrichir braconniers, mercenaires, flics ou militaires corrompus, en anéantissant peu à peu des populations animales pourtant protégées, tout en construisant une intrigue au dénouement très rythmé ce qui est souvent la finalité d'un bon polar.



L'auteur a démontré une nouvelle fois son savoir-faire pour créer des personnages attachants ou détestables, mais aussi d'autres à propos desquels les doutes du lecteur vont ajouter au suspense développé tout au long de cette histoire.



Deux femmes dominent dans ce roman, une ranger Solanah, quarantaine bien épanouie, et une jeunette, Priti, courageuse, pleine d'humour et de tendresse. Les deux sont amoureuses et apportent donc des piments aux maturités différentes dans l'histoire. Ce sont de vraies héroïnes qui éclipsent nettement les mâles, dominants ou inférieurs. Un homme émerge, John Latham, personnalité mystérieuse, protecteur déclaré des animaux, au passé mystérieux.



Si l'intrigue est très agréable à suivre, malgré quand même de nombreux personnages et un risque d'égarement si l'on n'est pas assez rapide dans cette lecture, ce sont les bêtes sauvages qui m'ont paru retenir l'attention, qu'il s'agisse des éléphants convoités pour l'ivoire, des rhinocéros tués pour leur corne, des lions abattus pour leurs dents et leurs griffes, mais aussi des hippopotames aux airs paisibles capables pourtant de déchaînements surprenants. Les araignées, les serpents ne sont pas en reste et vont aussi jouer leur rôle dans l'histoire.



Toutes les références au pistage, à l'observation des déjections, des branches d'arbustes arrachées sont également passionnantes même si le roman n'évoque jamais de vraie scène de chasse.



J'aime toujours beaucoup le travail littéraire bien documenté de Caryl Férey, qu'il emmène ses lecteurs en Sibérie, en Amérique du Sud ou en Nouvelle-Zélande. Okavango, c'est l'Afrique, avec un fleuve très présent, aux multiples dangers, qui donne un titre traduisant si bien toute l'atmosphère violente et passionnée de ce roman.
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Sangoma : Les damnés de Cape Town (BD)

Mazette quel voyage ! Que je dois à Sevlipp qui m'avait donné envie, via sa critique, de m'embarquer pour l'Afrique du Sud. Et franchement un beau voyage.

Un polar qui commence avec la mort d'un ouvrier agricole dans une exploitation viticole et avec la disparition d'un bébé de 8 semaines.

Un polar qui va nous emmener dans les hautes sphères du Cap, en pleine discussion parlementaire sur la redistribution des terres agricoles.

Un polar qui va nous faire découvrir d'abominables superstitions.

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Donc un scénario qui tient la route, qui tient en haleine (je vous dis pas comme j'ai râlé quand j'ai du lâcher la BD pour aller chercher la voiture au garage !!) ; des dessins superbes que ce soient les paysages ou les personnages bien campés ; et de superbes couleurs. Bref une BD vraiment réussie !

Merci Sev pour la découverte !
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Okavango

Les lions, les zèbres, les antilopes, les rhinocéros… et le braconniers. C’est à une lutte sans merci et inégale que Caryl Férey nous convie. Comme d’habitude dans ses romans, le récit est noir, brutal, et sans concession.



Des raisons à ce carnage, il y en a et Caryl Férey les explique longuement dans son texte : les cendres encore chaudes de la guerre en Namibie et en Angola, la fin de l’Apartheid en Afrique du Sud, le pillage auquel les Occidentaux se livrent depuis des siècles, plongeant les Africains dans une misère noire, le changement climatique, et pire que tout, l’appât du gain. Il y a des raisons oui, mais sont-elles compréhensibles pour autant ?



C’est cet aspect que je retiens de la lecture de ce polar : la colère de Caryl Férey, qui, enfant, souhaitait être chasseur de braconniers pour mettre fin aux massacre des animaux sauvages, coupables de rien sinon d’être trop libres. C’est la dénonciation d’un système inégalitaire qui continue à mettre à terre des autochtones qui ne sont plus maîtres de leur terre ancestrale ni de leur destin, englués dans une pauvreté qui leur colle aux basques et qui les pousse à participer au braconnage pour s’en sortir (je pense au misérable destin d’un pisteur qui braconne pour avoir l’argent de monter sa propre affaire d’éco-tourisme, tragique paradoxe). Alors certes les exposés de Caryl Férey m’ont souvent semblé un peu moralisateurs, mais n’est-ce pas entendable ?



Cette colère face à une injustice totale, et qui nous concerne tous même si elle nous paraît loin, a cependant le désavantage d’écraser une intrigue pourtant solide : un pisteur est trouvé mort dans la réserve de Wild Bunch, en Namibie, fondée par John Latham, un autodidacte dont la fortune provient de l’exploitation d’une mine de diamants, et qui souhaite redistribuer au pays un peu de sa richesse en préservant ses animaux sauvages. Que faisait là ce pisteur ? N’aurait-il pas été envoyé par le Scorpion, un cruel trafiquant d’animaux qui souhaite mettre la main sur la corne des rhinocéros du parc, dont la kératine ne monnaye à prix d’or ? Solanah Betwase, la ranger du parc voisin de Bwabwata, accompagnée de son équipier Seth Chikongo, mèneront cette enquête, qui les entraînera forcément plus loin que ce à quoi ils s’attendaient.



L’intrigue m’a parue assez lente à se mettre en place, l’auteur étant plus occupé, comme je le disais un peu plus haut, à planter le décor historique et politique de l’Afrique australe. Cela m’a un peu déroutée, et gênée dans la compréhension globale de l’intrigue, Caryl Férey la faisant en outre aller un peu dans tous les sens : des histoires d’amour se mêlent au polar ethnographique et social, et si l’auteur est doué dans ce dernier aspect, son écriture se faisant âpre, en revanche j’ai senti que le premier aspect était moins son truc, sa plume devenant un peu mièvre à cette occasion.



Mais « Okavango » est loin d’être une bluette, et Caryl Férey s’en souvient bien, puisque son roman reste très noir, lucide sur une humanité allant à sa perte par sa propre faute ; il n’y a ni gagnants ni perdants, comme le prouve sa fin magistrale et amère, laissant bien songeur sur le futur qui nous attend, nous qui ne savons même plus protéger les richesses et les beautés de ce monde.
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Okavango

Voyageur impénitent, Caryl Férey est bien connu pour ses romans noirs sur fond de critique sociale, dans des pays encore endoloris par leur passé récent, qu’il s’agisse de colonisation, d’apartheid ou de dictature. Il revient cette fois de la Namibie et de ses immenses réserves d’animaux sauvages, avec un ethno-polar qui s’attaque au trafic d’espèces animales protégées, quatrième commerce illégal le plus lucratif au monde.





L’Okavango est un fleuve endoréique : ses eaux se perdent dans le désert du Kalahari après avoir serpenté entre Angola, Namibie et Botswana. Dans cette région d’Afrique australe, de vastes réserves s’efforcent de protéger une faune menacée par la bêtise et la cupidité humaines, alors que devenues rares à force d’extermination, certaines espèces recherchées pour l’ivoire, la kératine soi-disant aphrodisiaque de leurs cornes, ou la simple possession de trophées, voient leur cote croître toujours plus haut sur les marchés noirs du braconnage et des trafics internationaux. Pour cet « or à sang chaud » se battent de vastes organisations criminelles dotées de puissants moyens de persuasion, entre armes lourdes et corruption. C’est donc à une véritable guerre, opposant d’un côté les rangers et la police, de l’autre un groupuscule commandité par un ancien chef militaire, dit le Scorpion, qu’un premier meurtre commis sur les terres de Wild Bunch, la réserve du riche écolo misanthrope John Latham, va insensiblement mener.





Au beau milieu du conflit, une femme ranger, Solanah Betwase, va devoir faire le tri entre vrais et faux appuis. Non seulement l’argent peut retourner n’importe qui parmi les misérables populations locales, mais les alliés les plus évidents réservent aussi leurs lots de surprises. Ainsi le propriétaire de la réserve, au passé bien trouble, et même le propre époux et supérieur de notre justicière, égaré dans sa jalousie. Entre polar et roman d’aventures distillant nombre d’informations édifiantes sur cette région d’Afrique, sur le triste sort de sa population martyrisée et sur les enjeux qui continuent à décimer une faune pourtant protégée, la tension s’installe dans une ambiance d’emblée sanglante, les plus grands fauves ne s’avérant pas forcément ceux que l’on croit.





Indéniablement addictif, le récit qui, à mesure que l’action s’emballe jusqu’à son dénouement guerrier, abandonne peu à peu les nuances au profit du grand spectacle, de la romance assez convenue et d’une justice pour le moins radicale, se commet sans doute à vouloir trop plaire et divertir pour demeurer totalement convaincant. S’il conjugue suffisamment d’intérêt didactique, d’action cinématographique et de bluette sentimentale pour satisfaire honnêtement un large public, on pourra largement lui préférer le très documenté et bien plus crédible Ivoire de Niels Labuzan, davantage holistique dans son approche de la même thématique.





Aux bémols près de ses aspects les plus racoleurs, Okavango reste un polar instructif et efficace, sur les beautés d’un monde sauvage condamné par l’idiotie et la rapacité des hommes.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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