Citations de Catherine Cuenca (148)
L'amusement de Raoul s'évanouit aussitôt. Des ombres étranges se découpaient à la lisière du bois. Epaisses et hérissées de cornes, elles semblaient le guetter.
Pire que d'avoir été violée, c'est de parler de leur viol qu'on reproche aux victimes.
Les exclus avaient toujours suscité la méfiance et la peur. Surtout en temps de malheur...
À peine arrivée, elle devait repartir. Était-elle destinée à fuir éternellement ?
Nous avons parlé longtemps, de Zola, de Maupassant, des frères Goncourt. Je n'ai pas vu l'heure passer. Soudain, le soleil m'a paru bien bas, et j'ai pris congé de lui un peu brusquement. A la maison personne ne s'est rendu compte de mon absence.
Le vertige la saisit à l'idée que les victimes ne soient pas entendues. Les renvoyer au silence, cela reviendrait à dire que les hommes peuvent continuer à violer impunément, que les femmes sont des proies qui doivent renoncer à leur liberté de circuler, de s'habiller comme elles veulent, pour ne pas tenter le prédateur.
Elle était restée deux jours entiers dans son lit, à chercher vainement le sommeil, en voyant toujours passer les mêmes images devant ses yeux. Comme un film qu'elle était condamnée à visionner indéfiniment, sans aucune échappatoire. Pourquoi s'acharnait-elle à ressasser le passé? Il est impossible de le changer. Peut-être essayait-elle simplement d'apprivoiser ces images, ces sensations, pour qu'il lui soit plus facile de vivre avec. Comme ça, petit à petit, elle arriverait à sen détacher. Il le faudrait bien, si elle voulait continuer à vivre. Cela faisait plus d'un mois qu'elle errait entre deux mondes, comme une convalescente. Elle devait guérir pour pouvoir avancer.
P.38
"- Ôte tes médailles, au moins !
- Tu me reproches de m'être bien battue ? D'avoir voulu m'engager pour venger notre famille ?
- Jamais de la vie ! Mais tu sais comment sont les gens ici : pour eux, une femme normale ne va pas faire la guerre. Si l'une d'elles revient en affirmant avoir tué cinquante-trois ennemis, il y a vraiment quelque chose qui cloche ! C'est injuste mais c'est ainsi.
- Nous avons été près d'un million à être mobilisées. Dans l'armée, nous nous sommes battues aux côtés de nos frères d'armes, avec autant de courage et de sacrifice qu'eux. Je n'ai pas honte de ce que j'ai fait. Jamais je ne le renierai.
- Il ne s'agit pas de renier ton passé, mais de t'adapter pour survivre. Comme tu le faisais sur le front !
Pourtant, c'est chaque jour que nous perdons l'un des nôtres en combattant ces fous qui agitent Dieu comme un étendard mais qui se rendent coupables des pires péchés en son nom.
- Ils trouveront n'importe quel prétexte pour justifier leurs crimes. Ce sont des lâches qui cherchent à se procurer sans effort de l'argent et des femmes, sans oublier le pouvoir... Bref, tout ce qu'ils n'avaient pas dans une vie normale. C'est pourquoi nous devons lutter sans répit contre eux. Nous devons lutter pour que les femmes, où qu'elles vivent, ne soient plus jamais les esclaves d'aucun homme.
- Nous portons bien plus que l'honneur de nos familles, déclare-t-elle. Nous luttons pour libérer des populations, pour délivrer les femmes de la tyrannie. Toutes les femmes. Ce sera dur, cela prendra du temps, mais nous y parviendrons.
Nous ne sommes plus des hommes, nous ne sommes pas des bêtes. Nous sommes beaucoup plus bas. Et pourtant l’instinct de vie nous habite toujours. Nous enlevons une tranchée, une deuxième apparaît aussitôt devant nous. Et nous repartons…
« Qu’est-ce qu’il a dit?
- Que je porte l’honneur de la famille. […]
- Nous portons bien plus que l’honneur de nos famille, déclare-t’elle. Nous luttons pour libérer des populations, pour délivrer les femmes de la tyrannie. »
𝑱𝒆 𝒏'𝒂𝒊 𝒒𝒖'𝒖𝒏 𝒔𝒆𝒖𝒍 𝒄𝒉𝒐𝒊𝒙. 𝑳𝒂 𝒍𝒊𝒃𝒆𝒓𝒕𝒆́ 𝒐𝒖 𝒍𝒂 𝒎𝒐𝒓𝒕. 𝑺𝒊 𝒋𝒆 𝒏𝒆 𝒑𝒆𝒖𝒙 𝒑𝒂𝒔 𝒂𝒗𝒐𝒊𝒓 𝒍𝒂 𝒑𝒓𝒆𝒎𝒊𝒆̀𝒓𝒆, 𝒂𝒍𝒐𝒓𝒔 𝒋𝒆 𝒗𝒆𝒖𝒙 𝒍𝒂 𝒔𝒆𝒄𝒐𝒏𝒅𝒆. 𝑪𝒂𝒓 𝒑𝒆𝒓𝒔𝒐𝒏𝒏𝒆 𝒏𝒆 𝒑𝒆𝒖𝒕 𝒎𝒆 𝒇𝒂𝒊𝒓𝒆 𝒑𝒓𝒊𝒔𝒐𝒏𝒏𝒊𝒆̀𝒓𝒆.
Oui, je sais que ces hommes ne valent pas la balle qui les transperce. Pourtant, c'est chaque jour que nous perdons l'un des nôtres en combattant ces fous qui agitent Dieu comme un étendard mais qui se rendent coupables des pires péchés en son nom.
A quoi bon continuer à vivre dans ces conditions ? S'imagine-t-elle que nous finirons pas être libérées ? Que les peshmergas qui nous ont abandonnées reviendront nous sauver ? Que les Américains ou une alliance internationale interviendront en notre faveur ? Cela n'aurait pas déjà été le cas ? Nous sommes seules? Les Yézidis ont été sacrifiés, et leurs femmes sont des martyres oubliées. Nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes.
L'orgueil ne mène à rien, se répéta-t-il. La paix est un bien précieux.
[p345]
Ne croyez pas que tous les mariages soient d'amour et les demoiselles heureuses de convoler, messire Gabin. Nous endurons souvent les choix qu'on nous impose.
[p85]
Le soleil amorçait son déclin lorsque les cavaliers quittèrent la voie romaine pour s'engager sur un chemin grossièrement empierré qui serpentait entre les labours.
(p. 67)
La main droite posée sur la commande de vitesse, la main gauche prête à actionner le frein, Agnès se raidit. Le tramway va pénétrer dans la rue de la République, l'artère la plus populeuse du parcours de la ligne 7. Elle l'a déjà pratiquée à plusieurs reprises, bravant avec succès toutes les difficultés qui s'étaient dressées sur sa route. Mais c'était de jour, par temps sec.