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Critiques de Chantal Thomas (509)
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Café Vivre : Chroniques en passant

Je connaissais Chantal Thomas « visuellement », ses romans étant régulièrement mis en valeur chez mon libraire. Mais j’avoue, je n’avais jamais eu la tentation de lire l’un de ses romans. Et puis en janvier de cette année, la voilà élue au sein de la trop masculine Académie française. Alors là, je me suis dit : « tu dois la lire » et j’ai choisi de découvrir sa plume au travers des chroniques que l’auteure a rédigées pour le journal « Sud Ouest » de 2014 à 2018, publiées sous la forme d’un recueil.



"Café vivre", dénué de toute vision rétrospective, répète au présent l'instant où l'on fait une pause, où l'on s'assoit sous un arbre, à une terrasse, où l'on s'arrête à un carrefour, sur une plage, au milieu du chemin, pour, simplement, regarder autour de soi. » Ainsi ces chroniques, d’une page et demie, font voyager le lecteur de Paris à New York, à travers les yeux rêveurs de l’auteure.



« Désinvoltes quant à l'ordre des temps, ces textes ne le sont pas quant à celui des saisons. » Je dirais même qu’ils sont intemporels. Les citations des auteurs du siècle des Lumières sur l’éducation des femmes semblent toujours d’actualité, la ghettoïsation des quartiers peuplés par les vagues successives de l’immigration aussi. Et que dire du détachement du livre, de la lecture, de la part des jeunes générations, cette « catégorie en voie d'extinction, comme des survivances ou des fantômes d'une époque disparue » ?



Chaque phénomène de société est pris dans son ensemble, analysé d’un point de vue éminemment culturel (n’oublions pas que nous lisons une Académicienne !), saupoudré d’une réminiscence personnelle, et enfin, Chantal Thomas va proposer au lecteur une perche qui lui permettrait de donner, à son tour, un avis sur le phénomène observé. Ainsi, pour les cadenas accrochés aux ponts en guise de serment d’amour : « Il est troublant qu'aujourd'hui, dans une société où femmes et hommes ont en principe la même liberté sexuelle et la même conscience de la fragilité des sentiments, un cadenas puisse à ce point paraître l'objet parfait pour symboliser le rêve d'aimer. » L’histoire d’amour que vous vivez peut- elle être symbolisée par un cadenas ? Qu’en pensez- vous ?



Au final, j’ai adoré lire ces chroniques de-ci de-là, à la façon d’amuse- bouches introductifs à ses œuvres romanesques. Chantal Thomas est une Grande Dame à la plume érudite mais accessible. Ses romans feront partie de mes prochaines lectures et je vous invite sincèrement à découvrir cette auteure si ce n’est pas encore fait.

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L'échange des princesses

Voici une idée de génie ! Dans les années 1720, il est décidé de l'échange de deux princesses afin de pacifier les relations entre la France et L'Espagne. Ainsi, la jeune infante espagnole âgée de 4 ans épousera Louis XV et la fille du régent se mariera à l'héritier du trône espagnol. L'âge peut avancé des époux permet au régent de France, Philippe d'Orléans, instigateur de cette machination, de voir venir. Beaucoup de choses et d'événements peuvent advenir d'ici les mariages et d'ici que les jeunes rois et reines puissent donner un héritier...

Les jeunes princesses sont déracinées et chacune est envoyée dans le pays voisin, au cours d'un très long et dangereux périple en calèche, afin de faire connaissance avec son futur époux qui fera d'elles des reines. Elles affrontent le froid, l'isolement et les épidémies.

Ce roman est surprenant et nous plonge dans cette époque lointaine. On y voit toute l'absurdité de traiter ses enfants comme des adultes et de les couper du monde du jeu et de l'innocence.

Le contexte historique est intéressant. La petite vérole fait rage alors et tue massivement. On se rend compte de l'omniprésence de la religion. Entre plusieurs parties de chasse, les messes dictent le quotidien et se succèdent.

J'ai beaucoup aimé les deux personnages féminins, au destin dicté par l'histoire avec un grand H. La jeune infante, qui malgré ses pouvoirs et ses caprices reste une fillette et donne la parole à ses poupées. La jeune fille du régent, délurée et libre, qui entend des voix et qui refuse de se plier aux exigences et à la bienséance de la Cour espagnole. Les personnages masculins, qui sont moins développés, m'ont parus plutôt fades en comparaison.

C'est le premier roman de Chantal Thomas que je découvre. Une très belle plume, précise et imagée à la fois.

J'ai écouté ce roman en livre audio. J'ai parfois eu un peu de mal à identifier les personnages secondaires qui sont nombreux, mais je pense que c'est lié à mon peu de connaissances historiques ainsi qu'à l'écoute qui ne permet pas d'imprimer les personnages aussi facilement que la lecture.

Belle découverte ! Je ne connaissais pas ce (triste) épisode de l'histoire que l'auteure nous permet de découvrir ici. J'ai hâte de voir le film qui a été adapté de ce roman.
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Souvenirs de la marée basse

Dans "Souvenirs de la marée basse", Chantal Thomas évoque sa mère Jackie et la mer : Arcachon comme la Méditerranée sont chères à leur cœur et sont le cadre de leurs plus beaux souvenirs. Chacune vit à sa façon l'amour de l'eau et de la natation : symboles de légèreté, de liberté,

d'aventure, d'insouciance et presque de purification.

Ce roman n'a rien d'un "pageturner" : c'est juste une ambiance, des souvenirs doux ou graves, une relation mère-fille assez complexe. Le tout assemblé par une auteure qui a du style, de la pudeur, de la classe. J'aime.

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Souvenirs de la marée basse

En abordant le nouveau Chantal Thomas, je m'étais dit "C'est comme commencer un bon cru." Et je ne me suis pas trompée même si j'ai eu du mal, beaucoup de mal à entrer dans l'univers de ce roman. Même s'il s'agit d'une lecture dans le cadre de la sélection du prix du Jury France Culture et Télérama, Je ne me suis pas sentie contrainte et forcée à la lecture de ce roman, seulement j'ai été confrontée à une sorte de "mur" comme si ce que Chantal Thomas écrivait ne me touchait pas au départ.



Pourtant elle déploie une langue et une poésie d'envergure dans ce roman autobiographique dans lequel elle tente de retrouver dans sa mémoire des traces de sa mère. Alors à travers tout le récit en courts chapitres, elle va utiliser le champ lexical de la mer et de l'océan jusqu'à épuisement des expressions et des métaphores maritimes. Bien entendu, ça n'est pas dénué d'intérêt car je le répète l'écriture est fine, belle, virvoltante et mélancolique. La mer c'est la mère aussi, la mère de Chantal, Jackie. Après avoir épuisé les expressions autour des vagues, du sel, de l'eau et du sable, les plus belles pages sont celles sur la nage et la natation. On sent ici une vraie sincérité et un véritable souvenir marquant chez l'auteure. La nage comme une respiration.



Si je suis restée imperméable au début du roman aux personnages de la mère et de la fille, la fin du roman est subtile et magnifique et aussi très mélancolique à nouveau. Dans la mer il y a le ressac, les allers et retours des vagues qui effacent chaque fois les traces apparues sur le sable, sur les galets... Et c'est une belle image pour représenter l'oubli, cette maladie qui fait si peur.



Dans les dernières pages j'ai véritablement senti l'odeur de la mer. J'ai senti les embruns et la brise, les grains de sable entre mes doigts de pieds et l'eau froide de l'océan Atlantique. Moi qui aime tant la mer, je suis un peu déçue d'avoir été mise de côté au début du roman, mais j'ai vite retrouvé le fil et apprécié ce roman à sa juste valeur.



Un beau roman sur la mère et la mer.


Lien : http://www.unefrancaisedansl..
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Les Adieux à la Reine

Les Adieux à la Reine sont ceux de la favorite, Gabrielle de Polignac, que la Reine Marie Antoinette aide à s'enfuir hors de France, grâce à un stratagème, en se servant de sa lectrice du moment, cette Agathe-Sidonie Laborde qui est aussi la narratrice.

J'ai beaucoup aimé cette lecture que je viens de terminer. Un bon roman historique sur les premières journées de la Révolution française, vues et racontées par la lectrice royale, en 1810, alors qu'elle s'est réfugiée à Vienne, dans le quartier des émigrés, une fois terminée l'épopée napoléonienne.

Elle raconte les trois premières journées de la Révolution française, à sa façon, comme elle les a vécues, en lectrice très proche de la Reine qu'elle aime et admire mais aussi en tant qu'observatrice très humble, aux côtés de tous ceux qui, à Versailles, étaient logés dans les Communs du château,

Le point de vue est original: si près des Grands, les observant sans cesse, et si modeste cependant, par sa fonction, elle est presque invisible et pourtant au premier plan. Elle aime et défend la Reine, beaucoup moins la famille de Polignac.

Le contraste est saisissant entre les excès, les parures et les beautés de Versailles, en cet été 1789 et les trois jours décrits ici dans le détail, sans aucun ennui: les 14, 15, 16 juillet, avant la grande débandade de tous les habitants logés au Château, ces nobles qui abandonnent, sans scrupules, en un instant, le roi, la reine et leurs enfants qu'ils savent condamnés d'avance et qu'ils ne songent pas un instant à défendre. Ils s'en vont, affolés, désorientés, démunis, comme dans une volière, laissant seuls derrière eux la famille royale.
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L'échange des princesses

Chantal Thomas réussit avec talent à nous conter l'histoire de deux petites filles, princesse de France et infante d'Espagne mariées dès leur plus jeune âge et transplantées chacune dans le pays de leur royal époux , futures reines toutes les deux et au destin bien singulier : petite poupée de 4 ans pour Anna Maria Victoria mais avec déjà beaucoup de maturité, adulée à son arrivée en France pour épouser Louis XV et Louise Elisabeth, mal élevée, mal dans sa peau et qui sera d'emblée rejetée par l'entourage du futur roi d'Espagne .

Pas de mièvrerie dans ce roman, le propos de l'auteur est entrecoupé de documents et lettres de l'époque sans que cela soit pesant mais cela met un peu de distance vis à vis des personnages.

On s’apitoie surtout sur le sort réservé aux enfants royaux et en particulier aux filles , monnaie d'échange pour raison d'état, on se scandalise sur les mœurs de la cour, sur l'inanité des grands du royaume plus occupés à la chasse et aux fêtes qu'au bien-être de leur peuple...
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L'échange des princesses

Amour et diplomatie ne font pas bon ménage.



Chantal Thomas nous avait déjà charmés avec ses Adieux à la reine qui évoquait les dernières heures de Versailles au moment de la Révolution. Elle nous revient avec un nouveau roman historique.



Nous sommes en 1721, ce livre raconte l’idée qu’a eue Philippe d’Orléans, le Régent, pour asseoir son pouvoir et mettre fin à treize années de guerre : il propose à Philippe V non seulement que la petite infante Anna Maria Victoria, quatre ans, épouse son cousin germain Louis XV, onze ans, et devienne ainsi la reine de France, mais aussi que sa fille, Louise-Elisabeth, Mlle de Montpensier, douze ans, épouse don Luis, prince des Asturies, quinze ans, et devienne ainsi la reine d'Espagne. Les quatre enfants sont l'objet de tractations politiques pour qui leur âge ne compte pas « Mais qui, à cette époque, a une enfance à revendiquer ? Certainement pas les enfants du peuple mis au travail dès qu'ils peuvent se tenir debout ! Mais les enfants de rois bénéficient-ils, en plus du luxe où ils grandissent, de ce don d'un temps d'avant les soucis et les responsabilités de l'âge adulte ? »



Saint-Simon, qui lorgne sur le titre de grand d'Espagne, part pour Madrid afin de faire signer le double contrat. L'échange des princesses, pour lesquelles l'exil sera un royaume, se déroule en grande pompe, le 9 janvier 1722, dans un pavillon dressé sur un îlot de la Bidassoa, là-même où s'étaient rejoints soixante ans auparavant Louis XIV et l’infante Marie-Thérèse.



Pour l'infante espagnole, la France est plutôt plaisante, Louis XV avenant et avec la princesse la Palatine, elle se trouve une grand-mère de substitution idéale. Cependant, Louis XV lui préférera d'abord ses jeunes favoris puis Marie Leszczynska.



Pour Mlle de Montpensier, l'Espagne est un cauchemar. Dès son arrivée, elle doit assister à des autodafés au cours desquels les hérétiques sont brûlés vifs et sa nouvelle famille est fort antipathique avec elle. Alors, la Française, impopulaire et surnommée «la Goitreuse», se révolte et à la mort de don Luis, deux ans plus tard, elle hurle de joie.



Rien ne se passe donc comme prévu... Si bien qu'au mois de mai 1725, sur la Bidassoa, a lieu un nouvel échange de princesses, mais cette fois en sens inverse.



Il y a dans l'écriture de Chantal Thomas, même et peut-être surtout dans les passages les plus sordides, une petite musique de la langue, recherchée et raffinée sans être maniérée. De plus, elle a enrichi son roman d'authentiques documents dont certains inédits. Chaque description, chaque dialogue rapporté semble si réel que le lecteur a l'impression de vivre au cœur de ces cours d'Espagne et de France.
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L'échange des princesses



Je ne connaissais pas cet événement du règne du Régent Philippe d’Orléans.



En 1721, afin d’éviter une reprise des guerres entre l’Espagne et la France, le Régent a l’idée d’unir la fille de Philippe V d’Espagne Anna Maria Victoria, quatre ans, au futur roi Louis XV, douze ans. En échange il propose sa propre fille Louise Elisabeth, bientôt 15 ans, au futur successeur de Philippe V, le prince Luis, 14 ans. L’idée est acceptée par le roi d’Espagne. On propose donc d’échanger de suite les princesses afin qu’elle s’habituent à la vie de Cour de leur futur pays. Si l’on a consulté les princes, on ne demande rien aux princesses. Chacune commence un long et pénible voyage au coeur de l’hiver. L’échange se fait sur la Bidassoa. Leurs suites retournent dans leur pays, seule Maria Nieves poursuit son chemin avec Anna Maria Victoria qui refuse de la quitter.

La jeune princesse espagnole est accueillie par Louis XV, très poli mais froid, dont pourtant elle tombe immédiatement amoureuse. Lui voit surtout que sa “maman Ventadour” est totalement sous le charme de la petite fille, ce qui le blesse. En Espagne c’est la situation inverse, Luis est séduit par sa future femme qui le trouve déplaisant.

Si Anna Maria plaît à la Cour de France, Louise Elisabeth par son comportement est vite rejetée. Elle montre petit à petit des signes de dérangement mental.

Les chapitres alternent les événements de chaque côté des Pyrénées.Bientôt les choses empirent dans chaque Cour et les petites princesses repassent les frontières.



Les conditions sont bien décrites, en particulier les soins médicaux, qui consistent surtout en saignées qu’elles que soient les maladies. De même l’omniprésence de la religion qui comprend en Espagne l’Inquisition.

Ce qui m’a frappée c’est que les souverains espagnols ne s’occupent guère des affaires du royaume. Les futurs rois encore moins, même si Philippe V abdique en faveur de son fils au grand déplaisir de son épouse Élisabeth Farnèse. Mais l’avis des femmes ne compte pas. De toute façon Luis n’ose rien faire sans demander l'avis de son père.



Vers la fin je me suis tout de même un peu ennuyée mais mais l’histoire de ce double mariage m’a globalement intéressée.

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East Village Blues

J’avoue, je ne connaissais pas du tout Chantal Thomas (Prix fémina 2002 et auteure de plusieurs essais). C’est la couverture et le titre qui m’ont attirée : voir Andy Warhol et se rappeler le Velvet Undergound et ce quartier de Manhattan, il n’en fallait pas plus! Je devais aller à la découverte de « East Village Blues » de Chantal Thomas paru en avril 2019.



Chantal Thomas a choisit de raconter son voyage à la redécouverte de ce quartier qu’elle a habité dès juin 1976, au moment où le quartier accueillait les immigrants et les premiers Beatniks (littéralement membres du mouvement littéraire de la « Beat Génération » ). Plus tard, ce sont aussi les artistes et les hippies qui s’approprieront le quartier.



En convoquant ses souvenirs sans jamais cédé à la nostalgie, Chantal Thomas nous raconte, au cours de ses pérégrinations dans le quartier actuel, une époque où la liberté était un leitmotiv, où la libération sexuelle allait bouleverser à jamais les rapports entre les hommes et les femmes et l’homosexualité devenir normalité. Chantal Thomas raconte ce quartier au fil de ces fêtes sans fin et de ses rencontres improvisées où la parole se libérait.



Les citations de William Burroughs, Allan Ginsberg et Jack Kérouac, sont magnifiquement mises en situation tant la vie de ce quartier à ce moment là en épousaient les contours marginaux. Des traces sont encore visibles aujourd’hui. Les photos de graffitis d’Allen S. Weiss qui a accompagné ce retour, nous les rapportent comme autant de témoignages. L’étrangeté est encore présente malgré la gentrification du quartier : magnifique passage sur cette passante japonaise!



Manhattan est un personnage à part entière: la déambulation dans ces rues immenses dont on ne voit jamais la fin et qui finissent par se jeter dans la mer est une expérience inoubliable. Surtout, que la ville ne dort jamais !



Après la superbe exposition qui a eu lieu cet hiver sur Jean-Michel Basquiat à la Fondation Vuitton, on ne peut rester insensible à ce quartier qui a fait la réputation de la New-génération. J’ai moi-même découvert pour la première fois les USA en juillet 1976. Sur les conseils de mes amis américains, j’ai été très sage lors de mon séjour à Manhattan, évitant les nuits des quartiers de East Village, Greenwich et bien-sûr Harlem, réputé pour être mal famé et même dangereux. Par contre, je me souviens aussi des cafards qui envahissaient la salle de bains de ma chambre située à un étage pourtant élevé.

A l’époque, Lou Reed chantait « I said, hey babe, take a walk on the wild side

All right, huh ». Léonard Cohen fréquentait le « Chelsea Hotel », Bob Dylan, aussi. Patti Smith en publiant »Just Kids » (paru en 2010) a raconté l’ambiance artistique du lieu. Juste un moment de liberté, de découvertes et de foisonnement délivré sans mélancolie au fil des pas de Chantal Thomas et Allen S. Weiss ! Rien que du plaisir !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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L'échange des princesses

Pour faire cesser la guerre fratricide entre les Bourbons de France et les Bourbons d'Espagne, les diplomates imaginent un double mariage : le fils du roi d'Espagne épousera la fille du Régent de France et la fille du roi d'Espagne épousera le dauphin Louis. Saint-Simon, ambassadeur de cette union en Espagne, est persuadé que tout sera pour le mieux entre les fiancés et leurs familles. « De précoces fiancés, il faut l'avouer. Si le prince des Asturies a quatorze ans, la fille du Régent n'en a que douze. Quant à Anna Maria Victoria, infante d'Espagne, elle est née le 31 mars 1718. La future épouse de Louis XV et reine de France n'a pas encore quatre ans. » (p. 19) Après d'épuisants voyages, Louise Élizabeth et Marie Anne Victoire se rencontrent au milieu de la Bidassoa : la première part pour l'Espagne et la seconde rejoint la France. « Une princesse française qui va épouser le prince Don Luis, une princesse espagnole qui va épouser le roi Louis, peut-on rêver symétrie plus parfaite ? » (p. 76)



Hélas, il n'y a que la symétrie qui est parfaite. Pour Louise Élizabeth, tout est calvaire : le voyage, la cour espagnole, son gringalet de mari. Souvent souffrante, boulimique, colérique, incontrôlable, la très jeune fille s'intègre bien mal dans sa nouvelle famille et cette dernière a peu de patience pour cette fiancée extravagante. Luis, éperdu d'amour pour sa belle Française, mais soumis à la volonté de ses parents, impose bien mal ses désirs.



Pour Marie Anne Victoire, la mignonne infante-reine, les premiers temps sont délicieux. Si ses parents lui manquent, elle reste brave et se dévoue entièrement à la passion qu'a allumé en elle le jeune Louis XV. Hélas, cette flamme n'est pas partagée et la fable que l'on joue autour d'eux, celle d'un amour tendre et grandissant, est bien impuissante à dissimuler l'indifférence du futur souverain.



Et tout finit mal : Louise Élizabeth devenue veuve est une encombrante reine douairière et Marie Anne Victoire est une enfant inutile et gênante. Après quelques années dans ce qui aurait dû être leur belle-famille respective, les deux enfants sont renvoyées à l'envoyeur. « Débile ou trop précoce, trop grosse ou trop maigre, sans volonté ou trop décidée, déjà usée ou trop jeune, ni l'une ni l'autre désormais ne peuvent plaire. » (p. 310)



Nourri d'extraits de nombreuses correspondances officielles ou personnelles, ce texte dépeint la triste histoire de deux filles sacrifiées sur l'autel de la diplomatie et de la raison d'état. « Ces mariages sont des jeux d'enfants, mais organisés par les adultes. » (p. 35) On parle bien de princesses, mais on est loin du conte de fées : tout est désarroi, chagrin et déception. « L'échange s'effectue en sens inverse. La reine douairière d'Espagne contre l'infante-reine de France, une demi-folle contre une enfant déchue. » (p. 312) Ce récit historique se lit comme un roman, comme un conte cruel où l'innocence et les rêves d'amour sont piétinés. J'ai hâte de voir la récente adaptation cinématographique de ce livre !
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L'échange des princesses

La récente sortie sur les écrans du somptueux film de Marc Dugain permettra peut-être aux passionnés d'histoire qui ont raté ce livre lors de sa sortie de se rattraper en se plongeant dans ce magnifique roman historique né sous la plume de Chantal Thomas qui allie l'érudition la plus fine à un sens du récit romanesque propre à satisfaire les plus exigeants.

Cette page méconnue de l'histoire de France qui raconte comment le Régent Philippe d'Orléans a tenté de mettre fin durablement à la guerre entre la France et l'Espagne par le biais d'une double alliance matrimoniale, permettra au lecteur de retrouver les figures familières aux amateurs de la littérature du Grand Siècle et notamment le célèbre mémorialiste Saint-Simon qui n'a pas fait qu'écrire des pages remplies de fiel et d'humour pour brocarder les grands de la Cour , mais a aussi joué un rôle politique d'ambassadeur auprès de la Cour d'Espagne.

Ce qui ne peut que frapper et émouvoir le lecteur contemporain , c'est le triste sort réservé aux héritiers des puissants qui servaient de monnaie d'échange et devaient se soumettre à la politique qui les éloignait de leurs familles, de façon souvent définitive en les privant de toutes les joies de l'enfance.

L'auteur nous charme une fois de plus car elle met en scène les personnages historiques connus de tous, en leur donnant une profondeur qui fait toute leur humanité et les met à notre portée.

Un merveilleux roman historique que j'ai relu pour la seconde fois avec un plaisir égal .
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L'échange des princesses

J'ai beaucoup apprécié ce roman !



Je remercie les éditions Points ainsi que Babelio qui m'ont permis de le découvrir à l'occasion du dernier masse critique.



Concernant les livres historiques, j'ai toujours cette petite appréhension de tomber sur quelque chose d'indigeste, mais là, ce n'est vraiment pas le cas !



Chantal Thomas mêle réalité et fiction dans un roman captivant. J'ai véritablement été absorbée par l'histoire et la plume de l'auteur est brillante. La narration est riche en détails, on a des précisions sur à peu près tout, les personnages, les lieux, le contexte historique, ou encore, la généalogie. On y retrouve des faits historiques authentiques, ce qui est toujours agréable pour parfaire sa culture personnelle. Par contre, pour ce qui est de démêler les faits réels avec les aspects romancés, n'étant pas spécialiste, je ne suis pas la mieux placée pour en parler. Ce qui m'attire dans ce type d'ouvrage c'est l'époque, le contexte, et l'évasion. Je ne cherche pas du tout à être incollable sur le sujet. J'ai même tendance à oublier très vite lorsqu'il s'agit de dates ou de titres honorifiques précis.



Parlons brièvement de l'histoire. Ici, nous suivons les destins de quatre enfants qui vont être les pions d'un échange fomenté dans l'espoir d'une alliance entre la France et l'Espagne. On retrouve donc le jeune roi de France, Louis XV, alors âgé de 12 ans, promis à l'infante d'Espagne Maria Anna Victoria , tout juste âgée de quatre ans. Parallèlement, Elisabeth de Montpensier, l'une des filles de Philippe d'Orléans, (régent de la couronne), doit se marier avec le prince des Asturies âgé de 14 ans. Les deux princesses, vont donc être échangées: l'infante d'Espagne, rejoindra la France, tandis que Mlle de Montpensier, ira retrouver son futur époux Don Luis, héritier de la couronne d'Espagne. Les princesses quittent donc leur pays respectif, et au terme d'un long et difficile voyage arrivent dans un pays inconnu, entourées par des gens qu'elles ne connaissent pas. Elles devront s'adapter du mieux possible tout en s'acquittant de leurs nouvelles obligations en tant que futures reines.



Il s'agit d'un témoignage saisissant des pratiques courantes de cette époque. Difficile de ne pas être choqué par l'âge auquel ces jeunes gens, encore des enfants, ou tout juste sortis de l'enfance sont négociés, un peu comme des bêtes de somme, si j'ose dire. Dans ce roman, on prend pleinement conscience de l’insensibilité, voire de l'inhumanité avec laquelle sont traités les enfants de sang noble, tout cela, dans le but de satisfaire des ambitions politiques. Les relations parents-enfants sont très froides, l'on note peu, voire, aucune affection ni élan d'amour. Les parents apparaissent comme des êtres antipathiques peu soucieux de sacrifier la vie de leur progéniture au détriment du rang social. Ces enfants, contraints de grandir trop vite, voient leur enfance bafouée pour des raisons dont bien souvent, ils n'ont même pas conscience eux-mêmes. Ils arrivent toutefois à garder, je pense notamment aux deux princesses, Maria Anna Victoria et Elisabeth, un peu de candeur, d'insouciance, et de fraîcheur dans un monde hostile. Ce même monde capable de les encenser au plus au point, avant de les rejeter et de les mépriser une fois qu'elles ne correspondent plus aux attentes de la cour. La maturité dont fait preuve la toute jeune Marie Annia Victoria tout au long du récit est d'ailleurs surprenante.



C'est donc un roman poignant de réalisme, d'authenticité qui nous plonge au cœur même des intrigues royales. J'ai pu découvrir la vie de Louis XV, et avoir un aperçu des faits importants de cette période historique, qui je dois l'avouer, restait un peu floue pour moi. Il est désormais certain que je me souviendrai de ce pan de l'histoire et des évènements qui y sont rattachés car ce livre m'a indubitablement marquée.



Finalement, j'ai adoré cette lecture, qui m'a changée de mes habituels romans fantastiques, et des traductions approximatives. Lire un ouvrage dans sa langue d'origine c'est un grand plus et cela m'a permis de découvrir la remarquable plume de Chantal Thomas, que je vais désormais suivre de très près !
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Le duel ou Essai sur la vie de J. C. Vénitien

Etonnant personnage que Casanova, qu'on identifie plus comme l'incarnation romanesque de la séduction que comme le personnage historique iconoclaste qu'il fut, qu'il revendiqua et qui se révèle dans ses écrits.

La narration de son duel avec l'un des hommes les plus puissants de Pologne est avant tout le défi d'un Casanova aventurier de basse extraction à l'homme de haute naissance. Casanova est un révolté qui se débat pour sortir de sa condition et devenir l'égal des grands en pénétrant les centres du pouvoir. Mais comme Icare, à trop vouloir s'approcher du soleil, il s'en brûle les ailes et connaît maintes désillusions et malheurs.

Mais sa plume reste sans doute sa meilleure arme, qu'il dégainera dans ses dernières années pour nous léguer ses mémoires (mémoires qu'il me tarde de dévorer tant sa vie fut haletante, sidérante et inconvenante).

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L'échange des princesses

Souhaitant une paix durable entre le royaume de France et l'Espagne,et aussi que prédomine la branche d'Orléans sur celle des Bourbons,le régent de France Philippe d'Orléans imagine un double mariage comme on bouge ses pions lors d'une partie d'échecs: efficacement et sans état d'âme : la petite infante de presque 4 ans, Anna Maria Victoria avec Louis 15, onze ans , d'une part,et d'autre part sa fille de 12 ans avec le prince des Asturies futur roi d'Espagne ( si dieu lui prête vie).

On peut être régent, grand manipulateur,excellent joueur d'échecs mais perdre sur les deux tableaux.

L'intérêt de ce livre,outre qu'il est bien écrit,est qu'il pose beaucoup de questions générales à nous, lecteurs du 21 ème siècle,qui réagissons en personnes lambdas des années 2020. Que savons nous de la notion d'enfance en 1720? Et qu'est ce qu'etre enfant issu de très grande noblesse ? Qu'est ce qu'etre femme de roi? Quelle est la sexualité d'une souveraine,et à partir de quel âge ? Quelle éducation sexuelle pour le futur roi et pour la future reine?

Nous comprenons intellectuellement que seule compte la raison d'État mais quel sens cela a t il pour nous qui vivons dans une société très individualiste?

Ce livre est un roman historique, la part romancée est importante dans la mesure où l'auteure prend partie pour les deux princesses, surtout pour la petite infante,et nous fait part de ses sentiments à elle,écrivaine, empathie, tristesse, commisération, mais aussi prête des ressentis aux deux princesses. Je reste assez sceptique sur la véracité de ces derniers, peut être déduits de notre culture du 21 ème siècle.

Par exemple je ne sais pas si les descriptions de melle de Montpensier sortent de l'imaginaire de Chantal Thomas,un peu, beaucoup,pas du tout.

Et j'ai des doutes sur l'amour démesuré que la petite infante porte à Louis 15, mais c'est parce que je n'imagine pas une petite fille de 4 ans éprouver pareille passion( et quand je dis " petite fille", je n'ai aucune référence concernant une petite fille de la très haute noblesse).



Bref ce que je reproche à ce livre c'est que, personnellement, j'ai eu du mal à situer les limites de l'historique et du roman.

Sinon l'histoire elle même est une horreur pour ces deux gamines soumises à la loi des hommes qui font l'Histoire et personnellement je suis extrêmement touchée par la folie rebelle ( la folle rébellion) de Mme de Montpensier, il faudrait que j'en lise plus sur elle.

C'est un livre très bien écrit,je le souligne une deuxième fois et qui se lit facilement,mais avec angoisse...

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Les Adieux à la Reine

Prix Femina 2002, le roman met en scène Agathe-Sidonie Laborde, qui était lectrice-adjointe au service de la Reine Marie-Antoinette, en juillet 1789. Personnage historique inventé, elle rend compte, nostalgique, alors qu'exilée dans une Vienne qui vient d'être envahie par les armées napoléoniennes, des trois jours ayant suivi la prise de la Bastille, entraînant la chute de Versailles. Trois jours d'attente et de terreur, puis l'abandon de ce qui compte et la fuite, éperdue. Elle reconstitue, de son rang, la vie au palais: les odeurs, l'organisation de la vie, les rituels, les fêtes... et la lecture ! Ayant peu étudié la Révolution française, je ne saurais juger de la précision des faits historiques rapportés; néanmoins, j'ai pris plaisir à m'y promener, et cela a ravivé mon intérêt pour cette dernière Reine de l'Ancien Régime.
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L'échange des princesses

Pour ce roman Chantal Thomas est partie d'un fait historique : En 1722, le Régent Philippe d'Orléans, a une idée pour consolider la paix entre la France et l'Espagne : faire se réaliser deux mariages princiers : Celui de louis XV, 14 ans, avec la princesse Marie-Anne-Victoire infante d'Espagne, 4 ans, et celui de sa propre fille Louise-Elisabeth, 12 ans avec Luis, le futur roi d'Espagne (14 ans).



Le roman est construit autour de ces deux princesses, le lecteur suivant alternativement Louise jusqu'à son arrivée en Espagne et Marie-Anne-Victoire à la cour au Louvre puis à Versailles.



J'ai trouvé ce roman très bien écrit et passionnant : quels pauvres enfants retirés ainsi à leur enfance (en même temps les enfants « du peuple » n'avaient pas d'enfance non plus au sens où on l'entend aujourd'hui)



Louise, isolée en Espagne et perdant peu à peu tout lien avec la réalité, m'a totalement convaincue ; le personnage de Marie-Victoire m'a semblé moins crédible : une réflexion aussi aboutie ne peut pas « éclore » dans la tête d'une enfant si jeune...



Quant aux Princes, me direz vous, s'en sortent ils mieux ?

Ils ont pour eux de ne pas avoir été déracinés pour raison d'état (même si ce mariage forcé ne les rend pas plus « libres » que les deux princesses...)



Le livre m'a donné envie de voir le film ....
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Apolline ou l'école de la providence

Apolline ou l'école de la providence...



Bon je fais même pas de pitch, vu la taille de ce petit livre, tout est dit sur la quatrième de couv.



Ouah allez si un petit.

XVIIIème siècle, une jeune fille Apolline raconte son enfance, le couvent, le taf obligatoire (malgré ce qu'a dit papa, le taf c'est mal)...



Alors, bon, c'est bien écrit, ça donne envie de plus, une des raisons de ce livre d'ailleurs, le truc promotionnel gratos. Un bout d'histoire (même si y a un début et une fin) qui doit sans doute s'inscrire dans un plus grand roman. Pour découvrir le style d'une autrice, donner envie d'acheter le plus gros roman.



Et oui, j'avoue ça m'a donné envie de lire plus. Ou plutôt d'en savoir plus sur certains pans historiques, les couvents pour petites filles (l'auteur nous dit de véritables mouroirs pour petites filles, ah tien donc ?) par exemple, ou de me pencher sur le Parc aux cerfs de Louis XV (même si j'étais déjà au courant).



Le style de Chantal Thomas...

— La styliste ?

— Non rien à voir, la chercheuse historienne du CNRS..

— Ah oui en effet rien à voir....



Donc le style de Chantal Thomas est agréable, elle distille bien les éléments historiques (qui donc donnent envie de plus, et éveillent la curiosité). Non c'était pas désagréable du tout.
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Café Vivre : Chroniques en passant

Encensé par le masque et la plume je suis enchantée du cadeau des éditions du Seuil "Café vivre" de Chantal Thomas, offert dans le cadre d'une opération masse critique. Je les remercie ainsi que babelio.

Le titre est évocateur et ce recueil de chroniques (le livre est sous-titré Chroniques en passant) fait penser à ce qui se passe autour de nous quand on prend le temps de flâner aux terrasses des cafés. Pourtant, si les cafés peuvent être des références pour Chantal Thomas, ce sont surtout ses observations ou réflexions au cours de ses vagabondages à travers le temps et l'espace qui sont aux coeur de ce livre.

Il s'agit d'un recueil d'articles publiés mensuellement dans un journal de 2014 à 2018, une commande qu'elle semble avoir pris plaisir à honorer.

Chantal Thomas a des petits carnets qu'elle griffonne en permanence et comme elle voyage beaucoup, tout est prétexte a écriture. D'ailleurs ce n'est pas un hasard si elle commence par évoquer Nicolas Bouvier.

Elle nous emmène à l'étranger, dans des endroits qu'elle connait bien parce qu'elle y a vécu ou parce qu'elle y va régulièrement. D'abord au japon où elle va au "Café vivre" surprenante enseigne en français dans un pays ou elle ne comprend pas la langue écrite. Pour autant, le verbe Vivre sonne ici comme une aventure.

Il y a aussi New-York où elle est attachée à un lieu particulier, la somptueuse demeure de la Frick Collection où elle peut s'attarder devant les feuillages peints par Fragonard.

Mais le voyage c'est aussi le plaisir de la nage, la liberté de se laisser porter par la mer pour prendre le large, qui rappelle son beau roman sur sa mère nageuse "Souvenirs de la marrée basse".

Chantal Thomas aime aussi se rappeler la maison d'Arcachon, celle de son enfance et le plaisir de rentrer chez soi qui n'existe que parce que l'on a la chance de partir en voyage.

Ces textes nous font aussi voyager dans le temps surtout le 18eme siècle dont elle est spécialiste. C'est l'historienne qui parle du maréchal de Richelieu (à ne pas confondre avec le cardinal), aux rois, Louis le quatorzième ou le quinzième.

J'aime un peu moins ces chroniques qui peuvent parfois relever du documentaire même si le côté encyclopédique doit lui convenir en référence à Diderot. Mais j'ai quand même une tendresse particulière pour "les reines du Luxembourg", ces statuts de femmes illustres qui auraient méritées plus de considération de leur vivant.

Et puis il y a les références à son écrivain fétiche, Roland Barthes et d'autres encore comme Casanova, sans oublier Patti Smith dont elle aime les livres.

Peu de choses échappent à Chantal Thomas qui recueille petits détails de la vie et belles rencontres même si certaines chroniques sont plus intéressantes que d'autres. Quand elle évoque les lecteurs et lectrices du métro par exemple, les passionné.e.s qui arrivent à s'aménager un espace intérieur même aux heures de pointe où la tristesse semble dominer, je trouve que c'est très juste et cela montre son extraordinaire sens de l'observation.











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Souvenirs de la marée basse

Souvenirs d’enfance à Arcachon, mais surtout souvenirs d’une mère peu maternelle dès le départ et peu impliquée dans l’éducation de sa fille, au point que la grand-mère emporte sa petite-fille dans une valise-berceau de Lyon à Arcachon. Mère égoïste et ne se préoccupant que d’elle-même, capable de se mettre à pleurer si elle ne peut aller nager à cause d’une obligation ou du mauvais temps.

Quelques belles descriptions d’Arcachon, de sa ville d’Hiver, de sa ville d’été, de sa ville d’Automne et de sa ville de Printemps ainsi que de ses tentes en toile rayée, des « enfants venus d’ailleurs » par opposition aux « enfants de la plage »… De beaux passages comme la description de la famille Leçon, l’histoire de la princesse du Palais des Mers et du Maître des Dunes, ou encore les dernières pages attendrissantes sur la maman de l’auteur, vieillissante et dont la mémoire décline fortement.

La lecture est plaisante. Chantal Thomas porte un regard aimant sur cette mère distante. Mais le personnage principal m’a dérangé…

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L'échange des princesses

Chantal Thomas nous raconte une terrible histoire d'intrigues et d'enfance et nous ramène en 1721, dans une France qui craint la peste, la petite vérole, la variole et le choléra, où l'on soigne en pratiquant la saignée.

À Versailles, c'est le "désert de l'ennui" , aux yeux du régent ,Philippe d'Orléans,qui désire pacifier ses rapports avec l'Espagne et propose au roi Philippe V un mariage entre Louis XV,âgé de 15 ans, et Anna Maria Victoria,âgée de 4 ans. Mieux ,il propose aussi , que sa fille,Louise Elisabeth,12 ans,épouse le prince des Asturies, héritier du trône d'Espagne. Le roi d'Espagne trouve l'idée excellente.

Les deux princesses royales se croisent sur la route de Bayonne en janvier 1722.

Sauf que la réalité va s'avérer beaucoup plus compliquée.....

Chantal Thomas ,à l'aide de courts chapitres entre le côté français et espagnol va nous dresser un tableau très vivant,,édifiant ,de cet illustre échange.La démesure et l'extravagance règnent partout.Elisabeth a droit à un dîner en son honneur au cours duquel le sommet de la diversion consiste à brûler des hérétiques ":Au soir de l'autodafé, l'odeur de la chair brûlée des condamnés monte de la place".

Quand à Anna Maria Victoria, elle se voit offrir son "fou",Bébé IV, un nain venu de la Pologne,il porte une perruque rouge, il découvre un crâne à peu prés chauve...pendant sa convalescence suite à une vilaine rougeole....

Anna Maria Victoria est une petite fille attachante, attendrissante avec ses poupées, réfléchie, très mâture pour son âge,ingénue,dans son innocence, son emportement d'amour pour le roi ,qui lui ,la trouve "babillarde".Elle visite Paris par les églises.Louis est un garçon crispé d'antipathie pour la princesse.

Dans les deux portraits des princesses c'est Anna Maria Victoria qui a la faveur de l'auteur.

Luis ,lui, vit un enfer conjugal avec Louise Élisabeth,qui lui dit : Vous êtes monsieur, un as de la tuerie à propos de la chasse.Elle lui mord la langue, se saoule, s'exhibe.....

À cette époque la religion est très importante.

C'est une œuvre très intéressante richement documentée, très travaillée .

C'est un roman brillant, allègre, fantasque,réjouissant, riche d'enseignements à propos de cette époque,malgré les passions funestes, c'est une folle histoire bariolée,de fantaisies juvéniles, d'intrigues de courtisans, de péripéties royales, d'insouciances galantes,de grande cruauté, d'hystérie,un roman terrifiant parfois dans la mesure où l'on sait qu'il est bâti sur des recherches historiques précises.

Les deux princesses sont sacrifiées sur l'autel du cynisme d'un arrangement politique."C'est la barbarie à sourires polis".Chantal Thomas a un immense talent.....



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