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Critiques de Chantal Thomas (509)
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L'échange des princesses

Un récit glaçant sur le sort réservé aux princesses des Cours d'Europe, traitées comme des pions sur un échiquier où se jouent alliances, luttes de pouvoir, intrigues et enjeux de succession.



Les fillettes impuberes, presque au berceau, sont enlevées sans ménagement pour être livrées à de futurs époux peu enthousiastes. On leur enjoint de devenir de parfaites épouses et bien sûr d'engendrer des héritiers, mâles évidemment. Un destin qui parfois ne peut s'accomplir, dans un siècle où sévissent tant de maladies mortelles et de complots d'antichambre.



Chantal Thomas redonne chair et esprit à ces fillettes sacrifiées, livrées par leurs propres parents, marionnettes entre les mains d'adultes cyniques et calculateurs.



Un roman qui s'appuie sur des faits historiques, mettant en lumière la cruauté d'une société qui fait peu de cas des individus. Il faudra attendre les Philosophes des Lumières pour apporter un peu d'humanité et de compassion pour le sort de ces pauvres petits privés d'enfance.
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Les Adieux à la Reine



Semaine du 14 juillet 1789, Versailles.

Agathe Laborde est lectrice de Marie-Antoinette. Elle relate ces jours de panique et de disgrâce de la royauté. Le ton est désespéré, Agathe Laborde aime la Reine et souffre de la situation.

Le ton est également mélancolique de cet art de vivre à la Cour.

Très beau style qui confère aux sentiments décrits une émotion et une profondeur bouleversantes.

Cette chute, vue de l’intérieur, est accompagnée de la description de toutes les petites mesquineries humaines qui habitent la quasi-totalité des courtisans, ignorants de la « vraie » vie, s’étant consacrés à celle de Versailles.

Si j’ai été touchée par cette douleur de la narratrice, je n’ai pu m’empêcher d’être consternée par le mépris envers le peuple.

C’est un beau travail littéraire mais le fond est plutôt choquant.

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L'échange des princesses

Ouvrage court et très instructif. L'échange des princesses, tant par son sujet que par sa narration, n'est pas sans me faire penser à La Reine Oubliée de Françoise Chandernagor. Merci à Chabe37 de me l'avoir pioché dans le cadre de pioche dans ma PAL septembre 2019.



Ici le sujet est simple : Philippe d'Orléans, Régent de Louis XV, prévoit un coup diplomatique d'envergure : marier sa fille, Louis Elisabeth, Mle de Montpensier et Princesse de France, à Don Luis, héritier du trône d'Espagne, tous deux adolescents. En contrepartie, le très jeune roi de France, Louis XV, par encore majeur, se voit promis contre son gré à l'infante d'Espagne, Anna Maria Victoria, tout juste âgée de 4 ans. Véritables marionnettes dans ces cours d'Europe, le destin de ces enfants nous est rapportés par Chantal Thomas.

A l'aide de beaucoup de correspondances, l'auteure apporte un éclairage historique très appréciable, d'autant que je suis complètement inculte sur le règne de Louis XV qui a pourtant régné 60 ans...

On ne peut s'empêcher de compatir pour ces enfants, dévorés par les intrigues politiques et diplomatiques du moment. Une princesse revancharde et irrévérencieuse amenée à la folie, un roi influençable entouré de mauvais conseillers, un autre roi faible et en quête de reconnaissance féminine et surtout ce petit bout de chou, appréciable entre tous, douée d'une certaine maturité et pourtant si naïve, comme l'est toute enfant de 4 ans et qui n'est pas sans faire fondre notre cœur.



L'histoire avait du potentiel, des émotions sont présentes. En revanche, je tique un peu sur la narration qui rend un peu hermétique, sauf sur la fin, à toute empathie du lectorat. On a l'impression d'être un observateur qui voit ces marionnettes-enfants de haut, plutôt que d'entrer réellement avec eux dans les cours de France et d'Espagne. Ca m'a longtemps bloquée dans ma lecture et je trouve ça dommage.



Il n'en reste pas moins que c'est une lecture instructive que je ne regrette pas d'avoir lue.



Pioche dans ma PAL septembre 2019 ( Chabe37)

Challenge A travers l'histoire

Challenge Multi-défis 2019

Challenge Le tour du scrabble en 80 jours (6e éd)

Challenge Trivial Reading IV
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Le testament d'Olympe

Ah! L'éducation des filles au XVIIIe siècle!



Confites en dévotion, abandonnées dans leur couvent, pas plus instruites que des dindons, destinées au voile ou au mariage...

Il fallait du tempérament, de l'opportunisme, une belle dose de chance (ou de malchance) pour échapper au lot commun.

Car pour quel avenir?



Deux soeurs, deux destins:



Pudibonde et vertueuse, Appoline va quitter le cocon des cornettes et prières, oie blanche sans défense pour appréhender un monde hors les murs, où tout lui semble injustice et perversion.

En retrouvant les écrits posthumes d' Olympe la courtisane, c'est le Paris de la galanterie de salon qui se décline avec ses filles de petite vertu, ses actrices entretenues, ses nobles débauchés et inconstants, ses soirées scabreuses à femmes légères, jouets achetés puis jetés au ruisseau. On peut déjà y parler de prostituion organisée, avec des maisons telles que le Parc-aux-cerfs à Versailles, quartier des petites concubines royales.

Toute une société de plaisirs sous le règne de Louis XV le Bien-aimé, royal libertin mal nommé, alors que la France fait face à la guerre et à la débâcle financière.



Un livre surprenant dans sa construction, par ce choix de séparer les deux destins en deux parties distinctes. C'est un procédé un peu sec. La partie historique est bien documentée, sans apporter un regard nouveau sur la période.

Un livre un peu simpliste et une lecture vite oubliée.
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L'échange des princesses

Un prix Goncourt des Lycéens décevant.



Une découverte que cette histoire : En 1721, afin de maintenir la paix obtenue après la guerre de Succession d'Espagne, le régent du royaume de France, et pour ce placer sur le trône d'Espagne, Philippe d'Orléans, organise un « échange » de princesses royales : il envoie sa fille âgée de 12 ans en Espagne et reçoit la petite infante d'Espagne âgée de 3 ans à Versailles afin de la marier à Louis XV.



Mais ces unions ne se feront pas… Et les princesses retourneront dans leur pays d'origine !

Quelle horreur !



Ce livre démontre, encore une fois, que sous l'Ancien Régime, tout n'était qu'intrigues et utilisation des femmes pour assouvir les ambitions des rois !



Je n'aime pas le style épistolaire et dans ce roman, ce sont essentiellement les journaux des deux princesses qui décrivent leurs vies dans leurs nouveaux pays respectifs…. Alors, la lecture a été éprouvante, longue et ennuyeuse !



J'ai préféré le film superbement bien joué ! Notamment Juliane Lepoureau dans le rôle de Marie-Victoire, l'infante d'Espagne.
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L'échange des princesses

1721 : sur l'île des Faisans au milieu de la Bidassoa, frontière entre les royaumes de France et d'Espagne, Louise-Élisabeth d'Orléans, douze ans, fille du régent Philippe d'Orléans est donnée en mariage à Luis, prince des Asturies, quatorze ans, fils du roi d'Espagne Philippe V en échange d'Anna Maria Victoria de Bourbon, quatre ans, fille de ce même roi d'Espagne, promise quant à elle à Louis XV, douze ans, roi de France. « Débile ou trop précoce, trop grosse ou trop maigre, sans volonté ou trop décidée, déjà usée ou trop jeune, ni l'une ni l'autre désormais ne peuvent plaire. »

Et déjà, en 1724, cet arrangement politique convenu entre les deux États afin de maintenir la paix, sans égard pour ces enfants issus de têtes couronnées, prendra l'eau sans avoir eu le temps de porter ses fruits.

Chantal Thomas possède ce don de s'insinuer dans les replis de l'Histoire afin de nous en révéler les côtés plus sombres ou cachés des événements passés. Et son écriture évocatrice contribue évidemment au plaisir de la lire encore et toujours.
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L'échange des princesses

Deuxième incursion dans les romans de Chantal Thomas après « Le testament d’Olympe » que j’avais beaucoup aimé.

J’ai été un peu déroutée par la forme de ce roman (en est-il vraiment un ?) car il m’a semblé plutôt être une étude scientifique romancée (Chantal Thomas est directrice de recherches au CNRS). La présence distanciée et perpétuelle du narrateur omniscient qui analyse en même temps qu’il raconte m’a en effet empêchée d’entrer dans l’histoire, à mon grand dam.



Car ce pan de l’histoire de France est passionnant : Philippe d’Orléans, régent de Louis XV, ne souhaitant pas quitter le pouvoir de suite (il y trouve la valorisation qui lui a manqué durant le règne de Louis XIV, qui n’eut de cesse de rabaisser son père, Monsieur), trouve un moyen de rallonger la régence : marier le jeune roi à l’infante d’Espagne, Maria Ana Victoria, âgée de quatre ans, qui ne pourra donc enfanter que dans de longues années. Parallèlement, il envoie sa propre fille, mademoiselle de Montpensier, épouser le futur roi d’Espagne.



Le roman est donc bâti sur ce double hyménée, à l’issue malheureuse pour les deux alors que les princesses sont si différentes : Maria Ana Victoria, le jeune ange blond, toujours de bonne humeur, gracieuse, jolie, va rapidement charmer la cour, tout de moins le temps qu’elle représente une nouveauté et que Louis XV ne change d’avis et la répudie, tandis que mademoiselle de Montpensier, taciturne, revêche, déséquilibrée psychologiquement, ayant décidé dès le départ que tout se passera mal et qu’elle ne fera aucun effort d’adaptation, va se mettre à dos le roi d’Espagne et sa femme, tout en réussissant (pourtant !) à charmer le futur roi d’Espagne. Malheureusement, celui-ci meurt rapidement, donnant l’occasion à l’ancien roi, poussé par sa femme Élisabeth Farnèse (pas particulièrement sympathique), de reprendre le pouvoir. L’échange des princesses aura donc lieu une nouvelle fois.



Un document historique passionnant, qui permet d’apprendre beaucoup de choses (en tout cas quand on n’est pas spécialiste de la période) sur les cours espagnole et française, les mœurs de l’époque, sur le délicat exercice diplomatique, mais un peu maladroit dans ses techniques narratives (à l’exemple de ce procédé romanesque un peu étrange et qui revient régulièrement, de manière souvent impromptue : les pensées des poupées de l’infante d’Espagne enfermées dans un coffre. J’avoue, je n’ai pas compris à quoi il servait. Était-ce une manière de montrer le malaise d’une jeune enfant, trop jeune pour intellectualiser les choses ?).

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Les Adieux à la Reine

Le roman débute en 1810 dans une Vienne dévastée par Napoléon Bonaparte. Et on fait immédiatement un flashback vers les 3 dernières journées que la narratrice va passer en France. Agathe-Sidonie Laborde est Lectrice-adjointe de la reine Marie-Antoinette. Elle lit, voilà sa principale occupation. On pourrait avec humour considérer que sa seconde occupation est de retrouver son chemin dans les couloirs, et parmi les rumeurs, de Versailles.



Les rumeurs vont en effet bon train en ce 14 juillet 1789. La révolte gronde. Les troupes allemandes conviées par le roi hésitent à intervenir. Les Etats généraux s'organisent, de nouvelles têtes apparaissent (qui seront bientôt coupées, mais ce n'est pas le sujet du roman). Necker avait la faveur de la "foule" (ou plutôt des révolutionnaires) mais il est congédié par le roi. Et au milieu de tout cela, Agathe-Sidonie essaie de se persuader que tout va bien, que les choses ne changent pas. Qu'il n'y a aucune raison pour que les choses changent.



Le protocole et l'étiquette vont être un grand sujet dans le roman. Chantal Thomas va nous montrer les us et coutumes du Château de Versailles, engoncé dans d'immuables routines, avec ces personnages imbus d'eux-mêmes et occupant des postes chèrement rémunérés, avec de nombreux avantages, pendant que la population meurt de faim. On finirait par croire à cette "brioche" prononcée par Marie-Antoinette.



Ces 3 journées, des 14, 15 et 16 juillet 1789, vont voir le pouvoir se déliter sous les yeux d'Agathe-Sidonie, atterrée, consternée, jusqu'à un sauve-qui-peut grotesque et admirablement décrit par l'autrice. Les privilèges de la classe dominante sont écoeurants, et passent aux yeux de beaucoup comme naturels... On digresse sur le peuple, sur les velléités de démocratie... Pourquoi le peuple voudrait-il élire ses représentants, alors qu'il est si aisé et confortable de s'en remettre à l'ordre divin... ?



Versailles est sale, squatté par des profiteurs, sclérosé par une structure qui n'a pas su se renouveler, empuanti de rumeurs les plus ridicules les unes que les autres... Et ce ne sont pas les quelques miettes que Louis XVI va lâcher qui feront l'affaire. On décrit bien la fin du XVIIIè siècle, pas le début du XXIè...



Car ce roman, écrit dans une langue impeccable, reste d'une fabuleuse modernité, quand on voit les privilèges actuels qu'une certaine classe politique s'octroie sans se poser de questions. Ou que l'on voit les grands débats sur l'ordre établi, sur la démocratie ou sur la "nécessité" d'un pouvoir autoritaire. A de nombreuses reprises, dans le roman, j'ai pensé au regard déconcerté, apeuré ou interrogateur des époux Ceausescu au balcon du palais présidentiel, hués par la foule alors qu'ils pensent être acclamés.



Bien qu'éloigné de mes centres d'intérêt (pas fan de romans historiques), et écrit dans une langue trop littéraire, ce roman m'a plu.
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L'échange des princesses

1722, l’infante espagnole est envoyée en France pour épouser le futur Louis XV, alors que la fille du Régent part pour Madrid épouser le futur roi d’Espagne. Un roman au cœur des enfances royales, des éducations au pouvoir et à la soumission aux règles, des innocences bridées et des amitiés intéressées. Un récit historique et romancé intensément documenté, riche en citations et qui pourtant émeut devant ces destins sacrifiés pour des raisons politiques.
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L'échange des princesses

1721 : la France et l'Espagne « «échangent » leurs princesses pour deux mariages croisés franco-espagnols à des fins « géostratégiques » comme on dirait aujourd'hui.

Sur cet événement historique Chantal Thomas jette un double regard :

- un regard sans complaisance sur deux familles royales (en réalité il s'agit d'une seule et même famille du fait des mariages croisés et de la consanguinité dominante).

- un regard attendri sur ces enfants « royaux », manipulés, formatés pour un monde d'apparences, instrumentalisés à des fins politiques. Le vrai sujet du livre est là : l'enfance maltraitée, chez les « grands », comme elle doit l'être chez les petits, proie de la misère sociale.

Le portrait des adultes est cruel, seule la princesse Palatine plus authentique et plus humaine s'en sort.

Un beau livre, qu'il faut lire.
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Comment supporter sa liberté

Attention : le titre de ce livre ne rend pas justice à son contenu. On pourrait penser de prime abord qu'il s'agit d'un ouvrage de philosophie à l'usage des classes terminales. Pas du tout. S'il reste d'une lecture aisée, ce livre est une sorte de journal de bord d'une lectrice insoumise et d'humeur vagabonde. On y rencontre plusieurs écrivains qui vont chercher ailleurs ce qu'ils ne trouvent pas chez eux (de Casanova à Rimbaud en passant par Rousseau, Flaubert, Isabelle Eberhardt et quelques autres) et aussi Chantal Thomas elle-même, qui mêle ses pas à ceux de ces écrivains dont elle cherche les motivations quitte à les bousculer un peu (comme Flaubert par exemple). Chantal Thomas s'interroge aussi sur d'autres rebelles comme Fritz Zorn (l'auteur de Mars) ou Debord. Elle questionne aussi la liberté de la femme et comment avec des auteurs comme Virginia Woolf ou Marguerite Duras, elle a pu échapper à la condition de "femme à marier" que lui faisait des auteurs célèbres comme Michelet. Peut-elle alors se donner le droit de refuser d'être mère comme y prétend l'auteur au détour d'une page pour préférer créer "autre chose" ?

Bref, un petit livre court, au ton enlevé et rempli de bonnes choses.
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Les Adieux à la Reine

"Les Adieux à la reine" nous présente le récit d’Agathe-Sidonie Laborde, qui fut seconde-lectrice à la Cour de Marie-Antoinette. L’histoire débute en 1810, à Vienne, là où Sidonie a émigré en compagnie de nombreux autres nobles français après avoir fui les événements de la Révolution. Alors que ces nobles sont rattrapés par l'Histoire de France sous les traits des armées napoléoniennes, l’ancienne lectrice de la reine se souvient... Par flash-back, elle se remémore trois journées, les 14, 15 et 16 juillet 1789, qui ont vu s'effondrer la monarchie française. Tout est perçu à travers ce qu’elle a vécu, vu et entendu. De sa chambre insalubre sous les combles jusqu’aux couloirs sombres d’un château labyrinthique, nous découvrons avec Sidonie la vie à Versailles. Entre ses rencontres avec les membres de l’aristocratie, ses discussions avec les personnes subalternes comme elle, ses moments de lecture – et de complicité – avec la reine qu’elle admire, les heures s’échelonnent lentement et la tension monte inexorablement. Car Paris s’enflamme d’un feu révolutionnaire qui va bientôt gagner Versailles…



Si ce livre nous relate en partie les états d'âme et les difficultés de la vie des nobles français exilés à Vienne, ce sont bien les trois journées de juillet 1789 qui sont pour ma part les plus passionnantes à suivre. A travers le ressenti de Sidonie, le lecteur suit les événements qui inexorablement vont mener à la chute du royaume capétien. Mais Sidonie ne le sait pas, de même que les jeunes ambitieux et vieux aristocrates qui croisent sa route. Bien loin du Versailles qui est donné à voir aux touristes, nous découvrons un palais sombre et inquiétant, trop froid ou trop chaud, trop marécageux, trop grand ou trop étroit. Toute une population bigarrée et de rangs divers s’y côtoie. La nuit du 16 juillet, alors qu’on apprend que le roi a été réveillé en pleine nuit, que la Bastille est prise et que le peuple veut le pouvoir, des scènes presque irréalistes ont lieu. Courtisans, domestiques, chacun est en proie à l’angoisse et à la panique sous l’influence des rumeurs qui courent. Ce sont les yeux de Sidonie qui nous permettent d’assister à cette nuit sans fin et ce sont également eux qui nous présentent une Marie-Antoinette à la fois décidée et légère, mais surtout follement éprise de son amie Gabrielle de Polignac, duchesse flamboyante mais bientôt déchue.



« Les Adieux à la reine » n’appartient pas à ces récits historiques classiques se déroulant sur un période assez longue. Ici, trois jours – mais trois jours essentiels - suffisent à rendre l’ambiance d’une époque, ou plutôt de la fin d’une époque. De plus, le personnage de Sidonie nous permet d’appréhender l’intime et le privé dans l’Histoire, que ce soit dans les couloirs de Versailles ou dans les salons de la reine. Ce sont ici les gens et leur ressenti qui sont mis en valeur et non les événements eux-mêmes. La lenteur du récit nous permet enfin de nous imprégner totalement de l’atmosphère si particulière de la nuit du 16 juillet.



Voici donc un roman historique avant tout porté par ses personnages. Le résultat en est que, avec une écriture très sobre, Chantal Thomas ne relate pas simplement un moment de l’Histoire, elle nous le fait vivre.



J’ai trouvé par ailleurs que l’adaptation cinématographique du livre rendait très bien compte de cette ambiance.



A lire, même pour ceux qui ne sont pas férus d’Histoire !
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L'échange des princesses

Histoire édifiante de deux enfants sacrifiés (Louis XV , alors âgé de 11 ans et la toute jeune infante d'Espagne, Anna Maria Victoria, 4 ans !) sur l'autel des combines politiques. L'écriture de C. Thomas est plus ironique et plus mordante que d'habitude : les anecdotes sont savoureuses et les portraits très vivants (en particulier, celui de la Princesse Palatine). Un très bon moment de lecture que je conseille et pour l'histoire et pour le style, toujours impeccable, de Chantal Thomas.
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L'échange des princesses

Un beau roman historique, très romancé d'ailleurs, une belle écriture simple, fluide... Lu avec plaisir.



Mais avouons-le, l'absurdité des faits de l'époque est à son comble dans cette histoire : marier le roi de France qui n'a que douze ans avec une infante espagnole de...quatre ans! Bon, ça a permis aux deux pays de signer un pacte de paix et à l'époque, tout était bon pour parvenir à ses fins... Pauvres enfants!



J'ai bien aimé cette lecture, le livre est en ligne pour le prix Goncourt mais d'autres ont ma préférence.



Ce n'est là bien sûr que mon avis...



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Les Adieux à la Reine



Les mémoires de la lectrice de Marie-Antoinette, du 14 au 16 juillet 1789, alors que les nobles fuient Versailles à l’arrivée des révolutionnaires. Un texte court et dense, qui raconte les détails trivialement humains de la grande histoire. De salons en galeries, de conversations en disputes, elle y décrit le déni, le rejet, la peur, l’entraide ou l’amitié, de manière fictionnelle, historiquement bien documentée, mais au final peu émotionnelle.
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Les Adieux à la Reine

La vie d'une reine, notamment celle de Marie-Antoinette, ne fait pas partie de mes centres d'intérêt mais quand elle est racontée par sa lectrice cela éveille ma curiosité.

Le roman écrit par Chantal Thomas "Les adieux à la reine" m'a fait aimer l'histoire à la cour de Versailles grâce à une belle écriture fluide. Elle sait décrire certains détails tout en tenant parfaitement son sujet centré sur les jours suivant la prise de la bastille, le 14 juillet 1789.

L'originalité vient du fait qu'elle raconte ce que vivent durant ces jours de révolution ceux qu'on appelle les « logeant », le personnel habitant au château de Versailles dont fait partie la lectrice de la Reine, Agathe Laborde. On se rend compte à quel point ils sont nombreux. On apprend même que le roi avait un historiographe et on découvre ses riches bibliothèques.

Alors, lorsque les domestiques vont se révolter, ce monde de privilégiés s'écroule même si certains ou certaines restent fidèles à la Reine qu'ils vénèrent, comme la narratrice.

C'est l'excellente adaptation au cinéma du film réalisé par Benoit Jacquot qui m'a donné envie de lire le roman et je ne le regrette pas même si on ne fait qu'imaginer le faste et les belles robes qui contrastent avec la misère du peuple.





Challenge Plumes féminines 2021

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L'échange des princesses

J’aime beaucoup les romans historiques, surtout quand ils s’attachent à des faits que l’on connaît moins parce qu’ils sont peu « scolaires ». C’est ce que m’avait attiré en lisant le résumé de « L’échange des princesse » : l’idée du Régent Philippe d’Orléans de marier sa fille Louise Elisabeth avec le prince Luis d’Espagne et l’Infante Anna Maria Victoria d’Espagne avec roi de France Louis XV, un échange de princesses afin de sceller la paix entre les deux pays. L’Infante a 4 ans, Louis XV en a 11, Louise Elisabeth et Luis en ont à peine 12 et 14 ans mais qu’importe. Ainsi va la destinée des rois et reines... Je rêvais de crinolines et du faste des cours européennes du XVIIIe siècle. Et vu le titre, je m’étais dit que, peut-être, il y aurait derrière ce fait historique, une critique de ces mariages arrangés, témoins d’une autres époques, qui faisait de la femme un objet d’échange.



Mes attentes étaient sans doutes trop élevées...



J’ai trouvé ce roman creux. L’auteure accumule les petits faits, les anecdotes, sans rien creuser, sans donner de corps à son récit, pour en arriver à démontrer, en le répétant à l’envi pendant 300 pages, que cet échange était voué à l’échec parce que l’Infante n’est rien d’autre qu’une enfant charmante amoureuse d’un roi qui ne l’aime pas et Louise Elisabeth n’est qu’une folle trop aimée par son époux immature. Les personnages sont grotesques, à la limite de la caricature, ils n’ont aucune profondeur. Aucune description ne « donne à voir » réellement le décor dans lequel ils évoluent, impossible pour le lecteur de s’imaginer être à la cour de France ou d’Espagne au XVIIIe siècle et de se plonger pleinement dans le cadre historique. Chantal Thomas a sans doute voulu émailler son récit d’ironie et d’humour mais c’est lourd et creux à la fois et un brin lassant. Le style n’est pas agréable : l’emploi du présent de la narration est très déstabilisant (je ne suis pas parvenue à m’y habituer, cela m’a perturbée pendant toute ma lecture), il n’y a aucun dialogue mais l’auteure accumule par contre les extraits très brefs de correspondances (qu’elle certifie authentiques à la fin de son ouvrage) et de la « Gazette de France ». L’insertion de sources historiques dignes de foi appuie la réalité historique du récit, certes. Mais, en même temps, trop de passages semblent de pure fiction. Cela fait de ce livre un ouvrage hybride, mi fiction romanesque mi chronique historique, mélangeant allègrement les codes de l’un et de l’autre. C’est déstabilisant, trop pour moi sans doute...



Bref, je me sens toujours un peu mal à l’aise de dire que je n’ai pas apprécié (pire, que j’ai plusieurs fois « piqué du nez » en laissant choir) un livre écrit par une très éminente membre de l’Académie Française. Je sais pourquoi je fuis d’ordinaire les ouvrages écrits par ceux et celles qui occupent les sièges de cette très honorable institution...
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De sable et de neige

Dans ce livre subtilement illustré de photographies de famille, d'estampes et d'affiches, qui restituent les années de l'après-guerre dans toutes leurs dimensions, Chantal Thomas se replonge dans son enfance passée dans le bassin d'Arcachon, à zigzaguer entre les pinasses des parcs ostréicoles, à flirter dans les blockhaus qui abritent les "ébauches amoureuses", à dévaler la piste sur aiguilles de pin... Dans la scène d'ouverture, nous plongeons avec elle dans un jacuzzi dont les remous reproduisent les mouvements "tempestueux" de l'océan dont on entend la rumeur de l'autre côté de la dune. C'est tout un univers de sensations que sa plume alerte décrit avec un toucher soyeux.

Son retour à Arcachon, des décennies plus tard, comme locataire à quelques encâblures de la maison familiale donne lieu à des évocations pleines de nostalgie de ses parents, de ses aïeux, de ses amies d'enfance. Mais Chantal Thomas veut retenir avant tout le plaisir d'être vivante, de goûter pleinement aux joies d'un monde flottant, qui oscille entre la sérénité du bassin et les excès de l'océan. Comme les estampes de Hiroshige et de Hokusai, dont beaucoup d'artistes de la région se sont inspirés pour tenter de capter le génie des lieux, ce récit saisit avec délicatesse et inspiration la beauté éphémère du monde.
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L'échange des princesses

1721. Le Duc d’Orléans qui assure la régence jusqu’à la majorité du jeune roi Louis XV de 11 ans, décide de consolider les liens avec le royaume d’Espagne en mariant le jeune roi de France à l’infante espagnole, 3 ans, fille du roi d’Espagne et pour faire bon poids, de marier également sa propre fille, Mlle de Montpensier, au futur roi d’Espagne et frère de l’infante.



Ces mariages croisés vont donc donner lieu, littéralement, à un échange de princesses qui se fera en grande pompe à la frontière entre les deux pays, chaque princesse abandonnant tout, famille, pays, attachements… pour rejoindre son époux.



Chantal Thomas se base sur des faits historiques et documentés. On y retrouve des extraits de lettres et de correspondances entre les différents protagonistes et des anecdotes du quotidien. Peu de réelle action dans ce roman car il relate la vie de cour telle qu’elle se déroulait à l’époque mais j’ai trouvé que cela se lisait très bien car il s’agit d’une histoire qui raconte l’Histoire, et c’est ce que j’aime.



J’ai également apprécié que le récit se fasse par le prisme des princesses : cela donne une vision intimiste et originale, différente des récits habituels, plutôt centrés sur le roi, la politique, les conquêtes etc…



Ces princesses, des enfants, presque des bébés, mariées pour raison d’état, envoyées en pays étranger sans espoir de retour, arrachées à leurs familles, m’ont fait un peu de peine je dois le dire. Les sentiments maternels et paternels tenaient peu de place en ce temps et dans ce milieu, et ces princesses, en apparence adulées, n’étaient rien de moins qu’une monnaie d’échange pour tisser des alliances et consolider des royaumes.

Une lecture agréable pour ceux qui aiment les romans basés sur des faits historiques.

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Les Adieux à la Reine

Waouh, un vrai coup de cœur !



Une ambiance de fin du monde décrite avec beaucoup de sensibilité par une « logée » transparente et j'ai été transporté par ces trois jours de l'Histoire où l'Histoire a basculé. Trois jours et le monde d'avant, le Versailles des Rois aux règles immuables, aux fastes mirifiques, aux jardins merveilleux, aux courtisans efféminés et obséquieux, aux serviteurs stylés et toujours présents, trois jours et tout a disparu.



Avec une plume parfois sévère, toujours sensible, au plus proche de la vérité historique, l'auteure nous ouvre les fenêtres d'un château fabuleux déjà gangrené par le temps et surtout l'évolution de la société. Elle nous décrit avec pudeur et amour aussi ce Roi et cette Reine, si dissemblables, si peu assortis, si peu préparés à une tâche qui ne les intéressait pas à savoir gouverner. Ce pouvoir que les révolutionnaires rêvaient d'avoir sans vraiment comprendre qu'il est un poids pour celui ou celle qui l'obtient de droit divin et qui n'a que le choix de l'accepter et d'en faire un devoir de toute une vie.



Trois jours, et c'est le naufrage d'un monde qui croyait en l'immortalité ; trois jours, et c'est la fuite les mains bien remplies des faux-amis ; trois jours, et c'est l'écroulement de tout un système qui avait bien sûr des côtés obscurs mais qui avait su maintenir la société pendant plusieurs siècles ; trois jours, et c'est la haine, la jalousie, la peur et la violence qui apparaît au bout d'une pique.



J'ai été happée par la verve de l'auteure alors que j'y allais avec réticence vu ma première expérience assez négative de la lecture d'un autre de ses romans, « Le testament d'Olympe ». Comme quoi, ça vaut la peine de persévérer, j'ai vraiment trouvé une perle :-)
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Thèmes : Paris (France) , cabaret , moulin rouge , nuits blanches , danse , culture générale , littérature , peinture , cinema , adapté au cinémaCréer un quiz sur cet auteur

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