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Critiques de Charif Majdalani (164)
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Beyrouth 2020 : Journal d'un effondrement

Beyrouth, Liban. 4 août 2020. Une gigantesque explosion va ravager la ville. L'auteur nous dévoile le contexte de cette tragédie. L'étiolement d'un pays. La chute économique d'un système corrompu. La détérioration du quotidien. Il nous démontre que le libanais se relève toujours face à l'adversité quelque soit la puissance du cataclysme. Un témoignage simple et réaliste.
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Dernière oasis

Je suis une fidèle de Charif Majdalani, auteur libanais qui écrit en français et qui axe souvent ses romans sur la société ou l’histoire de son pays



Un registre différent peut étonner avec cette dernière parution : La situation explosive de l’ensemble du Moyen Orient et les conflits contre l’Etat Islamique font le socle de ce roman réfléchi et souvent passionnant, pétri de théories géopolitiques, incitant à une réflexion sur nos modes de gouvernance, entre démocratie et politiques extrémistes,



L’ambiance décalée du roman, écrit à la première personne, est portée par un personnage principal dans un « entre deux mondes » face à l’immobilité du désert, comme en attente d’une violence annoncée. On s’immerge dans la mentalité irakienne, entre clanisme et corruption, avec en creux le trafic d’œuvres d’Art finançant la lutte de tous les partis.



Je ressors dubitatif de cette lecture, noyée dans le décor géographique que l’auteur décrit à satiété, mais impressionnée par la clairvoyance de nombreuses analyses.

De longs passages alourdissent néanmoins la lecture, par la nonchalance de l’action et l’envolée des introspections.



C’est un roman qui n’en est presque pas un et qui se mérite, même si le fil rouge de la disparition de trésors artistiques tient en haleine à l’instar d’un roman policier.

Il est vraisemblable que Charif Majdalani a hésité entre style romanesque et essai pour évoquer la géopolitique du Moyen Orient. Le roman est accessible au plus grand nombre mais ce ne fut pas une lecture coup de cœur

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Villa des Femmes

Un roman libanais, un peu bavard et lent à démarrer, mais plaisant, vivant, et dépaysant. Un peu comme "Les vies de papier", découvert avec plaisir il y a peu. A découvrir
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Histoire de la grande maison

Toute la nostalgie d'un Liban du début du XXème siècle servi par une très belle écriture.



L'universalité des thèmes abordés (ascension et chute sociale, conflits familiaux, rapports de force religieux et ethniques, ...) mise à la sauce libanaise est ici une réussite.



Ce qui m'a moins plu a surtout été dans les hésitations de l'auteur/narrateur. Il relate l'histoire de sa famille, à une époque qu'il n'a pas connue. Assez souvent, il n'a pas tous les détails des faits et encore moins des dialogues, ce qui semble fort logique. Il le signale à chaque fois et suggère diverses possibilités ce qui alourdit assez fort le texte. J'aurais préféré ne rien savoir de ces hésitations et avoir un texte plus continu. Nous sommes dans le roman, autant en tirer profit au maximum! (Ce n'est pas une biographie)



J'ai appris beaucoup sur l'histoire du Liban dont, je dois bien l'avouer, je ne connaissais pas grand chose.

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Dernière oasis

Un spécialiste libanais en antiquités orientales est appelé par un général irakien pour expertiser des pièces se trouvant en sa possession. Rendez-vous est donné dans une oasis adossée à un confluent du Tigre dans le nord de l’Irak, à la veille de la prise de Mossoul par Daech. Le narrateur se trouve alors embarqué à son corps défendant dans une sombre histoire de trafic de reliques historiques à l’épicentre du conflit opposant l’Irak à l’EI.

L’intrigue est pour l’auteur le prétexte pour évoquer le délitement de l’Irak, ses conséquences sur le Moyen-Orient et par extension sur l’Occident. Ce roman est aussi l’histoire d’un général qui projetait de rétablir l’ordre et la prospérité dans cette région désertique d’Irak qui fut autrefois le grenier à blé du Moyen Orient et dont l’oasis, véritable havre de paix où poussent abricotiers, pruniers et palmiers, en est la promesse. Hélas, une suite de circonstances font échouer ce projet et livre la région au chaos. L’entropie comme facteur de désordre revient comme un leitmotiv dans la bouche du narrateur pour expliquer l’incapacité des hommes à bâtir durablement. L’entropie en physique est une grandeur thermodynamique de mesure du désordre dans la matière. Pour l’auteur, l’irruption du temps et de l’histoire comme facteur de désordre et de destruction serait la conséquence de l’action de l’homme dans le monde. Ainsi, les empires naissent, croissent et disparaissent. De l’empire assyrien, il ne reste comme témoignage que ces reliques, objet d’un trafic international, vendues une fortune à des amateurs d’art de tout acabit. Que l’on adhère ou pas à cette vue de l’histoire, il est certain que le jour où les Américains ont mis le pied en Irak a marqué le début d’une spirale meurtrière dont nous n’avons pas fini de voir les conséquences. Au chaos irakien, comme en écho, répond le chaos libanais que l’auteur a décrit dans un essai fort instructif, Beyrouth 2020, journal d’un effondrement.

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Beyrouth 2020 : Journal d'un effondrement

Chroniques d'un passé glorieux, mais qui n'aura duré que peu de temps, au regard de celles qui s'attardent à nous décrire un effondrement douloureusement inéluctable dont on n'envisage pas, malheureusement un redressement prochain. L'écrivain libanais Charif Majdalani raconte avec de nombreuses anecdotes le délitement d'une société non gouvernée, corrompue avec en point d'orgue, l'épouvantable accident survenu dans le port de Beyrouth le 4 août 2020 avec l'explosion de 2750 tonnes de nitrate d'ammonium causant des dégâts considérables. Triste cheminement qui n'empêche pas les libanais qui n'ont pas encore fuit le pays d'afficher un grande solidarité et d'affirmer qu'ils ne plieraient pas et combattraient un « régime qui souhaite la chute du peuple ».En peu de pages, ce journal fournit au lecteur une information riche sur ce qui se passe dans ce pays. Cet ouvrage, a reçu un prix spécial Fémina 2020 de l'essai.
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Histoire de la grande maison

« La grande maison » c'est celle qu'a réussi à construire Wakim Nassar.

Wakim Nassar qui jeune homme dans les années 1870 a dû s'exiler dans son propre pays le Liban, sans que son petit-fils qui nous conte l'histoire n'ait jamais réussi à vraiment savoir ce qui s'est passé pour que son grand-père chrétien orthodoxe soit obligé de quitter son quartier de Marsad accompagné de son jeune frère.

C'est au pied du Mont Liban où ils vont arriver que Wakim aura l'idée qui fera de lui l'un des hommes les plus riches et les plus puissants du Liban, il plante des orangers, fruit nouveau dans ce pays couvert de muriers nourrissant les vers à soie.

Wakim à qui toutes les familles qui ont une fille à marier feront les yeux doux n'aura quant à lui d'yeux que pour Hélène une jeune fille aussi indépendante que belle, ce qui en cette fin du 19ème siècle n'est pas si courant, et qu'importe si le père d'Hélène lui refuse la main de sa fille, avec l'accord de la jeune femme il va littéralement l'enlever pour l'épouser.

Ils vont fonder une grande famille qui devra survivre à bien des épreuves et notamment à celle de la Première Guerre Mondiale qui verra l'Empire Ottoman envahir le Liban et dont la famille Nassar francophile dans l'âme sera l'une des victimes déportée en Anatolie.

Mais alors même qu'ils vont réussir à survivre aux terribles conditions de détention, Wakim dont la santé y a été mise à rude épreuve ne reverra le Liban que pour y mourir.

Hélène restée seule à la tête des la famille avec ses fils ainés devra faire face à tous les obstacles pour maintenir à flot la Grande Maison et les Nassar, mais alors qu'elle croit « l'ennemi » à l'extérieur c'est l'un de ses propres fils qui va tous les conduire à la ruine.

Un superbe roman qui de 1870 à 1930 survole 60 ans de la vie de la famille Nassar, et 60 ans de la vie du Liban à travers eux.

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Histoire de la grande maison



C'est un mélange de roman historique et de saga familiale. C'est une histoire qui comprend trois parties : - le temps des héros - le temps du zaïm (fonction prestigieuse et héréditaire, - le temps de l'exil.

L'histoire qui réunit par ses éléments l'individuel et le collectif s'inscrit dans l'histoire du pays qui est le Liban de 1840 à 1930.

Au départ nous sommes à Beyrouth vers 1840. Les grecs orthodoxes s'installent sur les collines de l'Est, les musulmans sur celles de l'ouest. La famille de Wakim Nasser fait partie de la communauté orthodoxe.

Wakim exerce le métier de Simsar en ville jusqu'à un événement qui ne sera jamais conté, c'est le 1er secret.

Il devra alors quitter Beyrouth pour s'installer dans un territoire intégré à l'empire Ottoman, habité par des maronites avec qui il s'entend bien. Wakim a donc vécu une première crise, une confrontation qui sera la cause de son départ. Puis il va vivre une autre confrontation avec les bédouins mais cette fois-ci fort de son droit, ne leur permettra pas de s'installer sur ses terres. Les maronites l'estiment car il tiendra la dragée haute aux bédouins.

Contrairement à ses voisins, il opte pour la culture de l'oranger plutôt que pour celle des mûriers. Grâce à cela, il s'enrichit puis se marie avec une maronite et fonde une grande famille. Tout va bien jusqu'à l'éclatement de la guerre. L'empire ottoman s'allie à l'Allemagne et tous ceux qui sont plutôt du côté français seront persécutés...



Wakim doit quitter le Liban avec sa famille. Survivront-ils ? reviendra-t-il sur son domaine ? le clan va-t-il faire face au 2ème secret ?

Le véritable protagoniste du livre est Wakim Nassar, le père du narrateur, le gd père du narrataire. La vie n'est pas racontée d'une façon spontanée, elle est imaginée, reconstituée à partir d'éléments disponibles, à l'aide d'indices, des photos bien sûr mais aussi et surtout par l'imagination. Cette façon d'écrire de Majdalani est magnétique. C'est une fresque familiale dans laquelle le passé et le présent s'enchevêtrent pour faire surgir des épisodes de la vie de tous les jours. Du beau et grand roman.







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Villa des Femmes

Liban fin des années 50 - Ayn Chir, banlieue de Beyrouth.



Noula, surnommé le « Requin à l’arack » ( eau de vie produite et consommée dans le Proche- Orient ),

est le narrateur interne, l’ hakawati (celui qui raconte), mais aussi le chauffeur, le factotum, le confident du maître et surtout l’œil qui voit et décrypte toutes ces petites choses intimes du quotidien , vision acérée qui perce bien des secrets. Il est le témoin des jours heureux et de ceux tempétueux, des heures de gloire, de prospérité, de paix, mais aussi, celles des déchirements, de la douleur, de la ruine, du cataclysme qui va s’abattre simultanément sur la famille et sur le pays.

Skandar Hayek (hayek : le tisserand) , chef de clan est un riche entrepreneur dans l’industrie du textile qui régente sa tribu

Trois enfants : l’aîné Noula, une « mauvaise graine » , coureur de jupons, incompétent, fat… le cadet Hareth, intellectuel , utopiste, baroudeur , et Karine , « petite fille de riche » dans toute sa superbe.

Il y a aussi sa femme Marie - un mariage de raison, elle était amoureuse d’un autre peu fortuné dont sa famille n’a pas voulu _ ,

sa sœur Mado, vieille fille acariâtre, laissée, il y a longtemps pour compte par un prétendant inconséquent .

Ces deux -là ne s’aiment pas, elles finiront par se haïr et cette exécration sera fatale pour la famille.

Les années passent…

Le second fils , en charge de négocier un contrat avec un Iranien producteur de coton, va saisir cette occasion pour prendre sa liberté et partir à la découverte des sites archéologiques en Jordanie où là aussi, la révolte gronde, d’aller plus loin encore , de jouer les aventuriers .



Requin à l’arack nous sert de guide dans cette mosaïque libanaise où se côtoient maronites, chiites, réfugiés palestiniens, en majorité sunnites qui vivent dans des camps . Les alliances douteuses, les rivalités entre factions se multiplient, se durcissent.

Bientôt, les esprits s’échauffent encore plus, des incidents éclatent, le parti Kateb jette de l’huile sur le feu, tout s’embrase, la guerre explose, concomitamment au cœur du clan et au Liban.

C’est dans ce contexte que Skandar Beyk meurt subitement. Et c’est la spirale infernale.

Noula va prendre les rênes de l’entreprise, mais les décisions inconséquentes qu’il prend (remplacement du parc des machines-outils, création d’une brasserie, dépenses dans son train de vie somptuaires) vont entraîner, petit à petit, puis de façon accélérer la ruine de sa famille. Sa mère, Marie essaiera d’intervenir en contactant son ancien amoureux richissime, désormais. Mais cette tentative sera funeste.



C’est un roman qui démarre comme un conte oriental, récit savoureux, dépaysant : plongeon dans un passé proche et lointain à la fois, paysages lumineux, fulgurance des parfums, intrigues et secrets familiaux , potinages… , puis, les choses se compliquent, le souffle de la spirale se renforce, la politique s’emmêle. Et là, il m’a fallu faire une pause, reprendre, chercher, vérifier, compulser pour trouver les éléments manquants relatifs à l’Histoire contemporaine du Proche Orient et du Liban en particulier (abstruse pour moi) , pour mieux rester au cœur de l’action, mieux comprendre « le pourquoi et le comment ».

Chercher à en savoir plus…

Fin du livre : envie de prolonger cette lecture par d’autres livres sur le même thème, envie d’aller plus loin, de cheminer plus longtemps au cœur de ce pays et de son histoire.

Si vous avez quelques titres à proposer… Avec mes remerciements pour votre aide !



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Mille origines

Au départ, nous avons une mise en lumière de Charif Majdalani avant de venir à la rencontre de ces diverses personnes venant de milieu très différent au Liban.



Les chapitres sont très courts et ils finissent par ne concerner qu'une personne. Une histoire personnelle = un chapitre dédié. C'est une bonne façon de faire, je trouve. On ne se perd pas et on peut revenir au prénom qu'on a le plus aimé ensuite pour relire son histoire.



J'ai pu apprendre pas mal de choses supplémentaires en lisant les témoignages sous des visions parfois opposées. Sans compter les informations que C.M. donne au début de l'ouvrage. Nous avons aussi un repère chronologique sur le Liban que j'ai trouvé éclairant.



Une bonne découverte aussi. Cette collection commence plutôt bien ! Espérons que Le central de Mikael Corre soit dans la même lignée.
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L'empereur à pied

J'avais aimé il y a des années la lecture de "Caravansérail". Aussi lorsque j'ai vu ce titre à la médiathèque, je l'ai emprunté tout de suite.



A deux reprises, j'ai tenté d'entrer dans ce roman.

L'histoire pourtant me plaisait énormément. Le début était prometteur et écrit de façon très poétique.

La quatrième de couverture était attirante car elle laissait présager de l'aventure, des voyages, des légendes et une saga familiale hors norme car marquée par une malédiction. De plus, les personnages m'ont apparu dès le départ tout à fait fascinant.



Alors comment expliquer que je ne sois pas arrivée à poursuivre au delà de la première partie. Je me suis même mélangé dans les noms des personnages ce qui ne m'arrive jamais et même si un arbre généalogique explicite les liens familiaux, cela ne m'a pas suffit pour m'y retrouver. J'ai décroché donc...



Ce roman est une rencontre qui n'a pas eu lieu pour moi car j'ai fini par l'abandonner. J'ai tant à lire et peut-être qu'en ce moment il me faut des choses plus faciles. La fatigue de l'hiver est là pour tout le monde.

Mais je ne renonce pas pour autant et je regarderai les autres romans de cet auteur...pour ne pas rester sur cette déception.



Du coup, je n'ai pas écrit de chronique sur mon blog.

Je constate que ce roman a très peu de chroniques sur Babelio (9 seulement), depuis le mois d'août où il est sorti , et donc je me demande si je suis la seule à avoir eu du mal à entrer dedans...

Donc par honnêteté je ne le note pas !
Lien : http://www.bulledemanou.com
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Beyrouth 2020 : Journal d'un effondrement

Quand Charif Majdalani a commencé à tenir ce journal au début de l'été 2020, il pensait écrire sur la situation de Beyrouth et du Liban en temps de COVID-19 et de l'impact des confinements sur la situation économique déjà bien dégradée après des années de corruption, d'affairisme et clientélisme et de détournements en tous genres de fonds publics et d'aides internationales.



Les libanais ont eu l'argent facile, et l'ont bien flambé ...



En ce milieu d'année 2020, l'inflation est telle qu'il est difficile de définir le tarif de services essentiels comme la réparation d'une clim' ou d'une fuite d'eau, que l'état et les sociétés publiques sont en telle déliquescence que  l'électricité est vendue à prix d'or par des compagnies privées et l'eau commence à être distribuée par camions citernes qui ponctionne des nappes phréatiques proches du néant .... 



Et vint le 2 août .... 



L'explosion de plus de 2000 tonnes de nitrates d'ammonium stockés dans un entrepôt du port qui ont dévasté la ville faisant plus de 200 morts, 150 disparus, 6000 blessés et endommagé plus de 90000 bâtiments, détruit 6000 habitations ... 



Le journal de l'auteur s'interrompt pour ne reprendre qu'une dizaine de jours plus tard, après la sidération avec une litanie de noms, de blessés, de défunts 



Mais quand même toujours l'espoir que le Liban se remettra de cette épreuve, comme il a surmonté les précédentes.



Un ouvrage d'amertume et d'espoir avec, en leitmotiv, ce graffiti repéré sur plusieurs murs de la ville : le régime souhaite la chute du peuple 
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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Caravansérail

Je n'ai pas été transportée par cette histoire, je n'ai pas arrêter de la comparer à Léon l'Africain d'Amin Maalouf d'où ma déception.
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L'empereur à pied

L'Empereur à pied fut un coup de cœur gigantesque. On suit toute l'histoire de la descendance de Khanjar Jbeili, un homme qui réussit à étendre sa puissance économique au cœur des montagnes libanaises. Cette famille est maudite depuis que son plus illustre ancêtre a fait prêter serment à ses fils : seul le premier né des Jbeili pourra prétendre à avoir une femme et des enfants.



Tout cela est raconté comme un immense conte. Chaque personnage est admirablement dépeint et connaît un destin singulier et surprenant, toujours marqué par le poids ancestral des promesses et de la gloire familiale. Tous chercheront à leur manière à retrouver cette vie au goût de mythe et de légende. L'un se lance à la recherche d'un tableau de Véronèse, l'autre part à la poursuite d'un chef cosaque, l'autre encore s'engage auprès d'une faction palestinienne...



Le narrateur écoute attentivement le récit du dernier des Jbeili et l'offre au lecteur. Voici toute la saveur de la transmission orale des récits, servie par une prose merveilleuse, dès la première page.
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Villa des Femmes

Une famille, un destin, un déclin. Trois vocables résument ce précieux roman de l’écrivain libanais Charif Majdalani, le tout enveloppé de phrases délicates et recherchées aux effluves orientales.



Hayek, une histoire clanique, solide, dans le Liban des années 60 mais qui va devoir affronter quelques années plus tard une guerre civile. Dans cette maison entourée d’eucalyptus et d’orangers, vivent Skandar le père, Marie l’épouse, Karine/Noula/Hareth les enfants mais aussi l’intrigante Mado, sœur de Skandar, et des employés dévoués comme Jamilé ou Noula, ce chauffeur qui narre l’épopée des Hayek. Au fil des événements, intérieurs ou extérieurs, l’arbre familial verra ses branches se rompre progressivement mais essaiera de tenir grâce à la vaillance des femmes dans un monde masculin, espérant que l’un de la dynastie reviendra pour faire redémarrer les racines.



A travers cette saga, l’auteur nous fait partager l’ambiance libanaise, celle de la sérénité mais, hélas, celle aussi des divisions guerrières. C’est également un voyage à travers l’Asie, de l’Iran jusqu’aux frontières de la Chine en passant par la Jordanie et l’Afghanistan. Et c’est ainsi que ce roman tisse les liens entre ces nations, entre les histoires intimes d’une lignée et les secousses politico-religieuses du Proche et Moyen Orient, la beauté, la tristesse, l’amour, la haine... les passions aussi.



Il paraît que la littérature libanaise ne déçoit jamais. Ce roman de Charif Majdalani en est une certitude.
Lien : https://squirelito.blogspot...
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Beyrouth 2020 : Journal d'un effondrement

Charif Majdalani m'a enchantée avec les sagas familiales qui racontent  l'histoire du Liban sur deux siècles et de nombreuses générations : j'ai beaucoup aimé Caravansérail, Le Seigneur de Marsad, L'Empereur à pied, et la Villa des Femmes. A l'occasion du Mois du Liban initié par Maeve, et à la suite de la catastrophe du 4 Août 2020, il m'a semblé évident de commencer mes lectures libanaises par cet ouvrage. 



Au mois de juillet 2020, Charif Majdalani tient un journal où il note les effets sur la vie quotidienne de l'effondrement annoncé. Cela commence à la banque où il devient impossible de retirer son argent. La fourniture d'électricité devient  erratique. Puis la fourniture d'eau courant. Les ordures. 





Après avoir énuméré toutes les anomalies prémisses de l'effondrement économique, l'auteur analyse les causes de cette crise: la mise en coupe claire de secteurs entiers de l'économie:



En trente ans, le pays tout entier est devenu la chasse gardée de la caste des oligarques au pouvoir, qui a établi avec les citoyens une relation de nature mafieuse, offrant protection, garanties et petites opportunités à tous ceux

qui les sollicitaient et bloquant toute autre



Le pays est dévasté,  la crise économique se double d'une catastrophe écologique.





Cette confiscation de l'économie par la caste des oligarques depuis une trentaine d'année fut quand même mise en cause par la révolution







La goutte qui fait déborder le vase et des milliers de manifestants sortirent dans la rue. L'espoir qui est né avec cette Révolution libanaise trouva la pandémie!



Mais une dernière catastrophe s'est abattue sur Beyrouth :



"4 août 2020, à 18 h 07, la cargaison, ou ce qui en reste, chauffée par l’incendie, ou emportée par l’explosion

d’un dépôt d’armes, ou bombardée, explose. Six années d’opacité et d’irresponsabilité, résultat de trente années

de corruption et de mensonges, de politiques mafieuses"



Reprenant son  journal quelques jours après l'explosion, il faut d'abord faire l'inventaire des décès, des blessures, des destructions. Mais, étrangement une note d'optimisme survient :



Durant la journée, le moral remonte un peu, au spectacle notamment de cette immense jeunesse qui s’est levée

comme un seul homme pour prendre sur elle d’effacer les traces du cauchemar et d’aider à commencer à rebâtir,

en l’absence de l’État voyou dont tout le monde vomit jusqu’aux plus anonymes de ses représentants et les

chasse dès qu’ils osent apparaître sur le terrain au milieu des ruines.



Effondrement, corruption, destructions, Covid...l'histoire n'est pas terminée. la conclusion en suspens, comme une canette qui roule...
Lien : https://netsdevoyages.car.blog
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Des vies possibles

Je ne sais pas trop quoi penser de ce livre. Il se lit facilement grâce notamment à ses cours chapitres. Je trouve original l'angle choisi par l'auteur pour écrire cette "biographie". C'est comme si un historien essayait de retracer la vie de quelqu'un d'autre dont on a très peu d'éléments qui plus est fiables. Dans l'ensemble j'ai trouvé que c'était un enchaînement d'actions sans vraiment d'émotion. Ce qui m'a un peu déçu. Pendant les 3/4 du roman, le personnage se cherche et j'avoue que moi aussi. J'ai failli abandonner le livre mais la tirade "philosophique" sur le destin, la liberté arrivant dans les derniers chapitres m'a donné le courage dont j'avais besoin pour le terminer.
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Beyrouth 2020 : Journal d'un effondrement

Le journal commence le 1er juillet. Le confinement qui vient de se terminer a continué d'accentuer une crise économique larvée. Les Libanais ont de l'argent sur leurs comptes, mais les banques leur en interdisent l'accès. Le pays est gangréné de l'intérieur, le pourvoir en place se sert, fait la fête sur le dos des Libanais, se rit même du virus.

Le peuple survit. La priorité est pour eux: avoir de l'électricité.



Le 4 aout, ce qui tenait encore debout, est soufflé en quelques secondes. Cette explosion n'est pas le fruit du hasard, n'est pas un accident. Cette explosion c'est l'aboutissement de l'état de corruption du pays.



Le 4 aout, ici, en France, nous avons été sidérés par ce qui arrivait aux Libanais.

Ce pays n'était pour moi qu'un pays en guerre depuis ma naissance. La boutade classique quand une rue est en chantier, quand une pièce est en désordre, est de dire "C'est Beyrouth ici!" Voilà ce qu'était pour moi Beyrouth: un grand bordel en guerre troué d'impacts d'obus.

Comme j'ai honte…



Sur Instagram, j'ai fait connaissance d'une jeune fille, étudiante en littérature francophone à Beyrouth. Elle s'appelle Tia. J'ai pris conscience qu'une jeunesse étudiait, parlait français, anglais, lisait… La petite occidentale paternaliste à la culture colonialiste réalisait qu'ailleurs dans le monde on avait une culture, des intellectuels, des universités, des combats écologistes.

Comme j'ai honte…



Notre monde est riche, souffre, s'enlise, se bat. J'ai du retard à rattraper. Mon regard doit se tourner vers autre chose que l'Europe. Charif Majdalani, je le sens, va m'y aider. J'ai maintenant sept ouvrages à lire de cet excellent écrivain libanais. Histoire d'avoir moins honte…



PS: Tia est immortalisée par l'auteur dans ce livre. Tia, est-ce que de toi aussi je lirai les romans un jour?



PSbis : Cette couverture…


Lien : https://carpentersracontent...
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Des vies possibles

Dans ce qui s'apparente à un conte, Roufeyil Harbini, alias Raphaël Arbensis, jeune érudit libanais, part à la découverte du monde. Rome, Venise, Istanbul, Paris..sa route croise les grands esprits de son époque.

C'est un roman plein de poésie qui nous promène d'Orient en Occident dans une quête d'amour et d'expériences inédites qui amèneront le jeune homme à s'interroger sur ses aspirations et sur son identité, sur ses désirs réels, à la croisée des cultures.

J'avais beaucoup aimé Villa des femmes (coup de cœur en 2015) et L'empereur à pieds, mais ce nouveau roman m'a laissée sur ma faim. Je ne lui ai pas trouvé la grâce des précédents et je suis restée à distance. La narration m'a paru trop "factuelle" , posant les évènements les uns après les autres sans leur apporter un liant romanesque.
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Villa des Femmes

Dans le Liban des années soixante et soixante-dix, Skandar Hayek règne sur ses terres, ses usines et sa famille jusqu’au jour fatidique. Trois femmes Mado, Marie et Karine (sœur, femme et fille de Skandar) vont jouer un rôle important dans l’histoire du clan Hayek, chacune à leur manière.



Cette histoire nous est contée par le chauffeur de Skandar qui, bien sûr, ne pourra nous relater que les événements qu’il a connus, vus ou qui lui auront été rapportés. C’est le témoin discret de la grandeur et de la déchéance de cette famille. Il nous raconte dans une langue chantante et agréable la grande Histoire étroitement mêlée à celle plus singulière des Hayek. Il nous emmène dans un tourbillon de mots au sein des rivalités, des intrigues familiales avec un naturel incroyable.



L’originalité de cette narration c’est qu’on ne peut pas tout savoir, tout connaître, puisque notre narrateur n’est pas omniscient. Nul dialogue, tout est rapporté, et pourtant, l’on ne s’ennuie pas une seconde.



En revanche, si on veut en savoir un peu plus sur la guerre du Liban, ce n’est pas dans ce roman qu’on va trouver des réponses.
Lien : https://krolfranca.wordpress..
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