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Critiques de Charles Juliet (334)
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L'Année de l'éveil

A travers L'année de l'éveil, le romancier nous fait découvrir la vie d'un jeune berger orphelin, engagé dans l'École militaire d'Aix-en-Provence, soucieux de se soustraire à un avenir misérable.

Si la rigueur est le maitre mot de ses supérieurs, ces derniers n'hésitent pas à user de leurs pouvoirs en exercant toutes sortes de brimades et violences physiques à l'encontre des jeunes recrues dont Charles, au tempérement introverti.

Aussi, lorsque son chef de section animé par la même passion que lui pour la boxe lui montre un certain intérêt, l'invitant à passer les dimanches en compagnie de sa femme et de leur petite fille, le jeune homme timide va s'épanouir en découvrant l'amour dans les bras de la femme de son supérieur.



Une fois commencé, difficile de lâcher ce court récit de Charles Juliet. Écrit avec une grande maitrise, Il m'a tenue en haleine du début à la fin. L'histoire ne comporte aucun chapitre ce qui convient parfaitement à ce style de lecture dans lequel l'auteur nous plonge dans un univers glauque où tout n'est que cruauté, coups bas et jalousie que suscite Charles, pour avoir obtenu les faveurs de son chef. Si la vie dans la caserne recèle de violence, on se demande si la passion des deux amants ne risque pas, par manque de précautions, de basculer dans la tragédie.



L'année de l'éveil de Charles Juliet ne paie pas de mine au premier abord, mais gagne pourtant à être lu...
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Entre ciel et terre

Pour qui a lu le récit Passagère du silence, écrit par l'artiste Fabienne Verdier, le désir de contempler ses toiles est d'autant plus vif qu'il est stimulé par l'exceptionnel parcours initiatique qui l'a menée jusqu'en Chine auprès des plus grands peintres calligraphes. Dans cet ouvrage, F. Verdier nous ouvre les portes de son atelier. Charles Juliet l'y accompagne et la questionne sur sa démarche créatrice. Dolorès Marat et Naoya Hatakeyama tentent de saisir par la photographie des instantanés de son travail et de ses oeuvres. On peut aussi parcourir quelques pages des carnets de l'artiste, et sentir combien la recherche du Tout, du souffle vital présidant à la création, sont une quête essentielle pour cette peintre hors-normes. Véritablement passionnant ! Merci à Charlotte de me l'avoir prêté!
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L'Année de l'éveil

Un adolescent orphelin, qui a été élevé par différentes familles d’agriculteurs pour lesquelles il n’aura été qu’un employé de la ferme, devient enfant de troupe dans une école militaire de Provence. Il y fait l’apprentissage de la discipline, des humiliations, du froid et de la faim. Ainsi que celui des bizutages cruels des anciens. Pourtant cette nouvelle existence n’est pas que négative. Le jeune garçon se prend en effet d’amitié pour son chef de section, en qui il cherche le père qu’il n’a jamais eu. Cet homme lui transmet sa passion pour la boxe, et surtout lui offre des dimanches de permission chez lui. L’orphelin découvre alors la vie familiale, et surtout fait la connaissance de l’épouse de l’homme qu’il vénère. Une femme d’apparence fragile, qui le prend elle aussi sous son aile et va brutalement le faire basculer dans le monde des adultes.



Ce roman autobiographique, Charles Juliet l’a longtemps porté en lui avant, comme il le dit en présentation de l’ouvrage, de laisser l’enfant ressurgir et raconter son histoire. Celle de l’apprentissage, du passage de l’enfance à l’adolescence ; de l’éveil donc. Et c’est bien ce que j’ai trouvé de plus touchant dans ce roman, où l’on sent que c’est un enfant qui parle et qui vibre, tout en sachant que c’est un homme qui rédige. L’auteur est redevenu, le temps de cet exorcisme, le garçon qui se construit, et en qui s’affrontent et se mêlent des sentiments divers et souvent opposés. Capable de violence et de larmes en un même instant. Un garçon qui a peur de quitter l’enfance car il ignore qui il veut devenir. L’écriture est, tout comme le personnage, pudique, simple et émouvante. Belle en somme…tout simplement.




Lien : http://tassedethe.unblog.fr
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Lambeaux

Quel est selon vous le rôle d'un écrivain ? "


"Prêter à autrui les mots dont il a besoin pour avoir accès à lui-même et formuler éventuellement ce qu'il vit. Bien des gens sont coupés d'eux-mêmes et n'ont pas du tout la possibilité de dire ce qu'ils sont. Moi, à l'adolescence, j'ai vécu cette situation douloureusement. Je bouillonnais et je n'arrivais pas à parler. Beaucoup de gens sont pratiquement dans cet état toute leur vie. Écrire, c'est donc d'abord écrire pour soi, en fonction d'un besoin personnel, mais c'est aussi, je crois, savoir suffisamment se détacher de soi pour tenir un propos universel qui puisse concerner autrui. J'éprouve toujours le besoin de dépasser les limites de l'individuel pour aller vers quelque chose d'immense que je sens en moi, de l'ordre de l'universel. De même, écrire fait partie d'un travail que je poursuis incessamment en moi, un travail qui me met en paix."


Interview de Charles Juliet (extrait) trouvé sur EFM.LASIATE.COM


Dans ce texte très court et extrêmement dense,Charles Juliet livre l'histoire d'un combat, celui de l'écriture pour soi, pour extirper sa propre histoire enfouie dans les tréfonds de l'être et qui, au lieu d'avoir construit, a déconstruit, par trop de peines et de douleurs incommunicables.


Ce travail d'écriture nous est livré avec beaucoup de sincérité et est raconté comme une lutte contre soi-même, pour arriver à muer les douleurs silencieuses en mots.


Les phrases courtes, simples et serrées, viennent traquer les bouts de malheurs pour mieux les mettre à jour. Ils ont éclaté tout le long d'une vie pour la laisser en lambeaux de douleurs.





J'ai été très sensible à ce récit autobiographique unique qui, sobrement, dit toute sa difficulté à émerger en même temps que sa tenace nécessité à advenir.


Ce court texte est d'abord extrêmement plein et bien construit. L'écriture s'adresse à un "tu" triple, qui vient se dévoiler intimement au lecteur au fur et à mesure que le livre avance.


Le narrateur tutoie ainsi trois personnes: sa mère, morte quand il avait 7 ans mais dont il a été séparé dans des conditions dramatiques à l'âge de trois mois, puis l'enfant qui a grandit et l'écrivain qu'il est devenu, enfin, la mère adoptive, "la toute donnée", à qui il rend un hommage poignant.


L'auteur a réunit ainsi l'enfant et ses deux mères dans un dialogue intérieur et intime qui recompose leur l'histoire en mots de douleur, de deuil et d'amour. Il ne laisse rien de côté, avec minutie, obstination et constance, il met bout à bout, toutes les larmes, même les inconnues. La première partie de ce travail est sans doute celle qui m'a le plus émue.


Elle tente de faire toucher du doigt le drame de la mère qui va jusqu'à abandonner son enfant en faisant une tentative de suicide. Le fils imagine cette lente descente aux enfers, il la rumine, la fait renaitre, et semble l'expliquer.


Il raconte son histoire à elle : abandonnée de tous, elle mourra de faim dans un hôpital psychiatrique où elle a été enfermée abusivement.


http://sylvie-lectures.blogspot.com/2008/01/lambeaux-charles-juliet.html
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Au pays du long nuage blanc : Journal, Well..

J' ai acheté ce livre, charmée par le titre Au pays du long nuage blanc, la photo du Maori superbement tatoué. La quatrième de couverture dit: "Ce serait au IXe siècle que des Maoris, venant de Polynésie, auraient découvert une des deux îles qui, neuf siècles plus tard , allaient recevoir le nom de Nouvelle-Zélande. Selon la légende, alors qu'ils étaient de retour dans leur lieu d'origine, ils auraient parlé de cette île en disant: au pays du long nuage blanc".

Et moi, je me suis dit "chouette, je vais apprendre à connaître un peu ce peuple". Charles Juliet écrit un journal des cinq mois passés en Nouvelle Zélande où il parle de la religieuse française partie enseigner sur cette île au 19e siècle,de ses rencontres, de ses lectures,de ses promenades, de ses invitations à dîner... " Parfois des gens désireux de me connaître m'invitent à dîner. Mais au cours du repas, aucune question n'amorce le dialogue. De la sorte, rien ne se passe, l'ennui règne, et je prends congé, la déception de ces gens n'a d'égale que la mienne."

Ce livre se lit facilement, mais j'ai eu la curieuse impression que l'auteur parle rapidement de choses et d'autres, mais au final je n'ai rien retenu!

" 12 décembre

Dans les rues , par ces jours d'été, mon regard n'est jamais las de se poser sur ces poitrines avantageuses mises en valeur par les sweaters qui les moulent".

Je ne comprends pas l'intérêt de ce livre et j'ai l'impression d'avoir été trompée. Dans ce livre, je ne sens pas le moindre intérêt pour les Maoris.

C'est le premier livre de cet auteur que je lis et sans doute le dernier.
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Lambeaux

On peut mettre une vie entière à tenter de guérir des blessures de l'enfance. C'est le cas de Charles Juliet. Séparé de sa mère à l'âge de 3 mois, il a découvert son existence le jour où elle quittait ce monde. Il avait huit ans. Sa famille d'accueil, pourtant très aimante, ne pourra éviter la culpabilité de Charles vis à vis de sa mère biologique dont le destin a basculé en tragédie, un peu par sa faute à lui. Elle n'a pas supporté psychologiquement la naissance de ce quatrième enfant non désiré.



Dans une première partie, il dresse le portrait de cette mère qui rêvait d'un destin différent de celui des paysans laborieux de l'époque. Elle a fini ses jours dans un hôpital psychiatrique, dans des conditions effroyables. La seconde partie est consacrée à la propre histoire de l'auteur. Il nous raconte son enfance auprès la mère adoptive qu'il a aimé plus que tout. Il évoque aussi son adolescence perturbée et sa difficulté à se construire.



C'est un récit épuré qui raconte la souffrance de deux êtres qui se cherchent. Les mots sont soigneusement choisis, l'écriture est belle et classique. A noter, l'utilisation du "tu" qui surprend toujours un peu, mais que personnellement j'aime beaucoup. Ce "tu" interpelle le lecteur, ce qui va être dit sera très fort. C'est une lecture qui donne envie d'en savoir plus sur un homme qui a réalisé, pendant des années, un long travail d'introspection avant d'atteindre la sérénité à laquelle il aspirait.
Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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Bribes pour un double

"Bribes pour un double" est un recueil de poèmes léger en mots et plein en sens.

Charles Juliet nous parle subtilement -nous chuchote- comment aller du puits à la source- comment chercher la clarté sans avoir peur de la nuit.



"Rien ne peut

déraciner

ta lumière



la nuit

ne sera plus

ta prison"



Pas d'effet de style, une simplicité proche du dépouillement.



"Réduis

comprime

fais s’épanouir la quintessence"



Le poète a dû beaucoup cheminer pour en arriver là.

Ou alors c'est qu'il a la grâce.

Ou les deux.



Presque un livre de prière.



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Attente en automne - Maria - Turbulences

Les trois nouvelles de ce recueil ( Attente en automne, Maria, Turbulences) narrent le cheminement de deux jeunes hommes et d'un troisième d'âge moyen vers l'amour.



Tous trois sont empêtrés dans des parcours de vie ayant débouché sur des voies sans issue.



Il leur faudra traverser des épreuves intérieures de réflexion et de solitude pour enfin trouver le courage de se laisser aller à leur être profond en courant le risque de l'échec.



Les deux premiers rencontrent l'amour, le dernier ose enfin aller au-devant de lui.



Les issues «optimistes" de ces nouvelles laissent entendre que l'amour dont il est question ici est l'Amour avec un grand A, celui qui consiste à se trouver soi-même et à s'abandonner à la providence (quelque soit le nom qu'on lui donne) pour tout ce qui ne dépend pas de nous.



L'Amour est dépassement et ouverture à la vie : la deuxième nouvelle le suggère puissamment à travers l'évocation des écrits de sainte Thérèse d'Avila.



Le style de Charles Juliet est simple et limpide, sans recherche d'effet : il évoque la quête de lumière.



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Lambeaux

Vendredi 10h. Je termine cette lecture si touchante, si émouvante.

Charles Juliet rend ici un très bel hommage à ses deux mamans : la biologique et l'adoptive, celle qui l'a recueilli et élevé.



La première partie est magnifique bien que profondément triste. Une maman dépressive dont on découvre sa passion pour l'école, son premier et seul vrai grand amour, ses grossesses, son enfermement et sa mort. L'auteur et cette maman ont su me toucher. Puis l'autre maman arrive et on découvre alors la vie de Charles Juliet. Comment il est devenu ce qu'il est aujourd'hui.



La dernière partie où il s'exprime sur sa peur et son incapacité à devenir écrivain est un peu redondante et c'est pourquoi je ne lui attribue pas la note de 5. Cela dit, cela ne gâche en rien la beauté de l'histoire ni même au style de l'auteur. Un véritable plaisir.

Son utilisation du "Tu" est inspirante. Ses phrases courtes et son choix de mots sont inspirants. Merci Charles Juliet pour cette histoire émouvante et pour cette écriture.
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Journal, tome 9 : Gratitude (2004-2008)

Ce Journal de Charles Juliet couvre la période de 2004 à 2008, il fait suite à "Apaisement" paru en 2013. C'est un recueil de notes écrites au jour le jour, recueil de ses souvenirs, de ses rencontres avec des anonymes, des écrivains et des artistes célèbres, des professeurs et des lycéens. Il évoque aussi ses observations de passants, des histoires d’anonymes impliqués dans des faits divers... Il parle également de ses lectures, de sa passion pour la littérature, la peinture et l'art en général, en particulier de sa proximité avec Cézanne, passion qui l'a aidé à traverser des périodes difficiles de sa vie. Son travail d'écriture est aussi largement évoqué nous faisant entrevoir un homme plein de doutes.



Charles Juliet évoque de multiples contacts avec des lecteurs à l'issue de rencontres, contacts brefs et intenses au cours desquels ces inconnus lui confient des éléments intimes de leur vie qu'il relate au long de ce journal en respectant leur anonymat. Dans un premier temps j'ai été étonnée par la proximité qu'il entretient avec ces lecteurs qui lui confient ainsi spontanément des tranches de vie en général tragiques mais, au fil des pages, j'ai compris cette proximité en découvrant la personnalité de Charles Juliet, un homme tourné vers les autres, toujours attentif à l'autre, profondément empathique avec l'autre, un homme d'une grande humanité dont l'intérêt porté aux autres est impressionnant ainsi que la capacité à percevoir leur souffrance "Je me suis senti proche. J'avais pressenti qu'un problème avait dû assombrir son enfance." "J'ai lu de la souffrance dans ses yeux et le temps d'un éclair, je l'ai violemment aimée."



Les blessures qui nous construisent, les épreuves qui enrichissent me sont apparues comme le fil conducteur de son journal dans lequel il cite la phrase d'un de ses amis poètes : "Qui serions-nous sans nos blessures ?" Dans une sorte de quête intérieure, il évoque son enfance, l'internement de sa mère alors qu'il n'a que quelques semaines, son placement dans une famille de paysans à l'âge de trois mois, la disparition de sa mère sept ans plus tard dans des circonstances dramatiques, son départ à douze ans pour une école militaire, la solitude dont il a longtemps souffert et le chemin intérieur parcouru pour dépasser sa souffrance. C'est un homme tourné vers les autres mais aussi vers la vie qui proclame son amour porté "aux humains, aux animaux, à la nature, à la vie dans son ensemble". Un homme animé d'une grande vitalité malgré son grand âge et d'une volonté inaltérée d'acquérir sans cesse de nouvelles connaissances.



Charles Juliet nous livre ses réactions, ses pensées, ses sentiments face à des faits simples relatés dans un désordre qui pourtant ne manque pas de cohérence. Il développe sa réflexion, ses questionnements et nous donne sa vision du monde. Et surtout il souligne l'importance de travailler à la connaissance de soi pour conquérir notre liberté.



" Se connaître, c'est dépasser un inévitable égocentrisme, se donner une assise, conquérir une liberté et une force intérieures qui permettent de ne pas juger et de ne pas se laisser déstabiliser."



" Chacun doit intervenir en lui-même pour éliminer ce qui l'entrave, le retient, l'empêche d'être lui-même. "



Je l'ai trouvé également très honnête dans l'analyse qu'il fait des difficultés qu'il rencontre dans l'écriture qui est plus tourment que plaisir pour lui, il fait preuve dans ce domaine d'une grande humilité mais aussi d'un manque de confiance en lui très touchant. " Au fond ma difficulté à écrire m'a servi. Je peine à extraire les mots de ma nuit, je peine à les organiser, à leur trouver leur juste place dans la phrase qui s'élabore, mais pendant que j'hésite et tâtonne, ma substance coule en eux, les charge de ce qu'ils ont à exprimer."



A la fois regard intérieur mais aussi regard sur l'autre et regard sur son travail d'écriture, ce journal est tout sauf nombriliste, je n'y ai relevé aucune impudeur. Il révèle un homme simple, sincère, curieux de tout et très humble qui n'émet jamais aucun jugement. Ce journal qui relate souvent des faits tragiques n'est pourtant pas triste, je l'ai trouvé au contraire assez lumineux et apaisant. Charles Juliet parle souvent de son obsession du mot juste, "du parler clair", il en ressort une écriture précise et limpide, un style très épuré qui rend la lecture très agréable. Si style est très clair, sa pensée l'est également, l'assimilation de ses réflexions ne demande aucun effort. Charles Juliet sait aussi manier l'autodérision quand il raconte avec quelle naïveté il est tombé dans une arnaque qui lui a fait vider une partie de son compte en banque par excès de compassion envers un faux vendeur de blousons soit-disant sans un sou. Un livre profond et passionnant, une lecture qui ressource et nourrit intelligemment.

Une très belle découverte, la rencontre avec un grand et bel homme dont j'ai envie maintenant de découvrir l'œuvre.



Ce titre fait partie de la sélection du Prix Essai France-Télévisions 2018.
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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Lambeaux

Charles Juliet: encore un écrivain dont je n'avais jamais entendu parler. Une amie m'avait recommandé "Lambeaux" et, connaissant sa sensibilité, je lui a fait confiance: je ne regrette pas cette découverte. Ce livre, bref et intense, m'a d'abord surpris, en raison de sa structure en deux parties distinctes et pourtant indissolublement liées.

Dans la première partie, c'est sa mère biologique que l'écrivain évoque: une femme dépressive, éreintée par ses grossesses successives qui, après une tentative de suicide, fut internée en hôpital psychiatrique; elle y mourut de faim ( ! ) à 38 ans. La seconde partie est centrée sur l'auteur lui-même: placé alors qu'il est nourrisson dans une famille d'accueil suisse, le garçon a l'incroyable chance de "tomber" sur une seconde maman qui l'aime inconditionnellement. Cependant, toute sa vie sera perturbée dramatiquement par l'effet de la séparation d'avec sa première mère, dont il apprendra l'existence et la mort plus tard. Ses années d'adolescence, passées comme "enfant de troupe", furent très dures. Plus tard, il a voulu être écrivain. Toutefois, avant de le devenir vraiment, il lui a fallu affronter tous ses doutes ontologiques et assumer le poids immense de ces deux mères qui l'ont tant marqué, l'une par son absence, l'autre par sa présence.

Avec une sincérité et une justesse étonnantes, Ch. Juliet nous fait part de ses souffrances et nous raconte le chemin douloureux qui l'a conduit finalement à une sorte de délivrance. Le livre ne nous donne que la trame de sa vie: l'auteur ne veut pas se disperser en contant des anecdotes; il va droit à l'essentiel, sans complaisance, mais sans minimiser les affres par lesquelles il a dû passer. Son style est très particulier; ses phrases sont souvent brèves, à la fois sobres et percutantes. Dans son récit, il utilise souvent le "tu", qui interpelle mieux qu'une forme plus impersonnelle. Ce témoignage touchera au plus profond de lui-même le lecteur, même si son destin personnel a été beaucoup moins dur et étrange que celui de Ch. Juliet.
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L'Amour, la solitude

Wouaw, Wouaw

Et ben. Ce livre m'a apporté ce que peu de livres apportent. L'envie de me lever le matin avec le sourire.



J'ai connu le même effet avec le livre du voyage qui est un peu plus orienté adolescents.

L'amour, la solitude est pour ceux qui sont las de vivre.

Le titre donne une "impression" de "dépression" ?

Et bien détrompez-vous. Ce livre n'enfonce pas l'esprit, au contraire. Il donne envie de vivre.



Fabuleux quand on se demande pourquoi on est sur terre.

Très fortement inspiré du bouddhisme, il s'agit pourtant de philosophie mais plus encore, de psychologie.



Fabuleusement clair, et fabuleusement… fabuleux.

Ce livre m'a rendu, ni de la force, ni de l'espoir mais simplement l'envie de vivre légèrement et m'a permis de me rendre compte qu'il y a très très peu de raisons dans une journée, qui vaillent la peine d'être malheureux pour ceux qui n'ont pas de réels problèmes comme la santé. Je n'en vois pas d'autres personnellement.



Comment l'expression "vivre le moment présent" prend un sens alors qu'elle est prononcée à tout va sans que les parleurs aient la moindre idée de sa signification ou encore du "comment accéder à ca".



Comme s'il suffisait de le dire…

Non, il faut montrer comment accéder à quelque chose d'aussi abstrait que cela.



Ce livre nous fait prendre concrètement conscience de cela.



PS : Ce livre a été conseillé par de nombreux psychologues.

Certes, la psychologie est critiquable en bien des points, comme toute science, mais ce n'est qu'un outil dont se servent beaucoup de médecins pour abuser des patients à travers leur mal-être. Ce sont eux qui sont à blâmer et non l'outil.
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Rencontres avec Bram van Velde

Un livre fulgurant ou Bram Van Velde livre peu de mots, mais toujours d'une incroyable intensité. Deux grands taiseux pour des rencontres d'exception.
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Dans la lumière des saisons

"Dans la lumière des saisons" est un recueil de quatre lettres adressées à une amie installée au Texas.



A travers des promenades dans la nature au fil des saisons et l'évocation de ses lectures, Charles Juliet aborde en termes simples et modestes son voyage personnel vers la sérénité et la réconciliation.



Toujours cet élan vers la simplification de l'être...
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Entretien avec Fabienne Verdier

Puiser aux sources de la créativité, capturer l’instant de grâce où l’énergie du geste jaillit du vide, saisir l’extase du trait d’encre qui prend vie sur le châssis et exprime un peu du sens de l’univers, sens décrypté par une conscience, un cœur, une sensibilité humaine à l’œuvre… Fasciné par le parcours artistique de Fabienne Verdier, admiratif de sa personnalité et de sa conception de la peinture, j’ai pris plaisir à lire la retranscription de cet entretien entre cette femme qui se définit elle-même comme une artiste martiale, et Charles Juliet, poète et écrivain français, auteur notamment de « L’année de l’éveil » et de « Lambeaux ».



Après une courte introduction visant à définir l’approche de l’écrivain face à l’artiste-peintre, vient l’entretien à proprement dit, composé de questions, le plus souvent courtes, et des réponses de Fabienne Verdier. Mais plutôt que des réponses, ce sont des réactions, des observations, parfois même des digressions que l’artiste propose. Car Fabienne s’exprime rarement par affirmations ou négations. Elle préfère l’ellipse zen, l’association d’idées et d’images, le cheminement créatif à travers les mots tout comme par le truchement du pinceau gigantesque suspendu au plafond de son atelier monumental, véritable fosse à création. Par ce dialogue, l’artiste nous amène à comprendre l’état d’esprit et l’émoi interne qui précèdent l’acte de peindre. Elle nous familiarise avec la discipline du corps et de l’esprit qu’elle a fait sienne depuis plusieurs décennies, apprise des derniers grands maîtres calligraphes et peintres ayant réchappé à la Révolution culturelle chinoise.



Le texte est poétique, philosophique même, ponctué de références qui viennent nourrir la réflexion et les images intérieures de l’artiste. Aux questions plus pratiques, Fabienne Verdier ne verse pas dans le pragmatique, ne révèle que peu d’éléments relevant de la technique picturale. Elle préfère disserter sur le flux de pensée, le flot de l’encre, la flamme mouvante du pinceau nomade. Et saisir l’instant, toujours, afin de le contempler dans sa plénitude.
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Affûts

Poète de la quête de soi, Charles Juliet inscrit en lettres de feu l'amour maternel qui le conduit au-dessus du vide dans cette ordalie rédemptrice. L'intensité presque insoutenable de ses vers hachés, crépitants semble l'épreuve nécessaire qui conduira l'auteur à L'apaisement (pour reprendre le titre de l'un des volumes de son Journal). Avant d'y parvenir, il aura traversé une période critique. Cela se manifeste dans la plus grande simplicité, le dépouillement qui conviennent à son mysticisme. Sur le bord de l'incommunicable, Charles Juliet a donné naissance à une oeuvre tellurique. Le cosmos préside à ces accouchements dont le lecteur ne demeure pas indemne. Il ne faut chercher là ni joliesse ni musicalité, si ce n'est celle d'Arthur Honegger, ou bien plutôt, puisque le poète est amateur de jazz, des cris torturés de Charlie Parker. Affûts est un grand recueil du coeur. Il en émane une émotion incoercible.
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Lambeaux

Il y a des livres comme ça, qui nous prennent directement à la gorge, qui nous touchent en plein cœur. Des livres dont on sait dès les premières pages qu’ils s’inscriront à tout jamais dans notre mémoire de lecteur. On sent vraiment que l’écrivain a puisé au plus profond de lui-même pour délivrer une écriture aussi franche, sans artifices.(Critique complète sur mon blog)
Lien : https://murmuredelombre.word..
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L'Année de l'éveil

Je continue ma découverte de cet auteur. Il s'agit cette fois d'une autobiographie dans laquelle l'auteur évoque son passage dans une école de troupe en 1948. Le jeune garçon doit quitter la famille de paysans dans laquelle il était placé car il est orphelin et partir à Aix-en -Provence.

Il quitte à regret les vaches, les chiens et la campagne qu'il aimait tant.

La vie est rude dans ce collègue militaire car il y fait très froid, les garçons ne mangent pas à leur faim et surtout la discipline militaire est très stricte.

De plus, les plus jeunes élèves subissent souvent des brimades de la part des plus anciens.

Le jeune Charles se sent assez déprimé et seul, heureusement, un de ses chefs se prend d'affection pour lui et lui enseigne la boxe, il l'invite chez lui le dimanche. Charles fera alors connaissance avec sa petite fille et sa femme. Petit à petit, les sentiments qu'il éprouve pour elle vont évoluer.

Ce sera pour lui une année de découvertes essentielles, un passage vers l'âge adulte. Je trouve que l'intérêt de ce témoignage réside dans l'écriture, dans l'introspection de l'auteur qui s'auto-analyse avec beaucoup de maturité et lucidité.

C'est un texte très profond et parfois bouleversant.

J'ai envie de voir le film pour compléter cette lecture que je recommande.



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Lambeaux

Charles Juliet a écrit "Lambeaux" à la seconde personne du singulier, un récit consacré à sa mère biologique d'abord avant de devenir carrément autobiographique ensuite. Ainsi, il touche particulièrement le lecteur, le faisant entrer dans une intimité pleine de délicatesse, même si la réalité est souvent très dure à vivre.

Aînée de quatre filles, sa mère s'occupe de la ferme, travaille du matin au soir. Classée meilleure élève du canton, elle doit pourtant abandonner l'école et parle de son instituteur : « Ces phrases qui s'écoulaient de ses lèvres. Simples, aisées, passionnantes. Et qui, bien souvent, exprimaient exactement ce que tu souhaitais entendre. »

Toute la rudesse de la vie à la campagne est là avec ce père à qui elle a envie de parler sans y parvenir. Il a ses colères, jamais un remerciement, un encouragement : « Il ne te pardonne pas d'être une fille. »

Heureusement, il y a ce colporteur qui la fait rêver à un départ. La Bible est le seul livre qu'elle possède. Elle note et tient un journal sans s'en rendre compte. Puis il y a ce jeune étudiant qui lui permet d' « aimer, oui, mais aimer sans contrôle, sans mesure, dans un don de soi éperdu. »

Finalement, elle épouse Antoine qui travaille dans une scierie et s'absente de plus en plus. Après avoir donné naissance à deux garçons et une fille, elle met au monde un quatrième enfant, ce qu'elle ne supporte pas, tant sa solitude est grande. Après une tentative de suicide, elle est internée en psychiatrie : « Une fosse où croupissent des démolis, des effondrés, les crucifiés de l'interminable souffrance. » Abandonnée par tous, elle meurt de faim sous l'occupation nazie, à 38 ans, sort que subirent 40 000 personnes, au moins, dans notre pays.

Dans la seconde partie, Charles Juliet rend hommage à son autre mère, celle qui l'a élevé et lui a donné beaucoup d'amour. Toujours à la deuxième personne du singulier, il raconte en fait son parcours qui le voit passer de la vie à la campagne à l'École des enfants de troupe d'Aix-en-Provence puis à Lyon, au service de santé militaire.

Son cheminement vers l'écriture est long et difficile car il se heurte à trois principaux obstacles : la violence de ses émotions, le trop grand désir de bien faire et l'admiration qu'il porte aux grands écrivains.

Charles Juliet termine ces "Lambeaux" en se posant beaucoup de questions, demandant aussi pardon à cette mère que, bien involontairement, il dit avoir poussée dans la tombe. Malgré tout, il conclut ainsi : « Et tu sais qu'en dépit des souffrances, des déceptions et des drames qu'elle charrie, tu sais maintenant de toutes les fibres de ton corps combien passionnante est la vie. »
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Lambeaux

A travers ces "Lambeaux", comme autant de fragments douloureux du passé, l' auteur nous dépeint le destin tragique, quasiment bovaryque d' une mère biologique qu' il a peu connue et rend hommage a des parents adoptifs aimants. Pour finir , il esquisse les errements dépressifs qui précéderont les débuts de sa carrière d' écrivain et donneront lieu à " L' année de l' éveil ".En résumé, un magnifique récit autobiographique, certes loin d' être gai mais émouvant , sensible et de surcroit extrêmement bien écrit car peaufiné de 1983 à sa publication en 1995.
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Les présidents de la IIe République

Neveu d'un homme illustre qui a écrasé la France et l'Europe de son génie, je n'ai guère de mal à me faire élire, au suffrage universel (masculin) président de la République, en balayant le général Cavaignac, qui avait réprimé dans le sang l'émeute populaire après la chute de la monarchie, et le malheureux Lamartine. Je soigne ma popularité pendant mon mandat, que la constitution veut unique. On dit que mes dettes, et la perspective de retrouver mes créanciers au sortir de l'Elysée, m'ont convaincu de faire le coup d'Etat qui me maintint au pouvoir. Grâce à moi, Victor Hugo a eu le loisir d'écrire de bien beaux romans et poèmes.

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Nabot-Léon Sarkozy

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