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Critiques de Charles Juliet (334)
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L'Année de l'éveil

Autobiographie de l'auteur qui parle de sa deuxième année scolaire comme enfant de troupe dans une école militaire en 1948. Le portrait d'un jeune adolescent dont le quotidien ressemble a un enfer entre le froid, la nourriture frugale et avariée , les brimades des gradés et des anciens, les corvées et les punitions. Un jeune homme qui a un besoin viscéral d'aimer et d'admirer et qui va se faire remarque par son chef de section ,un ancien champion de boxe, qui va le prendre sous aile et l'inviter régulièrement chez lui le dimanche. Il va faire connaissance de sa femme et de sa petite fille. Commence alors entre l'adolescent et la femme de son chef une relation trouble et obsessionnelle.



Un portrait d'un jeune adolescent qui prend cet amour comme une trahison envers son chef qu'il vénère et une trahison aussi envers sa religion catholique. Cette année en plus d'être celle de son éveil sexuel sera aussi celle de sa révolte envers l'ordre militaire et la remise en question de sa foi. Une année scolaire où on le voit mûrir, grandir, résister aux brimades de l'armée pour le faire plier . Une année de l'éveil loin de la sérénité où l'on voit le narrateur traverser des moments de dépression et où les instants de joies sont peu nombreux.



Récit d'un adulte sur sa jeunesse sans pour autant tomber dans le misérabilisme. C'est avec détachement et avec une qualité d'écriture parfaite où chaque mot est pesé que l'auteur nous emmène dans ce milieu carcéral où la liberté de la personne n'était qu'une utopie.



Ma note 8/10 pour ce grand roman de l'initiation.



A noter que ce livre a reçu "le Grand prix des lectrices Elles" 1989 roman et qu'une adaptation cinématographique a été faite par Gérard Corbiau.
Lien : http://desgoutsetdeslivres.o..
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Au pays du long nuage blanc : Journal, Well..

Plus un carnet de rencontres qu'un carnet de voyages de l'écrivain lors de son séjour en Nouvelle-Zélande. Un journal sans prétention qui donne quelques clefs toutefois assez superficielles, sur la culture du pays. L'auteur partage ses réflexions sur l'écriture et son chemin personnel dans un récit très auto-centré et parfois superfétatoire.
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Au pays du long nuage blanc : Journal, Well..

Le journal de Charles Juliet, rédigé lors des mois qu'il a passé en Nouvel Zélande dans les années 2000, est intéressant. Il s'agit d'une lecture calme et instructive. Sa résidence d'écrivain, passée à l'autre bout du monde, lui a permis de découvrir les cultures néo-zélandaises, dont celle maorie, ainsi que la passion du rugby. Sa soif de rencontre alimente les nombreuses anecdotes qui ponctuent ce récit.
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Dans la lumière des saisons

🌷 Printemps 🌷

« J’attends que sourde la lumière

que meure le temps

que jaillisse l’eau dont j’ai soif. »

(P.16)



☀ Été ☀

« L’hiver, quand on subit les brouillards, le froid, la neige, on rêve de l’été. Mais lorsqu’il est là, avec les nuits où le sommeil se refuse, ses chaleurs exténuantes, ce mal-être dans lequel elles nous mettent, on se prend à le maudire. »

(P.26)



🍂 Automne 🍂

« Une douceur est là, présente dans l’air, les lumières, les ciels qui pâlissent. En elle se profile la menace du déclin, et c’est peut-être cette menace qui donne tant de prix à la splendeur de ces journées où la vie jette ses derniers feux. »

(P.46)



❄ Hiver ❄

« Mon village est sous la neige, et depuis quelques jours, la température oscille entre moins quinze et moins vingt. Je suis seul. J’apprécie ces journées d’hiver où le dehors me repousse. Ou rien ne vient s’opposer à ce que je ne love en ma pénombre. »

(P.66)



🍃 Voir les saisons défiler à travers les mots d’un homme à son amie lointaine. S’inspirer d’elles, mais aussi les vivre pleinement : la nature seule n’obéit pas aux saisons qui passent ; l’homme lui-même s’imprègne et se nourrit, malgré lui ou en son âme et conscience, de l’environnement qui l’entoure.

La vie est un éternel cycle dont l’homme est tantôt prisonnier tantôt maître ; l’été fait jaillir les espoirs que l’hiver avilit sans vergogne. Elle est un voyage à l’intérieur de soi ; un chemin d’humeurs et de désirs, d’attentes et d’imprévus. Le temps qui passe, les saisons qui défilent ; voilà en nous la nature qui se développe lentement. Puissent les mots évoquer l’immensité et la somptuosité de l’univers indomptable, et nous donner la force de croire en un bonheur intimement précieux.
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Lambeaux

Récit dans lequel l'auteur change juste son prénom et raconte ses origines. Quatrième d'une famille de quatre, sa mère biologique dont il raconte le parcours, &tait la plus grande d'une grande famille, devait s'occuper des plus petits et des travaux de la ferme sous l'égide d'un père bourru et taiseux. Elle a d'autres aspirations, connaît un amour malheureux, finit par se marier mais l'ennui et le quotidien la rattrapent. Tentative de suicide, HP abominable de l'époque, elle meurt pendant la guerre n'ayant pas été nourrie (méthode nazie envers ceux qu'ils considéraient comme "inutiles".)

Le narrateur, bébé, est recueilli par pure bonté par une autre mère dont le geste désintéressé sera salué par le jeune homme devenu écrivain après être passé par les enfants de troupe où il va se dessaler et surtout apprendre à écrire pour lui écrire des lettres.

Récit à la deuxième personne("tu"), le lecteur se sent impliqué dans cette quête intérieure des personnages, ce qui marque une continuité entre les mères et le fils. le style est tendu, ténu. En revanche, je trouve le dernier paragraphe inutile, explicatif et participant d'un lieu commun. A travers toutes ces souffrances, "la vie est passionnante". On tombe un peu de haut. Dommage.

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Lambeaux

Ce texte bouleversant laisse sans voix.

L’écriture est belle, dénuée d’artifice (que ça fait du bien en ce moment !).

Et tout y est. La vie dans ce qu’elle peut avoir de plus beau et de plus cruel : l’amour d’une mère, la violence de la contrainte et la folie de la guerre.

On y lit la douleur et la difficulté à vivre.

Que dire de plus ? A lire absolument !
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Lambeaux

Charles Juliet, dans cet ouvrage plus autobiographie que roman narre son enfance. Il écrit une vibrante page d'amour dédiée à ses deux mères qui l'ont bercé.. Sa mère biologique, issue du milieu rural rude de la montagne et que n'épargne pas la réalité de ce monde cruel. Sa propre enfance est très dure: elle consacre son enfance et son adolescence aux soins à apporter à la ferme et à l'éducation de ses trois sœurs. Pour échapper à l'emprise paternelle, elle épouse un homme frustre. Quatre grossesses en à peine 5 ans. Suite à une tentative de suicide, elle sera internée et mourra de faim en hôpital psychiatrique, au cours de la seconde guerre mondiale. Son dernier fils, l'auteur de ce récit sera recueilli par un couple doté de quatre enfants et sera choyé exactement comme le fils de la famille. Il s'épanouira au sein de cette famille adoptive. Il apprendra , âgé de douze ans la mort de sa mère biologique. Et ce drame le fera grandir trop vite. Il n'aura de cesse de devenir écrivain; Un passage ,dans une école de troupe , avec une scolarité en dents de scie, le jettera dans le monde des adultes et dans la carrière militaire, avec toute la discipline qui l'entoure. Au cours de ses années d'étude, il connaitra l'amour charnel auprès de l'épouse d'un supérieur qui l'a pris en amitié.

Il narrera ses années dan u n roman "L'année de l'éveil", abordant ce sujet brûlant de façon simple.



Ce petit récit poignant, est écrit avec beaucoup de sincérité. Charles Juliet exprime ses sentiments profonds avec de la poésie et de la retenue. Avec une immense franchise , il témoigne de l'amour maternel qu'il a porté à ses deux mères, l'une qui'il n'a même pas connue, l'autre à laquelle il a à peine pu témoigner ses ressentis par des caresses, des gestes de tendresse, des câlins...

Très bel hymne à l'amour maternel porté à son paroxysme avec pudeur, humilité et authenticité. Ce récit se lit d'une traite en à peine deux heures mais c'est un petit chef d’œuvre.
Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Lambeaux

Raconter ses mères pour les aimer encore. Raconter celles qui l'ont fait pour comprendre qui il est. Ecrire. Trouver les mots, ceux qui ont trop manqués et les sortir, enfin, comme on se met à respirer.



Charles Juliet écrit sa résilience et son amour pour ses femmes. Il s'écrit, petit à petit. De la genèse à la renaissance. Des racines au fruit.



Né d'une mère étouffée par sa vie, élevé par l'amour entier d'une autre, influencé par les deux, sans le savoir alors, il raconte. Et se trouve.



Se retourner pour avancer, mieux. Regarder d'où l'on vient pour assurer ses pas. Trouver d'où vient la graine, remercier la main qui l'a plantée, puis celle qui en a pris soin, comprendre d'où viennent les vents. Puis éclore, enfin.

Il écrit son passé au présent, lui donne une place dans sa vie. Sans hier, pas d'aujourd'hui.



Il écrit ses tourments, son étouffement. Les mêmes ou presque, que ceux de celle qui lui a donné la vie. Il écrit l'amour qu'il a reçu de celle qui l'a élevé, et celui qu'il lui a rendu, comme il a pu. Étymologie des maux pour trouver les mots. Et enfin les écrire pour exister. Se renaître.

C'est puissant et triste.

C'est l'histoire en sépia d'un homme né plusieurs fois, de plusieurs mères, puis de lui-même.

C'est un livre dont on se souvient, assurément.
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Lambeaux

Charles Juliet fait revivre ici ses deux mères : celle qui l'a mis au monde et celle qui l'a élevé. Le tout dans un style superbe, d'une grande clarté et d'une grande simplicité.

Les conditions de vie de cette famille, qui devaient être communes à cette époque, sont particulièrement bien mises en évidence : la pauvreté des paysans de montagne, leur précarité, le poids du travail omniprésent et aliénant, le patriarcat étouffant, les femmes réduites à la reproduction et au service familial, l'absence de culture émancipatrice.

L'ouvrage baigne dans un climat de grande tristesse sinon de déprime permanente. L'auteur semble dire à la fin que l'écriture l'a sauvé. C'est possible. Il n'en demeure pas moins qu'il ne sort pas de sa solitude.

Et pourtant, n'y a-t-il pas d'autres solutions, et là je suis conscient que je m'écarte de la critique littéraire : faire front, s'engager, mener bataille avec les autres. Il n'y a pas de meilleur remède à la déprime que la solidarité dans un combat commun pour un monde meilleur.
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Journal, tome 9 : Gratitude (2004-2008)

Tout d'abord signaler que j'étais en pleine lecture de ce journal quand j'ai appris le décès de l'éditeur... Je ne le connaissais bien sûr pas personnellement, mais tous les livres découverts chez lui au fil des années m'ont plu.



Au fil du temps, les titres des Journaux de Charles Juliet semblent vraiment coller à sa vie. Après Apaisement (on est loin du premier, Ténèbres en terre froide!) voici Gratitude, dont j'apprends en fin de volume que le texte a été envoyé à l'éditeur fin 2016. Il reste à souhaiter encore plein de jours à l'auteur et attendre le prochain volume!



"Gratitude, c'est le mot qui me vient quand je considère la vie que j'ai eue. Car la chance, à plusieurs reprises, a été avec moi, si bien qu’elle a déterminé mon destin : maman Ruffieux et sa famille, les enfants de troupe, ma rencontre avec M.L., la rencontre avec P.O.L... Aussi, lorsque je songe à tous ceux -amis, parents, sages, mystiques, écrivains, poètes, peintres, artistes, jazzmen, chanteurs, chanteuses...-, à tous ceux qui m'ont tant apporté, je suis éperdu de reconnaissance."



Comme d'ordinaire, Charles Juliet parle de rencontres, d'adaptations de Lambeaux, de sa vie. Des personnages connus apparaissent, mais aussi des anonymes, avec lesquels souvent le courant est passé, qui se sont confiés, des personnes aux blessures, souvent d'enfance, encore saignantes, parfois refermées. Une impression de simplicité, de plénitude, sans chichis ni recherche de style. Sans masque, tout en gardant pour soi ce qu'il convient, respectant les anonymats quand c'est nécessaire, même si l'on prend plaisir à retrouver des noms, par exemple lors de cette visite dans une librairie de Tours.



"Ce n'est pas parce qu'on ne peut tout dire dans un journal que la véracité de ce qui s'y trouve écrit doit être remise en cause."



Un passage du Talmud: "Il ne faut jamais demander son chemin à quelqu'un qui le connaîtrait, on pourrait ne pas s'égarer."



"A une lycéenne



Si tu veux écrire un poème

surtout surtout

ne cherche pas

à faire de la poésie

laisse-toi simplement

traverser par les mots

qui te viennent.

Ce que tu sens ce que tu ressens

cette brume qui veut

prendre corps

laisse-là s'épancher

sur la page

Surtout n'enjolive pas

ce qui t'est donné

Tiens-toi au plus intime

au plus vrai de toi-même

et les vers apparus

deviendront ces pépites

que les chercheurs de vie

aiment à trouver

au creux de leur tamis.


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Lambeaux

Il faut se taire pour ressentir les Lambeaux de Charles Juliet.

Chaque mot, chaque phrase, chaque paragraphe sonne le gong du temps qui passe. On lit. Et elle, elle vit. Mais qui est-elle vraiment ? On ne sait pas, on ne sait rien d'elle, mais tout est là : son temps passe.

Charles Juliet, comme un prophète lui parle à elle, et nous parle aussi à nous. Il se crée une forte intimité entre l'auteur, son personnage et nous même.

Comment dire... ce roman est impressionnant, révoltant et funestement vivant. Lecteur impuissant, on perce l'immense complexité d'une femme vivante pour aboutir à une apothéose de médiocrité. Le temps, trop lourd pour elle, se révélera alors à nous comme une urgence.

C'est un livre bouleversant et puissant qui percute toutes traces de joie et nous ramène à l'origine d'un corps en mal de conscience.

On détestera Lambeaux, mais il sera surement un des seuls livres à parler vraiment de nous. Les Lambeaux sont les nôtres. Les tiens, à toi.
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L'Année de l'éveil

J'ai infiniment aimé ce livre, qui évoque une thème dérangeant -une histoire d'amour entre un adolescent d'à peine douze ans et une femme- mais avec tant de sincérité, de force et de beauté que tout passe. Touchée au coeur par cette belle écriture et cette histoire bouleversante si joliment narrée.
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Lambeaux

Ce livre qui me faisait peur, je l'ai finalement avalé quasiment d'un souffle. Une biographie/autobiographie indispensable à qui veut lire l'oeuvre de Charles Juliet, en particulier ses Journaux. En première partie, il évoque sa mère, avec le "tu", sa mère qu'il n'a jamais connue, puisqu'atteignant le fond de l'épuisement après quatre naissances rapprochées, elle a dû être hospitalisée et est morte en hôpital psychiatrique à l'époque où se pratiquait L'extermination douce sur les patients (années 40 en France). L'auteur a été placé dans une famille dont la mère est devenue son autre mère, à qui il a voulu rendre hommage. Dans cette seconde partie, le "tu" s'adresse à lui-même, racontant ses années d'enfant de troupe, puis d’écrivain.



Après avoir rédigé une vingtaine de pages de ce récit (1983), il doit abandonner. "Il remue en toi trop de choses pour que tu puisses le poursuivre. Si tu parviens un jour à le mener à terme, il sera la preuve que tu as réussi à t'affranchir de ton histoire, à gagner ton autonomie." Après avoir écrit L'année de l'éveil, il reprend Lambeaux et le termine (1995).



Charles Juliet use d'une écriture sobre; les faits, terribles, parlent d'eux-mêmes. Je ne raconte pas tout, histoire de laisser à découvrir, attention ça peut secouer tout de même. Les dernières pages seraient toutes à citer. Ouvrant vers l'espoir, la vie, la lumière, l'apaisement. Un récit formidable, qui marque.
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Ces mots qui nourrissent et qui apaisent

Ces citations ont été chacune un jalon posé dans le parcours de Charles Juliet. Il les a portées longuement, intégrées à sa propre pensée. Elles sont diverses :François d'Assise, Rûmi, Van Gogh, Kafka, Tchouang Tseu, Krishnamurti, Goethe, tchekhov, Yourcenar... Près de deux cent noms pour un bon millier de citations que n'ordonne que le hasard du fil des lectures.

On aimerait s'abreuver à la même source, grandir de la même grandeur

Mais on doit se contenter de picorer.

L'absence de références précises (dont il s'excuse) laisse sur sa faim le lecteur désireux de retrouver la citation dans son texte d'origine.

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Cézanne un grand vivant

Un livre fort sur la création et son exigeance. Le croisement de deux regards, celui d'un peintre et d'un écrivain qui trouve dans l'oeuvre du maître, la matière de son propre cheminement. Un récit éclairant pour tous ceux qui se questionnent en profondeur sur l'acte de création.
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Une lointaine lueur

Cette oeuvre a été éditée chez Fata Morgana en 1977. Charles Juliet était encore jeune, et s'il avait déjà décidé de la direction de sa vie, sa poésie (ici en prose) est encore un peu bavarde.

Tant sont sublimes ses épures plus tardives, telle « Bribes pour un double » édité en 1992.



Juliet est un grand poète dont on peut suivre l'évolution spirituelle à travers le dépouillement de plus en plus exigeant de son écriture.

—-

Certains suivent ces chemins malaisés : Monsieur de Rivière, nanti d'une bonne charge dans le monde, quitta tout pour devenir cordonnier à Port-Royal-des-Champs ; Pascal Quignard renonça en 1994 à des carrières éditoriale et musicale en pleine ascension.



Charles Juliet, lui, fils de paysan, abandonna des études de médecine pour écrire. Quoi, il ne savait pas encore. Mais ce qu'il savait, c'est que sa vie en dépendait.



Il est des audaces qui, vues en amont sont pures folies, et en aval lumière.
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L'Amour, la solitude

Je commence par la synthèse de l' objectif du livre tel que mentionné par l'auteur lui même: "l'idée était de faire un livre qui ne fut pas tout à fait un livre de philosophie, mais plutôt le livre d'un philosophe, sur ce que la philosophie et la vie lui avaient appris".

Dès ce moment, j'ai eu la confirmation que j'allais apprécier!



André Compte-Sponville partage au travers de trois entretiens diverses réflexions, convictions, son évolution personnelle (notamment son passage de la littérature à la philosophe).

Il le fait de manière directe, avec simplicité, sans jargon, et surtout avec franchise. Pour illustrer ce dernier point, par exemple, je citerai au moment où il parle de ses tentatives d'écriture littéraire "son manque d'imagination". Rares sont les auteurs osant partager ce genre de constat! Une belle illustration d'humilité , mais aussi de sincérité qui suffirai presque à justifier à elle seule la lecture de ce livre...

Mais le fond est très présent, et on y retrouve l'attachement viscéral de A Compte Sponville à l'amour ("il n'y a que l'amitié qui compte, il n'y a que l'amour qui compte"), malgré la nécessité épicurienne de contenir les désirs, la revendication d'une nécessaire et incontournable solitude (qui n'est pas une vie d'ermite), quelques fléchés acérées quant à l'ego des écrivains, la vie compte plus que la ...philosophie....



Pour conclure, je repend sa propre définition de la philosophie qui pose notamment: "la philosophie a la vie pour objet et le bonheur pour but."

Comment pourrez vous ne pas lire ce livre? Et/ou ajouter à votre PAL un échantillon de livres de philo?
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Journal, tome 1 : Ténèbres en terre froide (1..

« 13 janvier



La triste et banale histoire de tout amour: il commence dans l’avidité, se poursuit dans les habitudes et s’achève dans l’ennui. »



Cette 3eme entrée dans le 1er journal (1957-1964) de Charles Juliet donne le ton : rien, absolument rien ne sera épargné ni à l’auteur ni au lecteur qui va assister, impuissant, à une véritable descente aux enfers spirituelle de l’écrivain. Aux journées tétanisantes d’ennui se succèdent les rencontres embarrassantes et les pensées suicidaires. « Je marche, marche… Je suis certain d’avoir tout raté, d’être un médiocre promis à une minable déchéance. Seule pensée qui me donne un peu d’apaisement, celle du suicide, qui vient pourtant tout aggraver. » La lecture de ce journal intime est réellement effrayante, d’autant plus qu’une certaine lucidité alliée à une impossible exigence font que nous ne pouvons que comprendre cet homme pris dans les filets du désespoir. Comment ne pas être saisi d’effroi lorsque nous comprenons que le jeune écrivain passe des journées assis devant son bureau sans pouvoir écrire une ligne ? « Comment veux-tu pouvoir écrire ? Tu te hais. » Charles Juliet creuse en lui, au plus profond, il veut déceler son origine, son essence même. Cette obsession lui fait passer ou renier tous les instants de légèreté que la vie lui apporte. « Vivre aux aguets de soi-même, à l’écoute de sa lucidité, c’est arracher de soi les racines de la vie. » Mais ce journal est l’occasion de découvrir un immense poète à l’orée de sa vie artistique, et on est à chaque page estomaqué par les fulgurances qui traversent les pensées de l’écrivain: » Seule une œuvre pourrait conférer ordre, sens et continuité à ma vie. » Et c’est dans les derniers pages de ce dense journal qu’on aperçoit enfin une clarté qui vient éclairer la vie de Charles Juliet, à son grand étonnement. Les racines sont là, une vie d’écrivain peut commencer. Mourir pour mieux renaître.
Lien : https://cestarrivepresdechez..
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Lambeaux

L'auteur évoque ses deux mères : la première, jeune fille vive et (sur)douée pour les études dans une famille où le père est un rustre. Lorsqu'elle quitte la maison c'est pour se retrouver prise au piège d'un mariage qui ne lui offre aucune espérance et qui la déprime au fil des années, ce qui la conduira à être enfermée dans un asile.

A la mort de sa mère, le petit garçon qu'il était alors se retrouve placé dans une autre famille et ne retrouvera la sienne que bien des années plus tard, qui l'accueillera d'ailleurs de manière impolie. Grâce à sa mère adoptive, l'auteur trouve sa voie et après ses études de médecine, il comprendra que seule l'écriture peut le sauver de sa propre dépression.

**

Comme en réponse à sa mère qui crevait de n'avoir personne à qui parler, en réponse à sa seconde mère envers qui les mots avaient tant de mal à s'exprimer, l'auteur nous livre 150 pages qui se lisent d'une traite et d'où s'échappe, plusieurs semaines après la fin de ma lecture, l'image de la première mère qui n'a manqué que de naître dans une famille compréhensive pour s'épanouir.
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Lambeaux

Un magnifique instant de lecture ; l‘hommage à deux femmes, la mère biologique qu’il n’a pas connue, et la mère de cœur qui l’a élevée avec tant d’amour ; et la recherche de soi à l’âge adulte, où chaque moment de l’enfance apporte sa note, ou d’espoir, ou de résignation.

Une écriture exceptionnelle, un style magnifique me font donner à cet ouvrage un « cinq étoiles »…

A lire et à relire, pour découvrir au-delà de chaque mot, l’expression de chaque non-dit, de chaque silence plus expressif encore que les mots eux-mêmes.

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