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Critiques de Charles Williams (211)
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Le bikini de diamants (Fantasia chez les pl..

Séquence humour et roman noir dans l'Amérique profonde, je découvre Charles Williams grâce à Babélio et ses lecteurs.

Un récit vu par les yeux du jeune Billy, sept ans et fils de "Pop", un arnaqueur patenté qui décide d'aller voir son frère "Sagamore" à la campagne dans sa ferme, un arnaqueur qui lui va se révéler carrément "hors concours"...

Donc pour résumer, des flics crétins, des arnaqueurs malins et retors, une femme fatale (et son bikini de diamants), un zeste de prohibition et une histoire complètement déjantée, mi- sérieuse et souvent un peu "barrée".

A sept ans on voit les choses d'une façon plutôt innocente, ce qui va ajouter pas mal de décalages savoureux côté narration, j'avoue que j'ai souvent bien rigolé, il faut dire que cela a parfois un peu des faux airs de "Shérif fait moi peur", le genre d'histoire où il y a des meurtres, mais de façon anecdotique vu que l'essentiel est ailleurs dans cette comédie dont la seule ambition est de nous amuser, objectif atteint, cela se lit tout seul.

Pour conclure il s'agit d'une bonne récréation, un bon moment de lecture sans prise de tête.
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Le bikini de diamants (Fantasia chez les pl..

Histoire de se refaire une santé, de remettre les compteurs à zéro et se faire oublier, autant que faire se peut, des combines hippiques, Pop décide d'emmener Billy, son gamin âgé de 7 ans, chez son frère Sagamore Noonan. Car, comme dit Pop, « les fermes, c'est fortifiant ». Mais, on ne peut pas dire que Sagamore soit réellement un fermier. En douce, il fabrique de l'alcool de contrebande et tanne des peaux de bêtes pour couvrir les odeurs. Bien malin pour qui a le shérif, suspicieux et habitué aux plans foireux de Sagamore, et ses deux acolytes sur le dos. Avec lui vit oncle Finley qui passe ses journées à construire un bateau en vue de la prochaine grande montée des eaux qui devrait, selon lui, engloutir tout le pays. Avec tout ce monde autour de lui, Billy est certain de passer un super été d'autant que peu après débarquent le docteur Severance et sa nièce, Miss Harrington, qui souffre d'anémie. Ces deux-là cherchent un petit coin de terrain calme et isolé, loin du tumulte de la ville, pour soi-disant se reposer...



Bourré d'humour, de situations aussi grotesques que déjantées ou d'événements improbables, ce roman à l'imagination débordante, nous emmène au fin fond de l'Amérique, chez oncle Sagamore, un expert en magouilles en tous genres. Pop et le jeune Billy vont en voir de toutes les couleurs à ses côtés et ne risquent pas de s'ennuyer à la ferme d'autant que les va-et-vient incessants ne vont pas les laisser de tout repos. Que ce soit Miss Harrington, soi-disant malade, et son bikini de diamants, le shérif qui cherche à coincer Sagamore depuis des années ou encore Finley, l'ancien prédicateur un brin fêlé. L'intérêt de ce roman réside dans le fait que Billy est le narrateur. Aussi, c'est lui qui décrit les situations, qui essaie de les analyser de ses yeux d'enfant. Un enfant naïf qui croit dur comme fer aux mensonges des adultes manipulateurs. Nul doute que beaucoup de choses lui échappent ! Truculent, incisif, au langage argotique, ce roman de Charles Williams nous fait passer un séjour fortifiant à la ferme !



À noter que ce roman a été adapté au cinéma par Gérard Pirès avec Lino Ventura, Jean Yann et Mireille Darc.
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Hot Spot

Une perfection..

Paru sous le titre The Hot Spot en 1953, ce roman est devenu un classique du genre et on comprend pourquoi… Une histoire ciselée comme une pièce de joaillerie, une mécanique bien huilée , un vrai travail de professionnel .

Charles Williams sait ce que veut dire un début , un milieu , une fin , dignes de ces noms, et entre ces trois passages obligés , toi lecteur , tu savoures, tu flippes, tu angoisses, tu kiffes et tu jubiles …

Et cet écrivain sait planter son décor : une toute petite ville paumée au Texas, où l'on s'ennuie. Il fait chaud , très chaud quand soudain " Arrive un vagabond " , Madox, trente ans, un homme dont on ne sait rien, au nez cassé . Il trouve tout de suite un emploi de vendeur de voiture. Un jour, un incendie se déclare dans la ville , et la banque est pratiquement déserte, vulnérable. Pourquoi s'embêter à travailler plus pour gagner plus, lorsqu'un braquage facile vous tend les bras ? Et c'est le début des emmerdes , des mauvaises décisions prises par Madox… Les deux autres s'appelleront Dolores et Gloria.

Il fait chaud...

A ma droite : Dolores Harshow, la femme du patron. Aussi mûre et veloutée qu'une pêche dans le péché , une garce qui s'ennuie et a jeté son dévolu sur Madox. [ " A moins qu'elle soit assez furax pour me larguer, elle. Je reviendrais sans cesse. Dans le seul secteur d'activité qui 'intéressait, elle était extraordinaire" ]

A ma gauche : un poids plume , fragile , la secrétaire : Gloria Harper, des jambes interminables, de grands yeux innocents, vingt et-un printemps au compteur , rongée par un secret .

La vierge ou la putain, le péché ou la rédemption.

Madox devra choisir entre ces deux femmes fatales , à condition que le shérif lui foute la paix .

Dés lors , a t'il vraiment le choix ?

Il fait chaud, très chaud...

Diabolique , ce Charles Williams : intraitable avec ces personnages...

Implacable la mécanique… Une magistrale leçon d'écriture, une claque ( que dis-je) , un classique , que vous pouvez également voir sur grand écran ( The Hot Spot de Dennis Hooper, avec Don Johnson , Virginia Madsen, et Jennifer Connely.]



(Un immense merci aux éditions Gallmeister et à Babelio pour sa masse critique … )





Challenge Mauvais Genres
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Hot Spot

Pourtant fraichement débarqué dans une petite ville paumée du Texas, Harry Madox, un homme sans attache et au passé mystérieux, ne tarde pas à trouver un poste de vendeur dans une concession de voitures dirigée par George Harshaw. En ce jour d'été suffocant et torride, le jeune homme se rend à la banque et constate qu'il n'y a personne derrière les guichets. Et pour cause, un incendie ravage une maison et la plupart des gens est allée voir sur place. Ce qui, évidemment, donne des idées à Madox. Pourquoi s'embêter à travailler lorsque de l'argent frais, qui plus est sans surveillance, ne demande qu'à être cueilli ? Un plan pas si facile à mettre en place d'autant qu'il fait la connaissance de Gloria Harper qui dirige le service de prêt non loin du garage et dont il tombe sous le charme aussitôt, mais aussi de Doroles Harshaw, une femme manipulatrice et déterminée...



Bienvenue à Taylor, petite bourgade où l'on s'emmerde un peu. Mais, qu'importe pour Madox, il ne compte pas y rester bien longtemps. Son plan, à savoir braquer une banque visiblement devenue libre-service, devrait lui permettre de mettre les voiles rapidement. Mais c'est sans compter sur son beau corps d'athlète qui va faire chavirer le cœur de deux femmes au caractère diamétralement opposé : la brune et douce Gloria et la torride et sensuelle Dolores. Charles Williams nous offre ici un thriller sulfureux au scénario parfaitement huilé et à la noirceur prégnante. De par son écriture ciselée, il nous plonge dans une ambiance particulièrement oppressante et suffocante et dépeint avec finesse les failles de l'âme humaine. En ce mois d'été particulièrement chaud, les corps et les cœurs sont mis à rude épreuve. Qui a dit qu'on s'emmerdait à Taylor ?
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Le bikini de diamants (Fantasia chez les pl..

Ayant cite ce livre dans mon precedant billet, je me devais de lui consacrer quelques lignes.



C'est le compte-rendu des mefaits d'un bouseux picaresque qui, avec son frere venu le visiter, roule les autorites du lieu, prenant un malin plaisir a les ridiculiser. Avec beaucoup de panache et une verve qui coule a flots. C'est d'un burlesque desopilant.



En plus ca a un cote charmant parce que c'est raconte par un enfant de 7 ans. Tres degourdi l'enfant, pas bete pour un sou, tres eveille, rien ne lui echappe, mais evidemment s’il voit et rapporte le comment, il ne comprend pas le pourquoi des actions. Qu'a cela ne tienne, pour le lecteur les manigances sont clarissimes et son plaisir est double par les etonnements et les emerveillements de l'enfant.



Du cote du bouseux arrive un malfrat cachant une charmante danseuse de music-hall qui se baigne vetue d'un minime bikini de diamants (voir le titre original). D'autres gangsters vont vite arriver a sa recherche et ca va mitrailler tres serieusement. Des macchabees partout. Mais la jeune danseuse, a-t-elle ete atteinte? C'est la que notre cul-terreux (pas du tout plouc, malgre le titre choisi par Marcel Duhamel, son insigne traducteur) va afficher son genie: il va organiser des recherches a l'echelle du comte, en fait attirer toute sa population masculine vers une enorme kermesse qui va lui rapporter gros.



Comment tout ca va finir? Je vais spolier: magnifiquement pour le gosse. Pour tous les autres, flics ou bouseux, danseuses ou gangsters, vous n'avez qu'a lire le livre si vous voulez le savoir.



Et vous feriez bien de le lire, parce que derriere cette franche partie de rigolade, Williams infiltre la situation de misere des campagnes americaines pendant la grande depression americaine des annees 30, stimulant des tentatives de s'en sortir pas toujours “tres catholiques", et la corruption generalisee des administrations et de la police. Il est vrai que d'autres ont developpe cela avant lui et meme mieux que lui. Mais en faire le sujet d'une farce? Je crois qu'il n'y a que lui qui ait ose. Et qui en ait produit une telle reussite dans son genre.



Je dirai meme plus: vous feriez bien de le lire dans la vieille traduction de Marcel Duhamel, celle au titre ringard de Fantasia chez les ploucs, vieille mais immortelle; il explose, le Duhamel!

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Le bikini de diamants (Fantasia chez les pl..

Oubliez le titre ringard et sa photo vieillotte... Meuuuuuhhhh ! Imaginez plutôt à la place une superbe danseuse se déhanchant en bikini serti de diamants ! Oh la vache…



Après m'être délecté il y a quelques mois de «La Fille des collines » et de « La Fille des marais », bénéficiant d'une nouvelle traduction intégrale datant de 2011 de « Bye Bye bayou », j'ai de nouveau craqué pour un roman de Charles Williams, a priori le plus connu, « Fantasia chez les ploucs ».



Publié en 1956 sous le titre original anglais de « The Diamond Bikini », je constate encore une fois que la traduction française « Fantasia chez les ploucs » bénéficie d’un titre qui dessert le livre. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?



Franchement, un « bikini serti de diamants » avec une belle nana en couverture ferait davantage fantasmer le lecteur, surtout s’il s’avère être masculin (je ne vous parle même pas des lecteurs dont le prénom commence par H), qu’une grosse vache devant la ferme des ploucs.



Plus sérieusement, « Fantasia chez les ploucs » est un roman noir américain dont la particularité reste que le narrateur est un jeune garçon de sept huit ans nommé Billy, donnant un point de vue naïf et candide que j’avais déjà rencontré dans « Les Marécages » de Lansdale.



Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Billy a hérité d’une sacrée famille de combinards. Son père, Sam Pop est « conseiller en placements hippiques ». Traduisez, il voyage de champs de course en champs de course à travers le Texas et d’autres états du sud pour arnaquer les fans de course hippique.



Justement à cours d’oseille, Pop, débarque avec Billy et leur chien Sig Fride dans la ferme de Sagamore Noonan, l’oncle de Billy pour se refaire quelque peu. De son coté, Sagamore Noonan est soupçonné par le shérif de distiller et de commercialiser de l’alcool de contrebande. Et pour terminer, l’autre oncle Finley, prédicateur redoutable, est le plus cinglé de tous et passe son temps à construire un bateau de fortune avec des planches récupérées pour parer aux prochaines montées des eaux qui engloutiront les terres et les hommes des Etats-Unis. Quel beau tableau de famille !



Cerise sur le gateau, quelque temps après l’arrivée de Billy, le Docteur Severance et sa nièce, Miss Harrington, atteinte d’anémie très grave, débarquent dans leur somptueuse roulotte et décident de louer à Noonan un lopin de terre donnant sur le lac…



Qui dit lac dit… baignade dit… maillot de bain dit… bikini en diamants !



Je ne dévoilerai pas la suite de l’histoire plutôt déjantée et drôle mais vous pouvez imaginer qui déclenchera une sacrée pagaille dans la ferme des Noonan...



Contrairement aux précédents ouvrages de Williams écrits avec une finesse incroyable, le vocabulaire est volontairement ras de bitume et bourré d’argot. Les scènes avec le Shérif et ses adjoints sont absolument hilarantes et pleines d’humour.



Concernant le récit, l’histoire est bon enfant et se laisse racontée par le gosse avec plaisir. Néanmoins, j’ai constaté que le milieu du roman s'avérait très poussif et surtout la fin trop simpliste et pas assez travaillée au regard des efforts déployés avec succès par l’auteur en seconde partie de roman.



Si vous recherchez une lecture divertissante et délirante, n’hésitez pas avec cette histoire invraisemblable venue du sud des Etats-Unis. Pour les autres, je ne peux que vous conseiller les deux histoires sur les filles des collines et des marais, pouvant être lues dans un ordre quelconque. Le premier (la fille des collines) reste mon préféré (5/5) par son caractère atypique tandis que le second relève plus d'un polar noir attendu (4,5/5).
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Calme plat (Calme blanc)

C'est sur les eaux calmes de l'océan Pacifique que Rae et Ingram décident, quelques mois après leur mariage, de passer leur lune de miel, à bord du Saracen. Libérés des frustrations et des ennuis de la terre ferme, ils voguent depuis des jours et font cap sur Tahiti. Ils aspirent encore à de nombreux jours de tranquillité, d'amour et de calme plat. Jusqu'au jour où Ingram aperçoit au loin un yacht, encalminé lui aussi. Sans peine, il distingue alors avec ses jumelles un canot avec quelqu'un à son bord, ramant dans leur direction. Arrivé à leur hauteur, l'homme lâche les rames et monte sur le voilier, avec l'aide d'Ingram. Visiblement déboussolé, tremblant, il accepte avec plaisir l'eau que lui tend Rae et se présente, une fois ses esprits retrouvés. Hughie Warriner leur dit alors que ses compagnons de voyage, sa femme et un couple d'amis, sont morts d'une intoxication alimentaire et que le voilier prend l'eau depuis des jours. Tandis que le jeune homme se repose, Ingram, méfiant, quelque peu sceptique par rapport aux propos du rescapé, décide d'aller voir sur le bateau. Malheureusement, c'est un tout autre spectacle qui s'offre à lui et il se rend compte, lorsqu'il voit son propre voilier s'éloigner, que le jeune homme s'est bien joué de lui...



Une lune de miel qui tourne au cauchemar pour Ingram et Rae. Deux voiliers encalminés sur une mer d'huile. D'un côté Rae et ce beau jeune homme, Hughie Warriner, qui, visiblement, fuit quelque chose. De l'autre, Ingram, Mme Warriner et Bellew. D'abord surpris par leur présence à bord de l'Orpheus qui prend l'eau petitement, Ingram va peu à peu découvrir ce qui s'est vraiment passé sur ce voilier mais aussi la véritable personnalité de Hughie. Dès lors, il fera tout pour rejoindre sa femme malgré les nombreux obstacles. Sous un soleil incandescent, en plein milieu de l'océan, Charles Williams nous entraîne au cœur d'un huis clos, dans une atmosphère de plus en plus oppressante et tendue. Il dévoile, au fil des pages, le caractère de chacun et leurs motivations. Un roman haletant et terriblement efficace...



À noter que ce roman a été adapté au cinéma par Phillip Noyce, sous le titre "Calme blanc", avec Nicole Kidman et Sam Neil.
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Le bikini de diamants (Fantasia chez les pl..

Les éditions Gallmeister continuent d’exhumer des pépites oubliées de la littérature américaine, et nous offrent l’occasion de redécouvrir des chefs-d’œuvre au charme suranné mais intact. Paru en 1956, sous le titre original « The Diamond Bikini », traduit sous le titre « Fantasia chez les ploucs », le roman iconique de Charles Williams bénéficie d’une nouvelle traduction de l’excellente Laura Derajinski, et d’un titre plus conforme au titre originel, « Le bikini de diamants ».



Ce roman tient une place particulière dans l’œuvre de Charles Williams. Une œuvre essentiellement consacrée aux romans noirs, dans laquelle on retrouve notamment les remarquables « Calme plat » et « Hot Spot », qui furent adaptés au cinéma. Porté à l’écran sous le titre de « Fantasia chez les ploucs », « Le bikini de diamants » nous est narré par Billy, un enfant de sept ans et évoque davantage un monument de drôlerie qu’un roman noir.



Toujours en vadrouille avec son paternel, conseiller en placements hippiques, Billy va, le temps d’un été, s’installer chez son oncle Sagamore Noonan. Un fermier haut en couleur, qui tanne du cuir pour masquer l’odeur de son activité prohibée de distillation de bourbon. Son épouse Bessie vient de lever les voiles pour une durée indéterminée, et l’oncle Finley, aussi sourd qu’illuminé, continue inlassablement de clouer des planches pour construire la nouvelle arche de Noé.



Si Sagamore s’adonne joyeusement à son passe-temps favori qui consiste à faire tourner en bourrique le shérif et ses hommes, c’est l’arrivée de Choo-Choo Caroline, strip-teaseuse pourchassée par des gangsters, qui rendra les vacances de Billy inoubliables. La plantureuse jeune femme, s’installe en compagnie du « docteur » Severance sur la propriété de Sagamore.



« Mlle Harrington a agité sa cigarette vers lui.

- Salut, vieux, elle a dit. Rentrez donc votre langue. Vous êtes en train de mouiller votre chemise. »



Caroline n’a pas sa langue dans sa poche et ne se gêne pas pour se moquer des hommes qui la reluquent avec un peu trop d’entrain. Elle noue en revanche une relation teintée de tendresse avec le jeune narrateur, à qui elle entreprend d’apprendre à nager dans le lac situé sur la propriété.



L’été magique de Billy se corse lorsque Caroline disparaît, seulement vêtue de son bikini de diamants. L’oncle Sagamore organise une chasse à l’homme (ou à la strip-teaseuse en l’occurrence) démesurée et orchestre une fête foraine pour accueillir les milliers de participants qui se sont portés volontaire pour voler au secours de la jeune femme en péril.



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L’originalité du « Bikini de diamants » tient évidemment à l’âge de son narrateur. L’intrigue nous est contée à hauteur d’un enfant de sept ans, qui croit que son oncle est vraiment un tanneur de cuir, ignore tout de son activité illicite de distillation de bourbon et porte un regard innocent sur la beauté spectaculaire de la délicieuse Choo-choo Caroline.



En confiant la narration à Billy, Charles Williams délaisse les tropes du roman noir « hard boiled », et nous propose une intrigue facétieuse et décalée, dont la drôlerie est tout simplement irrésistible.



« Je sais pas pourquoi mais un homme a beau essayer de toutes ses forces, il risque pas d’être au mieux de ses performances si sa femme déblatère vingt-quatre heures sur vingt-quatre sur son foutu calcul biliaire. »



Les oncles Sagamore et Finley, le père de Billy qu’il appelle affectueusement Pop ainsi que le shérif et ses adjoints peu dégourdis évoquent un cirque joyeux qui tourne en roue libre. Lorsqu’une fête foraine s’installe sur la propriété de Sagamore, Billy évolue dans un monde étrange qui suggère une forme de rêve enfantin, où il n’est jamais l’heure d’aller se coucher.



Le tour de force de l’auteur est de nous proposer un double niveau de lecture, le regard porté par Billy sur la succession d’événements qui viennent pimenter l’été de ses sept ans, et l’intrigue « noire » que reconstruit le lecteur en lisant entre les lignes. Le plaisir ressenti à la lecture du roman tient d’ailleurs en grande partie à cette reconstruction constante d’une réalité que ne fait qu’entrevoir le jeune narrateur.



« Le bikini de diamants » est pourtant plus ambitieux que la farce drolatique qu’il évoque au premier abord. Malgré son innocence et sa jeunesse, Billy est sans doute le personnage le plus raisonnable d’une intrigue truculente. Comme si par une troublante inversion de paradigme, les adultes, roués tel Sagamore, malins tel Pop ou fous tel Finley, incarnaient une faune bigarrée, tout droit sortie de l’Âge de pierre, tandis que Billy incarne une forme de mesure et d’honnêteté qui font cruellement défaut à ses aïeux. Derrière un roman noir en forme de farce, se dissimule une critique acerbe de ces adultes dont le seul horizon semble être l’appât du gain ainsi qu’une attirance incontrôlable pour une jeune beauté très légèrement vêtue.



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Calme plat (Calme blanc)

Ingram et Rae passent leur lune de miel à bord de leur voilier au milieu du Pacifique. Le vent a calé. Un matin une embarcation les aborde avec à son bord un jeune homme totalement affolé. Il leur explique qu’il est le seul survivant d’un équipage que formait deux couples, décimé par une intoxication alimentaire et que le yacht sur lequel ils voyageaient prend l’eau depuis plusieurs jours. Contre l’avis du rescapé, Ingram décide d’aller vérifier de son propre chef la réalité de cette version qu’il juge douteuse, en se rendant sur le bateau de celui-ci, décision qu’il va vite regretter.

« Calme plat » est un chef d’œuvre de suspens. Charles Williams, l’auteur du « Bikini de diamants » et de « Hot spot », éditions Gallmeister, Totem, signe ici une histoire palpitante où le lecteur ne peut que retenir son souffle de la première à la dernière page.

Un roman que je recommande vivement.

Traduction de Laura Derajinski.

Editions Gallmeister, Totem, 262 pages.

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Le bikini de diamants (Fantasia chez les pl..

Les histoires de rednecks sont quasiment un genre à part entière dans la culture américaine, que ce soit en littérature, au cinéma ou à la télé. C’est un registre que j’apprécie beaucoup et qui a donné lieu à de très bons romans noirs. En effet, de « 1275 âmes » de Thompson à « La bouffe est chouette à Fatchakulla » de Crabb en passant par les romans de Crumley, les réussites sont nombreuses. Même si je suis friande de ce registre, je n’avais pas encore lu « Fantasia chez les ploucs » de Charles Williams, pourtant un des grands classiques du genre. Lacune que j’ai enfin comblée avec un grand plaisir.



« Fantasia chez les ploucs » est un bijou du polar redneck humoristique, vraiment le haut du panier. C’est inventif, bien écrit et surtout très drôle. Une des bonnes idées de l’auteur est de raconter l’histoire du point de vue du gamin qui porte sur les choses un regard naïf et innocent. Voir les Noonan à travers le regard du petit Billy renforce la sympathie à leur égard tout en créant une connivence avec le lecteur. En effet, le lecteur n’est pas dupe et on sait bien que ceux que Billy voit comme de braves paysans sont d’invétérés magouilleurs. Et d’ailleurs, quels personnages ces Noonan ! Ce sont des escrocs certes mais ils ne sont jamais animés de méchanceté, ils sont sacrément sympathiques, à tel point qu’on a envie qu’ils s’en sortent. Et ils hissent la magouille à un tel niveau que ça en devient du grand art. Les personnages secondaires ne sont pas en reste et constituent une réjouissante galerie, de l’adorable Billy à l’incendiaire Caroline Tchou Tchou en passant par le shériff et ses adjoints, totalement dépassés par les événements, ils sont tous formidables.

Il n’y a pas que le décalage amené par le regard du gamin qui fait de « Fantasia chez les ploucs » un sommet de drôlerie. Williams concocte une intrigue, d’ailleurs impossible à résumer, qui enchaîne les passages hilarants en un crescendo parfaitement maîtrisé qui culmine dans la seconde moitié du roman où une chasse à l’homme, ou plutôt à la femme, atteint des sommets de dinguerie.

En plus des personnages irrésistibles, de l’histoire complètement folle, le roman est très agréable à lire grâce à un style qui coule tout seul et des dialogues aux petites oignons. Au passage, je salue la traduction de Marcel « série noire » Duhamel qui est formidable.



« Fantasia chez les ploucs » procure un énorme plaisir de lecture. On rigole souvent, on sourit tout le temps. Un vrai bonheur !



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Bye-bye, bayou !

« Bye-Bye, bayou » réédité sous le titre de "La fille des marais"





Publié en 1964 sous le titre « Bye Bye bayou » dans une version tronquée, «La Fille des marais» bénéficie d'une nouvelle traduction intégrale récente datant de 2011. Ce roman fait partie d'une trilogie - Hill girl, River girl et et Big City Girl - écrite dans les années 50 dont la femme fatale fait figure a priori de point commun, au moins dans les deux premiers assurément.



Jack Marshall est adjoint au shérif Buford de Devers County, une petite ville du Sud des Etats-Unis dans les bayous de Louisiane. Ne roulant pas sur l'or et devant satisfaire les besoins pécuniaires croissants de sa femme, il est obligé de jouer aux ripoux avec Buford en taxant les bordels de la ville en échange de leur silence sur les activités illégales de prostitution. Pour couronner le tout, il n'aime plus sa femme Louise, n'apprécie guère son supérieur et retrouve uniquement la tranquillité en allant pécher dans les marais de Stowe Lake. A bord de son bateau, il croise un homme qu'il croit reconnaitre et découvre la cabane isolée dans laquelle il vit en plein marais.



Pendant sa partie de pêche, s'étant accidentellement piqué un hameçon dans le dos, il va chercher de l'aide près de cette même cabane et tomber sur une femme brune au doux nom de Doris, sortant de l'eau en maillot de bain après sa natation journalière. Succombant totalement aux charmes de Doris, Jack décide de tout plaquer pour libérer cette jeune femme de son tortionnaire de mari alcoolique et dangereux. Et malheureusement, tout dérape… dans les grandes largeurs.



Après avoir m'être délecté de «La Fille des collines », j'ai craqué pour cet autre grand cru de Charles Williams. Le thème de la femme fatale qui rend fou et les choix cornéliens à prendre à chaud pour faire table rase du passé restent tout de même les moteurs de ces « girl novels », noirs par excellence.



Dans ce roman dont l'action est omniprésente cette fois-ci, je retrouve cette écriture magnifique, alternant les passages rythmés et poétiques toujours à bon escient. Très différent du roman précédent plutôt psychologique, celui-ci s'attache à dérouler une intrigue plus complexe combinant plusieurs histoires qui convergent, au suspense haletant et aux rebondissements multiples. Jusqu'au dernier moment du livre, je me suis demandé comment notre bon Jack allait se sortir de ce guêpier diabolique !



Pour conclure, je suis tombé littéralement sous le charme de cet auteur, de son écriture limpide, de ses personnages si attachants et des paysages décrits magnifiquement de jour comme de nuit. Je ne peux que recommander cette lecture beaucoup trop méconnue à mon gout, bénéficiant d'une nouvelle traduction qui sublime à coup sûr le récit. Comme quoi, en 2013, il est possible de découvrir des pépites datant de plus de soixante ans loin des histoires à l'eau de rose. Des histoires d'amour extraordinaires dont seul le roman permet d'assouvir les fantasmes les plus fous.



Après ces deux lectures somptueuses, je ne peux que saluer le talent immense de cet auteur de romans noirs, Charles Williams. Un grand parmi les grands… qu'il est impératif de découvrir.





PS : Je viens de découvrir par hasard que ce livre existait sous son titre initial. J'espère que cette critique correspondant à celle de "La fille des marais", quelque peu remaniée, incitera les lecteurs qui sont passés à coté de ma critique il y a quelques mois à se plonger dans les romans de Charles Williams.
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Calme plat (Calme blanc)

♫ Il y a le ciel, le soleil et la mer ♪

Puis rajoutez-y un gros bateau pour compléter le tableau, et non l'inverse, encore que.

Ingram et Rae sont de bienheureux touristes voguant guillerettement sur l'océan Pacifique.

Ciel azuré, vent déchaîné, force 0 sur l'échelle de Richter, calme plat.

Une douce quiétude perturbée par le sauvetage d'un naufragé qui pourrait bien leur niquer leur lune de miel basiquement idyllique.

On oublie "pourrait", l'heure n'est plus aux spéculations hasardeuses mais belle et bien aux constats amers.

Hughie Warriner ne possède pas uniquement la beauté du Diable. Le vice et la roublardise font également partie intégrante du coffret cadeau "entubation à volonté".

Ç'eût pu être un joli voyage de noces.

 Ç'eût pu...



Ce Dead Calm, initialement paru en 1963, tient toujours la route, enfin la mer.

Un pitch intrigant, un découpage habilement construit qui fait la part belle aux personnages féminins, Charles Williams développe un scénario original en misant essentiellement sur le non comique de situation mais surtout sur le côté psychologique de l'affaire, ce qui tendrait à expliquer certaines turbulences soporifiques rencontrées lors de la traversée.

Rien de rédhibitoire au regard de la globalité de la croisière (qui s'amusera excessivement peu).

J'en attendais cependant un peu plus.
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Hot Spot

Madox est dans la place !



Sans véritable attache, Madox va où le vent le porte.

C'est finalement dans un bled paumé qu'il échoue, trouve un boulot démotivant de vendeur de bagnoles, s'amourache d'une banque et côtoie simultanément deux femmes au caractère diamétralement opposé. Petit coquinou, va.

Trois représente toujours un mauvais chiffre en terme de relationnel humain.

Trois ne rime pas avec emmerdes, et pourtant....



Petit mais costaud.

Ce Hot Spot dépote en dépit de son âge avancé.

Il faut croire que 1953 et récit millésimé font plutôt bon ménage.



En un peu plus de 220 feuillets, les bras levés, Charles Williams restitue parfaitement l'ambiance oppressante d'un triste patelin ricain tout en développant une dramaturgie étourdissante au tempo alerte.



Femme mariée du patron vs jeune fille en fleur. La passion ou la raison.

Casse d'une banque vs casse d'une banque ? L'amour du risque, sans Jonathan et Jennifer ?



Williams ne fait pas dans le questionnement existentiel qui s'éternise mais bien dans l'efficacité brute.

Un environnement minable, comme toile de fond, sur laquelle se détache une galerie de portraits magistralement troussée, l'auteur s'appuie sur l'humain et ses innombrables failles pour torcher un page-turner aux faux airs de classique.

La psychologie contrariée de tous ces acteurs dénote de par la justesse de ton usité, la plume directe et immersive de Williams y contribuant pour beaucoup.



Sorte de Feydeau délocalisé au pays de l'Oncle Sam, ce Hot Spot n'a rien perdu de sa verve et de sa fraîcheur en dépit de ses quelques printemps au compteur, signe d'un récit à la noirceur prégnante et au charisme inaltérable.



Merci à Babelio et aux éditions Gallmeister pour cette somptueuse source de fraîcheur à laquelle je compte bien venir écluser très régulièrement.
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Bye-bye, bayou !

Jack en a un peu sa claque de sa femme qui ne pense qu'au fric . Pour prendre l'air notre pécheur du dimanche et shérif adjoint un peu ripou le reste du temps est allé tâter le goujon dans le Bayou. Là-bas, mis à part des poissons chats qui le narguent, il est pénard comme un loir . Parti comme il est à rêvasser, sûr qu'il va rentrer bredouille mais voilà ti pas que cet andouille s'accroche à son hameçon. En cherchant de l'aide pour se débarrasser de ce maudit crochet qui s'est incrusté dans le gras du dos, voilà ti pas qu'il tombe sous le charme d'une fille des marais qui va lui prodiguer les premiers soins... tsoin tsoin, Jack est aux anges ! Il peut remercier le Bayou pour cette belle prise qu'il ne compte pas lâcher de sitôt...l'idiot !

Voilà une Série noire comme je les aime . Poissard à souhait. La mécanique est si bien huilée que je me suis laissé embarqué dans l'engrenage infernal de ce roman noir . J'ai collé aux basques de l'ami Jack ,me suis enlisé avec lui dans les marécages et je me suis réveillé en sueur aux sons d'une sirène ...de flics.

Bye bye Bayou, c'est un bon cru de la SN mais si vous vous voulez lire la version intégrale de Charles Williams, ne faites pas comme moi, allez à la pêche de La fille des marais.
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Hot Spot

Fait gaffe , Madox, tu traines un peu trop ta gueule de dur près des blondes .Et si l'une a l'air innocente, l'autre serait du genre bambocharde (du verbe bambocher , action qui consistait dans le monde d'avant, dans un jargon préfectoral, à faire la fête).

Surtout, que c'est la femme de ton boss, Madox. Tu viens d'arriver dans ce bled Texan , on est au début des années 50, tu vends misérablement des voitures , tu devrais faire gaffe...

Il n'y a pas grand chose dans le susdit bled texan. Main street, on a les références qu'on peut , un resto, un cinéma, une banque . Et des blondes. Deux au moins.



Quel roman. Noir, parait il ! Même gris clair , j'en redemande , tellement c'était bien. J'ai même cru voir le narrateur du Big Lebowski, le cow boy, chaque fois que Madox allait au restaurant. Avec sa voix grave , et son physique à désosser un quidam d'un simple revers de main.

Ici , on ne se fait pas chier à décrire des tapisseries ni à regarder la rosée s'éclipser subtilement sous les léchouilles d'un rayon naissant. Mais je m'égare. Comme Madox.

Pourtant, il sait ce qu'il veut. La blonde. du pognon aussi, qu'il ne pourra pas avoir par son boulot.

C'est clair , net et précis. Pas de fioriture , des faits. Des rebondissements, du suspens, de la psychologie . Des destins à accomplir . le plus malin gagnera.

Entre temps, chaque page nous tiendra en haleine , tout pouvant basculer sur un coup de dé, sur une erreur minime .

Respect.
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La Fille des collines

Numéro 2…



Oui, oui, je vous entends murmurer derrière votre écran « Williams, je ne connais pas ce romancier ». Pas de rapport avec les deux sœurs championnes de tennis, ni avec le frère jumeau Saurin des boites de conserve ou encore l’homonyme écrivain anglais auteur de «La Guerre du Graal ».



Non, non, « La fille des collines », écrit en 1951, demeure le premier roman d’un auteur américain. Né en 1909, Charles Williams a travaillé dans la marine marchande et la marine nationale américaine avant de devenir écrivain et auteur d’une vingtaine de romans jusqu’à son suicide en 1975. Grand succès à l’époque, le roman noir « La fille des collines » s’inscrit comme le premier d’une trilogie tournant sur les filles (Souchon aurait précisé « sous les jupes des filles » je suppose) sous les titres originaux : Hill Girl, River Girl et Big City Girl.



Dans ce premier opus, Bob Crane revient au pays et retrouve son frère Lee désormais en couple avec la belle Mary. Toujours en bisbille avec son père qu’il surnommait le Major, Bob était le bad boy de la famille comparé à son beau gosse de frère. Quelques années auparavant, Bob s’était disputé pour de bon avec son père et avait quitté la maison familiale pour tenter une carrière de boxeur puis de footballeur vouée à l’échec semble-t-il.



Aujourd’hui, Bob peut donc exaucer son vieux rêve d’exercer le métier de fermier en exploitant les terres familiales après le décès du Major et de son grand-père. C’est alors que Bob découvre que son frère Lee, en plus de boire comme un trou, fricote avec Angelina, la jolie fille de Sam Harley, un fermier pur jus qui ne tolèrerait pas qu’un homme marié dans le sud des Etats-Unis déshonore sa famille. A vous de découvrir la suite de ce récit…



Ce roman, marqué par les racines rurales de personnages, raconte l’histoire de deux frères que tout oppose tant physiquement et que psychologiquement. Pendant la majeure partie du récit, on n’est bien incapable de classer ce roman dans une catégorie donnée. Est-un polar noir qui va se finir dans un bain de sang entre voisins ? Est-une lutte familiale dont un des deux frères, coûte que coûte, doit être perdre sa vie ou son honneur ? Est-ce une banale histoire de jalousie entre deux hommes pour récupérer une fille ? Ou encore est-ce tout simplement une histoire d’amour qui va finir de façon dramatique ? Verdict à la dernière page…



Outre cette incertitude excitante sur le devenir des frères Crane et de leurs proches voisins, l’auteur manie la plume avec grâce et même poésie lorsqu’il se laisse divaguer dans les pensées de Bob Crane. Mais il sait également aiguiser ses dialogues avec force et rudesse lorsqu’il confronte les personnages de son roman, il est vrai, têtus comme des mules.



Qu’il est bon parfois de sortir des sentiers balisés du genre et de se laisser guider par le texte du récit sans connaitre l'issue finale. J’ai savouré ce roman du début à la fin, que vous pouvez agrémenter d’une fine eau de vie de poire Williams pour faire passer certains moments de stress intense. Avec modération évidemment…



Comme vous l’aurez compris, je ne puis que vous encourager à lire ce magnifique roman noir, particulièrement bien écrit et passionnant jusqu’à la toute dernière ligne. Merci encore à ma chère et tendre de m’avoir conseillé ce petit chef d’œuvre tombé dans l’oubli, semble-t-il. Conclusion, courez acheter ou emprunter le numéro 2 aux éditions « Rivages noir »… avec ou sans l’eau de vie de poire...





PS : En fait, « La fille des collines » est le second roman sorti chez Rivages noir après « Liberté sous condition » de Jim Thompson, the number one. Spécialement pour ma critique aujourd’hui et en honneur de ma couverture fétiche, Rivages a sorti et attribué le dernier numéro 906 à « Boston noir » de Dennis Lehane. Belle brochette d’auteurs, ma foi !!!

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Hot Spot

Quintessence. Je voulais faire mon malin et débuter cette chronique par ce mot savant mais j’ai peiné à trouver la phrase suivante. Alors je me suis dit que je glisserais un zest de pédantisme dans mon texte avec une formule du type : « Hot spot est la quintessence du roman noir », mais bon, ça tombe mal, j’ai perdu toute crédibilité sur ce réseau en saisissant des citations graveleuses. Je vais donc tâcher d'être aussi direct qu'un cadre du service marketing. Si vous appréciez ce genre (le roman noir, pour ceux qui ne suivent pas), lisez-le. Si vous n’y connaissez rien, lisez-le. Si vous ne l’appréciez pas (ce genre), offrez-le à quelqu’un qui aime ça, ça sera mieux pour tout le monde.



Ce ‘point chaud’, c’est une bourgade du Texas qui se résume à quelques pâtés de maisons agglutinés le long de la route principale nommée « Main street » (les Américains aiment l’urbanisme rectiligne et la toponymie subtile). Nous sommes en été, la chaleur est écrasante. Harry Madox débarque par hasard dans cette petite ville où il ne passe pas inaperçu avec sa carrure massive et ses airs de mauvais garçon. Les tentations sont peu nombreuses mais Harry va vite se trouver écartelé entre deux femmes : Gloria, âgée de vingt-et-un ans est aussi prude que jolie ; Dolores, l’épouse de son patron, est sensuelle, provocante et vénéneuse. Un jour, Harry remarque que la petite agence bancaire de ce bourg où il ne passe jamais rien est peu sécurisée, ce qui va lui donner quelques idées. Vous l’avez compris, dans ce livre, de nombreux commandements divins vont être piétinés. Le récit se compose d’une succession de machinations montées pour sortir de pièges de plus en plus étouffants, la tension ne se relâche jamais. Un jeu dangereux mené par les esprits les plus pervers.



Un comptable parlerait de roman d’excellente facture, un joaillier de petit bijou de polar. Il est étonnant que ce roman soit resté oublié si longtemps.



Clin d’œil appuyé à Iris29 (pas évident par écrans interposés) qui m’a convaincu de lire ce livre.

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Calme plat (Calme blanc)

Alors que John et Rae Ingram passent un voyage de noces de rêve sur un voilier qui met le cap vers Tahiti, ils aperçoivent un autre voilier, puis un jeune homme qui fonce sur eux en canot. Ce dernier, Hughie Warriner, leur dit qu'il est le seul survivant des quatre personnes qui étaient à bord, les autres étant morts de botulisme, et le bateau prenant l'eau de toutes parts. John Ingram le suspecte de ne pas leur avoir dit toute la vérité et se rend en canot sur le voilier de Warriner pendant qu'il dort. Une décision qu'il risque de regretter... ● Ce roman efficace met en scène deux huis clos sur l'Océan Pacifique. Les personnages sont complexes et profonds, loin des stéréotypes falots de certains thrillers plus contemporains (le roman date de 1963). L'intrigue tient en haleine de la première à la dernière page. Merci à BillDOE pour cette belle découverte.
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Le bikini de diamants (Fantasia chez les pl..

Billy, sept ans suit son père Pop dans son périple de paris sur les champs de courses de chevaux, fuyant les services sociaux qui veulent placer le gamin...En chemin vers la Californie, Pop a la bonne idée d'aller voir son frère Sagamore au Texas,, un paysan bougon qui se méfie des institutions gouvernementales, en tout premier lieu du shérif...Sitôt arrivé, Billy est fasciné par cet oncle rebelle qui semble tout faire pour cultiver son champ de mais mais semble plus préoccupé par le tannage de peaux de vaches, qui dégagent une puanteur incroyable autour de la maison. Quand arrive un drôle de couple - un médecin en costume à rayure et panama et une jeune fille qui se promène en bikini de diamants, les choses se corsent d'autant plus que d'autres hommes, ceux-là munis de mitraillettes, débarquent en pleine cambrousse.



Une très bonne surprise qui m'a bien fait rire dans cette comédie policière mettant en scène des vieux briscards, l'oncle qui n'est jamais à court de tours pendables, avec un humour noir qui ridiculise la police, un récit fait avec la narration naïve du gamin de sept ans qui essaye de comprendre ce qui se passe...Une plongée dans le monde rural loufoque mais très intelligent avec le personnage de l'oncle qui a toujours un coup d'avance et se moque du shérif, toujours au bord de la dépression quand il entend le nom de cet oncle qu'il essaye de coincer depuis des décennies.

Une lecture très drôle et loufoque grâce à une galerie de portraits hauts en coeur et une intrigue très bien pensée.

Une lecture réjouissante.
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La fille des marais

Après Pearl Creek et Fatchakulla Springs, partons à la découverte des eaux troubles de Devers County…



Depuis quelques mois, je côtoie dangereusement les marais des Etats-Unis d’Amérique dans les années 1930-1960. Des « Marécages » mortels de Lansdale en passant par le loufoque « La bouffe est chouette à Fatchakulla », je m’enlise désormais dans les méandres de «La fille des marais».

Publié en 1964 sous le titre « Bye Bye bayou » dans une version tronquée, « La Fille des marais » bénéficie d'une nouvelle traduction intégrale récente datant de 2011. Ce roman fait partie d’une trilogie - Hill girl, River girl et et Big City Girl - écrite dans les années 50 dont la femme fatale fait figure a priori de point commun, au moins dans les deux premiers assurément.



Jack Marshall est adjoint au shérif Buford de Devers County, une petite ville du Sud des Etats-Unis dans les bayous de Louisiane. Ne roulant pas sur l’or et devant satisfaire les besoins pécuniaires croissants de sa femme, il est obligé de jouer aux ripoux avec Buford en taxant les bordels de la ville en échange de leur silence sur les activités illégales de prostitution. Pour couronner le tout, il n’aime plus sa femme Louise, n’apprécie guère son supérieur et retrouve uniquement la tranquillité en allant pécher dans les marais de Stowe Lake. A bord de son bateau, il croise un homme qu’il croit reconnaitre et découvre la cabane isolée dans laquelle il vit en plein marais.

Pendant sa partie de pêche, s’étant accidentellement piqué un hameçon dans le dos, il va chercher de l’aide près de cette même cabane et tomber sur une femme brune au doux nom de Doris, sortant de l’eau en maillot de bain après sa natation journalière. Succombant totalement aux charmes de Doris, Jack décide de tout plaquer pour libérer cette jeune femme de son tortionnaire de mari alcoolique et dangereux. Et malheureusement, tout dérape… dans les grandes largeurs.



Après avoir m’être délecté de «La fille des collines » la semaine dernière, j’ai craqué dans la foulée à cet autre grand cru de Charles Williams. Le thème de la femme fatale qui rend fou et les choix cornéliens à prendre à chaud pour faire table rase du passé restent tout de même les moteurs de ces « girl novels », noirs par excellence.



Dans ce roman dont l’action est omniprésente cette fois-ci, je retrouve cette écriture magnifique, alternant les passages rythmés et poétiques toujours à bon escient. Très différent du roman précédent plutôt psychologique, celui-ci s’attache à dérouler une intrigue plus complexe combinant plusieurs histoires qui convergent, au suspense haletant et aux rebondissements multiples. Jusqu’au dernier moment du livre, je me suis demandé comment notre bon Jack allait se sortir de ce guêpier diabolique !



Pour conclure, je suis tombé littéralement sous le charme de cet auteur, de son écriture limpide, de ses personnages si attachants et des paysages décrits magnifiquement de jour comme de nuit. Je ne peux que recommander cette lecture beaucoup trop méconnue à mon gout, bénéficiant d’une nouvelle traduction qui sublime à coup sûr le récit. Comme quoi, en 2013, il est possible de découvrir des pépites datant de plus de soixante ans loin des histoires à l’eau de rose (l’expression « à l’eau de vie…de poire Williams » serait mieux appropriée). Eh oui ! Des histoires d’amour extraordinaires dont seul le roman permet d’assouvir les fantasmes les plus fous.



Après ces deux lectures somptueuses, je ne peux que saluer le talent immense de cet auteur de romans noirs, Charles Williams. Un grand parmi les grands… qu’il est impératif de découvrir.



Si par malheur, vous ne trouvez pas trace de Williams, priez pour que surviennent les « Orages Ô Déesse Poire » …





PS : Pour les lecteurs intéressés, les deux histoires de « Filles de » sont indépendantes et peuvent être lues dans un ordre quelconque. Le premier reste mon préféré (5/5) par son caractère atypique tandis que le second relève plus d'un polar noir attendu (4,5/5).

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