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Citations de Chester Himes (252)


Dans son dos, trois nouvelles détonations couvrirent un instant le raffut. Elles firent à Jackson l'effet du chiffon enflammé attaché à la queue d'un chien. Dans sa tête, soudain vide, seule tournait la vieille rengaine populaire qu'il avait apprise dans son enfance :
"Tu cours, négro, tu les agites,
"Mais la police, elle va bien plus vite !"
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... mais vrais ou faux, ce seraient des policiers noirs et, s'il fallait en croire la rumeur publique, ceux-ci s'en tenaient au principe selon lequel on tire d'abord et on interroge le cadavre ensuite.
[écrivain noir, Ch. Himes a connu la prison pour vols, et décrit la communauté noire "underground" de harlem]
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- Enfin, dites-moi, frère Jackson, pourquoi êtes-vous venu ici? Qu'est-ce que vous me voulez?
- Je voulais tomber à genoux, là, près de vous, Révérend Gaines, et me remettre entre les mains du Seigneur.
- Quoi! s'écria le révérend Gaines en sursautant comme si Jackson avait proféré un blasphème. Vous voulez vous remettre entre les mains du Seigneur? Mais, mon pauvre ami, vous le prenez pour qui, le Seigneur? Faut aller de ce pas vous remettre entre les mains de la police! Jamais le Seigneur ne voudra intervenir dans un pareil micmac.
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Jackson qui, à l'exemple de Goldy, inspectait la rue déserte, frissonnait:
- Ils peuvent nous voir?
- S'ils regardent pas, ils peuvent pas.
Devant cette réponse ambigüe, Jackson se garda d'insister, mais glissa la main dans son pardessus pour en tirer le tuyau de plomb.
- C'est pas le moment de sortir ton bâton.
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Le rapport du médecin légiste, les photographies, les empreintes digitales et toutes les données fournies par les laboratoires de police scientifique selon les techniques modernes, y compris les hypothèses logiques, ne servaient généralement à rien pour résoudre les affaires de meurtre à Harlem. Les interrogatoires n'avaient guère plus d'intérêt, car les malfrats de Harlem sont pour la plupart des menteurs consommés. Les passages à tabac, en revanche, rendaient bien, mais ils ne parvenaient pas toujours à faire cracher la vérité à tout le monde.
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Une spéciale d'actualité en plus : "t'as plus d'avantages à rien foutre qu'à travailler. C'est pour ça que je fais rien. Tout ce que tu gagnes à travailler, c'est d'en avoir plein le cul pour pas un rond."
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Le hurlement de Goldy se confondit avec celui de la locomotive, lorsque le train, dans un fracas assourdissant, passa au-dessus de leur tête, ébranlant le quartier tout entier. Secouant ses habitants noirs dans leur lit grouillant de vermine, secouant les vieux os, les muscles douloureux, les poumons rongés, les foetus agités dans le sein des filles sans mari; secouant le plâtre des plafonds, le mortier des murs de brique; secouant les rats au creux des murs, les cafards en balade sur les éviers de cuisine et les reliefs de repas; secouant les mouches saisies par le sommeil d'hiver, et pendues en grappes, comme des abeilles, entre les doubles vitres des fenêtres; secouant les punaises grasses gorgées de sang courant sur de la peau noire; secouant les puces sauteuses; secouant les chiens endormis sur leur paillasse crasseuse, les chats somnolents; secouant les latrines bouchées et libérant le cloaque.
Hank eut tout juste le temps de faire un bond de côté.
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Mon séjour à l'infirmerie a été intéressant cette fois. Un certain nombre de grands docteurs venaient du dehors pour poursuivre des expériences sur les détenus et on parlait des étranges opérations qu'ils avaient réalisées. La plus étrange, à mon avis, étant celle qu'ils ont pratiquée sur un détenu qui avait un abcès au cerveau, derrière les yeux et qui devenait progressivement aveugle. Ils l'ont emmené à la salle d'opération et lui ont donné un verre de whisky, d'après ce que disait l'infirmier - mais c'était un détenu, donc un menteur- ensuite ils lui ont enfoncé une seringue hypodermique dans la nuque jusqu'a son front, en traversant le cerveau de part en part, et ils ont aspiré le pus.
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Mais une fois ma résolution prise, je n'arrivais pas à me décider sur la manière d'en finir. (...)
J'étais sûr d'y parvenir parce que mon heure était venue, et, quel que soit le moyen, j'étais certain que cela marcherait. (...)
Je suis parvenu ta la clôture et j'ai entrepris d'escalader l'un des piquets de soutien. J'ai remarque que deux détenus qui étaient assis sur leur pieu, pas très loin de la, m'observaient avec étonnement, mais cela m'était tout à fait égal. Ils ne devineraient pas ce que j'avais l'intention de faire avant qu'il ne soit trop tard pour m'en empêcher.
La clôture m'arrivait à peu près aux épaules, mais j'étais plutôt faible et, avant que j'aie pu en atteindre le sommet, les lumières se sont mises à clignoter pour nous indiquer qu'il était l'heure de se coucher. Nom de Dieu, me suis-je dit, il manquait plus que ça. Je ne peux même pas me tuer parce qu'il faut que i'aille au lit. J'ai quitté la clôture et je suis retourné dans la travée. Je n'ai eu aucune difficulté à regagner ma couchette. Mais j'éprouvais une telle haine pour cette routine que je pouvais à peine respirer. Un taulard ne peut même pas se buter tranquillement, pensai-je. À aucun moment, je n'ai eu conscience de l'humour ou même du ridicule de cette situation.
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" - Psychiatre.
- Ouais, c'est bien lui. Complètement toqué ce mec-là. II m'a donné du sucre à goûter, et pis vla qui m'demande si c'est doux ou acide ? Alors moi j'y dis « Dis donc, mon pote, si ça tourne pas rond chez toi, faut le dire : qui c'est qui est maboul ici, c'est toi ou c'est moi ? Ça c'est du sucre alors, depuis quand le sucre il est acide ?» Et il a dit que c'était une question de routine, alors moi j'ai dit « Tu parles d'une routine, tout le monde sait que le sucre est sucré », et il a dit «D'accord, répondez seulement à mes questions et laissez-moi m'occuper du reste ». Alors j'ai dit « D'accord mon pote, c'est toi qui commandes. » Alors il m'a donne du vinaigre à goûter et il m'a demandé si c'était doux ou acide ? Je me suis léché les babines, sérieux comme un pape et j'ai dit « Doux comme du miel. » Alors il m'a regardé et il a demandé «Est-ce que cela a le même goût que la substance que vous avez goûtée en premier ?» J'ai dit que oui mais que ça avait l'air un peu plus humide. Il m'a regardé et s'est plongé dans les papiers qu'étaient devant lui et il a écrit quelque chose. Apres ça, il m'a piqué avec une aiguille et il a demandé « Rond ou pointu ?» et moi j'ai dit rond. Il a commencé à avoir l'air méfiant. Alors il m'a piqué une deuxieme fois, mais salement plus fort, et j'ai dit « C'est toujours rond, mon pote. » Il est devenu rouge comme une pivoine et il a dit « Retournez dans votre équipe », alors j'ai dit «Ça m'arrange, mon pote ».
- Ha, ha, ha, il croyait que c'était lui qui te piquait alors que c'était toi qui lui envoyais des piques! "
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Le soir était l'instant crucial d'une journée en prison. Aprés dîner, quand on distribuait le courrier, ceux qui avaient deja reçu une lettre ou ceux qui espéraient en recevoir se pressaient autour du gardien. Juché sur une table, il appelait les noms et les numeros inscrits sur les enveloppes ouvertes, marquées du tampon rouge de la censure pénitentiaire. Il y en avait beaucoup qui n'avaient jamais reçu de lettres et qui n'espéraient pas en recevoir, mais qui restaient là, debout parmi les autres, parce que, à mon avis, l'être humain est un animal sociable qui n'est pas fait pour vivre à l'ecart.
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Une semaine plus tard, j'ai attrapé froid. Je croyais que ça allait guerir à la longue, mais ça n'a fait qu'empirer. A la fin, jai dû retourner à l'infirmerie à la visite du lundi matin et prendre place dans la queue qui commençait à l'entrée de derrière pour s'allonger dans la cour. Il neigeait ce matin-là. A nous voir, on aurait dit la lessive du lundi qu'on aurait oubliee sur son fil dans la neige, sauf que nous étions des loqueteux, et non des loques, mal nourris, mal vêtus, à nous geIer dans le froid en attendant notre tour de passer devant le bureau de médecine générale où le médecin donnait ses consultations. Il etait assis là, entouré de son personnel, à distribuer des doses de rosé à tous ceux qui défilaient devant lui. Le rosé était une solution concentrée de sulfate de magnésie dans un doigt d'huile de croton. On gardait les médicaments pour les malades qui pouvaient payer. Il distribuait aussi des brimades, verbales et physiques, giflant un détenu par-ci et en frappant un autre au visage par-là.
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Les gens du quartier* pensaient que, dehors, l'air frais était plus frais et moins vicié que dedans. Mais c'était faux. Au contraire, comme diraient les Français. Dehors, il y avait les fumées noires vomies par les vieux tacots usés, les poubelles qui débordaient, les crottes de chiens, de chats, les cadavres de rats, de chats, de chiens en décomposition, et la viande trop avariée pour être mangeable qu'on avait envoyée valdinguer dans les caniveaux pour que chiens et chats y trouvent leur pitance. Mais certains morceaux étaient dans un état de décomposition si avancé que même une bête affamée n'en aurait pas voulu. A tout cela se mêlait la puanteur dégagée par ce qu'il y avait de comestible dans le quartier, celle qui émanait des magasins d'alimentation, des bars, des restaurants, et celle des salons de coiffure pour hommes comme pour femmes.
Qu'à cela ne tienne, les gens du quartier pensaient qu'il faisait plus frais dehors et que l'air y était plus pur. "Mon chou, j'sors, j'vais prendre le frais un instant pour respirer un peu." Voilà pourquoi, ce samedi soir du mois d'août, tout le monde était dehors, dans la rue, à jouir de la fraîcheur et à respirer l'air pur.

* Harlem, New York.
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Un flic c'est un flic, pas un employé des services sociaux ni un sociologue. Après tout, si les Noirs vivent dans des taudis, ce n'est pas la faute des flics; leur devoir, c'est de faire en sorte qu'ils filent droit, pas d'analyser leurs conditions de vie. Si les Blancs riches et instruits qui habitent dans les grosses maisons aux innombrables pièces, entourés de grands espaces verts, des quartiers propres, frais et bien entretenus, sont plus enclins à respecter l'ordre et la loi, c'est un hasard; les flics n'y sont pour rien. Tout ce que ça signifie pour eux, c'est qu'il y a moins de boulot dans ces quartiers-là.
Aussi, quand le capitaine Brice donna cet ordre aux policiers: Si vous voyez un nègre sortir de l'un de ces immeubles, tirez à vue, il devait bien savoir que les flics lui obéiraient, sinon il n'aurait pas agi ainsi.
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Personne ne savait où dormait Tonton Bud, le chiffonnier. Tout au long de la nuit, on pouvait le rencontrer dans les rues de Harlem. Personne ne savait non plus ce qu'il pouvait bien y trouver qui eût quelque valeur marchande. Car à Harlem personne ne jette rien qui soit de valeur. Pourtant il faisait ses rondes, remplissait sa voiturette à deux roues et, quand se levait le jour, on le voyait apparaître dans des lieux étranges, où des Blancs dépenaillés aux yeux d'escarboucle lui payaient quelques cents pour les chiffons, les vieux papiers, le verre et la ferraille qu'il avait ramassés. En fait, à la belle saison, il dormait dans sa charrette à bras. Il la garait dans quelque ruelle ombreuse, où personne ne s'étonnait de voir un chiffonnier dormir dans sa propre guimbarde, blotti sur de la toile à sac qui servait de matelas, sans se laisser émouvoir par le bruit des moteurs, les cris des enfants, les jurons et les bagarres des hommes, les bavardages des femmes, les clameurs de sirène de police. Rien ne troublait le sommeil de l'oncle Bud.
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Un homme ? Une femme ? Un enfant ? Jodie s’en fichait, il flanquait des coups de pied. Il était en proie à une fureur sadique et ne voyait devant ses yeux qu’une boule de feu, rougeoyante et meurtrière.
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Dans la morne solitude des prisons ,les rêves deviennent grands comme des séquoias.
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S'il ne gagne pas vingt mille dollars au moins, un Nègre a moins de prestige et n'est pas aussi sur du lendemain que le Blanc qui gagne seulement cinq mille dollars. Pourquoi? Tu le sais : parceque le Nègre est convaincu que, même s'il vaut deux fois plus qu'un Blanc, on le considèrera encore comme un être inférieur. Inutile d'essayer de le nier. C'est ainsi. Le Nègre ne se sent l'égal du Blanc que si le Blanc se résoud à le considérer comme tel. Pour que le Blanc en arrive là, il faut que le Nègre soit son supérieur et que le Blanc s'en rende compte.Voilà pourquoi, dans un mouvement démocratique, le Nègre constitue toujours un problème.
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C'est à ça que je pensais en rigolant comme un fou; et je pensais que pendant toute ma vie j'avais eu peur des Blancs parce qu'ils étaient blancs et que c'était du plus haut comique de découvrir que les Blancs avaient peur de moi aussi, parce que j'étais noir.
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Lee Gordon reconnut immédiatement la vielle tactique politique employée à l'égard des noirs depuis des temps immémoriaux - donnez leur quelque chose à perdre, des miettes , une misère et en acceptant ils ne se rendront pas compte de tout ce dont on veut les déposséder. (...) Donnez leur un général dans l'armée , songea Lee Gordon et ils vous mangent au creux de la main pendant qu'ils traiterons comme des chiens des centaines de milliers d'autres Noirs en uniforme.
Accordez leur un comité anti - discriminatoire sans pouvoir et ils vénéreront en vous le grand chef blanc, sans meme se rendre compte que si vous n'aviez pas négligé d'imposer des conditions régissant les contrats gouvernementaux , il n'aurait pas été nécessaire créer un comité anti- discriminatoire
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