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Critiques de Chloé Cruchaudet (641)
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Mauvais genre

Louise et Paul sont jeunes et beaux. Ils se rencontrent au bal. Ils se plaisent, ils s'aiment, ils se marient.

Seulement voilà, la guerre est là, 1914, la première et terrible première guerre mondiale avec ses tranchées et ses obus qui pètent de partout.

Paul est mobilisé.

Elle ne durera pas longtemps, pour sûr disent les poilus.

Elle dure plus que prévu et quand son copain meurt dans ses bras, Paul refuse de se sacrifier et il déserte.

Les déserteurs sont passibles de la peine de mort.

Pour rester avec Louise et pour passer inaperçu il se travestit, il devient Suzanne.

Il le restera 10 ans, le temps que les déserteurs soient amnistiés.



Certes la couverture n'est pas trop engageante mais elle annonce la couleur. : Un personnage carré, masculin attachant un soutien gorge.

Voici une Bd étonnante et détonante, tout y est bon. Les dessins sont formidables de poésie; le noir et le blanc y sont pour quelque chose, d'ailleurs, par-ci, par là, la dessinatrice met une touche de couleur sur une robe, une jupe, un foulard, un chapeau, ce qui illumine, un peu plus, le récit, les vignettes. Les personnages sont croqués de haute façon et l'enchaînement des gestes et des situations est un régal. Les scènes de guerre sont à faire peur!

Les dialogues sont à la hauteur du dessin et l'accompagne bien ou inversement.

Que dire de plus sinon que je me suis régalé en lisant cet album d'une traite.

Inspiré d'une histoire vraie d'après "La garçonne et l'assassin" de Virgili & Voldman.

Une lecture que je recommande.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Céleste, tome 1 : Bien sûr, monsieur Proust

Quand on s'intéresse à la vie de Marcel Proust, on ne peut passer à côté de Céleste Albaret, une jeune Lozèrienne devenue la gouvernante de l'écrivain qui lui a été fidèle jusqu'à sa mort...



Dans ce superbe roman graphique très bien documenté on découvre les débuts de Céleste au service de Marcel Proust dès l'année 1914

et on se rend vite compte à quel point ces deux personnalités complètement différentes se sont biens trouvées.

J'ai beaucoup apprécié le graphisme soigné et le choix de couleurs fait par Chloé Cruchaudet qui arrive à nous transporter dans une autre époque...



Je tiens à remercier la maison d'édition Soleil, Chloé Cruchaudet et Netgalley France pour m'avoir permis de faire cette très belle découverte qui me donne envie d'en apprendre un peu plus sur la vie d'Augustine Célestine et d'espérer que le tome 2 sera bientôt publié...
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Groënland Manhattan

Fin 1800, Robert Peary, explorateur américain, tente une nouvelle fois d’atteindre le pôle Nord. Il offre des cadeaux aux inuits jusqu’au jour où il décide de ramener une famille entière à New-York. Minik Wallace, alors enfant en 1897, est étudié lui et sa famille par le Musée américain d'histoire naturelle.

Belle B.D. d’une histoire vraie et révoltante pour ce petit bonhomme déraciné par ceux qui se croient une race supérieure.
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La poudre d'escampette

Des enfants, des radeaux, une rivière. Une belle histoire avec des enfants qui n'ont pas la langue dans leur poche. Des dessins aux jolies couleur. Et une mention spéciale pour Paulette qui est mon personnage préféré. De quoi faire rêver les plus jeunes.
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Mauvais genre

"Quand, il me prend dans ses bras, ça me fait quelque chose"...



Louise et Paul sont mariés, mais Paul est un déserteur, traumatisé par la grande guerre. Confronté à la boue des tranchées, la faim et les rats, il a vu la mort de son copain, le sang et les cadavres.



Alors, Louise le cache et ils survivent, avec une petite paye de couturière. Pour acheter une bouteille de pinard, Paul se travestit. Et, grâce à sa femme, qui lui apprend à s'habiller, à se comporter comme une dame, il peut enfin sortir sans risque. Il va découvrir le plaisir de se promener, découvrir la vie, après l'horreur de la guerre, et... le bois de Boulogne.



Paul qui bat Louise (c'est son homme! Comment les femmes pouvaient supporter cela?)...Et va entraîner sa femme, à travers des aventures perverses et tarifées.



Paul deviendra même célèbre, dans ces années folles. C'est l'amnistie, tous les déserteurs sont amnistiés, Paul est libre !



Mais, Louise va-t-elle accepter longtemps d'être battue, que son homme soit un travesti, un coureur de jupons et un proxénète ?



" La grande guerre? La plus monumentale ânerie que le monde ait jamais faite". Maréchal Lyautey.
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Céleste, tome 2 : Il est temps, monsieur Prou..

Céleste est brouillée avec Marcel et il faut bien le dire, elle s’ennuie ferme malgré sa broderie compulsive. Alors quand il la réclame, elle négocie son retour, elle n’est plus bonne, mais gouvernante et son salaire a augmenté en conséquence. Elle n’est plus seule non plus, sa sœur Marie l’a rejointe pour l’aider.

Marcel est très malade, passe sa vie au fond de son lit. Céleste lui est indispensable, c’est elle qui dirige la maison. On ne voit pas Proust écrire, juste manigancer pour obtenir le prix Goncourt (prix mérité, non ?) Dommage !

Mais après tout, le livre concerne Céleste sans qui Marcel Proust ne serait peut-être pas arrivé au bout de son œuvre.

J’ai retrouvé le même scénario tout en douceur, une jolie évocation, vraiment.

Les dessins sont un peu différents de ceux du premier tome. Si j’ai moins aimé ceux des personnages (Colette, en particulier), il y a de magnifiques pleines pages dans des couleurs noires et lilas.

Dans l’une d’elles, Céleste cherche un appartement pour son patron, on la voit monter et descendre des escaliers pour visiter des lieux bruyants ou remplis de pollen.

Plus une biographie de Céleste que de Proust, mais après tout, c’est ce que le titre indique. La bande dessinée ne respecte pas forcément la réalité, mais là aussi, peu importe ; le plaisir est là.


Lien : https://dequoilire.com/celes..
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La Croisade des Innocents

Aujourd'hui, pour aller à Jérusalem, you can take a plane. Et même, si t'es le Manu en chef, tu peux dire aux gens du coin : « Je suis le président de la république française, c'est moi qui sais ! » et quelques autres inepties de conquérant arrogant qui fait son show.



Mais là, on parle d'un temps que les moins de 800 ans ne peuvent pas connaître : les croisades, et en particulier 'la Croisade des enfants'.

Wiki m'apprend qu'il s'agit

« d'une croisade menée par des gens du peuple voulant partir en Terre Sainte pour délivrer Jérusalem, à l'image des croisades de chevaliers. Elle se situe en 1212 (...) et se compose de deux cortèges qui partent simultanément d'Allemagne et de France.

La 'Croisade des enfants' prend son nom du latin 'pueri', qui peut aussi signifier 'les enfants de Dieu' ou 'des hommes se trouvant en état de pauvreté'. Certains auteurs contemporains ont d'ailleurs mis l'accent sur la misère des pèlerins.

Les participants à cette croisade seraient peut-être des paysans pauvres, davantage que des 'enfants'. »



Dans cet album, Chloé Cruchaudet a imaginé une croisade d'enfants : seuls des filles et garçons pré-pubères sont autorisés à participer à l'expédition. Maltraités, sous le joug d'adultes (parents, 'patrons', gens d'Eglise...) qui abusent d'eux d'une manière ou d'une autre, ces jeunes rejoignent la troupe 'en marche'.

Pour survivre, chasse & cueillette ne suffisant pas, les gamins s'improvisent troubadours, marionnettistes, racontant l'origine de leur mouvement (une apparition divine), et leur histoire au quotidien, quelque peu romancée.



Jolis dessins doux, histoire qui rappelle un chouïa 'La Guerre des boutons', avec une ambiance assez flippante aux accents médiévaux.



Télérama définit cet album comme 'un récit âpre et bouleversant, qui interroge les limites de l'innocence.'

En effet, c'est la question de l'innocence qui m'a le plus interpellée à la lecture.

La limite enfant/adulte (la notion d'adolescence n'existait pas, surtout chez les 'gens du peuple') me semble éloignée, dans cette présentation, de la réalité d'alors - travail et mariage précoces.

Il suffit de voir comme la notion de 'droits de l'enfant' est encore inconnue dans de nombreux pays, aujourd'hui. Ou comme ces droits sont bafoués même quand ils existent officiellement.
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Mauvais genre

Un superbe livre, des couleurs sombres, une petite tranche noire qui se profile avant de l’ouvrir et une plongée dans le noir après quelques pages tournées. Un ongle peint en rouge qui reste au fond de la rétine comme la lueur d’une lanterne chinoise, celle qui porte chance et nourrit les espoirs. C’est ce que pensait Paul sans doute… un peu d’espoir avec neuf doigts vernis, une touche de rouge sur les lèvres et un crêpe de chine.

Quand on a vu la mort ou quand on l’a donnée, que reste-t-il de la personne ? Un genre de personne ? Un genre, tout court. Et pourtant tout le monde pose les mains sur le ventre de la femme enceinte « une fille ou un garçon ? » Louise pour toute réponse, jettera sa gaufre, s’en retournera et… « Fait chier ! »

Ça fait mal quand l’amour part en vrille, quand les blessures de guerre s’ancrent dans les têtes jusqu’à les faire exploser. Finalement, un obus ou une balle... on est déjà mort par le simple fait d’avoir un jour mis un pied dans une tranchée.

Très belle bande dessinée, j’ai été hypnotisée dès les premières pages. Le choix des couleurs est parfait, s’allie à merveille avec le texte et les dessins.
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Mauvais genre

Tout commence par Louise, énervée de subir les caprices de Paul, déserteur de la première guerre mondiale et obligé de rester confiné dans une minuscule chambre de bonne. Vas-y toi-même, te chercher des clopes (ou un truc du genre) lui lance-t'elle. Il décide alors de se vêtir en femme et Louis, amusée, l'aide à se maquiller. De fil en aiguille, elle lui apprend les gestes, la mode, et lui trouve un travail. Paul y prend goût, et commence une nouvelle vie, sa vie de femme.

Ce qui est intéressant ici, c'est la transformation complète de Paul, pas seulement physiquement mais aussi psychologiquement et surtout moralement: les dessins nous accompagnent magnifiquement dans ce tragique processus qui fait tout le sel du livre.

En toile de fond, l'amour, la guerre ses gueules cassées et ses traumatismes, le genre, les bas-fonds du sexe.

Un beau roman graphique d'une belle qualité qui mérite bien ses prix.

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Céleste, tome 1 : Bien sûr, monsieur Proust

Céleste Albaret est tout juste arrivée de Lozère et par l’intermédiaire de son époux Odilon, chauffeur de Marcel Proust, elle entre au service de l’auteur et une amitié amoureuse va se mettre en place. Amour platonique évidemment et unilatéral…



Officiellement, elle est engagée comme gouvernante, mais elle est aussi secrétaire, gère les rendez-vous de Proust avec ses éditeurs, recueille les petits papiers, post-it de l’époque, que l’ami Marcel appelle joliment des « paperoles » sur lesquels il note les modifications qu’il désire apporter au manuscrit en cours et qui volent un peu partout. Elle met au points un joli procédé de collage pour les inclure au manuscrit qui de ce fait double rapidement de volume.



Céleste affronte les demandes rarement simples de son « maître » : la chasse à la poussière, (Proust est comme chacun le sait asthmatique), l’alimentation frugale et spéciale, filtrer les visiteurs, ce qui donne parfois des scènes très drôle et nous remplit d’empathie pour Céleste.



Je ne suis pas une inconditionnelle de Proust, dont je n’ai lu pour l’instant que les deux premiers tomes de la Recherche mais je ne désespère pas d’en arriver à bout… mais je connaissais l’histoire de Céleste Albaret. Je suis Balzacolâtre, groupie de Maupassant et Dostoïevski, entre autres, mais chaque chose en son temps… Pourquoi ne pas tenter cette œuvre en version BD ?



Le graphisme de Chloé Cruchaudet est superbe, les couleurs m’ont énormément plu, avec des camaïeux de bleus de mauve, et une présentation de l’œuvre de Marcel Proust presque en filigrane. Un ravissement pour l’œil cette bande dessinée, même si la lecture sur tablette modifie le dessin, l’étire beaucoup ce qui gâche un peu le plaisir.



J’ai adoré ce premier volume et comme je préfère la version album j’ai immédiatement investi et je lorgne déjà vers le tome 2 avec impatience.



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Soleil qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteure dont une BD m’attend depuis longtemps dans ma PAL démesurée : « Mauvais genre » …



#CélesteBiensûrmonsieurProust #NetGalleyFrance !
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Céleste, tome 1 : Bien sûr, monsieur Proust

Bien sûr Monsieur Proust, bien sûr qu’il s’agit de Marcel, le célèbre écrivain. Ce roman graphique raconte l’histoire de sa relation avec Céleste, sa secrétaire, servante, femme à tout faire. Donc à priori, Il ne s’agit pas à proprement parler d’une biographie de l’auteur, après tout, il se déballe bien assez dans ses romans, il s’agit plutôt de celle de Céleste, dont le rôle est pourtant de rester en retrait.



Le dessin est tout en traits fins, dansants, aériens, travaillé en aquarelle proposant des images claires, les blancs sont imposants, les couleurs pâles et légères, les taches noires comme des silhouettes distribuées dans la mise en page rythment le récit. Il y a un côté précieux dans ce graphisme, il reste furtif et léger, on ne s’appesantit pas sur les décors, il fait ressortir les postures, celle un peu coincée de Céleste, et celle parfois lyrique et exubérante de Marcel Proust qui s’étale dans la page puis brusquement se recroqueville tel un vilain petit canard maladif. C’est très chorégraphique, de la danse contemporaine, sans froufrous, avec des mouvements fins et doux, un ensemble sobre et juste, avec une force discrète mais bien présente.



J'ai bien cru que je n’arriverai pas à apprécier ce dandy maniaque et lunatique, ce rentier égoïste. Dans ses premières apparitions, on se dit : mais quel con ! On côtoie un bourgeois insupportable et pourtant, il va se révéler touchant et fascinant par la suite. Chloé Cruchaudet a réussi à retransmettre les émotions de Céleste, ses peurs, ses angoisses, et paradoxalement son admiration, sa tendresse pour son écrivain. Et puis on finit par la comprendre. L’œuvre, la prose, les intentions de Marcel Proust surgissent entre les anecdotes.



Je me dis qu’un roman graphique sur un célèbre auteur qui ne donne pas envie de lire son œuvre est raté dans une certaine mesure. Et bien là, cela va au-delà de mes espérances, celui-ci parvient à éveiller ma curiosité. C’est là que se tient la prouesse de l’autrice, on tombe, comme Céleste, hypnotisé par ce personnage qu’on aurait pourtant aussi envie de baffer.



J’ai envie de dire vivement la suite. Et depuis le temps que je me dis qu’il faudrait que je me lance un jour dans la lecture de ses romans, l’urgence a de nouveau rejaillit, mais l'ascenseur interne de ma PAL (Pile À Lire, jargon babélionaute) surchauffe sérieusement en ce moment !
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Mauvais genre

Paul Grappe et Louise Landy viennent à peine de se marier que la première guerre mondiale éclate. Envoyé sur le front, Paul ne supporte pas l’horreur des combats. Il s’automutile, passe quelques temps à l’hôpital puis, refusant l’idée de retourner dans les tranchées après sa convalescence, il déserte. Caché dans une chambre de bonne avec Louise, il vit difficilement le confinement imposé par sa condition de déserteur et finit par trouver une solution radicale devant lui permettre de sortir incognito : se déguiser en femme. Pendant plus de dix ans, Paul va devenir Suzanne et mener une vie où le travestissement va peu à peu devenir sa seule raison d’être.



Incroyable destin que celui de Paul, incroyable histoire d’amour également, magnifique, brûlante et tragique. La relation entre Louise et son mari bascule de la tendresse vers la violence mais reste avant tout guidée par la passion. Louise joue d’abord le rôle de mentor. C’est elle qui le pousse à se transformer, lui montre les techniques d’épilation et l’initie au monde des femmes en le faisant embaucher dans son atelier de couturière. Mais c’est elle aussi qui le jalouse lorsqu’il devient la coqueluche de l’atelier puis du bois. Paul, tellement « habité » par son rôle, enivré par son succès grandissant auprès des femmes, sombre dans la folie. C’est un personnage complexe, fragile, fascinant. Lorsque la supercherie est révélée après l’amnistie des déserteurs, il assume avec plaisir le statut de bête de foire que lui donne la presse. Il aime être dans la lumière et quand les journalistes se lassent de son histoire, le retour à l’anonymat signe le début de sa déchéance.



Chloé Cruchaudet met en scène cette histoire aussi surprenante que véridique avec une maîtrise impressionnante. La narration est solide, parfaitement construite. Elle donne à Paul des traits imprécis et garde volontairement, notamment avec son énorme nez, des détails qui trahissent sa masculinité. Elle utilise aussi la couleur avec parcimonie, pour donner du sens. Ainsi le rouge est le plus souvent symbole de passage vers la féminité. Un mot également sur les scènes de cauchemar renvoyant Paul dans les tranchées qui sont magnifiquement réalisées.



Un album mené de main de maître. Du travail d’orfèvre et un vrai régal pour le lecteur. Tout simplement somptueux.
Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Mauvais genre

BD. Cadeau de noël de notre fille Chloé et de son homme Flo.

Louise et Paul se marient, mais la première guerre mondiale envoie Paul au front. Il voit son camarade tué devant lui, la tête arrachée par un obus. Pour ne pas subir le même sort, il se coupe le doigt et est rapatrié à l'hôpital. Sentant sa guérison proche et une nouvelle convocation militaire, il s'échappe et se cache à l'hôtel avec Louise. Puis, pour ne pas être reconnu et repartir à la guerre, il se déguise en femme. Mais c'est le mauvais genre ( gender) pour Louis.

.

Les pervers narcissiques fascinent tout le monde ou presque.

Pas ceux qui les identifient. Cependant, bien que ce soit un drame, cette histoire est magnifiquement racontée et dessinée par Chloé Cruchaudet. Graphiquement, on voit la transformation physique de Paul, un peu garçon manqué d'abord, puis femme fatale. Il travaille d'abord sur une machine à coudre, puis...au bois de Boulogne.

Les hauts et les bas du couple sont violents ; Louise espère toujours que ça ira mieux, mais; comme tous les PN, Paul/Suzanne l'insulte et la frappe....

.

Une histoire vraie ( je n'ai pas vérifié), palpitante jusqu'au bout ; on est comme les enfants d'Henri Salvador :

Si tu m'donnes pas ton ranch, en moins d'deux

Je vais t'couper en deux

Puis il l'empoigna

- Et alors ?

Ben, il la ficela

- Et alors ?

Il la mit sous la scie

- Et alors ? Et alors ?

Eh, eh, Zorro est arrivé
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Mauvais genre

Wahou !

Voilà pour sûr une bande dessinée qui mérite chaque éloge qui en a été faite.



Tout d'abord du point de vue graphique, les dessins au fusain tout en délicatesse avec le petit détail rouge sur quelques planches : la couleur de l'ardeur des passion et du glamour. Ce petit détail qui marque la frontière très poreuse entre le masculin et le féminin, la sérénité et la folie ou la perversité, le quotidien et le désir de profiter de chaque instant quitte à s'en brûler les ailes.

Mais ce sont aussi les scènes très sombres, glauques, voire même crues du front. Ou encore les scènes très sensuelles entre Paul et Louise.



Le graphisme sert donc à merveille l'histoire de Paul Grappe, un type ordinaire qui aimait la vie, les bals, les femmes, et Louise surtout. Louise, celle qu'il épouse avant la guerre et qui, d'abord pendant sa permission puis pendant les 10ans qui suivront l'Armistice l'aidera, par amour, à se travestir en Suzanne afin qu'il puisse mener un semblant de vie "normale". Et elle continue, malgré les premiers coups, les crises de folie et les sorties "au bois". Jusqu'au jour où tout bascule...



Cette histoire inspirée de faits réels, est bien sûr totalement étonnante et montre les difficultés de perception des grands mots que l'on ressort volontiers lorsqu'on parle de la Première Guerre mondiale : l'honneur, la fidélité à la patrie, le soldat "héroïque" et archétype de la virilité. Bien sûr, cela implique ceux qui ne rentrent pas ou plus dans les cases : les déserteurs et les gueules cassées. Ah les glorieuses images de victoire...

Une histoire qui m'a particulièrement touchée du fait qu'une partie de ma famille a été elle aussi marquée à vif par cette guerre.



Un bel hommage à ceux qui l'on vécue, qui en sont revenus amputés d'eux-mêmes.
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Mauvais genre

Un homme, Paul, une femme, Louise. Il se marièrent et l'homme partit aussitôt à la Guerre, celle des tranchées, de la boucherie. Il subit les conditions que l'on connaît : la peur, l'horreur, les copains qui meurent brutalement, violemment, tout près... Il s'en est fallu d'un cheveu pour qu'il ne soit pas déchiqueté, lui aussi.



Paul a fui et est revenu auprès de son épouse. Comment se cacher pour échapper au sort des déserteurs, fusillés sans autre forme de procès ? Il trouve incidemment une solution et y prend goût, se perdant dans ce double personnage.



Bel album adapté d'un roman de Fabrice Virgili & Danièle Voldman, "La garçonne et l'assassin", inspiré de faits réels. Amour tourmenté, traumatisme de la guerre, schizophrénie. Le graphisme immerge dans une époque, celle des Années Folles parisiennes, mais aussi dans une atmosphère de souffrance, de violence, de chaos et de sexe - entre noir et blanc, gris-bleu et sépia, et quelques touches de rouge pour exprimer la féminité.



Cette BD rencontre un vif succès. Je suis un peu moins enthousiaste, peut-être en raison de l'antipathie que m'a inspiré Paul d'emblée, égoïste et mufle avant même d'être brisé par la guerre.
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Céleste, tome 1 : Bien sûr, monsieur Proust

La fée céleste dont il est question dans cette extraordinaire bande dessinée de Cloé Cruchaudet est Céleste Albaret qui devint en 1914, la toute jeune servante de Marcel Proust.



Ce cher Proust que je n’ai jamais osé mettre à ma main, que je m’imagine hors de portée, m’a été accessible par le biais de sa gouvernante, secrétaire, amie. Quel hasard!

Cet album, dans les tons pastels, aux dessins magnifiques et fantasmagoriques, relate la rencontre entre Céleste, 23 ans, mariée à Odilon, chauffeur de taxi et Marcel, auteur aux nombreuses lubies. Que cela ne tienne, Céleste qui a elle-même de nombreuses affinités avec Marcel, fera abstraction de la personnalité de l’auteur pour développer une relation particulière avec l’homme. c’est beau, c’est charmant et surtout, platonique.

L’autrice a trouvé le ton juste pour mettre l’intérêt sur Céleste d’abord. Proust le géant a toute mon admiration mais qui serait-il sans la personne qui veille sur lui et sa prodigieuse production.



La rencontre avec la Céleste âgée, qui fait le bilan de sa vie étrange, cette vie a l’envers qu’elle a tant aimée, lui rend bien hommage. Elle a donné sa vie à Proust, même après la mort de Marcel. Je suis consciente que cet album est romancé et que partager la vie de Marcel, c’était une prison dorée mais lorsque l’homme est plus grand que nature… il y a toujours une femme derrière lui…

Bien hâte à la seconde partie!
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Mauvais genre

Ouah... quelle claque cette BD !! Un véritable coup de coeur !! Une histoire d'amour vraiment déchirante sous fond de 1ere guerre mondiale et les cicatrices qu'elle a laissé... Paul et Simone s'aiment. C'est un fait. Ils se marient, et elle, encore en robe de mariée le voit grimper dans un train pour partir au front... Il ne reviendra pas indemne. Syndrome de stress post traumatique. Tellement fort. Marqué à vie, il déserte. Et se travestie en espérant l'amnistie. Aidé de sa femme, il attendra 10 ans avant d'être gracié. Mais la vie l'a pas épargné et ses vieux démons reviennent le hanter. Il boit. Il baise. Il hallucine. Et elle n'en peut plus.



Une histoire inspirée de faits réels. Tellement émouvante. Les horreurs de la guerre et ses cassures sous les traits de crayon tendre et délicat. Vraiment, une lecture dont je me souviendra. Y'a tellement de belles et bonnes choses qui se font en bande dessinée, faut pas bouder votre plaisir...
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Mauvais genre

Il arrive parfois que, concernant la littérature ou la BD, je puisse être du même avis que l'opinion générale, et que, lorsqu'une oeuvre fait l'unanimité à son sujet, je n'essaie pas de trouver la petite bête, et me range aussi totalement à l'avis de la très grande majorité.



Prenez " Mauvais Genre", cette bande dessinée -ou plutot ce roman graphique d'ailleurs- de Chloé Cruchaudet dont j'entendais énormément d'échos favorables depuis plusieurs mois, et sa parution à la rentrée 2013; des échos qui se sont amplifiés lors du dernier Festival d'Angoulème où l'oeuvre a récolté le prix ...



Je ne pouvais absolument pas passer à coté, ainsi lorsque j'ai vu qu'il figurait dans la liste des BD à choisir lors de l'opération Price Minister, la BD fait son festival, c'est forcément vers celle là que mes yeux se sont posés, en me disant qu'il existait quand même une certaine probabilité que je sois un peu déçu eu égard des critiques dithryrambiques que j'avais pu lire..



Mais en même temps, je ne m'étais pas attardé sur ces critiques,et du coup, je ne connaissais pas vraiment de quoi parlait cette BD. J'ai donc été agréablement surpris de découvrir l'audace de cette intrigue qui nous ballade sur plusieurs décennies, avant et après la 1ere guerre mondiale, et dans une histoire mélangeant confusion des sexes et confusions des désirs.



On y suit dans les premières pages de l'album, un jeune homme, Paul, qui, juste après sa rencontre dans un bal avec Louise , celle qui deviendra sa femme, va , pour fuir l'horreur des tranchées, devoir se travestir et devenir Suzanne durant 10 ans pour tenter de retrouver une « semi-liberté ». Sauf que ce travestissement va évidemment avoir des impacts importants et totalement déstabilisants et sur l'équilibre du couple et sur l'équilibre psychologique de Paul.



S’inspirant de l’essai historique « La garçonne et l’assassin » (écrit par Danièle Voldman et Fabrice Virgili)i, Chloé Cruchaudet nous livre un roman graphique exceptionnel, dans lequel le fond ( une histoire constamment surprenante et inventive) se mélange fort habilement à la forme (des illustrations visuellement splendides avec des tons entre sépia, noir, blanc et quelques touches de rouge, judicieusement réparties, et qui soulignent parfaitement la schizophrénie naissante du personnage principal).



Le tout donne une ambiance oscillant sans cesse entre sensualité, sensibilité, folie, angoisse et servent constamment la richesse psychologique des deux personnages, et notamment de ce Paul, personnage riche et complexe comme j'ai rarement vu dans une BD récente, tantôt touchant et aimant, tantôt odieux et terrifiant...



Bref, une immense réussite, très originale et très réussie sur un sujet oh combien casse gueule, servi par un graphisme aux petits oignons.



Impossible donc de jouer les ronchons et je m'incline devant ce qui est incontestablement une des meilleures BD lues au cours de ces 5 dernières années!!


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La Croisade des Innocents

La croisade des innocents a eu lieu en 1212. Voir le tableau de Gustave Doré. Des enfants qui veulent libérer Jérusalem. Nous sommes au moyen âge et tandis qu’ils tracent la route, les réactions sont partagées entre candeur et réflexions profondes. Des mots crus inattendus apparaissent et qui font rire. Un joli coup de crayon pour un fait qui sort des sentiers battus mais qui est bien triste.

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Céleste, tome 1 : Bien sûr, monsieur Proust

Céleste, "bien sûr, Monsieur Proust" de Chloé Cruchaudet est le deuxième ouvrage que j'ai emprunté à la médiathèque de ma ville dans le cadre du projet Bulles d'Argent.



La couverture du roman graphique m'a beaucoup plu : au centre : une jeune femme, vêtue de noir, tenant une tasse de café fumant à la main, tourne son visage vers un tableau, portrait d'un homme dont on n'aperçoit que le bas du visage : pommettes roses, moustache, noeud papillon, veste noire. La jeune femme semble fascinée. Il s'agit de Céleste Albaret, la femme qui a été au service de Marcel Proust de 1914 à 1922, date de la mort de l'écrivain.



Le roman graphique Céleste, "bien sûr Monsieur Proust" met en scène Céleste, âgée, qui se remémore son passé. La jeune femme du chauffeur de Marcel Proust est tout d'abord engagée pour aller livrer les colis de l'écrivain. En 1914, lorsque la guerre éclate et que les hommes sont mobilisés, Céleste devient indispensable : gouvernante de l'écrivain, elle prend en charge son quotidien. Elle comprend également comment mettre de l'ordre dans toutes les "paperolles", nombreuses et minutieuses corrections et références apportées par l'écrivain à ses textes. Une solution inespérée pour l'écrivain qui pourra ainsi livrer à son éditeur des textes prêts à être imprimés.

Chloé Cruchaudet a fait preuve d'une grande minutie et d'originalité : elle reconstitue le monde de Marcel Proust à travers le regard de Céleste qui est avant tout une domestique et se doit d'être transparente. Elle voit mais n'est pas vue...Odilon, le chauffeur de Marcel Proust le lui avait bien dit : "La distance, Céleste. On doit être là, et pas là"....Mais Céleste parviendra à être vue - en brisant cette distance, et devenant une sorte de "facilitatrice", au service de l'oeuvre de Marcel Proust - tout en restant dans l'ombre.



J'ai lu plusieurs fois ce roman graphique, j'ai beaucoup aimé le style graphique de Chloé Cruchaudet, les nuances de mauve qu'elle a employées pour parler du passé, sa manière de représenter la gestuelle de Céleste et toute sa "gamme" de regards face à Marcel Proust, plongé dans son monde intérieur.



C'est Céleste elle-même qui nous donne le mot de la fin, dans le petit texte qui figure sur la quatrième de couverture : "Etre avec lui, l'écouter, lui parler, le regarder travailler, l'aider dans la mesure de mes moyens... C'était comme de se promener dans une campagne où il y a partout de nouvelles sources qui jaillissent....".



C'est avec plaisir que je lirai la deuxième partie de l'ouvrage.
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La série des albums relatant les aventures de Blake et Mortimer a été éditée en de nombreux albums. En comptant ceux qui ont été écrits et dessinés par E.P. Jacobs et ceux conçus par d'autres illustrateurs et scénaristes, combien sont-ils à ce jour ?

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12 questions
83 lecteurs ont répondu
Thème : Edgar Pierre JacobsCréer un quiz sur cet auteur

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