Que raconte ce récit? Matthias, un homme d’un âge avancé et un trentenaire accidenté, sont confinés dans la véranda d’une maison sans électricité dans un village situé dans le bois en plein hiver. Ils doivent s’organiser pour survivre afin de regagner la ville lorsque le printemps reviendra. Ils sont liés par un pacte. Les habitants du village ont promis au vieillard de l’aider à rejoindre sa femme en ville en embarquant dans le premier convoi qui quittera le village s’il prend soins de l’accidenté. Les deux hommes devront affronter de nombreux défis (la faim, la maladie, le froid, la neige, le doute, l’incertitude, la méfiance, etc.). Pourront-ils retrouver leur liberté après la saison blanche?
La neige
J’ai beaucoup aimé l’ambiance contemplative présentée dans le roman. Le narrateur, c’est-à-dire le jeune homme, n’a d’autres choses à faire que d’observer la nature autour de lui, car il est cloîtré dans un lit. C’est Matthias qui s’occupe de le nourrir, de le laver, de chauffer le poêle, de raconter des histoires. Par le biais du regard de l’accidenté, le lecteur a accès à des scènes nordiques magnifiques.
La neige règne sans partage. Elle domine le paysage, elle écrase les montagnes. Les arbres s’inclinent, ploient vers le sol, courbent l’échine. Il n’y a que les grandes épinettes qui refusent de plier. Elles encaissent, droites et noires. Elles marquent la fin de village, le début de la forêt. (p. 11)
Cependant, la neige encercle les protagonistes. Elle est la plupart du temps associée à la lourdeur. Elle crée un climat étouffant, pesant, écrasant. Comme le mentionne le narrateur :
La neige est lourde sur nos petites vies (p. 151).
La neige délimite la vision, condamne les protagonistes dans un lieu clos, dévore le paysage, avale le temps.
Mais encore, la fonte de la neige est associée à l’espoir. L’espoir de quitter la maison qui est en retrait du village, l’espoir pour Matthias de retrouver celle qu’il a aimée toute sa vie, l’espoir de renouer avec les siens, l’espoir de renaître à la vie. Lorsque Matthias quitte le narrateur en quatre roues pour aller rejoindre son épouse, le soleil est plus chaud et la neige fond. Elle se modifie comme les sentiments des protagonistes.
Un vent chaud souffle sur la forêt. Le soleil plombe. Le décor ruisselle de partout et la neige ressemble à de gros cristaux de sel parsemés d’aiguilles de pin, de branches et de feuilles mortes. […]
Je m’assois lourdement dans la neige. Je me sens heureux et inquiet à la fois. Pour Matthias comme pour moi. (p. 290)
Donc, ce livre était parfait pour le défi, car la neige occupe une très grande place dans ce dernier. Elle est vivante et elle ne cesse de balayer la nature, les êtres et le temps. Elle est l’ancre qui empêche les deux personnages de dériver.
https://madamelit.ca/2019/01/24/madame-lit-le-poids-de-la-neige/
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