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Critiques de Christian Guay-Poliquin (234)
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Le Poids de la neige

Blanc.



Lumineuse.



Cette neige éblouissante qui recouvre tout et blesse les yeux.



Sombre.



Cette solitude qui recouvre les hommes.



Huis clos. Dans un futur proche, dans une contrée non identifiée. Deux hommes dont un en convalescence vont cohabiter pendant que la neige monte et rend l’hiver de plus en plus dangereux.



L’auteur a pesé chaque mot et délivre un livre abouti, littéraire et oppressant.



Un livre froid. Dans tous les sens du terme. Il m’a manqué un peu de chaleur personnellement. Les hommes survivent. Et forcément, pas le temps pour de grands envolées lyriques.



Il reste que l’auteur a du talent et que j’ai lu le livre en deux jours, preuve que je ne me suis pas ennuyé même si en réalité, dans ce grand froid, il ne se passe pas grand-chose.



Un livre qui divisera les lecteurs. On adore ou on s’ennuie.

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Le Poids de la neige

J’aime beaucoup les livres se passant dans un univers clos et éloigné de tout. Alors lorsque j’ai vu celui-ci, je n’ai pas hésité. Pourtant, je déteste la neige mais je ne suis jamais à une contradiction près… Et j’ai lu ce roman alors que j’en avais 20 cm dehors. J’étais dans l’ambiance !



J’ai adoré ce livre ! La structure est plutôt originale puisque nous découvrons tout, à la manière d’un journal intime, à travers les yeux du jeune homme blessé. Comme lui, nous ne savons pas où il est ni qui est vraiment ce Matthias, le vieil ours mal léché qui s’occupe de lui. C’est aussi le roman de l’attente. Chacun espère pouvoir s’en sortir. Le blessé veut retourner chez lui, Matthias désire revoir sa femme malade… Mais est-ce vraiment la neige le problème ?



Voici un roman qui ne laisse pas indifférent. J’ai tourné frénétiquement les pages au fur et à mesure que les centimètres de neige s’accumulaient. Et ce n’est pas le loup que j’ai vu sortir de sa tanière mais bien les sentiments humains. Car quoi de mieux qu’un huis-clos pour faire surgir tous les défauts et les qualités intrinsèques à l’Homme ?



Un grand merci à Babelio et aux Éditions de l’observatoire pour cette belle découverte.
Lien : https://promenadesculturelle..
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Le Poids de la neige

De sa fenêtre, tout est blanc. La neige a recouvert, de son épais manteau, tout le paysage, faisant se plier les arbres de la forêt. Alors qu'il voulait rendre visite à son père mourant, le fils du mécanicien a eu un terrible accident de voiture, le paralysant des jambes. Depuis, il vit cloitré dans la véranda du vieux Matthias qui a bien voulu s'occuper de lui pendant sa convalescence. Avec l'aide du pharmacien, de la vétérinaire et du vigile, ce dernier lui prépare à manger, le lave et change ses pansements. Tout ceci en échange d'un probable retour vers la ville. Des semaines, des mois que cela dure. Que les deux hommes vivent ainsi, reculés du village, emprisonnés par cette neige qui ne cesse de tomber et de les isoler...





Christian Guay-Poliquin nous plonge dans une ambiance post-apocalyptique et mystérieuse. Que s'est-il passé pour que tous les habitants de ce village reculé se retrouvent sans électricité ? Que tous essaient de s'enfuir vers la ville, désertant peu à peu le village où les réserves de vivres s'amenuisent ? Cela, nous ne le savons pas, l'auteur nous faisant essentiellement ressentir les choses. de même que nous n'apprenons pas grand-chose sur Matthias et son convalescent. Excepté qu'il sont comme prisonniers de cette neige qui tombe abondamment, les empêchant de rejoindre la ville. C'est au coeur de cette nature sauvage, hostile, un brin angoissante mais somptueuse que nous plonge l'auteur. Attendant désespérément le printemps, les deux hommes, confinés dans la véranda, vont devoir cohabiter ensemble et vont immanquablement tisser des liens parfois insaisissables et complexes. Ce roman surprend tout autant qu'il nous happe et nous claquemure. Un huis-clos oppressant à l'écriture sèche et brève, où l'on assiste à un face à face latent.
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Le Poids de la neige

J'avais rédigé en substance dans ma tête le ressenti de cette lecture, faite il y a déjà une dizaine de jours, mais j'attendais la rencontre avec ce jeune auteur québécois...le 19 janvier chez son éditeur français: Les éditions de l'Observatoire . J'ai bien fait, car j'ai appris moult détails, informations bien précieuses, pour apprécier ce très beau roman, avec plus de "finesse" et de profondeur !...



J'en profite pour remercier Babelio et les éditions de l'Observatoire, que je découvrais en même temps que cet écrivain. Une rencontre jubilatoire, animée aussi joyeuse qu'instructive....



Peu avant cette invitation, j'avais acquis ce texte, toute seule comme une grande ! ...en fouinant en librairie. Un seul exemplaire était rangé sagement dans les rayonnages: attirée par le titre, puis par le 4e de couverture, très explicite, et pour parachever, par la couverture très réussie et insolite: une photographie d'un intérieur meublé solitaire, une sorte de salon, aux hauts plafonds, recouvert, enfoui par une épaisse couche neigeuse... Couverture très fortement suggestive , qui ne pouvait que m'intriguer...



Je ne me suis pas égarée dans mon choix, car j'ai lu cette histoire en une nuit, prise par l'intensité dramatique de ce huis clos..., très bien orchestré et efficace.



Atmosphère tour à tour inquiétante, ou plus réconfortante... entre deux hommes, obligés de "cohabiter"... dans une maison isolée, dans un hiver difficile, compliqué par une coupure d'électricité...où chacun doit se débrouiller comme il peut...le temps de trouver des solutions pour réparer, pour sortir de cet isolement forcé !



L'un plus âgé doit s'occuper d'un plus jeune, ayant subi un très grave accident de voiture, sur la demande des villageois, en échange d'une prise en charge motorisée"ultérieure, pour retrouver son épouse hospitalisée, au plus mal ...ailleurs...

Le cadet, immobilisé, les jambes fracassées, est à la merci de son aîné...



Comme tout huis clos bien mené, chaque détail prend un relief particulier, et l'attention du lecteur est sollicité plus intensément ! Comme l'a répété l'auteur : " c'est lorsqu'il ne se passe rien que tout peut arriver !!"....



De très fortes et poétiques descriptions de la nature et de cet élément, aussi magnifique qu'angoissant, que représente " la Neige" [ l'équivalent d'un "personnage" à part entière !]...



"C'est l'hiver. Les journées sont brèves et glaciales. La neige montre les dents. Les grands espaces se recroquevillent." (p. 14)





"Il doit être près de midi. le froid semble avoir desserré son emprise sur le paysage, pour reprendre des forces.En attendant, la neige continue de tomber sans que rien puisse l'arrêter. Les flocons sont larges et délicats. On dirait qu'ils ont été découpés dans du papier."



Des villageois viennent au début ravitailler nos deux "Robinsons"..., dont Maria, l'infirmière du village qui vient prodiguer des soins à "notre accidenté... et puis la panne d'électricité, les difficultés pour trouver des vivres...augmentant, les visites extérieures se raréfient... et Matthias finit par se débrouiller, tout seul, pour qu'ils "survivent"... chaque jour gagné est comme une victoire, dans un environnement montrant plus fréquemment des visages inquiétants.



Nos deux compères s'aident, se méfient, relâchent la pression, jouent aux échecs, et Matthias raconte des histoires... Histoires qui prennent une épaisseur démultipliée, au début, car le "jeune rescapé" ne parle pas, est comme emmuré dans le silence... le dialogue naîtra progressivement...



Un face à face, alternativement inquiétant, hostile, suspicieux, bienveillant, amical, protecteur...Curieusement et c'est là, je trouve la réussite de ce huis-clos, parfaitement accompli...C'est l'étrangeté inquiétante de ce duo prenant souvent des éclats sombrissimes... mais aussi des fulgurances

" lumineuses", éclatantes, comme cette "Neige" au même double visage ...!!



Lien intergénérationnel, avec ses malentendus, ses incompréhensions, la dislocation du sens dans le quotidien, la mise en avant de la parole autant

que celle du silence...Et au final, un apprivoisement et une bienveillance des plus discrètes comme des plus tangibles... [ Motus !!!je ne dévoilerai rien de l'issue de ce huis clos !...]





J'ai été contente d'entendre l'auteur évoquer un roman, auquel j'avais aussi songé (que j'ai beaucoup apprécié cette année 2017) , avec quelques similitudes, en écho à son propre univers. Je voulais nommer "Dans la forêt" de Jean Hegland ( réédité par Gallmeister, en 2017)



La rencontre avec cet auteur québécois a été aussi réussie que des plus joyeusement "nourrissantes, animées : Christian Guay-Poliquin a discuté avec passion de son écriture, des écoles littéraires comme du monde éditorial québécois très différent de ceux, en France...

Dans ces échanges très variés et ouverts, j'ai appris que son premier roman ,"Le Fil des kilomètres" mettait déjà en scène ce personnage du jeune homme, revenant dans son village pour retrouver son père, après des années d'absence et de silence...



En sortant de cette invitation littéraire, je me suis précipitée dans ma librairie "fétiche", La Librairie Tschann, pour commander ce premier texte (édité en 2015, par Phébus).... et ce matin , je viens de recevoir un mail m'annonçant l'arrivée de ma demande... Je vais donc me précipiter pour aller le chercher, et en commencer la découverte... Tous ces détails, pour vous dire à quel point "Le Poids de la neige" a été un excellent moment de lecture...qui me fera suivre avec grande attention cet écrivain québécois !



Je finis cette chronique en remerciant grandement et une nouvelle fois , ...Babelio et les éditions de l'Observatoire, pour cette rencontre qui restera un moment aussi fort que la lecture de ce roman original... !



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Les Ombres filantes

Des jours qu'il marche dans la forêt. Seul. Un sac sur le dos avec le strict nécessaire. Aux aguets, toujours. Aussi bien des animaux qu'il peut croiser que des hommes. Des mois que la panne d'électricité a figé le monde. Les gens ont déserté les villes dorénavant pillées. Lui veut rejoindre sa famille, oncles, tantes, cousins, qui se sont réfugiés dans leur camp. En s'enfonçant dans la forêt de plus en plus dense et vorace, où les sentiers se font rares, il croise, par hasard, un jeune garçon. Une dizaine d'années, les cheveux en broussaille, la peau tannée, un petit sac en bandoulière. Visiblement seul, restant évasif sur les questions qu'il lui pose, il lui propose de le suivre en attendant de l'aider à retrouver ses parents...



La panne, dont on ignore l'origine, a fait basculer le monde. L'homme, dorénavant, doit apprendre à survivre aussi bien aux lois de la nature qu'à celle de ses congénères. Parmi eux, le narrateur qui s'étant retrouvé seul, décide de rejoindre le camp de chasse familial. Au cœur de cette forêt, personnage à part entière de ce roman, il fera route avec Olio, un gamin solitaire, débrouillard mais que la vie n'a, semble-t-il, pas épargné. Dès lors, une relation toute particulière s'installe entre eux. En chemin, il fera de nombreuses rencontres, certaines dangereuses, d'autres inquiétantes, avant de retrouver la famille du narrateur. De sa plume ciselée, magnétique et immersive, Christian Guay-Poliquin décrit parfaitement la relation entre l'homme et la nature, ici la forêt, tout à la fois sombre, lumineuse, protectrice et mystérieuse, mais aussi entre les hommes, tous soumis aux mêmes lois de la survie. Celle entre le narrateur et Olio est de toute beauté, extrêmement touchante. Un roman initiatique fort qui tisse, entre ombre et lumière, le monde de l'après...
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Le Poids de la neige

♫ Tombe la neige, tu n'partiras pas ce soir...♫

Ni ce soir, ni demain, ni la semaine prochaine, ni dans un mois... Parce que l'hiver vient à peine de s'installer, et qu'il ne lâchera pas prise avant le printemps, et qu'il fera tomber tellement de neige que ce village, perdu dans la montagne et les grands espaces, va s'en trouver paralysé jusqu'au redoux, et ses habitants, coincés itou. Et dire que tu aurais pu partir à temps, mais qu'on t'a imposé, sans te demander ton avis, ce jeune accidenté de la route, gravement blessé aux jambes et que personne d'autre ne peut/veut accueillir. Malgré l'urgence que tu ressens à retourner dans ta ville, toi qui t'es égaré dans ces contrées isolées, tu n'as d'autre choix que d'accepter, même si c'est de mauvais gré. Aah, Matthias, vieil homme grincheux, tu ne sais pas encore à quel point le temps va te sembler long, dans ce palais des courants d'air sans électricité, à jouer les gardes-malades autour du poêle à bois pour ce jeune homme peu bavard (et pourtant narrateur de votre histoire). Un temps sans fin à peine égayé par les rares visites des bonnes âmes venues vous ravitailler en vivres, bois de chauffage et nouvelles du village. Un temps long qui vous oppresse comme cette neige qui pèse de plus en plus lourd sur le toit de votre véranda et sur tes espoirs de quitter ce bled au plus vite. Et quand on sait que "c'est quand rien ne se passe que tout peut arriver", on attend que quelque chose advienne, pour le meilleur ou pour le pire.

Sans vague de chaleur ni humaine ni météorologique, ce huis clos est pareil à la neige, blanc et froid, mais loin d'être toujours lumineux. On sait peu de choses des personnages, on prend leurs vies en cours de route, le reste est nimbé d'un vague mystère, d'une menace sourde, d'un environnement post-apocalyptique. Dans de telles conditions où on lutte contre les blessures du jeune, l'impatience du vieux, la faim et le froid, la tension monte, forcément, les frustrations se révèlent, les vérités s'assènent, le conflit se noue et éclate. Puis le calme après la tempête, mais que va-t-il en ressortir ? Une rédemption ? Je me suis demandé si ce livre avait un sens religieux caché, tant j'ai été frappée par les prénoms des personnages. On ne connaît pas celui du narrateur, mais pratiquement tous les autres sont des prénoms bibliques, et une écrasante majorité d'entre eux commence par la lettre "J" : José, Joseph, Jonas, Jean, Jude,..., sans parler du triangle Maria-José-Joseph. C'est d'autant plus curieux que l'histoire se déroule sous les auspices du mythe de Dédale et Icare.

Enfin, quoi qu'il en soit, ce roman au style âpre et implacable est tendu d'ennui et surtout d'attente de ce qui va se passer alors qu'il ne s'y passe que peu de choses. Un paradoxe, un fameux risque pris par l'auteur, et  en ce qui me concerne, une réussite.



En partenariat avec les Editions J'ai Lu via une opération Masse Critique de Babelio.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Le Poids de la neige

Partir est impossible mais rester s'avère aussi difficile dans ce roman dans lequel Christian Guay-Poliquin oblige deux hommes qui ne se connaissent pas à cohabiter dans une véranda encerclée par la neige au coeur d'une vallée isolée.

Ce n'est pas seulement cette neige qui s'accumule de manière extraordinaire et confine les deux personnages à l'isolement. C'est également une succession d'événements et de non-événements qui, réunis, vont mettre en lumière des tempéraments contraires et des volontés opposées de nature à mettre les nerfs à rude épreuve. Face à l'immobilisation et la patiente rééducation du plus jeune «enchaîné à des jambes cassées», on découvre l'obstination parfois inquiétante à retourner en ville de Matthias, le plus âgé échoué dans ce village où la solidarité devient de moins en moins évidente.

Alliance de circonstance, mutisme, secrets, menaces, ce face-à-face qui pourrait les conduire à agir l'un contre l'autre a des allures de huis-clos propice à des formes variables de tragédie tant les sentiments de réclusion et d'impuissance sont présents. Sans compter la menace extérieure évoquée par la mystérieuse panne d'électricité qui paralyse le pays et pose la question de savoir s'il y a réellement un ailleurs possible...



C'est un roman très bien orchestré que propose l'auteur québécois. Dans cette littérature qui condamne le mouvement, c'est le temps qui devient le noeud de l'intrigue. C. Guay-Poliquin le transforme en espace avec deux dominantes : la nécessité de passer l'hiver et l'attente des deux protagonistes sans savoir où elle les mène. Vers une amitié inattendue ou un point de rupture ?

Il ne faut pas compter sur l'auteur pour vous révéler le moindre indice avant le dénouement. Il est plutôt habile, impressionne par sa maîtrise, sa faculté à construire le récit autour du silence, de la solitude et de l'ennui en tournant le dos à toute «psychologisation» pédante.

Belle découverte.

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Le Poids de la neige

Rencontrer un écrivain est toujours intéressant. Découvrir qui se cache derrière les pages que l'on tourne, écouter l'auteur parler de son livre, de ce qui l'inspire, de ce qui le motive, est toujours enrichissant.

Lorsque j'ai déjà lu l'ouvrage, j'y découvre souvent des aspects auxquels je n'avais pas pensé, cela enrichit mes impressions de lecture.

Une fois n'est pas coutume, je n'avais pas lu le roman de Christian Guay-Poliquin avant de le rencontrer, et pour cause : c'est en fin de rencontre que je l'ai reçu, comme toutes les personnes présentes. Et j'ai trouvé ça formidable. Le plaisir de la découverte a été décuplé.

Un immense merci à Babelio et aux éditions de l'Observatoire qui ont organisé cette rencontre passionnante.

Un immense merci pour ce livre qui est déjà un très bel objet avec une superbe photo de couverture.

Christian Guay-Poliquin est un jeune auteur plein d'humour, à la pensée foisonnante et à la réflexion riche et intelligente. Très cérébral tout en restant simple et charmant.

La rencontre fut captivante de bout en bout. Avec un savoureux accent québécois et une verve rare, Christian Guay-Poliquin a subjugué l'auditoire.

Lorsqu'il a lu le très beau poème de son père mis en exergue, j'ai su tout de suite que j'aurais ce souvenir en tête en lisant son livre. Que j'allais entendre sa voix et sa musicalité.

Et c'est ce qui s'est passé.

La rencontre avait aiguisé mon appétit, et j'avais hâte de commencer ma lecture. Convaincue par avance. Et je n'ai pas du tout été déçue, loin de là, ce fut un pur moment de bonheur. Des heures magiques, passées au chaud sous ma couette tandis que la neige tombait dehors... et dans le livre. Merveilleuse coïncidence !

Lire le texte après avoir entendu l'auteur en parler, n'en disant que ce qu'il faut sans trop en dévoiler, a été une expérience très positive.

Le poids de la neige met en scène deux hommes forcés par les circonstances de cohabiter, un jeune homme blessé et un vieux grincheux. Ils se retrouvent coupés du reste du monde, sans électricité, sans moyen de communication tandis que la neige s'accumule. Cette neige qui est d'ailleurs le troisième personnage de l'histoire, un personnage à part entière. Peut-être même le premier.

L'histoire ? On pourrait la résumer en quelques lignes. De ce point de vue, le roman pourrait tout aussi bien se réduire à quelques pages.

Mais alors, quel est son intérêt ?

Christian Guay-Poliquin l'a dit lors de la rencontre : "C'est précisément quand rien ne se passe que tout peut arriver." Cette phrase illustre parfaitement le livre. Le lecteur attend, parce qu'il peut se passer beaucoup de choses derrière une tranquillité apparente. Et le tour de force de l'auteur est de faire en sorte qu'il ne s'ennuie pas une seconde.

Ce roman est envoûtant. Lent, très lent, mais terriblement captivant.

Dans une interview, Christian Guay-Poliquin a exprimé l'idée que "Dans la fiction, la solitude est ce qui permet de rentrer à l'intérieur des personnages." et c'est ce qu'il exploite dans le poids de la neige.

Dans le contexte de survie dans lequel ils sont plongés, les deux personnages n'ont pas d'artifice derrière lequel se cacher, pas de masque derrière lequel se dissimuler. Ils sont mis à nu et doivent assumer tout ce qu'ils sont et tout ce qu'ils font. Cela donne une force inouïe à chacun de leurs actes, à chacune de leur parole.

Les apparences sont bien trompeuses : il ne se passe pas grand-chose... mais en fait il se passe plein de choses.

Dans le poids de la neige, pas de grande gesticulation, pas de rythme effréné mais un contenu tellement riche derrière le calme en surface.

Moi qui aime la nature, et particulièrement la neige, j'ai été servie ! L'auteur a déclaré dans une interview que : "La nature domine sur tout ce qui se passe et plus spécialement domine les personnages et donc tout ce qu'ils vivent. La nature est dans ce sens le tremplin de l'existence humaine. C'est pourquoi la nature devient le tableau fondamental du récit et donc de l'aventure humaine." Dans son roman, c'est effectivement la neige qui domine tout, les cm accumulés qui pèsent de plus en plus sur les deux reclus.

Mais cette neige ne pèse pas du tout sur le lecteur ! Pour lui, elle se fait légère, douillette.

À une époque où tout va vite, où journalistes, présentateurs ou politiciens parlent à toute allure dans une sorte d'urgence permanente, que ce livre fait du bien !

Ce roman qui ne ressemble à rien de ce que j'ai lu jusqu'à présent a été une petite parenthèse enchantée dans mon quotidien.

Un livre plein de poésie, qui garde une grande légèreté malgré tout le travail que l'on devine derrière chaque phrase.

Un livre original et magnétique, un immense plaisir de lecture.

Je ne peux que vous recommander de plonger à votre tour dans cette merveilleuse neige !
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Le Poids de la neige

La vie est étrange, elle nous met parfois dans des circonstances inédites...et c'est là qu'après avoir accepté de vivre l'inattendu qu'elle nous délivre la récompense de sa beauté.



Dans cette région lointaine, une maison est isolée du reste du village, plus d'électricité et la neige tombe en abondance et prend des hauteurs vertigineuses, menaçantes, elle grignote en dangerosité un peu plus tous les jours.



Sous le poids de la neige, deux hommes se rencontrent, l'un est valide Matthias le plus âgé, puis le narrateur (qui n'a pas de nom), un jeune grièvement blessé dans un accident de voiture.



Il y a un deal avec les gens du village : Matthias doit prendre soin de son congénère durant tout l'hiver, en échange d'une place dans un convoi au printemps pour aller retrouver sa femme malade.



Comment vont-ils composer ensemble ?



On a l'impression qu'il ne se passe rien, mais c'est dans le quotidien que tout surgit, c'est là que se passe leur survie et leur relation. C'est un roman sur l'attente, la patience, le silence, le don de soi, la dépendance, la résilience.



Face à cette météo de plus en plus dangereuse et hostile, l'étau se resserre, vont-ils s'en sortir ?



"Nous sommes dans le ventre de l'hiver, dans ses entrailles. Et, dans cette obscurité chaude, nous savons qu'on ne peut jamais fuir ce qui nous échoit"



"Je rassemble mon courage et me retourne sur le dos, les bras en croix, les paumes vers le ciel. Autour de moi les ténèbres rôdent. La nuit a faim. Et les flocons sont carnivores"
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Le Poids de la neige

Dans un lieu et un temps indéterminés, deux hommes sont contraints de cohabiter. Isolés dans la véranda d'une maison abandonnée, à l'écart du village, dans un monde chaotique où l'électricité est coupée depuis des mois, où les vivres sont rationnées, le narrateur et un vieil homme vivent en vase clos alors qu'au dehors l'hiver installe son cortège de neige, froid et tempêtes. Mathias, bloqué ici par la pénurie d'essence, ne pense qu'à retourner en ville où sa femme l'attend, le narrateur, lui, a été victime d'un accident de la route. Mal en point, les jambes broyées, il a été confié à Mathias contre de le nourriture, du bois de chauffage et la promesse de faire partie du premier convoi quittant le village au printemps. Mais l'hiver prend tout son temps et les deux hommes s'installent dans une routine perturbée seulement par des visites qui se raréfient au fur et à mesure que les habitants désertent le village.



Un huis-clos hivernal dans lequel deux hommes se tolèrent, s'apprivoisent, s'affrontent, s'entraident. Ils ne se sont pas choisis, sont victimes de conditions extrêmes, ne peuvent compter que l'un sur l'autre et sur la solidarité de quelques villageois, de moins en moins nombreux au fil des mois. Le jeune, diminué, mutique, entièrement dépendant pendant sa longue convalescence observe le vieux, énergique, pressé par le temps, contraint de jouer les infirmiers. Et plus loin, il y a le village qui lutte aussi, contre la neige, contre les incivilités, la violence qui couve à mesure que les stocks de vivres diminuent, les trahisons de ceux qui cherchent à fuir en cachette...

Il ne se passe pas grand chose dans ce récit d'une ère glaciaire et primitive mais on ressent la tension, la variation des sentiments entre les deux protagonistes et le poids de cette neige qui s'amoncelle, implacable et potentiellement mortelle. Un décor blanc, stérile, des personnages évanescents et la survie à tout prix...de bons ingrédients pour un livre qu'on lit d'une traite, happé par le destin de ces deux hommes seuls au monde. Mais l'auteur garde ses secrets, on ne saura jamais pourquoi l'électricité est coupée, si Mathias retrouve sa femme, si le narrateur retrouve les siens, si ailleurs la vie a repris son cours normal... Une belle lecture de saison.
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Le Poids de la neige

Ayant eu de privilège de rencontrer l'auteur la semaine dernière à la médiathèque de la ville dans laquelle je réside (et non pas celle dans laquelle je travaille cette fois-ci), je suis tombée amoureuse de sa présentation et de la lecture qu'il a faite de l'un des passages de son ouvrage (avec cet accent québécois que j'adore). Sélectionnée pour le Prix des lycéens et apprentis de la région Sud, cette rencontre a eu lieu dans ce cadre en partenariat avec l'ARL et je ne me réjouirais jamais assez d'avoir pu assister à cette rencontre.



Ici, nous nous trouvons dans un huis-clos étouffant, près d'un petit village que les chutes abondantes de neige et la coupure d'électricité qui en a découlé ont coupé du reste du monde. Notre narrateur, un jeune mécanicien venu rendre visite à son père après dix ans d'absence se retrouve alité après un terrible accident de voiture qui lui ont broyé les jambes. Désormais, il ne doit sa survie qu'aux bons soins de Maria, la vétérinaire du village 'transformée en infirmière dans ces circonstances et du pharmacien qui lui apporte des médicaments. Obligé malgré lui de cohabiter avec un vieil homme, Matthias, qui, lui non plus ne se voyait pas devoir rester auprès de ce jeune homme qui est désormais une charge pour lui et qui, de surcroît, se refuse à parler, les deux hommes vont néanmoins apprendre à devoir cohabiter ensemble non pas pour vivre mais pour ne pas mourir. Si dans un premier temps, l'entraide que leur apporte les quelques villageois qui n'ont pas (encore fui) le village leur est d'un grand secours, ce sera bientôt "chacun pour soi". Si le narrateur se remet lentement mais sûrement de ses blessures, Matthias ne pense qu'à une chose : pouvoir s'échapper de cet endroit afin de rejoindre la ville et d'y retrouver sa femme. Cependant, bien que les mots ne soient pas prononcés et malgré l'hostilité première entre ces deux hommes que tout oppose, l'on sent bien que ce coup du sort a fini par les rapprocher, bien malgré eux.



Un roman oppressant, un huis-clos presque étouffant mais avec une telle beauté dans l'écriture (malgré la description de ces paysages presque sortis d'un roman post-apocalyptique) et des chapitre extrêmement courts que le lecteur (moi en tout cas), ne peut que tomber sous le charme. Nos deux protagonistes arriveront-ils à se sortir de ce labyrinthe dans lequel ils sont enfermés ? Même si la fin m'a un peu laissée sur ma faim, je ne peux que vous recommander de lire cet ouvrage d'une grande simplicité et pourtant si profond en ce qui concerne les relations humaines dans de pareilles circonstances ! Une pure pépite à l'état brut !
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Le Poids de la neige

Une panne d’électricité dans un village de montagne, la neige tombe inexorablement centimètre après centimètre, engloutissant tout.

Le décor est planté et peu à peu, l’angoisse va s’installer. Dans ce monde en perdition, les villageois tentent de s’organiser et de survivre.

On va suivre deux hommes qui sont bien malgré eux, confinés dans une maison un peu délabrée, ouverte aux quatre vents.

L’un d’eux a été victime d’un très grave accident de voiture alors qu’il s’apprêtait à revenir dans ce village qu’il avait quitté 10 ans auparavant, se retrouve pris au piège de cette nature hostile et est obligé d’attendre comme tous les autres la fonte des neiges pour un hypothétique départ.

Avec des mots d’une justesse incroyable, une langue d’une infinie poésie, Christian Guay-Poliquin tisse sa toile, joue avec nos nerfs, et nous étouffe. Page après page, nous sommes prisonniers de cette atmosphère qui oscille en permanence entre le roman d’anticipation, la fable écologique et une déclaration de résistance.

Certes, il ne se passe pas grand-chose dans ce roman, ce qui peut déranger, mais pour ma part, je me suis laissée envouter par cette magie blanche.

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Le Poids de la neige

Si vous êtes capable d'endurer le sentiment d'oppression, de désarroi, d'anxiété que peut provoquer la neige et l'hiver, alors cette lecture est pour vous.

Car oui la neige, les tempêtes, peuvent être anxiogènes, peuvent faire naître le malaise.

Christian Guay Poliquin joue avec la neige et en fait son immense personnage principal et il nous laisse le temps, le temps de l'apprivoiser.

Le portrait ? Un petit village perdu, l'électricité est coupée, il n'y a plus aucun moyens de communication. Et, comme la situation perdure, l'essence, la nourriture sont rationnées, car malheuresement, tout de la quotidienneté viendra à manquer. Et la neige ne finit plus de s'amonceler.

Voilà que le narrateur, que l'on ne nomme jamais , après 10 ans d'absence, revient dans son village pour revoir son père. Mais presqu'en arrivant, il a un accident qui lui brise les jambes. Il est retrouvé par des gens du village qui finissent par le reconnaitre. Ses proches, oncles et tantes ne peuvent s'occuper de lui car ils ont décidé de partir, de tenter de mieux vivre à leur camp de chasse. Notre narrateur handicapé, mal en point, sera donc recueilli par le vieux Matthias qui le soigne. Tous les deux, ils tenteront, tant bien que mal, de s'endurer, de s'acclimater, lui couché dans un lit dans la véranda et ce vieil homme qui le nourrit, le lave, lui offre la survie. Mais tous les deux sont pris au piège de l'hiver, au piège de leur vie à deux, seul.

C'est un roman où tout n'est pas dit. On ne connaît pas l'origine de la panne d'électricité, du chaos provoqué, de ceux qui tentent de survivre. Par contre, on nous dit tout sur la neige, sur le vent, sur le verglas, sur les bancs de neige, sur les redoux et les coups de froid.

C'est un roman d'une belle écriture, simple mais riche, teinté d'une ambiance tellement authentique, tellement réelle qu'elle en devient d'autant plus angoissante.

À lire pour un dépaysement garanti.
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Les Ombres filantes

Un homme marche seul dans une forêt. La "Panne" a privé le pays d'électricité et cet homme cherche à rejoindre le camp de chasse de sa famille. En chemin, il croise un jeune garçon, Olio, qui va se joindre à lui. La vie au camp, après la joie des retrouvailles et d'un confort rustique mais supérieur à la vie en forêt, va se révéler plus compliquée que prévu.



C'est mon deuxième roman de l'auteur après le poids de la neige, et même si j'ai apprécié cette lecture, elle n'a pas été un nouveau coup de coeur.

Le thème en est sans doute moins original: marche en territoire hostile après une catastrophe, survie difficile, re-apprentissage des techniques ancestrales, coexistence entre individus dans ces conditions, ce sont des thèmes que j'ai déjà lus.

J'ai aimé cependant le traitement fait par l'auteur, la forêt devenant un personnage à part entière du roman.

J'ai aimé aussi sa description de la vie en communauté avec toutes les tensions qui naissent de cette contrainte, et les questions qui viennent: de quoi sera fait demain, à quoi bon survivre dans cet environnement fermé, si ce n'est pour rien connaitre à coté. Questions d'autant plus cruciales pour ceux qui sont les plus jeunes, et l'homme en fait partie.



En revanche, je n'ai pas aimé le personnage de l'enfant: secourable, affectueux par moment, mais aussi menteur et voleur, imprudent, pas fiable.. Je n'ai jamais pu m'attacher à lui, et je n'ai pas aimé le sentiment de malaise qu'il générait en moi. Cette ambivalence a bien sûr été voulue par l'auteur, Elle renforce la tension, mais d'une façon à laquelle je n'ai pas souscrit. .



Une lecture magnifiée par l'écriture précise, descriptive, poétique, un roman où la nature occupe une grande place, où les futilités n'ont plus lieu d'être. Et la fin est à la fois inattendue et finalement magnifique.



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Le Poids de la neige

Dans un futur proche et un lieu indéfini qui pourrait être le Québec, un village déjà isolé par une dense forêt se retrouve complètement coupé du monde, en plein hiver, par un black-out général qui vient de priver le pays d'électricité : bloqués par la neige, les villageois doivent soudain affronter les rudes conditions climatiques quasiment comme au temps jadis, cloîtrés auprès de leurs feux de bois, avec pour seule nourriture les provisions accumulées aux beaux jours.





Alors que le village organise tant bien que mal sa survie, deux hommes qui ne se connaissent pas sont contraints à la cohabitation, dans la dépendance d'une habitation désertée et située un peu à l'écart. Ils font figure de Robinsons échoués là par erreur : le plus jeune revenait voir son père après des années d'absence, quand un accident de voiture lui a broyé les jambes et l'a coincé au village. le plus âgé n'a qu'une hâte : partir rejoindre sa vieille épouse malade, restée seule en ville.





Ce qui se passe en dehors du village naufragé, et dont on ne saura rien, n'est pas le sujet du roman, mais plutôt une sorte de prétexte pour nous enfermer dans un huis-clos forcé. A vrai dire, il ne se passe pas grand-chose, sinon une longue attente incertaine dans un cocon de blancheur froide et dangereuse, où la moindre imprudence peut très vite devenir fatale.





Alors que le monde s'est rétréci à leur petite bulle de survie, cernée par l'envahissante et irrépressible marée blanche dont ils suivent le flux et le reflux sur les graduations de leur poteau à neige, les deux hommes luttent plus ou moins patiemment contre le froid, la faim et l'ennui. S'entraidant et se déchirant au fil de leurs angoisses, irrémédiablement seuls face à eux-mêmes malgré leur promiscuité, ils se débattent contre leur présent avec une seule obsession : quitter cet endroit dès que possible, même si l'ailleurs est peut-être pire, car rien ne leur parvient de l'état du monde au-delà de leur forêt.





Comme Dédale et Icare cités en introduction de chaque chapitre, les héros de ce roman ne vivent que pour partir, à la recherche d'un autre chose qu'ils ignorent mais dont ils attendent tout : et si, là-bas, les guettait bien pire que le poids de la neige ?





Cette fable glacée m'a laissée sur la frustration de nombreuses questions posées et restées sans réponse. Alors, reste en consolation le souvenir d'impressionnants décors de neige, dans une nature imperturbable qui se moque bien du bouillonnement des états d'âme humains.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Les Ombres filantes

Dans "Le fil des kilomètres", un premier roman paru en 2013, Christian Guay-Poliquin orchestrait une traversée du continent dans un contexte d’effondrement économique et social. En 2016, dans "Le poids de la neige" l'auteur privilégie un huis-clos contraint, entre un vieil homme et un compagnon de fortune blessé, dont il doit s'occuper.

Pour ce 3ème opus, l'auteur achève ce cycle post-catastrophe, en mettant en scène ce même homme remis partiellement de sa blessure, traversant les forêts, évitant les villes et les regroupement, pour rejoindre sa famille qui s'est réfugiée dans leur maison de chasse pour affronter l'après "grande panne d'électricité".

Sur cette dernière, l'auteur reste assez flou: le roman n'a pas pour vocation d'être un récit d'anticipation classique, explorant les conséquences sur toute une société, voire une civilisation, d'un drame nucléaire ou autre désastre écologique anéantissant l'humanité.



Pourtant, il est vrai que le thème d'une catastrophe jetant sur la route un homme, dans l'espoir de trouver un refuge salvateur, pourrait faire penser à l'angoissant "La Route" de Cormac McCarthy, où un père et son fils survivent dans un monde dévasté. D'autant plus que dans "Les ombres filantes", notre protagoniste se fait littéralement intercepter par un gamin d'une douzaine d'années, visiblement livré à lui-même. Mais la ressemblance avec le roman apocalyptique de McCarthy s'arrête là.



Car Christian Guay-Poliquin livre ici plutôt un conte où, malgré le contexte, la marche et la traversée de la forêt procurent moments de contemplation et petites joies. Les priorités, ce qui est réellement essentiel, et tout ce qui est finalement futilité, tout cela a totalement changé. Dans ces étendues sauvages, l'homme est ramené à ce qui est véritable.

De nombreux moments de grâce et de poésie émaillent le récit, l'auteur a su habiller ce trajet sylvestre de toutes les sensations, faisant appel à tous nos sens. On colle au ressenti du protagoniste comme la terre du sous-bois à ses chaussures.



L'idée du roman, très centré sur le monde de la forêt, à travers un filtre presque onirique, s'est imposée à l'auteur, en 2014 pendant une expérience de randonnée sur le Sentier des Appalaches, en Haute-Gaspésie. La forêt, il l'a voulue lieu de crainte, car les animaux sauvages qu'on peut y croiser constituent un danger, mais aussi lieu protecteur où l'on peut se cacher et éviter les groupes malintentionnés.

Car dehors, le danger est partout: en exil et en transhumance, sorti de ses codes sociaux habituels dans un ordre bien établi, les cartes sont rebattues et l'homme peut devenir une proie. Plus d'électricité, plus d'essence, la nourriture vient à manquer, la "grande machine à produire" s'est arrêtée : il faut maintenant se débrouiller par ses propres moyens.

Entre tentation de recréer un monde bâti sur l'ancien, à travers de grands regroupements très hiérarchisés où règne la loi du plus fort, ou bien à travers une organisation familiale où prévaut l'ancienneté générationnelle, l'auteur nous pousse forcément à nous interroger sur ce que serait notre choix. Comment survivre? Isolé, l'homme n'est rien. Et peut-on se contenter de chasser, quand plusieurs communautés se partagent le même territoire, ou bien est-il plus sage de "cultiver son propre jardin" (pour faire un petit emprunt à Voltaire!) Le risque de confrontation et de guerre civile n'est jamais très loin, dont l'enjeu reste le besoin premier de l'Homme: se nourrir.



Malgré cette toile de fond inquiétante, c'est bien le lien humain qui prédomine dans tout le roman. Lien effrayant quand croiser d'autres personnes peut vous coûter la vie. Lien épanouissant quand cheminer avec un jeune garçon et le protéger donne un nouveau sens à une vie qui a perdu de son éclat dans tout ce tumulte. Lien blessant mais rassurant au sein d'une famille qui vous accueille et vous entoure mais n'a pas hésité à vous laisser derrière elle quand vous étiez blessé... Habilement Christian Guay-Poliquin sonde la signification de la famille : est-elle celle dans laquelle nous sommes né, quand bien même elle ne respecte pas notre individualité, ou est-elle celle que l'on se choisit, et pour laquelle on est finalement prêt à tous les sacrifices?



Bien que j'aie été surprise par cette déambulation non sans risque, mais au final, loin de "La route" ou de "Walking Dead", j'ai pris grand plaisir à cette lecture qui a su maintenir mon intérêt constant.

Les personnages sont attachants et l'auteur nous balade dans ce "nouveau monde" où tout s'est écroulé et, sans jamais tenter de nous délivrer un quelconque message ou une leçon de morale, il nous interroge sur ce que seraient nos valeurs pour construire une nouvelle société...ou pas. Cette "civilisation de l'après" dont il fut tant question après le confinement.
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Le Poids de la neige

Je tiens déjà à souligner la qualité et la beauté du livre lui-même. La couverture est vraiment belle , bravo aux éditions de l’Observatoire !.

Si l’enveloppe est belle, l’intérieur est tout aussi éblouissant.

Christian Guay-Poliquin nous offre un huis clos tout à fait passionnant dans une ambiance très particulière, glaciale qui met d’emblée le lecteur dans une position d’attente. Nous sommes hypnotisés par l’atmosphère, le silence, la tension qui règne dans la maison entre les deux hommes Matthias et le narrateur. Nous sommes à l’affût du moindre mouvement, du moindre geste car nous redoutons un drame.

La neige n’est pas ici, légère, elle est lourde, pesante comme le sont les rapports entre les deux hommes.

L’écriture est « froide », sobre, sans fioriture, une écriture incisive qui sait retenir et capter l’attention du lecteur qui ne pose le livre que par obligation.

Je suis vraiment séduite par ce roman et regrette vraiment de l’avoir terminé si vite, malgré la dureté du climat à l’intérieur et à l’extérieur de la maison, je me sentais bien et n’avais pas envie d’en sortir !

C'est une belle découverte et je remercie LydiaB qui en est à l'origine !



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Le Poids de la neige

J'ai lu plusieurs livres de la même veine :encabanée, les désossés que j'avais bien appréciés. Je me suis précipitée sur celui-là, sans faire attention qu'il n'était que la suite de "le fil des kilomètres" heureusement les deux peuvent se lire indépendamment.

C'est un huis clos que nous offre l'auteur. Un homme, mécanicien, venant voir son père malade au village, a eu un très grave accident de voiture , les villageois le recueillent et l'amènent dans un chalet inhabité où Matthias, un vieil homme acariâtre s'est réfugié, après une panne de voiture.

Dehors, c'est le ko, l'auteur entretient le flou sur la situation , donnant peu de détails, mais on comprend qu'il y a une panne d'électricité dans tout le pays, que les vivres et l'essence se font rares, que des pillards s'attaquent aux habitants et aux maisons, que des milices s'organisent.

Les gens du village, qui sont encore là, essaient de fuir vers les villes quand ils le peuvent, ils s'organisent pour les vivres, ils vont à la chasse. Matthias attend le prochain convoi pour partir retrouver sa femme. En attendant, il devra s'occuper du blessé.Il le soigne, lui fait la cuisine, le distrait. Le chalet est isolé du village, c'est l'hiver et les routes sont enneigées et impraticables. Les villageois passent de temps en temps pour leur apporter des vivres et la vétérinaire, Maria, surveille les plaies du blessé. Sinon, nos deux colocataires sont seuls, face à face dans un endroit exigu, sans autre distraction qu'un jeu d'échecs et quelques livres. Ils sont liés l'un à l'autre, livrés à leur triste sort, piégés dans ce chalet. Matthias, avec le temps, devient irascible, nerveux et prépare en douce son départ, le blessé se remet peu à peu et commence à se mouvoir. Il voit Matthias disparaître souvent dans la neige, pendant quelques heures et se doute qu'il mijote quelque chose. Ce face à face peut à la longue révéler la part d'animalité cachée en chacun et la cohabitation peut vite dégénérer. Matthias manifeste des signes de violence avec le temps, il est obsédé par l'idée de partir. Les jours s'étirent péniblement, le temps se dilate, la neige continue de tomber sans discontinuité.

L'auteur a écrit un livre où les personnages sont à l'arrêt, figés dans un décor de neige, il décrit magnifiquement l'ambiance suspendue, les heures qui s'étirent, les jours qui passent et rien ne se passe. La neige commence à fondre et les gouttes d'eau s'infiltre dans le toit et tombent sur le parquet sans arret,floc floc .... On attend le clash mais surviendra t'il ?
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Les Ombres filantes

Si vous n'avez jamais entendu Christian Guay-Poliquin, je vous conseille de l'écouter avant de le lire.

Pourquoi ?

Parce qu'au-delà de l'intérêt de ce que vous entendrez, son accent québécois vous charmera et vous apprécierez mieux ses écrits qui résonneront dans votre tête avec cette intonation savoureuse.

(Par exemple : https://www.youtube.com/watch?v=8LDpPqhOBHU)



Si l'on me demandait de résumer l'histoire (ce que je ne ferai pas ici pour ne rien dévoiler), je pourrais le faire en deux lignes parce qu'il ne se passe pas grand-chose.

Si l'on me demandait de présenter les personnages, ce serait très vite fait tant ils sont peu nombreux.

Pour résumer : il n'y a pas grand-monde et il ne se passe pas grand-chose.

C'est mal parti, pensez-vous peut-être... et pourtant, si vous saviez...



Si vous saviez comme j'ai aimé l'atmosphère étrange qui règne tout au long du récit.

Si vous saviez comme j'ai été touchée par la relation qui se crée entre le narrateur et un enfant qui débarque tout d'un coup sur son chemin.

Si vous saviez comme cela m'a plu de ne pas tout savoir.

Si vous saviez comme j'ai adoré le mystère diffus qui plane tout le long de l'histoire.

Si vous saviez l'immense plaisir que m'a procuré cette lecture.



Si vous saviez tout cela, vous auriez envie de plonger dans ces Ombres filantes à votre tour.

De vous immerger dans ce texte au pouvoir étrange. Un texte magnétique dont on a du mal à se détacher.



J'ai connu Christian Guay-Poliquin à l'occasion de la sortie en France de son précédent roman, le poids de la neige. J'ai eu la chance de participer à une rencontre organisée par Babelio, et j'y ai découvert un homme charmant, intelligent, simple et sincère. Passionnant.

Une personnalité attachante avec un lien particulier avec la nature qui explique en partie ce qu'il écrit.

Dans cet ouvrage, la forêt tient une grande place. Alternativement protectrice ou inquiétante, elle est bien plus qu'un décor, elle fait partie de l'histoire. Séduisante et mystérieuse "forêt qui comme la vie parfois s'ouvre à nous tout en se refermant derrière".

D'un livre à l'autre, les deux récits sont différents, le dernier n'est pas une simple resucée du premier. Ils ont toutefois de nombreux points communs qui font que certains mots ou certaines phrases que j'ai écrites dans mon avis sur le poids de la neige s'appliquent encore parfaitement ici.



Dans une interview, Christian Guay-Poliquin a exprimé l'idée que "Dans la fiction, la solitude est ce qui permet de rentrer à l'intérieur des personnages." C'est ce qu'il a beaucoup exploité dans le poids de la neige et qu'il utilise aussi dans Les ombres filantes.

Dans le contexte de survie dans lequel ils sont plongés, les personnages n'ont pas d'artifice derrière lequel se cacher, pas de masque derrière lequel se dissimuler. Ils sont mis à nu et doivent assumer tout ce qu'ils sont et tout ce qu'ils font. Cela donne une grande force à chacun de leurs actes, à chacune de leur parole.

Dans Les ombres filantes, pas de grandes gesticulations, pas de rythme effréné, et le tour de force de l'écrivain est de faire en sorte que le lecteur ne s'ennuie pas une seule seconde parce que le contenu est très riche et l'intensité humaine très forte.

À une époque où tout va vite, où journalistes, présentateurs ou politiciens parlent à toute allure dans une sorte d'urgence permanente, que ce livre fait du bien !

Il nous donne l'occasion de nous poser et de prendre du temps. Du temps pour réfléchir puisque les thèmes abordés s'y prêtent, mais aussi tout simplement du temps pour apprécier cette lecture envoûtante.



Les ombres filantes fait partie de ces romans qui illustrent le pouvoir des mots quand un écrivain sait bien les agencer.

Le pouvoir de la bonne littérature.



Une rencontre avec Christian Guay-Poliquin était prévue chez l'éditeur, mais elle a dû être annulée à cause des restrictions imposées au Canada en raison du Covid. C'est vraiment dommage et j'espère que ce n'est que partie remise. En tout cas, je tiens à remercier les éditions La Peuplade pour l'envoi de ce livre.



Je ne doute pas que ce roman plaira aux lecteurs qui aimeront suivre l'auteur dans la nature, ou plutôt dans les natures : celle qui nous entoure, et la nature humaine.

Personnellement, je suis séduite par cette écriture qui utilise merveilleusement la lenteur pour mieux explorer la psychologie des personnages.

Jamais deux sans trois : je viens de commander chez mon libraire le fil des kilomètres.
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Le Poids de la neige

Le poids de la neige est un roman écrit par un écrivain québécois, Christian Guay-Poliquin, auteur que je découvre ici, dans le cadre de la sélection du prix littéraire Cezam 2019.

Ce sont des pages emplies de silence et de blancheur. Le paysage vient progressivement se mélanger aux pages qui nous invitent au voyage, la blancheur est tout d'abord comme un étonnement, une lumière et bientôt peu à peu devient lourde, comme obsédante, la neige vient alors peser sur les ramures des arbres, les toits des maisons et les pages que nous égrenons. C'est une neige qui règne sans partage.

Nous ne savons pas grand-chose de ce qui s'est passé avant que ne débute le récit. On dirait que plane le souvenir d'un drame encore récent...

Un homme au bord d'un village est recueilli par des personnes, il a été victime d'un très grave accident de voiture. Il s'agit du narrateur. Il se retrouve piégé dans ce village que la neige recouvre peu à peu, d'une manière immuable. Il est loin des siens, coupé du reste du monde, une panne d'électricité semble avoir touché bien plus que les limites de ce village.

Le temps est là, qui avance très lentement, qui tente de cicatriser les blessures physiques et celles plus anciennes. Le temps cicatrise ce qu'il peut, avec ce dont il dispose, à portée du jour, loin de l'emprise des mains.

Parfois la neige cesse de tomber. Parfois elle recommence à venir. Nous voyons ainsi le paysage se modifier sous les yeux des personnages, une sorte d'angoisse, d'oppression et de blancheur immense s'animer pas à pas.

Ce sont deux hommes forcés de cohabiter dans un univers fermé, étroit, presque forcés de s'entraider, du moins l'un doit s'occuper de l'autre tout au début du roman... Ce sont deux hommes prisonniers l'un de l'autre.

C'est presque un huis clos entre un vieil homme qui s'appelle Matthias, qui est chargé de s'occuper du narrateur, bien plus jeune que lui, mais il est blessé aux jambes à la suite d'un accident de la route et ne parle pas à ses interlocuteurs.

C'est un des paradoxes de ce roman : un vieil homme qui a la force de prendre soin d'un homme plus jeune que lui, blessé.

On ne sait pas la raison de tout cela, ces femmes et ces hommes, par moments aux abois, qui semblent s'organiser comme ils peuvent, survivre presque.

Le narrateur contemple le paysage, tandis que Matthias s'affaire à aider, faire le ménage, cuisiner, laver le jeune homme, lui apporter les soins nécessaires. Au début ce n'est pas de gaité de cœur que Matthias fait tout cela, on l'a un peu contraint à le faire.

Le narrateur est emmuré dans un silence mutique et cela agace Matthias. On ne sait pas pourquoi il ne parle pas.

Et puis brusquement un jour il crie : « Au feu ! Au feu ! ». Matthias accoure et découvre alors que son hôte peut parler.

Il y a aussi Joseph, il y a José. Et puis il y a la belle Maria. Elle est vétérinaire. C'est elle qui a apporté les premiers soins au narrateur, faute de médecin présent. Ces personnages viennent et reviennent vers la maison, au rythme des jours qui s'écoulent dans cet hiver interminable qui recouvre peu à peu le village et ses maisons, viennent rendre visite à Matthias et son hôte.

Le silence du narrateur ressemble au silence du paysage. Parfois, nous avons l'impression qu'ils font corps, c'est une étrange harmonie.

Peut-être qu'il ne se passe rien dans ce roman... Ou bien, dit autrement, peut-être qu'il ne se passe rien aux yeux de ceux qui ne prennent pas le temps de capter la présence des personnages, leurs silences, leurs mouvements, leurs battements de cœurs, leurs regards par-dessus le paysage, tentant d'imaginer ce qu'il y a derrière, ce qu'il va advenir plus tard...

C'est un livre où il y a de l'attente, de l'angoisse aussi, peut-être du désir. Maria n'est jamais loin même lorsqu'elle n'est jamais là...

C'est une amitié un peu forcée au début. Mais elle existe, elle est là, elle se forge parmi la neige qui tombe et l'attente

Étrangement, ce paysage figé par la neige devient vivant, s'anime.

Par-delà ce huis clos, l'auteur nous invite à une réflexion : que devenons-nous lorsque nos repères de modernité, ici l'électricité, sont défaillants dans la durée ? Des voisins se parlent soudainement, les relations humaines en sont bousculées. Des choses belles, mais aussi des choses moins belles peuvent venir de tous les côtés, inattendues.

Parfois les silences ne sont pas pesants. D'ailleurs, les silences ne devraient jamais être pesants. Ce livre nous invite à questionner ces silences de nos vies qui parfois nous encombrent, nous pèsent et devraient plutôt ressembler à la neige dans ce qu'elle a de légère et de sublime.

Je vous livre ici une anecdote personnelle qui va vous faire sourire, du moins parmi les plus jeunes d'entre vous. En 1974, j'avais douze ans, lorsqu'un attentat en Bretagne, perpétré et revendiqué par une organisation indépendantiste bretonne, priva l'Ouest de la Bretagne de télévision pendant plusieurs semaines. Eh bien, chers amis, la vie ne s'arrêta pas là. Il y eut des jeux de société, des soirées de conte, des soirées entre voisins, il paraît même que le taux de natalité grimpa neuf mois plus tard... Je me souviens d'une période qui fut tout d'abord un choc effroyable (finis Zorro, Skippy le kangourou, Flipper le dauphin... !) et puis quelque chose de merveilleux vint à force d'apprivoisement de ce silence qui nous tombait dessus brutalement. Dans ma famille, nos soirées étaient devenues inventives, nous avions ressorti des placards les jeux de société et nous nous regardions enfin...

J'ai aimé ce livre, sa rudesse, sa tendresse et son chemin. Son humanité. Les personnages cheminent entre eux, s'opposent au départ, se rejoignent peu à peu...

J'ai aimé marcher dans la neige de ce roman, mais aussi attendre avec les personnages du récit, je me suis senti en totale empathie avec eux dans cette attente, j'étais parmi eux dans la neige, sous son poids et peut-être aussi dans sa légèreté. Ce qui m'a plu dans ce roman, c'est que dans cette neige qui s'accumule inexorablement, deux hommes diamétralement opposés ont pu se rapprocher peu à peu l'un de l'autre...

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