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Critiques de Clara Dupont-Monod (1257)
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S'adapter

J’avais lu avec plaisir deux livres historiques de cette auteure.

«  Chacun compte avec sa réserve de courage » .

«  Il ne peut aimer que dans l’inquiétude » .

«  La montagne imposait son roulis »

«  La montagne avait mis un manteau orange ,moucheté de vert » .

Quelques courts extraits de ce livre magnifique, déjà tant commenté que cette chronique peut sembler superflue.

Je ferai court si je peux…..

C’est l’histoire d’un enfant différent contée délicatement, l’histoire de sa place dans la maison cévenole où il naît , racontée par sa fratrie avec tant de dignité , de tendresse que chaque phrase , chaque mot écrit par l’auteure pourrait être retranscrit avec bonheur .



Vous ne le croirez pas mais ce sont les pierres de la cour qui tissent ce qu’elles entendent et voient : «  Seuls les enfants nous utilisent ,nous nomment , nous bariolent , nous peignent, nous détournent » ..

Construction très originale , récit incroyablement sensible et doux, l’anonymat donnant une profondeur inouïe au récit .



Cette plume délicate , éblouissante nous touche en plein cœur , entre l’ainé , tendre , abimé , angoissé , brisé , fusionnel avec l’enfant , le ressenti de la cadette , dans le dégoût et la colère de celui qui a détruit malgré lui l’équilibre, et la force tranquille du dernier qui saura réconcilier les histoires .

L’auteure parle du Père , de la mère , de l’aîné, de l’enfant , de la cadette , du dernier sans les nommer , pas de détails superflus, pas de pathos ,ce qui donne une belle épaisseur aux sentiments .

Un récit touchant ,marquant , profond, où l’émotion affleure à chaque page, ,juste sublime , une écriture tellement envoûtante , qu’elle enchante , fascine le lecteur jusqu’à la dernière ligne, mêlant

les descriptions au petit point d’ ancestraux paysages cévenoles, aux pierres aux reflets cuivrés , à la bonté , aux larmes , à la vie portée à bout de souffle, ni craintive , ni combattante , juste là ..



J’ai du mal à qualifier une telle pépite , lumineuse, magnifique ,forte, pétrie d’humanité !

Dire que je redoutais de le lire ! .

Ce roman familial doublé d’ un hymne à la vie est une superbe réussite littéraire !

Pas étonnant les trois prix reçus , bien mérités par Clara . D. M. ! .

Joli travail !

«  Chacun compte avec sa réserve de courage » .
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S'adapter

Tout semble aller pour le mieux dans cette famille cévenole, le nouveau-né est présenté à la famille réunie, et devant le handicap, tout est chamboulé. On ne saura jamais les noms des protagonistes, ce seront : l’aîné, la cadette et le dernier et bien sûr les parents.



Chacun va réagir à sa manière, quand il faudra se rendre compte de l’inévitable : l’enfant est atteint d’une maladie génétique rare, il ne marchera jamais, car les muscles ne fonctionnent pas, il ne voit pas. Le médecin leur a prédit qu’il ne vivrait pas au-delà de ses trois ans.



Bien sûr, l’auteure évoque toutes les difficultés auxquelles se heurtent les familles : in suffisance de structures adaptées, les accès insuffisants pour les personnes à mobilité réduite, l’aide médicale et psychologique tellement limitées elles-aussi, mais ce n’est pas le propos du livre.



J’aime beaucoup les récits historiques que nous livre d’habitude Clara Dupont-Monod et j’ai eu immédiatement envie de la suivre dans ce nouveau « cadre » et elle m’a littéralement envoûtée.



J’ai beaucoup aimé ce récit : l’auteure a choisi de donner la parole aux pierres de la maison pour raconter comment les choses se passent, dans cette région des Cévennes où la nature impose ses droits, avec les rivières qui décident où elles veulent aller, avec ses inondations, ses « tempêtes ». La Nature est dure et, comme la vie, elle ne fait pas de cadeaux, reprend ses droits.



J’ai retrouvé, avec un immense plaisir, la très belle plume de Clara Dupont–Monod qui, une fois de plus, nous donne un récit puissant, plein de sensibilité, et fait réfléchir le lecteur : comment se serait-on comporté à la place de ces trois enfants : sauveur, victime, précocement adulte pour soulager les parents ?



Un grand merci à NetGalley et aux éditions qui m’ont permis de découvrir ce roman et retrouver son auteure.



#Sadapter #NetGalleyFrance



Troisième coup de cœur de cette rentrée…
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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S'adapter

Lorsque ce livre était sorti en 2021, j'avais très envie de le lire. Voilà qui est fait. Lors d'une émission littéraire, j'avais entendu que l'autrice Clara Dupont-Monod avait écrit sa propre histoire familiale. Je ne sais pas si c'est vrai mais peu importe, le roman est de toute façon fort intéressant. L'arrivée d'un petit frère lourdement handicapé dans une fratrie de deux enfants est lourd à porter ainsi que pour les parents bien entendu. L'originalité, dans ce récit, est le narrateur, les pierres des Cevennes. C'est un roman qui se découpe en trois voix. La première, c'est celle du fils aîné, qu'on appelle sobrement "L'aîné". La deuxième est la soeur cadette qu'on nomme "La cadette" et le troisième, le petit frère qu'on appelle "Le dernier". Et au milieu, né après la soeur cadette, qu'on surnomme "L'enfant" car il le restera toute sa courte vie, ce frère lourdement handicapé.

Tout d'abord le frère aîné, qui protège ce frère pas comme les autres. Il l'aime, le dorlote et est un peu sa seconde maman. C'est une véritable relation fusionnelle entre eux deux.

Pour la cadette, c'est tout le contraire, elle le fuit, la dégoûte et lui procure une honte vis à vis de l'extérieur. Et le dernier, le petit frère, né bien après le décès de l'enfant, qui ne l'a pas connu mais se pose mille questions sur lui.

C'est un récit qui se lit comme un conte d'aujourd'hui à la sauce cevenole. La description de la nature, de la montagne et des animaux sont un véritable hymne à la beauté de cette région. Elle joue également, une grande part dans ce récit.

Un beau roman terriblement humain.
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S'adapter

Un roman parlant d'un enfant handicapé, raconté par des pierres, sans que les noms des personnages ne soient donnés. J'avoue que j'ai hésité un peu, mais quelques belles critiques m'avaient décidée (Merci Jean-François, Yves et les autres)

Effectivement ce sont les pierres qui parlent, qui nous racontent comment cet enfant inadapté a bouleversé la vie de cette famille, et surtout la fratrie: l'ainé qui va s'en occuper tendrement, la cadette qui va se rebeller et puis porter la famille à bout de bras, et enfin le dernier qui bien que né après son décès le porte en son coeur :

« Il aurait aimé enlacer cet enfant pour le protéger. Comment était-il possible de regretter autant quelqu'un mort avant soi, se demandait-il, et cette question était un vertige. »

Ce texte aurait pu être difficile, il reste délicat, aérien. D'une écriture lumineuse, l'auteure décrit comment chacun s'est adapté à l'inadapté.

« Elle s'adaptait, sous nos yeux, comme l'avaient fait son frère, ses parents, et tant de gens avant eux, gagnant chaque fois notre admiration. Dira-t-on un jour l'agilité que développent ceux que la vie malmène, leur talent à trouver chaque fois un nouvel équilibre, dira-t-on les funambules que sont les éprouvés ? »

Ce qui m'a frappée le plus dans ces pages, c'est la profondeur de l'amour qui existe dans cette famille. Même la cadette, après avoir choisi la révolte, va changer pour sauver sa famille, la maintenir à flots et elle nous fait comprendre combien la vie a pu être compliquée pour eux.

Cet amour si bien résumé par ces quelques mots de la mère :

« Se pencha vers le père et lui dit, à voix si basse que personne ne put entendre : « Un blessé, une frondeuse, un inadapté et un sorcier. Joli travail. » Ils se sourirent. »

Joli travail, madame Clara Dupont-Monod

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S'adapter

J’aime bien Clara Dupont-Monod depuis Nestor rend les armes et pourtant, S’adapter ne me tentait pas. Et généralement, quand ça ne me tente pas… Une première chronique m’a conforté dans ce choix : Jiemde (oui parfois je me parle et il m’arrive même d’utiliser un pluriel de majesté, c’est vous dire !), donc Jiemde, passe ton chemin. En poche, un jour, peut-être… Mais une seconde chronique, m’a fait douter. Et douter, je n’aime pas ça ! J’ai donc lu S’adapter.



La première chronique pointait le côté consensuel de ce livre, conçu comme un attrape-tout (y compris les prix littéraires), manquant d’aspérité : un comble pour un livre où les pierres sont si présentes ! Certes avec excès - mais on ne se refait pas – je me retrouve assez en phase avec ce point de vue : voilà un livre sur la différence, le drame, la difficile reconstruction individuelle et collective, qu’il est difficile de ne pas aimer et de critiquer.



Et pourtant il le faut. Sans en rajouter, la ritournelle d’Anaïs résume assez bien mon état d’esprit pendant ma lecture : « Ça dégouline d'amour, c'est beau mais c'est insupportable ; c'est un pudding bien lourd ; de mots doux à chaque phrase ». Ce style délicat de Clara Dupont-Monod que j’apprécie tant, est ici – trop – souvent fracassé par d’étonnants lieux communs qui ont constamment nui à ma lecture.



Et malgré tout, à l’image du second chroniqueur dont je reprends certains des mots, je n’ai pas été hermétique au propos, loin de là ! À cet angle de la colère sourde qui traverse le livre, celle dont on ne parle jamais car on ne peut pas en parler, trop personnelle, trop égoïste, trop indécente face au drame, trop inaudible par autrui.



S’adapter ou faire avec « une colère qui n’éclate jamais vraiment », repoussant loin dans le temps l’heure de la reconstruction, voilà ce que dit bien Clara Dupont-Monod, laissant les pierres et leur « raffinement minéral du non verbal » témoigner ; reines qui comme les femmes, s’adaptent apaisent et durent.



Chronique ambigüe diront certains. Non, je n’ai pas aimé ce livre notamment pour des questions de forme, mais je sais aussi faire la part des choses en lui trouvant des qualités, en pointant ce qui aurait pu me le faire aimer et en comprenant ceux qui l’ont apprécié. Juste quelque chose de très personnel qui m’a malheureusement éloigné de cette histoire d’un blessé, d’une frondeuse, d’un inadapté et d’un sorcier.
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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Tout juste un mois après les terribles événements qui ont changé la France et ont insufflé un élan citoyen incroyable, Le livre de poche sort ce recueil de textes. 60 écrivains unis avec la même volonté de défendre la liberté d’expression.



L’ensemble des acteurs du livre a donné de son temps et de son argent pour que vive cette belle initiative dont les bénéfices seront reversés à Charlie Hebdo. 5 euros, ce n’est rien pour un tel recueil.



Dans un délai incroyablement court, l’éditeur a réussi à rassembler cette meute d’auteurs, regroupés sous une même bannière et brandissant leurs stylos comme arme. Leur intelligence et leur liberté de penser aussi.



60 textes forcément inégaux, certains se contentant d’une ou deux maigres lignes, d’autres de plusieurs pages. De l’analyse au cri de ralliement, du souvenir au texte très personnel… il y a de tout dans ce recueil.



L’éditeur a eu la bonne idée d’entrecouper les textes des auteurs actuels, d’extraits de Voltaire, Diderot ou encore Hugo. Pour prouver que le sujet de la liberté d’expression n’est pas neuf et qu’il faut défendre cette liberté jour après jour contre l’obscurantisme.



Sans vouloir détailler tous les textes proposés, j’ai une pensée plus particulière pour les mots de Maxime Chattam qui résonnent cruellement par rapport à son roman en cours d’écriture, pour Ian Manook et son texte si touchant, pour Frédérique Deghelt qui pense à la mère de ces terroristes, pour Dominique Fernandez et Marc Lambron qui nous font prendre conscience à quel point cet événement a touché le monde entier, pour Fabrice Humbert et Romain Puértolas avec leur belle idée de parler du sujet à travers une fiction (grave ou drôle), pour Katherine Pancol et son poème enjoué, pour BHL et son texte très juste, pour Eric-Emmanuel Schmitt et son mordant manuel du fanatique…



Quoi que vous cherchiez, et même si vous ne cherchez rien, vous en trouverez un bout dans ce livre. Une lumière contre l’obscurité qui tente de nous éteindre. Voilà ce qu’est ce recueil. Continuons à allumer de telles lumières.
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S'adapter

Clara Dupont-Monod a remporté la semaine dernière le prix Landerneau. Elle remporte aujourd’hui le Prix Femina. Mon avis de lectrice sera une goutte d’eau au milieu de ces récompenses et des nombreux avis élogieux qui fleurissent ça et là, mais je préfère le considérer comme une pierre de l’édifice qui permettra à ce roman de briller encore et d’atteindre le cœur de milliers d’autres lecteurs. Et de pierres, il est justement question dans S’adapter : elles sont des spectatrices discrètes et des narratrices loquaces. Elles retracent la vie d’une famille cévenole dont un des enfants est né handicapé, ou plutôt « inadapté ». À ses côtés, évolue l’aîné qui ne vit que par et pour son frère, qui l’entoure d’une chaleur bienveillante et d’un amour incommensurable, qui s’oublie dans cet altruisme fascinant. La cadette, elle, s’échappe dès qu’elle le peut, elle fuit cet être pour lequel elle n’éprouve que dégoût et détestation, elle fuit son frère aîné aussi, elle veut vivre et son énergie n’est pas compatible avec l’état végétatif de celui qui monopolise l’attention de tous. Et puis il y a ce dernier enfant, celui qui vient après, dans l’ombre de celui qu’il n’a pas connu et qu’il cherche à saisir, ce dernier enfant qui resserre, sans y penser, sans le vouloir, par sa seule présence, des liens qui s’étaient étiolés…

Sans jamais tomber dans le pathos, Clara Dupont-Monod livre un roman lumineux qui explore avec une grande sensibilité le thème du handicap et les difficultés qui en découlent. Aucune réaction n’est valorisée ou dénoncée ; au contraire, chacune est présentée avec finesse et intelligence, sans jugement, et les émotions, analysées en profondeur, ne paraissent ni excessives ni faussées. Tout sonne vrai. La sincérité et l’humanité de l’autrice ne font aucun doute. La richesse du propos est en outre sublimée par un style poétique qui m’a littéralement subjuguée. Un magnifique roman !






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S'adapter

Un enfant naît handicapé. Comment chaque membre de la fratrie va s'adapter à lui ? Il y a celui qui va le protéger, celle qui va le rejeter et le dernier qui naîtra après. De belles descriptions de nature cévenole. Ce sont les pierres qui observent ces enfants sans prénom. Est-ce cela qui m'a gênée ou la construction ? J'en suis restée en lisière.
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S'adapter

Dans les Cévennes vit une famille heureuse avec deux enfants.

Le troisième vient au monde et au bout de quelques mois, il semble qu'il ne voit pas.

Corps mou, regard vide.

Après auscultation, il s'avère que son cerveau ne fonctionne pas, qu'il ne marchera pas, ne parlera pas, ne verra pas.........

L'histoire de cet enfant est racontée par l’aîné, puis par la cadette, puis par le dernier, né après la mort de l'enfant handicapé, à l'âge de dix ans.

Elle est racontée aussi par les pierres, nombreuses en Cévennes, qui voient tout ce que vit cette famille.

La nature est d'ailleurs un personnage à part entière.

Face à cet enfant, chacun va s'adapter.

Chacun à sa manière.

L'aîné, omniprésent, tendre, protecteur, enveloppant.

La cadette, révoltée.

Le dernier cherchant partout des traces de la vie de l'enfant disparu.

L'atmosphère est belle, très belle, de part la nature environnante.

De part l'amour pour cet enfant aussi, et de l'amour qui règne dans cette famille..

Mais elle est lourde aussi.

Si lourde et oppressante.

J'avais déjà ressent cette ambiance pesante dans « La passion selon Juette »

« S'adapter » n'est pas une histoire simple.

C'est une histoire difficile sur un sujet sensible

Une histoire qui se lit lentement, anxieusement

Clara Dupont-Monot écrit admirablement bien et réussit parfaitement à embarquer le lecteur dans ses histoires.



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La Révolte

« La note de l'auteure précise que ce roman n'est pas un livre d'histoire. S'être appuyée sur une trame historique avérée, et avoir pris certaines libertés ».

Et je suis prêt pour cette évasion dans une épopée médiévale. C'est cruel, poignant, poétique, vivant.

Ainsi Richard Coeur de Lion, un de ses fils, nous raconte le destin de sa mère Aliénor d'Aquitaine, une femme mythique.

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La Révolte

Richard Cœur de lion, ça vous dit quelque chose ? Aliénor d’Aquitaine ? Henri Plantagenet ? Jean sans terre ?

…Oui… Du moins cela me rappelle mes cours d’histoire, mais il y a si longtemps !

Donc ça fait du bien de se rafraichir la mémoire grâce à Clara Dupont-Monod qui écrit de façon tellement poétique et tellement vivante.



Entrons donc dans le vif du sujet, vieux de 9 siècles à peu près.

Aliénor d’Aquitaine s’était mariée au roi de France Louis VII puis a fait annuler son mariage pour épouser Henri Plantagenet, roi d’Angleterre.

Mais deux fauves ne peuvent vivre dans la même cage, la cohabitation se fait très difficilement et est même rompue, au point qu’Aliénor, se sentant trahie par son mari qui voulait s’approprier l’autorité suprême sur l’Aquitaine, demande à ses fils de la venger et d’attaquer leur père.

Richard, qui aime sa mère d’un amour fou, lui obéit tout de suite. La fratrie se déchirera, se trahira, se réconciliera, tout cela au gré des « rubans d’ombre » qui s’enroulent autour d’Aliénor, la femme forte « aux yeux d’armure ».

Liesse de la foule, lynchages, guerres continuelles, emprisonnements, troubadours, poésie courtoise, viols, mariages arrangés, croisades : quelle époque !

L’autorité naturelle d’Aliénor, sa prestance, sa majesté influencent, détruisent et reconstruisent.



Ce roman historique se lit assez vite et en même temps se savoure. La musique des mots, la vivacité des phrases, le choc des différents narrateurs, tout cela nous emmène au plus près des éclats de la vie, mais aussi au creux de l’intime.



Alors, prêts pour la révolte ? Profitez-en, cela ne vous portera aucun préjudice !

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Le roi disait que j'étais diable

"Je vais épouser un moine".

C'est avec réticence que la belle Aliénor, duchesse en Aquitaine, voit arriver son promis en la personne du futur roi Louis VII. Mariage arrangé dans le but de tripler le domaine royal car la politique ne connait pas les sentiments...

Sauf que...le jeune roi est amoureux, immédiatement!

Il est bien le seul.

Elle n'est que rage et chagrin.



Tels des monologues, dans un dialogue des voix entrecroisées des deux époux royaux, le Paris médiéval et la cour de France du 12ème siècle se déclinent avec l'apprentissage du pouvoir, les querelles d'influence, les guerres et les croisades, le désoeuvrement et l'impuissance du statut d'épouse, le poids du statut royal.



Louis est calme, influencable, diplomate dans sa gouvernance, jugé faible et placide, Aliénor trépidante et combattive, manipulatrice et glaciale envers son époux. Le mariage n'est guère heureux, infécond d'héritiers mâles.

Une troisieme voix vient conclure ce roman épique, point d'orgue de l'union en échec d'une reine sulfureuse et d'un roi pieux.



Un livre déroutant, original dans sa construction narrative, un peu confus parfois. Il ne faut pas chercher ici une petite bluette historique. Les personnalités sont peu sympathiques, portées par des temps de fureur guerrière. Historiquement, l'auteur prend des libertés d'interprétation sur les personnes tout en respectant les faits d'actualité du début du règne. On reste ici dans la trame du roman et il convient simplement de prendre plaisir à découvrir un portrait de femme libre et ambitieuse ancrée dans son époque.

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La passion selon Juette

Clara Dupont-Monod est une excellente journaliste (France Inter « Clara et les chics livres »), elle est aussi une romancière de talent. Preuve avec « La passion selon Juette », portrait d’une jeune femme qui va lutter contre des préjugés archaïques (pour ne pas dire plus) pour garder sa liberté. Car la petite Juette , mariée à treize ans, veuve à dix huit avec trois marmots sur le dos en prime est une sacrée bonne femme, si vous me permettez l’expression. Elle décide de prendre son destin en main, quitte à s’attirer les foudres du père et d’une église inquisitrice.

On l’accuse de mille maux, mais peu importe Juette reste debout, prête à se battre pour choisir sa vie. Doter d’un courage hors norme, elle fait face avec fierté. Avec l’appui de son ami Hugues, prêtre et amoureux transi.

Si la narration peine parfois (trop de lenteur à mon gout), ce portrait est attachant, le combat de Juette bien évidemment estimable. Même si paradoxalement c’est le personnage de Hugues qui m’a le plus touché. J’allais oublié le plus important, l’histoire se déroule en 1158.

La quête de Juette, c’est chouette.

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S'adapter

C’est un livre qui se lit vite et bien, les relations familiales y sont évoquées de façon touchante et convaincante, avec finesse.

Mais j’ai trouvé qu’il y avait quelque chose d’un peu artificiel dans le choix des narratrices, des pierres, même si on apprend que les pierres ont un cœur, ça m’a fait un peu tiquer cet anthropomorphisme appliqué à des cailloux pourvus de profondes connaissances sur la psyché humaine, mesurant le temps comme nous, avec les jours de la semaine, consciente que le mercredi, ça devrait être le jour des goûters avec les copines… Et du coup, je n’ai pas compris pourquoi refuser un prénom aux personnages réduits à leur place dans la famille, «l’aîné», «la cadette», «les parents»…

L’auteure s’attache à raconter les répercussions d’un enfant «inadapté» sur la fratrie et s’interdit tout débordement, nous enferme dans la famille, le rapport au monde extérieur est évoqué d’une façon très abstraite, on reste dans des généralités d’une banalité un peu affligeante puisqu’on n’a aucun des petits détails qui font tout le sel des relations humaines : «il a eu une amourette», «elle collectionnait les copines»… Le roman y perd en ampleur, et c’est bien dommage.
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S'adapter

Vraiment un très beau livre, très bien écrit, une merveille de littérature.... et pourtant je n'ai pas pu mettre 5 étoiles...

Là on est typiquement dans un livre où notre vécu joue beaucoup, énormément....

Un enfant né, handicapé. Un frère aîné, fusionnel avec cet enfant inadapté, une soeur en mode rejet, jalouse de la place prise par cet enfant. Et un cadet qui naîtra plus tard, interrogatif, qui appartient à cette famille sans avoir connu cet enfant qui l'a bouleversée.

.

J'ai été surprise de la description du frère fusionnel. J'ai davantage compris la soeur en mode rejet.

Mais il m'a manqué ce que j'ai vécu : la honte d'avoir une telle soeur (dans mon cas), tout en ayant honte d'avoir honte.... une soeur aînée certes "inadaptée" comme dit l'auteure mais en mode me vénérait complètement (rendant toute éducation par mes parents très délicate).

Je m'attendais sans doute à davantage sur ce sentiment très étrange : avoir honte et en même temps avoir honte d'avoir honte.... C'est assez difficile d'expliquer....

J'ai aimé ce livre, il est beau, bien écrit, je n'aurais pas dû y chercher ma réalité, ma situation personnelle mais c'est ce que j'ai fait, retrouvant une situation familiale connue. C'est un point de vue intéressant, unique (celui de la fratrie) j'ai fait l'erreur d'y rechercher mon propre vécu....



Mais un livre néanmoins que je conseille vivement.
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S'adapter

Avez-vous remarqué comme il n'est pas besoin de beaucoup de pages pour être transporté dans un état second , au dessus du temps , entièrement avalé par l'émotion d'une lecture , une sorte de stupeur qui rend le monde autour de nous inexistant ...



C'est ce qui s'est produit avec ce court roman de Clara Dupond-Monot qui trouve d'emblée une justesse dans l'écriture , une grande délicatesse dans le ton .



L'arrivée du troisième enfant dans une famille jusque là "sans histoire" marque pour les parents la fin de l'insouciance lorsque le diagnostic ne laisse aucun doute . L'enfant sera différent ...



Le récit est conté par les pierres de cette maison cévenole marquant tout de suite l'importance de la nature dans la vie de cette famille, la montagne, , la rivière , les arbres , la maison elle-même, observateurs muets mais précieux, une présence rassurante pour chacun .



Les trois parties sont consacrées aux enfants : l'ainé , celui qui protège et dont la vie va tourner autour de l'enfant comme une lumière dont il devient l'ombre .

La sœur cadette , elle, n'est que révolte, déni . L'enfant lui a pris l'ainé , brisé l'harmonie simple de la famille .

Le dernier, celui qui arrive après et qui apprend à vivre avec la présence-absence de l'enfant.



Tout est bouleversant, les mots sont justes, débordant d'amour et d'émotion .
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Le roi disait que j'étais diable

Quelle grande qualité que de pouvoir absorber ses lecteurs dans les anneaux du temps pour se retrouver en quelques lignes contemporain d’Aliénor.

Quelle superbe récompense de chevaucher à côté d’une telle femme de Poitiers à Jérusalem en passant par le massacre de Vitry-En-Perthois et le siège de Damas.

Aliénor ! Prénom qui signifie : adoucir, compassion, l’étincelle. « Il faut se méfier des mots »

La belle et rebelle petite d’Aquitaine fera plier Thibault de Champagne, Bernard de Clairvaux, L’abbé Suger, et le roi Louis VII, son époux.

Ils ne se sont pas choisis, la France morcelée à cette époque a besoin d’alliance pour faire un état et d’enfants pour pérenniser tout ça. Tout capotera.

Clara Dupont-Monod sera bien plus explicite dans ce roman souvent poétique, toujours épique où vous n’aurez aucun répit. Le diable est dans les détails.

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S'adapter



Si les murs ont des oreilles, « les pierres rousses de la cour » de cette maison cévenole, quant à elles, prennent la parole pour raconter la vie d’une famille dont elles sont témoins. Mais par gratitude, elles s’intéressent aux enfants, « les seuls à les prendre pour jouets », une fratrie de trois.



Clara Dupont-Monod entre dans le vif du sujet dès la première phrase. « Un jour est né un bébé inadapté ». Après une description de l’environnement, elle détaille comment la mère a décelé les premiers signes, seulement après trois mois. Le diagnostic provoque un tsunami chez les parents. Les interrogations témoignent de leur détresse : «  Pourquoi nous ? ».

Le père convoque ses deux enfants pour les en informer.



Il y a des traditions à Noël, les pierres servent de support aux guirlandes qui accueillent les invités. Dans la montagne, on dépose des bougies pour faciliter l’atterrissage du Père Noël. Des cousines protestantes encouragent à faire preuve de «  loyauté, d’endurance et de pudeur ».

On découvre les gestes protecteurs de l’aîné pour cet enfant fragile, différent, puis le rituel qu’il adopte chaque matin, presque un rôle maternel. Cette relation fusionnelle est exemplaire. L’aîné a compris le pouvoir de la nature. Quelle scène bouleversante et lénifiante lors de cette osmose : une fois «  le corps déposé avec délicatesse à l’ombre d’un sapin, l’aîné frotte les aiguilles qui libèrent un parfum de citronnelle et les lui passe sous le nez ». « Le monde vient à eux », comme « les libellules turquoise ». Pour l’aîné, « la montagne est accueillante, comme le sont les animaux », elle permet le recul, un pas en arrière du monde ».

On comprend que dans ces lieux montagnards, l’aîné trouve un refuge, qu’il ne sera pas confronté aux regards des autres, ce qui lui épargnera aussi les réflexions cruelles, déplacées, blessantes de personnes qui manquent d’empathie, au point de lui dire : « Pourquoi garder de petits singes ? »

Il est étonnant de plonger dans ses pensées au retour du collège, soucieux du bien-être de « l’amateur du transat », des questions concernant davantage les parents. Ces mêmes inquiétudes l’habitent quand l’enfant est placé dans un établissement tenu par des sœurs, d’autant qu’il lui manque. Devant changer sa routine pour combler le vide de l’absence, il s’investit encore davantage au lycée.



Il se montre aussi protecteur envers sa cadette. Moins consciente de la réalité, cette sœur prend l’enfant pour une poupée, voire une marionnette, elle ne lui manifeste aucune tendresse. Au contraire, elle est souvent en colère , jalouse de cet enfant qui l’isole, l’empêche d’inviter ses amies et la prive d’une relation exclusive avec son aîné avec qui elle aimait «  monter vers les drailles ». Une fois elle est même surprise à donner un coup de pied dans les coussins où est étendue « la réplique ratée » de son frère aîné. La honte l’habite. Les narratrices soulignent cette attitude  « propre aux humains et aux animaux : la fragilité engendre la brutalité ». Pour la cadette, « l’enfant a pris la joie de ses parents, transformé son enfance, confisqué son frère aîné ». Sa présence encombrante la dégoûte, il est devenu le grain de sable qui a perturbé la cellule familiale.

La cadette, pour qui «  la nature est d’une cruelle indifférence », trouve, enfant, du réconfort auprès de sa grand-mère. Elle admire ses dons à reconnaître les «  piaillements d’une bergeronnette », à faire la différence entre un néflier et un prunier. Une grand-mère dévouée, qui « lui offre une normalité », lui fait découvrir des paysages grandioses », lui apprend les caractéristiques des arbres et lui raconte sa propre enfance dans les magnaneries, son voyage de noces au Portugal. Ensemble, elles ont confectionné des gaufres à l’orange et nous font saliver comme Florence Herrlemann avec les madeleines de son épistolière Hectorine. En lui offrant un yo-yo, elle lui transmet une leçon de vie : « Car dans la vie,  il y a des bas mais ça remonte toujours ».







Le bébé étant aveugle, les odeurs prennent une place primordiale, et l’aîné, pourtant seulement âgé de dix ans, a perçu leurs pouvoirs (ainsi il le caresse avec de la menthe), tout comme il accorde de l’attention aux bruits et au toucher. Ainsi il s’efforce de sensibiliser l’enfant à la pluie.

Il le familiarise avec le contact de la feutrine, des petites branches de chênes, des noisettes ou « la forme cabossée des reinettes »...

La famille fait entrer les sons de la montagne (« La maison résonne du bruit des cascades, des cloches des moutons, des bêlements, d’aboiements de chiens, de cris d’oiseaux, de tonnerre, de cigales » ). De même, on allume la radio.

Très vite est soulevée la pénurie d’établissements capables d’accepter de tels enfants quand ils grandissent, ce qui cause le désarroi des parents. Les pierres narratrices , « gardiennes de la cour », voient les parents partir des journées entières pour «  des marathons administratifs ».

En filigrane, l’aîné rend compte du parcours de combattant des parents en général face à ce « no man’s land des marges »,pointant la solitude de ces familles, au point de nourrir « une haine inextinguible envers l’administration », toute cette bureaucratie.





Si la cadette, installée à Lisbonne, a mis au monde trois enfants, l’aîné trentenaire, se lie très peu et restera sans enfant. Il aurait été en permanence dévoré par l’angoisse, lui l’intranquille, qui « ne peut aimer que dans l’inquiétude » quand ses neveux et nièces sont là.

C’est seulement aux vacances que la fratrie se retrouve chez les parents.





Après la disparition de l’enfant ,on peut se demander comment le couple va résister à cette douloureuse épreuve. La famille va-t-elle rebondir ou se disloquer ?

Vont-ils envisager de prendre le risque de donner naissance à un autre enfant, comme une « consolation »? Si un petit dernier arrive, comment va-t-il être accepté par ses aînés, d’autant que l’ombre du disparu hante les esprits et le coeur ? Laissons le lecteur découvrir le dernier volet.



La scène de la photo finale, immortalisée par la mère, redonne le sourire et espoir aux parents.





L’empreinte du lieu infuse le récit : «  Habiter là, cela voulait dire tolérer le chaos ».

L’aîné se rallie à un proverbe des Cévennes : « il ne fallait pas se révolter ».

La plume de Clara, telle une caméra, scrute les moindres détails des visages, des corps. La force du récit tient à ce que ce soient des pierres,supposées insensibles, qui réussissent à émouvoir autant le lecteur. De plus elles apportent une touche de poésie. Un récit tout en délicatesse, qui engendre l’empathie, ponctué par le verbe «  s’adapter », ce que chacun des personnages doit réussir à accomplir. On ne peut qu’être touché par ce que vit, a vécu cette famille anonyme, surtout quand on sait que l’auteure a été elle-même, éprouvée aussi par un tel drame.



L’écrivaine signe un conte intemporel, original du côté des narratrices, qui prend aux tripes.

Il atteint une portée universelle, en s’abstenant de donner des prénoms à ses personnages. Elle met en exergue un amour fraternel intense, hors norme qui connaît des fluctuations et rappelle combien le handicap n’est pas pris en compte de la même manière selon les pays. Ainsi la France accuse du retard. Clara Dupont-Monod explore aussi l’amour au sein d’une fratrie, « cet amour fin,volatil, mystérieux ,reposant sur l’instinct aiguisé d’animal » qui permet d’échanger sans mots ni gestes.
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La Révolte

"L'histoire appartient à ces deux géants et moi je ne suis qu'un caillou". Voici ce que nous dit Richard Cœur de Lion à propos de ses parents et de ce qu'il éprouve.

Le fils d'Aliénor et du Plantagenêt, nous raconte ses parents deux monstres sacrés à la soif de pouvoir inaltérable. Leur union était une méprise, une erreur de jugement vis-à-vis de l'autre.

Aliénor qui ne pouvait avoir d'héritier avec Louis VII, aura de nombreux fils avec Henri, qui à l'exception de Jean sans Terre, formeront son armée et trahiront leur père.

Si les rapports entre les parents sont orageux, que dire de ceux de Richard et de sa mère, car il né après la mort d'un de ses frères et se demandera quelle est sa place ? D'autant qu'Aliénor "a des yeux d'armure, qui se défendent de peur de donner". Entre un père explosif et une mère aux colères froides dont il ne sait ce qu'elle pense Richard a fort à faire.

Il ne cherche même pas à régner, chaque action est dominée par le désir de satisfaire sa mère.À la mort de son père trahi par son fils préféré, il part en croisade avec ses ombres, y trouve l'apaisement au combat et réalise à quel point il est comme le Plantagenêt.

Quoi qu'il se passe Aliénor est omniprésente et pèse de sa présence sur tous. Quant à Jean sans Terre le seul qu'elle ait négligé, il est celui qui causera leur perte.

Comme d'habitude le style, le phrasé et les réflexions de Clara Dupont-Monod donnent une intensité, une passion, une flamme à des personnages mythiques. Un texte qui oscille entre tragédie et drame psychologique. Et comme d'habitude je me suis laissée emporter par la musique de l'auteur.
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S'adapter

Ce sont les pierres rousses de la cour enchâssées dans le mur qui nous font le récit. Elles sont les témoins de leur vie depuis des millénaires. Elles nous racontent l’arrivée d’un enfant handicapé dans une famille. Nous allons suivre cette histoire à travers les yeux de la fratrie. L’aîné, la cadette et le dernier, né après la disparition de ce frère différent.



Dans ce roman lumineux et délicat où la nature est omniprésente Clara Dumont-Monod, traite du sujet difficile du handicap et l’impact que cela a sur toute une famille, les parents bien-sûr mais surtout les frères et la sœur, chacun va devoir s’adapter. L’aîné qui va n’avoir de cesse de protéger ce petit frère jusqu’à en perdre son identité, la cadette qui va transformer sa colère, face à cet enfant qui accapare l’attention de tous, en une force pour empêcher la noyade de sa famille. Et le petit dernier qui vit dans l’ombre de ce frère disparu omniprésent.



Un roman sublime, un style et une écriture au service d’un sujet bouleversant, qui, à mon avis, n’a jamais été raconté d’une façon aussi intime et poétique. Difficile d’en parler davantage car « s’adapter » fait partie des récits que l’on ressent au plus profond de soi.



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