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Citations de Claude Merle (135)


Bâtie sur la falaise de Seadog, la maison est en bois, comme la plupart des antiques carcasses qui l’entourent. Rachel enfouit sa tête sous son oreiller tandis que Janet reste aux aguets. Au pied de la falaise, le ressac fait un bruit d'enfer, et les rafales de vent s'engouffrent dans la cheminée, dispersant les cendres d'un feu éteint. Jamais elle n'aurait dû accepter d'accompagner Rachel dans ce lieu désolé, en plein hiver. Il fait froid et le paysage est sinistre. L'après-midi, cette folle de Rachel a failli briser leur bateau sur les récifs. Une heure plus tard, elle s'est jetée en travers des lames, au risque de le faire chavirer. Et maintenant, cette maison maudite...
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Robin hausse les épaules :

– Je vois que tu aimes plaisanter, l’ami. Cela m’arrive quelquefois, mais jamais avec la vie d’un homme.

Sur ses mots, il desserre la corde et va libérer Simon quand un coup violent asséné dans les reins le projette en avant. Reprenant ses esprits, il se retrouve encerclé par les cinq hommes, qui ont tiré leurs épées.

– Tu veux vraiment partager le sort de ce vagabond ? grince le sergent.
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Il saisit la fillette et la juche sur son cheval, puis il se dirige vers l’attroupement : cinq hommes d’armes portant les couleurs du sheriff, et, au milieu d’eux, un misérable vêtu d’une robe brune et chaussé de sandales, le cou enserré dans une corde de chanvre.

– Sauvez-le ! supplie l’enfant.

– Comment t’appelles-tu ? demande Robin.

– Marion, monseigneur.

– Eh bien, Marion, ne t’inquiète pas. Si ton père n’a commis aucun forfait, il ne risque rien.

Laissant l’enfant sur sa selle, Robin met pied à terre et s’avance vers les soldats.

– Je suis Robin de Locksley, annonce-t-il. Puis-je connaître le crime de celui que vous allez pendre ?

L’un des gardes se tourne vers lui. Sa tunique noire désigne un sergent. Il a un corps massif, des traits lourds, un crâne rasé et de petits yeux méfiants sous des sourcils en broussaille :

– Ce chien a tué un daim dans la forêt du roi.

– Pour nourrir mes enfants, proteste le coupable d’une voix morne. Nous n’avons plus rien à manger.

Le poing ganté du sergent s’abat sur la bouche du malheureux. Celui-ci lève son visage sanglant.
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Je suis venu ici, autrefois, ajoute Robin avec mélancolie. Le village était gai et chaleureux. Cette tristesse… J’ai du mal à reconnaître l’endroit.

L’aubergiste considère le croisé avec respect. Le chevalier est grand, blond, vigoureux. Ses habits sont usés, mais son épée magnifique vaut certainement une fortune. Il se dégage du jeune guerrier un air de grande noblesse.
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Il observe la pluie qui transforme les chemins en bourbiers. Robin de Locksley sourit. Depuis son retour en Angleterre, Orderic, son écuyer, ne décolère pas.

– Tu ne reconnais plus ton pays ? le taquine Robin.

Repoussant son capuchon sur ses épaules, le jeune chevalier laisse la pluie fouetter son visage. La sensation lui semble agréable après deux années passées sous le ciel ardent de Palestine.

Ils ont abordé trois jours auparavant, et il a hâte d’atteindre le manoir de Locksley, sa maison natale, entourée de prés verdoyants et de vastes forêts.

– Beau pays ! grommelle l’écuyer réfugié sous l’auvent de l’auberge où ils viennent de faire halte.

– Tu regrettes le désert ?

Orderic crache sur le sol :

– Soleil du diable !

– Viens ! dit Robin, amusé.

Ils entrent dans le relais, ôtent leurs manteaux et les secouent. L’aubergiste, un gros homme sanglé dans un tablier, examine la croix cousue sur leurs tuniques :

– Vous arrivez de Terre sainte, mes seigneurs ?

– On ne peut rien te cacher, soupire Orderic en se laissant tomber sur un banc qui craque sous son poids.

– Cela explique vos chevaux fourbus.

– Et notre appétit d’ogre.

Robin prend le temps de détacher son baudrier et son épée avant de s’installer face à son écuyer.
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Le vent hurlait comme une bête.
En Champagne, dans l'est de la France, l'hiver de l'an 996 était l'un des plus froids qu'on eût connu depuis le début du siècle. Sous son manteau de laine et sa tunique légère, les pieds nus dans ses sandales de corde, Raoul tremblait si fort qu'il avait du mal à tenir le bâton ferré sur lequel il prenait appui. Ses membres étaient d'un rouge violet , couleur de sang séché, comme si le souffle glacial l'écorchait vif. Les bourrasques le cognaient, le repoussaient. La neige l'aveuglait. Ses pieds glissaient sur le sol gelé.
L'atmosphère était étrange : un ciel jaune, sale, tourmenté. Une lumière d'un autre monde. Le plateau qu'il parcourait, la Table de Hel, portait bien son nom. En langue germanique, Hel, c'était l'enfer. L'enfer du froid et de la désolation. S'il ne trouvait pas très vite un abri, le jeune voyageur savait qu'il ne survivrait pas longtemps.
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"- Je les entends d'ici, vos conseils, soupira Roméo. Je dois obéir à mes parents. Et, en cas de refus de leur part, me résigner, renoncer à vivre, à espérer, à rendre Juliette heureuse. Notre amour est une malédiction, je sais, je sais tout cela. Pourtant, il n'y a rien de plus pur, de plus profond, de plus sincère, excepté l'amour de Dieu. Mais je crie dans le désert. J’espérais que vous pourriez m'aider, c'est folie, n'est ce pas ? Notre langage est différent. Je vous parle de passion, vous me parlez de raison. J'évoque l'espoir, vous me prêcherez le renoncement. Pourtant ...
Le moine avait écouté Roméo sans l'interrompre. D'une voix douce, il dit seulement :
- J'accepte.
Emporté par son plaidoyer, Roméo poursuivait son discours :
- Ce n'est pas seulement pour moi, mais aussi pour elle. Vous la connaissez, Juliette, c'est un ange, soit dit sans vous offenser ... Qu'avez-vous dit ?
- J'accepte, j'accepte de vous marier, répéta le moine tranquillement."
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Sur ses lèvres, un goût de miel remplaçait le goût du sel. La douleur de ses membres avait disparu. Il cria, non pour se plaindre, mais entendre le son de sa voix. Et quand il l'entendit, il ne la reconnut pas. Des chants étranges montaient de la mer. Une cloche lente et lointaine leur fit écho. C'était beau et mystérieux.
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Tandis que le dernier fer casse, les rires du Titan et du héro se répercute sur les sommets
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Tu n'as jamais été effrayant, sauf pour tes ennemis.
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Une croisade est une guerre comme une autre. La qualifier de Sainte ne la rend pas plus noble.
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Après quarante-huit heures de furie, la tempête s'est calmée. L'océan s'endort contre les récifs de Born. Sur le plateau sous-marin du Silver Bank, à quarante cinq miles à l'ouest de Saint Domingue, le baleineau joue dans un monde fluide de musique, de tiédeur et de lumière. Malgré ses neuf cents kilos, c'est encore un nourrisson; sa mère, une baleine à bosse, l'a mis au monde cinq jours plus tôt sur ce haut-fond protégé, l'une des maternités des grands cétacés.

Le baleineau est désorienté. Autour de lui, les chants envoûtants se sont tus et les animaux qui l'environnait on disparu. Sa mère elle-même n'est plus là. Il la cherche au milieu des herbier noirs et le long des canyons de roches claires. Ce nouveau jeu le conduit vers la barrière de corail, qui protège le plateau des alizés.

Soudain, l'océan se trouble. L'eau, si douce quelques instants auparavant, se change en acide. Un navire, le Prométhée, drossé par l'ouragan contre la barrière, et éventré sur les récifs, vomit la mort. Le Lexis échappé de ses fûts, est un poison violent pour la faune et la flore. A son contact, le baleineau brûle. En quelques minutes, sa chair creusée n'est plus qu'une gangue de souffrance. Il perd la notion de l'espace. Il s'affole. Aveugle, il se rapproche de l'épave en voulant fuir. Il se débat, heurte des choses dures et hostiles. La lumière elle-même le blesse.

Puis il est pris dans un remous. Ce courant puissant qui l'entraîne, c'est sa mère enfin revenue. elle le conduit au-delà de la nappe, vers les grands fonds. Trop tard. L'océan s'est transformé. Son goût est amer, sa douceur empoisonnée. Le baleineau blessé n'a plus que six jours à vivre.
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Le martèlement des bottes et les tintements du fer se mêlaient aux cris d’agonie. Depuis six jours, les rues de Rome, livrées aux légions, étaient le théâtre de combats sanglants.
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César donna le présent à l’un de ses serviteurs avec l’ordre de distribuer l’argent aux spectateurs les plus pauvres. Puis, sous les ovations et les bénédictions, entouré de ses amis, il franchit l’enceinte de la ville par la porte Carmentalis.

La maison des César était située à Subure, un quartier populaire. La nouvelle de son exploit s’était répandue, si bien que les gens l’acclamaient au passage. Des jeunes filles lui lançaient des fleurs de papier qu’il essayait d’attraper au vol en riant.

Dans la demeure, le clan était réuni. Ses cousins manifestèrent leur joie avec bruit. Seule Aurélia, sa mère, l’accueillit avec sévérité. En présence de cette femme orgueilleuse et austère, César se sentit intimidé.

– Mère, j’ai remporté la course tibérine.

– Je sais.

Sa réaction jeta un froid dans l’assistance. Allait-elle quitter les lieux sans un mot de félicitations ? Elle sembla hésiter, puis lança :

– Tu es courageux, Julius, mais apprends à réserver cette vertu à des causes plus dignes de nous.

Ce fut tout. César la vit disparaître, mortifié. L’un de ses cousins tenta de le consoler :

– Ne l’écoute pas.

César le repoussa avec humeur.

– Elle a raison. Un jour, je franchirai des fleuves beaucoup plus dangereux.

– L’Achéron ? pouffa son cousin.

César le menaça du doigt. L’Achéron, fleuve des Enfers !
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Je ne suis pas le mari qu'il lui faut. Elle a besoin de douceur et d'amour. Or, à force de combattre les monstres, je finis par imiter leur cruauté. Et puis Héra m'interdit de prétendre au bonheur. Si j'essayais, elle serait capable de me plonger dans un accès de folie comme celui qui a coûté la vie à mes fils. Je dois accomplir les travaux qu'elle m'impose. Soyez heureux sans moi.
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- Ces espions, qu'est-ce qu'on en fait ? demande Crixios.
- Brûlez-les ! ordonne Vercingétorix.
Miséricordieux, il les fait étrangler avant de les livrer aux flammes.
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- Il prend trop de risques.
- Il se croit immortel.
- On dirait qu'il recherche la mort.
- Une mort héroïque est préférable à une vie fastueuse.
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Son propre sort la laissait indifférente. Dans le meilleur des cas, elle allait mourir ; dans le pire, elle appartiendrait au vainqueur. Même si elle portait encore le titre de reine, elle ne serait qu’une esclave. C’est ce qu’elle avait été sous le règne de Ban. Sa condition ne changerait pas sous celui de Claudas. Seule comptait la vie de son enfant.
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Sans se laisser attendrir, elle pressa sa monture, qui s’enfonça dans le bois obscur. La tempête mugissait toujours, mais on ne la sentait plus. Elle tournait autour de la vieille forêt comme pour l’épargner. Un souffle tiède et sulfureux, semblable au souffle lointain d’un dragon, succédait au vent glacé. C’était le domaine des enchantements, d’où se détournaient les voyageurs.

Hélène ne songeait pas aux maléfices des eaux dormantes et du Val Perdu. Elle guettait les tueurs lancés à sa poursuite. Un concert de sonneries et de hurlements lui révéla qu’ils avaient découvert le corps du roi.
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Soulevant l’enfant, il le remit à sa mère. Hélène ne cherchait qu’à sauver son fils ; lui voulait préserver sa lignée. Pour la première fois depuis bien des années, ils étaient unis.
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