Dans le country club très chic de la banlieue de Buenos Aires, Chazarreta un chef d'entreprise soixantenaire, est retrouvé égorgé, trois ans après sa femme morte dans les mêmes conditions. Jaime Brena, qui vient d'être évincé de la rubrique faits divers du journal El Tribuno et relégué à la rubrique “société”, décide d'enquêter avec son successeur, un jeune pigiste adepte de Google et d'internet. Parallèlement, Nurit Iscar, "Betibou" pour son ex-amant et directeur du journal, une écrivaine cinquantenaire qui a connu son heure de gloire, accepte de s'installer dans le country club pour y rédiger des chroniques axées sur le ressenti et comprendre la personnalité de la victime, ou plutôt des victimes car elles s'accumulent dans l'entourage de l'homme égorgé.
Je suis très partagée après la lecture de Betibou, un roman qui s'apparente à un roman policier, mais dans lequel le contexte sociologique est beaucoup plus développé que l'intrigue policière proprement dite...Après une première centaine de pages - un démarrage lent et beaucoup de digressions sur les protagonistes - destinées à définir les états d'âme de chacun d'eux, j'ai révisé mes attentes en m'attachant aux personnages, en découvrant leur intériorité, leur rapport aux différents pouvoirs : le pouvoir de l'information, de la justice, de la police, de l'argent et de la volonté des privilégiés de se soustraire au monde réel, jusqu'à se barricader dans un domaine hautement sécurisé...Au fil de la progression de l'enquête, les questionnements des personnages principaux se font plus intimes, les deux quinquagénaires se cherchant un deuxième souffle professionnel ou affectif et le jeune pigiste se demandant si ce métier est fait pour lui.
Quant à l'intrigue policière elle est là mais très, très lointaine, en filigrane, servant de faire-valoir à la dénonciation d'une société noyautée, dévoyée par l'argent et le pouvoir...
Sur le style de Claudia Piñeiro, j'ai été un peu déstabilisée par les dialogues insérés directement au fil des phrases comme le fait José Saramago, pas de retraits à la ligne, pas de guillemets, et l'on ne sait pas toujours qui parle....
Une impression mitigée donc, un roman intéressant du point de vue de l'introspection des personnages, de la description très poussée des relations pas toujours très saines dans les rédactions des journaux mais un roman assez déstabilisant voire décevant sur la partie enquête policière.
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Pedro Chazarreta est retrouvé assassiné dans son fauteuil par sa femme de ménage. Trois ans après la mort de sa femme au même endroit. Et pourtant, l’homme habitait dans un country club argentin, La Maravillosa. Un endroit où il est très difficile d’entrer, Nurit Iscar, une auteure envoyée par Lorenzo Rinaldi, le directeur d’El Tribuno, pour écrire des articles sur ce meurtre pourra en attester. « Le gamin des faits divers » travaille aussi dessus, appuyé par son mentor, Jaime Brena, autre journaliste d’El Tribuno qui hésite à partir à la retraite…
J’avoue que le résumé ne m’a pas alléché tout de suite mais… c’est Claudia Pineiro. J’avais beaucoup aimé A toi du même auteur. Son écriture est particulière, dialogues incorporés aux descriptions, des répliques qui cinglent, un humour discret et efficace. J’adore sa touche et sa façon de raconter les différents évènements (exemple : la petite soirée entre amis). L’avancée dans l’enquête est très intéressante à suivre, l’auteur fait avancer ses trois personnages principaux en même temps sans perdre son lecteur (ça ne m’a pas dérangé pour ma part). C’est du brut, ça peut plaire ou pas. Ça m’a plu même si je m’interroge encore sur certains points.
Sa plume me plait toujours autant, une auteure que je ne lâcherai pas de sitôt !
(La couverture de la version originale est plus explicite sur le titre mais j'aime beaucoup celle-ci !)
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Un rythme effréné avec ce petit livre qui nous raconte une histoire de couple, où le mari, après 20 ans de mariage, trompe sa femme avec une autre plus jeune. Classique. L'épouse tombe sur un mot doux signé « A toi » dans l'attaché case de son mari, suite à quoi, elle le suit, et un soir, assiste à la mort accidentelle de la dite « A toi », comme elle la nommera par la suite tout au long du livre. Comme le mari est négligent, elle efface en cachette toutes les preuves de sa présence sur les lieux.
Mais l'histoire n'en reste pas là : elle s'amplifie, se complexifie, et nous offre quelques rebondissements. Les ennuis vécus par la fille du couple, Lali, enceinte, viennent aussi se greffer sur le récit, comme pour rehausser le côté familial, qui a besoin de quelque révision.
J'ai passé un moment gentil, agréable, avec ce livre étonnant qui ressemble à une jolie comédie cinématographique. C'était léger, tonique et drôle !
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Elena ne croit pas au suicide de sa fille Rita et pense que c'est un assassinat. Afin de mener son enquête, Elena doit prendre contact avec Isabelle qui lui doit un service. Pour celà, elle doit traverser toute la ville, cheminer par des rues pour se rendre à la gare, prendre un train puis un taxi, tout un périple pour elle. En effet, Elena souffre de la maladie de parkinson et pour avancer un pied puis l'autre. Les médicaments l'aide donc un cachet puis un autre.
Tout n'est pas si simple, l'auteure ne se focalise pas sur la maladie et nous plonge dans Buenos Aires avec ses coutumes et ses non-dits.
On est pris dans ce livre car l'auteure nous entraîne dans l'ambiance de Buenos Aires et nous la fait découvrir par son héroïne.
Dans ce livre est abordé également la relation mère-fille.
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Les mots se déversent tel un torrent furieux sur le lecteur qui en est assommé. Pour cette fiction sur la politique en Argentine, la logorrhée verbale employée pour une intrigue qui tient en deux phrases ne m'a absolument pas intéressé et m'a prodigieusement ennuyé. (simple opinion de simple lecteur)
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Bien sûr, Inès Pereyra a des soupçons en ce qui concerne la fidélité de son mari Ernesto, ça fait plus d’un mois qu’ils n’ont pas fait l’amour. Mais plus de doutes quand elle trouve un cœur fait au rouge à lèvres signé A toi.
Il y a aussi Lali, la fille d’Inès et d’Ernesto, elle apparait entre deux chapitres sur Inès ou Ernesto, souvent au téléphone, ignorée de ses parents, même si sa mère aimerait bien que sa fille commence à grandir…
Un sacré petit roman ! Inès, la narratrice raconte sa vie de couple (pas fantastique) et sa façon de voir les choses (on a vu mieux). Mais elle cherche à retrouver l’amour de son mari et pour sauver les apparences et pour cela, elle est prête à tout. Un malheureux concours de circonstances entraine une mort.
Impossible de le lâcher avant de l’avoir fini, les chapitres courts et les nombreux rebondissements créent une tension palpable, ça va crescendo et on se surprend à sourire de cette tragédie familiale un poil rocambolesque. Première fois que je lis cette auteur argentine et j’ai été agréablement surprise par le plume corrosive de Claudia Pineiro.
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Petit livre inhabituel. Je ne m'attendais pas à ce déroulement.
Une femme au foyer qui découvre que son mari la trompe... et voilà que tout s'enchaîne...
En parallèle, leur fille qui sombre mais reste cependant transparente à leur yeux.
Ce livre est aussi atypique par son format. Lu en 2-3 heures, c'est une jolie petite découverte.
La fin...???? j'avoue que je m'attendais à une "autre" fin !
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Photo de couverture: Rodney Smith
Et en exergue:
"L’histoire continue, elle peut continuer, il y a plusieurs hypothèses possibles, elle reste ouverte, elle ne fait que s’interrompre. L’enquête, elle, n’a pas de fin, elle ne peut se terminer. Il faudrait inventer un nouveau genre littérare: la fiction paranoïaque. Tous les personnages sont suspects, ils se sentent tous poursuivis. "
Ricardo Piglia, Cible nocturne
"C’est le lundi que l’on met le plus de temps à entrer au Country Club La Maravillosa."
C’est une charmanté résidence réservée aux happy few, qui rappelle celle décrite dans Les veuves du jeudi, mais le temps n’a rien arrangé à la paranoïa des habitants. Et puis, sait-on jamais, si du personnel de maison parvenait à en sortir avec, je ne sais pas, un peu de nourriture qui n’échouerait pas dans une poubelle , là où est sa place? On ne peut pas admettre des actes criminels de cette ampleur.
A propos d’acte criminel, justement, son employée, après avoir réussi à passer barrage et fouille, vient de retrouver Pedro Chazarreta la gorge tranchée.. Bien sûr, on pourrait imaginer que, rongé par le remords d’avoir assassiné sa femme trois ans auparavant, il se soit infligé le même mode opératoire. Seulement.. -et hélas, ce serait plus simple- l’expert légiste n’est pas tout à fait d’accord.
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Ce meurtre est le point de départ d’un roman bon et sympathique qui mêle donc une enquête policière, et une critique sociale de l’Argentine moderne et , en particulier de ses médias. Enfin, de l’Argentine? Je pense que certaines descriptions savoureuses de ce milieu pourraient s’appliquer partout, à des degrés divers bien sûr, tout sonne très juste.
Et Betibou, dans cette histoire?Nurit Iscar, surnommée Betibou est écrivain. Enfin, elle l’était, elle écrivait des romans policiers , et puis, un jour elle a écrit un roman d’un autre genre. Une critique assassine écrite par une chroniqueuse culturelle qui n'avait pas lu le livre , relayée, et voilà, exit Nurit Iscar . Maintenant elle écrit comme nègre des autobiographies pour des gens qui croient tous avoir des choses exceptionnelles à raconter. Et elle est chargée par le rédacteur en chef d’El Tribuno de s’installer dans la résidence, et de décrire la situation au jour le jour, de l’intérieur.. Elle va faire un peu plus.
C’est fin, ironique , Claudia Pineiro a toujours le même sens aigü de l’observation et de l’analyse ,toujours le même humour noir, le sens des portraits et des détails , et un rythme qui ne faiblit pas .
Réflexion sur l’avenir de la presse écrite en particulier, critique sociale féroce et drôle, beau et lucide portrait de femme .
"Le traitement de cette affaire policière vaut pour toute autre information et illustre la situation des médias à l’heure actuelle. Quand des choix informatifs négligent certaines nouvelles, on peut parler de censure. Ne laissez personne choisir à votre place. ..Aujourd’hui, la communication ne se fait plus entre un émetteur et un récepteur, nous y participons tous. Hiérarchiser les nouvelles en fonction de nos propres critères et non par les choix qu’on nous impose, c’est faire de la contre-information. Et la contre-information, ce n’est pas un gros mot, bien au contraire. Cela veut dire informer depuis un autre espace, depuis un espace détaché du pouvoir. ..
Si j’arrête aujourd’hui d’écrire dans ce journal, ce n’est pas parce que cela ne m’intéresse plus, c’est précisément le contraire. ..Le journalisme, le journalisme d’aujourd’hui est-il encore l’arme idéale? Je n’en sais rien, et n’étant pas journaliste, je ne me sens pas le droit de répondre à cette question. Je suis écrivain, j’invente des histoires… Car dans ce monde là, je n’ai pas peur. …
Je retourne donc à la littérature. Je n’écrirai plus ces reportages car j’ai peur d’écrire ce que je devrais écrire et parce que j’aurais honte d’écrire autre chose.
.. Je vous fais confiance, vous saurez quelle attitude adopter en cette nouvelle ère de l’information. Une nouvelle ère dont vous êtes, vous aussi, pleinement partie prenante."
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Un livre étonnant qui tient en haleine et qui surprend tant par son ton à la fois terrible et loufoque, on passe de la surprise à un humour plutôt noir. Une lecture acidulée et agréable pour la découverte de cette auteure.
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Je découvre et je salue bien bas Claudia Pineiro. Une lecture des plus intéressantes.
Bétibou c'est proche de Betty Boop. Bétibou c'est le surnom donné à Nurit Iscar (à cause de ses boucles), unique auteur de polar en Argentine. Toutefois, Bétibou vit une panne d'écriture qui s'éternise suite à l'échec de son dernier roman. Un roman d'amour démoli par la critique. Roman d'amour qui faisait suite à une rupture amoureuse. Double échec pour Bétibou , professionnel et personnel.
Voilà quelques années, on retrouve l'épouse d'un riche personnage égorgée dans sa maison. Ce meurtre n'est jamais résolu. Là, on retrouve le mari de celle-ci, égorgé lui aussi dans sa maison. On commence par parler de suicide, puis vite, on conclut au meurtre.
Simple fait divers ? En tout cas, assez important pour que le Journal El Tribuno ( dont l'éditeur est l'ex amoureux de Bétibou) mandate le gamin des faits divers (il restera anonyme tout au long du roman) et Bétibou pour écrire -fiction/journalisme- sur cette affaire. S'ajoute à eux, Jaime Brena, spécialiste des faits divers mais mis de côté par l'éditeur du journal.
Ils formeront ce trio qui réfléchira, se questionnera, associera et découvrira un passé trouble . Devront-ils révéler ou maintenir caché ce qu'ils auront découvert ?
Bétibou c'est une écriture dense, inquiète, totale. Bétibou c'est des description complètes voulant ne rien omettre, ne rien oublier. Un ryhtme soutenu, toujours suscitant notre curiosité. Cette façon, alambiquée, ambigue, de suivre les trois personnages, de parler des moments cruciaux de leur vie tant personnelle que professionelle, est tout à fait adéquate avec le ton de ce récit. Finement, délicatement, Claudia Pineiro réussit à introduire au récit, un portrait social d'une Argentine peut -être pas tout à fait débarassée des façons de faire de la dictature. Elle réussi également à nous faire réfléchir sur le journalisme d'hier et sur celui d'aujourd'hui.
Bétibou, une écriture intelligente, un réel plaisir de lecture.
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Assez réjouissant dans sa noirceur réaliste, ce roman ! Au début, on pense bien sûr au film de Rodrigo Pla, La Zona, propriété privée, ces résidences fermées de toute part dans lesquelles il faut à tout prix éviter de faire tache! Par la couleur de son gazon,la race de son chien l'attitude de ses enfants ou ses origines.. Pas de coréens, pas de juifs! Cette description est d'autant plus réussie qu'elle, on n'en doute pas une minute,est la description d'univers tout à fait réels . J'en connais..
Mais si c'est un livre que l'on lit rapidement , pressé de savoir quand même pourquoi les maris ( sauf un..) se sont électrocutés dans cette piscine, même si ces femmes DHW argentines sont assez attachantes, surtout celle qui est agent immobilier et au courant de tout, c'est surtout un roman intéressant par ce qu'il nous raconte de l'histoire argentine récente, notamment sur le plan économique . Maintenant, on peut transposer un peu partout, bien sûr..
"C'est que beaucoup de nos voisins avaient cru, à tort, que l'on pouvait vivre éternellement en dépensant tout ce que l'on gagnait. Et les sommes que l'on gagnait n'étaient pas rien, et cette manne semblait éternelle. Mais un jour, alors que personne n'avait rien vu venir, le robinet ne coulait plus et ils se retrouvaient dans la baignoire, couverts de savon, à regarder la pomme de la douche d'où plus la moindre goutte ne sortait .
Le vertige de la décennie qui s'achevait me donnait le tournis. Quand j'étais petite, l'argent mettait plus de temps à passer de main en main. Parmi nos connaissances, il y avait des familles très fortunées, dont les noms apparaissaient sous de multiples combinaisons; des propriétaires terriens, le plus souvent. Ils transmettaient ces terres à leurs enfants, qui ne les travaillaient plus, mais qui y installaient des paysans ,ce qui leur permettait d'en tirer encore une bonne rente, même si la somme était partagée entre tous les frères et soeurs. Mais ces frères et soeurs mouraient un jour aussi; alors les terres revenaient aux petits-enfants, et il y avait plus de disputes, plus d'ayants droit, et moins de rentes. Au bout du compte, ce que chaque personne recevait ne lui permettait plus de ne pas travailler, et les terres finissaient par être vendues par lots ou être perdues. Mais, malgré tout, même s'il ne faut jurer de rien, généralement, ce n'est qu'au bout de deux ou trois générations que cet argent qu'ils croyaient acquis ne l'était plus. En revanche, ces dernières années, l'argent changeait de main deux ou trois fois au cours de la même génération, et celle-ci finissait par ne rien y comprendre."
J'aime bien Claudia Piñeiro !
Assez féroce, mais lucide, je vais lire Bétibou, le dernier sorti en France.
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Bétibou, drôle de sobriquet pour une romancière en panne qui vit mal sa cinquantaine. C'est vrai que son esprit indépendant et rebelle, son refus des compromissions, sa fragilité dans le registre amoureux, sans oublier ses petites bouclettes, l'apparentent quelque peu à un personnage qui fut une sorte de symbole du féminisme, la célèbre Betty Boop. On ne peut s'empêcher de penser, à la lecture du livre de Claudia Pineiro, à l'auteure elle-même qui semble avoir transposé quelques traits de son propre caractère en adepte de l'auto-dérision qu'elle pratique avec finesse. Cet aspect là n'est qu'un détail dans la richesse thématique de Bétibou, ouvrage passionnant de bout en bout, dont la trame de thriller cache une cinglante radiographie de la société argentine. Entre autres du monde des privilégiés, vivant dans un "Country Club" à l'écart de la plèbe, un peu comme dans Les veuves du jeudi, mais pas seulement. Claudia Pineiro, à travers le caractère de Bétibou et de deux journalistes qui l'accompagnent dans son enquête, représentant respectivement la vieille école et la nouvelle en pleine Google dépendance, brosse un portrait saisissant des liaisons dangereuses et équivoques qui réunissent la presse, la police et le monde des affaires. Le livre est une petite merveille psychologique qui alterne les rebondissements, on y meurt beaucoup, avec une description amère ou drôle, cela varie, du quotidien des trois héros en quête d'une vérité qu'il ne sera jamais possible de divulguer. La romancière varie avec bonheur les styles, d'une précision chirurgicale pour les détails qui tuent, très à l'aise dans des dialogues enlevés et percutants, s'amusant à créer des personnages secondaires croustillants dont elle épingle la vulgarité avec délectation. En un mot comme un cent, Bétibou est un (béti)bouquin qui craque sous la dent comme du pop corn, intelligent, distrayant et pertinent. Oui, tout cela en 400 pages à consommer avec jubilation.
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Un récit sans enthousiasme d'une vie sans étincelle. Accompagner cette dame en déplacement comme on croise des gens au visage morne et partir en périple de banalité en avalant des détails pour dire de tourner les pages sans trop d'attente. Et puis se dire astucieux de ne pas avoir lu la quatrième de couverture parce qu'on entre dans une vie que résumer serait offense.
Et puis trouver que cette emprise du texte penche très fort vers l'empreinte prenant le lecteur au coeur.
Et puis avoir envie d'en parler avec ceux qui l'ont lu.
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Voici un livre très touchant sur la résilience.
La narratrice nous raconte peu à peu les raisons de sa fuite et ses peines, ses réflexions et ses peurs, puis la prise en main de son destin. le style est sobre, épuré, mais le sens est profond et nous compatissons à son malheur.
J'ai beaucoup aimé les interludes à la troisième personne intercalés entre le récit dans lesquelles la même scène est reprise à chaque fois mais toujours avec un peu plus de détails. Cela donne un effet très intéressant, nous avons ainsi l'impression que l'écriture est douloureuse, que la description de ce terrible événement est trop dur et qu'il lui faut la reprendre plusieurs fois pour enfin réussir à nous l'avouer.
J'ai également beaucoup aimé la philosophie que l'auteure souhaite nous faire passer, notamment sur la gentillesse des inconnus qui peut représenter beaucoup pour nous.
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Le roman commence avec un drame, pour revenir ensuite sur ce qui l'a précédé, pariant sur la capacité de l'auteure à retenir notre attention tout au long des 300 pages.
C'est un roman argentin, donc très critique à l'égard de la société argentine qu'il donne à voir : un monde bling-bling de petits arrangements, où il y a toujours un décalage entre réalité et apparence, dans lequel même la transparence s'avère fausse. Nous sommes dans une micro-société de nouveaux-riches venus chercher l'innocence dans le faux paradis d'un quartier sécurisé, situé à 50 km de Buenos Aires. Ici les vigiles ne laissent passer d'une lointaine misère que la main-d’œuvre nécessaire au confort des résidents. Mais la zone d'exclusion est-elle dehors ou dedans ?
Petit à petit des fissures apparaissent, la bulle ne résiste pas - pas plus que l'illusion économique argentine : tout s'écroule en cette fin 2001, en écho aux twin towers de Manhattan.
Un conte pour notre temps aussi ?
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