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Critiques de Clovis Goux (46)
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Extrême paradis

Bienvenue aux Villages-Unis de Floride, ce coin de paradis où vous ne trouverez que luxe, soleil, divertissement, paix et tranquillité. Pour vous y installer, vous n'avez besoin que de deux choses : suffisamment d'argent, et 55 ans minimum. Eh oui, aux VUF, on vit exclusivement entre babyboomers ; les millenials ont été expulsés et définitivement relégués de l'autre côté du mur-frontière depuis la sécession des VUF d'avec le reste des Etats-Unis. Dans ces communautés de Villages de carton-pâte aux couleurs pastel pour Barbie et Ken seniors, vous profiterez d'une retraite bien méritée entre golf, shopping et barbecues entre voisins plus sympas les uns que les autres.



Attiré par ces promesses édéniques, le père du narrateur, à peine atteint l'âge de la retraite, a tout plaqué en France et a intégré l'une de ces communautés de l'autre côté de l'Atlantique. le malheureux n'a guère eu le temps d'en profiter, puisque même pas deux ans après son arrivée, il est retrouvé mort dans sa villa. Il apparaît clairement que sa mort n'est pas naturelle, mais quant à savoir si c'est un accident, un meurtre ou un suicide, ce n'est pas aussi évident. Arrivé sur place en urgence, son fils va tenter de tirer les choses au clair. Il découvre assez vite que derrière les sourires ultra-brite et les pelouses taillées au coupe-ongles, la réalité, loin d'être toute en roses et violettes, est d'une cruauté sans nom.



Cette dystopie qui se déroule dans un avenir (très) proche explore les thèmes du conflit (en l'occurrence on peut même parler de guerre) entre les générations, de la peur de la mort, de la vieillesse, de la consommation et du divertissement à outrance qui génèrent ennui et névroses.



Cela aurait pu déboucher sur une analyse subtile et profonde, mais l'auteur pousse tellement loin le bouchon de la violence et de la haine entre vieux et jeunes qu'à mes yeux l'histoire en perd de sa crédibilité et donc de son intérêt réflexif. J'aurais aimé une dose de complexité supplémentaire, par exemple en abordant les relations de tous ces seniors avec leurs enfants et petits-enfants, mais apparemment ils ont fait table rase du passé et de tout ce qui se trouve de l'autre côté de la frontière.



Malgré cela, malgré le côté gore de l'histoire, les nombreuses références cinématographiques (que je n'avais pas toutes) et un horripilant placement de produits, la plume est caustique et fluide, le récit bien construit et rondement mené, ce qui fait d' »Extrême paradis » une lecture tout de même distrayante.



En partenariat avec les Editions Stock via Netgalley.

#Extrêmeparadis #NetGalleyFrance
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Les poupées

… Figurine de forme humaine qui sert de jouet aux enfants. C'est ainsi que l'on pourrait définir les quatre protagonistes du roman de Clovis Goux qui, tous, se sont laissés manipulés. Ainsi Leni Riefenstahl, réalisatrice star du IIIe Reich, a toutes les peines du monde à se racheter, elle qui a succombé aux chants des sirènes du parti nazi pour quelques instants de gloire. Pareil pour Luchino Visconti, qui surpasse son art pour rester parmi les maîtres du cinéma italien. Bob Cresse est la piètre marionnette de ses fantasmes sadomasochistes le poussant à produire des séries B, films érotico-porno- sadiques se déroulant dans des stalags où les prisonnières sont réduites à des objets sexuels. Enfin, Yehiel Dinur, alias Ka-Tzenik 135633, rescapé d'Auschwitz et auteur d'un livre racontant le calvaire de sa soeur prisonnière d'un camp de concentration et prostituée par ses gardiens, lui aussi captif du souvenir de sa détention et du traumatisme quI en a découlé. Chacun d'entre eux ne s'appartiennent plus, ils sont le jouet des caprices de leurs déficiences, de leurs mauvais penchants.

Clovis Goux montre aussi la dangereuse fascination que peut opérer le fascisme sur certaines personnes voir des populations entières par l'érotisme délicieusement odieux qu'il peut suggérer. Il écrit fort justement : « Les photographies de Leni (Riefenstahl)… Procédaient de la même manière à une « érotisation du fascisme ». le culte du beau, de la force, de la violence et de la mort qui suintait des clichés de Leni se rattachant in fine à l'essor su sado-masochisme dans la sexualité occidentale : « bottes, cuir, chaînes, croix de fer sur des torses luisants, svastikas sont devenus, avec les crochets de boucherie et les grosses motos, le décor secret et très lucratif de l'érotisme. »

« Les poupées » est un roman très agréable à lire, même si certains passages pourront déranger certaines âmes sensibles, et qui montre bien que l'on ne s'appartient pas. Notre pseudo libre arbitre est une légende avec laquelle nos aspirations, notre vécu, nos ambitions se torchent allègrement.

C'est bien écrit, il y a du rythme, ça se lit d'un bout à l'autre sans respirer !

Editions Stock, 300 pages.

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Extrême paradis

A l’instar de Douglas Kennedy avec Et c’est ainsi que nous vivrons, Clovis Gloux ne donne pas cher de l’union historique des États outre-Atlantique. Mais plutôt que deux blocs radicaux qui font sécession, Clovis Gloux imagine la prise de pouvoir et la séparation d’un groupe de population particulier : les seniors ! Ceux-ci se sont isolés sur le territoire de la Floride et mènent une vie sereine, lorsqu’ils ne sont pas partis casser du jeune !



Le père du narrateur, un français, avait décider de vivre sa retraite dans ce paradis superficiel. Sur place, le fils endeuillé découvre une réalité qui incite à se poser de multiples questions.



Si la situation précaire de la démocratie américaine ne fait aucun doute, le point de vue adopté à de quoi étonner. On ne s’arrête pas sur l’invraisemblance totale du scénario, qui ne se réclame pas d’une utopie. Malgré tout, le roman est une occasion rêvée pour mettre sur le tapis un certain nombre de dysfonctionnements de notre société, et d’analyser notre rapport à la vieillesse et à la mort, et de fustiger nos comportements de consommateurs.



Un autre bémol : les très nombreuses références cinématographiques qui ponctuent le récit : à moins d’être un cinéphile érudit, bien des titres ne m’évoquent rien et ils sont trop nombreux pour faire l’effort d’en savoir plus en cours de lecture.



L’originalité du sujet et la prose efficace de l’auteur m’ont malgré tout fait passer un bon moment de lecture, mais m’ont laissée sur ma faim.



Merci à Netgalley et aux éditions Stock



280 pages Stock 17 janvier 2024

#Extrêmeparadis #NetGalleyFrance


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Extrême paradis

Le paradis des vieux est un enfer



Clovis Goux imagine la sécession de la Floride pour y établir les VUF, les Villages-Unis de Floride. Dans cet État réservé au plus de 55 ans, le narrateur vient enterrer son père qui avait choisi ce petit paradis. Une dystopie habilement construite, avec humour et suspense.



Quand il apprend la mort de son père, le narrateur, qui est pigiste à Paris, décide de prendre l’avion pour la Floride. Didier, son géniteur, avait choisi de s’installer dans ce nouvel État, baptisé VUF (Villages-Unis de Floride). Réservé au plus de 55 ans possédant un patrimoine conséquent, il promet aux retraités de couler des jours heureux sous le soleil. Ici, pas d’insécurité – pour ne pas qu’elle s’endorme, la police est appelée quand deux voiturettes de golf s’entrechoquent – pas de cimetière, mais des circuits de golf et des barbecues pour entretenir la convivialité. «Les hommes portaient des casquettes ou des panamas, des polos ou des chemisettes colorées, des bermudas kaki et des Birkenstock, les femmes des visières, des marcels ou des T-shirts pastel sur des joggings ou des leggings, des sandalettes ou des Crocs. Tous avaient des cheveux blancs parfaitement coiffés et des lunettes de soleil. Des couples de vieux sortaient du mall en poussant des caddies remplis de fournitures, ils saluaient leurs connaissances au passage et formaient bientôt de nouveaux groupes au hasard de leurs rencontres pour commenter les bonnes affaires qu’ils venaient de réaliser, les prévisions météo ou les derniers potins des Villages. On prenait rendez-vous pour un barbecue, un concert virtuel des Beach Boys ou une partie de padel. On s’informait de la bonne santé de chacun, les sourires étincelaient, les rires fusaient et l’on s’étreignait de généreux hugs à tout bout de champ. De ce joyeux ensemble émanait le sentiment d’une communauté soudée, d’une utopie accomplie, d’un monde nouveau.»

Arrivé sur place, il apprend que la mort de son paternel serait due à un accident après une mauvaise chute dans son salon, sur un coin de table. Mais comme la législation impose la crémation et la dispersion des cendres, il n’y a pas de cadavre. Ce qui va perturber le journaliste qui décide d’enquêter. Il interroge le chauffeur, un taiseux, et la femme de chambre, un peu plus bavarde. Il va réclamer le certificat de décès et tenter d’en apprendre davantage auprès de l’inspecteur Anderson, chargé des formalités.

Au fil des jours, il va découvrir comment fonctionne la communauté, mais aussi que son père était obsédé par les affaires criminelles au point de rassembler une solide documentation sur tous les faits divers et cold cases de la région. «Les documents photographiques réunis par mon père étaient accompagnés de centaines de notes manuscrites, de plans à main levée et d’articles de presse classés méthodiquement dans des chemises selon les lieux où les faits s’étaient déroulés. L'ensemble redessinait la carte de Floride aux couleurs du mal, esquissait une géographie souterraine qui obéissait aux seules lois de l'ultra-violence.» Michelle, l’amante du père, puis bientôt du fils, va pouvoir éclairer un peu sa lanterne.

Les codes du thriller vont permettre à Clovis Goux d’explorer les travers de ce communautarisme bâti sur la peur des jeunes, sur le dangereux repli sur soi. Je me souviens avoir vu, lorsque je voyageais en Floride, des publicités pour un village érigé par la Walt Disney Company et qui promettait un tel petit paradis avec sécurité renforcée, caméras de surveillance empêchant toute intrusion, pelouses au cordeau et personnel de maison à disposition. Cette dystopie élargit le champ et accentue le trait. Ici, on en supporte pas les jeunes pour s’arroger l’illusion d’une éternelle jeunesse. On ne supporte pas la mort pour entretenir l’illusion de l’immortalité.

Les enfants gâtés du XXe siècle, nourris de pop culture (les virées au cinéma proposées par le père à son fils les ont construits tous les deux), ont voulu un monde aseptisé et vont se retrouver dans l’univers de J.G. Ballard et notamment Super-Cannes. La preuve, une nouvelle fois, que l’enfer est pavé de bonnes intentions. Un enfer que se construit à partir d’une oisiveté voulue – sans penser aux conséquences – et qui va déboucher sur la haine, la violence, le lynchage. D’une extrême à l’autre, en quelque sorte.

NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.


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Extrême paradis

Depuis Beigbeder et « 99 francs », personne n’avait remis les pieds en Floride avec l’intention d’y foutre le bordel. Clovis Goux s’y emploie avec humour et férocité. Il nous propose une dystopie distillée dans les angoisses et les dysfonctionnements du moment (refus de la mort, affrontements générationnels, populisme, résurgence de la violence et consumérisme débile).

Nous sommes près d’Orlando. Débarrassés de ces petits cons de millenials, les vieux bronzent en paix au bord de la piscine, dans des villages vacances conçus pour leur égoïsme. Hélas, le soleil n’a pas remède à tout. William Boyd, dans « Un anglais sous les tropiques », avait montré combien le spleen s’épanouissait sous des ciels cléments, à la faveur d’une trompeuse accalmie. Les cheveux d’argent s’ennuient dans leur cage dorée. Leurs parcours dix-huit trous ne suffisent plus à les distraire et bientôt, les voilà qui s’adonnent à des activités répréhensibles pour soigner leur dépression chronique.

Didier est ce français parti dans un de ces villages de rêve. Suite à son décès, pour le moins suspect, son fils fait le voyage et mène l’enquête. Il n’est pas au bout de ses surprises.

Le récit est alerte et plein de rebondissements. L’auteur fait un usage judicieux des passages oniriques et s’autorisent de beaux délires (ex. p250). On le sent influencé par sa culture cinématographique. En lisant son roman, on ne peut s’empêcher de penser à des films comme « Brazil » (très clairement !), « The Truman show », « Le fils de l’homme », « Orange mécanique » ou « Get out ».

Le calme est mortifère et la béatitude, l’antichambre de tous les excès. Un beau sujet de réflexion.

Bilan : 🌹🌹

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Extrême paradis

L’auteur qualifie son livre « d’auto-science-fiction », et effectivement ce roman sur la « silver revolution » peut être lu à des degrés divers. J’ai d’abord trouvé ce texte quelque peu « allumé »mais m’y suis vite habituée.

Un homme, français, décide d’aller passer sa retraite dans un des nouveaux Villages Unis de Floride, là où ne sont admis que des gens de plus de 55 ans.

Dans ces villages bunkerisés, sous le soleil , le golf est roi, le bronzage extrême, la mort bannie (en quelques instants les corps et les biens disparaissent, et aucun cimetière n’existe.)

Et environ 2 ans après son installation Didier meurt tragiquement ,son fils se rend sur place. Plus aucune trace de son père et des dirigeants mutiques. Le fils mène sa petite enquête et découvre l’envers du décor, ce n’est pas joli, joli, c’est même une violence extrême qui domine cet Extrême paradis.

Sauvagerie, chasse aux humains, guerre féroce entre générations dans ces paradis artificiels.

Presque plus une dystopie, mais c’est accompagné d’un humour caustique fort heureusement, que l’auteur imagine les pires horreurs.

Une écriture contemporaine, brûlante .Peut-être les rapports humains ressembleront à ceux décrits par C.Goux d’ici à peine quelques décennies...

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Extrême paradis

Je remercie #NetGalleyFrance et les Éditions Stock pour la lecture de #Extrêmeparadis.



Dans un futur pas si lointain, la Floride s'est muée en état autonome autoproclamé "VUF" : Villages-Unis de Floride. Ces Villages ont une particularité de taille : ils n'accueillent que des personnes âgées de plus de 55 ans retraitées. La sérénité règne dans ces cités paradisiaques où le golf est roi, l'oisiveté est reine et la mort bannie du paysage idyllique. Sauf que Didier est retrouvé sans vie dans une flaque de sang au milieu de son salon. Son fils, "jeune" (moins de 55 ans...), français, se rend dans le Village Vert pour récupérer la dépouille et les effets personnels de Didier. A son arrivée, c'est "dépaysement garanti" et les mystères autour du décès de son père s’épaississent tant qu'il doit mener l'enquête. Le diable et sa violence se cachent dans les détails...



Clovis Goux a construit une dystopie entre uchronie, futurisme et anticipation (dans la lignée de "L'anomalie", sans les codes de la Science-Fiction habituels), autour du conflit entre jeunisme et gérontocratisme. J'ai apprécié le postulat de base, l'univers à la fois très réaliste et complètement décalé, l'humour et les questions que cette dystopie suscite. J'ai été moins séduite par le personnage du fils (sans nom ?) et ses digressions, souvenirs ou autres rêves psychédéliques. Quelques rêves truculents mêlant réalité et élucubrations oniriques surréalistes à souhait ponctuent l'errance du trentenaire, qui s'exprime à la première personne. Heureusement que ces passages ne sont qu'anecdotiques, car même s'ils révèlent beaucoup du personnage, j'ai eu dû mal à les lire. Le style de Clovis Goux est abordable et précis et le rythme de son roman est cadencé par des chapitres courts et des aller-retour temporels. L'auteur fait parfois preuve d'un humour caustique et décalé, qui dénote dans un univers finalement extrêmement violent. En revanche, si j'ai trouvé l'hypothèse, l'intrigue et la résolution plutôt originales, la narration et l'écriture le sont beaucoup moins à mon goût.



#Extrêmeparadis #NetGalleyFrance
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La disparition de Karen Carpenter

J'ai été très émue par le beau portrait de la chanteuse Karen Carpenter, victime de l'anorexie. L'auteur nous donne à lire une très intéressante radioscopie du monde de la musique dans les années 70 avec des groupes mythiques comme les Rolling Stones, les Beatles. En achevant cet ouvrage, on se dit que nos plus grandes stars ont bien mal finies et ce, malgré des carrières fabuleuses et le talent. Mythiques à tout jamais dans leur statut de star mais victimes de la maladie, de la folie, de substances toxiques dans leurs vies personnelles. Et c'est peut-être ces fragilités qui les rendaient "extraordinaires".
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Chère Jodie

John Hinckley, le personnage central du livre, est un paumé issu d'une famille typique américaine (la dinde de Thanksgiving est l'occasion de quelques lignes délicieuses). Insatisfait de sa vie, fasciné par la vie rêvée des stars et de la jet set, il fait une fixation amoureuse sur l'encore toute jeune actrice Jodie Foster. Il tentera de l'approcher, sans succès, et lui écrira des lettres amoureuses, sans doute vite jetées au panier.

Pour tenter d'exister, il fera le projet d'assassiner le président des Etats-Unis. Il renoncera devant Jimmy Carter mais passera à l'acte face à Reagan, qui échappera de peu à la mort. Ce livre est aussi un portrait de l'Amérique des années 70, un pays gangrené par une violence décrite dans de courts chapitres intermédiaires relatant quelques assassinats célèbres.

Voilà un livre parfaitement documenté, vivant, alerte, qui passionnera tous ceux que l'Amérique fascine ou simplement intéresse.
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Chère Jodie

Une plongée dans les années 70 de l Amérique.

Sous forme de roman bien documenté et agréable à lire on suit le parcours de John Hinckley.

Nom que j avais oublié mais qui fut celui qui tira sur Reagan .

Fascination maladive pour Jodie Foster et les tueurs en général .

Si vous aimez le film taxi driver et le cinéma de cette époque et son environnement de fait divers sordides et connus vous ne serez pas déçus

Plaisir de lecture 8/10
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La disparition de Karen Carpenter

Joli coup de la part de Clovis Goux. Un cadrage ingénieux et une idée forte : parler de l'Amérique des seventies en utilisant le cas Karen Carpenter. Star déchue, icône wasp et lisse de l'Amérique dévorée de l'intérieur par l'ogre du star-system.



Une biographie comme le symptôme isolé d'un mal généralisé qui gagne le pays et ses habitants à cette période : nécrose hippie qui tourne à la tumeur. Enfer vietnamien qui vomit des vétérans mutilés, hantés de massacres verts. Modèle américain et classe moyenne qui partent en valium. Un rêve qui bascule dans un cauchemar éveillé et chimique.



La couverture annonce la couleur nous figurant une Karen déjà émaciée et un Richard fiévreux tournant la tête vers un hors-cadre, comme si quelque chose avait bougé dans les coulisses. Un mouvement brusque comme saisi au vol. Une panique soudaine face aux ténèbres qui vont refermer leurs mâchoires sur la fratrie Carpenter.



La disparition de Karen c'est cela : un monstre qui naît et se développe sur scène, s'abreuvant de lumière et de succès pour devenir une présence incontournable et cruelle. La créature va peu à peu occuper toute la place dans la vie de cette artiste avant de l'écraser. Négligemment. Comme une mouche sous un magasine de papier glacé.



Anorexie mentale.



Karen va s'évanouir dans le néant, s'anéantir, se soustraire au monde. Un tour de magie triste et implacable que Clovis Goux présente avec maîtrise devant les yeux des spectateurs médusés.



Les Carpenter ont été ce groupe de variété américaine aux nappes hyperglycémiantes et acidulées chargées de soigner une Amérique blessée par une guerre sanglante et sans cause. Un point d'ancrage, un exemple rassurant pour des républicains qui ne comprennent plus leur jeunesse chevelue, prônant l'amour du prochain et de la défonce.



Lorsque tout va virer au drame, lorsque la drogue et son empire vont prendre la barre sur les esprits naïfs, lorsque les loups vont se jeter sur les idéalistes éthérés et que La famille Manson va semer la mort dans la jet-set californienne, tout le monde sera mordu. Tout le monde sera blessé.



Tenir un ouvrage entier sur Karen Carpenter aurait été possible mais ardu. La superbe idée est d'utiliser l'histoire de cette vedette comme un véhicule, un wagon de grand-huit pour visiter les Etats-Unis au moment où les chansons des Carpenter inondent les ondes et les oreilles. Un paysage accidenté où l'on croise un président au crâne explosé, des assassins sous acides gorgés de chansons des Beach Boys, des familles modestes noyées sous l'ennui et le conformisme banlieusard.



Un grand tour dans un Luna Park qui rouille et branle de partout. A l'arrivée, notre guide nommée Karen Carpenter a disparu, oxydée jusqu'à l'os par un subtil mélange de célébrité, de pression et de faille narcissique trop large pour ne pas s'ouvrir sous ses pieds et l'engloutir.



Clovis Goux nous livre donc une biographie diorama. L' histoire d'une artiste et de son époque. L'évocation d'une fragilité, d'une ostéoporose au beau milieu d'un pays agité de mouvements tectoniques. C'est une lame damasquinée. Un bel objet littéraire.



Et surtout, vous n'entendrez plus jamais un titre des Carpenter comme avant. Tout prendra des accents tragiques. Une profondeur inédite. La bile au milieu du miel.



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Les poupées

En fait, je ne sais si je dois mettre des étoiles ou pas car je l'avoue le livre m'est tombé des mains, non pas parce qu'il est mauvais, mais parce ce qu'il conte est horrible.

4 histoires qui se croisent : celle d'un survivant de la shoah, Yehiel Dinur, qui va mettre en mots ce qu'il a vu et ce qu'il a supposé (mais comment mettre en mot l'insoutenable ?), celle de Luchino Visconti, qui après la réalisation du film "Le guépard", ses amours avec Helmut Berger et avant "Mort à Venise", conçoit "Les damnés", celle de Leni Riefenstahl, cinéaste associée au IIIème reich, photographe, qui tente de se racheter une virginité avec un reportage sur un peuple : les Noubas du Soudan, enfin celle d'un obscur réalisateur américain de série B, Bob Cresse, qui va croiser nazisme, sadisme et exploitation du corps féminin pour le plus grand plaisir d'un public "choisi".

L'auteur m'a un peu désarçonné, mais je pense que c'est le but de ce texte. Il se lit, mais il ranime ce profond malaise, ce monstre qui se nourrit de nos vices et qu'on ne pensait pas abriter.
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Extrême paradis

L'histoire se passe dans quelques années. Le narrateur doit se rendre aux Etats-Unis car son père y est mort. Il doit plus précisément se rendre dans en Floride, qui n'est plus la Floride mais les Villages Unis d'Amérique. Un endroit où l'on ne peut pas rentrer sans autorisation si l'on a moins de 55 ans. Les seniors ont en effet fait un coup d'Etat et pris le pouvoir sur cet Etat où tout est pensé par eux et pour eux. Quand le héros débarque, il; se rend compte qu'il y a quelques mystères qui planent autour de la mort de son père. Et notamment sur son changement de personnalité les derniers mois. Il va donc attaquer son enquête, mais les seniors n'apprécient pas trop. Le héros continue tout de même, flirtant parfois avec le fil de la réalité.

J'ai trouvé l'intrigue de démarrage du livre très intéressante et très originale et j'étais assez emballée. J'ai parfois un peu perdu le fil des pérrégrinations du narrateur, ce qui a un peu embrouillé ma lecture, ce qui l'a rendu parfois à peine décevante par rapport à la promesse de départ, mais cela reste une lecture très agréable.

Merci à Stock et Netgalley pour cette lecture.
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Les poupées

Quatre livres pour le prix d'un. Quatre histoires qui tournent autour du nazisme. Quatre folies, à un titre ou un autre. Commençons en douceur... L'auteur nous fait tout d'abord accompagner quelques moments de vie de Visconti à l'époque du tournage des "Les Damnés" - film qui parle de nazisme, de lâcheté et de décadence. Entrecroisons cela avec des instantanés de la vie de Leni Riefenstahl, ancienne égérie du nazisme : grandeur et décadence d'une star. Ajoutons-y une pelletée d'ordures avec l'histoire de Bob Cresse, "l'inventeur" de l'exploitation par le cinéma porno de l'horreur des camps nazis. Transcendons le tout par l'histoire d'un écrivain halluciné, Yehiel Dinur. Lui-même rescapé des camps, ce dernier est l'auteur de pages mêlant réalité de la vie dans les camps et fantasmes d'atrocités sexuelles supposées infligées à des femmes juives, dans des bordels nazis. Au total, un livre dérangeant, mais passionnant. A recommander.
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Chère Jodie

Plongée dans les années 70 avec John Hinckley, jeune homme, perturbé mentalement, attiré par l’actrice Jodie Foster. Cet amour non partagé s’avère néfaste et dangereux au fil des semaines avant l’irréparable, un attentat contre le président Reagan en mars 1981. Ce roman condense un travail très documenté sur ce jeune homme, sa famille, ses envies, ses pulsions, avec en parallèle la carrière montante de la jeune Jodie Foster. Clovis Goux nous renvoie dans les années 70 où les Etats-Unis voient le vernis craquer : montée en puissance des armes à feu, désillusion économique & sociale, les valeurs familiales de plus en plus distendues suite à des incompréhensions inter-générationnelles. Divisé en trois parties, ce récit fait froid dans le dos. Il s’avère aussi désagréablement long et inutile dans une seconde partie trop penchée sur le fou avec de nombreuses rêveries. Elles alourdissent le récit, n’apportent rien. Ces passages (conjugués avec de nombreuses ellipses) rendent le récit bancal avant d’apporter un nouvel élan dans une dernière partie. Quand l’attentat a lieu, et les réactions. Chère Jodie dévoile que la violence aux Etats-Unis n’est pas apparue avec Columbine en 1999. Elle existe depuis bien longtemps. Glacial.
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Extrême paradis

Il existe aux États-Unis, et, plus précisément, en Floride, un mini-état dans lequel vivent en quasi autarcie des retraités, séparés par un mur frontière du reste du pays. Dans ces « Villages-Unis de Floride » où il n’y a aucun problème d’insécurité, des papis et des mamies coulent une douce retraite, faite de parties de golf et de barbecues entre voisins, bien loin des millennials, considérés comme indésirables au pays des boomers.



C’est dans ce havre de paix, dans ce paradis artificiel à l’apparente tranquillité que débarque le narrateur, bien malgré lui, après avoir appris le décès de son père, Didier, résident apprécié de ses amis des V.U.F. C’est une mauvaise chute qui aurait provoqué une fracture du crâne et le décès de son père. Un banal accident domestique en somme. Pourtant, malgré les apparences, le narrateur va mener son enquête et aller de surprise en surprise en découvrant la face cachée et les secrets de cette communauté bien moins sage qu’elle n’y paraît.



Après Les poupées, un livre en quatre parties dans lequel il évoquait la question de l’art dévoyé dans les années 70, Clovis Goux propose ici une sorte de dystopie, un roman d’anticipation dans lequel il est question de communautarisme, du refus de la mort, de repli sur soi, de peur de l’étranger –, représentée ici par les millennials. Des thèmes abordés dans un récit ponctué de nombreuses références à la culture musicale et cinématographique. Car si l’on a lu les précédents livres de Clovis Goux – consacrés notamment à Karen Carpenter (2017) et à Jodie Foster (2020), on connaît la passion qui lie l’auteur au septième art et la culture pop en général.



Extrême paradis est un conte noir qui raconte comment des Américains, rêvant d’un monde plus lisse, désireux de vivre dans un environnement dénué de toute contrainte, de toute aspérité, cachent au fond une nature bien plus complexe qu’elle n’y paraît. Des gens qui, pour tuer l’ennui, sont prêts à commettre les choses les plus répréhensibles qui soient. Comment ? Pourquoi ? Vous le découvrirez en lisant Extrême paradis, un roman savoureux, jamais dénué d’humour et aux vrais airs de polar.




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Les poupées

Il est écrit roman sur la couverture, cependant le livre de Clovis Goux entremêle quatre récits liés à la romantisation et l'érotisation du nazisme : le livre La maison des poupées à propos d'une section de prostitution dans les camps (assez douteuse sur le plan historique si l'on s'en tient aux préceptes de l'idéologie nazie où coucher avec une personne juive est pire que la zoophilie), le tournage et le montage du film Les damnés de Luchino Visconti, le dernier voyage de Leni Riefenstahl chez les Noubas de Ko, et le tournage du film le plus emblématique de la nazisploitation, Ilsa, She wolf of the SS.

Prenant délibérément le parti d'une écriture qui tourne les personnages en ridicule et les dépeint systématiquement sous un jour grotesque, le livre de Clovis Goux entend démonter tout un courant artistique, qui fasciné par le Troisième Reich, y accole une imagerie sexuelle trouble, perverse, et cherche la séduction. Parti pris un peu trop voyant et qui donne aux protagonistes de ces quatre récits des allures de mauvais comédiens qui débitent leurs répliques avec une absence totale de subtilité et de nuances. Peut-être est-ce la réalité, peut-être étaient-ils tous à ce niveau de caricature et de balourdise, mais le lecteur se fatigue vite dans ce théâtre de carton-pâte.

Peut-être eut-il été préférable de miser un essai critique ou simplement de se concentrer sur l'un des quatre récits plutôt que de mêler les quatre sans en approfondir aucun afin de renforcer la portée du propos.
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Les poupées

Quelle idée saugrenue de sortir un livre avec un bandeau pareil ?! Le client aura du mal à passer en caisse. Dommage, car l'auteur de ce livre qui se place dans la zone grise entre le roman et l'essai, Clovis Goux donc, a la dextérité est la l'originalité, un peu comme le font, à leur façon et sur d'autres thématiques Eric Vuillard et plus encore Thierry Forgier, d'amener le lecteur a se poser des questions sur cette tendance dans les années 1970 (mais pas seulement) à érotiser le fascisme, à sexualiser le mal et la violence - le plus souvent au cinéma, des Damnées jusqu'au nanars de nazisploitation de la pire espèce, tel que Ilsa la louve des SS. À travers plusieurs portraits, l'auteur nous livre une histoire aux possibilités multiples. On trouve avant tout Yehiel Feiner, alias Ka-Tzetenik 135633, auteur du roman semi-autobiographique à succès La maison des poupées (1956), ce même livre où Ian Curtis ira chercher le nom de son groupe, Joy Division. On trouve aussi Visconti, dans un portrait mélancolique lorsqu'il réalise les Damnés et dans sa relation difficile avec son jeune concurrent, Pasolini. Il y a aussi Leni Riefenstahl, gentiment humiliée dans ce livre alors qu'elle photographie sans vergogne les tribus Nuba de Kau, l'auteur rapportant aussi cette visite improbable que lui fit Jodie Foster peu avant que la cinéaste décède, dans le but d'avoir l'autorisation de tourner un film sur sa vie - ce que Leni Riefenstahl refusa entre autre sous le prétexte que Jodie Foster n'était ni assez belle ni assez grande pour incarner la flamboyance qu'elle représentait (sic). Parallèlement, on a droit à la vie et la mort de Bob Cresse, un cinéaste et acteur américain frustré et sulfureux qui a voulu faire de l'argent avec son navet Love Camp 7, sorte de porno-SM en uniforme nazi, découvrant dégouté à la fin des années 70 des jeunes punks arborant un brassard à croix gammée alors que lui-même collectionnait les uniformes SS chez lui... Alors oui, je vous vois lever un sourcil circonspect, mais non, mais non : Les poupées n'est d'aucune manière une apologie du fascisme mais bien au contraire - d'autant que c'est un livre très réussi - une dénonciation des dérives de l'art et non seulement les limites de la fiction mais, plus encore, de sa trahison. Un livre (d)étonnant.
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Chère Jodie

Longue enquête sur ce qui peut pousser un homme à commettre des actes fous . d'un abord facile ce récit nous met dans la tête de John Hinckley , garçon perturbé qui va développé une obsession pour le film "Taxi driver" et Jodie Foster . Ce qui aurait pu n'être qu'une douce folie va devenir au fil des ans une fureur meurtrière .On voit littéralement le processus s'enclencher dans la tête de Hinckley et ronger le peu de lucidité qu'il avait . C'est également une chronique de l'Amérique violente avec entre chaque chapitre une ou deux pages consacrées à un des nombreux tueurs en série qui ont surgi aux states ces 50 dernières années .

C'est écrit sobrement sans complaisance envers la violence pourtant omniprésente .





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Chère Jodie

Ce roman est avant tout le portrait de l'Amérique détraquée, vampirisée par la violence.
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