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Critiques de Dante Alighieri (175)
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Correspondance, tome 1

Nous arrive, par les Éditions des Belles Lettres, une nouvelle version établie par Benoît Grévin, de la correspondance en trois tomes de Dante (Alighiei Alighiero), cet ensemble "épistolaire" qui jaillit comme le cri du coeur d'un exilé, qui a quitté sa ville-repère Florence, qu'il ne reverra plus. L'auteur règle ses comptes avec ceux qui l'en ont chassé et maudit la cité. Il se fera le champion par l'écrit de l'Empereur germanique Henri VII, de la famille de Luxembourg, ce qui ne l'empêchera pas de lui reprocher de ne pas agir avec la promptitude qui s'imposerait. Il fulminera contre la papauté installée sur les bords du Rhône, bien loin du siège apostolique romain. le lecteur ne nous en voudra pas d'embrasser d'emblée la totalité de ces recueils de lettres, le premier étant plein de la colère et de la rancoeur du Florentin déraciné que Dante était soudain devenu au début du XIVème siècle. Il allait se venger et se dépasser-se surpasser même- en écrivant son chef-d'oeuvre : La Divine Comédie. Mais au-delà de ses partis pris, on voit cet écrivain sensible et à l'esprit raffiné raisonner avec force sur ce que sont les passions humaines au premier rang desquelles il place l'amour. Un amour qui ne peut être que salvateur. Les dernières lettres seront celles d'un homme qui devait refuser toute concession. Pour rien au monde, il n'aurait accepté de revenir à Florence à n'importe quel prix, si ce n'était pour obtenir justice.



François Sarindar
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La divine comédie, tome 1 : L'enfer

Avec cet écrit, Dante d'Alighieri s'inscrit dans une tradition antique plus que millénaire. En effet, ce n'est pas pour rien qu'il choisit Virgile pour guide touristique de son circuit des enfers, car le poète romain avait, au premier siècle avant Jésus-Christ, écrit un remarquable passage au livre VI de son Énéide, où Énée se mettait en peine d'aller retrouver son père Anchise dans le royaume de Pluton, afin d'en savoir un peu plus sur sa destinée. Lequel Virgile ne faisait que s'inspirer grandement d'Homère, au chant XI de L'Odyssée, où il relate la descente d'Ulysse au royaume d'Hadès, également pour y revoir des proches et collecter des informations.



À ce titre, la version virgilienne du séjour des trépassés me paraissait beaucoup plus pertinente que la mélasse crétino-chrétienne fournie par Dante dans sa divine Comédie, ici avec L'Enfer, et dans les deux sections suivantes (Purgatoire & Paradis). Selon Virgile, les âmes de ceux qui sont restés suffisamment longtemps aux Champs Élysées (l'équivalent païen du paradis) se recyclent et retournent s'incarner chez de nouveaux vivants, évitant au passage une surpopulation en paradis. Chez Dante, ce recyclage s'effectue, certes, mais uniquement du purgatoire vers le paradis. Quid de l'encombrement subséquent quand des millions de milliasses d'âmes purgées s'entassent béatement sur les plages paradisiaques ?



Mais avant que d'entrer plus avant dans le détail de ce premier tome de la divine Comédie, me permettrez-vous une petite digression sur les genres littéraires. En effet, les " SFFF ", les " littératures de l'imaginaire " et beaucoup d'autres appellations contemporaines — qu'on n'utilisait pas il y a encore quelques minces années de cela, qui font donc très " modernes ", qui se réfèrent, par conséquent, à des genres eux aussi très " modernes " et très en vogue de nos jours —, ne seraient-elles pas qu'un N-ième avatar de quelque chose de véritablement plus ancestral ?



Je me rends compte — mais un peu tard, comme dit la fable — qu’on écrit de la littérature de l'imaginaire, fantastique, SF ou fantasy (comme vous voudrez) depuis des temps immémoriaux. Et avant d’en écrire, avant même qu'on invente l'écriture, on en disait, et cela s’appelait des récits mythiques.



Si je vous parle de cela, c’est qu’à la lecture de L’Enfer de Dante, j’ai le sentiment d’avoir lu un bouquin de SFFF, et pas forcément le meilleur auquel on puisse rêver. Les récits mythiques sont truffés de fantastique et d'imaginaire et Dante n’a, pour ainsi dire, fait que cela au travers de sa Divine Comédie, même si l’on n’appelait pas encore cela comme ça.



Ce serait plutôt une forme de RF (pas République Française, bien sûr, mais Religion Fiction) car rien ne distingue formellement les images créées par Dante de celles des films dit fantastiques, d’horreurs, d’action, de Space Opera, d’Heroic Fantasy et consort.



Certains gardiens des enfers, tels que décrits ici, semblent parfaitement avoir été illustrés dans les films de George Lucas ou dans des grosses productions américaines plus récentes (et j’allais ajouter " de bas aloi ", mais je m’en abstiens, car ce n’est pas parce qu’un genre me déplaît que je dois y porter des jugements négatifs ou sévères).



En somme, ce premier volet de la trilogie (vous voyez, ça fait tout de suite un petit côté Star Wars) de la divine Comédie de Dante ne m’a pas du tout ravie. Sa structure en est très répétitive et, de chant en chant, on suit Virgile qui mène Dante de plus en plus profondément dans les entrailles de l’enfer.



Chemin faisant, les descriptions de supplices s’accumulent et les exemples de suppliciés italiens des XIIIème et XIVème siècles sont d’un ennui absolu. C’est chiantissime à lire (rien à voir avec le chianti, qui lui se laisse boire sans déplaisir) et il est quasiment impossible de s’en sortir sans les notes (au passage, je salue la traduction de Jaqueline Risset et la qualité des éclaircissements qu’elle apporte et qui rendent la lecture, tant soit peu plus digeste).



Petite précision sur ce que j'entends par chiantissime. Dans l'optique de son projet littéraire et de la " mission " qu'il s'attribue, il est tout à fait pertinent, au moment où Dante écrit son œuvre de faire référence à de grandes figures des guéguerres incessantes florentino-bologno-pisanes entre les guelfes blancs et les guelfes noirs, par exemple, et que les gens de l'époque avaient possiblement vus à l'œuvre dans leurs agissements.



De même, n'oublions pas, pour ceux qui ont lu Le Nom De La Rose, par exemple, que Dante écrit en plein dans la période religieusement troublée des papes avignonais et des merveilles de l'inquisition qu'Umberto Eco a si bien su nous faire revivre.



Mais sorti de ce contexte géographico-historique, les noms et les personnalités de ces individus perdent tout leur sens, et en cela, leur évocation également. Dans un écrit vieux de 700 ans, c'est ce qu'il y a d'intemporel qui est intéressant, le reste me semble juste... ennuyeux. Souvenez-vous, dans les années 1990, les querelles Chirac / Balladur, par exemple ; tout le monde en parlait, qui allait gagner, qu'est-ce qui allait en ressortir, etc. Aujourd'hui, tout le monde s'en fout et il a bien raison de s'en foutre, le monde. Il en est de même, mon cher Dante, de vos gugus d'il y a 700 ans.



Par contre, ce qui m’a mieux plu et plus intéressée, ce sont les ponts que Dante a créé entre la littérature païenne pré-chrétienne (essentiellement grecque et latine) et les œuvres plus clairement référencées dans la mouvance du christianisme.



L’auteur a façonné, peut-être sans le savoir et à l’inverse de ce qu’il espérait sans doute faire, un formidable outil de désacralisation de la religion en bâtissant un imagier des supplices qui nous attendent en enfer. Dans ce genre de matière, notre imagination est toujours plus forte que ce qu’on nous peut décrire. On a toujours tors de vouloir trop en dire quand il s’agit de " vérités " religieuses.



J’irai même encore plus loin, si vous me le permettez. En lisant L’Enfer, le lecteur soupçonneux et ami du doute (même pour l’époque) voit dans cet outil de propagande chrétienne, pro-religion et pro-christianisme, finalement rien de bien différent d’un paganisme comme un autre, d’un sectarisme comme un autre, d’un boniment comme un autre.



Ce que nous confirme le projet littéraire de Dante, c’est qu’il vivait dans une époque particulièrement troublée et sanglante. On n’imagine pas d’écrire un tel livre visant à l’édification des foules sur les misères qui les attendent en enfer s’il n’y avait pas matière, quotidiennement, à pratiquer ou à voir pratiquer l’infamie. Et cela, je ne doute pas que Dante ait pu en voir ou en entendre parler beaucoup.



Enfin, un dernier mot sur l’impact fort qu’a eu cet ouvrage sur le scellement de l’identité italienne, au travers de cette langue, écrite et versifiée de cette façon pour la première fois avec autant d'éclat. Avant Dante, il y avait la langue vulgaire, c'est-à-dire, du latin dégénéré, après Dante, il y aura l’italien.



Et l’italien sera reconnu, pour des siècles et des siècles comme la langue de Dante, comme il y aura plus tard, la langue de Cervantés, la langue de Shakespeare, la langue de Molière, la langue de Goethe ou la langue de Pouchkine.



Un dernier mot encore, avant que je n'aille rôtir en enfer, infecte athée que je suis, sur l'emploi du terme "comédie " dans ce registre qui peut être amusant, avec un certain recul mais qui n'avait pas nécessairement vocation à l'être, surtout à l'époque. Il est bien évident qu'en écrivant en langue vulgaire, l'auteur prenait le parti de ne pas faire un livre " noble ". En somme, même s'il avait devisé de droit ou, comme c'est le cas ici, de religion, sujets, par essence, pas spécialement drôles, il ne pouvait s'agir que de " comédie ", au sens, " écrit non noble rédigé dans la fangeuse langue de la populace et non le catholique latin des écrits sérieux ".



Bref, un livre important dans l’histoire littéraire, dans l’histoire italienne et l’histoire des religions, peut-être aussi dans l’histoire de la SFFF, mais franchement pas ma tasse d’espresso. Au reste, ceci n’est que mon infernal et vicieux petit avis, c’est-à-dire, très peu de chose en vérité.
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La Divine Comédie

Ecrire une critique de cette oeuvre monumentale de Dante, est une mission impossible, même je crois pour un chercheur ou un "dantologue", alors lorsqu'il s'agit d'un modeste lecteur, il lui faut rester modeste, respectueux, et le plus qu'il puisse faire est de déposer un petit commentaire.

Tout d'abord, après avoir découvert L'Enfer, Le Purgatoire, et Le Paradis en compagnie de Dante guidé par Virgile, Béatrice puis Saint-Bernard, il faut se garder de crier victoire, en claironnant : J'ai lu La Divine Comédie en totalité... oui certes parcourir ce livre et ses notes, qui représentent plus de huit cents pages, n'est pas une mince affaire. Le manuscrit n'est pas facile, truffé de références qui ramènent à l'Antiquité, aux auteurs anciens, au Moyen-Age, à la ville de Florence au 13ème siècle, à la politique, à la religion (aux prélats), à la théologie, à La Bible... Même si on le lisait cent fois, je crois qu'il y aurait toujours à découvrir et à approfondir avec ce livre. Alors le lire une première fois est une leçon d'humilité, et renvoie à d'autres lectures, ne seraient-ce déjà que l'Ancien et le Nouveau Testament, et aussi les Evangiles... et puis Homère, Virgile, Aristote et tant d'autres. Il faut aussi se plonger dans l'Histoire du monde de cette époque moyenâgeuse, et pas se contenter de survoler l'histoire de la ville de Florence. Il faut aussi bien saisir l'ordonnancement moral de L'Enfer, du Purgatoire et du Paradis, ces trois parties étant bien distinctes. Et surtout il faut essayer de décoder le message qu'a voulu laisser Dante à la postérité. Pour un lectrice basique, telle que je peux me définir, la découverte de ce texte, qui a traversé les siècles, s'est avéré ardu, assez pénible aussi du fait des très nombreuses notes qui font suite aux vers du poète. La première partie du Paradis m'a aussi semblé complexe et assez monotone... Le traducteur de l'ouvrage, Alexandre Masseron, reprend lui-même, cette note d'Etienne Gilson : "On ne peut pas comprendre le sens ultime de La Divine Comédie sans avoir pris contact avec la personne et la théologie mystique de saint Bernard..." Une oeuvre que je suis heureuse d'avoir "survolée", mais un ouvrage à relire à maintes reprises pour pouvoir en partie l'assimiler.
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La Divine Comédie

J'ai enfin trouvé ce que je cherchais ! Une édition qui accompagnât ma découverte du chef d'oeuvre de Dante qui je l'avoue m'effrayait beaucoup.

Il s'agit de l'édition folio bilingue qui propose des morceaux choisis, de longueur variable, des trois parties. Chacun d'eux est précédé d'un résumé très clair sans glose fastidieuse. L'idée a été d'abord et avant tout de donner une idée du contenu plutôt que de commenter la forme. Elle s'impose d'elle-même en lisant le chant en italien. La préface de Gérard Luciani est un modèle de pédagogie. Elle est accompagnée d'une petite iconographie ; de cartes et de descriptions de l'outre-tombe en général puis de l'Enfer avec une liste très bien faite qui permet au lecteur de bien se repérer.



"Au milieu du chemin de notre vie, je me retrouvai

dans une forêt obscure car j'avais perdu le droit chemin".
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La divine comédie, tome 1 : L'enfer

Que l'on adhère ou pas à l'oeuvre, elle reste un monument de la littérature mondiale, et fait parti de l'Histoire, en étant considéré comme une pièce charnière de l'émergence de la nation italienne par l'avènement et la vulgarisation de la langue italienne.



Cette traduction concerne l'entièreté de "La divine comédie ", et non uniquement la partie la plus célèbre du triptique, "L'enfer" ; " le purgatoire " et " Le paradis" y sont aussi.

Un enfer particulier d'ailleurs puisque très peu enflammé, et dont le 9eme et dernier cercle, paradoxalement glacé, inspirera, en sus de gravures d'illustrations, une splendide et monumentale toile de l'artiste Gustave Doré.



Cette version moderne élimine beaucoup de lourdeurs, des noms propres, ne sauvegardant pas spécialement la structure des rimes , et aboutit in fine à un poème en prose fluide et lisible, bien que les annexes explicatives nécessaires restent très nombreuses.



L'œuvre reste en priorité un manifeste politique, la situation des antagonismes florentins (les familles guelfes) constituant l'ossature du voyage de Dante à travers le post-trépas, en faisant ainsi un quasi pamphlet par moments.

La charge anti papale, virulente, en fait ainsi partie.

Outre la politique locale, la culture gréco-romaine, marqueur des personnalités érudites de l'époque, rythme aussi ce voyage à travers les strates de l'au-delà.



La structure même des trois étages post-mortem obéit à un modèle organisationnel très strict, en cercles, hiérarchisé telle une grande entreprise moderne.



Il est difficile de "noter" ce monument littéraire qui reste évidemment régulierement abscons maintenant, mettant en scène des personnages certes localement importants à l'époque mais oubliés depuis, et sans les annexes de la traduction la plupart des chants seraient ésotériques.

Même en version allégée, la lecture, demandant une attention soutenue, n'est pas toujours facile.

L'intérêt est culturel et historique, et l'on peut aisément se laisser entraîner dans ce romantisme poétique et ces descriptions oniriques.

Personnellement, pour alléger, j'ai coupé entre chaque strate post mortem, avec un petit roman classique.



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La Divine Comédie

Je n'aurai garde de critiquer Dante, pour ne pas finir dans son Enfer. Je me limiterai plus modestement à la présente traduction de J-C Vegliante, parue en Poésie Gallimard et donc aisément accessible ; maniable, de plus, malgré ses 1200 pages : le poème tient en un fort gros volume mais qui reste quand même un vrai livre de poche. On peut ainsi l'emporter partout, et mieux vaut, car sa lecture, pour envoûtante qu'elle soit, reste longue, lente, ardue. Pareille au chef d'œuvre lui-même, c'est un périple initiatique dont le prix ne s'obtient que dans les longs efforts, par vertu et patience. Mais quel prix inoubliable !

Il faut savoir gré à JC Vegliante d'avoir tiré de l'italien médiéval un double, sans doute inégalable, du poème, pour nous permettre d'en jouir dans notre langue autant qu'il soit possible. Son parti pris de versification l'emmène parfois un peu loin de l'original (qui figure en regard - d'où les 1200 pages - mais quel bonheur de disposer du texte authentique !), parfois rend la traduction un peu alambiquée, mais la fidélité de l'ensemble paraît au-dessus de tout soupçon et l'on subit avec délices, par ce tour de force, le charme fascinant et immortel de la Comédie. Non la "Divine" Comédie : détail qui a son importance ; on apprend du traducteur qu'il s'agit en fait d'un titre générique, destiné à souligner l'audace au début du XIVème siècle florentin d'écrire en langue vulgaire et non en latin - surtout pour traiter de choses sacrées. La Comédie de Dante recevra l'épithète "divine" au cours des âges, s'agissant d'un des ouvrages les plus fréquentés de la tradition littéraire européenne.

Alternant les vers de onze pieds qui déroutent et les décasyllabes qui rassurent, selon un savant rythme 4/2 - sans rimes toutefois mais, un peu à la manière d'un Claudel, jouant pour l'essentiel sur le halètement produit par ses longues strophes - second Virgile, M. Vegliante nous emmène pour la traversée successive de l'Enfer, du Purgatoire et (non, là c'est Béatrice...) du Paradis, avec un souffle épique, mystique, politique, tout à fait étonnant. Le choix de ne donner que peu de notes, ramassées au début de chaque chant, et entre les trois cantiques, est à notre avis judicieux : certes, on reste quelquefois perplexe devant les allusions...perdues ("les allusions perdues" pourrait décrire assez bien l'impression générale produite par ce livre chez le lecteur vierge de culture italienne médiévale); mais ce que l'on perd en références, on gagne en légèreté, et, comme dit plus haut, en rythme : le pari du traducteur est ainsi gagné.

Une expérience que cette lecture improbable, entre deux produits du prêt-à-porter littéraire contemporain ! A recommander absolument, elle ne laisse pas indemne.
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La Divine Comédie

Etant parvenue à un âge avancé, je commence à me préoccuper de ce qui m'attend dans l'Au-delà. Mes nombreux péchés et mauvaises actions, je les confesse volontiers. Mais il m'a paru utile de me renseigner sur ce qui me fera regretter de ne pas aller au Paradis.

Alors autant consulter un vrai guide du Routard qui a fait ses preuves, bien documenté, infos de première main, et avec les illustrations pour ne pas se perdre en chemin. Au premier abord, il semble curieux que ce texte unanimement apprécié qui décrit en détail les tourments des damnées soit classé dans la catégorie "Comédie". Comme si c'était une bonne blague d'aller rôtir dans les flammes et de se faire piquer le cul par les fourches des suppôts de Satan. Moi je mettrais ça plutôt dans "épouvante" ou "film gore".

Mais bon, le sens de l'humour de M. Alighiéri a dû m'échapper. Car dans ce périple aux Enfers, rien de très réjouissant. Une forte odeur de roussi, de la fumée qui pique les yeux et la gorge, des hurlements de souffrance, des visions épouvantables, et nulle pitié à attendre des bourreaux qui châtient les coupables. Les trafiquants sont jetés dans la poix, les magiciens marchent la tête à l'envers, les usuriers sont assis sous une pluie de feu, les suicidés changés en arbres, les dissipateurs déchirés par des chiennes, les hérétiques jetés au fond d'un cratère, ou dans une tombe brûlante, les gourmands noyés dans une eau glaciale et les luxurieux emporté par un ouragan.

Une question me hante: qu'arrive t-il aux gourmands luxurieux ou aux hérétiques usuriers? Certes, l'Eternité, c'est très long, surtout vers la fin.

On peut donc profiter de plusieurs supplices, surtout si on a beaucoup péché.

Mais vous aurez compris que, malgré le ton humoristique de mes propos, je n'en mène pas large. En attendant, et avant que la Faucheuse ne vienne sonner à ma porte, je me réjouis de compulser ce beau livre qui restitue une bonne partie d'une édition commandée par Lorenzo di Pierfrancesco de Medici au XVè siècle à Botticelli, et qui fut dispersée aux quatre coins de l'Europe. Ici sont réunis le texte intégral du poème de Dante et les illustrations du peintre toscan. Une histoire du manuscrit et une présentation du texte permettent de situer ces oeuvres et de mieux les saisir.

Un magnifique cadeau pour soi ou à offrir. Une bonne trouvaille du Père Noël, car en 2017, j'ai été bien sage.
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La divine Comédie, tome 2 : Le purgatoire

Ce que j’ai ressenti:…Comme une envie de poésie…



Grimpez sur la montagne du Purgatoire,

Délaissez votre charge de péchés,

En chantant les louanges obligatoires,

Les inscriptions seront bien effacées.



L’ange Saint lavera vos fronts, des Capitaux,

A chaque terrasse franchie, marche accomplie,

Pleurant sur vos fautes repenties,

Vous brillerez sûrement aux yeux du Très Haut.



Troquer la colère contre la douceur,

Changer le vice en humilité,

Disparaître l’envie aux joies du cœur…

Ressentez la Sagesse et la Paix.



Dante nous offre une ascension libératrice,

Toute en poésie et joies bienfaitrices,

Nous sensibilisant aux chants et à la piété,

Et délivrer ainsi notre âme de nos vils péchés.


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La divine comédie, tome 1 : L'enfer

L'Enfer est le premier tome de la Divine Comédie. Suivront Le Purgatoire et Le Paradis.



Jamais je n'avais tenté cette lecture, celle-ci me paraissant totalement hors de ma portée intellectuelle, tant les commentaires font en général montre d'une culture phénoménale...

On sait le rôle majeur qu'a joué cet ouvrage dans l'histoire de la langue italienne, et sa notoriété mondiale qui en fait l'un des chefs-d'œuvre de la littérature médiévale.

Ce livre me semblait réservé à une élite d'universitaires et de sachants dont je ne fais pas partie.



Et pourtant j'ai décidé de me faire ma propre opinion, et de passer outre ces freins.



J'ai lu avec beaucoup d'intérêt et de curiosité.

Bien sur, je n'ai pas compris toutes les allusions très érudites à une foultitude de personnages, dont Dante alimente son poème, mais cela ne m'a finalement pas tant gênée que cela.



Le message est assez universel , le chemin vers le mal aussi.

Et que l'homme se nomme Guido de Sienne ou Perlimpim ne change pas fondamentalement la teneur du message que Dante nous fait passer.

C'est mon avis d'inculte.



Ce 1er tome est une description des cercles de l'enfer.

La lecture est incroyable, on dirait volontiers aujourd'hui que l'auteur avait sans doute un peu abusé de substances hallucinogènes...

On retrouve dans ces descriptions toute l'iconographie que l'on voit dans les églises, même encore aujourd'hui , et tout l'imaginaire qui a inspiré les peintres et qui continu à le faire plusieurs centaines d'années plus tard .

C'est ce qui m'a le plus impressionnée.

C'est tellement imagé !

Le texte est beau.



C'est moins long et moins pénible à lire que ce que je ne craignais.

A la fin de cette lecture on comprends bien comment l'Eglise a pu se servir de cet imaginaire pour effrayer les gens .











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La divine comédie, tome 1 : L'enfer

Ce que j’ai ressenti:…Une envie de poésie…



« Vous qui entrez, laissez toute espérance. » Chant III



De Florence à la forêt obscure

De décadence à la terre impure

L’Enfer est un lieu sans lumière,

Où la souffrance et les âmes errent…



« Et je viens en un lieu où la lumière n’est plus » Chant IV



De cette tourmente douloureuse,

Naît les vents impétueux,

Des tremblements de terre autant que

Des tempêtes de limbes fangeuses.



« Laissez nous aller, car on veut dans les cieux que je montre à quelqu’un ce chemin sauvage. » Chant XXI



Les blessures et autres bêtes immondes,

Font ressurgir dans ces cercles, les ondes,

Les pires fureurs de ces pauvres pêcheurs,

et les condamnent à leurs plus infectes horreurs.



"Ce fut en vain: les ailes ne peuvent aller plus vite que la peur." Chant XXII



Les hérétiques, les coupables lâchent leurs cris,

Joignent leurs voix aux harpies,

Pleurent aux pieds des démons,

Tombent sous le coup de leurs lamentations.



« Que votre souvenir ne s’envole jamais dans le premier monde des esprits humains mais qu’il y vive sous de nombreux soleils. » Chant XXIX



Une lecture toute en poésie

Qui a su à travers le temps,

Laisser sa marque, son feu.

Aller toujours plus bas avec les impies

N’est pas anodin, et le sang bouillant,

Vous connaîtrez les vices dangereux,

Grâce à ce poète de Génie:

Dante Alighieri.





Stelphique.


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Oeuvres complètes

Critiquer Dante Aligheri est une gageure, mission impossible, l’œuvre d'une prétention monstre.

Je ne m'y risquerai donc pas.

Néanmoins, quelques commentaires, points de détails, et avis sur d'autres avis donnés ici ou là.

Lire les œuvres complètes du génie Toscan est déjà en soi une belle aventure, une belle chose à entreprendre une fois dans sa vie, comme un rappel de toute la culture disponible en ce temps là.

On ressasse ses œuvres grecques et latines, les premiers romans chevaleresques, la poésie des troubadours, la liturgie, l’œuvre des pères de l’Église ; on y est plus tant habitués !

Concernant la traduction, à défaut de lire assez l'italien, la Pléiade propose ici la première traduction des œuvres intégrale par un même et unique traducteur, et pas n'importe qui, André Pézard, spécialiste internationalement reconnu de l'Aligheri.

Son parti pris est de traduire en français archaïsant, avec force mots médiévaux, techniques, inventés à partir de racines provencalo_latines. Cela demande il est vrai une petit temps d'habituation, une certaine connaissance du vocabulaire moyenâgeux, liturgique et mythologique, et des bases en italien, latin et grec aident certainement. Elle reste en tous cas plus lisible que ne le laisse penser certains avis d'ici !

On peut néanmoins opposer que l'italien de Dante est, pour un italien contemporain un peu cultivé, tout à fait accessible, ce qui n’est pas le cas de poètes "français" du même siècle, loin s'en faut. Une traduction littérale aurait donc sans doute été plus proche de français moderne, sans être du tout du "français de rue" sauvagement élagué et appauvri. Il y a donc un parti pris de Pézard de se placer dans ce qu'est cette édition, c'est à dire une édition érudite, de référence en langue française. Le mieux reste de faire l'effort de retrouver l'italien et de lire dans le texte.

Notons aussi la qualité des notes (ce qui va de pair avec ce que je relevais plus haut sur la qualité de l'édition) et de l'appareil critique, notes qui servent surtout pour une lecture complète de Dante, pour l(étudiant mais aussi pour le simple amateur qui fer de lui même le tri de ce qui l'intéresse, ou pas...

Mes préférences, sans surprise, vont à la Vita Nova et à la Divine Comédie, surtout à l'Enfer où Dante distribue les bons et mauvais points ; le Purgatoire et le Paradis étant plus axés sur la liturgie, la vraie foi et la pauvre Italie qui se divise...

Enfin, faites vous votre idée par vous même !
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La divine Comédie, tome 2 : Le purgatoire

Il est très difficile d'écrire sur l'un des livres essentiels, fondateurs, de la culture européenne. Au-delà du livre lui-même, il y a tout ce qu'il a inspiré, nourri, tous ceux qui s'en sont emparé, diversement à différentes époques, juste comme une référence rapide, où comme un fondement à la base de leurs propres écrits. Il y a toutes les lectures qui en ont été faites, et qui n'en épuisent pas le sens, les sens. Toutes les images en lien avec ce livre auxquels nous avons été et sommes régulièrement confrontés. Une lecture d'un tel monument est forcément une tache de longue haleine, à recommencer régulièrement, pour saisir à chaque fois un autre aspect, un autre détail, ressentir autre chose, avoir l'illusion de comprendre un autre point. Ces notes de lectures vont donc être forcément parcellaires et provisoires.



L'oeuvre a connu une longue gestation : elle aurait été écrite entre 1303 et 1321. Il s'agit d'un poème composé de 100 chants, dans des tercets hendécasyllabes (de onze syllabes). le texte est rédigé dans ce que l'on appelait la langue vulgaire (l'italien, dans sa version florentine) et non pas le latin, la langue considérée comme noble à l'époque. le premier chant est une sorte d'introduction, avant que l'auteur ne commence véritablement son voyage qui le mènera successivement en Enfer, au Purgatoire puis enfin au Paradis. 33 chants sont dévolus pour décrire chacun des trois lieux.



Le début est très célèbre (j'utilise ici et par la suite, la traduction de Jacqueline Risset) :



« Au milieu du chemin de notre vie

je me retrouvai par une forêt obscure

car la voie droite était perdue. »



« Au milieu du chemin de notre vie » c'est selon une indication biblique la moitié de 70 ans, donc 35 ans. Cette indication appliquée à Dante place le récit qu'il va nous faire en 1300, et plus précisément au moment de Pâques. C'est une année très particulière pour les chrétiens : le pape Boniface a instauré cette année le jubilé. Au début de chaque siècle, les fidèles qui viendraient visiter les tombeaux des apôtres, après s'être confessé et avoir communié, gagneront une indulgence plénière. Rome a vécu un immense afflux de pèlerins cette année-là.



Dante place son étrange aventure avant le début de la rédaction de son poème (1303) ce qui lui permettra de faire quelques prédictions à son personnage, prédictions qui ne pourront que s'avérer vraies. Au moment de débuter l'écriture de son oeuvre essentielle, Dante se trouve dans une situation difficile. Après une participation active à la vie politique de sa cité, Florence, il en a été banni, et une condamnation à mort a été prononcée à son encontre. Sans rentrer dans les détails de l'histoire politique de Florence, qui est d'une complexité folle, il a participé au priorat (sorte de gouvernement de la ville) pendant des luttes intestines très virulentes. Il s'est retrouvé dans le mauvais camps, celui des guelfes blancs, alors que les noirs prenaient le pouvoir, grâce notamment à l'intervention de Charles de Valois, frère du roi de France Philippe IV le Bel, intervention faite à la demande du pape Boniface VIII. Dante se trouvait à ce moment en ambassade à Rome, et il a probablement été retenu dans la ville, ce dont il voudra amèrement au pape. Il ne rentrera plus jamais dans sa ville natale, connaîtra l'exil en divers endroits, et sera enterré à Ravenne.



Pour illustrer d'emblée la richesse et la complexité du poème, « le milieu de la vie » peut avoir un autre sens. Pour Aristote, il s'agit en effet d'une métaphore du sommeil. Nous sommes donc d'une certaine manière dans le rêve, dans un monde onirique. Dante annonce de prime abord qu'il va décrire une vision, quelque chose qui transcende le réel pragmatique et quotidien. Par ailleurs on peut noter que dès les premières lignes du poème, le monde chrétien s'entremêle au monde antique, païen.



Dante est donc perdu dans la forêt obscure, lieu des plus vagues, symbolique. Il y rencontre trois dangereuses créatures : une lonce (un félin, symbole de la luxure), un lion (l'orgueil) et une louve (avarice, convoitise). Dante perd espoir, mais une figure surgit, qui lui propose un chemin, une sortie. Il s'agit de Virgile, le grand poète latin, qui a été mandaté par Béatrice, le grand amour de Dante. Cette dernière est morte, son âme est au Paradis, mais elle n'a pas oublié Dante et lui tend une main secourable. le poète va donc entamer un voyage vers l'autre monde, une sorte d'épreuve initiatique. Virgile va lui servir de guide, en Enfer et au Purgatoire, et Béatrice prendra le relais au Paradis, dans lequel Virgile, en tant que païen ne peut pénétrer. Virgile commence par amener Dante devant la porte de l'Enfer :



«  Par moi on va dans la cité dolente,

par moi on va dans l'éternelle douleur,

par moi on va parmi la gent perdue.

............................................................

Vous qui entrez laissez toute espérance».



(Suite : https://www.babelio.com/livres/Alighieri-La-divine-comedie-tome-1Lenfer/1419374/critiques/3379931)
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Vie nouvelle

Supposée écrite entre 1290 et 1295, « Vita Nova » est une œuvre de jeunesse, originale à plus d’un titre, du grand poète toscan Dante Alighieri (1265-1321).

Originale, tout d’abord parce qu’elle est la première œuvre à avoir été écrite en langue dite vulgaire, l’italien de sa région natale, le toscan.

Ensuite parce qu’elle se veut autobiographique, racontant la rencontre de Dante avec Béatrice, le sentiment amoureux qu’il éprouve pour cette noble et gente dame, puis la souffrance ressentie à la mort brutale de cette dernière.

Enfin, « Vita Nova » offre un mélange des genres peu commun pour l’époque. Les pièces poétiques versifiées se greffent à des passages narratifs en prose dans lesquels l’auteur explique lui-même ses poèmes et ce qu’il a tenté d’exprimer dans ses élégies.



Ayant étudié l’art de la versification et repensant à la Dame aimée qu’il nomme Béatrice, Dante décide de composer un ouvrage poétique à la façon des trouvères de son temps, dans lequel il salue à la fois Celle qui a peuplé ses pensées et l’Amour qu’elle lui a inspiré.

En réalité, le patronyme de la jeune personne est Bice Portinari. Dante en a masqué l’identité en désignant l’objet de sa passion - ce que les troubadours appellent le « senhal » - sous le nom de Béatrice et par diverses expressions affectueuses, « Belle joie », « ma Dame », « Dame Courtoise », « la Bénie »…

Chaque poème dédié à son Amour est ensuite associé à un commentaire de l’auteur, à la façon d’une auto-analyse de son propre travail, expliquant en plan précis, la démarche poétique, les allégories, les images et toutes les variantes du sentiment amoureux qu’il a tenté d’exprimer dans ses vers.

La narration en prose se teinte également d’une large part d’onirisme, de l’exposition de songes, de rêves et de visions dans lesquels l’Etre aimé apparaît dans toute sa majesté, sa grâce, sa « béatitude ». Transcendé par un sentiment pieux, platonique, absolu, religieux, l’Amour est personnifié et révéré, honoré et glorifié, semblable à la dévotion chrétienne portée à Dieu.



« Vita Nova » est donc le récit d’une expérience sentimentale personnelle.

Lorsqu’il rencontre Béatrice pour la première fois, Dante n’a que neuf ans. D’emblée, son jeune esprit chavire et malgré son âge juvénile, « Amour » a pénétré son cœur.

Béatrice lui apparaît ensuite neuf ans plus tard, « vêtue de couleur blanche », et de nouveau sa beauté pleine de grâce le subjugue. Dés lors, elle ne quitte plus ses pensées, alimente ses rêves, s’inscrit même dans des songes à caractère prémonitoire.

Lorsque cette jeune dame bien née et appréciée de tous meurt brusquement, toute la ville de Florence «en reste comme veuve et dépouillée». Dante, douloureusement affecté, verse alors dans une profonde et morbide mélancolie. Son deuil est lourd, son âme en peine, ses yeux, « las de pleurer », ne peuvent plus « soulager sa tristesse ». Ses chansons et ses sonnets expriment la souffrance d’un cœur brisé.

Plus d’un an s’écoule ainsi, lorsqu’il croise un beau jour, le regard empreint de pitié d’une belle et jeune femme touchée par la détresse sentimentale dans laquelle il s’abîme. Le visage, l’attrait, la grâce de cette personne sont un baume au cœur pour le poète qui sent alors refluer en lui la sève de la vie. Ainsi, si le souvenir persiste, sa douleur s’adoucit au seuil d’une « vie nouvelle », avec l’apparition d’un nouvel amour dont chanter les louanges et célébrer.

Le dernier chapitre de « Vita Nova » se clôt sur une « admirable vision » par laquelle le poète florentin sent en lui les bourgeons fleurissant d’une grande œuvre à venir, qui donnera quelques années plus tard la grandiose « Divine Comédie ».



A la fois livre sur la mémoire et le souvenir, autobiographie amoureuse, recueil de poèmes courtois, on ne peut s’empêcher de penser en lisant « Vita Nova » que Dante est allé bien au-delà des canons littéraires de l’époque et qu’il a permis un réel essor dans le domaine de la littérature, en l’affranchissant et en la libérant des contraintes de son époque et en l’ouvrant sur des horizons plus vastes où les genres se confondent, se complètent et s’unissent, en langue italienne qui plus est !

Cependant, la lecture de ce petit ouvrage en vers et prose n’est pas des plus évidentes. L’interaction entre les pièces poétiques et les morceaux en prose si elle est intéressante, n’est pas toujours des plus captivantes. En ce faisant le commentateur sobre et détaché de sa propre poésie, Dante, tout en nous immergeant dans sa mémoire et dans son sentiment amoureux, nous éloigne en même temps de l’aspect empathique et profond de son amour et de sa peine.

L’œuvre recèle donc de beaux moments, lyriques et inspirés, avec l’illustration parfaite de l’amour courtois tel que le chantaient les troubadours de Provence, que viennent quelquefois assombrir certains passages trop explicatifs, plus ternes et insipides, qui occultent le plaisir d’une lecture au demeurant enrichissante qui gagnerait sans doute à être lue dans sa langue originelle pour en apprécier toutes les sonorités chantantes et toute l’harmonie musicale.

« Vie Nouvelle » n’en reste pas moins une célébration pleine de grâce de l’Amour et de l’Etre aimé.

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La Divine Comédie

« La Divine Comédie » de Dante Alighieri… J’avoue ressentir une forme de soulagement, de plaisir à me rendre compte que j’ai lu un tel livre… Il me faisait peur, parce qu’il était connu pour sa difficulté, sa précision, sa richesse. C’est une œuvre littéraire qui traverse les époques et les frontières culturelles pour devenir l'une des pièces de la littérature mondiale reconnue et saluée. Écrite au XIVe siècle, cette épopée poétique en trois parties, composée de l'Enfer, du Purgatoire et du Paradis, dépeint le voyage de Dante à travers l'au-delà, guidé par le poète romain Virgile. Cette œuvre offre une profonde méditation sur la condition humaine, la moralité, la rédemption et la quête spirituelle.



L'Enfer, la première partie, est une descente aux enfers littéraire, où Dante explore les cercles infernaux peuplés de pécheurs condamnés à des châtiments spécifiques en fonction de leurs péchés. C'est une vision saisissante et terrifiante de la damnation éternelle, où Dante nous rappelle les conséquences de nos actions sur notre destin. Les personnages rencontrés s’approchent de lui et se confessent, partageant ou déposant un peu de leur souffrance. On fait la connaissance de nombreuses personnalités, ayant réellement existé.



Le Purgatoire, la deuxième partie, offre un contraste d'espoir. Les âmes purgées de leurs péchés travaillent à leur rédemption dans l'attente de l'entrée au Paradis. Dante utilise cette étape pour explorer la nature de la repentance et de la purification, montrant que même les âmes les plus égarées ont une chance de rédemption. S’agit-il de pardonner, de se pardonner… ? À plusieurs reprises, Dante est observateur, mais aussi reçoit la parole des âmes.



Enfin, le Paradis, la troisième partie, nous emmène dans les sphères célestes où Dante atteint la vision béatifique de Dieu. C'est une exploration de la félicité éternelle et de la connaissance divine. Dante exprime ici une beauté céleste indescriptible, qui contraste avec les horreurs de l'Enfer. En même temps, on y sent une forme de félicité, en même temps le poids de cette « perfection » souhaitée. Je l’ai ressentie ainsi.



Ce qui rend "La Divine Comédie" encore plus fascinante, c'est sa richesse culturelle et sa profondeur intellectuelle. Dante a peuplé son œuvre de personnages historiques et contemporains, principalement italiens, créant ainsi une fresque vivante de la société et de la politique de son époque. La maîtrise de Dante du langage, à la fois soutenu et poétique, ainsi que son utilisation de références religieuses, mythologiques et philosophiques, ajoutent une couche de complexité à l'œuvre. Cela a pas mal alourdi ma lecture, l’édition que je possède présente chaque personne, ou presque, nombre d’âmes, nombre d’histoires, difficile de les retenir. Quant aux références, je pense que se lancer dans « La Divine Comédie » demande un certain bagage de connaissances générales et spécifiques.



La lecture demande qu’on lui consacre du temps, de la patience et même un bon dictionnaire à portée de main pour ma part tellement il regorge de vocabulaire recherché et soutenu, mais c'est une expérience gratifiante également que de se plonger dans ce voyage. Les gravures et la qualité de l'édition peuvent faciliter la compréhension, tout en offrant une dimension visuelle à l'œuvre. Et les gravures de Gustave Doré, un réel plaisir visuel pour ma part, car j’aime ce choix de noir et blanc, brut, ces traits fins, ces ombres… J’ai vraiment regretté qu’elles ne soient pas plus présentes et nombreuses.



En bref : "La Divine Comédie" est une lecture intemporelle qui continue d'inspirer la réflexion sur la nature humaine, la spiritualité et la condition de l'âme. Elle nous rappelle que nos actions ont un impact durable et que la quête de la rédemption et de la connaissance peut être à la fois exigeante et profondément gratifiante. Une lecture au calme et une immersion dans l'univers complexe de Dante révèlent l'essence même de cette œuvre magistrale. Elle apporte une réflexion, peu importe notre religion ou nos croyances, les réflexions sont supérieures et individuelles. Une très belle découverte.



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La divine Comédie, tome 3 : Le Paradis

La dernière étape du Purgatoire, c’est le jardin du paradis terrestre, lieu intermédiaire, où Dante est spectateur d’un étrange représentation allégorique au sens discuté. A l’arrivée de Béatrice, que Dante espérait, Virgile disparaît : le seuil du Paradis céleste vient d’être franchi, et le poète latin ne peut y accéder.



Le Paradis se compose de 10 parties, 9 sphères mobiles et de l’Empyrée. Les sept premières sphères mobiles correspondent aux neuf planètes connues à l’époque de Dante : Lune, Mercure, Vénus, Soleil, Mars Jupiter, Saturne. Au-delà, il y a la sphère des étoiles fixes, puis le ciel cristallin (Premier Mobile). Ces sphères sont mues par des anges, chaque sphère par une catégorie d’anges spécifiques, il existe une hiérarchie angélique avec 9 niveaux. Je rappelle que la Terre étant au centre de l’univers dans la représentation médiévale, toutes ces sphères tournent autour de cette dernière. Enfin, au-delà de l’espace et du temps, il y a l’Empyrée, le Ciel transcendant où réside Dieu.



Même si le Ciel et la Terre sont deux réalités distinctes, il y a un lien, une relation forte. Le Ciel agit constamment sur la Terre, les astres ont une influence sur les hommes. Les astres expriment la volonté divine, sont un instrument de cette volonté, leur mouvement provoqué par les anges en est la conséquence, les hommes subissent l’influence de ces mouvements, qui les poussent vers une direction, des actions. Mais l’homme garde toujours son libre arbitre, la décision finale de suivre ou non l’influence céleste lui appartient.



Dante va traverser les différentes parties du Paradis, dans les 7 premières sphères mobiles, correspondantes aux planètes, il va rencontrer les bienheureux. A chaque ciel correspond une disposition particulière vers le bien, par exemple au Ciel de Vénus, il y a les âmes de ceux qui sont soumis à l’amour, non plus terrestre, mais divin. Au Ciel de Saturne, on trouve les esprits qui ont pratiqué une vie contemplative. Le huitième Ciel, celui des étoiles fixes, est réservé au triomphe du Christ, avec la Vierge. Les anges et les bienheureux résident en réalité dans le dixième Ciel, l’Empyrée, près de Dieu, ils sont disposés au sein de la rose sempiternelle, qui est la dernière étape du voyage de Dante.



Raconter le Ciel est bien plus difficile que raconter l’Enfer et le Purgatoire. Tout est à la limite de la compréhension humaine. La lumière éblouissante brouille la vision, les musique célestes saturent l’audition, il est difficile de voir, de saisir, et surtout de mettre en mots ce qui dépasse notre entendement. D’où l’invention par Dante d’un vocabulaire spécifique, dont le plus emblématique est le mot « transumanar » : c’est ce qui est au-delà de l’humain, et c’est le mot qui convient le mieux pour caractériser l’expérience du Paradis. Le poète ne peut qu’essayer de donner une image approximative, imparfaite, de ce qu’il a vu et entendu.



Dante fait différentes rencontres dans sa montée céleste. Une des plus importantes, est celle d’un de ses ancêtres, un certain Caccaguida, qui serait parti en croisade, et aurait été fait chevalier par l’empereur. Dante le rencontre dans le Ciel de Mars, celui des combattants pour la foi. Il révèle à Dante son destin, son exil prochain :



« Tu laisseras tout ce que tu aimes

le plus chèrement ; et c’est la flèche

que l’arc de l’exil décoche pour commencer.

Tu sentiras comme a saveur de sel

le pain d’autrui, et comme il est dur

à descendre et monter l’escalier d’autrui. »



Mais il fixe aussi sa mission, qui est de révéler au plus grand nombre ce qu’il a vu, de communiquer la volonté divine par la parole, pour aider les hommes à accéder au Paradis, à devenir des bienheureux. Dante n’est plus seulement un poète, il devient un prophète, il doit rendre sensible aux autres hommes une vision divine pour leur permettre de prendre le bon chemin.



D’autres rencontres ont lieu, certaines très déconcertantes. Ainsi dans le Ciel du Soleil, celui des Esprits inspirés de sagesse, Thomas d’Aquin montre à Dante les onze sages de la première couronne, en quelque sorte le gratin de l’esprit. Et parmi ces 11 figure Sigier de Brabant :



« C’est la lumière éternelle de Sigier,

qui, en lisant dans la ruelle au fouarre

syllogisa des vérités enviées. »



Sigier avait pourtant été condamné par l’archevêque de Paris pour averroïsme, il a du fuir, a fini assassiné, et Thomas avait combattu certaines de ses idées. Ce passage a d’ailleurs donné lieu à de nombreux commentaires, Dante a été soupçonné d’averroïsme, le passage a servi a étayé l’hypothèse d’un séjour parisien du poète, qui aurait pu y rencontrer certains disciplines de Sigier. Mais en réalité Dante met en évidence une sorte de transcendance : ce qui paraît opposé aux hommes, ne l’est pas forcément pour la sagesse divine, deux grands penseurs comme Thomas et Sigier ont pu chacun exprimer un aspect de la vérité, en apparence inconciliables pour l’esprit humain, mais qui ne le sont pas pour l’intelligence divine. Et ils se reconnaissent comme égaux au Ciel, dépassant leur différents terrestres.



Dans le même état d’esprit, l’éloge de Saint-Dominique est prononcée par Saint-Bonaventure, franciscain et celui de Saint-François par Saint-Thomas, dominicain. Alors que les deux ordres s’opposent sur Terre sur le plan de la théologie, ils sont en mesure de reconnaître la vérité dans le propos d’imminents membres de l’autre ordre. Tous les antagonismes sont dépassés, la vision s’élargit, c’est l’un des sens du « transumanar ».



Nous arrivons ainsi progressivement à la fin du voyage, à la Rose céleste de l’Empyrée, l’amphithéâtre des âmes des bienheureux, dont presque tous les sièges sont pleins, ce qui annonce la proximité de la fin des temps. Et Dieu se révèle comme un cercle, qui englobe l‘ensemble de la création.



Au Paradis a lieu l’intégration finale de la philosophie dans la vérité de Dieu, l’élévation de l’amour en principe de tout bien et de tout mal, la résolution des problèmes politiques par la doctrine de la légitimité universelle et éternelle de l’Empire. Dante arrive petit à petit à ces conceptions, en traversant l’ensemble de ce qui humain, l’Enfer et ses damnés, le Purgatoire et ses pénitents, c’est au Ciel qu’il peut tout comprendre et tout embrasser et nous livrer sa vision éclairée par la lumière divine.



Ce n’est pas un voyage facile pour un lecteur, tant le poème de Dante est riche et complexe, tant il est truffé de références. Plus que de lire un livre, il s’agit de pénétrer un monde, un univers. Essayer d’en saisir quelques éléments, se pénétrer d’images, d’idées, se laisser prendre à la beauté des vers. En se disant qu’il faudra sans doute y revenir, relire, y trouver autre chose, puis autre chose encore. Car il est sans doute impossible d’épuiser tous ses sens, explorer tous ses possibles.
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La divine comédie, tome 1 : L'enfer

Mettre une "note" à Dante, et puis quoi encore !

autant "noter" la Joconde, le David ou la Passion selon Saint Matthieu !



La Divine comédie est un monument littéraire qui traverse huit siècles d'histoire pour avoir (notamment ) contribué à la formation de la langue italienne - qui peut prétendre la "noter" ?

Sur les parterres qui sont devant le Collège de France, il y a deux sculptures d'un côté Ronsard et de l'autre Dante lui-même qui a même une grande rue à son nom un peu plus bas vers la Seine !

Après, qu'on choisisse d'entrer ou non dans La Divine Comédie, c'est affaire personnelle !



J'ajoute à cette première réaction d'humeur, très anecdotique, que toute personne s'intéressant de près à la littérature et à ce qu'elle peut inspirer de plus sublime doit avoir lu la Divine Comédie au moins une fois dans sa vie -

(question : faut-il attendre la maturité pour en apprécier pleinement toute la dimension vitale, métaphysique et spirituelle ? je me suis aussi posé la question mais je n'ignore pas "la valeur n'attend pas le nombre des années", non plus que les tourments spirituels ou métaphysiques ! ).



La Divine Comédie emporte le lecteur dans un immense voyage initiatique, avec un tel souffle et une telle ampleur que personne n'en revient indemne :

"Nel mezzo del cammin di vita nostra/

mi ritrovai per una selva oscura /

che la diritta via era smarrita ..... ,



Ce milieu du chemin de la vie où l'on ne sait plus comment se diriger dans la forêt obscure, chacun peut l'éprouver, c'est ce moment où la vie semble basculer comme elle bascula pour Dante lui-même, par suite d'un sérieux revers dans son combat politique - "Guelfe blanc", il luttait pour une plus grande autonomie de la ville de Florence par rapport au pape (Boniface VIII, souvent cité) - alors que ses ennemis politiques les Guelfes noirs prennent le pouvoir, il se retrouve menacé de mort, chassé de Florence et privé de tous ses biens, il doit prendre le chemin d'un exil définitif (1)

Certes, certains passages pourront paraitre obscurs à un lecteur français car truffés de références à des familles ou factions toscanes et autres avec lesquelles Dante continue à règler ses comptes jusqu'au sein du "Paradis" .

Au delà des identités évoquées, cet enracinement dans la vie concrète contribue à rendre plus proche, plus réel encore ce voyage dans l'univers, le temps et l'histoire, où Dante commence par explorer les neuf cercles d'un enfer où Lucifer est pris dans la glace.

Conduit par Virgile lui-même, et au Paradis par Béatrice, archétype de la femme aimée, il explore les confins de vie et de la mort , d'un façon souvent haletante (le rythme impulsé par la "terza rima" en italien) et il rencontre une foule de personnages, par exemple Ulysse l'avisé, avec ses compagnons, qui leur enseigne 'qu'ils ne sont pas faits pour vivre comme des bêtes, mais pour suivre vertu et connaissance" -

"Considerate la vostra semenza

fatti non foste a viver come bruti

ma per seguir virtute e conoscenza"



Si ces questions vous habitent, plongez vous sans attendre dans cette grande quête de cet Amour à dimension mystique qui est pour Dante (vers ultime du Paradis)

'"l'amor che move il sole e l'altre stelle" - "

L'amour qui meut le soleil et les autres étoiles".



P.Lismonde



Aux lecteurs français, je ne saurais trop recommander la magnifique traduction (7 ans de travail) établie par Jacqueline Risset en 3 volumes pour les éditions Flammarion

voir cette critique aussi sur le livre qu'elle a auusi consacré à Dante

http://wodka.over-blog.com/article-12487295.html



(1) Non seulement Dante finalement établi à Ravenne n'est jamais revenu à Florence, mais la ville de Ravenne a toujours refusé de restituer ses cendres à Florence. Une sépulture vide l'attend depuis plusieurs siècles dans l'église de Santa Croce où sont enterrés tous les grands florentins Michel Ange, Galilée ou même Machiavel - Pour se consoler sans doute, les Florentins ont fait ériger une statue de Dante en pied à l'entrée de l'église.






Lien : http://www.babelio.com/auteu..
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La Divine Comédie

Quelle merveilleuse trilogie! Ces livres m'ont touchée au plus profond du coeur. Dante nous emmène dans un cheminement hors du commun,celui de l'âme en quête de compréhension et de perfection divine.J'ai adoré!
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La divine Comédie, tome 2 : Le purgatoire

Le Purgatoire est le deuxième tome de la Divine Comédie de Dante



Apres l'Enfer j'ai aussitôt embrayé avec le Purgatoire .

Nous suivons toujours Dante, accompagné de Virgile, mais cette fois nous sommes dans l'entre-deux :

Pas l'enfer, mais pas non plus le paradis.



Une espèce de montagne où se succèdent des salles de tri où les personnages se retrouvent là pour des fautes ( les fameux péchés capitaux) , et qui leur empêchent le Direct to Paradis .

Les âmes doivent escalader cette montagne pour expier leurs fautes et se repentir et ensuite espérer pouvoir entrer au Paradis .



Un vrai chemin de croix ...



J'ai beaucoup moins apprécié cette partie, moins imagée, moins active et d'une vision d'un pessimisme épouvantable.

Un passage est très beau néanmoins : celui ou Dante rencontre Béatrice.



Bref, un endroit où l'on s'ennuie pas mal et... le lecteur un peu.



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La Divine Comédie

Divine, oui, comédie, pas vraiment! On touche au divin dans ce roman, qui raconte le voyage de Dante aux enfers puis au paradis, où il va côtoyer tous les hommes illustres de son époque, mort de toutes les manières, certains attendant en enfer, d'autres heureux au paradis. On ne rit pas vraiment, on est plutôt effaré de toutes ces morts suspectes et de beau pays qu'est le paradis.

Il faut avoir un bon appareil critique pour comprendre qui sont tous ces Florentins, Génois ou Vénitiens, mais petit à petit, on d'habitue à cette longue énumération, à ces visages et on est impressionné par la construction du récit, toute en rapport avec les cercles concentriques des enfers et du paradis.

Dante n'est pas totalement novateur, il reprend L'Enéide de Virgile mais il ne fait pas que l'imiter, il lui donne une dimension chrétienne et mystique.

Il y a des descriptions merveilleuse et l'amour pour Béatrice semble intemporel.

D'autres s'y sont essayé, on pourrait faire une divine comédie pour chaque siècle de notre ère, mais peu arriveront au génie de Dante, à la qualité et la complexité de ce texte.

C'est long mais c'est un incontournable de la littérature mondiale.
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La Divine Comédie - Illustration Gustave Doré

Les gravures de Gustave Doré pour la Divine Comédie sont célèbres au point d'imprimer les royaumes de l'au-delà dans l'imaginaire de plusieurs générations.



Pierre Bouretz dans son essai intitulé sobrement "Sur Dante écrit :" Dante raconte avoir lui-même traversé les, trois régions de l'au-delà et propose à ses lecteurs de partager cette expérience ; la dimension pragmatique du livre importe autant que les doctrines qu'il mobilise ; peut-être même davantage, s'il s'agit d'en saisir l'irréductible particularité. Ajoutons enfin que la démesure de cette entreprise doit se mesurer à l'aune d'une différence considérable entre ce que représentait une descente dans l'Hadès pour l'Antiquité grecque ou romaine et ce que suppose un voyage au travers des trois royaumes de l'au-delà chrétien : un genre littéraire tout à la fois populaire et objet de spéculations philosophiques ; la transgression d'un limite imposée à la curiosité et d'un interdit de représentation."



Et pourtant quelques-uns se sont "risqués" à illustrer la Divine Comédie :

Peut-être seul Michel-Ange, dans ses illustrations perdues pour la Comédie, avait-il su rendre avec une énergie comparable la plasticité tourmentée des corps des damnés ? ;

Peut-être seul Botticelli a-t-il su rendre la grâce et la légèreté angélique des bienheureux, réalisée à la pointe de métal sur parchemin, repris à l'encre et partiellement mis en couleurs, permettant de partager la fascination de l'artiste florentin pour ce chef-d'oeuvre de poésie de d'humanisme ? ;

Peut-être seul le poète et artiste romantique William Blake qui produisit 102 illustrations à l'état de croquis au crayon ou d'aquarelles achevées a-t-il sur transcrire le passage des souffrances infernales à la lumière céleste, de l'humain horriblement défiguré à la forme physique la plus parfaite ?.



Mais revenons à Doré

Passionné par La Divine Comédie, le jeune Gustave Doré commence par illustrer L'Enfer.

Aucun éditeur ne voulant se lancer avec lui dans une entreprise aussi risquée, il assume lui-même les frais d'édition de l'ouvrage, publié en 1861, chez Hachette, il  remporte un succès inattendu, qui conforte Doré dans sa vocation d'illustrateur littéraire et d'artiste. Il peut désormais s'écarter des dessins de presse. Sept ans plus tard, en 1868, il publie Le Purgatoire et Le Paradis.



Sa capacité à créer des paysages sans précédent reste inégalée, des cavernes infernales monstrueuses jamais touchées par le soleil à la luminosité raréfiée de la montée du Purgatoire vers la blancheur du Paradis.

Les illustrations de Doré traduisent bien le réalisme de Dante - ce qui explique aussi l'amincissement progressif des gravures entre le Purgatoire et le Paradis

Autre point, les quantités d'illustrations entre les différents chants (respectivement soixante-quinze, quarante-deux et dix-huit gravures) sont à elles seules révélatrices de la manière dont Doré a abordé le texte de Dante : son but n'était pas d'illustrer fidèlement et de manière exhaustive le poème, mais de choisir les épisodes qui enflamment le plus l'imagination, la sienne comme celle des lecteurs, se laissant guider essentiellement par leur propre inspiration. Et c'est réussi....



Ce volume reproduit intégralement les cent trente-cinq planches en les associant à des légendes narratives qui permettent de retracer le parcours de Dante en « lisant » les images : un hommage au génie de Doré et en même temps une invitation à explorer la « forêt » de l'œuvre de Dante.



Si les illustrations de Doré traduisent bien le réalisme de Dante dans la vaste gamme de sujets et de genres figuratifs abordés :

- les scènes romantiques ;

- les scènes sombres où se perdent les figures humaines ;

- l'horreur subtile de la forêt des suicidés ;

- la plasticité des figures de Charon ou de Minos ;

- les corps décharnés inquiétants des errants du Purgatoire ;

- la luminosité abstraite et vertigineuse des scènes paradisiaques  ;

- et le classicisme des figures mythologiques permet de saisir l'extraordinaire variété de la Commedia mais aussi humaine de Dante



Dans cette édition texte et illustrations s'imbriquent tout naturellement la poésie devient visuelle, les illustrations deviennent litteraires...



Seul bémol, à mon sens.

La traduction qui depuis la découverte que j'ai pu faire de celle de Michel Orcel, complètement passée inaperçue. Mais comme toute traduction, ce point est totalement subjectif. Quand on sait que dans la version française de la Commedia, il existe pas moins de 31....

La première date de 1472 et la dernière de 2021... Mais Dante n'a pas dit son dernier mot



À noter en guise d'introduction ces mots magnifiques

"Les images que le seul nom de Dante fait naitre dans les esprits sont très diverses et toutes ont certainement un aspect de vérité. On se souvient de celle que dressait Victor Hugo en ces « vers écrits sur un exemplaire de la Divine Comédie» : il les a placés en tête du troisième livre des Contemplations, intitulé Les Luttes et les Rêves.

Quel patronage pour les luttes et les rêves que celui de Dante !

Voici donc le rêve :



Un soir, dans le chemin, je vis passer un homme

Vêtu d'un grand manteau comme un consul de Rome,

Et qui me semblait noir sur la clarté des cieux.

Ce passant s'arrêta, fixant sur moi ses yeux

Brillants, et si profonds qu'ils en étaient sauvages,

Et me dit: — J'ai d'abord été dans les vieux âges,

Une haute montagne emplissant l'horizon ;

Puis, âme encore aveugle et brisant ma prison,

Je montai d'un degré dans l'échelle des êtres,

Je fus un chêne, et j'eus des autels et des prêtres,

Et je jetai des bruits étranges dans les airs ;

Puis je fus un lion rêvant dans les déserts

Parlant à la nuit sombre avec sa voix grondante ;

Maintenant; je suis homme, et je m'appelle Dante."
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