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Critiques de Deon Meyer (898)
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En vrille

Meyer qui sera bien, comme pratiquement tous les ans, sur les berges du Rhône pour dédicacer son dernier roman, " En Vrille" sorti chez Seuil en début d'année.



En vrille c'est la dernière aventure policière à ce jour de l’inspecteur Benny Griessel, écrite dans la foulée de Kobra, sorti en poche chez Points quelques semaines auparavant et qu'on peut regrouper tant les romans présentent des similitudes.

S'appuyant comme à son habitude, sur autant de maîtrise que de méthode, Deon Meyer livre avec ces deux romans des enquête bien ficelée, s’inspirant des aspects les plus sombres de la nouvelle Afrique du Sud.



Car dans tous les romans de Meyer, l'intrigue policière de départ est aussi et peut-être surtout, une excellente façon de nous parler de la société sud africaine, cette Afrique du Sud qui tente, tant bien que mal à retrouver un équilibre précaire et essayer d'effacer, en vain, les cicatrices liées à l'Apartheid tant les frontières économiques, sociales et bien évidemment raciales sont encore totalement palpables et gangrènent encore toute la société.



L'art de Meyer, c'est de parvenir, tout en troussant des enquêtes haletantes et pleine de rebondissements et de chausse trappe, de restituer aussi bien l'ambiance de cette encore toute jeune démocratie sud-africaine, avec ses espoirs, ses trahisons, et ses déceptions.
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Lemmer l'invisible

Safari sanglant ! Après Les Soldats de l'Aube, Deon Meyer continue de pointer la complexité d'un pays miné par les contradictions. Pour l'auteur, la révolution du paysage politique n'est assurément pas pour demain.



Efficace, intelligent, politique, noir et blanc, vous retrouverez tout cela dans ce polar du Sud Africain Deon Meyer qui mêle avec brio une intrigue policière, l'histoire politique de son pays, des états d'âme tourmentée de plusieurs de ses personnages et des relations interpersonnelles riches et complexes.



Lemmer, garde du corps de son état, va déroger à sa première "loi de Lemmer", "Ne pas s'investir" pour aller au delà de ses préjugés sur les riches sud afrikaners et pour (re) découvrir ce qui se cache derrière le vernis de ce pays multiracial et sorti de l'apartheid depuis plus de 10 ans. Malheureusement la haine et la violence sont toujours là et la violence a été à un moment de sa vie sa compagne la plus vicieuse.

Voici donc Lemmer, assigné a la protection d’Emma Le Roux, riche afrikaner, menacée après avoir cru reconnaître son frère disparu. Après avoir été incapable d'éviter la tentative de meurtre sur sa cliente (qui se retrouve dans le coma a l'hôpital), il va se muer en enquêteur à la recherche de la vérité. Cette quête va mettre en lumière les contradictions de ce pays magnifique, rongé par la violence, le fossé entre classes sociales, l'appât du gain. Mais elle le fera aussi rencontrer quelques personnages complexes, tiraillés entre leur classe sociale, leur volonté de s'en sortir ou tout simplement de profiter un peu de la vie.



Là où Deon Meyer fait preuve d'efficacité et de justesse, c'est dans sa capacité à dépeindre son pays et ses tourments au travers de la description des personnages, secondaires ou pas. Telle, Tersha/Sasha, serveuse de bar croisée au hasard de sa route, qui en quelques lignes dit tout du rêve et des désillusions de la nouvelle Afrique du Sud. Mais elle n'est pas la seule, Jack Phatudi, inspecteur est lui aussi en proie à ses choix entre appartenance à sa communauté, respect de la loi et l'ordre et objectivité face à un angle de vue différent du sien.



Au final, on a un livre fort, noir à souhait, presque désillusionné face à l'avenir de l'Afrique du Sud et qui en dit énormément sur ce pays et sur les plaies toujours béantes dissimulées sous le vernis démocratique et de réconciliation.



A lire évidemment avant le démarrage de la prochaine Coupe du Monde de Football en Afrique du Sud.

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La Proie

S'inspirant fortement de l'actualité politique des années 2015 à 2018 avec les scandales de corruption qui ont gangrené le gouvernement sud-africain et ont contraint le président Zuma à démissionner, Deon Meyer nous offre un excellent polar qui se déroule au Cap, en Afrique du Sud mais aussi en France.



A Bordeaux, le roman s'ouvre sur le personnage de Daniel Darret dont on comprend rapidement qu'il est un ancien tueur de l'ANC, qui s'est reconstruit une petite vie tranquille et anonyme. Daniel est contacté par un ancien camarade de lutte contre l'Apartheid pour assassiner le président sud-africain lors de sa prochaine visite et envoyer ainsi un signal fort à tous les gouvernants corrompus qui dirigent le pays. Dans un premier temps, Daniel refuse mais les événements le contraignent à changer d'avis et à entreprendre une course contre la montre pour acquérir une arme de sniper. Mais Daniel est vite traqué par les services secrets russes. C'est le début d'une angoissante chasse à l'homme qui ne laisse aucun répit à Daniel.



Au Cap, l'intrigue s'agence autour d'une enquête pour meurtre menée par un sympathique duo d'inspecteurs appartenant à la prestigieuse brigade des Hawks. Un homme a été jeté hors du train le plus luxueux au monde, le fabuleux Rovos Rail qui rayonne du Cap vers la Tanzanie ou les chutes Victoria en traversant des paysages époustouflants. Le mobile du meurtre est mystérieux et la pression mise par la Direction de la sécurité pour étouffer l'affaire ne manque pas d'aviver les soupçons de Griessel et Cupido.



Telle une double hélice d'ADN, les deux intrigues évoluent en parallèle, nous faisant voyager en alternance de la France vers l'Afrique du Sud, puis finissent par fusionner dans un final haletant.

Si l'on ne comprend pas tout de suite la relation entre les deux intrigues, ce n'est pas gênant car les deux sont très prenantes et la dimension politique s'avère instructive et passionnante. J'ai d'ailleurs eu beaucoup de mal à lâcher le bouquin.



J'ai aussi beaucoup aimé les personnages des deux inspecteurs Benny Griessel et Vaughn Cupido pour leur dimension humaine, accessible, proche de nous et totalement dépourvus de traits de caractère excessifs comme on en trouve parfois chez les héros du genre. Bien sûr, ils sont intègres jusqu'au bout des ongles mais ils sont surtout "normaux" ! Cela change des héros à tendance psychopathe ou dépressive qui sont devenus monnaie courante dans les polars.

C'est mon premier Deon Meyer et certainement pas le dernier !



Challenge mauvais genres 2022
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La Proie

C'est visiblement un Deon Meyer en colère, excédé par la kleptocratie sud-africaine (le mot est écrit à plusieurs reprises), celle du président Zuma, pour ne pas le nommer, qui a signé La proie, l'un de ses meilleurs livres à ce jour, tout autant polar survitaminé que brulot politique. Le roman est bâti autour de 2 intrigues qui ne se croiseront que vers le dénouement, avec une grande maîtrise narrative. Entre Bordeaux et Le Cap, en passant par Amsterdam et Paris, l'auteur plante longuement et successivement le décor de ses deux histoires, avant de les alterner rageusement, plus le livre et l'action progressent, comme un cœur qui battrait de plus en plus vite. La manière est remarquable, le fond ne l'est pas moins, détaillant comment fonctionne une "démocratie" corrompue et sous influence, héritage putride des années Mandela. Les personnages sont toujours aussi attachants, à commencer par son duo familier d'enquêteurs Griessel et Cupido, aux prises avec des problèmes personnels, sentimentaux, entre autres, qui viennent alléger les trames policière et politique du récit. Deon Meyer n'oublie jamais d'humaniser ses protagonistes, à la façon d'un Mankell ou d'un Indridason, et c'est encore plus vrai avec le dénommé Daniel Derrien, réfugié en France, qui va reprendre du service comme au temps de l'apartheid, puisque la période est presque aussi désastreuse. A noter que les pages consacrées à ses déambulations dans Bordeaux sont d'une précision redoutable, témoignant d'un amour non dissimulé pour la capitale girondine. Malgré un final un peu précipité, La proie est un millésime de haute volée de Deon Meyer, un écrivain qui semble incapable d'écrire un mauvais livre. Les plus curieux auront remarqué que son roman précédent, Die vrou in die blou mantel, n'a toujours pas été traduit en français. Serait-il moins brillant que les autres ? Le mystère ne devrait pas tarder à être levé, espérons-le, si Gallimard le veut bien.
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L'année du lion

Après qu'une grande partie de la population mondiale a été décimée par une mystérieuse fièvre, en Afrique du Sud, Nico, treize ans, et son père, survivent faisant face à de nombreux dangers. Le jeune garçon va devoir brutalement murir.

Son père décide de leur installation dans une ville abandonnée, et de la création d'une nouvelle communauté. Les gens affluent de toutes parts, mais arrivent les difficultés et les conflits.

Ce roman retrace les quatre premières années de leur nouvelle vie.

Un roman passionnant, à la fois dystopie, roman initiatique, humaniste.... qui développe des thèmes forts, comme la difficulté du vivre ensemble, les relations complexes d'un père et de son fils...
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Les soldats de l'aube

Un homme assassiné dans sa maison, un testament volé et une veuve qui, n’étant pas mariée au défunt, va devoir faire une croix sur les pépètes.



Voilà un début aussi trépidant qu’un épisode de l’inspecteur Derrick.



Son avocate qui demande à van Heerden, ancien flic de faire la lumière sur ce papier volé…Passionnant comme un Derrick, toujours.



Là, je m’étais dit qu’au lieu de m’attarder en Afrique du Sud, j’aurais mieux fait de décoller pour l’Europe ou de me taper un roman noir américain. Et j’aurais eu tort de quitter l’Afrique du Sud ! Bien fait de prolonger le voyage, même.



Certes, ça commence un peu lentement, mais une fois accroché, la surprise est de taille !



L’écriture ? Un plaisir ! La narration ? Alternance de récit à la troisième personne (pour les faits présents) et certains chapitres à la première personne parce que Zatopek (Zet) van Heerden va nous raconter une partie de sa vie afin d’expier ses fautes passées.



Van Heerden… Un personnage trouble, troublé, torturé, aigri, mais sans sombrer dans la caricature habituelle. Voyez-vous même : Zet a le caractère d’un Dr House croisé avec un pit-bull qui aurait une épine dans le coussinet, le tout avec des relents d’un Mike Tyson. Monsieur est mélomane aussi.



Il y a de la profondeur dans ce personnage auquel on s’attache immédiatement. Un Erlendur du grand Sud, presque (sauf pour le côté Rocky).



Durant son enquête, tout en ronchonnant et en distribuant quelques coups de poings, on va découvrir son passé, ce qui est arrivé lorsqu’il était enquêteur, ainsi qu’une partie de sa jeunesse.



La mort de son père, ses masturbations, son dépucelage (ah, j’en vois qui relèvent la tête, intéressés), ses études… C’est Zet qui nous écrit sa propre histoire, non pas comme un romancier, mais plutôt comme le témoin de sa propre vie.



Deux mystères dans le roman : qui a tué Jacobus Smit et forcé son coffre et que s’est-il putain bien passé ce jour maudit pour l’affecter autant ?? Comment est-il passé d’un enfant souriant à un homme aigri ? Surtout qu’il nous répète que tout le monde se trompe sur la cause de son mal-être. Rhâââ, suspense.



Ma seule petite critique sera que je n’ai pas vraiment senti (au début de ma lecture) que j’étais en Afrique du Sud : hormis les noms des personnes et les noms des journaux à forte consonance hollandaise. C’était plus prégnant dans "La tuerie d’octobre".



C’est plus loin dans le récit, que l’on sentira alors tout le poids de l’apartheid, toujours fidèle au poste, cette haine latente entre les Blancs et les Noirs, cette haine des Boers, les programmes de développement séparés. Ce sera surtout au travers des souvenirs d’un autre personnage du livre, P’tit Mpayipheli, que nous aurons droit à quelques souvenirs sur cette période trouble.



Niveau personnages, Zet n’est pas le seul a être bien travaillé, les autres aussi, de l’avocate aux mercenaires, en passant par les flics, les militaires et tutti quanti. L’auteur ne les a pas laissé en rade et s’est bien penché sur eux aussi.



Ce roman qui avait tout des airs d’un Derrick pépère se révèle donc plus profond que ce que j’avais pensé au début. Le suspense est présent, savamment dosé et le mystère ne sera dévoilé qu’à la fin des 7 jours d’enquêtes (on est en juillet 2002).



Personnages au poil, avec un Zet qui a les manières d’un Rick Hunter – la précision de tir en moins – la sagacité d’un Sherlock et le caractère d’un ours mal léché qui aurait gagné Master Chef, vu la manière dont il nous mitonne des bons petits plats.



On aura un passage limite "Piège de cristal" avec des balles qui siffleront à vos oreilles et là, je vous conseille de vous planquer derrière le divan parce que vous risquez gros si vous restez planté comme des imbéciles au milieu de la pièce.



Un très beau voyage en Afrique du Sud et je compte bien encore réitérer l’expérience avec l’agence de voyage Deon Meyer.


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Cupidité

Dans ce roman, Cupido Vaughn, capitaine des Hawks et partenaire de Benny Griessel au sein de cette unité d’élite, se plaint d’avoir pris du poids. Le constat pourrait s’appliquer au dernier opus de Deon Meyer – près de 600 pages – un livre ambitieux au point de tricoter trois intrigues différentes. Au bout de 150 pages, j’en étais toujours à me demander quand nous allions entrer dans le vif de l’action.

Tout commence par une intervention ratée des services de police qui n’a d’autre objet que de nous introduire un personnage… secondaire. Puis, nous suivons les difficiles transactions immobilières d’une pimpante négociatrice, Sandra Steenberg, aux prises avec un homme d’affaires, un escroc libidineux nommé Jasper Boonstra. S’intercalent dans le récit les mésaventures de Benny et Cupido, mis à pied, rétrogradés et enfin expédiés au poste de police de Stellenbosch, à une cinquantaine de kilomètres du Cap, à la suite de l’affaire contée dans La Proie.

Deon Meyer coupe en permanence le fil de son histoire pour passer d’un personnage à l’autre et d’une trame à l’autre. Il en résulte une sorte de suspense artificiel, auquel s’ajoutent les histoires de couple des enquêteurs : la compagne de Benny veut absolument l’épouser avant la fin de l’année et Cupido souhaite demander en mariage sa dulcinée. Pour mettre un zeste d’actualité, l’auteur dénonce aussi le harcèlement sexuel et le regard masculin dominateur qui pèse sur les femmes, quitte à transformer Cupido Vaughn, le dandy, en fée pâtissière. En outre, les lecteurs auront à jongler entre des malversations financières, une disparition de hacker et une affaire de corruption dans la police. Le dénominateur commun : la cupidité, l’appât du gain, l’argent facile ou sale.

Le roman finit par ressembler à un B-52 menacé à tout moment d’un accident de dépressurisation. Quant aux pilotes, Benny et Cupido, tous deux au régime, ils sont hélas en petite forme. Je regrette que la sobriété ne se soit pas appliquée à ce gros pavé, un peu boursoufflé.
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L'année du lion

"La catastrophe planétaire menace à tout moment : arrêtons-nous un instant et réfléchissons sérieusement à ce que nous sommes en train de faire."

Deon Meyer, écrivain de thrillers policiers, révèle dans une interview qu'il est très préoccupé par l'avenir de la planète et que l'écriture de cette dystopie était pour lui essentielle.

« Je pense que les humains forment une espèce qui survivrait probablement à une catastrophe globale… parce qu’ils ont déjà démontré qu’ils pouvaient survivre au pire. Mais j’ai voulu voir comment ils s’y prendraient s’il fallait repartir à zéro. Est-ce qu’il est possible de régler les problèmes d’inégalités sociales qui nous ont menés où nous en sommes ? De cesser de détruire l’environnement en menaçant la survie même de la vie sur la planète ? »



Dans un roman qui nous plonge dans l'utopie d'une communauté idéaliste avant de nous faire basculer dans des scènes d'actions inspirées de Mad Max, il nest pas difficile de rester scotché par une narration parfaitement rythmée.

L'auteur a choisi de faire table rase du passé, non pas en détruisant une partie de la planète, mais en effaçant simplement 95 % de la population humaine par une pandémie. Certes les conséquences de cette perte de main d'œuvre sont massives et les infrastructures sont à l'arrêt. De petits groupes, plus ou moins animés de bonnes intentions, sillonnent le pays en quête de nourriture.

On découvre alors nos deux héros : un père et son fils de 13 ans.



Le père est un érudit et un pacifiste : il rêve de rassembler une communauté multi-ethnique avec des hommes et des femmes de bonne volonté. A de multiples reprises, le roman se met en mode roman d'apprentissage puisque le jeune Nico va découvrir les faiblesses de son père, comme son refus de la violence difficile à concilier avec le mode survie.

A certains moments, les rôles vont basculer et Nico aura le sentiment de devoir protéger son père. Une histoire de passage à l'âge adulte pour l'adolescent qui choisira d'être un combattant, exceptionnel faut-il le préciser. D'autant qu'il choisira Domingo, un redoutable guerrier, comme père d'adoption.



Parallèlement, les voix de tous les personnages principaux et de bon nombre des personnages secondaires apparaissent dans les enregistrements du "projet d'histoire d'Amanzi". Elles permettent d'aborder essentiellement les menaces qui pèsent sur la communauté et anticipent ou accompagnent les scènes d'action.

Il est vrai qu'on ne pourra échapper aux stéréotypes du genre : les tentatives autoritaristes de prise du pouvoir , les expéditions dangereuses pour le ravitaillement, les méchants qui tuent par plaisir, les batailles héroïques, mais Deon Meyer utilise un contre-pouvoir qui va modifier la teneur du propos. Ce contre-pouvoir déborde de sentiments positifs comme la solidarité, le partage, l'esprit d'initiative, l'ingéniosité, la loyauté et l'amitié.

Car ce qui l'intéresse réellement, et il l'a déclaré, c'est d'accompagner cette force de résilience, cette capacité à innover et ce désir de projection qui anime cette communauté qu'il a créée. Pour cette raison, les étapes de la reconstruction sont décrites précisément, que ce soit du point de vue matériel ou du point de vue. philosophique.

Il n'hésite d'ailleurs pas à se référer à Spinoza, et s'appuie sur les réflexions de Yuval Noah Harari, auteur du best-seller Sapiens, une brève histoire de l'humanité. Les discussions sur la démocratie s'intègre parfaitement dans cette démarche qui se révèle plutôt positive.



La conclusion du roman, que je n' ai pas vu arriver, me laisse cependant avec des interrogations plutôt perturbantes, ce qui vaudra 4 étoiles plutôt que 5.

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L'année du lion

Alors, qu'est-ce qu'on a ?

Du post-apo, avec :

- une bonne épidémie, bien méchante. 95% d'humains en moins, éradiqués de la surface de la planète en 2 coups de cuillère à pot. Là, au moins c'est radical.

- un père Willem Storm et son fils Nico. Willem repart de zéro et tente de fonder une société démocratique viable avec les moyens du bord.

- une communauté avec ses divergences, ses frictions, ses attentes, ses faiblesses et ses forces

- des gens peu recommandables (et oui, le monde est plein de malfaisants)

- de l'action (y a quand même 700 pages)

A partir de là, on a une histoire que va nous raconter Nico, bien des années après les faits relatés.

C'est un bouquin et qui se lit facilement et rapidement (un tourneur de page en bon français, même si parfois, il peut y avoir quelques longueurs.

Point noir : la fin. Ce livre ne mérite pas cette fin bâclée. On dirait un mauvais film américain.

Je recommande tout de même ce roman, ne serait-ce que pour l'idée de base et parce qu'on passe quand même un bon moment avec cette lecture prenante.

ps :C'est mon 1er Deon Meyer donc je ne peux pas comparer avec le reste de son œuvre.
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En vrille

Polar solide

Si j'aime beaucoup le roman policier je "suis" ordinairement plutôt Connelly ou Mankell, c'est-à-dire tristement banal. Mais dans ce même profil, à savoir intrigue très solide, personnages réellement incarnés et ancrage local approfondi j'ai beaucoup apprécié ce roman efficace et dont l'intrigue sud-africaine m'a réellement séduit. Voilà une série que l'on a envie de lire dans son ensemble, même si cela ne m'a pas paru d'une originalité marquée....
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La Proie

Un bon Deon Meyer qui fait alterner deux histoires qui vont finir par se rencontrer entre l'Afrique du Sud et la France.

La première partie à Bordeaux est celle qui m'a le plus plu.

Il est question de corruption, d'abus de pouvoir, de trahison et de droit à l'oubli.

Avec en toile de fond la politique sud-africaine et des Russes qui font de l'ingérence, nous suivons une enquête palpitante de Benny Griessel et Vaughn Cupido jusqu'à une fin pleine de suspense.

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L'année du lion

202... une pandémie de coronavirus a décimé 90% de la population (le roman a été publié en 2017 !) En Afrique du sud, Wilhem Storm et son fils de 13 ans tentent de survivre. Bon, au départ, c'est un roman post-apocalyptique classique mais ça ne dure que le premier quart. Très vite, Wilhem veut reconstruire et fonder une communauté de survivants et là, le roman prend une autre dimension: une dimension philosophique. C'est comme l'histoire de l'humanité en accéléré. Ca commence par un petit groupe humain qui s'organise pour échapper aux bêtes sauvages et à la faim. Au fur et à mesure que les ressources se stabilisent, il faut bâtir une civilisation et tout le défi est de faire les bons choix: quel régime politique adopter ? Qui exercera le pouvoir ? La Citoyenneté ? Comment seront réparties les ressources ? Faut-il créer une monnaie ? Faut-il une police ? Quelle place laisser aux religieux ? Quelles relations faut-il entretenir avec les autres communautés ? Faut-il accueillir tous les migrants ?... Comme le narrateur principal est Niko Storm, le fils du fondateur d'Amanzi, une grande place est accordée aux enfants et adolescents. Ayant survécu à "la fièvre" et à la faim, les enfants sont peu enclins à "moisir" sur les bancs de l'école. Ils ont mûri précocement et ne veulent pas être infantilisés. Ils veulent des responsabilités mais les adultes ne sont pas prêts à les exposer (version officielle) / à lâcher les rênes. J'ai adoré ce roman. Chaque personnage est un vrai personnage, bien "travaillé" par l'auteur et il n'y a pas de manichéisme. Wilhem Strorm peut parfois apparaitre naïf mais il s'avère qu'il est simplement humaniste. Car c'est là le véritable propos de Deon Meyer: la foi en l'humanité. En ce terrible week-end du 16 octobre (où un de mes collègues d'histoire-géo a été sauvagement assassiné), j'ai lu les 50 dernières pages et c'est sans doute la seule chose qui ait su mettre un peu de baume sur ma peine immense.

L'année du Lion, bien que présentée comme un roman pour adultes, trouverait - je pense - parfaitement sa place dans le rayon Jeunes adultes car, sous l'aspect d'un roman initiatique, c'est un petit traité de philosophie "pour les nuls". A lire dès 13 ans.
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L'année du lion

La lecture de ce livre a été quelque peu "glaçante » en ce contexte d’épidémie de covid-19 planétaire…

La fièvre, sorte de coronavirus mortel, a décimé 90 % de la population mondiale.

Ici et là, des survivants. On s’organise, certains se regroupent, d’autres pillent, certains agressent, … dans un environnement devenu peu accueillant : fuite de centrales nucléaires, hordes d’animaux sauvages ou retournant à l’état sauvage (chiens).

Willem Storm, et son fils Nico, font partis des survivants. Willem, optimiste invétéré sur les capacités positives de l’homme, veut surmonter le chaos d’après la fièvre et refonder une société, une démocratie pour son fils et son avenir. Il va choisir avec minutie le lieu, près d’un barrage, pour l’électricité, avec des terres agricoles, pour la culture, sur une ancienne ville, pour les fondations, etc. Ce sera Amanzi.

Dès le début, le narrateur, Nico Storm, nous dévoile la chute du livre : le meurtre de son père, sa narration va poser les évènements qui y ont conduit et ceux qui en ont découlés. Mais tout cela est un prétexte pour nous raconter la naissance d’une nouvelle société, les relations les uns avec les autres, les balbutiements d’une démocratie, la confrontation avec la religion, l’organisation de la défense de la ville face aux menaces extérieures, etc. En parallèle, on suit les relations père / fils, alors que le fils est en pleine adolescence dans le mode : je t’aime / je te déteste.

Ce livre d’anticipation est foncièrement un livre de sociologie.

L’auteur a un vrai talent de conteur, j’ai dévoré les quelques 700 pages de cet ouvrage où le dénouement m’a cueillie, surprise, glaçée et enlevée.

Un livre à découvrir sans aucun doute.

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À la trace

Tiens, un énorme livre sur nos étagères. Je reste sur mon raisonnement de lire pendant les vacances ce genre gros pavé qui risquerait sinon de s’étirer sur une trop longue période en temps de travail, même pour un prof… Comme ce n’est pas un poche, malgré l’épaisseur, il n’y a en fait « que » 700 pages. Même pas peur, à côté des 1000 pages du Lontano de Grangé.



Bon, on démarre en Afrique avec une histoire d’écoute, de renseignements… pourquoi pas. Le style me paraît un peu lourdaud, rien de rédhibitoire pour autant, on s’habitue d’ailleurs assez vite, mais il y a un côté artificiel dans la narration, un peu fabriqué.



Après un certain nombre de pages, on finit par s’intéresser aux personnages et à ce qui leur arrive. Et là, on change de partie. Avec ce changement de partie, il y a changement de personnages, d’histoire…

Bon, on s’aperçoit tout de même qu’on se situe à peu près au même endroit et à la même époque. Puis, au bout d’un certain temps, changement de partie encore. Au total, quatre parties presque distinctes vont s’enchaîner. Certes, elles s’entremêleront quelque peu, ceci expliquant le choix de ne faire qu’un seul livre de ce qui aurait pu en constituer quatre. Mais cette imbrication des histoires reste superficielle. On se retrouve donc avec des histoires au format de nouvelles, pour ce qui concerne la longueur tout du moins. Et j’aime pas les nouvelles. C’est peut-être ce qui m’a empêché d’accrocher complètement à ce roman, que j’ai tout de même apprécié suffisamment pour le lire très vite.



Une lecture qui reste plaisante donc. Encore heureux d’ailleurs.

Pourquoi pas à renouveler.




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L'année du lion

Excellent roman qui est bien plus qu'un simple polar avec une histoire de vengeance, comme pourrait le laisser entendre le fait que ce livre soit édité dans la collection Points Policier et la quatrième de couverture. Quarante ans après, le narrateur, Nico Storm, regroupe ses souvenirs, les notes de son père, les témoignages, pour raconter les évènements qu'il a vécu adolescent avec son père lors de du chaos qui a régné après qu'une effroyable et terrible épidémie a décimée la quasi totalité de l'humanité. Les survivants se regroupent, s"organisent, des micro sociétés apparaissent avec les thèmes inhérents à toute organisation humaine, la démocratie, la représentativité, le pouvoir, la sécurité, la possession, le vivre ensemble. Qu'est-ce qui va unir une communauté, donner un sens à leur vie, ce qui sera leur point commun. Toute ces réflexions sont amenées avec beaucoup de justesse. La lecture est captivante, les rebondissements s'enchaînent et la chute du roman est absolument inattendue.

Un très beau roman dystopique conservant un regard optimiste sur l'humanité, l'homme et sa capacité C'est aussi une très belle manière de réfléchir à des concepts philosophique et politique tel que le malthusianisme, la démocratie. Questions qui se posent à nous aujourd'hui, fasse au dérèglement climatique et à la catastrophe écologique qui s'annonce.
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L'année du lion

Ce n'est pas que le polar soit un genre mineur mais de Deon Meyer comme d'autres auteurs, le lecteur attend (aussi) qu'il montre son savoir faire dans un autre genre. C'est fait pour l'écrivain sud-africain avec L'année du lion, récit post apocalyptique très ambitieux. Rien à voir avec La route de Cormac McCarthy si ce n'est le début : un père et un fils seuls face aux dangers du monde : chiens hargneux ou rescapés violents d'une Fièvre qui a terrassé 90% des humains. Mais très vite apparaissent les enjeux : construire une société nouvelle en agrégeant les capacités des survivants qui acceptent de participer à cette aventure. Deon Meyer mélange une narration classique avec les témoignages de certains de ces pionniers d'un nouveau monde qui non seulement racontent leur propre épopée mais donnent également un autre regard. Le romancier est évidemment toujours aussi efficace dans les scènes d'action, comme dans un western de la plus belle eau, mais son propos s'élargit à la question de l'autorité et de la vie en commun jusqu'à même interroger la nature humaine, sa capacité ou non à devenir un animal social. Sans oublier cette relation père/fils et le sujet de la transmission. Les toutes dernières pages de L'année du lion offrent une explication à la pandémie qui a dévasté le monde ainsi qu'un rebondissement qui touche de près le narrateur, adolescent aux moments des faits. Ce n'était pas vraiment nécessaire : sans ces éclaircissements superfétatoires, le livre aurait été presque parfait : intense, dense et captivant de bout en bout.
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Kobra

J'aime bien quand les polars me font voyager... Et l'enquête criminelle en Afrique du Sud, je n'avais pas encore fait. Ces derniers temps j'ai parcouru la Russie, l'Ukraine, l’Écosse, le Canada, l'Irlande, l'Allemagne et même l'Italie où Elizabeth George avait décidé de délocaliser la dernière enquête de Linley et Havers. De toute façon des crimes, il y en a partout. Alors autant en profiter pour voir du pays...



"Kobra", c'est un solide polar, bien mené, haletant juste comme il faut pour qu'on repousse le moment d'éteindre la lumière pour la nuit. Du genre que l'on referme en ayant envie de lancer à l'auteur : "Good job !". Une facture assez classique ce qui permet d'y retrouver les ingrédients du bon polar tout en savourant le dépaysement, même si, à la pointe sud de l'Afrique, on est quand même rattrapé par la mondialisation.



Dans la région du Cap, il y a donc un tueur qui sème les cadavres et les douilles gravées d'un serpent, un joli cobra. Ce qui permet à Benny Griesser et à toute la brigade des Hawks (la criminelle) de faire rapidement le lien avec le surnommé Kobra, recherché par Interpol. Il semble qu'un ressortissant Anglais, un mathématicien réputé ait été enlevé par Kobra et que cet homme revête une certaine importance si on en juge par le nombre de membres des services secrets de différents pays qui cherchent à mettre la main dessus. Il est question d'un algorithme permettant de traquer l'argent sale au sein des mouvements financiers de la planète. Benny et son équipe vont avoir fort à faire pour démêler le mystère de la disparition du scientifique alors même que leur propre gouvernement semble impliqué et peu désireux de les voir réussir. Sans compter sur les exploits de Tyrone Kleinbooi, un jeune pickpocket qui va jeter son dévolu sur un portefeuille au contenu plus dangereux - et lucratif - qu'il n'aurait pu l'imaginer. C'est une vraie course contre la montre qui s'engage alors pour tenter de sauver le ressortissant britannique et le jeune pickpocket face à la détermination sans faille de Kobra qui n'hésite pas à tuer pour effacer témoins et gêneurs, sans que l'on sache encore au profit de qui..



Dans une Afrique du Sud encore marquée par les années d'Apartheid, gangrenée par la corruption et au parcours chaotique sur la voie de la démocratie, Deon Meyer ballade son lecteur tantôt aux côtés des Hawks, tantôt sur les traces du jeune Tyrone. Ce qui donne un aperçu assez réaliste du pays et de ses habitants. Certes, il offre le beau rôle à ses héros flics de façon un peu trop belle pour être vraie mais bon... de temps en temps... quelques bons sentiments... après tout ce qu'ils ont traversé... En tout cas, le contexte est passionnant et terriblement actuel comme tout ce qui gravite autour des mouvements financiers.



Je vois sur la quatrième de couverture que l'auteur a été rédacteur publicitaire... Pas étonnant qu'il sache manier la phrase qui fait tourner les pages.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Kobra

Géant, grandiose. Toujours un énorme plaisir à lire les œuvres de Deon Meyer. C'est fantastiquement bien écrit, bien tourné. Des personnages ciselés, bien campés.



Une histoire d'enlèvement sanglant, de course-poursuite. Seul point noir, pour nous, les français : les méchants sont français !



Pour cet auteur, pour savoir quand sortiront ses prochains livres, je vais sur le Wikipedia en afrikaans, la langue de l'auteur. Hélas, pas de roman en instance de traduction, je vais devoir aller surveiller régulièrement.



A lire sans hésitation, sans modération, même si on n'a pas lu les précédents.



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13 Heures

Rachel court. Elle court depuis des heures pour échapper à une bande de tueurs déterminés, omniscients et infatigables. A la même heure, la police découvre le corps d'une touriste américaine égorgée, son sac à dos dérobé. Quelques minutes plus tard, c'est Alexa Barnard, ex-star de la chanson afrikaner, qui se réveille d'une bonne cuite pour se retrouver nez à nez avec le cadavre de son mari assassiné. Bref, une journée comme une autre qui commence pour la police du Cap et son enquêteur-phare, Benny Griessel.



Mais Benny Griessel n'est plus tout jeune, et il a été placardisé, dans une fonction sans responsabilité où il encadre de jeunes officiers débutants."Le dégoût ça oui, il l'avait accompagné toute sa vie. Il était incapable d'expliquer pourquoi il ressentait sans cesse un tel dégoût envers toute chose, et, par-dessus tout, envers lui-même." Petit à petit, néanmoins, il parvient, expérience et intuition obligent, à dégager des relations entre les trois affaires.



L'excellent Deon Meyer construit ici un thriller au rythme endiablé, minuté, où les minutes et les évènements s'enchaînent de manière saccadée, avec un suspense bien huilé et maintenu sur 500 pages, qui baladent le lecteur à l'ombre de Table Mountain, sur les pas d'un Benny Griessel hagard, écrasé par sa promesse faite au père situé à l'autre bout de la planète d'une jeune fille en fuite, et entretenant des rapports troubles avec l'alcool alors qu'il est abstinent depuis six mois ; bref, plus attachant que jamais.



"C'est ça le problème avec ce pays, tout le monde se plaint, personne ne veut rien faire, personne ne veut oublier le passé."



Au-delà du bon polar, 13 heures s'affirme aussi comme un miroir que se tend à elle-même la nouvelle Afrique du Sud, et la police, en voie de réorganisation profondes, est le théâtre des rivalités, des conflits et des tensions qu'engendre la construction et la recomposition de la société, notamment au travers de la politique de discrimination positive ou de la montée en puissance de la bourgeoisie noire. Sans angélisme, c'est bourdonnant, lucide, brutal et passionnant.
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À la trace

"Ca te dirait des fois de sauver les deux derniers rhinos noirs du Zimbabwe ?"



Deon Meyer est de retour avec un polar ambitieux et complexe, qui entraîne son lecteur dans les méandres et les bas-fonds d'une société sud-africaine en pleine mutation.



La construction, originale, emboîte des parties bien distinctes, successivement centrées sur quatre personnages. Milla Strachan, d'abord, une femme au foyr, la quarantaine, qui décide de tout plaquer pour d'émanciper après l'accrochage de trop avec son fils. C'est ensuite les traces de Lemmer que l'on suit, un garde du corps chargé d'escorter une mystérieuse cargaison de contrebande en compagnie d'une vétérinaire au look de Lara Croft. Puis vient le tour de Lukas Becker, mi-archéologue mi-espion, qui cherche des noises au chef du gang local, et croise la route des deux premiers personnages. La dernière partie est consacrée à Mat Joubet, ex-commissaire reconverti dans un rôle de privé qui ne lui convient pas, lancé sur les traces d'un jeune homme volatilisé. Car tout ici est question de traces : celles que Milla cherche désespérément à laisser ; celle que Cornelle prend soin de ne pas laisser ; celle de Becker que l'on s'efforce de suivre ; et celles, ténues, laissées par les disparus.



"Certains jours ne laissent aucune trace ... Il y en a qui s'écoulent comme s'ils n'avaient existé, aussitôt effacés dans le sillage de ma routine ... Ou par mon désir de les oublier aussi tôt que possible. Les traces d'autres jours restent visibles peut-être une semaine avant que le vent de la mémoire les recouvre de sable - le dépôt laissé par de nouvelles expériences."



Quatre romans en un donc, avec une infinie palette de thématiques dans ce puzzle où les pièces s'eboîtent sans jamais vraiment tout à fait se correspondre. C'est là tout l'art de Deon Meyer, qui a aussi l'habileté de ne pas tomber dans le piège de personnages caricaturaux. De ce point de vue, Cornelia van Jaarsfeld, Diedrick ou Lukas Becker restent inoubliables,complexes et insaisissables.



Malgré une stature imposante avec ses plus de 700 pages, A la trace se dévore. En plongeant dans des univers fascinants et très différents, Deon Meyer parvient à entremêler grand banditisme, terrorisme international, espionnage, trafics financiers internationaux, gangs et contrebande d'animaux sauvages. Mené au pas de course, A la trace est nerveux comme une bête sauvage (voir les excellentes citations de la deuxième partie, issues d'un manuel de pisteur), et s'inscrit résolument, avec son ambiance de traque, dans la veine des très bons thrillers.



"Les trottoirs fourmillaient - on y courait, on y marchait ou y stationnait, conversations et affaires s'y nouaient et d'y dénouaient, on y cherchait une place de stationnement. Il y avait des musulmans coiffés de fez, des pêcheurs en bonnet de laine, des Xhosas, la tête enveloppée d'une écharpe, des Blancs tête nue : la mixité raciale, comme à Voortrekker Street dans les années 1960, avant le début des troubles."



Pourtant la poursuite, très réussie en soi, est complétée par le regard lucide et désenchanté que Deon Meyer porte sur une société en ébullition, celle de la nouvelle Afrique du Sud, captée dans toute sa complexité tout au fil du roman. Une société arc-en-ciel, certes, mais marquée par une violence - physique, sociale, symbolique - qui atteint des niveaux inimaginables. Les hiérarchies sociales évoluent, les riches blancs se retranchent derrière les murs de leurs résidences sécurisées, les nouveaux riches afrikaners investissent d'autres quartiers branchés, tandis que le chaos règne dans les anciens townships pris dans la guerre des gangs, et que le pays s'apprête à accueillir la Coupe du monde dans une ambiance de rivalités politiques.



Il n'y a pas à dire c'est de la belle facture.



"A 20h30, la salle s'est remplie : il y a deux grands groupes d'hommes d'affaires ; puis, ça et là, des familles, des couples, quelques tables de jeunes de vingt ans qui s'amusent, Blancs et Noirs mêlés, décontractés, comme si notre pays n'avait jamais eu d'histoire. Il en va de même dans les centres commerciaux et les rues, comme si la ville représentait ce que pourrait être notre pays si l'on parvenait à effacer l'ombre noire de la pauvreté ..."



Une lecture qui contribue à me rapprocher un peu plus de mon Objectif lune.
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