Citations de Don DeLillo (448)
... Avec ce que les gens jettent on pourrait bâtir une nation.
- […] Cinquante mille personnes par an sont mordues par des serpents. Ils en parlaient à la télévision hier soir.
- On parle toujours de tout à la télévision la veille au soir », dit Orest.
Si l’œil est un mystère, ne parlons pas de l’oreille. Si tu as le malheur de dire à quelqu’un le limaçon de ton oreille, il te regarde avec un air qui dit clairement : « Qu’est-ce que c’est que ce mec ? » Il y a tout un univers à l’intérieur de nos propres corps.
Sœur Edgar avait toutefois cessé de frapper les enfants depuis des années, bien avant de devenir trop vieille pour enseigner.
Je me rappelle ce que tu m'as dit un jour.
-Ah, quoi?
- Le talent est plus érotique quand il est gâché.
Et de quoi se rappelle-t-on, finalement, quand tout le monde est rentré chez soi et que les rues sont vides de dévotion et d’espoir, balayées par le vent du fleuve ?
Qu'y avait il à dire? C'était une question de silences, pas de mots.
Tout l’enjeu des vacances c’est de les vivre sur le mode de l’exception. C’est toi qui me l’as dit. De garder en tête les temps forts, les moments et les heures mémorables.
Les hommes sur des petites îles feraient bien d’éviter la poursuite de la philosophie. L’illusion de l’île, à savoir que la sagesse et la solitude se seraient inventées l’une l’autre, est fort convaincante. Jour après jour je me sens devenir plus philosophe. Il me semble parfois être au seuil d’une grande découverte philosophique. L’Homme. La Guerre. La Vérité. Le Temps. Heureusement, je reviens toujours à moi-même. Au-delà de la dentelle blanche de l’écume, je contemple mon passé resté en vrac, et je décide de laisser aux autres le soin de recoudre ensemble les systèmes. Je me régale de la banalité de la situation, l’homme et l’île, exilé dans l’ultime banlieue. L’écume s’amasse et se bouscule, irrégulière, telles des pages de mots terriblement sauvages. Toutes les couleurs sont empruntées, celles de la mer à la plage et au ciel, et au bout d’un moment je reprends le chemin de mes empreintes pour rentrer à la maison.
Consommer ou mourir. Voilà le commandement de la culture. Et tout ça se termine à la décharge.
L´inconsistance de la vie. Je peux la traverser avec mon doigt.
L'idée c'est de mourir bien préparé, mourir dans la légalité, avec tous les papiers signés. Mourir liquide, pour qu'ils puissent convertir en espèces.
Qu'est-ce que la vieillesse, sinon une sorte d'enfance fatiguée ? On diminue physiquement. on commence à babiller. On devient sexuellement neutre.
- Comment te sentirais-tu si tu étais un minable ?
- Content d’être en vie.
Je crois, Jack, qu’il y a deux sortes de gens dans le monde. Les tueurs et les moribonds. Nous sommes pour la plupart des moribonds. Nous n’avons pas les dispositions, l’agressivité ou quoi que ce soit qu’il faille pour être tueurs. Nous laissons la mort nous prendre. Nous nous allongeons et nous mourons. Mais pensez un peu ce que cela signifie d’être un tueur. Pensez comme c’est excitant, en théorie, de tuer une personne en lui faisant face. Si elle meurt, vous échappez vous-mêmes à la mort. Tuer cet homme, c’est augmenter la durée de votre propre vie. Plus vous tuez de gens, plus vous augmentez votre survie. Cela explique beaucoup de massacres, de guerres, d’exterminations.
Les cabinets médicaux me dépriment encore plus que les hôpitaux, à cause de l’atmosphère d’attente négative qu’ils dégagent et du patient qui s’en va après avoir reçu une bonne nouvelle. Il serre la main aseptisée du médecin, en riant à gorge déployée, riant à tout ce que lui dit le praticien. Son rire est tonitruant, rempli de vitalité et de vulgarité. Cet homme-là ignore les autres patients d’une manière ostentatoire tandis qu’il traverse la salle d’attente, en riant aux éclats. Il en fait plus partie d’eux, il renie leur inquiétude hebdomadaire, leur crainte ridicule de la mort.
La sueur coule sur ma poitrine. Le radio-réveil indique trois heures cinquante et une. A de tels moments, les chiffres sont toujours impairs, étranges. Qu’est-ce que cela signifie ? La mort est-elle un numéro impair ?
« Mais c'est bien pour ça que vous aviez construit les tours, non ? N'ont-elles pas été conçues comme des fantasmes de richesse et de puissance, destinées à devenir un jour des fantasmes de destruction ? C'est pour la voir s'écrouler que l'on construit une chose pareille. La provocation est évidente. Quelle autre raison aurait-on de la dresser si haut et puis de la faire en double, de la dupliquer ? C'est un fantasme, alors pourquoi ne pas la répéter deux fois ? C'est ce que vous dites, c'est : La voici, démolissez-la ».
- Et que se passe-t-il si je prends l'avion et que je rentre chez moi ?
- Ils tuent l'otage.
- Et photographient son cadavre.
- C'est mieux que rien, dit George.
C'est Jerold Bradway, me dis-je, et il est en train d’inhaler les vapeurs de l'impérissable libre entreprise.