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Marianne Véron (Traducteur)
EAN : 9782742700769
352 pages
Actes Sud (14/10/1993)
3.22/5   86 notes
Résumé :
Tout commence par un cadavre : celui d'un homme déguisé en femme, abandonné sur un chantier.
La police s'en tient à des hypothèses banales. Seul un nommé Lightborne, négociant et collectionneur de curiosités érotiques, croit savoir la vérité. La victime aurait été en possession d'un document hallucinant unique : le film d'une orgie sexuelle ayant eu pour décor le bunker de Hitler, peu avant l'effondrement du Reich. Divers personnages - une journaliste de l'ul... >Voir plus
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Il m'arrive parfois de me dire à la lecture d'un auteur "Tiens ça me fait penser à du..." Ici, j'ai rapidement pensé à James Ellroy dont j'aime vraiment beaucoup les romans, ses "recréations historiques" où il comble les trous de l'Histoire par le romanesque, comme ses romans noirs où il explore les tréfonds de l'âme humaine. On est bien dans le "ça me fait penser à..." et pas forcément le "on dirait du...", je ne compare pas forcément les styles. Il y a une sorte de parenté dans les protagonistes, agents des services secrets, mafieux, intermédiaires douteux, politiques pas très recommandables. Un regard aussi sur la solitude des personnages, sur leur difficulté à entrer en communication avec les autres. J'ai particulièrement apprécié la façon de mener les dialogues où très souvent chacun n'écoute que soi et où on a parfois du mal à trouver dans l'autre une vraie réponse à ce que dit l'un.

Quand j'ai ce genre d'impression, j'aime bien aller faire une recherche combinée, et en effet, j'ai vu dans certaines interviews qu'Ellroy citait Delilo comme un des rares auteurs contemporains qu'il supportait de lire. Contemporains en effet, même si Delilo a une décennie de plus qu'Ellroy, en âge comme en bibliographie, l'un faisant ses débuts dans les 70 alors que l'autre ne le faisait que dans les années 80. C'est plutôt gommé par le fait qu'Ellroy s'intéresse beaucoup aux années 50 et 60 dans ses romans.

J'ai peut-être choisi le roman de Delilo qui s'apparentait le plus à du Ellroy puisqu'il aborde ici clairement le genre polar roman noir, ce qui n'est à ce que j'ai compris pas toujours le cas. L'intrigue tourne autour d'un film pornographique qui aurait été tourné dans le bunker d'Hitler juste avant la fin et que tout le monde s'arrache sans savoir vraiment ce qu'il montre ni même s'il existe. Il y aura des morts et de la violence, mais surtout une réflexion sur le rapport à la sexualité, sur la recherche (comme le souligne la citation que j'ai relevée), qu'elle soit celle du profit, du pouvoir, du plaisir ou plus profondément la recherche de ce que nous sommes quand tout s'est effondré.

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Le grand Don nous ballade encore dans ce roman, il nous annonce une quête improbable d'un film porno tourné dans le bunker par hitler et ses sbires, une meute de chien galeux se met à sa recherche, des anciens du Vietnam, des journalistes, un antiquaire, cette trouvaille aiguise les appétits d'un sénateur, d'un roi du porno, mais tout ceci n'est qu'une habile mise en bouche, ici il n'y a pas de thriller politico-historique, il y a une bonne surprise à la fin, il y a encore et toujours les interrogations de l'auteur sur l'image, le paraître, le mensonge. Ca part dans tous sens, c'est absurde, décousu, déroutant. Dommage que l'éditeur vende ce livre comme un polar de plus, cela induit les profanes du grand Don en erreur et ils seront forcément déçus.
Ne commencez pas par ce livre donc ou alors si car comme il est court, vous saurez tout de suite si la prose de Delillo vous parle.
Mon Dieu, que j'aime cet auteur.
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Running Dog
Traduction : Marianne Véron

C'est très curieux : ce livre, dont le style est beaucoup plus dépouillé et semble moins travaillé que celui d'"Americana", m'a beaucoup plus intéressée que ce dernier. Comme quoi, les mystères littéraires sont impénétrables ...
"Chien Galeux" est un livre triste, non pas véritablement noir mais profondément mélancolique. Quant à savoir qui est ce fameux chien, ma foi, on peut dire que tous les personnages du livre sont en droit d'avancer des prétentions au titre, depuis l'ingénieur travesti qui succombe dès le prologue jusqu'à Brian Selvy, "homme à tout faire" professionnel qui, lui, meurt dans les dernières pages. Encore ne doit-on pas oublier que le journal pour lequel travaille l'une des héroïnes du livre s'intitule lui-même "Chien Galeux", en souvenir du temps où, plus agressivement contestataire, il militait pour les Black Panthers et contre la guerre américaine au Viêt-nam.
Au centre d'une intrigue où les marchés sous-terrains de l'Art se croisent avec les voies ô combien tortueuses de la politique et de la finance, un film énigmatique qui aurait été tourné dans le bunker d'Hitler quelques jours avant la chute de Berlin.
Pour Lightsborne, le marchand d'Arts qui voudrait bien le vendre au plus offrant, il s'agirait d'un film pornographique, une espèce d'orgie nazie à laquelle aurait participé Hitler lui-même. C'est tout au moins ce qu'il suggère à ses clients, en s'efforçant avec plus ou moins de succès de paraître un peu sceptique sur les possibilité sexuelles qui demeuraient alors celles du Führer.
Moll Robbins, journaliste au "Chien Galeux", émet quant à elle pas mal de réserves sur la question. Brian Selvy partage son avis et le client privilégié de Lightsborne - un ponte du Sénat - reste tout aussi sceptique ...
En fait, le thème central du roman de DeLillo, c'est le Mensonge : tous, nous mentons pour survivre, semble-t-il vouloir nous dire et, ce qui est pire, L Histoire nous ment parce que ce sont les vainqueurs qui l'écrivent.
Un livre original, extrêmement curieux et qui, je le pense, mérite une relecture afin de percevoir pleinement, sous le vernis de son dépouillement artificiel, les mille et une facettes de sa complexité et des angoisses qu'il recèle. ;o)
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Après nous avoir baladés dans « Joueurs » et avant une autre de ses oeuvres immensément réputé, Don Delillo revient en 1978 avec un roman d'exploration stylistique. Ce n'est pas la première fois qu'il explore un genre, nous avions eu à faire à sa vision de la science-fiction avec le très « Pynchonnesque » l'Étoile de Ratner. Mais ici, imprégné par son époque, nous plongeons dans le polar avec « Chien Galeux ».

Ici l'histoire tourne autour d'une mystérieuse bobine, un mythe, datant de 1945. Un film sur pellicule dont le visionnage endommagerait irrémédiablement le contenu. Donc un film sur bobine, ayant pour acteur des êtres bien réels, Adolf Hitler dans son bunker, participant à une orgie peu de temps avant sa mort.
Cet objet de convoitise et de fantasme, devient le centre d'intérêts de plusieurs personnes. Qu'il s'agisse d'un antiquaire, d' une journaliste, d'un sénateur collectionneur, un producteur de film porno ou encore la CIA ainsi que des vétérans du Viet-Nam, la course sanglante est lancée.

Les prémices de son chef d'oeuvre « Libra », on pense forcément à son monument qu'il écrira une décennie plus tard. Mais « Chien Galeux » est bien plus que ça. Tout comme nous pouvions en deviner certains contours avec son prédécesseur, ce roman-ci appuie encore plus sur l'aspect du « Jeu de dupes ». Tout n'est que paraître et mouvant sous ses artifices de superficialité.

Ainsi, le roman s'ouvrant de manière totalement formaliste, avec les codes du roman policier, très vite nous nous rendons compte que le roman n'était pas un polar, mais se donnait les atours du genre, pour se mouvoir vers d'autres registres, y compris le western dans son final. le jeu de dupes est autant le roman que le sujet de ce dernier, brouillant les pistes pour mieux questionner le lecteur.

Dans son excellente analyse du Delillo, François Happe (voix américaines – Belin) dit à propos de ce roman :
« Confortablement installé dans un monde familier, qui fait appel à un fond d'images stéréotypées, le lecteur se lance déjà dans l'enquête qui peut maintenant commencer. Bien entendu, cette ouverture sanglée par la formule attire la suspicion ; comme tout masque, l'excès de code cache visiblement. Cette stratégie du leurre remplit une double fonction : thématique d'abord, puisque l'intrigue qui va suivre, avec sa poursuite impitoyable et mortelle a pour origine un objet qui se révélera être lui-même un leurre ; pragmatique aussi , car en exhibant de telle sorte le procédé, le texte contraint à une autre lecture, c'est-à-dire à la véritable enquête, qui permettra au lecteur de remonter la piste du sens. »

un jeu de faux-semblant poussant invariablement le questionnement sur ce qu'est le réel. Alors en pleine période des dénouements du Watergate et la démission de Nixon en 1974, et dans une décennie sortant de l'enlisement progressif que représente la guerre du Vietnam, l'auteur prend un plaisir certains à en distiller une relecture « Pulp » et cinématographiquement référencé pour finir par cristalliser un portrait sombre et violent d'une Amérique ayant une drôle de gueule de bois.

Comparativement, nous pourrions rapprocher Chien Galeux à l'univers d'Ellroy, tant les clichés abondent et son perverti pour offrir une relecture cinglante d'une époque où encore d'une société. Continuant à se jouer des codes, Don Delillo, même avec des oeuvres plus « mineurs » prouve son aisance et son talent, nous pourrions parler ici de la dernière pierre à son édifice dans sa phase « d'exploration », Une sorte de fin de chapitre. Mais comme nous verrons plus tard, bien que plus discrètement, l'auteur se ré-aventurera à jouer avec les genres pour en donner une lecture autre.

À noter, Chien Galeux est bien le journal mentionné dans “Great Jones Street”, une autoréférence chez l'auteur ou bien une volonté d'unifier certains récit entre eux, pour donner une forme d'univers « Delillesque »…
Lien : https://www.undernierlivre.n..
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Don DeLillo est un des grands noms de la littérature américaine contemporaine. Il est l'auteur d'une vingtaine de romans dont Libra, Outremonde, L'Homme qui tombe, ou plus récemment Zéro K et le silence. Il est notamment lauréat du National Book Award et du PEN/Faulkner Award. Son oeuvre visionnaire explore les questions de la paranoïa, du complot et du chaos. Elle dessine une histoire de l'Amérique contemporaine au bord de l'abîme et en scrute les plaies comme l'assassinat de Kennedy, la crise de subprimes ou les attentats du 11 septembre. Elle tend volontiers vers l'étrange et l'inquiétant.
Chien Galeux, son cinquième roman, date de 1978. Un antiquaire spécialisé, un sénateur collectionneur d'érotisme, un entrepreneur du porno, un agent de la CIA, une journaliste d'extrême gauche et des vétérans du Vietnam employés par une inquiétante compagnie politico-militaro-industrielle s'entredéchirent pour mettre la main sur une pièce unique et sulfureuse : un film tourné dans le bunker de Hitler quelques jours avant son suicide, qui ne serait rien de moins qu'une orgie nazie avec le Führer en personnage principal. Mais personne n'a encore vu le film et nombreux sont sceptiques sur la réalité de son existence.
le livre se présente comme une sorte de roman noir, mais traité à la façon « DeLillo » : froide, parfois absconse, décousue, où personne n'est jamais celui que l'on croit, où chacun ment et est manipulé ou manipule un autre. le propos se complexifie au fil des pages, les personnages avancent tous masqués, la paranoïa et l'angoisse montent petit à petit. le lecteur est un peu perdu dans ces jeux de dupes pervers et ces sous-entendus complotistes sophistiqués patinés de philosophie. Tout est glacial et sans affect. Il y a bien une sorte d'histoire d'amour, mais elle aussi froide que le reste du livre.
DeLillo compose des récits tristes, alambiqués, désincarnés et dérangeants. Ce roman ne déroge pas à cette règle. Tout y est glacé et glaçant, sans issue et la vérité n'y est jamais accessible. DeLillo est un écrivain postmoderne qui déconstruit les archétypes du roman classique (ici le roman noir) pour les faire rentrer dans son monde peu réjouissant et sans issue où sexe et mort règnent en maîtres.
J'avoue que je ne sais trop quoi penser de ce roman, comme des autres que j'ai lus de l'auteur. Il y a une voix, un ton, un point de vue qui attrapent le lecteur et le secouent. On comprend pourquoi il est un auteur culte et on ne peut lire Brett Easton Ellis sans penser à tout ce qu'il doit à DeeLillo. Mais en même temps, si l'auteur est évidemment un incontournable, la lecture de ses textes n'est pas des plus agréables et l'atmosphère « glauque-philo-complot » pas exactement ma tasse de thé.

Tom la Patate

Lien : http://coincescheznous.unblo..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Moll se méfiait des recherches. A la base de la plupart des recherches longues et obsessionnelles, se trouvait, à son avis, une déficience vitale de l'individu qui effectuait cette recherche, une pauvreté d'esprit.
Plus déprimant encore que la nature d'une recherche donnée, était le résultat probable. Que l'on recherche un objet d'un certain type ou une circonstance intérieure, une réponse ou un état d'esprit, c'était presque toujours décevant. Les gens finissaient par se trouver face à eux-mêmes. Bien sûr, il y avait aussi ceux pour qui la recherche même était ce qui comptait. Pour qui la recherche était sa propre récompense.
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Avant le pop art, il existait une chose qu'on appelait le mauvais goût. Maintenant, il y a le kitsch, le Schlock, le camp et le porno.
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Qu'est-ce que la vieillesse, sinon une sorte d'enfance fatiguée ? On diminue physiquement. on commence à babiller. On devient sexuellement neutre.
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Vidéo de Don DeLillo
White Noise | Teaser officiel VOSTFR | Netflix France. Inspiré du roman "Bruit de fond" de Don DeLillo, WHITE NOISE (2022) est un film de Noah Baumbach avec Adam Driver et Greta Gerwig.
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