Citations de Edgar Morin (954)
L'amour medecin nous dit: aimez pour vivre,vivez pour aimer. Aimez le fragile et le périssable, car le plus précieux, le meilleur, y compris la conscience, y compris la beauté, y compris l'âme, sont fragiles et périssables.
Pour progresser, il faut retrouver la source générative. Pour maintenir un acquis, l faut sans cesse le régénérer. Tout ce qui ne se régénère pas dégénère.
Quand l'immédiat dévore, l'esprit dérive.
Les vérités exigeantes se passent de victoire et résistent pour résister.
Le sursaut d’humanité, s’il advient, passe nécessairement par la conscience individuelle tout en se propageant en onde de choc collective.
Le développement donne en fait le modèle occidental comme archétype universel pour la planète. Il suppose que les sociétés occidentales constituent la finalité de l'histoire humaine. Produit du sociocentrisme occidental, il est aussi le moteur d'une occidentalisation forcenée. De fait, s'il n'apporte pas nécessairement au reste du monde ce que la civilisation occidentale comporte de positif (droits humains, libertés, démocratie), il charrie inévitablement ses vices.
Cet aveuglement résulte également de la conception techno-économique du développement qui ne connaît que le calcul comme instrument de connaissance (indices de croissance, de prospérité, de revenus, statistiques prétendant tout mesurer). Le calcul ignore non seulement les activités non monétarisées comme les productions domestiques et/ou de subsistance, les services mutuels, l'usage de biens communs, la part gratuite de l'existence, mais aussi et surtout tout ce qui ne peut être calculé ni mesuré: la joie, l'amour, la souffrance, la dignité, autrement dit le tissu même de nos vies.
De surcroît, la connaissance est désarçonnée à la fois par la rapidité des évolutions et changements contemporains, et par la complexité propre à la globalisation: inter-rétro-actions innombrables entre processus extrêmement divers (économiques, sociaux, démographiques, politiques, idéologiques, religieux, etc.) Enfin, nous, habitants du monde occidental ou occidentalisé, subissons sans en avoir conscience deux types de carences cognitives:
- les cécités d'un mode de connaissance qui, compartimentant les savoirs, désintègre les problèmes fondamentaux et globaux, lesquels nécessitent une connaissance transdisciplinaire ;
- l'occidentalo-centrisme qui nous juche sur le trône de la rationalité et nous donne l'illusion de posséder l'universel.
Ainsi, ce n'est pas seulement notre ignorance, c'est aussi notre connaissance qui nous aveuglent.
… cependant qu'aux totalitarismes de XXe siècle ont succédé la tyrannie d'un capitalisme financier qui ne connait plus de bornes, soumet États et peuples à ses spéculations, et le retour de phénomènes de fermeture xénophobe, raciale, ethnique et territoriale.
Voir, percevoir, concevoir, penser sont interdépendants. Ce sont des termes inséparables. Il faut autant penser pour voir que voir pour penser. Percevoir permet de concevoir, et concevoir permet de percevoir. Penser permet de concevoir, et concevoir permet de penser.
Il faut être capable d'accepter l'altérité, de travailler avec elle, c'est cela dialoguer, et le dialogue commence par soi-même.
[...] la culture, en tant que système génératif, constitue un quasi-code culturel, c'est-à-dire une sorte d'équivalent sociologique de ce qu'est le code génétique pour les êtres vivants.
[...] société et individualité ne sont pas deux réalités séparées s'ajustant l'une à l'autre, mais il y a un ambi-système où complémentairement et contradictoirement individu et société sont constitutifs l'un de l'autre tout en se parasitant l'un l'autre.
Cuisine : très important, la gastrosophie, la commensalité, la combibendalité ; j'aime toutes les cuisines, mais d'abord la méditerranéenne, l'ottomane, la grecque, la libanaise, les fromages et les yaourts de brebis, les vins de partout, mais surtout à dominante cabernet sauvignon, pessac-léognan, et, en blanc, le puligny-montrachet.
La crise des démocraties se trouve aggravée par la crise économique et ces crises conjuguées accroissent la montée des extrêmes que recouvre mal le mot "populisme", d'autant plus que la gauche elle-même en crise n'a pas encore réussi à orienter les mécontentements vers une issue émancipatrice, que les forces populaires, si actives dans le passé, sont morcelées ou disloquées, et que les sentiments d'impuissance et de résignation généralisées risquent de transformer en fureurs ou en délires.
p148 Si la morale est un réflexe conditionné, un ersatz social d'instinct, il faut chercher une méta-morale. Celle-ci ne peut se fonder que sur une infra- morale, c'est à dire l'obéissance à la voix de la Vie.
Le terme de dialogique veut dire que deux ou plusieurs logiques, deux principes sont unis sans que la dualité se perde dans cette unité.
En outre, nous réalisons que nous sommes perdus dans une histoire pleine de bruits et de fureurs, exposés à l’avenir incertain de l’humanité.
La planète mondialisée ne produit pas la « société monde » solidaire et fraternelle.
Les développements scientifiques, techniques et économiques nous ont jetés dans un état de chaos un état atonique, où l’humanité n’arrive pas à accoucher d’elle-même.
Jamais les forces de mort, de séparation, de désintégration n’ont été plus puissantes.
(page 181)
… mais l’histoire nous enseigne que l’improbable peut advenir à la place de l’attendu.
Euridipe déjà le disait : « Ce qui est probable n’arrive pas toujours ; parfois un dieu malin fait arriver l’imprévu. »
Ce qui me permet de finir avec Héraclite : « Sans l’espérance, tu ne trouveras pas l’inespéré. »
(page 181)
L’astrologie traduit notre sentiment (obscur ? Inné ?) d’être relié personnellement aux planètes…
En tout cas, nous sommes enfants du cosmos.
Chacun d’entre nous porte en lui des particules nées aux débuts de l’univers, des atomes forgés dans le cœur ardent d’étoiles antérieurs à notre Soleil, (…)
Nous portons l’histoire du cosmos et celle de la vie, mais nous en sommes séparés par l’originalité de notre culture, de notre langage, de notre conscience.
L’univers est en nous, nous sommes en lui.
Dans quelle aventure s’est-il lancé ? Dans quelle aventure nous a-t-il lancé ?
(page 65)