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EAN : 9782818503416
192 pages
Fayard (02/10/2013)
4.03/5   17 notes
Résumé :
Edgar Morin livre quelques leçons sur des philosophes qui l'ont marqué. Penseurs de la complexité, de la contradiction, de l'ambivalence, comme Héraclite, Montaigne, Pascal, Hegel. Penseurs universalistes et humanistes incarnant l'esprit « judéo-gentil » (la synthèse conflictuelle et féconde de la singularité juive et de l'universalisme des Lumières), tels Spinoza. Penseurs messianiques, tels le jeune Marx. Penseurs de la technique comme Heidegger. Penseurs ayant su... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
A quatre vingt dix ans, le sociologue français Edgar Morin revient sur « ses » philosophes, les auteurs qui ont jalonné son existence et ses recherches, tout au long des phases de sa vie.

Dans ce panorama d'intellectuels, on retrouve des classiques de la pensée philosophique, comme Héraclite, Descartes, Pascal ou encore Spinoza, des figures religieuses comme Jésus ou Bouddha, des écrivains de littérature, comme Dostoïevski ou encore Proust, des scientifiques ou des épistémologues…

A propos de cette liste non exhaustive, riche et surtout varié, Edgar Morin explique sa conception de tout temps d'une humanité complexe, échappant à toute vision réductive. Au delà de la pensée « purement » philosophique, le chercheur se défend, si la pensée est plus importante que la philosophie, c'est que beaucoup de grands penseurs ne sont pas nécessairement philosophes, l'important est de concevoir des problèmes « globaux ». Adversaires de cette vision globale; la réduction et la séparation.

Toute sa vie, Edgar Morin aura établi des liens, autant de ponts entre des pensées et des penseurs vis-à-vis desquels il ressent à présent une « dette », une reconnaissance qu'il exprime au travers de cette rétrospective philosophique.

Les auteurs, classés par chronologie, auraient tout aussi bien pu l'être au grès de la « rencontre intellectuelle» d' Edgar Morin avec eux.

Fidèle à la pensée de la falsifiabilité de Karl Popper, Edgar Morin entend bien avancer en dépassant des erreurs, en retenant toujours des évolutions de la pensée l'enrichissement du cheminement de la réflexion.

Car au-delà du terme, du but, finalement compte le chemin, « la voie », pour reprendre le titre de son précédent ouvrage.

Dépassant l'écueil de l'encyclopédie du savoir que ce livre aurait pu être, Edgar Morin réhabilite sa confiance en l'être humaine et en l'homme. Empruntant à Spinoza son refus de la transcendance, il retient des pensées religieuses la compassion bouddhique et le pardon chrétien, autant de vertu humaine nécessaire à l'élaboration d'une pensée du vivre ensemble.

Citant la pensée d'Héraclite, « sans l'espérance, tu ne trouveras pas l'inespéré », Morin construit une philosophie à visage humain, reliant l'homme à sa culture et à sa nature. C'est cette pluralité paradigmatique qui lui fait emprunter les mots des penseurs de l'École de Francfort, « la totalité est la non-vérité ».

Au refus d'une vérité unique et réductive, Edgar Morin réconcilie la vision poétique des surréalistes avec la pensée décloisonnant d'Heidegger, il explore la conception des liens entre raison et déraison aussi bien chez les littéraires russes (Dostoïevski) que dans la psychanalyse freudienne. Il n'existe pas à proprement parler pour Morin d'écoles de pensées qui ne s'excluent l'une l'autre radicalement tant que de leur seule confrontation une réflexion peut se mettre en place.

Contre les vérités dogmatiques et la sur-spécialisation réductive, Edgar Morin aurait pu faire siens ces mots du philosophe antique Socrate, « la seule chose que je sais c'est que je ne sais rien ».

Ce livre retrace donc l'histoire de la pensée d' Edgar Morin, fruit de rencontres, de lectures, de l'histoire aussi bien sûr (la guerre, la résistance, le marxisme…) Une pensée forgée donc dans le chaudron du multiple et de l'altérité
Lien : http://madamedub.com/WordPre..
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Revenir aux sources des philosophes, écrivains, poètes, scientifiques, fondateurs de spiritualités et musiciens qui ont façonné son « oeuvre », comme il définit en toute modestie sa pensée, est la gageure que s'est fixé Edgar Morin dans ce court texte publié en 2011.
Pour construire sa réflexion complexe et mesurée fondée sur la transdisciplinarité et l'idée qu'il n'y a pas de vérités absolues, il convoque :
Héraclite qui enseigna que la contradiction est un signe de vérité et « que tout ce qui est s'origine dans le mariage de l'harmonie et de la disharmonie. »
Bouddha et son idée de monde d'impermanence, « Samsara », qui n'est qu'apparence. « Nous vivons le monde à travers les projections de notre esprit et nous sommes conditionnés par l'illusion du Je. Il faut se libérer de cette illusion pour atteindre l'attitude d'éveillé ». Dans le bouddhisme, Morin souligne que le rapport à la mort est différent de celui des religions du salut occidentales.
Jésus pour son sens du pardon et sa compréhension de l'aveuglement humain.
Montaigne, le post-marrane, le judéo-gentil, dont l'oeuvre est empreinte d'humanité, de compassion et d'acceptation de la valeur des autres civilisations.
Descartes pour son cogito ergo sum.
Pascal qui considère que les concepts de foi et de doute ainsi que de raison et de religion sont à la fois conflictuels et complémentaires.
Spinoza pour son refus « de s'inscrire dans une religion révélée ».
Rousseau, peut-être le préféré de l'auteur, qui a « su comprendre l'uni-dualité humaine, de culture et de nature ». Edgar Morin se reconnaît dans ses états poétiques et quasi extatiques qui préfigurent le romantisme. En plein siècle des Lumières, Rousseau « montre que la raison, cultivée seule, a un caractère abstrait et inhumain ». A contrario, Voltaire « n'a pas compris les racines profondes du besoin religieux, du besoin de salut, du besoin de mythes ». Rousseau est aussi celui qui a stigmatisé la croyance en un progrès historique infini. Une position confortée par la montée des préoccupations écologiques qui remettent en cause « le rêve dément de conquête et de maîtrise de la nature formulé par Bacon, Descartes, Buffon, Marx... ».
Edgar Morin propose alors d'intégrer et de dépasser les Lumières en incorporant leur énergie critique tout en allant au- delà de leur rationalité abstraite.
Hegel et sa « ruse de la raison » qui constate que la raison se sert de processus en apparence irrationnels pour atteindre des objectifs rationnels et universels. Et de citer les conquêtes napoléoniennes qui ont permis de répandre les idées de la révolution française en Europe.
Marx, dans sa « version jeune », et ses concepts d'homme générique et de praxis. Cette dernière notion enjoint d'aller au-delà de l'interprétation du monde menée par les philosophes pour le transformer.
Dostoïevski et son idée de compassion pour la souffrance et la justesse de ses descriptions de l'homme dans ses dimensions indissociables de folie et de raison. Morin n'hésite pas à opposer la sécheresse rationaliste des auteurs français à l'humanité profonde des Russes... Il affirme que « les grands écrivains paraissent beaucoup plus capables que les philosophes de manifester ce sens de la complexité humaine ». J'approuve !
Proust qui « a étendu le royaume du dicible à la complexité infinie de notre vie subjective ».
Freud pour sa « magnifique formule « Wo da Es war, soll Ich werden » : là où Ca était, Je dois advenir ».
L'école de Francfort qui a stigmatisé la raison instrumentale.
Heidegger, Bergson, Bachelard, Piaget, les surréalistes... et Beethoven pour sa musique « foudroyante ».
Lien : http://papivore.net/litterat..
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Mes philosophes est un autoportrait dans lequel Edgar Morin dévoile avec beaucoup d' humilité les grands textes philosophiques qui sont à l'origine de sa créativité. Ce livre est un hommage et une reconnaissance à tous ceux qui ont croisé son chemin. Son engagement le place au centre de nombreux débats politiques. Conscient des difficultés que rencontre notre système éducatif, il n'hésite pas à proposer un changement radical pour une véritable base de réflexion sur la transmission des savoirs et de la connaissance. Présent pour débattre de tous les thèmes d'actualité, il ne cesse de réfléchir à un monde meilleur.

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Bonjour Edgar, juste un mot pour te dire que tes philosophes sont également "mes philosophes". Je trouve qu'à travers cette présentation d'une sélection de philosophes, tu présente ta propre philosophie. Cette sélection devient un véhicule pour mettre en avant tes propres idées. C'est toujours un autre qui me fait penser. Penser est une rencontre avec un autre, voire avec soi-même, qui joue le rôle d'un "autre" pour créer ce dialogue intérieur. C'est bien écrit et très facile à lire, la philosophie ne donne pas forcément mal à la tête.
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brillant panorama des ancrages de la cohérence philosophique de l'auteur . les commentaires philosophiques sur les non philosophe à priori sont vifs et excellents
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
En outre, nous réalisons que nous sommes perdus dans une histoire pleine de bruits et de fureurs, exposés à l’avenir incertain de l’humanité.
La planète mondialisée ne produit pas la « société monde » solidaire et fraternelle.
Les développements scientifiques, techniques et économiques nous ont jetés dans un état de chaos un état atonique, où l’humanité n’arrive pas à accoucher d’elle-même.
Jamais les forces de mort, de séparation, de désintégration n’ont été plus puissantes.
(page 181)
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Les moments mystiques sont des moments de poésie.
Ils nous aident à supporter la prose de la vie, inséparable et pourtant opposée la poésie de la vie, ils nous font aimer la vie malgré ses aspects horribles.
Je crois qu’il faut développer cette mystique qui apparaît dans le quotidien : dans un moment de convivialité, dans un visage aimé, dans une promenade dans la nature, qui peut être merveilleuse comme celles de Rousseau à l’île Saint-Pierre.
(page 179)
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… mais l’histoire nous enseigne que l’improbable peut advenir à la place de l’attendu.
Euridipe déjà le disait : « Ce qui est probable n’arrive pas toujours ; parfois un dieu malin fait arriver l’imprévu. »
Ce qui me permet de finir avec Héraclite : « Sans l’espérance, tu ne trouveras pas l’inespéré. »
(page 181)
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L’homme naturel
Rousseau formule dans le Discours sur l’origine de l’inégalité l’idée d’homme naturel, et cette idée suppose, non pas qu’il existait à l’origine une humanité idyllique dans un jardin d’Éden, mais qu’il existe des potentialités humaines qui sont inhibées dans les civilisations, réprimées dans nos sociétés.
Les civilisations deviennent une certaine forme de décadence et de corruption des capacités naturelles de l’être humain.
(page 70)
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Bergson a su approcher d’une manière singulièrement profonde d’un problème qui m’est fondamental et d’où procède mon propre élan de pensée.
Comment se fait-il qu’il y ait, à côté des forces formidables de désorganisation, de séparation, de mort, des forces biologiques inouïes d’organisation et produisant les merveilles et inventions prodigieuses de la vie, fleurs, ailes, foie, cerveau ?
Comment se fait-il que la vie crée de l’ordre et de l’organisation, quand le second principe de la thermodynamique pose la dispersion et la dissipation inéluctables de l’énergie et de l’organisation ?
(page 136)
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Videos de Edgar Morin (101) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Edgar Morin
Lors de l'édition 2001 des Rendez-vous de l'histoire sur le thème "L'homme et l'environnement", le sociologue et philosophe Edgar Morin dressait un panorama historique de l'apparition de cet "agrégat de détritus cosmiques" qu'est la planète Terre, avant d'examiner son peuplement progressif par l'humanité, "partie intégrante et désintégrante de la biosphère".
Conférence inaugurale de l'édition 2001 des Rendez-vous de l'histoire sur le thème "L'homme et l'environnement, quelle histoire ?". 
0:00 Générique 0:33 Conférence
Retrouvez l'épisode sur toutes les plateformes de podcast : https://urlz.fr/qoPB
© Edgar Morin, 2001. 
Voix du générique : Michel Hagnerelle (2006), Michaelle Jean (2016), Michelle Perrot (2002) 
https://rdv-histoire.com/  
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