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Critiques de Ernst Theodor Amadeus Hoffmann (178)
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Contes nocturnes

Quand on évoque Hoffmann, on pense à cet émule européen d’Edgar Poe, adepte de roman noir, presque gothique, peuplé de spectres, de châteaux hantés, de morts-vivants, de doubles… un univers hautement « fantastique ». Bien sûr ce Hoffmann-là, nous le connaissons bien : c’est celui des « Elixirs du Diable » ainsi que de certains contes où l’horreur se mêle à l’étrange, et instille une sorte d’angoisse existentielle, (assez dans le genre de Poe, effectivement). Mais le plus souvent, Hoffmann, romantique en l’âme, nous livres des histoires de ce que Freud a appelé « une inquiétante étrangeté ». Elle ne vient pas forcément d’éléments surnaturels, ou extérieurs, elle ressort d’une extension du vécu des personnages : en fait, on ne sort pas du réel, on le prolonge dans une autre réalité (on se rappellera l’importance que les auteurs fantastiques romantiques d’Outre-Rhin – Jean-Paul et Hoffmann, particulièrement – ont eu sur les surréalistes français).

Ernst Theodor Amadeus Hoffmann (1776 et 1822) était écrivain et… musicien (son troisième prénom vous le faisait pressentir). Son œuvre d’écrivain se résume à une poignée de romans, dont on retiendra « Les Elixirs du Diable » (1816-1817), « Le Chat Murr » (1819-1821) et « Princesse Brambilla » (1820) ; mais surtout d’un nombre impressionnant de contes d’inspiration diverses, répartis en plusieurs recueils dont : « Les Fantaisies à la manière de Callot » (1814-1815), « Les Contes nocturnes » (1816-1817) « Les Contes des Frères Sérapion » (1819-1821), ainsi que « Derniers contes » (posthume, 1825).

« Les Contes nocturnes » sont typiques de cette « inquiétante étrangeté » qu’a soulignée Freud : il s’agit de huit contes : « L’Homme au sable », « Ignaz Denner », « L’Eglise des Jésuites », « Le Sanctus », « La Maison déserte », « Le Majorat », « Le Vœu », « Le Cœur de pierre ». L’adjectif nocturne convient bien à ces histoires inquiétantes où derrière la vie de tous les jours se cache une autre réalité fantastique où l’on ne sait pas à quel moment on a dérapé dans un monde où les bons et les méchants sont mélangés (y compris soi-même) et où l’on peut basculer à tout moment dans l’horreur ou la folie.

« L’Homme au sable » est la plus célèbre de ces histoires, essentiellement par les deux adaptations musicales qui en ont été faites : le ballet « Coppélia » de Léo Delibes (excellent compositeur à qui nous devons aussi « Lakmé »), et le premier acte « Olympia » des « Contes d’Hoffmann » de Jacques Offenbach (que l’on ne présente pas). C’est l’histoire de Nathanael, un jeune homme marqué dans son enfance par un certain Coppélius, qu’il a baptisé « L’Homme au sable ». Devenu adulte, il croit reconnaître celui-ci en la personne de Coppola (rien à voir avec Francis Ford). Il tombe amoureux de sa jolie voisine, Olympia, avant de s’apercevoir que celle-ci n’est qu’un automate (c’est elle « Coppélia ») aux mains de son « père », le sinistre Spalanzani avec la complicité de Coppola, qui n’est autre que l’Homme au sable qui a hanté sa jeunesse. Aidé par son ami Lothar, et sa fiancée Clara, arrivera-t-il à reprendre pied dans la réalité ?

L’auteur des « Contes », est forcément un merveilleux conteur. Pour nous, lecteurs du XXIème, Le style peut paraître un peu désuet, d’autant plus que nous ne sommes pas familiarisés avec la mentalité germanique romantique. Mais c’est une expérience diablement intéressante (le mot « diablement » dans ce contexte, n’est pas tout à fait gratuit) : Il y a un univers « Hoffmann » comme il y a un univers « Mozart » (son idole).

Si l’on veut avoir une idée du romantisme allemand, avec Goethe, Heine et Schiller (et quelques autres), il ne faut pas oublier Hoffmann qui en est une figure majeure.

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Le cahier rouge des chats - Anthologie

Cette anthologie inédite réunit plus de soixante-dix textes célèbres. Le chat idéal, Le chat magique, L’animal des rois, Le chat et les écrivains, Les malheurs des chats, Le chat, héros de la littérature. Les écrits ronronnent de plaisir et de malice. On y trouve des mythes et des histoires rapportés par Cicéron, Hérodote ou Plutarque ; des anecdotes sur les chats à la cour des rois, par la féroce princesse Palatine ou la tendre Mme Campan ; de grands classiques de la littérature féline, comme le Raminagrobis de Rabelais, L’Epitaphe d’un chat de Du Bellay, Le Chat botté de Perrault, Le Chat Murr de Hoffmann, le chat du Cheshire de Lewis Caroll, Le Chat de Baudelaire.



Les plus grands amoureux des chats ne sont-ils pas les écrivains ?



L’Histoire de mes bêtes d’Alexandre Dumas, le Bestiaire de Paul Léautaud, la Vie de deux chattes de Pierre Loti.



Des interviews d’Alphonse Daudet, d’Edmond de Goncourt et de Stéphane Mallarmé.



Et enfin trois nouvelles inédites de jeunes écrivains français.



Un humoriste français avait déclaré que Dieu a inventé le chat pour permettre à l’homme de caresser le tigre.



Pour savourer chaque passage, je parcours chaque soir quelques pages. Puis je le repose et entre dans la lecture dans un autre ouvrage. Ainsi, je ne me lasse pas. Je l’apprécie d’autant plus. car la répétition peut vite me lasser. Ceci serait dommage, il est fort intéressant.



Claudia
Lien : https://educpop.fr/2022/10/2..
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Casse-Noisette et le roi des souris

Je me souviens de la toute première fois où j'ai entendu parlé de ce conte. C'était dans le dessin animé Barbie et le casse noisette. J'avais beaucoup apprécié l'animation et l'histoire enchantée. C'était donc une évidence lorsque j'ai aperçu cette petite bd en section jeunesse.

Les dessins sont très colorés et bien faits. Les bulles de dialogues sont innovantes, on dirait de la fumée.



Quant à l'histoire.... et bien je dirais qu'elle démarre bien mais par la suite elle est redondante. J'avoue que l'imagination débordante de Marie m'a déroutée. J'ai pris cet amour pour casse noisette et ces aventures avec les souris comme étant de la pire folie, et ça m'a mise mal à l'aise. C'est sûrement dû à l'âge et au recul que l'on prends avec le temps. Quoiqu'il en soit j'ai trouvé ça trop rocambolesque et étrange. Je ne pense pas que ce soit cette bd qui pose ''souci'', à mon avis c'est seulement le conte auquel je n'accroche pas....

Ceci dit, j'avais adoré l'adaptation cinématographique, alors c'est peut-être l'autrice qui rend l'oeuvre vraiment enfantine....?



Peu importe. J'ai tout de même apprécié la sincérité de la petite Marie, sa douceur, sa droiture ainsi que sa fidélité.
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Casse-Noisette et le Roi des Rats

« mais le doux bruissement, les tendres harmonies qu’évoquait le souvenir de ce monde de fées l’accompagnaient sans cesse ; dès que sa pensée se fixait sur ces images, elle croyait revivre tous ces merveilleux instants »

Bon, je sais que même enfant je n’aurais pas beaucoup accroché.

Le souvenir et le rêve, au moins.

























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Contes nocturnes

Je reste un peu sur ma faim, frustrée car beaucoup de récits restent obscurs. C'est le cas notamment de "La maison déserte" pourtant prometteur et dans une moindre mesure du "Majorat". Le plus satisfaisant est "Ignace Denner" qui flirte entre gothique, fantastique et horreur.
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Les Elixirs du Diable : Papiers laissés à sa mo..

Un roman d'E.T.A Hoffmann



Nous avons dans ce roman le témoignage assez perturbant d'un moine décédé.



Franziskus, nommé frère Médard, est un enfant né d'un père dont le passé est sombre et mystérieux.

Confié à un couvent afin de recevoir une éducation religieuse, il prononcera ses voeux et deviendra moine.

Un moine dévoué et influent, mais ressentant d'étranges pulsions.



Ayant accès aux reliques de son monastère, il découvrira une bouteille qui ne contiendrait rien d'autre qu'un elixir réalisé par le Diable.

Impulsif, Franziskus boira cet elixir, et ses pulsions se déchaîneront par la suite, le poussant à renoncer à ses voeux.



Cheminant à travers l'Allemagne et faisant diverses rencontres, il fautera de plus en plus lourdement, et semblera de moins en moins lucide, influencé par un "Double" dont on peut questionner l'existence.



À travers son périple infernal, on peut se demander si une issue lui est possible, mais aussi si les rencontre qu'il effectue sont les fruits du hasard.



Un roman avec une narration assez lourde (que l'on pourrait croiser avec Dracula de Bram Stoker), mais qui suscite un grand intérêt.

Si Le Moine de Matthew Gregory Lewis ou Faust de Goethe font l'image d'un Diable qui trompe son sujet pour le pousser à la faute, ce roman questionne sur l'homme et sa part d'ombre, la faute qu'il porte en lui, et son combat contre ses pulsions.



Un roman que je conseille à tous les intéressés prêts à s'accrocher pour suivre les aventures du frère Médard.
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Le petit Zachée, surnommé Cinabre

Une sorte de conte de fée drôle et un peu cruel aussi. Très farfelu également. De jeunes étudiants prometteurs mais dont l'un est un peu rêveur et surtout un peu extralucide sans doute. Un vilain enfant un peu trop protégé par une fée, un professeur de sciences un peu trop ambitieux, une belle jeunes filles et de drôles de péripéties. Se lit rapidement et on s'amuse beaucoup!
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Casse-Noisette et le Roi des Rats

Depuis quelques années le Casse Noisette est redevenu un incontournable des décos de Noel, on en voit de plus en plus de toutes tailles dans les magasins.



Pour beaucoup d’entre nous, Casse Noisette évoque surtout le merveilleux ballet de Tchaicovsky ainsi que sa musique bien connue. 🎻



Mais avant d’être un ballet, Casse Noisette est un conte écrit en 1818 par un auteur allemand Ernst Théodore Amadeus Hoffmann.



J’ai vraiment passé un bon moment à lire ce petit livre d’un peu plus de 100 pages, je me suis laissée entrainer par la magie en tentant de faire abstraction des images de ballet qui me venaient.



Car il y a quelques différences entre les deux et je laisse Wikipedia vous en donner l’explication ::



« Le conte est traduit en français par Émile de La Bédollière en 1838 ; cependant, une adaptation peu fidèle à l’original, faite par Alexandre Dumas en 1844, est restée longtemps la plus connue. C’est cette dernière que Piotr Ilitch Tchaïkovski a utilisée pour son ballet Casse-Noisette en 1892. »
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Casse-Noisette et le Roi des Rats

En ce mois de Décembre, j'avais envie de me plonger dans un classique de Noël.



Je ne connaissais pas vraiment l'histoire, vraiment très brièvement pour avoir lu un livre adapté aux petits à mon fils de 4 ans mais l'histoire était vraiment expéditive. Et j'avais quelques souvenirs du film avec Barbie que j'avais vu enfant (chacun ses références 🤣). Du coup c'était une découverte!



La première réflexion que je me suis faite est que je trouvais que le style d'écriture ne correspondais pas à un livre pour enfants... ensuite j'me suis rappelée que l'histoire datait du début 19ème et qu'on ne parlait évidemment pas aux enfants comme on leurs parle maintenant! Par contre le fait que la narrateur s'adresse directement à eux m'a plu 😊



Ensuite j'étais beaucoup intriguée par le personnage de Drosselmeyer. Il est vraiment très mystérieux et fait des réflexions bizarres au point de me demander s'il était gentil ou méchant?! S'il est juste narrateur ou instigateur?!



Pour le reste, je dois dire que dans l'ensemble je n'ai pas vraiment accrocher. Je m'attendais à autre chose, sans vraiment savoir quoi! J'aurais peut-être plus aimer étant enfant... le roi des rats m'aurait sûrement plus impressionné, bien que je l'ai trouvé bien repoussant quand même!



Je verrai dans les années à venir s'il a un impact sur mes enfants s'ils le lisent un jour...
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Casse-Noisette et le Roi des Rats

J'ai lu du 20/12/2021 au 27/12/2021.



J'ai lu ce conte car cela faisait longtemps que je voulais le lire et j'ai profité pour le lire dans le cadre du Cold Winter Challenge.

Je connaissais ce conte grâce à son ballet, les films dessus. Cependant, j'ai remarqué qu'il y avait plusieurs versions, interprétations. C'est pourquoi j'ai voulu le conte originel. Je suis agréablement surprise car je pensais connaître le conte mais il s'avère que je me suis trompée.

Tout d'abord, je découvre Hoffmann pour la première fois, je dois dire que je suis séduite par la simplicité de sa plume, son style d'être dans le schéma narratif d'un conte tout en se distinguant sur différents éléments. Puis, il arrive très bien à nous plonger dans l'ambiance de Noël avec sa magie.

Concernant l'intrigue, je me suis rendue compte que je ne connaissais pas la véritable histoire de Casse-Noisette et de sa propriétaire Marie. C'est pourquoi j'ai pris beaucoup de plaisir à connaître leurs aventures et de remarquer le lien inébranlable entre les deux. En tout cas, je constate qu'Hoffmann a voulu aborder l'humanité à travers ses protagonistes notamment Casse-Noisette. C'est un être en bois, un objet mais il s'humanise. Outre cela, le thème de l'homme et sa créature artificielle est intéressant comme nous le voyons à travers la relation entre Marie/Casse-Noisette. Enfin, j'apprécie beaucoup les morales dans ce conte par exemple se satisfaire de ce qu'on a, surpasser le physique et croire en ses rêves.

Ainsi, ce conte est divertissant et est destiné principalement aux enfants à travers l'écriture très simple d'Hoffmann mais il est aussi destiné aux adultes puisqu'il a une autre lecture, interprétation sur l'enfance, le passage à l'âge adulte si on peut dire puisque Marie, enfant, va gagner en maturité et voir le changement.



Pour conclure, j'ai beaucoup aimé ce conte qui est intéressant sur plusieurs niveaux tant de ses thèmes que l'ambiance de Noël. La simplicité de conte permet de faciliter la lecture afin que tout le monde puisse découvrir ce magnifique conte à lire pour les fêtes.



Ma note : 7.5/10
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Casse-Noisette et le Roi des Rats

Un classique auquel j'ai moyennement accroché. Ça se lit vite mais j'ai trouvé le style d'Hoffmann assez pénible. La narration est lourde ce qui fait que je n'ai jamais été véritablement transporté par ce conte. Ceci dit, pour ma culture personnelle, je suis content de l'avoir découvert et je verrais peut être ses adaptations d'un regard nouveau mais même si j'ai trouvé l'histoire sympa, la magie n'as pas opéré...
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Casse-Noisette et le roi des souris

Avant d’être un merveilleux ballet signé Tchaïkovsky créé en 1892, Casse-Noisette et le roi des souris est un conte publié en 1816 que l’on doit à un auteur romantique allemand, Ernst Theodor Amadeus Hoffmann mort en 1822, mort dans le dénuement le plus total.



Popularisé par Alexandre Dumas, c’est LE conte de Noël par excellence et un grand classique pas forcément si facile d’accès pour les plus jeunes. Aussi, je trouve que l’adaptation par Natalie Andrewson en bande dessinée est une très bonne idée.



L’autrice et illustratrice américaine revisite ici l’histoire originale d’Hoffmann avec ses princesses malfaisantes et ses folles aventures féériques. Ce récit à la fois fantastique et onirique, fait la part belle à l’amour, aux rêves et au monde de l’enfance.



Le graphique nous propose sans cesse des allers et retours entre l’imaginaire et le réel, les rêves et le quotidien, et respecte vraiment bien le récit originel.



Je trouve les graphismes bien adaptés aux enfants et le parti-pris de l’autrice très moderne est bien vu d’autant qu’il ne dénature pas l’oeuvre d’Hoffmann.



Il y a du rythme, des chapitres pas trop longs qui donnent sans cesse l’envie d’aller plus loin, le langage est celui d’aujourd’hui, à la portée des enfants, tout en étant soutenu.



J’ai bien aimé aussi les couleurs chaudes choisies par Natalie Andrewson et j’ai vraiment passé un bon moment en compagnie de Marie, du Casse-noisette et du parrain Drosselmeyer.



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Nouvelles musicales

Ce recueil regroupe cinq nouvelles se déroulant dans le milieu de la musique ou ayant un rapport avec la musique: Le Chevalier Gluck, Don Juan, La Fermata (parue également sous le titre Le Point d’Orgue), Le conseiller Krespel (autre titre: Le Violon de Crémone) et Les Automates.



J’ai été un peu déçue par cette lecture, je m’attendais à tout autre chose vu qu’on allait parler musique. Quand on en parle effectivement, c’était un peu trop pointu pour moi; quand on parle de sujets liés à l’époque d’écriture, aussi. Les intrigues en elles-mêmes ne m’ont pas paru particulièrement originales, j’ai trouvé que les éléments fantastiques, n’étaient pas assez exploités quand il y en avait. Les autres nouvelles ressemblaient à d’autres écrites par d’autres auteurs contemporains, sexisme flagrant compris.



Dans l’ensemble ça m’a semblé assez classique du romantisme allemand. Intéressant à découvrir, mais pas inoubliable. J’avoue que c’est un mouvement littéraire qui ne me parle pas trop, alors je suis peut-être passée à côté de l’essentiel ^^
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L'Homme au Sable

« La nuit, lorsque les enfants refusent de dormir, le marchand de sable passe leur jeter du sable sur le visage. Ce sable magique arrache les yeux des petits turbulents, que le marchand ramasse et emporte avec lui sur la lune. Là-bas, il les donne à manger à ses rejetons, qui ont des becs crochus pour mieux les picorer. Voilà de quoi terroriser le jeune Nathanaël, d’autant plus qu’il associe l’affreux protagoniste de la légende au détestable avocat Coppelius, visiteur régulier de la maisonnée. Contée par une vieille domestique, cette histoire n’aurait sans doute pas autant marqué le héros d’Hoffmann, n’étaient les circonstances tragiques du décès de son père… Ainsi commence un récit dans la plus pure tradition fantastique, effrayant à souhait.



Le Marchand de sable débute comme un roman épistolaire, avant de revenir à une narration externe plus classique. Nathanaël, brillant étudiant et poète, en est l’acteur principal, aussi est-ce surtout à travers ses yeux que j’ai vécu le livre, fui l’étrange vendeur de baromètres Coppola, aimé la raisonnable Clara et succombé à l’attraction exercée par l’insolite Olymipa. Cependant, j’ignore si les yeux de Nathanaël sont fiables. A-t-il vraiment vu et vécu ce qu’il prétend ? Ou bien son aventure est-elle le fruit d’une sensibilité exacerbée couplée à une imagination sordide ? Qui faut-il croire et où réside la vérité ? Tel est précisément l’enjeu de ce conte aux accents horrifiques.



On ignore en effet où réside la frontière entre le vrai et le faux dans Le Marchand de sable, tant Nathanaël se révèle prompt au mysticisme et à la mélancolie ; sa relation avec Olympia trahit également un certain narcissisme, ou du moins une tendance à s’écouter parler. Tourné vers lui-même, en proie à une introspection permanente, le jeune homme est aux antipodes de la bien nommée Clara, la clairvoyante. À travers ce couple, ce sont la raison et la folie, la glace et le feu, le pragmatisme et l’imagination qui s’affrontent. Il n’est pas anodin que les yeux occupent une place prépondérante dans le texte, tant sur le plan sémantique que stylistique et littéral : ces miroirs de l’âme déterminent un rapport au monde à double tranchant, où le regard altère la réalité qui le modifie en retour. Tout ce qui nous entoure est le fruit de nos désirs personnels, et nos conventions sociales ne sont qu’illusions destinées à masquer le vide de l’existence humaine ; pire, peut-être ne sommes-nous que les marionnettes d’un maître invisible… N’y a-t-il pas dans semblable révélation de quoi devenir fou ?



J’ai beaucoup apprécié Le Marchand de sable. Je ne m’attendais pas à une tonalité si sombre : on est bien loin de l’enthousiasme poétique du Vase d’or, mais le texte s’inscrit en précurseur de nouvelles plus tardives, à commencer par Le Horla. Sans écrire dans ce registre, je suis très admirative de la double interprétation permanente inhérente au genre fantastique, que je tente d’utiliser à ma manière sous forme de métaphore filée, à travers la fusion des livres et des rêves qui structure l’ensemble de La Bibliothèque. On comprend que les traducteurs aient finalement renommé le conte L’Homme au sable, figure connotée moins positivement que le marchand de sable, même si c’est précisément Hoffmann qui a transformé le véridique métier de marchand de sable en légende à travers ce conte 🙂 »



Émilie – Apprentie Bibliothécaire
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L'Homme au Sable

Je découvre la collection Étonnants Classiques avec cette nouvelle de Hoffmann.

Apparemment il s’agit d’une collection pour les écoles vu l’allure du dossier. J’ai bien apprécié la chronologie mettant la biographie de l’auteur en regard des événements historiques. J’ai été surpris qu’Hoffmann ait été fonctionnaire en Pologne mais cela se comprend car ce pays avait été découpé en rôti et la Prusse s’était accaparé un bon morceau. Il perd son poste quand les Français prennent le relais suite aux victoires napoléoniennes.



L’homme au sable a été publié en 1817. Cet homme, c’est notre fameux Marchand de Sable qui vient endormir les petits, mais vêtu d’une réputation autrement plus inquiétante que celui dont je me souviens ; quelque chose comme Nounours en Père fouettard.

Il traumatise durablement le héros, Nathanaël, alors enfant. Et c’est le départ d’une histoire qui emmêle en un écheveau inextricable le fantastique et la psychanalyse. Car on n’a toujours du mal à décider si les faits sont véritablement surnaturels ou le fait d’un esprit sombre particulièrement imaginatif. Sa douce amie Clara est le penchant rationnel qui essaie de ramener Nathanaël au monde physique. L’incessante oscillation est très bien rendue et plutôt fascinante.



Un autre thème moteur est celui de l’automate. C’est le début de cette littérature qui s’inquiète de la création par l’homme d’une « vie artificielle ». Ici c’est l’apparence humaine qui génère cette « vie » ; on est à la même époque que le Frankenstein de Mary Shelley. On peut aussi ajouter Le Mécanicien Roi d’Étienne-Jean Delécluze, L'homme le plus doué du monde d’Edward Page Mitchell et pourquoi pas La Vénus d’Ille de Prosper Mérimée. Au vingtième siècle, c’est l’intelligence artificielle qui sera moteur de cette inquiétude (2001 de Clarke, Les marteaux de Vulcain de Dick, etc.). Je pense aussi au très bon Automate de Nuremberg de Thomas Day.



Ce flirt avec le fantastique et la folie est très efficace ; de quoi vous glisser un petit frisson. La fin en est très hitchcockienne.

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Le magnétiseur et autres contes

Même quand on aime le fantastique, il y a des livres de ce genre qui demandent un effort. Il m’a fallu en fournir un pour finir par apprécier, après plusieurs contes, la manière d’Hoffmann.



Pour que le fantastique soit supportable, il faut que l’auteur invite son lecteur à partager avec lui ironie et humour. Hoffmann n’en manque pas. Mais cela ne suffit évidemment pas pour que la lecture soit plaisante, il est nécessaire que l’auteur ait un véritable talent de conteur et d’écrivain. Dans le cas d’Hoffmann, cette condition est parfaitement remplie.



Dans son « Information sur les récentes fortunes du chien Berganza », Hoffmann fait référence à une nouvelle de Cervantès et donne la parole à un bouledogue en s’étonnant toutefois de ne jamais avoir entendu un chien s’exprimer « aussi intelligemment ». La conversation entre ce chien et l’auteur est agréable à suivre, d’autant que, de temps à autre, le noble animal laisse paraître sa nature canine et, en tant que chien, change de position, se gratte derrière l’oreille gauche avec la patte gauche, déclare avoir une faim de loup, etc., ce qui donne au narrateur l’occasion de manifester son sens aigu de l’observation de la vie de chien. Réciproquement, le mâtin déclare avoir beaucoup de considération pour les efforts littéraires et le sens poétique de son interlocuteur, mais, en même temps, considère que le bavardage dont les hommes abusent est loin de valoir les longs silences pendant lesquels l’esprit des chiens se recueille et s’applique à comprendre « les mystères les plus secrets de la nature ». Vous voyez d’ici le plaisir que l’on prend à lire ce dialogue !



S’il vous arrivait un jour de perdre votre reflet dans un miroir, comme un autre avait vendu son ombre au diable, rassurez-vous : vous ne serez pas le premier ! Dans « La nuit de la Saint-Sylvestre », Hoffmann vous racontera comment une certaine Giulietta demanda à un fol amoureux qu'il lui laisse son reflet en gage.



Du romantisme au surréalisme, le fantastique établit une jolie passerelle, un peu surannée certes, mais toujours aussi étonnante dans son invraisemblance, passionnée dans son expression, et trompeusement anormale.
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Les Elixirs du Diable : Papiers laissés à sa mo..

Sous la forme d'un manuscrit, le lecteur est invité à découvrir le récit de la vie du frère Médard, capucin échappé d'un couvent. Après s'être laissé tenter par d'étranges visiteurs, le jeune moine va absorber "Les élixirs du diable" conservés secrètement comme reliques de Saint-Antoine par les moines Capucins. Tout jeune enfant, Médard reçoit une éducation religieuse dans l'objectif -dans un premier temps implicite- de racheter les péchés de son père en sacrifiant sa vie à l'ordre des Capucins. Mais le jeune moine, vif d'esprit et sans doute peu en adéquation avec une vie de cloître, va se découvrir comme un orateur très doué : son orgueil démesuré va le mener à des sentiments peu amènes comme la jalousie, la concupiscence, la haine. Quittant le monastère, il commence ensuite un périple étrange, semé de tentations, de perversité et de folie, mais aussi d'amour dans une confusion d'humanité et de divinité. Comme dans un roman d'apprentissage, le jeune moine va se confronter à toutes sortes de situations et de personnages. C'est ainsi qu'à travers un constant jeu de miroirs, les aventures des personnages qu'il rencontre deviennent peu à peu le reflet de son propre cheminement spirituel ; le moine, livré au monde, va s'abandonner à tous les excès  et à cet effet, tout ce que l'esprit et l'âme peuvent souffrir de plus abominable se retrouve distillé à travers ce récit, à l'instar d'un philtre maléfique : dédoublement de personnalité, faux souvenirs, rêves, folie, obsession, apparitions, violence et crimes. A ce sujet et dans le cadre de ses études psychanalytiques, Sigmund Freud notera qu'on y retrouve, « dans une sorte de symphonie frénétique, l'ensemble des thèmes chers au grand fantastiqueur, et d'abord celui du « Double » dans toutes ses nuances, tous ses développements ».

D'un point de vue littéraire, Les élixirs du diable est bien un roman fantastique gothique car tous les codes de ce genre sont respectés à la lettre, au fil des pages (moine lubrique ou fou et meurtrier, jeune fille traquée, lieux inquiétants et anciens – châteaux, forêts, gouffres- récit à tiroirs ou enchâssés, malédiction familiale).

Ce roman peut sembler très long par ses nombreuses répétitions, notamment par les récits enchâssés repris parfois par deux personnages relatant de leur point de vue, des événements survenus. Mais aussi, la thématique du double qui est omniprésente dans le roman est aussi protéiforme, à un point que le lecteur risque de se perdre : plusieurs des personnages sont les sosies les uns des autres. Aussi, dans la généalogie du frère Médard, chaque enfant porte le prénom de son père. Mais Hoffmann va plus loin encore car Médard a un frère jumeau (dont il ignore l'existence dans une grande partie du roman). Si leur physique est équivalent, leur âme est également jumelle si bien que ce que conçoit l'un en pensée, l'autre le met en pratique. De plus, de père en fils, chaque personnage répète les mêmes crimes.

On peut supposer que cette complexité soit voulue par Hoffmann. En effet, à l'instar de l'âme de Médard qui se désagrège, le récit prend de multiples détours qui perdent le lecteur en même temps que son personnage qui s'égare sur le chemin de la perdition. Dans ce récit, on peut noter que l'univers du théâtre et notamment de celui de Shakespeare est omniprésent avec par exemple le personnage du fou (Belcampo ou Schönfeld) qui lance des tirades énigmatiques et dignes du roi Lear perdu dans la lande et accompagné de son fidèle Tom. Ces moments théâtraux offrent de la respiration dans ce récit très dense et tendu, permettant un regard distancié sur la création d'Hoffman. Ainsi, c'est aussi le monde du théâtre et de la création littéraire qui est questionné à travers le dédoublement de personnalité propre à l'acteur, qui incarne un rôle, ou celui de l'auteur capable de raconter des histoires qui ne sont pas les siennes. Dans les deux cas, « l'humaine condition » n'est pas reniée, comme c'est le cas chez les chrétiens, puisque les artistes subliment leurs pulsions, leur « ça » (ils les exposent au lieu de les considérer comme le "mal") à des fins de construction et de partage dans un but de catharsis, d'introspection, de questionnement afin de nourrir le cheminement de chacun d'entre nous.
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Les Elixirs du Diable : Papiers laissés à sa mo..

Un livre gothique très étrange. On a parfois un peu de mal à s'y retrouver mais le livre a beaucoup de charme et son aspect chronique familiale est très plaisant. j'ai bien aimé établir un arbre généalogique de la famille de Médard. Un livre unique qui mérite le détour.
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L'Homme au Sable

Nathanaël est fiancé à la douce Clara, la soeur de son ami Lothaire. Alors qu'il doit terminer ses études loin de sa famille et de ses amis, il se retrouve, croit-il, face à celui qui a terrorisé son enfance, le terrible Coppelius. Et il va aussi faire le rencontre bouleversante de la belle Olimpia, la fille de son professeur, dont il va follement s'éprendre... Pour son plus grand malheur, car la demoiselle est loin d'être celle qu'il croit...

L'histoire démarre par un échange de lettres entre Nathanaël et Lothaire, et Clara et Nathanaël. Puis le narrateur reprend la main pour expliquer pourquoi il a démarré son histoire de la sorte et nous raconte ensuite le reste de la tragique mésaventure du jeune Nathanaël.



Le fantastique ici peut tout à fait être expliqué par la folie, même si la présence de l'homme tant redouté de Nathanaël dans la dernière scène jette un doute dans l'esprit du lecteur. Ce n'est pas mon style de fantastique préféré car un peu trop bizarre à mon goût, malgré cette explication psychique possible.
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Casse-Noisette et le Roi des Rats



Livre jeunesse, je m'attendais à être transportée, malheureusement, j'ai eu beaucoup de difficultés à me projeter. Je n'arrivais pas « à voir » les lieux, les actions. Je ne sais pas, est-ce que ça clôture une année difficile et que ça a aussi conditionné mon état d'esprit? Très probablement. Quoiqu'il en soit, tout fantastique qu'est ce livre, j'étais perdue.Tout me semblait ou trop petit ou trop grand et je n'ai pas réussi à laisser la magie m'emporter/. Et pourtant, je suis convaincue que c'est ce que fait cette petite histoire de Noël, en temps ordinaire.



Ne vous laissez pas faire par ce retour, il marque juste la fin de l'année 2020, une année intense, violente émotionnellement et qui a fait du mal d'une façon ou d'une autre. alors, faites vous votre avis sans vous préoccupez de mon négatif…




Lien : https://loeildesauron1900819..
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