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Critiques de Eugène Ionesco (581)
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La Cantatrice Chauve - La leçon

La Cantatrice Chauve est un Classique que je devais lire en lecture scolaire. (je précise que je suis en Seconde)

Je ne savais pas bien de quoi ça allait parler, mais je dois bien avouer que la phrase "Ahh ! Ben c'est de l'absurde !" dite par mes parents ne fut pas pour me rassurer. (bien au contraire !) J'ai toujours appréhendé les lectures scolaires et je n'ai jamais été fan de théâtre... Alors bon. Je m'attendais à ne pas aimer du tout. Heureusement, j'étais assez soulagée de voir que la pièce de théâtre était relativement courte.



Finalement... j'ai été assez surprise de ne pas détester ! Je m'attendais à un vocabulaire compliqué, un style d'écriture soutenu ou je-ne-sais-quoi... Mais pas du tout ! C'est certes complètement barré, mais c'est très facile à lire. J'ai été ravie de finir cette lecture en si peu de temps !

Alors après, de savoir si j'ai compris le but de cette œuvre, je n'en suis pas certaine. De manière générale, le théâtre n'est pas quelque chose qui me passionne, et le théâtre absurde, encore moins.

Néanmoins, je dois admettre que certains passages m'ont fait rire. Et c'est vraiment étonnant car je ne m'y attendais pas !!
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Macbett

J'aime beaucoup le théâtre, mais pas vraiment adepte de ce genre de lecture.



Pièce bien noire de par son contenu où les morts se succèdent et les complots aussi.



De l'humour par ci , par là avec notamment le limonadier (vendeur de limonade) censé soigner tous les maux assez loufoque.



Et deux sorcières qui ont l'art de se transformer, pour se retransformer et disparaître comme elles étaient venues.



Assassinats, champ de bataille sanglant, spectres et même manteau d'invincibilité ......



Cupidité et mensonges se disputent habilement entre les protagonistes.



ça se laisse lire, mais certainement plus agréable à découvrir dans un théâtre.



(parodie du célèbre Macbeth de Shakespeare)
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Rhinocéros

Comme beaucoup de lecteurs, la lecture des premières pièces de Ionesco pour découvrir l’absurde en cours de français a longtemps freiné mon envie d’explorer davantage les oeuvres issues de ce courant littéraire !

Et pourtant, preuve en est que parfois retenter l’expérience peut adoucir les présentations brutales !



Dans la première moitié de Rhinocéros, on retrouve bien le style caractéristique des premières pièces, avec un enchaînement de phrases mécaniques qui se font écho puis finissent par faire un ensemble sans queue ni tête ! La seule certitude que nous avons : c’est que des personnages se retrouvent sur la place principale d’un petit village comme ils ont l’habitude de le faire. Ils parlent d’un peu tout et de beaucoup de rien. Puis à partir du milieu de la pièce, les transformations de villageois en rhinocéros sont plus nombreuses et se font bien plus inquiétantes pour finir sur une atmosphère carrément oppressante !



L’apparition du premier pachyderme c’est donc L’évènement, celui dont tout le monde parle. Le dramaturge nous montre des personnages qui intellectualisent trop, d’autres utilisent l’évènement pour étaler leur scientisme tandis que d’autres sont “simplement” hébétés devant cette apparition soudaine. Quand on ne se moque pas du ridicule, on constate qu’en dépit de l’énormité du phénomène, la bête ne fait tout de même pas le poids face aux petits tracas immédiats du quotidien. Il y a tout de même un point commun entre tous ces personnages dans cette première moitié de l’histoire : aucun ne peut expliquer et ne comprend réellement ce qui arrive. Mais ça ce n’est que le début…



Si j’ai mis beaucoup de temps à lire la première partie de la pièce, j’ai lu la seconde en moins d’une matinée. J’ai beaucoup apprécié certaines vérités fortes qu’énonçaient Ionesco dans sa façon de décrire la tentation et la séduction de l’extrême et sur l’incapacité des acteurs et observateurs de saisir tous les enjeux d’un phénomène nouveau. C’est une pièce qui interpelle, fait réfléchir et est toujours d’actualité – pour que qu’on soit capable de faire fi de l’improbabilité de la situation – avec ce pauvre Bérenger qu’on prend pour un « original » enivré qui s’agite, et tout comme l’écrivain puise tout son courage pour résister et exprimer sa vérité jusqu’au bout.





Défi Théâtre 2020

Défi Globe-Trotteurs 2020

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Journal en miettes

Dans ce journal inhabituel, au goût parfois saumâtre, Ionesco consigne ses rêves et ses lectures, souvenirs et remarques sur les hommes, la vie, la psychanalyse et la littérature. Il se démasque, nous parle d'une voix humaine, rompue et détrompée.

Le texte est inégal, divers, maussade par moments, redondant même. Soit. Mais le grand dramaturge ne minaude pas, s'en fout de se présenter sous un jour peu flatteur.

A quoi sert de vieillir? Oui, lui aussi se questionne et exprime sa perplexité. Il s'exprime avec sincérité, et sans poses, arpentant ses angoisses et ses peurs, révélant son découragement et ses colères, revisitant son passé, interrogeant ses choix, espérant encore et encore.

On sait que Ionesco à la fin de sa vie a souffert de dépressions, et qu'il a renoncé à l'écriture pour se consacrer exclusivement à la peinture et au dessin.



"Je préfère la peinture aux autres arts car elle est silencieuse. J'en avais assez des mots, du bavardage de l'écriture, et des interprétations des acteurs et des metteurs en scène"



Non, Ionesco n'était pas un imposteur, n'a pas voulu jouer la comédie du grand homme qui s'élève au-dessus de ses congénères, qui se croit "l'heureux propriétaire d'un talent", et dont l'existence serait pour ainsi dire justifiée. André Coutin qui l'a rencontré, écrivait en 1993:



"J'ai rencontré un homme qui est - plus que les autres -clairvoyant et confus, remué et distant."



Voilà, pour moi, en quelques mots, l'atmosphère qui se dégage de ce journal courageux et déroutant.





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Rhinocéros

quel mauvais souvenir j'ai de ce livre.. j'ai franchement détesté. Peut être parce que j'ai été obligée de le lire au lycée.. pourtant aucun autre livre ne m'a fait cet effet là !! Et le pire de tout c'est que on a du conclure tout ce travail en allant voir une pièce de théatre a Paris .. quel supplice
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La Cantatrice Chauve - La leçon

Après la page de garde, c'est déjà clair, on annonce une anti-pièce.



En effet, on croit d'abord avoir ouvert un manuel d'apprentissage de langue pour débutants, ou un livre de maths avec description de théorèmes où tout est décrit, expliqué maintes fois.



L'histoire ? Deux couples dans un salon, des dialogues surréalistes entre eux, auxquels s'ajoutent par moments les interventions d'une domestique et d'un pompier. Ca finit en fanfare hautement burlesque... Quatre-vingt pages loufoques et réjouissantes.



De message caché, de second degré, je n'ai pas trouvé, mais je me suis bien amusée.



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La Leçon

À la recherche d’un(e) auteur(e) dont le nom de famille commence par un i pour valider le challenge ABC, et en cette période de rentrée scolaire, mon choix s’est tout naturellement porté sur La Leçon d’Eugène Ionesco. Ne connaissant pour ainsi dire par grand-chose de cet auteur que je découvre avec cette pièce représentative du théâtre de l’absurde, j’ai particulièrement apprécié les notes qui accompagnent le texte, me permettant d’entrevoir ce qui m’aurait très certainement échappé. Bien qu’il m’ait manqué un bagage pour bien en comprendre les ressorts et le propos, j’ai quand même pris plaisir à la lire et à suivre cette relation monstrueuse professeur-élève, parodie de l’enseignement magistral il me semble, qui sombre bien vite dans la négation et l’anéantissement. Je lirai certainement d’autres de ses pièces.
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Rhinocéros

Pour commencer, soyons sérieux, un peu de logique ! Un logicien, ici, dans la pièce est là pour vous l'enseigner ...

Zut, un rhinocéros vient de traverser la page ! il a tout chamboulé, il vient d'effacer ma chronique.

- Ce rhinocéros, c'est un unicorne ou un bicornu ?

- Ça dépend, s'il vient d'Afrique ou d'Asie.

Bon, reprenons ! alors, cette logique ...

"Tous les chats sont mortels. Socrate est mortel. Donc Socrate est un chat". Imparable, non ?

- Eh, le rhinocéros, celui qui passe là, il vient d'Afrique ou d'Asie ?



Et les habitants de la ville de se transformer peu à peu en rhinocéros.

Ah non, pas tous, Béranger a échappé à la contagion.

Mais pourquoi diable cette mutation ? Pour l'expliquer, certains disent : 'il faut suivre son temps".

"Peut-on savoir où s'arrête le normal, où commence l'anormal ? Vous pouvez définir ces notions, vous, normalité, anormalité ? Philosophiquement et médicalement, personne n'a pu résoudre le problème. Vous devriez être au courant de la question."

Votre rhinocéros, c'est celui qui a arraché sa perruque à la Cantatrice chauve ?



Si à l'époque de sa sortie, ce texte était principalement dirigé contre le nazisme, il n'en reste pas moins aujourd'hui d'une brûlante et sinistre actualité.

Avec sa démonstration par l'absurde, Ionesco assène dans un pamphlet virulent une charge salutaire contre tous les totalitarismes, intégrismes, extrémismes et excès de tout poil qui séduisent les uns, réduisent les autres et transforment les humains en troupeau de suiveurs suivant sans savoir ....

Est-il bien raisonnable de suivre ses chefs, ses amis, sa famille, enfin ses contemporains ?

Allez Béranger, tire-toi de là !

et toi aussi lecteur, si tu ne veux pas être contaminé !

Gaffe à la rhinocérite !

Attention, voilà un troupeau de rhinocéros !

Vous les entendez galoper ? fuyez .... vite ! mince, trop tard .....
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Le Roi se meurt

Tout le monde connaît maintenant le principe de la boite à livres. Déposer un bouquin, en choisir un autre. Cette fois-ci, j’ai trouvé « Le roi se meurt » d’Eugène Ionesco, pièce créée en 1962.

Dans ce huis clos, le roi Béranger s’entend annoncer qu’il va mourir, et plus précisément qu’il lui reste 1 h ½, le temps de l’acte.

Le roi est Homme, le roi est mortel, et tout son pouvoir terrestre ne pourra rien y changer. Il est accompagné dans son cheminement vers l’inéluctable par ses deux épouses et un médecin qui a aussi les charges de bourreau, chirurgien, astrologue et bactériologue. Les répliques du garde qui ponctuent régulièrement la pièce par : - le roi se meurt ! - Le roi va mieux... renforcent la temporalité de celle-ci.

Théâtre de l’improbable et de l'absurde. C’est grave, c’est de l’humour grinçant.

J’ai hâte de voir une version adaptée au théâtre !

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La Leçon

Contrairement à la jeune élève de 18 ans (bien fraîche la jeune élève), je suis bien incapable de calculer "trois milliards sept cent cinquante-cinq millions neuf cent quatre-vingt-dix-huit mille deux cent cinquante et un, multiplié par cinq milliards cent soixante-deux millions trois cent trois mille cinq cent huit" de tête. Par contre, je m'en sors pas trop mal avec les soustractions mais elle, elle se refuse de soustraire les nombres aux autres, parce qu'elle préfère l'intégrité, ce qui a toutes ses parties, ce qui est intact, sain. La leçon du professeur a pour objectif de tout dés-intégrer. Le professeur considère qu'elle n'a pas les bases requises en arithmétique aussi détruit-il tout ce qu'elle sait pour faire "table rase", peut-être pour repartir sur de meilleures bases, sauf qu'entretemps, elle s'affaiblit de plus en plus, il la perd de plus en plus. Elle perd de plus en plus ses forces, son énergie ; elle ne peut plus se concentrer, le professeur s'énerve et gagne de plus en plus de force, d'énergie (comme l'indique la longue didascalie de Ionesco pages 109-111). C'est comme si le professeur vampirisait son élève, comme s'il lui prenait toute ses ressources pour satisfaire sa soif de puissance, pour inverser les rapports soumission-domination que son statut de professeur vieillissant et son statut à elle de jeune fille bien élevée instaurent d'entrée de jeu. Il sera de plus en plus autoritaire, tyrannique, elle sera de plus en plus soumise au professeur, jusqu'à l'indécence. Elle s'abandonne tellement à la fin qu'elle s'en caresse le cou, la gorge, les seins, les cuisses ...

La jeune fille bien élevée devient mal élevée, épuisée qu'elle est par la leçon ludique du professeur lubrique.



Le symptôme de l'esprit malade, c'est cette rage de dents qui s'intensifie, de plus en plus. Elle se plaint, elle souffre. Mais qu'on l'achève ! On regrette que le professeur ne soit pas dentiste, qu'il ne les arrache pas, les 32 dents dévitalisées.

Pourquoi a-t-elle mal aux dents ? Parce qu'à l'issue du cours d'arithmétique (où le professeur l'embrouille tellement qu'il la perd), ils se lancent tous deux ou plutôt non, il se lance tout seul, dans un cours de linguistique et qu'il entame avec la base de la base : la phonétique. C'est marrant parce que les cours de phonétique me faisaient, de même, grincer des dents. D'ailleurs je me souviens qu'on nous a distribués sur les bancs de l'université des photocopies où on voit nettement la position de la langue à bien placer dans sa bouche, la position des dents avec en légende les sons, sortant de tel ou tel endroit du corps ( il y a les labiales, les nasales et tout le reste). Et puis on nous explique comment bien respirer etc. Je me rappelle qu'à l'époque, je me suis demandée si j'étais en lettres ou en médecine. Je n'y comprenais STRICTEMENT RIEN. En conséquence de quoi, je me sentais vide, comme si j'avais un singe jouant des cymbales dans mon cerveau, non plus vide que ça en fait. Comme si on aspirait mon âme, comme si on me volait mon énergie vitale ... J'étais complètement déconnectée de la leçon, de la réalité, de la vie. Bref, je soupçonne mon professeur de l'époque d'avoir dissimulé un couteau imaginaire dans sa sacoche ... Heureusement je n'étais pas seule avec lui dans la pièce, j'ai pu m'en sortir ... Il n'empêche que je m'amuse bien maintenant en relisant la Leçon ; ça me rappelle de vieux souvenirs.
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La cantatrice chauve

Je me souviens avoir lu cette pièce de théâtre alors que j'étais au lycée, sur les conseils d'un prof de Français..... Par contre je ne me souvenais absolument pas de la pièce elle même... et je pense qu'à l'époque je n'avais rien compris, pour autant qu'il y ait quelque chose à comprendre.

Je ne crains pas l'absurde, je me suis bien amusée de certaines situations. Mais même s'il y a de nombreuses indications visuelles, je pense que c'est un texte qu'il faut voir jouer, plutôt que de le lire.
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Le Roi se meurt

Les philosophes aiment bien dire que la mort, c’est pas grave. Ils imaginent une féérie derrière, des confettis, et des gens restés sur Terre pour les applaudir. Ionesco est meilleur qu’un philosophe : il dit la vérité d’angoisse que suscite l’idée de la mort chez les vivants. Le roi redevient l’égal de toutes les petites gens de la plèbe lorsqu’il s’agit de mourir. Il prend conscience qu’il n’a rien fait, qu’il n’a rien été, et qu’il finira par être oublié, comme tout le monde. La mort ne grandit pas les êtres, elle les recroqueville sur eux-mêmes. A l’agonie, le Roi ne pense plus qu’à lui et le monde foisonnant de gens et de choses autour de lui a perdu tout son intérêt. « M’aimes-tu ? » lui demande son épouse Marguerite qui le guide en douceur vers le néant. « Je m’aime toujours, malgré tout je m’aime, je me sens encore. Je me vois. Je me regarde », lui répond le Roi. Aucune grandeur dans la mort. Ionesco, sale destructeur d’illusions.
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Théâtre 08 : Le rhume onirique ou la demoisel..

Un mince recueil de quatre courtes pièces délirantes. Du Ionesco vraiment savoureux, tout à fait comme je l'apprécie. J'ai passé un très agréable moment avec cette lecture. Un excellent livre. Du bon théâtre. Très drôle, très déjanté; absurde à souhait.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Rhinocéros

C’est parfois assez bêtement que l’on (ne) prévoit (pas) les lectures du weekend. Une vente au profit du secours populaire dans le quartier, une foule de livres et au milieu : Rhinocéros de Ionesco. Mon amie qui m’interpelle et m’apprend qu’elle a toujours voulu le lire. Moi j’étais complètement passé à côté. Mes connaissances sur cette pièce de théâtre se limitaient en son nom et en son auteur. Je me suis donc lancé dans cette lecture hier, pour la terminer de bon matin.



Ça fait tout de même un bien fou de lire une pièce de théâtre quand on en a plus lu depuis le lycée (il y a 7 ou 8 ans, quel vieux !). D’autant plus que je suis acteur depuis cette année dans une troupe sans prétention. Oui je me suis trouvé une passion pour le théâtre, j’ai toujours aimé en regarder, mais maintenant j’adore encore plus en jouer/lire !



Bref revenons au livre. Une ville est victime d’un raz de marée de rhinocéros. Mais les rhinocéros ne sont autres que des Hommes pris dans la vague d’une opinion, d’une idée, d’une mode… Ecrit à partir du vécu de Ionesco qui se trouvait seul contre tous à l’université, lorsque la vague nazi est arrivée, cette pièce est également une critique du totalitarisme et de l’effet « moutons » des hommes qui ne prennent plus le temps de penser (ou ont trop à penser).



C’est donc un sujet grave qui est traité ici. Mais rassurez-vous, on ne pleure pas de désespoir tout au long de cette pièce. On se voit même amusé de certaine scène comique. Les personnages sont forts en caractère, parfois frôlant la débilité, parfois frôlant le génie. Je pense au logicien et à ses syllogismes loufoques. La fin n’en reste pas moins tragique. Finir seul contre tous, voici le destin du personnage principal. Mais heureusement que ces hommes existent, ils sont notre salut. Que serions-nous sans eux/nous ?



Je vais d’ici peu louer le DVD d’une mise en scène pour voir ce que peut donner cette pièce au théâtre. Le jeu d’acteur m’a l’air bien difficile avec tous ces dialogues entrecroisés. Bref il y a déjà beaucoup de critiques et je ne suis pas un analyseur littéraire donc je m’arrêterai sur le simple fait que cette pièce est d’une grande qualité et m’a bien plu.
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Rhinocéros

Je profite d'une relecture de cette fresque absurde du génie Ionesco en audio, dans la superbe interprétation de l'équipe de Richard Demarcy-Mota. Cette ré-écoute me fait percuter à quel point la voix est au cœur du propos du dramaturge. Les mots, certes, mais la voix, incarne l'inconcevable. La ville est sens dessus dessous à cause d'un rhinocéros qui passe. D'Afrique ou d'Asie ? On connaît le talent de l'auteur dans sa gestion des foules et des débats qui n'en sont pas. Peu à peu, la farce vire à la fresque politique, car bien entendu le phénomène se réitère et on découvre que des humains deviennent des rhinocéros. La résistance au changement, l'identité et la quête de vérité dans un monde qui évolue trop vite, prennent peu à peu le pas sur les thèmes jusqu'alors évoqués. Le personnage central est très intéressant, parce qu'il est stigmatisé dès le début (par la voix de l'interprète) mais surtout par le fait qu'il boit. C'est l'alcoolique qui va lutter jusqu'au bout pour sa propre lucidité face à ce désordre sociétal dans lequel tout le monde devient des rhinocéros et réensauvage joyeusement la ville. La dernière partie de la fresque introduit une tension amoureuse, susceptible de faire basculer le propos, sauver le monde, tel Adam & Eve ; mais l'amour ne résiste pas à la fatalité de l'évolution sociétale, qui déshumanise et impose un retour à l'animalité. N'est-ce pas la meilleure chose à faire, s'interroge-t-il ? Le texte est furieusement actuel, tant dans son abstraction, que dans son délire. La construction est majestueuse et dénote d'une maîtrise de la mécanique dramatique implacable. Il faut du courage pour monter Rhinocéros sur scène de nos jours, mais la force d'écriture (qui traverse les années) positionne Ionesco comme un auteur résolument du 21ème siècle.
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La Cantatrice Chauve - La leçon

Drôle, voir sarcastique, un monde d'absurdité mais tellement jubilatoire.
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La cantatrice chauve

Le problème que me pose cette pièce, c'est son titre, parce qu'il est impossible de la conceptualiser cette cantatrice chauve, de la ramener à quelque chose d'abstrait bien que concrètement, il y a le capitaine des pompiers qui demande de ses nouvelles (c'est gentil de sa part) mais on sent bien qu'elle n'a rien à faire là cette cantatrice, que c'est une bonne blague qu'on se raconte pour passer le temps, qu'elle est mise sur le même plan qu'un fait divers qu'on piocherait au hasard dans le journal pour alimenter la conversation.

L'anti-pièce de Ionesco ne raconte donc pas l'histoire de la cantatrice tout comme elle ne raconte pas l'histoire de M. et de Mme Smith, ni même celle de M. et Mme Martin, ni même celle de Mary et du capitaine de pompiers, ni même celle de Bobby Watson. Rien d'extraordinaire en fait, c'est une conversation somme toute banale entre amis et même lorsqu'ils annoncent de l'extraordinaire, c'est encore du banal.



Les échanges sont vides de sens. La conversation laisse libre cours au non-sens, à l'absurde. Mme Smith parle toute seule et son mari ne lui répond qu'en claquant la langue, tout concentré qu'il est sur son journal. La langue, ici, s'ankylose mais à la fin, elle sera à l'inverse, déchaînée, jusqu'à ce qu'on se fasse le plaisir de prononcer des phrases sans queue ni tête pour le plaisir de les prononcer ( c'est un bon exercice d'articulation que la fin de la pièce). La langue et le cerveau sont les outils privilégiés de la conversation détraquée aussi s'abandonne-t-on à tue-tête aux faux syllogismes, à la tautologie, à la logique qui ne rime à rien. La philosophie de salon s'arrête ici à l'esprit de contradiction. La pendule a l'esprit de contradiction, tout comme la sonnette qui provoque un incident à l'échelle internationale. Et puis A dit bleu, B dit jaune, C dit vert alors tout le monde est content. Il y a des moments de gêne, des moments d'ennui ( alors même qu'on est au spectacle, du coup rien que ça, c'est absurde parce que c'est un comble tout de même de s'ennuyer au théâtre), des moments de fou rire et des moments dramatiques parce que suivre la conversation du couple Smith, c'est suivre un dialogue entre deux petits vieux qui se comprennent bien qu'ils perdent tous deux la tête alors que suivre la conversation du couple Martin (Scène IV) c'est suivre la conversation de deux petits vieux ayant Alzheimer. Chaque personnage essaie de comprendre l'autre mais Mary, la bonne, insiste : c'est impossible parce que la perspective est nécessairement différente pour tout un chacun. L'un verra un oeil rouge à gauche et un oeil blanc à droite, l'autre verra un oeil rouge à droite et un oeil blanc à gauche.



Une pièce décalée du fait que les personnages s'assoient soit les uns en face des autres, soit légèrement "à côté" mais il arrive qu'on se mette à la place des autres. Du coup, j'imagine que quelqu'un parmi les Smith, les Martin, le capitaine des pompiers, Mary, s'est assis à la place de la cantatrice ?
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La Leçon

Le 21 juillet dernier, j'ai lu sur Babelio un commentaire qui me semblait celui d'une jeune fille adolescente -mais peut-être me suis je trompé !... et j'ai trouvé très intéressant pour ma propre réflexion ses questionnements et ce qu'ils m'ont inspiré, à propos de La Leçon de Ionesco.



Je retranscris ici nos échanges, façon comme une autre de critiquer à deux voix l'oeuvre. J'espère qu'elle ne m'en voudra pas de reprendre ses mots, respectueusement, sous commentaire en mode théâtral, et avec un peu d'autodérision à la Ionesco en ce qui me concerne...



S. : "J'ai apprécié le début de l'histoire. le concept d'une scène entre un professeur et un élève me plaisait bien surtout que je souhaitais que ceci me révoque les souvenirs de l'école.

Mais au fur et à mesure que la pièce avançait, je ne comprenais plus "



Le professeur Candle : "Très souvent sur Babelio, les critiques affirment. S., ta critique est originale parce qu'elle questionne. De plus, elle questionne réellement, pas comme souvent nos critiques d'adultes, qui comprennent des questions uniquement pour mieux introduire nos jugements personnels...."



S. : "pourquoi le professeur est représenté si durement. Pourquoi est-il devenu cruel, agressif, insensible face à son élève qui souffre. La jeune fille avait mal aux dents : bienveillante au départ avec une intention d'apprendre et de réussir, elle a tout de même essayé de le suivre même après sa peine.

Pourquoi la servante ne réagira-t-elle pas et n'arrêtera pas le « pire » ? "



Le professeur Candle : "J'essaie de répondre ici, même si La Leçon est un tel monument que chacun doit y trouver ses propres réponses : d'abord, Ionesco est un maître de l'absurde : il met en évidence des non-sens et le grotesque de situations ou réactions (comme celles que tu relèves) pour mieux critiquer et obliger chacun à s'interroger sur ses propres actes, Le maître et l'élève peut être chacun de nous à un moment ou à un autre ; parfois on est en position (basse) d'élève, parfois (haute) de maître.



S. : "Pourquoi le prof explique des choses qui ne veulent rien dire ? Et, pourquoi avoir choisi les dents ? Quiconque ne pourra plus ni se concentrer ni travailler une fois qu'il aura mal aux dents.

Finalement, pourquoi l'élève est-il la victime et le prof le méchant ? Alors que la faute dans notre monde, n'est pas tout à fait celle du prof, mais celle de l'élève qui parfois ne veut plus travailler sous prétexte qu'il a mal à la tête alors qu'en réalité il n'est que fatigué.



Le professeur Candle : "Cette pièce symbolise (enfin je crois) justement l'affrontement entre la jeunesse de l'élève, qui ressent les choses et travaille suivant son humeur, son désir, son coeur... et le professeur, qui prétend savoir, a plein de choses à enseigner mais se rend compte que lui-même a oublié sa sensibilité de jeunesse (parce que, oui, lui aussi a été l'élève, il y a longtemps...) , s'est endurci et a perdu sa capacité à juste sentir les choses... du coup il en devient jaloux au point de vouloir détruire chez autrui ce que lui a perdu...



S. : "Est-ce que le message de cette pièce est que les professeurs sont des personnes cruelles qui ne comprennent pas les besoins de leurs élèves ? "



Le professeur Candle : "Tant mieux si tu n'as pas rencontré ce genre de professeur à ce jour ; mais on en rencontre généralement au cours de sa vie, et parfois on le devient aussi... heureusement des auteurs comme Ionesco sont là pour nous rappeler l'absurdité de ce qui nous parait si raisonnable ou rationnel, et la liberté de nos pensées de jeunesse...

Et heureusement aussi, les enfants et les adolescents (chacun de manière différente) viennent parfois bousculer les certitudes des plus anciens, leur rappeler leur part d'enfance et d'adolescence enfouie, parfois simplement par des question ouvertes, comme dans ta critique.



Merci."
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La cantatrice chauve

Pour moi "La Cantatrice chauve" est le théâtre de l'absurde par excellence. C'est la première pièce écrite par Eugène Ionesco en 1950.

Il n'y a pas vraiment d'histoire mais ce sont des situations, des dialogues du quotidien qui semblent avoir un sens mais qui n'en n'ont pas toujours.

Monsieur et Madame Smith sont dans chez eux, ils n'attendent pas Monsieur et Madame Martin, leurs amis qui viennent leur rendre visite. Arrive ensuite le capitaine des pompiers qui connaît bien la bonne et cherche des feux à éteindre.

J'adore ce texte qui part dans des délires de haute volée. D'ailleurs, le titre "La Cantatrice chauve" n'a absolument rien à voir avec ce qui se passe et ça me fait rire.

Je crois qu'Eugène Ionesco a eu l'idée de cette pièce quand il a voulu apprendre l'anglais. Il a donc choisi de situer la scène dans la banlieue de Londres. C'est comme quand on utilise des méthodes d'apprentissage de langues en répétant des phrases un peu idiote comme "my tailor is rich".

C'est une pièce qu'il faut absolument voir jouer sur scène parce que le jeu des acteurs accentue l'absurdité des situations hilarantes.





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La Cantatrice Chauve - La leçon

Evocation « à la manière de » de La Cantatrice Chauve de Ionesco (anti-pièce parue en 1950) :



La scène se tient dans la banlieue de Londres, la capitale mondiale du bœuf à la menthe et du Royaume Désuni. C’est l’après-midi, avec les Bill Vezay en famille, vêtus style très anglouillard, dans leur salon anglouillard grande époque. Le père Bill et sa femme Bill finissent de digérer (soupe de poisson au lard, pommes de terre aux harengs et pudding aux haricots), avec leur fils Bill et leur fille, qui s’appelle Bill. Il y a aussi Mary, la bonne, qui s’appelle Sherlock Holmes.



La pendule marque la 2e mn de 16h34.



- Bill fils : ah, je termine la pièce de Ionesco, La Cantatrice chauve. C’est très drôle, mais elle décoiffe quand même pas mal, cette cantatrice !



- Bill fille (qui est aussi la sœur de Bill – le fils, pas le père, parce qu’elle en est déjà la fille) : oh oui, je l’ai lue, ça soulève bien les tifs, ça vrille la raie et ça secoue bien la moumoutte ! J’en ai rarement lu des comme ça !



- Bill fils à Bill père : tu la ranges où sur l’étagère, déjà, cette Cantatrice ?



- Bill : à côté de la méthode Assimil « Le Zoulou sans peine ». En fait, Ionesco s’est inspiré d’une méthode Assimil en anglais pour créer son petit bijou théâtral. Mais tandis que tout est bullshit et abracadabrantesque avec Assimil, c’est tout véridique, authentique et rationnel dans La Cantatrice !



- Bill mère : oui, enfin, bon, des cantatrices chauves, moi, j’ai un doute. Si tu permets. D’ailleurs, on ne la voit jamais …



- Bill père : mais mon amie, elles le sont toutes ! A votre âge, vous devriez le savoir, quand même…



- Bill mère : pas la Catasfiore !



- Bill père : oui, oh, celle-là, peut-être, à la rigueur. Ça serait encore une histoire belge, que ça m’étonnerait pas non plus ! Non, les cantatrices sont toutes des skinheads. Avec un anneau à chaque oreille et un dans le nez. Pour améliorer l’acoustique. En jaillissant de la bouche, le son est répercuté et amplifié par le métal des anneaux. Il glisse ensuite sans obstacle sur le crâne lisse et sans aspérité, pour retomber ensuite en abondance sur l’audience en extase. Tandis qu’avec les cantatrices non épilées du caillou, le son qui s’élève est piégé et étouffé par la tignasse : c’est connu, quand même !



- Bill mère : tiens, c’est vrai, je n’y avais pas songé …



- Bill père : y a des fois, ma chère, je m’demande qui a fait votre instruction !



La pendule sonne alors les 27 coups.



- Bill mère : Mais que font les Martin ? Five o’clock va bientôt sonner et ils ne sont toujours pas là !



- Bill fille : De toutes façons, les Martin sont des crétins. Surtout Jacques, leur fille. La dernière fois, ils ont encore pris prétexte qu’ils n’avaient pas été invités pour ne pas venir. C’est tout leur genre, ça.



- Bill (père ou fils, c’est pas grave) : je crois qu’il est vain, en effet, d’espérer entendre teinter la sonnette. A propos de sonnette qui sonne, vous vous rappelez le passage dans La Cantatrice, où personne n’était à la porte, sauf le capitaine des pompiers à la 4e sonnerie ?



- Bill (heuh, je sais plus qui …) : ah oui, ben là encore, c’est bien borderline ce passage.



- Bill mère (si on suit bien) : Mais non : si tu avais réparé notre sonnette, tu t’apercevrais toi-même de visu que c’est toujours comme ça – On sonne, on va ouvrir la porte, et y a jamais personne.



– Bill fille : c’est vrai. C’est comme les notifications sur Babelio : la petite clochette s’allume, tu cliques et pshiit, y a peau de zébi ! C’est toujours comme ça !



- Bill frère : nanh, c’est comme dans Ionesco : il suffit de compter jusqu’à 3 et de cliquer seulement à la 4e notification – c’est ça la techno. Quelques petits bugs bénins, faut vivre avec.



- Bill père : Ouais … N’empêche, on trouvera toujours des gens qui iront ouvrir la porte parce que la sonnette a retenti. C’est comme pour le téléphone : on décroche pas toujours comme ça non plus !



- Bill mère : évidemment. Je décroche à la 8e fois seulement ; par expérience, bien sûr. Mais le téléphone, c’est quand même pas pareil …



- Bill fils : Et pourquoi c’est pas pareil ?



- Bill mère : Parce qu’en décrochant même à la 8e fois, il n’y a personne non plus ! Parfois une voix, qui dit peut-être quelque chose, mais ça veut rien dire.



- Bill père : Ah, ben s’il y a une voix, ya forcément quelqu’un à l’aut’ bout !



- Bill fils : C’est pas du tout sûr : Jeanne D’Arc aussi a entendu des voix, et il n’y avait personne à l’aut’ bout.



- Bill père - Ah, oui, c’est historique, ça – je n’y avais pas pensé. Tout de même, les Français sont un peu niais aussi. Faudrait creuser la question un peu plus…



La pendule annonce five o’clock



- Bill père : Aah, c’est l’heure du shit ! Sherlock ?!



- Mary, la bonne : Monsieur m’a appelé ?



- Bill : oui. Servez-nous le five o’clock, je vous prie.



- Mary : tout de suite, Monsieur.



Mary - Sherlock apporte alors un plateau avec boissons, space-cake et joint.

Bill sert les boissons, tandis que Bill découpe le gâteau et que Bill allume le joint.



- Bill (tous en chœur) : Ah, les repas en famille, comme dans le bon vieux temps ! Et un bon joint fait maison, pour se remettre les idées en place ! Hot pot, home weed, sweet grass : y a que ça de vrai !
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